• il y a 6 mois
Il y a quelques mois, StreetPress révélait la présence de deux néonazis militaires au 35e régiment d’infanterie de Belfort. Depuis des années, de nombreux cas de militaires néonazis ont été dévoilé par des journalistes. Des situations « très graves » selon le ministère des Armées, d’autant que certains sont impliqués dans des meurtres ou des préparations d’attentats.

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00:00 Salut à tous, je suis Christophe de Street Press.
00:02 Il y a plus de six mois, on révélait la présence de deux militaires néo-nazis au sein du 35e Régiment d'Infanterie de Belfort.
00:08 L'un d'entre eux publiait des photos glorifiant le 3e Reich et appelait même à nettoyer le pays.
00:13 Mais ce n'est pas le seul.
00:14 Depuis des années, de nombreux cas de militaires néo-nazis ont été révélés par des journalistes.
00:18 Et l'armée ne fait pas toujours ce qu'il faut.
00:25 En 2023, je suis alerté sur le cas de deux militaires du 35e Régiment d'Infanterie de Belfort.
00:30 Ce que je découvre est effarant.
00:32 Déjà, Lucas et Raphaël, ces deux militaires d'une vingtaine d'années,
00:36 sont des militants des Vandals Besaques, un groupe néo-nazi de Besançon.
00:39 En naviguant sur le compte Instagram de Lucas, je découvre énormément de contenus illégaux.
00:44 Des drapeaux du 3e Reich, des saluts nazis ou encore des glorifications de divisions SS.
00:49 Et aussi des appels à refaire comme en 732 et chasser la peste de France,
00:54 une référence à la bataille de Poitiers et aux musulmans.
00:56 Lucas affichait aussi sa volonté de nettoyer le pays des migrants.
01:00 Grâce à nos révélations, les deux militaires néo-nazis ont été suspendus
01:04 et l'armée a indiqué qu'ils seraient expulsés.
01:06 Mais ce n'est pas tout le temps le cas.
01:07 Nos collègues de Mediapart ont beaucoup abordé la question des néo-nazis dans l'armée.
01:11 En juillet 2020, ils révèlent une dizaine de profils qui font carrière dans l'institution française.
01:16 Moins d'un an plus tard, rebelote.
01:18 Ils évoquent plus de 50 nouveaux cas de militaires néo-nazis
01:21 et parlent carrément de filières au sein de l'armée française.
01:24 C'est notamment Sébastien Bourdon, avec les journalistes Mathieu Suc et Justine Brabant,
01:28 qui ont découvert tout ça.
01:29 L'immense majorité des profils que j'ai pu identifier au cours de ces différentes enquêtes,
01:33 c'est des personnes qui, sur des profils notamment Instagram,
01:36 et en l'occurrence des profils publics,
01:38 montraient ouvertement que c'était néo-nazis,
01:40 donc soit avec des photos d'eux en train de faire des salles nazis,
01:42 soit par des tatouages tout à fait explicites de croix gammées,
01:46 symboles de la SS, devises de la SS, ou je ne sais quoi,
01:50 ou encore photos avec des drapeaux nazis, ou masques d'Adolf Hitler,
01:54 ou tout un tas de choses de ce style-là, mais en effet, ils ne s'en cachaient absolument pas.
01:57 Dans le lot, on retrouve deux membres du 13e bataillon de chasseurs alpins,
02:01 un engagé du 1er régiment des hussards-parachutistes,
02:04 ou encore un sous-officier du 2e régiment d'infanterie de marine.
02:08 Plus de 14 régiments sont concernés.
02:10 À chaque fois, le ministère des Armées a reconnu que les faits soulevés étaient très graves.
02:14 Pourtant, dans les actes, ça ne suit pas beaucoup,
02:17 et Mediapart dénonce un "laisser faire".
02:18 Sur la quasi-centaine de cas qu'on a pu identifier,
02:22 il n'y en a que quatre qui ont été renvoyés,
02:25 et que pour un certain nombre d'entre eux, il y a quand même des cas assez significatifs,
02:32 où on a quand même identifié des personnes qui sont, pour certains, couvertes de tatouages néo-nazis,
02:36 qui, a priori, en tout cas de ce qu'on en sait,
02:39 continuent à servir et à porter l'uniforme de l'armée française,
02:42 et à servir dans différentes opérations.
