60 ans du Lien horticole_La filière horticole

  • il y a 4 mois
Vidéo Grand témoin Manuel Rucar 60 ans Lien horticole.

L’œil de Manuel Rucar, grand témoin, sur la filière horticole
Comment imaginer les évolutions pour anticiper l’avenir de la filière horticole ornementales ? Dès aujourd’hui, quelles tendances se dessinent-elles ?

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00:00 Le lien Horticole fête ses 60 ans et a choisi de vous présenter les tendances des dix prochaines
00:09 années.
00:10 Pour l'occasion, nous avons sollicité Emmanuel Rucard comme grand témoin pour un numéro
00:15 spécial que nous avons édité récemment.
00:17 Nous nous sommes tournés vers vous parce que votre métier de tendanceur consiste à
00:22 se projeter en permanence sur les dix prochaines années.
00:25 Expliquez-nous.
00:26 Alors effectivement, mon métier, c'est de réunir toutes les informations pour permettre
00:29 aux professionnels d'avoir la vision la plus claire, la plus objective possible de ce que
00:34 veulent les consommateurs et donc ce qui va guider nos métiers à l'avenir.
00:38 Donc c'est pour ça que cette collaboration est assez intéressante d'aborder un éclairage
00:43 à la fois sur l'historique, mais aussi sur la projection de ce qui va se passer dans
00:46 les prochaines années.
00:47 Alors on va faire une interview ici en trois parties importantes et on va d'abord aborder
00:54 le secteur de la production horticole.
00:56 Dans ce domaine des productions horticoles, le végétal d'ornement, c'est le produit
01:00 phare, mais c'est aussi le lien entre tous les acteurs de la filière.
01:03 Or ce terme, nous avons l'impression qu'il n'est pas compris, pas retenu par les jeunes.
01:08 Quel terme, comment peut-on aborder le végétal d'ornement auprès des jeunes ?
01:13 Effectivement, dans les enquêtes consommateurs aujourd'hui, on constate que le terme végétal
01:18 est connoté de l'industrie cosmétique, de l'industrie agroalimentaire et qui est bien
01:24 plus puissante que nos filières.
01:26 Et donc aujourd'hui, le terme végétal est relié à un ingrédient qui soit naturel
01:33 dans tous ces produits.
01:34 Donc aujourd'hui, le terme qui est consacré est plutôt le terme plante.
01:37 Disons que quand on va parler du maïs, quand on va parler de la fraise, pour les consommateurs,
01:42 c'est un aliment, donc un végétal ou un légume, un fruit.
01:47 Mais quand on va parler de plante, là, on parle vraiment du végétal ornemental.
01:51 Notre terme technique à nous, aujourd'hui, il s'illustre par le terme simplement plante
01:56 chez le consommateur.
01:57 Est-ce que ça suffit pour les jeunes ?
01:58 Pour les jeunes, en fait, aujourd'hui, on est dans une logique de simplification.
02:01 Donc on va droit au but, droit à l'essentiel avec des mots simples.
02:05 Et du coup, ça fait partie de cette tendance-là aussi à la simplification.
02:08 Alors dans les productions ornementales, on voit se développer les productions en fleurs
02:13 coupées avec des petites structures, le plus souvent réadaptables, réorientables.
02:18 Ce modèle, est-ce qu'on peut le dupliquer en pépinières, éventuellement en plantes
02:22 en peau ?
02:23 Alors c'est ce qui est en train de se passer.
02:25 De fait, dans la filière, quelque part, une atomisation, donc des acteurs de plus en plus
02:30 petits, mais aussi quelque part qui prennent moins de risques, qui sont un peu plus agiles
02:34 aussi.
02:35 Donc on est sur des circuits courts avec une production hyper locale.
02:41 Donc l'offre n'est pas aussi diversifiée que ce qu'on a pu connaître jusqu'à maintenant.
02:44 Mais les risques sont aussi moins grands pour les entreprises.
02:47 Donc effectivement, ce sont des modèles plus souples qui permettent aux acteurs de la filière
02:51 d'avoir peut-être moins de risques, peut-être moins aussi de projections envers l'avenir,
02:56 mais au moins de rationaliser les coûts.
02:58 Donc effectivement, que ce soit pépinières, horticulture, on voit fleurir, c'est un peu
03:02 le terme, tous ces nouveaux acteurs qui, la plupart du temps, ne viennent pas de notre
03:06 filière et viennent souvent de reconversions professionnelles.
03:09 Donc ce sera assez intéressant de surveiller ce phénomène.
03:11 Et sinon, côté climat, c'est un peu le bazar, on peut dire le printemps ou les hivers
03:17 ne sont plus ce qu'on a connu.
