Émeutes en Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Macron se rend sur l’archipel ce mardi soir

  • il y a 4 mois

Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Merci de nous rejoindre sur Europe 1, il est 13h30 de vous écouter Céline Giraud et avec vous, vos deux chroniqueurs, Céline,
00:04 l'avocate Sarah Salman et le chroniqueur politique Jean-Claude Dacier.
00:09 Et nos auditeurs d'Europe 1, 0 à 80, 20, 39, 21, si vous souhaitez réagir sur les sujets que l'on va aborder maintenant,
00:15 on va parler notamment de la Nouvelle-Calédonie pour commencer avec le retour au calme sur place qui se poursuit sur l'ensemble du territoire.
00:23 C'est ce qu'annonce dans un communiqué aujourd'hui le haut commissaire de la République,
00:28 le président de la République, on vient de le dire, qui va s'envoler ce soir pour installer une mission.
00:33 En attendant, se pose aussi la question du jour d'après, reconstruire les bâtiments, les écoles, les supermarchés détruits,
00:40 relancer aussi une économie exsangue, les huit jours d'émeute sur l'archipel, écoutez bien, ont causé pour un milliard d'euros de dégâts.
00:49 Écoutez, David Guyenne, c'est le président de la CCI de Nouvelle-Calédonie, il fait le bilan.
00:55 Nous venons de faire le point et nous sommes à 350 entreprises touchées.
00:59 C'est tellement sidérant d'avoir détruit autant de vies de chefs d'entreprise, autant d'efforts, autant de sueurs.
01:05 À cela, il faut ajouter l'impact sur les banques.
01:09 En plus, il y a les dégradations et les destructions de biens publics.
01:14 350 entreprises détruites, ça correspond à 3000 pertes d'emploi.
01:19 Et l'impact de ces pertes d'emploi sur les comptes publics de la Nouvelle-Calédonie sera ravageur.
01:25 Avant même les émeutes, la Nouvelle-Calédonie n'était pas en capacité de faire face à une crise économique qui avait commencé déjà depuis le Covid.
01:34 On peut dire qu'aujourd'hui, le secteur privé est à genoux, les collectivités publiques sont à terre et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie est ruiné.
01:43 - David Guyenne, le président de la CCI de Nouvelle-Calédonie, au micro de Margot Flaudéret, Jean-Claude Dassier, c'est dramatique, c'est désastreux.
01:51 - Qui va devoir payer des assurances peut-être pour une part, mais les contribuables français pour le reste.
01:56 C'est ce qui s'est déjà passé sur le continent en juin, en juillet.
02:02 Ce n'était pas un résultat très satisfaisant sans qu'on ait très bien compris ce qu'étaient les objectifs.
02:09 Là c'était pire, parce qu'il y avait des tirs avec des armes, des fusils et des balles réelles.
02:16 Donc le caillou, si j'ose dire, a roulé au fossé, au caniveau, il est à terre, l'économie du pays est morte.
02:24 L'événement c'est quand même que le président de la République part ce soir, c'est une surprise.
02:28 Il prend des risques, si on veut être positif, on dit "il est culotté, il va essayer de s'en sortir".
02:36 - Il a pris tout le monde par surprise quand même, il a été à l'interroire du conseil des ministres.
02:40 - Il adore ça, il a la faiblesse de penser, ce qui n'est pas toujours le cas à mon avis,
02:45 mais enfin il a la faiblesse de penser qu'il a toujours lui la solution,
02:50 que c'est d'abord sa façon de voir qui va s'imposer.
02:53 Il y a deux communautés, je ne dirais pas totalement égales, mais proches, qui sont opposées face à face,
03:02 les Kaldosh plus toute l'immigration internationale, nombreuses depuis quelques années,
03:07 et les Kanaks, qui sont là depuis quelques milliers d'années,
03:11 et qui tiennent non seulement à y rester, mais aussi à jouer un rôle dans la gestion du caillou.
03:15 Ça ne sera pas simple, l'indépendance, il y a déjà eu trois référendums,
03:20 - Quatre, ouais quatre, sur trente, oui.
