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« Prières exaucées » est un roman posthume de l'écrivain américain Truman Capote. Publié en 1986, il était inachevé au moment de la mort son auteur. qui le voyait comme son chef-d'oeuvre proustien. Scandaleux, irrévérencieux et pour autant d'une force inouïe.

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Amusant
Transcription
00:00 Juliette Arnault, l'actualité heureuse pour vous c'est quand un grand réalisateur, Gus Van Sant, dirige une série qui traite d'un épisode de la vie d'un grand écrivain, Truman Capote, ça s'appelle ?
00:12 "Prières Exaucées", ah non, la série s'appelle "Feud"
00:16 "Feud", "querelle" en français, sous-titre "Capote vs. The Swans"
00:20 Parce que dans la dernière partie de sa vie, Capote fréquente intimement un groupe de femmes, des mondaines, qu'il appelait "The Swans", les cygnes, et puis paraît dans un journal un extrait de son dernier livre où elles se sont reconnues et celles ne lui ont pas pardonné.
00:32 Non, parce que ce dernier livre qui s'appelait "Prières Exaucées" était un scandale, mais on va revenir au début à l'histoire de Truman Capote.
00:39 Il était une fois, dans les années 20 aux Etats-Unis, un petit garçon un peu petit, un peu fluet, à la voix un peu ozotante, bref plus proche de Barbie que de cet abruti de G.I. Joe.
00:50 Et ce petit garçon traversa une enfance malmenée et il pria pendant toute cette enfance pour devenir un écrivain admiré, riche et célèbre.
00:59 Et il parvint grâce à deux chefs-d'oeuvre, "Breakfast at Tiffany" et "Deux sangs froids".
01:06 Là, évidemment, musique triomphante, mais aussi émouvante.
01:10 [Chante]
01:12 Rideau fin.
01:14 Ouais, sauf que la vie s'est rarement gaulée de la sorte, parce qu'après les chefs-d'oeuvre, il s'agissait de continuer à vivre, il s'agissait de continuer à écrire.
01:22 Et à cette époque, Truman Capote va dresser un portrait de lui-même plus moins Disney, plus café sans sucre.
01:30 Concis, lapidaire, saignant, il dit "Je suis un alcoolique, je suis un drogué, je suis un homosexuel, je suis un génie".
01:38 Alors le génie envisage un nouveau roman. Mais alors là, ça va être un truc dément.
01:42 Il va faire comme Proust, il va littéralement fusiller la haute société dont il a tellement voulu intégrer les rangs.
01:48 Et cette oeuvre, il l'intitulera "Prières exaucées", en référence à une phrase de Sainte Thérèse d'Avila, première fois que je cite une sainte.
01:56 Il n'y a plus... Donc cette phrase de Sainte Thérèse d'Avila qui disait "Il y a plus de larmes versées sur les prières exaucées que sur celles qu'ils ne le sont pas".
02:08 Et ça, Truman Capote était bien placé pour sentir que ça n'était pas qu'une phrase de sainte.
02:12 Avec ce livre a-t-il égalé Proust ?
02:18 Il reste un petit livre cruel, cru, sans colonne vertébrale, que Truman Capote n'a pas réussi à finir sur plusieurs décennies, des années 60 jusqu'à la mi-temps des années 80.
02:28 Là, il va mourir, le roman sera publié inachevé.
02:32 Moi je suis certaine que Truman Capote n'avait plus les moyens de le finir ce livre.
02:35 Il n'avait plus tellement les moyens psychiques d'écrire, de bosser, de faire son métier d'écrivain, occupé qu'il était à bosser sur ses addictions.
02:44 Oui, là c'est de l'ironie, parce qu'on ne bosse pas sur une addiction, ou avec une addiction, elle nous bosse, elle nous possède.
02:51 Bref, son opération "Je déglingue les hapifous" aura pour résultat de le fâcher mortellement avec ses amis mondaines,
02:58 les cygnes, comme il les appelait, impassibles en apparence, mais pédalant dur dur sous la surface de l'eau pour parvenir à rester impassibles.
03:07 Ils ont été trahis par un homme à qui elles faisaient confiance pour une fois dans leur vie, un homme à qui elles lui ont raconté leur vraie vie sous la surface de l'eau.
03:17 Tous les gens qui apparaissent dans ce livre vraiment scandaleux apparaissent parfois sous leur vrai nom, mais ils sont tous morts depuis longtemps.
03:24 Bate Pellet, Salinger, les Sœurs Bouvier, les Kennedy, même le père, mais aussi Collette, Sartre, Beauvoir.
03:30 Les hontes révélées dans le livre sont bues depuis longtemps, le poison est périmé.
03:34 Mais il subsiste une chose, c'est la musicalité de l'écrivain.
03:37 Comme lui, vous voyez, j'aime pas le champagne, sauf quand c'est Truman Capote qui décrit.
03:42 Il dit "Dans sa bouteille de verre blanc qui met en valeur sa pâle splendeur, ses ardents froideurs crépitantes et pétillantes,
03:49 et qui une fois bu semble ne jamais avoir été bu, mais s'être évanoui sur votre langue, s'y être consumé en laissant une cendre persistante, suave et lourde."
04:00 Santé Truman. Merci, bisous, merci.
04:03 *Applaudissements*

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