03:20 Les printemps s'estompent, les hivers deviennent des printemps.
03:23 Comment on peut relancer les productions saisonnières ? Et par exemple, en particulier, il y a des
03:29 questions sur les ventes d'automne, sur les ventes de bises annuelles.
03:32 Effectivement, ça ouvre de nouvelles opportunités aussi.
03:35 C'est-à-dire que dans certaines régions, on peut maintenant avoir dans son jardin des
03:39 plantes qui sont presque exotiques, tropicales.
03:41 C'est le côté positif de la chose.
03:43 Mais ça amène aussi des nouvelles pratiques sur certains marchés, notamment les bulbes
03:48 naturalisables.
03:49 On va un peu moins vers des variétés horticoles, mais plus vers des variétés qui sont adaptées
03:55 à ce nouveau climat qui évolue.
03:58 Mais aussi, on voit sur les ventes de produits à l'automne, notamment tout ce qui est racines
04:04 nues qui progresse.
04:05 Ce n'est pas énorme, mais chaque année, on voit quand même une progression sur des
04:08 conditionnements en racines nues.
04:09 On voit que des bonnes pratiques commencent à revenir dans l'esprit des jardiniers grâce
04:14 à la littérature, aux magazines, aux influenceurs aussi, qui redonnent ces codes de manière
04:20 sympathique et originale.
04:21 Donc, petit à petit, les ventes reprogressent.
04:23 Et surtout, ce qui est intéressant, c'est que des ventes d'automne en racines nues,
04:27 on est sur très peu de conditionnements, une logistique plus facilitée.
04:31 Donc, c'est aussi des prix un peu plus accessibles aussi pour le consommateur.
04:34 Donc, ça peut être aussi une opportunité de marché à découvrir.
04:37 Est-ce que c'est juste une intention de faciliter ou est-ce que les gens comprennent
04:42 vraiment l'intérêt pour les plantations saisonnières ?
04:45 En fait, il y a un parcours d'achat, un parcours progressif.
04:49 C'est-à-dire qu'effectivement, on va prendre un consommateur dans un état A qui, la première
04:55 année, va acheter par le coup de cœur.
04:58 Peut-être que dans un état B, il va se rendre compte que la plante n'a pas duré.
05:03 Il va être frustré.
05:04 Il va peut-être rejeter nos produits.
05:06 Et peut-être qu'un an plus tard, deux ans plus tard, il va y revenir.
05:09 Mais là, en ayant appris de ses erreurs, c'est un parcours qui prend du temps.
05:12 Et là, on commence seulement à voir les effets de ce parcours d'apprentissage chez
05:16 les nouvelles générations de propriétaires de jardins ou de possesseurs de jardins.
05:19 Et donc, on arrive dans un état C, D, où là, le particulier a compris ça.
05:24 Et par la communication, on arrive aussi à lui expliquer qu'une plantation réalisée
05:30 à l'automne a des bien meilleures chances de réussite.
05:33 Donc pour lui, c'est aussi un enjeu économique.
05:35 On est un peu plus patient.
05:37 On apprend que dans le jardin, en fait, le temps est très important et va conditionner
05:42 beaucoup la réalisation, le résultat.
05:44 Donc, on va faire attention à ça et s'y prendre un peu plus à l'avance.
05:48 Donc, on apprend la patience à un parcours de progression qui peut prendre peut-être
05:52 cinq ans.
05:53 Mais on voit que dans les faits, c'est en train de progresser.
05:55 Est-ce que les jeunes ont le temps et c'est aux professionnels de prendre le temps de
06:00 retravailler la communication et l'information ?
06:02 Alors, je dirais que est-ce que c'est aux professionnels techniciens de le faire ? Pas
06:08 forcément.
06:09 Peut-être qu'il y a un maillon entre les deux.
06:12 Je pense aux journalistes, aux influenceurs qui vont vulgariser cette information et la
06:16 rendre non culpabilisante parce que parfois, un producteur peut avoir un langage peut-être
06:22 qui peut stresser un consommateur en disant il faut faire ça ou il ne faut pas faire
06:24 ça.
06:25 Et le consommateur, il préfère autant acheter du plastique.
06:27 C'est aussi simple quelque part.
06:28 Mais là, il y a peut-être ce maillon intermédiaire qui va déculpabiliser le consommateur et
06:32 rendre ce temps de patience nécessaire un peu plus sympathique avec un résultat à
06:39 la clé.
06:40 Merci.
06:41 Ce travail d'information et de sensibilisation, c'est aussi celui de la distribution.
06:45 Donc, je propose maintenant qu'on aborde ce sujet de la distribution.
