Le médecin de 64 ans défiguré à Drancy revient sur son agression avec beaucoup d’émotions face à un verdict décevant : «La douleur que j’ai subie hier est pire que quand j’avais le nez cassé». Son agresseur est condamné à 3 semaines de travaux d’intérêt général et 2.000 euros d’amende.
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00:00Non, il ne s'est pas excusé, il a passé 100 ans à rigoler pendant toute l'audience, c'est la double peine pour moi.
00:10À aucun moment il s'est tourné vers vous, il vous a dit « je suis désolé, je me suis énervé », à aucun moment ?
00:16À aucun moment, à aucun moment. Donc la décision de justice, je ne sais pas si vous voulez que je vous la rappelle,
00:24au fait, c'est trois semaines de travaux d'intérêt général, un an d'éligibilité, 2000 euros d'amende et interdiction de venir au cabinet
00:34sans que j'ai aucune garantie qu'ils ne le fassent pas.
00:37– Comment vous avez réagi en entendant ce verdict ?
00:40– J'étais écœuré, il n'y a pas d'autre terme, écœuré.
00:45La douleur que j'ai subie, je crois, est pire, hier, est pire que ce que j'ai subi quand j'avais le nez cassé.
00:52– Vous vous dites quoi, aujourd'hui ?
01:05Docteur, on sent votre émotion encore aujourd'hui, bien évidemment.
01:10– Oui, désolé, vraiment je suis désolé.
01:15Donc, ce que je voulais dire, merci déjà d'en donner l'occasion,
01:21de pouvoir au moins m'exprimer hier, je n'ai pas eu l'occasion de dire un mot pendant tout le procès, pas un mot.
01:29Donc, la décision qu'on vient de dire, c'est vraiment légitimer la violence faite aux médecins et aux soignants en particulier.
01:39Je ne sais pas, sincèrement, je voudrais avoir votre opinion, qu'est-ce que vous pensez, vous, de cette décision ?
01:47– La sanction, c'est pareil que si on volait un scooter, je ne sais pas, franchement, ça me laisse sans voix.
01:58– Vous avez le sentiment, et c'est ce que vous dites, parce qu'il a frappé très fort, on a vu les photos tout à l'heure,
02:03il vous a massacré, il vous a défiguré, vous auriez pu y rester,
02:07et en fait, votre sentiment, c'est en gros, l'avis d'un médecin ne vaut rien ?
02:11– Ne vaut rien, exactement, exactement.
02:14Je porte encore les séquelles, maintenant, avant, je vous avais dit que l'odorat et tout ça,
02:18ça peut peut-être revenir, maintenant, c'est définitif, j'ai plus d'odorat, plus de goût,
02:23donc je dois refaire un scanner des dents, parce qu'il y a des racines des dents de matière supérieure
02:31qui sont certainement nécrosées, donc il va falloir refaire ça.
02:35Mais, je veux dire, le but de mon intervention, ce n'est pas le matériel,
02:41moi, j'aurais voulu une décision qui soit à la hauteur du préjudice que j'ai subi,
02:45ce n'est pas une question d'argent, ce n'est pas ça le plus important.
02:49– Docteur, on s'était parlé quelques heures après votre agression,
02:54et vous aviez témoigné de façon courageuse, vous avez témoigné en plus à visage découvert,
02:59mais je vous sens aujourd'hui encore plus touché, on l'a vu tout à l'heure avec votre émotion,
03:04encore plus touché, encore plus ému par le verdict que par ce qui vous est arrivé.
03:09– Tout à fait, tout à fait, sincèrement, je me suis fait violence pour reprendre,
03:14chaque jour quand je revenais au cabinet, c'était la peur au ventre pour retravailler,
03:19je me dis, ce n'est pas grave, je le fais pour les patients,
03:22pour tous les autres patients qui n'y sont pour rien et qui sont gentils,
03:25et pour lesquels je vais tout faire.
03:27Mais avec la décision d'hier, sincèrement, je me dis, mais on va où ?
03:32On va où ? Il aurait fallu qu'ils me tuent pour qu'on fasse,
03:36je ne sais pas, même pas trois jours en sursis, rien,
03:40la prison n'en a même pas parlé, pas de brasser les extraits,
03:43je ne demande pas, je ne veux pas qu'on fasse une peine disproportionnée,
03:49mais là, elle est disproportionnée dans l'autre sens.
03:51J'espère que le parquet, parce que seul le parquet peut faire appel de cette décision,
03:56va avoir la clairvoyance et juger s'il pense que c'est ça la justice,
04:05je n'ai plus rien à dire.