La bande de "Julie jusqu'à minuit" réagit au terrain gagné par les fast-foods sur les restaurants traditionnels
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Perico Légas, un autre coup de gueule, je crois.
00:02 Depuis 2021, le nombre de fast-food a dépassé en France le nombre de restaurants traditionnels.
00:09 Ça ne doit pas vous plaire ?
00:11 C'est curieux que notre pays soit celui où le concept du fast-food,
00:15 et je ne cite pas une marque célèbre, au logo jaune,
00:18 et une boisson sucrée, un soda sucré également,
00:21 qui sont les deux symboles de la civilisation américaine
00:24 dans ce qu'elle peut avoir de plus épouvantable, de plus dissuasif,
00:27 est en train de gagner du terrain sociologiquement, territorialement en France.
00:30 Quand un fast-food ouvre, y compris dans un endroit un peu reculé
00:34 d'une partie de la France qu'on pourrait estimer comme préservée,
00:37 il y a tout d'un coup un phénomène de masse, une précipitation.
00:40 Il y a quelques mois, en Indre-et-Loire, il y avait un fast-food qui ouvrait.
00:44 J'ai cru qu'il y avait un incendie ou une alerte nucléaire
00:46 parce que la ville était bloquée.
00:47 Donc, il y a un phénomène français de fascination par rapport à cette culture américaine.
00:51 Alors ensuite, on pourrait expliquer, c'est rapide, ce n'est pas cher,
00:54 ça correspond au nombre salimentaire.
00:56 – Le ticket moyen chez McDo est de 12 ou 13 euros.
00:59 C'est beaucoup plus accessible que le ticket moyen d'un restaurant traditionnel
01:02 autour de 20 euros.
01:03 – Attention, je ne condamne pas le hamburger.
01:05 J'amène mes enfants régulièrement déguster du hamburger à la française.
01:09 – Vous les emmenez au McDo parfois ?
01:10 – Non, mais dans une maison de hamburgers qui s'appelle King Marcel,
01:13 et je les éduque là-dessus.
01:15 Et c'était très drôle parce que l'été dernier,
01:17 un de mes amis, nous étions en congé à la campagne chez des amis,
01:21 et le papa demandait à mes enfants,
01:24 quand votre papa n'est pas content, qu'est-ce qu'il vous dit ?
01:26 Il dit qu'il va nous amener au McDo, comme si c'était une punition,
01:28 et pour eux c'est une terreur.
01:30 C'est un symbole sociologique, je m'en inquiète,
01:33 parce que c'est quand même le symbole de la malbouffe,
01:35 que l'on passe de temps en temps,
01:37 quand les premiers burgers sont arrivés dans les années 70-70,
01:41 je m'y ai mis précipité, c'était la vraie viande,
01:44 comme étant un gadget exotique qui arrivait,
01:46 c'était un peu la culture américaine, comme au moins un film américain.
01:48 Là, aujourd'hui, ça s'est implanté dans la totalité du territoire,
01:51 c'est devenu la référence, c'est le premier plat,
01:54 et je suis désolé, je préférais que ce soit le kebab,
01:56 et non pas le... - Ah bon ?
01:58 - Mais oui ! On est sur une culture orientale,
02:00 c'est la viande, c'est proche de notre civilisation,
02:02 je préférais que ce soit de la pizza qui est italienne,
02:04 pour moi le fast-food, qui, rappelons-le,
02:07 c'est un plat allemand du 19ème siècle,
02:09 qui est devenu aux Etats-Unis, qui nous revient.
02:11 Hamburger, c'est le hamburger, c'est le sandwich,
02:14 qui a existé dans le monde entier, une tranche de viande dans du pain,
02:17 et là c'est devenu aujourd'hui comme un symbole de la malbouffe,
02:19 de l'alimentation, du consumérisme. - Mais la faute à qui ?
02:21 - La faute à quoi ? - À la soumission de notre système social et culturel,
02:25 par la fascination américaine, ça va avec la casquette de baseballeur,
02:28 ça va avec les séries américaines... - Je veux répondre à ça !
02:30 - Mais c'est moins cher ! - Et j'adore les Etats-Unis,
02:33 et heureusement qu'ils ont été là, et c'est une grande nation,
02:35 et je défends la culture américaine,
02:37 mais ça, c'est la lide de la société américaine,
02:40 qu'on nous envoie... - Mais c'est aussi moins cher, Perico !
02:43 - Mais il y a d'autres possibilités de faire du moins cher...
02:44 - Je veux répondre à ça, Thomas ! - Bien sûr !
02:46 Et je ne défie pas, voilà, je vous défie pas,
02:48 mais là, vraiment, à ce point, quand je vois que c'est le premier qui arrive en tête,
02:52 je trouve que c'est absolument catastrophique pour l'identité.
02:54 - Anne-Élisabeth Moutet.
02:55 - Alors, moi, d'abord, un détail qui m'avait beaucoup amusée à l'époque,
03:00 on avait emmené Jean-Pierre Coffre manger à McDo,
03:03 et il avait dit "mais c'est pas si mauvais !"
03:05 - Mais c'est même très bon gustativement !
03:07 - Je meurs lai de rire en regardant ça !
