• il y a 7 mois
Le Sénat a adopté ce mardi 28 mai un texte visant à encadrer les transitions de genre chez les mineurs. Une proposition de loi de la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio, adoptée à 180 voix contre 136. 

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Transcription
00:00On en parle avec Jacqueline Stache-Brignaud en duplex du Sénat,
00:07sénatrice LR à la tête du groupe de travail qui a rédigé la proposition de loi adoptée cette nuit.
00:13Merci d'être avec nous.
00:14Joanna Rosenblum, psychologue-consultante BFM TV, est également toujours avec nous.
00:18Et on accueille Rose. Bonjour Rose.
00:20Bonjour.
00:20Miss France Trans, vous venez tout juste d'être couronnée.
00:24Et on avait envie de vous entendre d'abord vous ce matin,
00:26parce qu'il y a donc cette proposition de loi qui a été adoptée cette nuit au Sénat,
00:30qui veut encadrer les pratiques médicales dans la prise en charge des mineurs
00:34qui veulent passer d'un genre à un autre, qui souffrent de ce qu'on appelle une dysphorie de genre.
00:39La proposition de loi, elle interdit les traitements hormonaux
00:41et elle demande un contrôle strict des prescriptions de ce qu'on appelle des bloqueurs de puberté.
00:46C'est des molécules qui empêchent la puberté.
00:49Rose, d'abord vous, à quel âge est-ce que vous avez su que le genre que la nature vous a donné n'était pas le bon ?
00:55Depuis toujours. Vraiment, déjà depuis l'âge de 4-5 ans.
00:59Mes parents m'ont amenée voir des psychothérapeutes et des psychologues pour enfants,
01:03parce que déjà étant enfant, je disais que j'avais un problème, entre guillemets,
01:07ou qu'il y avait quelque chose qui clochait chez moi,
01:09parce que lorsqu'on me disait que j'étais un garçon, je me mettais à pleurer.
01:13Je disais non, c'est pas vrai, je ne suis pas un petit garçon, ce n'est pas vrai.
01:16Et mes parents m'ont dit si c'est la nature, c'est comme ça.
01:19Ce n'est pas parce que tu aimes jouer avec les poupées Barbie ou que tu aimes le rose
01:22que tu es une fille, ça n'est pas du tout le terme.
01:25Mais moi, je savais que c'était bien plus profond que des paillettes du maquillage
01:28ou alors des poupées Barbie. Je savais qu'il y avait un vrai problème.
01:31Et d'ailleurs, j'ai gardé mes anciens cahiers d'école,
01:33où j'écrivais déjà le prénom Rose, déjà depuis que je suis au CP.
01:37Mais à l'âge de 5 ans, vos parents entendent le message que vous exprimez
01:42et donc vous permettent de consulter.
01:45En fait, c'est surtout eux qui pensaient que j'avais un problème et non moi.
01:49Moi, je pense que j'étais déjà une petite fille épanouie.
01:51Malheureusement, quand tout le monde ne fait que vous répéter toute la journée
01:54que vous êtes un petit garçon, alors que vous êtes un enfant
01:57et que vous avez votre sentiment profond de ne pas être dans le bon genre,
02:01les parents vous disent que vous avez un problème.
02:03Surtout que c'était, je suis née en 97,
02:06donc du coup, on n'était pas aussi avancé qu'aujourd'hui.
02:09On a tout de suite pensé à l'homosexualité, ce n'était pas le problème.
02:12Je n'aime pas le terme problème, mais ce n'était pas le souci que j'avais.
02:16Alors, à cet âge-là, lorsqu'on accepte votre transition, en quelque sorte,
02:22il se passe quoi ?
02:23Du coup, il y a un refus, un rejet.
02:25Et du coup, même les psychothérapeutes que j'ai pu consulter étant enfant
02:28disaient qu'ils ne savaient pas quel était le problème,
02:30que j'étais juste un petit garçon efféminé
02:32et qu'il faudrait accepter mon homosexualité en grandissant.
02:35Chose que j'ai longtemps crue, pendant très longtemps,
02:37j'ai cru que j'étais homosexuelle parce que je ne savais pas ce qu'était la transidentité.