02:44 Les soldats qui potentiellement ont la devise de la SS tatouée sur le torse ou je ne sais où,
02:50 sont ceux qui patrouillent dans nos gares ou devant les églises, les synagogues et les mosquées,
02:54 dans le cadre de l'opération Sentinelle.
02:56 Un des meilleurs exemples de tout ça, c'est celui de Gaétan,
02:58 un militaire du 35e Régiment d'Infanterie de Belfort, encore,
03:02 qui a été épinglé par Mediapart en mars 2021.
03:05 Malgré son idéologie néo-nazie, il n'a eu comme sanction que quelques jours d'arrêt.
03:09 Huit mois plus tard, le même bidasse a été mis en examen,
03:12 après la découverte d'un arsenal de 130 armes, couplé à de la propagande néo-nazie.
03:17 Un autre militaire bien connu de cette mouvance, c'est Loïc Lepriol.
03:20 C'est un ancien des Forces Spéciales françaises, qui a combattu au Mali dans les années 2010.
03:25 Il aurait notamment participé à des opérations d'élimination de chefs djihadistes.
03:29 Aujourd'hui, Lepriol est surtout en prison,
03:31 accusé d'avoir assassiné l'ancien rugbyman Federico Martinarambón.
03:35 Rappelez-vous, ça s'est passé dans la nuit du 19 mars 2022.
03:39 Après une bagarre en terrasse contre Lepriol et son comparse Romain Boullier,
03:42 un autre militant d'extrême-droite violent,
03:44 Arambourou se fait tirer six fois dessus en plein Paris.
03:47 Les deux hommes ont été des militants néo-fascistes du groupe Union Défense,
03:51 dont on vous parlait dans une précédente vidéo.
03:53 Et c'est là où ça se gâte pour l'armée.
03:54 Car selon le journaliste de Marianne Paul-Conge,
03:57 Lepriol était déjà au moment de son arrivée dans l'armée fiché S
04:00 pour ses liens avec l'extrême-droite la plus radicale.
04:03 Loïc Lepriol, il reçoit sa première fiche S en août 2011.
04:07 À ce moment-là, il va devenir marin militaire,
04:12 il est à l'école des Mousses à Brest.
04:14 Il fréquente en même temps à Paris les milieux de l'extrême-droite radicale,
04:18 le COP of Boulogne, mais aussi le GUD, dont il fréquente certains des membres.
04:22 Il attire à ce moment-là l'attention de la DGSI,
04:24 qui lui accole cette fiche S en indiquant dans cette fiche
04:28 que c'est un militant appartenant à la mouvance d'extrême-droite radicale.
04:32 Ça n'empêche pas, quelques mois plus tard, de passer le stage commando,
04:36 c'est un stage de l'armée réputé très difficile,
04:39 qui permet d'accéder aux forces spéciales.
04:41 Il le réussit avec brio et il est recruté l'année suivante
04:47 au commando de Montfort, un commando d'élite de l'armée.
04:52 Aussitôt, il va partir en mission.
04:54 En 2011, les fiches S, ce n'est pas encore très connu du grand public.
04:58 Il n'y a pas encore eu les attentats de Mohamed Mera
05:00 ou ceux contre le Bataclan et Charlie Hebdo.
05:02 Mais il y a une nouvelle alerte contre Loïc Lepriol en mars 2015.
05:05 Loïc Lepriol va faire l'objet d'une deuxième fiche S.
05:08 Celle-là va être décernée par la direction du renseignement
05:11 de la préfecture de police de Paris.
05:13 Et cette fiche-là est beaucoup plus précise que la précédente,
05:15 quatre ans plus tôt.
05:16 Celle-là, elle va indiquer que c'est un militant d'extrême-droite radicale,
05:19 qui en plus est susceptible de commettre des actions violentes.
05:23 Ce nouvel avertissement, ça ne l'empêchera pas de repartir en mission
05:27 un mois plus tard avec le commando de Montfort et les forces spéciales.
05:31 Tout ça interroge sur le rôle de l'armée dans la formation de Lepriol
05:34 et dans le meurtre de Fédérico Martin à Rambourou,
05:37 pour lequel il est toujours présumé innocent.
05:39 Quand même, Loïc Lepriol était de base déjà quelqu'un de très violent.