06:50 Les rapports entre les producteurs et distributeurs ont été assez crispés, on va dire, par
06:56 deux années difficiles qu'on vient de connaître sur le marché du jardin.
06:59 C'est quoi votre regard aujourd'hui sur les relations entre production et distribution ?
07:04 Je dirais que quelque part dans la production de végétaux, ce n'est presque pas la pire
07:10 des situations dans l'ensemble de la filière.
07:12 Ces relations sont parfois plus tendues sur du manufacturé ou sur d'autres secteurs,
07:18 si ça peut rassurer les producteurs qui nous regardent.
07:20 Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, quand on parle de contrat de production, ça reste
07:24 un aboutissement, mais qui est difficile à mettre en place dans la réalité de part
07:28 et d'autre.
07:29 Et que, effectivement, parfois avoir un gros débouché avec un magasin de la grande distribution
07:36 peut être un sacré débouché pour les producteurs.
07:38 Mais que, au global, ce qu'on se rend compte dans tous les secteurs d'activité, c'est
07:41 que pour les fournisseurs, un moyen de réduire le risque, c'est aussi une façon de diversifier
07:47 son...
07:48 C'est débouché, en fait, de multiplier le nombre d'interlocuteurs.
07:50 Ça impose une autre logique de travail.
07:53 C'est sûr que c'est moins facile, c'est plus de travail, mais on perd en risque, on
08:00 gagne en sécurité aussi par rapport à l'avenir.
08:02 Aujourd'hui, là où le consommateur va diviser son pouvoir d'achat auprès de multiples
08:07 enseignes, aujourd'hui, il faut aussi que le producteur, le fournisseur puisse aussi
08:11 démultiplier son nombre de débouchés.
08:13 Alors aujourd'hui, le concept de jardinerie qui a été inventé maintenant il y a une
08:19 quarantaine d'années s'essouffle et est en difficulté.
08:23 Qu'est-ce qui pourrait relancer la jardinerie aujourd'hui en France ?
08:26 Alors, effectivement, le modèle de la jardinerie, tous les observateurs s'accordent à dire
08:30 qu'on est arrivé à un modèle, une phase de maturation, comme ça arrivait à peu près
08:34 dans le pré-taporté.
08:35 On voit les fermetures en série des enseignes.
08:38 Malheureusement, c'est peut-être ce qui risque d'arriver aussi dans notre filière
08:42 pour la distribution spécialisée jardin.
08:43 Pour autant, la cote d'amour du consommateur, elle est toujours là.
08:46 On a toujours besoin de faire son jardin, on a toujours envie de plantes pour soi, pour
08:51 offrir et pour son jardin.
08:52 Mais quelque part, le modèle de la jardinerie, il est à reprendre, à faire tabula rasa,
08:58 à faire table rase de ce modèle-là en disant, OK, là, on a franchi une étape.
09:03 Si on devait réimaginer le modèle de demain avec une structure actuelle ou à partir d'une
09:07 nouvelle structure, comment refaire les choses totalement différemment en prenant en considération
09:12 que le consommateur, lui, il a évolué, il a changé face à un modèle qui a très
09:16 peu évolué depuis les années 70-80 ?
09:18 Donc, il y aura des sujets de fond, des réflexions de fond autour de ce nouveau modèle de la
09:25 jardinerie qui seront notamment développés et dévoilés au Salon du Végétal prochainement
09:30 où une multitude d'acteurs avec en grande majorité des distributeurs s'accordent à
09:34 dire qu'il y a un nouveau modèle qui est possible, qui est plus vertueux pour l'humain,
09:40 pour les employés qui y travaillent, mais aussi pour la chaîne de production.
09:44 En n'oubliant pas que le végétal, c'est aussi ça qui fait venir le consommateur,
09:47 même si par effet d'opportunité, on a développé beaucoup d'autres produits dans une jardinerie,
09:52 mais il n'en reste pas moins que le produit qui va attirer en premier lieu le consommateur,
09:57 quand même dans l'univers jardin, ce côté végétal qui est très présent et qui est
10:03 minoritaire aujourd'hui dans les ventes.
10:04 Alors l'avenir du commerce horticole, comme l'avenir de tous les autres commerces, c'est
10:09 les jeunes.
10:10 Qu'est-ce qu'ils attendent aujourd'hui les jeunes sur notre marché spécifique du jardin ?
10:13 En fait, ce qui est assez étrange, c'est qu'ils veulent des choses très authentiques,
10:18 très simples.
10:19 On n'est pas dans des concepts futuristes, on n'est pas comme sur ces images, sur la
10:25 future, presque en mode science-fiction, ou alors même dans des commerces aseptisés
10:31 qui seraient trop industrialisés.
