• il y a 7 mois
Le journaliste Arthur de Watrigant, était l’invité de Face à l’Info WE ce samedi 25 mai sur CNEWS. Il s’est exprimé au sujet de  la loi portant sur la fin de vie : «Quiconque a connu l'agonie d'un proche sait que c'est un appel à l'aide qui se dissimule derrière les souffrances»

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Transcription
00:00 comme une loi, je cite, de fraternité,
00:02 une loi qui concilie l'autonomie de l'individu
00:04 et la solidarité de nation.
00:06 Donc je ne sais pas vous, mais moi, ça m'enlève un poids énorme tout de suite.
00:09 Je vais enfin pouvoir balancer ma grand-mère en fauteuil
00:12 des falaises des Trottines au nom de la solidarité de nation,
00:16 d'autant plus que notre Conseil national d'éthique a affirmé dans son avis 139,
00:20 le droit à la vie ne vaut pas devoir de vivre.
00:23 Donc mémé, elle est bien gentille, elle a bien profité,
00:25 maintenant il faut qu'elle songe à laisser sa place,
00:27 parce que non seulement elle coûte un bras, mais elle ne rapporte pas un copec.
00:30 Donc c'est quand même assez pratique de se faire amputer de la conscience.
00:32 Quant à la belle-mère, moi personnellement, j'hésite encore,
00:35 entre le crochepas dans l'escalier au nom de l'autonomie
00:37 ou l'arsenic au nom de la fraternité.
00:40 L'arsenic, c'est le plus traditionnel, le crochepas, c'est le plus artisanal,
00:43 mais on peut se rater, ou du moins, elle peut rater sa chute
00:45 et se retrouver donc en courgette intubée en soins palliatifs,
00:48 à condition bien sûr qu'elle habite dans le bon département,
00:50 car je vous rappelle, 21 départements n'en disposent pas,
00:53 parce que ça coûterait 1,4 milliard de créer des unités de soins palliatifs
00:56 dans toute la France, mais on a préféré les mettre dans le nettoyage de la Seine,
00:59 pour que Mme Hidalgo ne puisse pas toger.
01:01 Et d'ailleurs, Mathieu l'a rappelé, vous avez vu la commission des lois,
01:04 alors là, ils ont fait les choses en gants.
01:06 Normalement, sur ce type de loi, on y va par étapes,
01:08 on met un coin dans la porte, puis après on l'entrouve,
01:10 et puis on l'a fini à la masse.
01:12 Là, ils sont carrément allés à coups de bélier,
01:14 tous les soi-disant garde-fous ont été arrosés au lance-flammes,
01:17 avant même que la loi arrive dans l'hémicycle.
01:20 Par exemple, plus loin de pronostic vital engagé,
01:23 ou même la création d'un délit d'entrave au permis de tuer.
01:26 Je reconnais qu'il va falloir un peu de temps pour ajouter tout ça,
01:29 parce que concrètement, ce n'est pas évident.
01:31 On va prendre un exemple, un cas pratique.
01:33 Imaginons, vous avez Mathieu, qui veut se jeter du pont à Alexandre III,
01:37 avec un menhir scellé à ses pieds,
01:39 parce que le Québec a encore perdu son référendum.
01:41 En temps normal, vous, Elliot, vous allez l'empêcher de sauter,
01:44 malgré son accent et ses cravates fantaisistes,
01:47 parce que vous l'aimez bien,
01:48 et parce que vous tombez sous le coup de la loi
01:50 de non-assistance à personne en danger.
01:52 Le tarif, c'est 5 ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.
01:55 Mais là, avec le délit d'entrave, ça devient plus compliqué,
01:57 encore plus compliqué une attestation de sortie pendant le confinement.
02:00 Parce que si vous l'empêchez de se suicider, c'est aussi un délit.
02:03 Bref, c'est un peu le bazar.
02:05 Mais maintenant, on va rentrer dans le dur.
02:07 Il ne faut pas nier les souffrances physiques,
02:09 ni l'angoisse de voir la raison nous échapper sournoisement,
02:13 comme à la finkelkraut que Mathieu citait.
02:16 Mais là, ce qu'on nous propose, ce n'est pas d'écouter ni les gémissements,
02:21 ni les murmures étouffés par les sanglots,
02:23 mais de les faire taire pour ne pas déranger notre silence.
02:27 Parce que quiconque a connu l'agonie d'un proche,
02:30 sait que c'est un appel à l'aide qui se dissimule derrière les souffrances.
02:34 Il faut simplement écouter les personnes qui côtoient la mort tous les jours,
02:37 notamment dans les soins palliatifs, à savoir les médecins,
02:40 les personnes de l'hospitalier, les proches.
02:43 En grande majorité, la demande de mise à mort disparaît
02:46 une fois la douleur prise en charge,
02:48 la douleur qu'elle soit psychique ou physique.
02:51 La loi qui interdit de tuer, évidemment,
02:54 ne va pas résoudre tous nos problèmes.
02:55 [Musique]
02:59 [SILENCE]

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