• l’année dernière
Dans son édito du 22/11/2023, Paul Sugy revient sur le drame survenu dans la Drôme et l'émotion que ce dernier a suscité en France.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 pour plusieurs raisons qui me paraissent compréhensibles.
00:01 D'abord, c'est parce que c'est un drame qui est effroyable.
00:03 Thomas, c'est l'adolescence profanée.
00:05 Ce garçon avait 16 ans, il jouait au rugby.
00:07 On apprend dans ce que racontent les témoins aux journalistes sur place
00:10 qu'il fumait même pas de cigarette.
00:11 Vous savez, il y a cette expression journalistique consacrée.
00:13 C'est un jeune sans histoire d'ordinaire.
00:15 On la réserve plutôt aux coupables, aux coupables présumés.
00:17 Là, c'est évidemment la victime, Thomas, qui rentre dans cette catégorie
00:22 et on s'identifie très facilement à lui.
00:24 Et au-delà de l'émotion, je crois que ce drame rencontre ensuite
00:26 très précisément des inquiétudes profondes chez beaucoup de nos compatriotes.
00:31 C'est une fête de village dans la Drôme des Collines.
00:34 Je connais un peu, j'ai de la famille là-bas.
00:35 C'est des lieux sans histoire, mais avec un charme fou
00:38 où il ne se passe pas grand chose, ou en tout cas, jamais ce genre de drame.
00:42 Et là, c'est une sauvagerie qui s'exporte en dehors des cités chaudes de Romand
00:46 ou des quelques endroits où il y a des banlieues qui sont un peu plus dangereuses.
00:50 Et là, qui vient s'immiscer partout à un endroit où on ne l'attend pas.
00:53 Ce drame vient finalement réveiller chez beaucoup d'entre nous.
00:56 Cette espèce de voix timide que l'on cherche à faire taire
00:58 et qui nous dit que nul n'est à l'abri nulle part,
01:01 que la sauvagerie peut s'immiscer partout à l'abri des verrous de nos maisons,
01:04 dans nos fêtes de village et qu'on peut se faire planter au couteau pour rien, partout.
01:09 - Voilà, quand on dit sans histoire pour quelqu'un comme le jeune Thomas,
01:11 c'était qu'il ne créait pas de problème, lui.
01:13 Il ne créait pas de problème, c'est un gars bien.
01:15 Ce drame est devenu très vite un sujet politique et on le comprend.
01:19 Il y a de nombreuses réactions, Paul.
01:21 - Oui, alors les responsables de droite ont très fermement condamné,
01:23 effectivement, ce drame.
01:24 Éric Zemmour a évoqué un francocide mené par des racailles.
01:27 Jordan Bardella, une sauvagerie.
01:29 Éric Soti a appelé la justice à passer de façon très rapide.
01:33 Et dans Versactuel, Marine Le Pen est probablement celle qui est allée le plus loin.
01:36 Elle évoque, je la cite, une attaque organisée qui émane de banlieues criminogènes
01:40 dans lesquelles se trouvent des milices armées qui opèrent des razzias.
01:44 Gérald Darmanin, lui, dès lundi soir, a aussi réagi en évoquant un tournant dans l'ensauvagement.
01:49 "J'ai peur malgré tout qu'un ministre qui ne sait pas faire le lien",
01:52 et ça, c'est lui-même qui l'avait dit, entre l'immigration et la délinquance,
01:55 "ait du mal, peut-être, à saisir ce qui explique ce tournant".
01:58 Ça, on le voit s'agissant d'un crime où de nombreux témoins ont affirmé
02:01 que les personnes qui auraient commis ces actes ont dit qu'ils étaient venus planter des Blancs.
02:05 - Et à gauche, il y a eu beaucoup moins de réactions.
02:07 - Non, les rares politiques qui s'expriment ont pris plein de précautions.
02:10 Alors, Fabien Roussel a déploré quand même sur Europe 1,
02:13 une société où des actes de ce type se reproduisent de plus en plus.
02:16 Ça reste assez timide.
02:18 Côté insoumis, le président de la commission des finances,
02:20 Éric Coquerel, à l'Assemblée nationale, refuse d'employer le terme d'"ensauvagement"
02:24 et il prend des pudeurs de gazelle en sortant des statistiques
02:27 à contre-temps de l'émotion qui nous étreint,
02:29 en disant que ce type de rixes ne serait pas en aggravation en termes de fréquence.
02:34 François Ruffin, peut-être le seul, lui, à être assez clair,
02:37 a dénoncé une violence gratuite, débridée et cruelle.
02:40 Au fond, c'est un peu la double peine.
02:41 On voit aussi dans la presse de gauche ou dans les médias du service public
02:44 un certain nombre d'éditos qui, maintenant, dénoncent la récupération
02:47 de la droite ou de l'extrême droite.
02:49 La double peine parce que les Français, qui sont d'abord étreints
02:52 par l'émotion profonde et l'angoisse aussi qui surgit à la vue de ce drame,
02:56 sont aussi saisis par la culpabilité ou la honte d'avoir peur.
03:00 C'est exactement ce que certains médias essayent d'instiller.
03:03 Par ailleurs, je crois qu'une partie de la gauche, si elle est aussi prudente,
03:06 c'est parce qu'elle préfère ne pas prendre le risque d'offenser
03:09 ceux qui s'identifient aux coupables
03:11 plutôt que de parler à tous ceux qui s'identifient aux victimes.
03:14 [Musique]
03:17 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

Recommandations