10:32 En fait, les jeunes consommateurs aujourd'hui recherchent presque un producteur, on va dire
10:40 avec les allées en terre battue, quelque chose de vraiment authentique pour se confronter
10:44 à l'image qu'ils en ont de la nature.
10:47 Pour eux, la nature aujourd'hui, c'est quelque chose de très spontané, très sauvage presque,
10:51 et donc c'est ça qu'ils vont rechercher.
10:53 Donc quand on regarde leurs intentions, même sur les réseaux sociaux, ce qu'ils vont partager,
10:59 publier, on est souvent sur des concepts de nature presque primaires, presque sauvages.
11:06 C'est ça qu'il faut réussir à remettre au goût du jour.
11:09 Et c'est pour ça qu'aujourd'hui la production en vente directe voit un nouveau flux de clients
11:14 arriver, et notamment des jeunes, parce qu'ils se retrouvent beaucoup plus chez un pépinieriste
11:18 ou un horticulteur en vente directe que malheureusement dans une jardinerie qui, pour eux, est un
11:23 peu trop commerciale, trop froide.
11:26 Donc on revient vers l'authenticité de la production.
11:29 D'accord.
11:30 Par contre, il y a quand même une des choses qui fait peur aujourd'hui au monde de la production,
11:34 c'est tout ce qui est artificiel.
11:35 Gazon artificiel, plantes artificielles.
11:37 Est-ce qu'il y a une vraie crainte à avoir par rapport à ce marché-là ? Est-ce qu'il
11:43 y a un risque demain de devoir remplacer le végétal par du plastique quelque part ?
11:48 Alors, pour une génération, c'est une réalité.
11:50 C'est-à-dire, par exemple, des jeunes retraités aujourd'hui qui ont été frustrés par l'entretien
11:56 du jardin et qui commencent à arriver en limite de capacité, c'est vrai que c'est physique,
12:00 c'est technique, ça coûte de l'argent, ça demande de l'entretien.
12:03 Bah oui, du gazon synthétique ou des clostras, c'est la solution de facilité.
12:08 Est-ce que ces clients-là, on arrivera demain à les convaincre que c'est mieux de mettre
12:14 un phargesia ? Je ne suis pas convaincu de ça.
12:16 Par contre, ce qui est sûr, c'est que la nouvelle génération, elle, qui commence
12:21 à être plus nombreuse en termes de volume de consommateurs sur le marché, on est à
12:24 peu près à 46-48% des consommateurs qui ont moins de 45 ans aujourd'hui, cette génération-là,
12:31 elle va chercher en priorité des solutions naturelles avant de se tourner vers du manufacturé
12:37 de l'artificiel.
12:38 Donc, je dirais, on ne peut pas changer des habitudes de consommation.
12:42 Par contre, il faut bien considérer qu'on est sur deux consommateurs différents et
12:45 avec des enjeux différents qu'il ne faut pas culpabiliser ni d'un côté ni de l'autre.
12:49 Ce qui est sûr, c'est qu'au niveau de la distribution, on constate bien qu'on a les
12:52 deux clients.
12:53 On ne peut pas, du jour au lendemain, dire on va arrêter de vendre du gazon synthétique
12:56 parce que ça représente quand même des ventes importantes.
12:58 Mais quelles sont les solutions de remplacement ? Est-ce que le gazon synthétique, le besoin
13:05 ne peut pas être comblé par une plante ou quelque chose d'autre ? Il y a des solutions
13:08 qui sont en train de glisser de l'un à l'autre.
13:10 Mais c'est bien deux populations, deux besoins clients vraiment différents.
13:14 Donc à mon sens, il n'y a pas de risque pour notre filière si on considère bien
13:19 qu'il ne faut pas oublier le consommateur qui s'intéresse toujours à nos produits.
13:22 Merci.
13:23 L'avenir de la filière, c'est aussi les futurs salariés et les futurs travailleurs
13:29 de nos professions.
13:30 Et donc, on va aborder maintenant le volet formation et emploi de nos métiers.
13:35 Alors dans votre métier de tendanceur, vous faites souvent des conférences, vous faites
13:40 des scénographies, vous organisez des concours dans certains salons et vous revenez souvent
13:46 sur des mots qu'on ne connaît pas encore très bien.
13:50 Souvent, ça correspond à des nouveaux métiers ou des métiers que vous estimez en devenir,
13:55 proches ou pas, vous allez nous le dire.
13:57 Alors si on reprend quelques termes, par exemple, souvent vous parlez de visual merchandiser.
14:03 Qu'est-ce qu'on peut mettre derrière ? Quel est le travail derrière ce métier ?