03:22 - Quatre peut-être, qui ont dit non à l'indépendance, donc les choses me paraissent claires.
03:27 Néanmoins il fallait ramener le calme, il semble qu'il y en soit...
03:30 - On peut envisager un dialogue, c'est un peu l'ambition.
03:32 - Espérons-le, parce qu'il faut arrêter ces massacres totalement stupides et inutiles,
03:37 et puis ensuite peut-être que le Président de la République, dans son avion cette nuit, va penser à...
03:42 Est-ce qu'on poursuit l'indépendance, avec un système...
03:45 Marine Le Pen a dit "dans 40 ans on fait un référendum", ça me paraît un peu lointain quand même.
03:50 Est-ce que d'autres solutions sont possibles, une certaine autonomie, plus marquée peut-être, qu'elle n'est aujourd'hui.
03:56 Bref, le Président de la République prend quand même au total, me semble-t-il, un gros risque.
04:01 Il part dans un pays qui est au bord de l'insurrection, ça ne va pas être facile d'arranger les choses, me semble-t-il.
04:10 - Sarah Salmane, il a raison de partir là-bas ?
04:12 - Je ne vois pas l'intérêt, donc peut-être qu'il va me l'apprendre,
04:15 mais je trouve que c'est une prise de risque inutile de faire un déplacement qui est quand même compliqué en cette période,
04:19 pour un résultat tout à fait incertain.
04:21 S'il suffisait d'un aller-retour présidentiel, ça se saurait...
04:24 - Pour installer une mission, dit-il.
04:26 - On attend de voir ce que c'est, et le "tu casses, tu répares",
04:28 les émeutiers vont encore une fois ne rien réparer, ne rien payer,
04:32 et c'est cet archipel qui va s'appauvrir.
04:34 Le "tu casses, tu répares", on a vu ce que ça donnait en métropole,
04:36 et bien ça donne que c'est le contribuable qui paye.
04:39 Moi, ça me pose une difficulté.
04:40 - Parce qu'on se posait la question hier de savoir qui pilote vraiment l'avion,
04:42 quel ministre, Gérald Darmanin ?
04:46 - C'est Macron.
04:47 - Voilà, et finalement c'est Emmanuel Macron qui reprend la main, encore une fois.
04:50 - Ça aurait pu être Gabriel Attal aussi.
04:51 - Oui.
04:51 - Ça aurait pu.
04:52 - Oui.
04:52 - Là, c'est Emmanuel Macron, mais on ne comprend pas toujours sa philosophie et sa logique
04:56 parce qu'il est toujours là où on ne l'attend pas.
04:58 Parfois, on se dit qu'il faut qu'il prenne la parole, on l'attend,
05:00 parfois, on ne l'attend pas, et il arrive toujours à nous surprendre.
05:02 Donc, est-ce que c'est la priorité ? Je ne sais pas.
05:04 Enfin, on reviendra aussi peut-être sur TikTok, parce qu'ils interdisent TikTok.
05:07 Là, il y aurait quand même beaucoup de choses à dire par rapport à la décision du Conseil d'Attal,
05:10 mais peut-être qu'on aura l'occasion de revenir.
05:12 - Alors justement, avant de parler de TikTok, on va écouter Brigitte.
05:15 Brigitte, c'est une dame qui était en déplacement en Nouvelle-Calédonie.
05:19 Elle est allée rendre visite à une amie et elle est bloquée sur l'île,
05:23 puisque vous le savez, désormais, l'aéroport rouvre aux vols commerciaux samedi.
05:28 Mais en tout cas, elle est toujours bloquée sur l'île.
05:30 Elle évoque les barrages. Écoutez.
05:32 - J'essaye de venir en Calédonie une à deux fois par an parce que j'ai des amis.
05:36 Je devais reprendre l'avion mercredi 15 et on se sent un petit peu coincés.
05:41 C'est stressant, c'est très stressant.
05:43 Parce qu'il y a les forces armées qui ont dégagé, qui ont nettoyé la route.
05:48 Mais les barrages se refont automatiquement
05:51 et de façon un petit peu plus agressive avec des bonbonnes de gaz piégées.
