Les 4 vérités - Marie Toussaint

  • il y a 5 mois
Jeff Wittenberg reçoit Marie Toussaint, tête de liste des Écologistes aux élections européennes, sur le plateau des 4 vérités.

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Transcription
00:00 - Bonjour Marie Toussaint. - Bonjour M. Wittenberg.
00:04 - Bonjour, merci d'être avec nous ce matin.
00:06 On va évoquer en détail votre campagne de ces élections européennes.
00:09 Un mot d'abord peut-être sur ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie.
00:12 On le voyait à 7h30, la situation reste très tendue.
00:15 Après le départ d'Emmanuel Macron, un homme de 48 ans a trouvé la mort,
00:19 abattu selon le procureur par un policier qui était pris à partie physiquement par des manifestants.
00:24 C'est le septième décès sur l'archipel.
00:27 Quel regard vous portez et plutôt quelle solution vous préconisez pour sortir de cette spirale de la violence ?
00:32 - C'est terrible cette mort. Plusieurs qui étaient extrêmement jeunes.
00:36 D'abord je veux apporter toutes mes condoléances aux familles.
00:39 Ce qu'il faut faire aujourd'hui, ce qu'il faut absolument faire, c'est rétablir le dialogue.
00:42 On a vu Emmanuel Macron aller sur place.
00:45 On a eu l'impression que ça permettait d'apaiser un peu la situation.
00:49 Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Emmanuel Macron ne revient sur rien.
00:51 Et donc il ne revient pas sur cette loi constitutionnelle, sur le dégel du corps électoral,
00:56 qui est ce qui a mis le feu aux poudres.
00:58 Il ne propose pas, ainsi que je l'ai demandé avec d'autres, avec un ancien Premier ministre aussi,
01:03 de remettre sur place un processus qui soit un processus impartial.
01:06 On a besoin de désigner une personnalité républicaine incontestable
01:10 pour reprendre la négociation vers un accord politique global, Monsieur Wittenberg.
01:14 - Le retrait de ce projet de loi, c'est ça le préalable ? Ce n'est pas d'abord le retour à l'ordre le préalable ?
01:19 - On voit bien que le retour à l'ordre, il est difficile à mettre en place.
01:23 Comment est-ce qu'on le garantit le retour à l'ordre ?
01:25 En mettant en place les conditions de ce dialogue.
01:28 Mais en disant, voilà, dans les dernières années, tout a été mal emmanché,
01:32 l'État a donné l'impression d'être partial,
01:34 aujourd'hui on se remet autour de la table pour un accord politique global
01:38 qui comporte les questions constitutionnelles, mais aussi économiques, sociales et environnementales.
01:42 - A deux semaines des européennes, ce sera donc le 9 juin, la campagne, votre campagne, sont pleins.
01:47 Vous dévoilez d'ailleurs une nouvelle affiche, qu'on verra sur les panneaux électoraux bientôt.
01:52 Mais dans les sondages, force est de qu'on voit cette affiche,
01:55 donc vous êtes à la peine, notamment face à Raphaël Glucksmann,
01:58 qui attire une partie de l'électorat de Yannick Jadot, il y a 5 ans,
02:02 qui votait écologiste et qui aujourd'hui est plus tenté par sa liste,
02:06 celle de Raphaël Glucksmann, que par la vôtre.
02:08 Comment l'expliquez-vous et surtout comment vous allez y remédier ?
02:11 - Ecoutez, moi ce que je veux dire à ces gens-là, à ces électeurs, ces électrices,
02:15 qui veulent voter pour l'écologie, c'est qu'il ne faut pas se fier aux contrefaçons,
02:19 qu'il faut voter écologie, je vous explique.
02:21 Sur la liste de Raphaël Glucksmann, on a des gens, des colistières, des colistiers,
02:25 qui défendent des pistes de ski en plastique, dans des airs naturels, dans les Pyrénées,
02:30 ou encore une autoroute, la 69, qui est décriée par des milliers de scientifiques.
02:34 Sur le terrain, c'est comme ça.
02:37 Et au Parlement européen, les socialistes, quand vient le moment du choix
02:41 entre la préservation du modèle économique dominant actuel,
02:44 par exemple sur la politique agricole commune,
02:46 ils font en permanence le choix de la protection de ce modèle économique,
02:50 plutôt que le choix de l'écologie, en votant pour les méga camions,
02:53 pour l'austérité ou le détricotage environnemental de la PAC.