14:07 En fait, les visuels merchandiser sont des personnes, des créatifs souvent, qui ne viennent
14:12 pas de notre filière mais qui s'intéressent à nos produits.
14:14 Souvent, on les retrouve à la confection des vitrines, l'aménagement des magasins
14:18 et on voit que, par exemple, dans certaines enseignes de jardinerie aux Etats-Unis, on
14:22 a une proportion de, on va dire, 8 visuels merchandiser pour deux vendeurs seulement.
14:27 C'est-à-dire que leur métier au quotidien, c'est de créer la mise en scène du magasin,
14:32 de créer les décors qui vont inspirer le consommateur, le client.
14:37 En France, on a encore très peu ces métiers-là.
14:39 Pourtant, on les retrouve dans certains secteurs d'activité, mais encore très peu dans la
14:43 filière du végétal.
14:44 Donc, pour le coup, c'est vraiment des créatifs qui viennent à nos métiers.
14:48 Ce n'est pas des gens qui viennent de notre filière qu'on va former au visual merchandising.
14:52 Disons qu'aujourd'hui, on trouve une nouvelle complémentarité avec des nouveaux métiers
14:56 qui arrivent dans notre filière.
14:58 Vous parlez aussi de scénographes dans les futurs métiers ou dans les métiers à en
15:02 devenir.
15:03 Quelle est la différence ?
15:04 Par exemple, le scénographe, lui, va réaliser vraiment une mise en scène qui n'est pas forcément
15:08 commerciale.
15:09 Le visual merchandiser, on est bien sur du merchandising commercial.
15:12 Donc, le but, c'est de faire focaliser l'attention des consommateurs sur des produits en particulier.
15:16 Le scénographe va être utilisé, par exemple, dans des cérémonies, dans des plateaux de
15:19 télé, de cinéma, dans des décors de défilé, par exemple.
15:24 Et là, on a besoin d'une compétence technique, pour le coup, parce qu'il ne suffit pas de
15:28 faire juste quelque chose de visuel ou de très joli, mais il faut aussi que ça tienne,
15:32 il faut aussi connaître les produits, savoir où les acheter.
15:34 Donc là, le scénographe, lui, va avoir une double compétence, à la fois artistique
15:38 et technique de connaissance du produit.
15:39 Donc ça, c'est des métiers aussi qui se développent.
15:41 OK.
15:42 Alors, vous parlez aussi beaucoup d'intérêt des jeunes pour la nature, mais dans les nouveaux
15:45 métiers, vous parlez de plasticien floral.
15:47 Qu'est-ce que ça peut être ?
15:49 Alors là, plasticien floral, en fait, c'est plein de nouveaux métiers qui viennent, encore
15:53 une fois, des arts graphiques, par exemple des photographes qui commencent à faire de
15:58 la décoration florale sur des visages, sur des tableaux.
16:01 Et on voit que le produit de notre filière est utilisé complètement différemment,
16:07 est détourné et va le rendre populaire dans des mariages de stars, par exemple, dans des
16:12 expos, dans le Met Gala ou des choses comme ça, ou sur des plateaux d'émissions de télé
16:17 ou sur des séries à succès.
16:19 Donc là, on voit que c'est des nouveaux métiers qui intègrent à la fois les compétences
16:23 artistiques et techniques.
16:25 Et le compositeur floral, lui ?
16:27 Alors, le compositeur floral ou plutôt compositeur végétal, c'est souvent utilisé, par exemple,
16:32 par des entreprises de paysages.
16:34 C'est une compétence là, purement de connaissance des végétaux pour aider le paysagiste à
16:39 allier ce qu'il maîtrise très bien, c'est-à-dire l'aménagement du lieu, du territoire, avec
16:44 la bonne sélection de la palette végétale.
16:46 Donc là, pour le coup, on est vraiment sur une compétence purement technique de connaissance
16:49 des plantes, avec une connaissance qui est assez large sur la palette végétale, pour
16:54 aider en complémentarité le paysagiste à bien choisir les végétaux à chaque projet.
16:59 Donc il arrive des nouveaux métiers où il y a des tendances dans presque tous nos secteurs.
17:04 Vous parlez aussi de fleuricultrice, ça normalement on connaît, ou alors on pense productrice
17:10 de fleurs.
17:11 C'est ça.
17:12 Est-ce que c'est ce que vous mettez derrière ? Si c'est cela, en quoi il va évoluer ce
17:15 métier ?
17:16 Alors la fleuriculture, on la connaissait bien dans notre filière sur la fleuriculture
17:21 traditionnelle.
