Les grands auteurs Africains face aux crises sub-sahariennes [Marc Bidan]

  • il y a 5 mois
Xerfi Canal a reçu Marc Bidan, professeur des universités à Polytech Nantes, ancien président de l’Association Information et Management (AIM), pour parler des grands auteurs africains face aux crises sub-sahariennes.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00Bonjour Marc Bidan, bonjour Jean-Philippe Denis, Marc Bidan, professeur des universités
00:12Polytech Nantes, Université de Nantes. Marc Bidan, vous étant ancien président de l'association
00:18Information et Management. Vous avez coordonné avec Yves Livian, les grands auteurs aux frontières
00:23du management, ouvrage passionnant, vous explorez aux frontières, on va puiser ailleurs et c'est un
00:29des premiers ouvrages où on voit vraiment des auteurs africains, la manière dont ils
00:34peuvent renouveler les perspectives dans notre domaine, le management. Évidemment aujourd'hui,
00:39on est face aux crises subsahariennes et là, finalement, qu'est ce qui se passe quand on
00:45confond ces crises subsahariennes à nos grands auteurs ? Eh bien, il se passe qu'on doit revisiter
00:52un peu nos certitudes, probablement, même certainement, donc quand on a coordonné les
00:57grands auteurs avec Yves Livian, il a tout de suite été question d'ouvrir ailleurs qu'aux
01:02occidentaux. On a ouvert sur l'Inde, l'Amérique latine, l'Asie et puis évidemment sur l'Afrique.
01:09Et donc, on a réussi à trouver des collègues qui étaient d'accord pour faire des chapitres sur les
01:17contributions au management d'auteurs comme Cheikh Antadiop, le Sénégalais, comme Fabien-Eboussi
01:23Boulaga, Cameroun, comme Achille Mbembe, bien sûr. Tu crois que tu as reçu de nombreux auteurs sur
01:30ce plateau pour en parler ? Eh oui, Sembe Ousmane, des gens un peu moins connus comme Henri-Augmest
01:36Lendlé, la bornologie. Et puis, si on ouvre un petit peu au bassin méditerranéen, il ne faut
01:41pas oublier des gens comme Nassim Taleb, comme Brodel, bien sûr, comme Edouard Saïd, des gens
01:48comme ça. Donc, qu'est-ce qui se passe ? Eh bien, il se passe que nous, on a un prisme occidental,
01:52on a des théories qui sont américaines, qui sont anglaises, qui sont scandinaves, qui sont
01:56françaises, on a des concepts, des méthodes, et puis on les applique. Et on s'aperçoit que ça
01:59marche pas. Cette grille de lecture ne fonctionne pas. C'est plus complexe. Déjà, on se plante en
02:05parlant Afrique. Déjà, l'ACDAO, déjà l'Afrique de l'Ouest, c'est complexe. Ce sont des intérêts
02:12différents. Des passions communes, comme on dit, mais des intérêts différents. Donc, si on ne lit
02:18pas dans le texte ces auteurs-là, qui sont relativement récents, eh bien, on passe à
02:23côté d'une culture, d'une grille de lecture. Si on passe à côté de H.L. Mbembe, on passe à
02:29côté de ce qu'il appelle la démocratie substantive, la bornologie chez les Cabrounais. L'empowerment,
02:36l'empowerment, il est africain, il y a un décryptage africain par Fabien Ebusi-Boulaga.
02:42L'empowerment, c'est évidemment qu'il ne faut pas penser occidental là-dessus. La théorie
02:47enracinée, et il y a une théorie enracinée de Cheikh Anta Diop, qui est appliquée au Sénégal
02:53notamment. Donc, si on n'a pas ces grilles de lecture africaines sur les intérêts, les passions,
02:59les cultures, les cultes, les ethnies, les relations de pouvoir, les relations d'amour et de désamour,
03:08sans romancer, sans romancer, juste en regardant la réalité géographique, la réalité géopolitique,
03:16on peut quand même se rappeler des frontières qui n'existent pas. C'est nous qui avons dessiné
03:19les frontières, donc elles n'existent pas géographiquement, ou peu. Donc oui, les auteurs
03:25africains ont beaucoup à dire, en management notamment, mais pas que en management, à
03:29condition de les lire, à condition de les lire. Et là, il y a un grand paradoxe, ils ne sont pas
03:33lus. Et ils ne sont notamment pas lus ou pas assez lus chez eux. Voilà. Pourquoi importer des théories
03:39de la contagence, de l'agence, des parties prenantes qui ont été pensées ailleurs,
03:44qui ont été testées ailleurs ? C'est idiot. Il y a sur place des outils, il y a sur place des penseurs,
03:52il y a sur place des concepts, il faut les adapter. Le monde est en pleine transformation. Voilà,
03:58on le constate tous les jours. Et donc, pour qu'on aille les comprendre, ces transformations,
04:02les grands auteurs aux frontières du management. Merci Marc Bidan. Merci.

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