Nouvelle-Calédonie : « Il faut pas convoquer le Congrès », appelle Jérôme Durain

  • il y a 5 mois
Invité de l’émission Parlement Hebdo, le sénateur socialiste, vice-président de la commission des lois du Sénat, dénonce « l’entêtement » de l’exécutif sur le dossier du dégel du corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Il parle de « passage en force ».

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Transcription
00:00 Jérôme Durand, la Nouvelle-Calédonie, c'est un sujet hautement inflammable, on le sait,
00:05 et cette réforme constitutionnelle examinée à Paris a l'effet d'un détonateur.
00:09 Est-ce que pour vous, il faut retirer cette réforme, pourtant votée par les deux chambres du Parlement ?
00:15 À l'évidence, oui.
00:17 Nous sommes arrivés à une situation de guerre civile qui est extrêmement préoccupante.
00:25 On doit déplorer des morts, des blessés, côté des civils qui participent à ces événements
00:31 et du côté des forces de l'ordre.
00:33 On ne sortira pas par l'imposition d'un texte voté à Paris de cette situation
00:42 et c'est le dialogue seul qui permettra de revenir au calme.
00:46 Et pourtant, ce texte, il était censé corriger une anomalie démocratique
00:50 avec des milliers de citoyens de Nouvelle-Calédonie privés du droit de vote depuis 1998.
00:55 Il y avait quand même un but démocratique avec ce texte constitutionnel ?
00:59 Il n'y a pas que les intentions, il y a aussi la méthode.
01:01 Et ça a été dit, d'ailleurs, de nombreux observateurs, des responsables politiques
01:06 ont alerté sur le sentiment de passage en force,
01:10 ça vient d'être dit dans les extraits des débats que vous venez de nous montrer.
01:14 On aurait dû d'abord tomber d'accord sur la méthode.
01:19 Et là, on a voulu passer en force, il y a eu une forme d'entêtement,
01:22 ce n'est pas faute d'avoir alerté, ça produit la situation dans laquelle nous sommes.
01:26 Il faut retirer le texte et il ne faut pas convoquer le congrès.
01:31 D'ailleurs, Olivier Faure, Patrick Cannaire, Boris Vallaud enjoignent le gouvernement.
01:36 - Toute la gauche.
01:37 - Toute la gauche, je parle de ma famille politique,
01:40 enjoignent le gouvernement de retirer ce texte.
01:43 - Alors, vous dites qu'il y a un problème de méthode.
01:45 Qu'est-ce que ça veut dire précisément ?
01:46 Est-ce que ça veut dire que Gérald Darmanin n'a pas bien géré ce dossier calédonien ?
01:51 Et est-ce que ça veut dire aussi pour vous que le gouvernement
01:53 est quelque part responsable de l'embrasement sur place ?
01:56 Qu'est-ce que vous dites ?
01:57 Qu'est-ce que vous entendez par problème de méthode ?
01:59 - C'est que je pense que les acteurs locaux qui réfutent le processus en cours
02:05 considèrent qu'ils n'ont pas été considérés eux-mêmes au bon niveau.
02:09 Alors, on nous dit qu'il faut que ce soit du niveau du Premier ministre.
02:12 Je ne sais pas si c'est la question du Premier ministre,
02:13 mais c'est la question de la considération politique.
02:15 À l'époque des...
02:17 - Ça veut dire que c'est Gabriel Attal ?
02:19 - Il faut que l'État, au sommet de sa hiérarchie, montre que ce sujet est prioritaire
02:25 et qu'on a un dialogue qui vient du plus haut de la République.
02:29 Ce n'est pas le sentiment que le gouvernement a envoyé.
02:31 C'est ce qui a provoqué l'embrasement.
02:32 Il faut maintenant apaiser, revenir au dialogue,
02:35 retirer le processus constitutionnel en cours.
02:38 Faute de quoi, on va être sur une situation qui sera uniquement sécuritaire.
02:42 Et la sécurité, c'est pour réparer les erreurs qu'on a faites, qu'on a commises.
02:46 Là, il faut maintenant reprendre le chemin du dialogue.
02:49 - Et pourtant, le dialogue a eu lieu.
02:51 Il y a eu un long processus,
