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Dans son édito du 20/05/2024, Paul Sugy revient sur le projet de loi sur la fin de vie.

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Transcription
00:00 Paul Sujit avec nous, on va se changer de sujet. Le projet de loi sur la fin de vie a été approuvé en commission à l'Assemblée nationale.
00:06 Le texte qui sera examiné en séance sera finalement beaucoup plus permissif que celui proposé initialement par le gouvernement.
00:13 Les députés ont fait sauter de nombreux garde-fous, Paul.
00:17 Oui Romain, en fait à peine deux mois après l'intervention du chef de l'État dans les colonnes de Lacroix qui avait dévoilé enfin ses intentions au sujet de cette loi sur l'aide d'actifs à mourir,
00:25 eh bien la loi a déjà évolué dans son principe, dans son essence même. En mars, le président de la République disait vouloir une loi qui ouvre la possibilité de demander une aide à mourir sous certaines conditions strictes,
00:37 l'expression était de lui, conditions qu'il avait d'ailleurs en partie détaillées. Cette possibilité devait concerner uniquement les personnes atteintes d'une pathologie incurable avec un pronostic vital engagé à court ou moyen terme
00:47 et qui subissent des souffrances réflectaires que l'on ne peut pas soulager. Ce qui a été décidé en commission, ce n'est pas le texte définitif évidemment,
00:54 c'est celui qui va être soumis aux parlementaires en séance à l'Assemblée Nationale, eh bien c'est un texte qui déjà supprime ce critère du pronostic vital engagé à court ou moyen terme.
01:05 Il a été rayé d'entrée de plume. Ce qui veut dire que le paradoxe est celui-ci, c'est une loi qu'on dit être sur la fin de vie qui peut concerner des patients qui ne sont pas en fin de vie,
01:13 qui sont atteints d'une maladie grave et incurable mais qui ont décidé alors même qu'ils ne vont pas mourir dans les prochaines années, ça peut être par exemple un cancer, une maladie chronique,
01:22 de demander l'euthanasie. Un exemple très simple, François Mitterrand apprend qu'il est atteint d'un cancer de la prostate en 1981, quelques mois après son élection,
01:29 la première année de son premier septennat, 15 ans avant sa mort. François Mitterrand aurait pu demander l'euthanasie dans les conditions qui sont celles du projet de loi actuel dès 1980.
01:39 Ça change totalement le texte. Est-ce qu'il y a d'autres changements dans le texte ?
01:43 Oui, il y a des changements symboliques qui trahissent non moins que l'esprit originel du texte a été largement abandonné, et aussi les mises en garde répétées du corps médical.
01:54 Le premier travestissement, c'est le fait d'inscrire le suicide assisté et l'euthanasie dans le Code de la santé publique. C'est renforcer ainsi l'idée que l'euthanasie est bel et bien un soin,
02:04 un acte médical comme un autre. C'était une ligne rouge pour de très nombreux soignants qui n'ont pas été écoutés sur ce point. On objectera bien sûr qu'il existera une clause de conscience.
02:13 Comme pour l'avortement, pour les soignants qui s'y refusent. Mais même cette clause de conscience exclut par exemple une partie des personnes qui vont intégrer ce corps médical.
02:21 Par exemple, les pharmaciens qui seront dans certains cas amenés à préparer la solution létale que devront ingérer les candidats à la mort douce.
02:28 Aujourd'hui, un pharmacien qui prépare cette solution qui est du poison risque 30 ans d'emprisonnement. Demain, il sera tenu de le faire sans clause de conscience.
02:35 Enfin, les députés ont créé un délit d'entrave à l'euthanasie dont les contours sont flous.
02:40 On a vu sur d'autres sujets que le seul fait de tenir un discours opposé à ce que permet la loi, ça peut tomber sous le coup de ce délit.
02:46 Mais ils ont refusé de créer explicitement un délit d'incitation. En d'autres termes, lorsque des personnes viendront murmurer à l'oreille des patients qui s'interrogent sur leur fin de vie,
02:54 eh bien, ça ne pourrait être qu'une influence à sens unique.
02:57 Vous regrettez qu'il n'y ait pas plus de prudence sur ce sujet ?
03:00 Oui, bien sûr, Romain. Mais ce que je veux essayer d'expliquer à ceux qui nous écoutent, c'est qu'au fond, en proposant une loi aussi permissive,
03:06 parfois avec l'appui de députés Renaissance, pas seulement de la députée de la France Insoumise, Danielle Simonet, ou de l'opposition.
03:12 Avec l'appui de députés Renaissance, eh bien, le gouvernement, finalement, aura beau jeu de dire que son texte initial était prudent et mesuré, je ne crois pas que ce soit la vérité.
03:20 La vérité me semble au contraire que la feuille de route de départ du gouvernement permettait, au fond, tous ces glissements, pas dans la lettre, mais dans l'esprit.
03:28 Et elle était restée suffisamment imprécise. On a vu le débat sur la sémantique. Jamais le mot euthanasie n'a été employé jusqu'ici par Emmanuel Macron ou ses ministres.
03:36 Mais cette forme de souplesse sémantique permettait aujourd'hui toutes ces dérives.
03:42 Si elles ne sont pas votées dans le texte qui sera probablement voté par les parlementaires dans les mois qui viennent, ça le sera dans les années à venir.
03:48 C'est un texte qui autorise de toute façon ces glissements à l'avenir.
03:50 (Générique)

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