05:57 Ils aiment bien s'armer de tournevis pour faire peur.
06:01 - La dernière nouvelle ce matin, c'est finalement l'aéroport fermé jusqu'à samedi.
06:04 - Oh non.
06:06 Je fais des simulations de vol.
06:08 La petite notice qu'ils nous mettent, c'est "erreur fatale".
06:12 Ce n'est pas encourageant du tout.
06:15 - Brigitte qui est désabusée et on l'embrasse au micro d'Alban Le Prince,
06:20 Rézinier, Jean-Claude Dacier.
06:21 La situation reste quand même très fragile parce qu'on parle de retour au calme.
06:25 Mais elle nous le dit bien, les barrages se reforment automatiquement
06:28 et là il y a de l'agressivité qui est vraiment palpable.
06:30 - C'est pour ça qu'on ne peut pas nier, cher Sarah, que le président est gonflé.
06:34 Parce que s'il ne réussit pas à ramener le calme, qui est fragile ô combien aujourd'hui,
06:41 s'il n'a pas une solution politique, à mon avis, il va être obligé de trouver quelque chose,
06:48 de renouveler l'exercice, puisque les indépendantistes canaques contestent
06:53 que ces référendums aient un quelque sens ou une quelconque portée.
06:57 C'est un dossier extraordinairement complexe.
06:59 Le président y va ce soir, dans 24 heures il est arrivé.
07:03 J'espère qu'il aura eu le temps de trouver non pas la solution miracle,
07:06 parce que je crois qu'elle n'existe pas.
07:08 Mais, encore une fois, il prend un gros risque.
07:10 - Mais je pense qu'il cherche une solution d'apaisement temporaire.
07:13 Quand il était allé au salon de l'agriculture, le jour où c'était vraiment catastrophique,
07:17 il est ressorti, il avait presque des applaudissements.
07:19 Je pense qu'il peut s'en sortir comme ça à court terme, à moyen terme,
07:22 ça va exploser, à long terme, ça explose complètement.
07:24 Mais il a cette capacité à retourner une situation à l'instant T.
07:28 Et ça, il ne faut pas l'oublier.
07:29 Quand il enlève sa veste, il y va, et quand même il réussit.
07:34 - On l'a vu notamment lors de la crise des Gilets jaunes, mais seulement après.
07:36 Pour la retaille, il a eu davantage de mal.
07:39 Il ne le gère pas, mais l'instant T de la crise, en termes de com', il y arrive.
07:42 - J'entendais ce matin un membre du FLNKS,
07:44 donc indépendantiste, mais modéré, enfin modéré, ça dépend desquels,
07:49 qui disait, enfin qui était flatté,
07:51 de voir que le président de la République allait se pencher sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie.
07:55 - Et c'est le Conseil d'État qui se penche actuellement sur la Nouvelle-Calédonie,
07:59 en tout cas sur l'interdiction de l'application TikTok,
08:02 voulue par le gouvernement au début des émeutes.
08:04 L'objectif, je le rappelle, c'était d'empêcher les émeutiers d'échanger des vidéos de leurs méfaits.
08:08 Une première en France, quand même, cette interdiction.
08:11 Le Conseil d'État va-t-il valider, selon vous, Sarah Salman, la décision de l'exécutif ?
08:16 - Ça, pour moi, c'est très intéressant.
08:18 C'est un référé Liberté, donc qui doit être statué très vite,
08:20 et ça se base sur une loi de 55 qui a été actualisée en 2015,
08:24 qui permet aux ministres de l'Intérieur,
08:26 lors d'un état d'urgence, donc nous y sommes, pour la première condition,
08:30 c'est réuni de, je cite,
08:32 "prendre toute mesure pour assurer l'interruption de tout service de communication public en ligne,
08:37 provoquant à la commission d'actes de terrorisme ou en faisant l'apologie."
08:41 Alors, en dépit de la gravité de la situation de trouble à l'ordre public qui est manifeste,
08:46 est-ce que, pour autant, c'est du terrorisme et de l'apologie au terrorisme ?
08:49 Je n'en suis pas sûre.