02:56 C'est plutôt une liste anti-écologique, vous avez cité des exemples précis,
02:59 c'est la ligne défendue par Raphaël Glucksmann lui-même ?
03:02 Vous entendez cela, cette musique-là, dans cette campagne ?
03:05 Raphaël Glucksmann, vous savez, c'est la tête de gondole qu'on met devant
03:08 pour cacher les ambiguïtés socialistes.
03:10 Moi ce que je dis à ces électeurs et ces électrices, c'est attention
03:13 à ne pas voter pour le produit sympa qu'on a mis en vitrine le 9 juin,
03:17 et de se retrouver avec le retour de François Hollande l'audit.
03:19 Si vous voulez voter écologie, il n'y a pas d'autre choix que de voter écologiste.
03:22 Le produit sympa, c'est plutôt vous, si je vous comprends bien,
03:24 et puis je reprends votre expression.
03:26 Ah ben, le produit sympa, ça c'est sûr, je suis aussi un produit sympa.
03:29 Manon Aubry, tête de liste de la France Insoumise, elle aussi,
03:33 elle se revendique de l'écologie, en tout cas elle dit qu'il y a des mesures
03:36 dans son programme qui correspondent à la transition écologique
03:40 et qui vont même plus loin, dit-elle, que ce qui est mené actuellement.
03:43 Elle était d'ailleurs hier présente devant le siège du groupe Amundi.
03:47 Pourquoi ? Parce qu'Amundi, c'est l'un des principaux actionnaires du groupe Total,
03:50 et il y avait une manifestation annuelle, disons, contre ce groupe pétrolier.
03:54 D'ailleurs, vous, vous n'y étiez pas pour cause de campagne,
03:57 mais vous soutenez ces mouvements.
04:00 Là, c'était contre Amundi, contre Total, même quand il y a des exactions,
04:04 c'est mérité pour vous, c'est logique en tout cas.
04:08 Pourquoi voter Amundi ?
04:09 C'est une mobilisation pour demander à Total et ses actionnaires
04:11 de respecter l'accord de Paris, de cesser de détruire la planète.
04:14 Ça me semble parfaitement logique, légitime, et effectivement,
04:17 j'y suis d'habitude tous les ans.
04:18 Là, on voit sur vos photos, vos vidéos, qu'il s'agit en priorité de jeunes,
04:23 de jeunes non-violentes, non-violents, qui demandent simplement
04:26 à respecter la planète et qui ont été réprimés par les forces de l'ordre,
04:30 parfois à base de coups de poing.
04:31 Et moi, je suis extrêmement inquiète de cette répression,
04:33 qui est une double faute, à mon sens, à la fois une atteinte à la démocratie,
04:37 mais aussi une erreur de la part de l'État de protéger les pollueurs
04:40 plutôt que de protéger celles et ceux qui veulent protéger notre planète,
04:43 notre avenir commun, vous savez, en continuant de creuser des puits
04:46 de pétrole et de gaz, Total creuse tout simplement notre tombe.
04:50 Et donc, il faut absolument agir, et l'État ferait mieux de pousser Total
04:54 à sortir de ses investissements dans les énergies fossiles
04:56 plutôt que de réprimer celles et ceux qui y appellent.
04:59 Marie Toussaint, dans votre programme, il y a le Fonds de souveraineté écologique.
05:02 Vous proposez, en gros, si vous allez nous expliquer ça,
05:05 de transférer la majorité des actions des plus grosses entreprises pétrolières.
05:08 C'est bien ça ?
05:09 Oui, c'est ça.
05:10 Eh bien, c'est comme Total…
05:11 Par la contrainte, en quelque sorte.
05:13 Oui.
05:14 C'est une sorte de nationalisation ? Expliquez-nous.
05:16 Au niveau européen.
05:17 On a aujourd'hui des grandes entreprises pétro-gazières européennes
05:20 qui, à l'instar de Total, continuent d'investir dans le pétrole, le charbon et le gaz,
05:24 alors que tous les scientifiques nous disent qu'il faut arrêter,
05:26 les scientifiques du GIEC, mais l'Agence internationale de l'énergie aussi.
05:29 Si on les laisse faire, ils vont continuer à investir, à se faire des profits,
05:33 à les réinvestir dans les énergies fossiles. Cela doit cesser.
05:36 Et donc, je demande un Fonds de souveraineté écologique européen
05:39 qui permette de rentrer au capital,
05:41 de devenir actionnaire majoritaire de ces entreprises, pour faire quoi ?
05:44 Eh bien, pour retirer tous ces investissements qu'ils détruisent
05:46 et les déplacer intégralement dans les énergies renouvelables.