17:22 Aujourd'hui, le métier de fleuricultrice, j'emploie le féminin parce que c'est majoritairement
17:26 des femmes quand même, c'est plutôt sur des petites parcelles en circuit court.
17:30 Donc effectivement, on est sur la production de fleurs, mais ça ne rentre pas dans la
17:33 chaîne de valeur de la filière, c'est-à-dire qu'elle ne revendent pas à des grossistes
17:37 ou à des détaillants.
17:38 Elles produisent leurs propres besoins pour des mariages, pour de l'événementiel ou
17:45 pour de la vente directement en production.
17:47 Donc on est sur une presque une compétence de fleuriste qui va se former sur internet,
17:54 sur des écoles, auprès de médias pour apprendre des compétences en production technique et
17:59 sur des parcelles en général de moins d'un hectare, avoir sa petite production de fleurs
18:03 avec des bulbes, des vivaces et quelques feuillages, des eucalyptus, des choses comme ça.
18:07 Donc c'est un nouveau métier qui demande à la fois des compétences aussi en vente
18:12 parce qu'on est en contact direct avec la clientèle et aussi en production.
18:14 Votre métier, c'est de chercher les tendances et surtout de vous intéresser aux attentes
18:21 des clients.
18:22 Et dans ce domaine-là, vous faites une différence entre un nouveau métier que je ne connais
18:29 pas qui s'appellerait Personal Shopper et vous dites peut-être que le client attend
18:34 ou pourrait attendre plus un expert technique ou alors un conseiller vendeur.
18:39 Comment on peut s'y retrouver là-dedans ? Quelqu'un qui voudrait se former, qu'est-ce
18:43 qu'il doit choisir ou qu'est-ce qu'il doit comprendre derrière ces termes ?
18:46 Je dirais que dans notre filière historiquement et je l'ai vécu aussi de l'intérieur,
18:52 on a presque une défiance où pour être du métier, il faut savoir parler le latin,
18:57 il faut connaître les plantes, le jargon technique, ce que j'ai pu apprendre à maîtriser
19:02 avec le temps.
19:03 Mais pour un bon vendeur, par exemple en jardinerie ou chez un fleuriste, on ne va
19:08 pas trop toucher à ces compétences-là, c'est plutôt des qualités relationnelles,
19:12 des qualités humaines, ce qu'on retrouve par exemple dans d'autres enseignes de la
19:16 déco où on est sur ce profil de Personal Shopper, c'est-à-dire qu'on va aider la
19:20 personne à trouver ce qu'elle a besoin et on va l'accompagner dans son processus
19:26 de sélection parce que finalement, est-ce que quelqu'un qui vient en jardinerie qui
19:30 demande une vivace aux fleurs bleues, est-ce qu'on va lui répondre par une réponse technique
19:36 ou est-ce qu'en fait, ce n'est pas plutôt un accompagnement presque psychologique en
19:40 sachant ce qu'elle veut vraiment, quel style elle veut donner à son jardin, parler des
19:43 émotions, parler des odeurs, parler d'autres choses, mais est-ce qu'on a besoin de compétences
19:47 techniques pour l'aiguiller ? Je ne suis pas convaincu qu'on ne soit que sur du technique,
19:51 en tout cas il faut un petit peu, mais je pense que dans notre filière, je ne connais
19:54 personne qui soit connaisseur de toutes les variétés de plantes qui existent, donc il
19:59 faut rester humble par contre sur ses compétences d'accompagnement humain pour le consommateur.
20:06 Là aujourd'hui, il y a vraiment un défi d'arrêter de faire peur aux consommateurs
20:11 avec des considérations techniques qui sont importantes, mais il ne faut pas mettre que
20:14 ça sur le devant, il faut déjà essayer de comprendre ce qu'ils veulent et les aiguiller
20:18 dans leur processus de choix en fait.
20:20 Pour attirer les jeunes, on a presque besoin de coachs ?
20:22 C'est ça et ça se développe de plus en plus, des coachs, par exemple des paysagistes
20:26 qui ont une formation de paysagistes concepteurs et plutôt que de travailler dans des agences
20:30 de paysages ou des bureaux d'études, en fait se mettent à leur compte et ont des
20:34 dizaines de clients sur lesquels ils interviennent sur des petits projets, mais ils vont les
20:38 aiguiller sur l'aménagement du jardin, le choix des végétaux et c'est presque un
20:41 coach de vie dédié aux végétales.
20:44 Et ça existe même pour les plantes d'intérieur, il y en a sur les réseaux sociaux où vous
20:47 faites appel à un coach en plantes d'intérieur qui va vous aider à sélectionner les meilleures
20:52 plantes pour la situation de votre appartement précisément.