03:09 Il y a une chose que je voudrais dire, parce qu'on dit très facilement en France,
03:12 "ah, tout ça, c'est l'horreur de la culture américaine,
03:14 c'est comme de regarder un film américain, dites-vous."
03:16 Les bonnes choses, et j'ai vécu pas mal en Amérique, je suis à moitié américaine,
03:21 les bonnes choses sur les États-Unis ne voyagent pas.
03:25 La solidarité entre les gens, l'horizontalité des relations,
03:28 des relations de confiance, la sincérité des gens d'emblée,
03:33 que nous trouvons un peu naïves et qui est tout de même quelque chose d'assez remarquable,
03:36 la cohésion de la société, c'est quelque chose, même encore en ce moment,
03:40 dès qu'on quitte New York et Los Angeles, on le retrouve,
03:43 ça, ça ne voyage pas, c'est comme le vin noir, c'est très difficile.
03:45 Le McDo, ça voyage partout parce que c'est facile, c'est pratique et ça marche.
03:49 Je voudrais raconter ce que fait McDo en Amérique.
03:51 En Amérique, McDonald's, depuis des années maintenant,
03:54 a une politique qui est une politique de la maison mère dans toutes les franchises,
03:57 puisque ça appartient à des propriétaires,
04:00 c'est de laisser les gens qui sont sans logis, les gens qui sont chômeurs,
04:05 pourvu qu'ils soient propres,
04:07 et on leur laisse la possibilité de se servir des toilettes, etc.,
04:10 pour être restés propres, à rester là toute la journée, à organiser des réunions,
04:14 à travailler avec leur ordinateur parce qu'il y a du wifi gratuit, c'est chauffé,
04:17 à organiser des lectures de Bible, puisque les Américains sont assez chrétiens.
04:23 Et tout ça, dans les villes, et en particulier les villes de ce qu'on appelle le Rust Belt,
04:28 où les usines ont été fermées, où rien n'a été remplacé,
04:30 ça a créé du lien social, là où il n'y avait plus du tout de lien social.
04:34 Et je sais ça comment ? Je sais ça par un extraordinaire journaliste
04:37 qui s'appelle Chris Hornade, qui est aussi un bon photographe,
04:40 et qui s'est promené, ayant travaillé, d'abord,
04:42 ayant eu un doctorat à Princeton, et ensuite ayant travaillé pendant 10 ans chez Goldman Sachs,
04:46 a dit "ça c'est tout de même le milieu d'où je viens",
04:49 et il a commencé à se promener dans cette Amérique perdue,
04:51 et il s'est rendu compte qu'il y avait deux endroits où il pouvait rencontrer des gens,
04:55 c'était dans les petites églises pour pauvres, et au McDo.
04:58 Et malgré tout, je voudrais exprimer mon admiration pour ce choix,
05:03 qui n'était pas si facile, compte tenu des difficultés qu'il peut y avoir,
05:06 souvent dans des villes où il y a des problèmes de drogue, de fentanyl, etc.,
05:09 d'avoir ouvert ça. Alors voilà, c'était tout de même le truc...
05:12 - Mais c'est devenu... - On ne peut pas parler sur McDo tout le temps.
05:13 - Il n'y a pas que du négatif. - Quel avait d'échec pour la société américaine ?
05:16 - C'est devenu... - C'est le McDo qui remplit... Nous on ne nous en vise à rien.
05:18 - Mais ce sont des citoyens. Et l'idée que les citoyens n'ont pas besoin de l'État
05:22 n'est pas un adieu d'échec, bien au contraire.
05:24 - Et en France, c'est devenu, pour rejoindre ce que vous dites,
05:27 c'est devenu aussi la sortie en famille, d'ailleurs.
05:30 Les fast-food ont remarqué qu'il y a une baisse des commandes à domicile.
05:33 Les gens sortent en famille, c'est la sortie en famille, entre amis, au fast-food.
05:39 - À la campagne, on le vit. On se rend compte, moi qui vis vraiment à la campagne, on le voit.
05:43 En revanche, il y a une injustice des fast-food.
05:46 Plus un fast-food ouvre dans une zone perdue, plus il est cher.
05:51 Parce qu'il n'a pas de concurrence.
05:53 Donc en fait, les gens de province et à la campagne payent beaucoup plus cher leur hamburger
05:57 que les autres, et ça, c'est pas juste.
05:59 - Vous faites partie de ceux, Christophe Barbier, qui amènent ses enfants au McDo de temps en temps ?
06:03 - Ah non, je fais partie de ceux que ses enfants amènent au McDo.
06:07 C'est pas moi qui décide.
06:09 - Et vous c'est des ?
06:10 - Oui, oui, je cède.
06:11 Et puis, comme disait Perico, c'est bon.
06:15 Un bon hamburger, c'est bon.
06:16 Voilà, simplement, il ne faut pas en abuser.
06:18 Non, il ne faut juste pas en abuser.
06:20 - C'est des premiers, on en mange.
06:21 - Voilà, il ne faut pas en manger tous les jours.
06:23 - Une fois par semaine, j'ai plus de problèmes.
06:25 - Une des raisons aussi, c'est que dans certains endroits, tard le soir, il n'y a que ça d'ouvert.
06:29 Il n'y a que ça d'ouvert.
06:30 - Très bonne excuse.
06:31 - Ah non, c'est la Barbier.
06:32 - Explication.