05:43 Son passage à l'armée lui a appris des nouvelles techniques de combat,
05:47 lui a appris à s'exercer au tir, lui a appris le maniement du couteau,
05:50 et lui a appris tout un tas de compétences militaires
05:55 qu'il a ensuite pu utiliser dans le cadre de ses affrontements,
05:59 dans le cadre des bagarres.
06:01 Quand il participe au meurtre de Fédérico à Rambourou,
06:04 c'est bien une arme qu'il utilise,
06:05 et c'est bien l'armée qui l'a appris à utiliser ses armes.
06:08 Dans certaines affaires de projets terroristes d'extrême droite,
06:10 des militaires sont impliqués.
06:12 En 2017 par exemple, le militant d'extrême droite Logan Nizin
06:16 a été arrêté à la suite d'un projet terroriste qu'il prépare.
06:19 Pour ça, il a été condamné à 9 ans de prison.
06:21 Dans ses messages à d'autres personnes d'extrême droite révélées par Politis,
06:25 il se vantait.
06:26 Chez nous, on a une bonne partie d'anciens militaires.
06:28 Des militaires de l'armée régulière vont se joindre à nous.
06:31 Dans l'armée, des régiments entiers sont remplis de NS.
06:35 L'extrême droite radicale et l'armée, ce n'est pas une histoire nouvelle.
06:38 Au début des années 60,
06:39 il y a la création de l'Organisation de l'Armée Secrète, l'OAS.
06:43 Ce groupe terroriste qui a fait plus de 2700 victimes
06:46 avait des militaires dans ses rangs.
06:48 Il y en avait aussi dans des groupes d'extrême droite violents,
06:50 comme Ordre Nouveau, qui a participé à la création du FN.
06:53 Pour le chercheur Stéphane François, spécialiste de l'extrême droite,
06:56 il y a alors plusieurs intérêts pour ces groupes d'avoir des combattants.
06:59 L'armée, c'est l'autorité, c'est l'ordre, c'est la obéissance aux directives, etc.
07:08 Il y a un côté très idéologique, mais aussi un autre côté plutôt pragmatique.
07:13 Un militaire, c'est utiliser des armes.
07:16 Les cadres d'extrême droite qui viennent de l'armée,
07:19 servent aussi d'instructeurs.
07:21 Pourquoi ? Parce qu'il y a toujours cette idée d'un possible coup d'État,
07:25 d'une possible sédition.
07:27 Ils ne vont pas le faire.
07:29 Mais néanmoins, cette tradition d'extrême droite un peu séditieuse,
07:34 nationaliste, au pire, patriotique au mieux,
07:38 c'est ce qui a fait qu'un certain général de Gaulle a toujours mis en avant la conscription
07:43 plutôt qu'une armée de métiers, parce qu'il ne leur faisait pas confiance.
07:46 D'ailleurs, selon le chercheur, ces liens se retrouvent dès le début du XXe siècle
07:50 avec des militaires qui veulent défendre la patrie, mais pas la République, qu'ils haïssent.
07:55 Le rejet de la démocratie était minimisé par cette idée qu'il fallait défendre la patrie.
08:00 Et d'ailleurs, une bonne partie de nos officiers, notamment pendant la Première Guerre mondiale,
08:05 de l'État-major, étaient plutôt proches de l'extrême droite, même un pétain.
08:09 Pétain qui était vu comme le plus républicain des officiers, c'est dire,
08:13 pétain, c'était quand même relativement connu,
08:17 qui était plutôt proche de groupes comme la CAGoule.
08:19 Pour rappel, la CAGoule, c'est une organisation terroriste des années 30,
08:23 proche du fascisme, et qui a commis plusieurs attentats en France.
08:26 Tous ces liens entre les néo-nazis, l'extrême droite radicale et l'armée
08:30 se traduisent aussi dans les urnes vers les partis traditionnels.
08:33 Au premier tour de la dernière présidentielle,
08:35 les militaires ont voté environ 20 points de plus pour l'extrême droite que la moyenne des Français.
08:40 C'est la fin de cette vidéo, merci à vous de l'avoir regardée.
08:45 Je vous rappelle que nos articles sur les militaires néo-nazis de Belfort
08:47 sont toujours disponibles sur notre site streetpress.com,
08:50 et je vous invite à aller lire les enquêtes de Mediapart.
08:53 On espère que ça vous a plu, surtout n'oubliez pas de vous abonner,
08:56 d'activer la cloche, et moi je vous dis à très vite sur Street Press.

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