05:50 C'est bon pour le climat, évidemment.
05:51 C'est bon pour la santé.
05:52 C'est bon pour l'emploi sur notre territoire.
05:54 En bref, c'est gagnant, gagnant, gagnant.
05:55 Mais en même temps, vous êtes consciente qu'il n'y a pas de majorité aujourd'hui au Parlement européen pour voter cela ?
06:00 Votre groupe écologiste au niveau européen, c'est le quatrième, il y a 74 euros députés.
06:05 Et si on en croit les différentes enquêtes d'opinion,
06:07 ce n'est pas le mouvement qui est le plus en essor dans les enquêtes d'opinion.
06:12 En tout cas, on verra bien le 9 juin.
06:13 C'est pour cela qu'il faut se mobiliser, M. Wittenberg.
06:15 C'est pour cela qu'il faut se mobiliser.
06:16 Moi, je me souviens, il y a cinq ans, on nous prédisait le groupe le plus petit,
06:19 enfin, le très petit groupe écologiste au Parlement européen.
06:22 Les électeurs, les électrices se sont mobilisés.
06:24 Nous avons arraché le pacte vert et nous avons, grâce au vote,
06:28 et nous avons obtenu des avancées majeures pour le climat, pour la santé,
06:32 pour mettre les lobbies hors de nos institutions.
06:34 Et donc, seuls les combats qu'on ne mène pas sont perdus d'avance.
06:37 Moi, je sais...
06:38 Mais est-ce que vous avez, en cinq ans, il y a un bilan des députés écologistes ?
06:41 Ah ben bien sûr, il y a un bilan.
06:42 Par exemple, j'ai fait inscrire dans le droit européen...
06:44 Vous avez réussi à tendre le bras sur certaines décisions européennes.
06:46 J'ai fait inscrire dans le droit européen les crimes contre l'environnement,
06:48 les plus graves d'entre eux, les écocides.
06:50 Personne ne s'y attendait et pourtant, on l'a fait.
06:53 Et c'est le message que je veux passer face au défi climatique et environnemental
06:56 qui est le défi de notre siècle.
06:57 On ne peut pas laisser les bras.
06:58 Il faut y aller, il faut se mobiliser.
07:00 Et quand on se mobilise, ça marche.
07:01 Donc le 9 juin, vous savez ce qu'il vous reste à faire.
07:03 En France néanmoins, comme pratiquement dans tous les pays européens,
07:06 ceux qui ne sont pas les écologistes mais les partis nationalistes,
07:08 souverainistes, qui ont le vent en poupe,
07:10 est-ce que vous vous attendez, malgré tout ?
07:12 Est-ce que le 9 juin, il y ait une poussée de l'extrême droite ?
07:15 Comme montrent toutes les enquêtes d'opinion aujourd'hui.
07:17 Et est-ce que ça ne risque pas d'être ça, le fait majeur de ces élections aujourd'hui ?
07:21 J'en ai bien peur et ça m'inquiète beaucoup.
07:24 Cette gangrène de l'extrême droite, elle est partout
07:27 et il faut bien comprendre que ces extrêmes droites,
07:30 accompagnées des lobbies, ont déjà une influence majeure
07:34 sur la majorité politique, les conservateurs, les libéraux, les socialistes,
07:37 qui ont déjà reculé sur un certain nombre de mesures environnementales.
07:41 On l'a vu au premier trimestre 2024,
07:44 sur la PAC, sur les méga camions, sur les OGM, sur l'austérité.
07:48 Et face à cette digue qui cède, il faut absolument voter écologiste.
07:52 En somme, le 9 juin, ce sera soit le pacte Brun pour l'avenir de l'Europe,
07:56 c'est-à-dire la destruction de l'Europe et la grande régression environnementale,
07:59 soit au contraire, une nouvelle poussée vers la bifurcation écologique et sociale.
08:03 Un autre pacte vert, puisque vous avez parlé de pacte Brun.
08:05 Un nouveau pacte vert, exactement.
08:07 Merci beaucoup Marie Toussaint, tête de liste des écologistes
08:10 pour les élections européennes du 9 juin.
08:12 Merci Monsieur Wittenberg.
08:13 Et produit sympa de la liste, c'est ce que vous nous disiez,
08:16 produit sympa de la liste écologue, mais qui dénonce un autre produit sympa,
08:20 Raphaël Guxman, qui est selon elle tête de gondole
08:23 pour cacher les ambiguïtés.

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