08:50 Donc je pense, mais c'est que mon avis, que ça passera pas par rapport au Conseil d'État.
08:54 Parce que même si une situation est grave...
08:56 - Elle a été saisie par deux associations, la Ligue des Droits de l'Homme et le Coalition du Net.
09:01 - Exactement, mais sur le principe, ils remplissent les conditions du référé Liberté.
09:05 Donc, s'il y a une urgence, s'il y a une atteinte grave et manifeste à une liberté, c'est vrai.
09:08 Est-ce que, pour autant, on rentre dans l'une ou l'autre des catégories que je viens de citer,
09:12 à savoir l'apologie du terrorisme ou la provocation ?
09:15 Je n'en suis pas sûre.
09:16 On peut regarder le contenu des émeutes, mais déjà, en plus, cette interdiction, elle sert à rien.
09:21 C'est-à-dire qu'on peut prendre un VPN, toute personne qui utilise TikTok,
09:24 se servir d'un VPN, c'est quand même pas bien compliqué.
09:28 - Un VPN, on le rappelle, c'est un...
09:30 - C'est pour contourner, enfin, ça permet de contourner l'interdiction par rapport à l'adresse IP.
09:34 Donc, en réalité, ça ne sert à rien. Je pense que juridiquement, ça ne tient pas la route.
09:38 Donc, en plus de ça, il y a d'autres applications.
09:40 Si ce n'est pas TikTok, ce sera une autre.
09:42 Et cette manie de tout ramener aux réseaux sociaux,
09:45 à chaque fois qu'il y a des faits de société extrêmement graves,
09:47 on dit "oui, mais c'est les réseaux sociaux, les réseaux sociaux ont aggravé les choses".
09:50 Non, enfin, attendez, s'il y a des émeutes, ce n'est pas à cause des réseaux sociaux.
09:53 Si ça leur permet de se coordonner, Telegram permettra de le faire aussi.
09:57 - Oui, il y a d'autres astuces.
09:59 - Mais c'est très libre, enfin, c'est une atteinte à la liberté.
10:02 - Oui, moi, ça me pose un problème.
10:04 - Donc, au bout, le Conseil d'État va lever cette interdiction.
10:06 - Mais j'espère, en réalité, j'espère. - Vous l'essayerez ? - Oui.
10:08 - Jean-Claude Dacier. - Écoutez, moi, je n'absous pas, dans toutes circonstances,
10:12 et en tous lieux, et en toutes causes, les réseaux sociaux,
10:14 qui jouent un rôle qui n'est pas toujours très positif.
10:18 Sur TikTok, je ne peux rien en dire, je n'ai pas regardé.
10:21 - Vous ne venez pas sur TikTok ? - Je ne sais pas, non, mais je n'ai pas regardé
10:24 ce qui se passait, les échos qu'il pouvait y avoir à propos de la nouvelle réalité.
10:28 - Non, mais c'est un moyen très rapide de partager des vidéos.
10:31 Je pense que la décision de justice sera positive et que l'interdiction sera maintenue.
10:38 - Mais encore faut-il que ce soit une provocation ou de l'apologie aux terroristes ?
10:42 - Bien sûr, mais enfin, bon, les temps qui courent se font, qu'il ne faut pas trop...
10:46 Il faut être, me semble-t-il, sévère sur tout ce qui encourage
10:49 ce genre de situation incontrôlée et incontrôlable par les gouvernements,
10:52 qui ont tendance... Les magistrats vont regarder ça de près, quand même.
10:55 - Et la décision sera rendue dans la journée, et on suivra évidemment ça
10:58 dans les différentes éditions sur Europe 1. On reste ensemble ?
11:01 Dans quelques instants, on va parler de tout autre chose.
11:03 On va partir à l'international avec ce mandat d'arrêt pour crime de guerre
11:06 requis par le procureur général de la Cour pénale internationale
11:09 à l'encontre de Benjamin Netanyahou. A tout de suite sur Europe 1.
11:12 - 01 80 20 39 21, c'est le numéro que vous pouvez composer
11:16 de 13h à 14h pour réagir avec Céline Giraud. A tout de suite.

Recommandée