20:55 Donc si on pense nouveau métier, ça veut dire derrière, nouvelle compétence, donc
21:00 nouvelle formation.
21:01 Or les choses vont très vite, il faudrait déjà presque dès aujourd'hui avoir ces
21:06 nouvelles formations.
21:07 Quelles sont les compétences que vous jugez nécessaires ?
21:10 Alors ce qui est rassurant c'est de voir que les centres de formation ont pour la majorité
21:15 quand même intégré ces données-là en comprenant que les nouvelles générations
21:18 ne sont pas monotaches ou très spécifiques sur une compétence, mais vont enchaîner
21:24 des programmes d'enseignement presque au choix ou à la carte pour que ces nouvelles
21:28 générations qui sont des "appers" aient plusieurs cordes à leur arc et puissent avoir
21:35 plusieurs vies, plusieurs métiers, plusieurs activités sur une même semaine par exemple.
21:39 Donc ça c'est important déjà de comprendre qu'il faut plus de transversalité entre
21:44 les métiers et dans les nouvelles compétences qui vont arriver.
21:47 Effectivement il y a ce côté relations clients, le côté commercial qui est quand même important
21:52 dans nos filières, presque bien au-delà de la compétence technique et aussi se former
21:57 à certains codes, par exemple artistique pour ce qui est du merchandising ou de la
22:02 scénographie, travailler en bonne intelligence avec l'intelligence artificielle, de voir
22:08 qu'aujourd'hui ça va être une aide, un support pour nos métiers et pas une concurrence
22:13 frontale.
22:14 Donc ça fera partie des sujets à traiter notamment.
22:15 Alors vous parlez beaucoup d'évolution.
22:18 Moi j'ai demandé à Chad Gpt si je suis un jeune horticulteur en formation, comment
22:24 va évoluer mon métier et j'ai posé aussi la question si je suis un paysagiste en formation.
22:29 Il m'a très bien décrit les tendances aujourd'hui, nature, biodiversité etc.
22:35 Et puis en conclusion il ne m'a pas donné de nouvelles compétences mais il m'a dit
22:39 il faut être très curieux.
22:40 Alors est-ce que ça suffit ou pas ?
22:41 Alors ça suffit en partie si on résume au fait qu'aujourd'hui oui il faut décloisonner
22:47 les métiers et s'ouvrir à d'autres choses.
22:49 Ce qui fait que effectivement dans des agences de paysage aujourd'hui il faut savoir maîtriser
22:55 les matériaux, la RSE, l'origine des produits, un peu le marketing aussi.
23:00 On voit que quel que soit le métier en fait il va falloir être un peu touche à tout
23:05 et ça on le voit beaucoup dans le renouvellement des générations.
23:08 Donc les entreprises, les pépineries, les horticulteurs qui ont connu un cycle de renouvellement
23:12 par les enfants qui ont repris ou une génération nouvelle s'ouvrent à de nouvelles choses.
23:18 Ça a été le cas avec la vente en ligne par exemple.
23:20 On a vu des producteurs de jeunes plants se mettre à vendre particuliers directement
23:24 en ligne ce qui était une révolution pour la filière.
23:26 Et en fait ça fait partie de cette ouverture, cette curiosité.
23:29 Donc on peut le résumer à ça.
23:31 Après ça se traduit effectivement par des nouveaux métiers, des nouvelles compétences.
23:34 Alors soit à acquérir, soit aussi à déléguer en disant je ne suis pas expert sur le sujet,
23:39 je peux comprendre de quoi cette personne va me parler et je lui sous-traite, je lui délègue
23:43 cette partie qui est vraiment dans son cœur d'activité.
23:47 Et que l'on soit un jeune en formation ou un producteur, un paysagiste dès maintenant,
23:52 est-ce qu'il faut se former à l'intelligence artificielle et à son utilisation ?
23:56 Qu'est-ce qu'elle peut nous apporter ? Est-ce que ça vaut le coup ?
24:00 Ça vaut le coup dans le sens où de toute façon aujourd'hui il y a énormément de moyens
24:05 au niveau international qui sont mis pour le développement de l'intelligence artificielle.
24:09 Parce qu'on sait que ça va créer énormément de nouveaux métiers, ça va faciliter aussi
24:12 beaucoup de tâches.
24:14 Donc forcément il y aura un impact quel que soit le métier de manière directe ou indirecte.
24:19 Après l'enjeu aujourd'hui c'est de savoir chacun, chaque professionnel aujourd'hui
24:24 dans son cœur d'activité, comment ça va le toucher ? Est-ce qu'il y aura un intérêt
24:28 réel ? Et peut-être que même ils sont déjà touchés sans s'en rendre compte.
