Le pouvoir d'achat est-il vraiment en baisse : les dessous des chiffres [Alexandre Mirlicourtois]

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L’Insee semble au mieux se tromper, au pire mentir ! Faites l’expérience vous-même : interrogez votre voisin sur l’évolution de son pouvoir d’achat. La réponse sera quasiment systématiquement la même : il baisse ! Affirmer le contraire vous fait immédiatement passer pour un hérétique. Et pourtant, il monte ! Depuis fin 2019, la progression cumulée du pouvoir d’achat a été de 5,7%. Même en intégrant dans le calcul l’évolution du nombre de ménages et de leur composition, on parle alors du pouvoir d’achat par unité de consommation, l’augmentation est toujours là : +3,1%. Il faut revenir sur la formation du pouvoir d’achat pour comprendre où sont les hiatus et où va se situer le défi du prochain gouvernement. Le pouvoir d’achat n’est rien d’autre que le résultat de la confrontation entre le revenu disponible brut des ménages et l’inflation. [...]

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00:00L'INSEE semble au mieux se tromper, au pire mentir.
00:14Faites l'expérience vous-même, interrogez votre voisin sur l'évolution de son pouvoir d'achat.
00:20La réponse sera quasiment systématiquement la même, il baisse.
00:26Affirmer le contraire vous fait immédiatement passer pour un hérétique.
00:30Et pourtant, il monte.
00:32Depuis fin 2019, la progression cumulée du pouvoir d'achat a été de 5,7%.
00:38Même en intégrant dans le calcul l'évolution du nombre de ménages et de leur composition,
00:43on parle alors du pouvoir d'achat par unité de consommation,
00:46l'augmentation est toujours là, plus 3,1%.
00:51Il faut revenir sur la formation du pouvoir d'achat
00:54pour comprendre où sont les gatus et où va se situer le défi du prochain gouvernement.
00:59Le pouvoir d'achat n'est rien d'autre que le résultat de la confrontation
01:03entre le revenu disponible brut des ménages et l'inflation.
01:08Principalement concentré depuis fin 2019 sur les produits alimentaires et énergétiques,
01:13la nature même de la hausse des prix a renforcé le sentiment de déclin du niveau de vie,
01:19en concernant d'abord les achats effectués au quotidien,
01:22dont pour certains les prix s'affichent bien en vue sur les panneaux au bord des routes.
01:27Il s'agit en outre de plus en plus souvent de dépenses contraintes,
01:31qui se combinent de plus en plus avec de nouvelles dépenses perçues comme essentielles,
01:37telles que le smartphone, l'ordinateur ou l'abonnement à des services numériques.
01:42Ces dépenses non vitales sont devenues quasi inévitables,
01:45créant un sentiment de déclassement pour ceux qui en sont privés.
01:49La confusion entre pouvoir d'achat et condition de vie est assez courante,
01:53or cette dernière renvoie à des enjeux non monétaires
01:56comme l'accès à la propriété ou l'éloignement des centres-villes.
01:59Tous ces facteurs, qui échappent aux mesures classiques, pèsent lourdement sur le ressenti des ménages.
02:05Mais tout n'est pas qu'illusion.
02:07Inflation d'un côté, revenu des ménages de l'autre.
02:10La progression de ces derniers est aussi le fruit d'une confrontation entre d'un côté les ressources financières,
02:16quelle qu'elle soit, c'est la colonne des plus,
02:19et de l'autre, l'ensemble des impôts directs et cotisations sociales, c'est la colonne des moins.
02:25Côté fiscalité, plusieurs mesures sont venues alléger la barbe qui a des ménages.
02:29Réaménagement du barème de Lière, suppression de la taxe d'habitation, etc.
02:34L'impact a été indéniable, mais mal apprécié par les Français
02:38qui ne le perçoient pas ou à sa juste valeur comme un gain financier.
02:43Côté ressources, une seule ligne pose réellement problème.
02:46Non pas celle des prestations sociales, dont la grande majorité est indexée sur l'inflation,
02:51mais bien plus celle de la masse salariale versée par les entreprises non financières.
02:56Un peu de statistique.
02:57Compte tenu de la hausse des prix, la masse des salaires bruts réels versés à l'ensemble des salariés a progressé de 2,6% depuis fin 2019.
03:07En face, le nombre de salariés a progressé de près de 7%.
03:11Une conclusion s'impose, le salaire réel par tête a diminué de 4%.
03:17Ce n'est pas une illusion, mais une réalité, notamment pour les classes moyennes.
03:21Pour pédouaner du SMIC, elles ont peu profité de ces différentes revalorisations automatiques.
03:26Le problème de pouvoir d'achat d'une partie des salariés du privé est donc lié au trop faible revalorisation de leur rémunération.
03:34Ce qui ne renvoie pas au partage capital-travail, mais bien plus au manque de productivité à laquelle la hausse des salaires par tête est étroitement liée.
03:42Il ne s'agit pas d'un problème de redistribution générale, mais de productivité, terrain sur lequel la France a perdu énormément ces dernières années.
03:51Une partie de la population pense avoir perdu, mais elle se trompe.
03:55Le recul prévu de l'inflation devrait toutefois calmer les esprits.
03:58Mais pour une autre, c'est une réalité et il ne faudra pas oublier que c'est l'activité et la hausse de la productivité qui font les gains de pouvoir d'achat,
04:06pas la redistribution générale des revenus ou l'endettement public.
04:09Bref, il ne faudra pas que le futur gouvernement se trompe de combat.

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