02:53 issu des accords de Matignon puis de Nouméa,
02:57 avec d'ailleurs, sous Emmanuel Macron,
02:58 trois référendums sur l'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie.
03:01 À chaque fois, trois résultats en faveur d'une Nouvelle-Calédonie dans la République française.
03:06 Est-ce qu'il n'est pas temps d'avancer et de renforcer la démocratie sur cet archipel ?
03:11 - On peut décider ici, à Paris, que le temps est venu,
03:15 que les référendums qui ont donné des résultats de plus en plus serrés
03:19 ont produit des effets incontestables.
03:21 Le résultat, c'est la rue.
03:22 Il y a un moment où il faut quand même se rendre à l'évidence.
03:24 Quand on arrive à ce niveau de violence et de contestation,
03:28 un désordre dont on se demande si on va pouvoir le maîtriser,
03:31 l'état d'urgence qui a été déclaré,
03:34 il faut être raisonnable.
03:36 Donc, retirons le texte, revenons au dialogue.
03:38 Sinon, on peut continuer à s'entêter.
03:39 On peut avoir raison contre tout le monde.
03:41 Voilà ce que ça produit.
03:42 - C'est la rue qui prime sur la démocratie ?
03:43 - Est-ce qu'un processus parlementaire qui n'est pas reconnu, c'est la démocratie ?
03:49 Est-ce que la démocratie, ce n'est pas la qualité du dialogue ?
03:51 Est-ce que les accords de Matignon à l'époque, avec un dialogue,
03:55 avec une commission de personnalité impartiale,
03:59 reconnue pour leur capacité d'écoute, ce n'était pas de la démocratie ?
04:02 La démocratie, c'est d'abord se mettre d'accord.
04:05 Les textes, ils viennent enteriner cet accord.
04:07 Là, on est dans l'inverse.
04:08 - Mais donc, pour sortir de cette crise complexe aux multiples aspects,
04:11 il faudrait par exemple un nouveau référendum,
04:14 avec peut-être un champ plus large, incluant la question sociale notamment.
04:17 Ce serait une piste pour vous ?
04:18 - Écoutez, on n'en est vraiment pas là.
04:20 Je pense que déjà, il faut que les gens se parlent.
04:22 Quand on voit que des propositions de visioconférence sont faites,
04:25 alors qu'un responsable du gouvernement n'est même pas en capacité d'aller sur place,
04:30 quel message on envoie ?
04:31 Est-ce qu'une visioconférence est à la hauteur des enjeux qu'on observe ?
04:34 Non. Donc du coup, il faut qu'on ait une autorité de la République,
04:39 en son plus haut niveau, qui reprenne le dialogue,
04:41 qui reprenne les choses en main,
04:43 pour qu'on puisse faire baisser la pression, revenir au calme,
04:46 et après, on se posera la question des textes.
04:47 Mais les textes, ils viennent sanctionner,
04:51 sanctuariser un accord politique par l'inverse.
04:53 - Mais qui doit reprendre la main ?
04:54 Le Premier ministre ou le Président de la République lui-même, pour vous ?
04:57 - Il y a un groupe de contact qui est convoqué par le Premier ministre,
05:00 avec les principaux responsables politiques de ce pays.
05:03 Donc voilà, faisons leur confiance.
05:06 - Est-ce que vous voterez pour la prorogation de l'état d'urgence
05:09 qui doit être soumise au Parlement ?
05:11 - On n'en est pas là. C'est une possibilité, on verra.
05:14 L'état d'urgence ne peut être mis en place que 12 jours,
05:18 sans validation par un texte.
05:20 Donc on n'est pas encore là, mais on se posera la question,
05:24 en fonction de la situation sur le terrain, et puis sur les événements.
05:28 - Vous êtes inquiet de ce qui se passe ?
05:30 Vous diriez que la Nouvelle-Calédonie est en guerre civile ?
05:34 - Oui, il y a une situation qui est très inquiétante.
05:37 On voit bien qu'on est à la limite de la perte de contrôle.
05:40 Donc il faut vite reprendre la main.
05:42 - C'est correct.
05:43 [Musique]

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