24:32 Mais il y a beaucoup de choses qui ont été facilitées, notamment maintenant il y a des
24:36 logiciels de comptabilité en ligne qui reposent en partie sur l'intelligence artificielle.
24:40 Derrière on ne met pas ces mots là dessus, mais ce qu'on voit concrètement c'est que
24:43 ça facilite le quotidien énormément.
24:45 Ça peut être ça, ça peut être des systèmes de chat en ligne avec le consommateur pour
24:49 faciliter leur acte d'achat.
24:52 Peut-être qu'aujourd'hui on a des entreprises qui sont sur Google par exemple, qui mettent
24:57 à jour des questions au type et le chatbot va répondre automatiquement au client.
25:01 Tout ça c'était avant des appels qu'on avait à l'entreprise avec toujours les mêmes
25:05 questions.
25:06 Aujourd'hui on répond de manière automatique.
25:08 Donc effectivement l'intelligence artificielle va avoir des impacts dans beaucoup de métiers
25:13 et des fois on va s'en rendre compte et parfois ça va passer de manière totalement intuitive.
25:17 Mais ce qui est intéressant c'est dès aujourd'hui d'essayer de comprendre comment c'est en
25:20 train d'évoluer, parce que ça évolue très très vite, et comment demain on va pouvoir
25:23 l'intégrer dans son métier.
25:24 En tout cas il ne faut pas avoir peur de cette technologie.
25:26 J'allais vous dire, on a eu peur de l'informatique, du web, des réseaux sociaux.
25:30 Maintenant il y a une peur autour de l'intelligence artificielle.
25:33 En fait dès aujourd'hui, si j'ai compris, toutes les semaines il sort des nouveaux assistants
25:39 d'intelligence artificielle.
25:42 Donc il faut s'ouvrir à toutes ces technologies.
25:46 Alors pour l'instant c'est des technologies qui sont cloisonnées, parce que c'est chaque
25:49 entreprise qui développe sa technologie.
25:50 Donc pour l'instant on a l'impression qu'il y en a beaucoup.
25:52 Ce qui va se passer c'est comme dans le web, dans l'internet, là au début où il y avait
25:56 plein de moteurs de recherche différents et aujourd'hui il n'y en a plus que un, deux,
25:59 trois.
26:00 C'est ce qui va se passer aussi dans l'intelligence artificielle demain.
26:02 Là on est dans les phases de tests, de progression de la technologie.
26:06 Demain ça va se généraliser, donc ça va devenir quelque chose de plus intuitif à
26:09 toutes les générations.
26:10 En tout cas ce qui est sûr c'est que la nouvelle génération aujourd'hui n'en a pas peur du
26:13 tout, puisqu'ils l'utilisent déjà pour faire leur rédaction, leurs exposés.
26:16 Et donc ils savent que c'est déjà un aide à leur vie scolaire, même s'ils en ont déjà
26:21 aussi compris les limites et que sur un devoir sur table surveillé, ils n'ont pas accès
26:25 à internet.
26:26 Donc ils doivent aussi s'appuyer sur l'intelligence artificielle mais pas compter que sur ça.
26:29 Tous ces sujets sont abordés dans notre numéro spécial 60 ans qui a été édité en juin
26:34 de cette année.
26:35 Nous y réfléchissons aussi à d'autres thèmes, le paysage, la robotisation, la recherche.
26:40 Donc nous vous proposons de retrouver tout ce travail qui a été réalisé au cours du
26:45 printemps dans ce numéro spécial et qu'on présentera aussi au prochain Salon du Végétal.
26:51 Merci Manuel Rucard de nous avoir appuyé dans ce travail prospectif et puis je vous
26:55 invite à donner un petit mot de conclusion.
26:57 Alors en conclusion, je dirais que finalement dans notre filière des plantes, c'est un
27:03 peu comme dans la filière agricole, on incite à faire plutôt des petites exploitations,
27:10 on incite à valoriser les circuits courts.
27:11 Finalement, ce qui risque de se passer, ce qui devrait arriver assez logiquement dans
27:15 notre filière, c'est une atomisation de la filière mais pas de manière négative,
27:20 c'est-à-dire plein de petits acteurs avec une meilleure répartition des risques là
27:24 où tout reposait sur des grosses structures qui étaient source de stress et qui étaient
27:28 aussi difficilement transmissibles à d'autres générations.
27:31 Donc on va dire qu'aujourd'hui on vient raisonner cette filière en répartissant
27:36 un peu mieux les risques, en étant encore plus en lien avec le consommateur et normalement
27:41 ça devrait rassurer un peu tout le monde dans cette filière qui s'annonce pour les
27:45 prochaines années.
27:46 [Musique]

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