02:42Car aujourd'hui, encore en France,
02:43nous avons un problème de visibilité des personnes transgenres,
02:46c'est-à-dire la seule visibilité que nous puissions avoir par le passé
02:50étant les prostituées, le bois de boulogne
02:53ou alors amenés à l'art du drague et du transformisme.
02:56Nous n'avions pas de cas concrets.
02:59Nous avons pu avoir de grandes icônes, du coup, comme Coccinelle ou Bambi.
03:05Mais depuis, il y a eu comme un regressement au niveau des personnes transgenres
03:08et la visibilité des personnes transgenres.
03:09Mais pardon, quel a été votre parcours médical ?
03:12Quel a été mon parcours médical ?
03:13Alors, pour le savoir, j'ai commencé ma transition il y a deux ans et demi maintenant.
03:20Mais même si j'ai commencé il y a deux ans et demi l'hormonothérapie,
03:25sachant que j'ai 26 ans,
03:26j'ai toujours essayé de reculer tous les traits masculins
03:29et tout ce qui pouvait me masculiniser par le passé.
03:32Alors, on va évoquer cette proposition de loi
03:34qui interdit les traitements hormonaux,
03:35demande le contrôle strict des prescriptions de bloqueurs de puberté
03:39et l'interdiction des chirurgies dites de réassignation,
03:42autrement dit de changement de sexe.
03:43Jacqueline Eustache-Brignaud, pourquoi cette loi ?
03:50D'abord, je voudrais dire que c'est un sujet qui concerne notre société aujourd'hui.
03:59On s'aperçoit que les enseignants, les médecins
04:04sont sollicités sur cette question d'enfants
04:07qui disent qu'ils ne sont pas bien dans leur corps.
04:10On ne peut pas nier, je pense que vous et moi,
04:13nous n'aurions pas échangé sur ce sujet il y a 7-8 ans.
04:17D'ailleurs, il y a deux ans, le ministre Blanquer
04:20a sorti une circulaire pour les écoles,
04:21elle n'est pas sortie de nulle part.
04:23Nous, elle nous a étonnés et elle nous a questionnés.
04:25Donc, on s'est questionnés.
04:26Et si vous regardez ce qui se passe dans les pays européens et aux Etats-Unis,
04:30il y a un vrai questionnement sur ce sujet,
04:32sur des mineurs qui sont en questionnement.
04:35Donc, l'idée, c'est de se dire,
04:37n'allons pas trop vite, trop loin, trop tôt.
04:40C'est ça le sujet de notre objectif du travail qu'il nous a fait.
04:44– Vous souhaitez que les bloqueurs de puberté soient encadrés
04:49et que leur prescription soit autorisée
04:51après un suivi médical minimum de deux ans.
04:54Pourquoi ce délai ?
04:56– C'est parce qu'aujourd'hui,
04:58et l'Académie de médecine l'a dit récemment,
05:01il y a une nécessité de prudence,
05:03de ne pas entraîner trop tôt des traitements
05:05qui ont, quoi que certains en disent,
05:08qui sont irréversibles, clairement.
05:11Donc aujourd'hui, l'idée, c'est de dire,
05:13prenons le temps, donnons le temps au temps,
05:16donnons les outils nécessaires aux enfants et aux parents
05:20pour que le questionnement de l'enfant soit vraiment celui-là.
05:23C'est uniquement ça.
05:24Aujourd'hui, on s'aperçoit que dans ce questionnement,
05:28il y a d'abord essentiellement des filles,
05:30donc c'est un sujet quand même qui faudrait creuser.
05:32On s'aperçoit que tous les pays,
05:34mais tous, sans exception, quasiment, européens,
05:37qui sont allés beaucoup plus loin que nous
05:39sur la prise en charge de ce sujet, reculent tous
05:42parce qu'ils s'aperçoivent qu'après une dizaine d'années,
05:44il y a des conséquences qui sont plus compliquées
05:46que ce qu'on pouvait l'imaginer.
05:47Donc l'idée, c'est de dire, donnons du temps au temps.
05:50Quand on interdit toutes les chirurgies,
05:53ça concerne essentiellement les filles
05:55qui, à partir de 16 ans, avec l'accord de leurs parents,
05:57peuvent effectivement subir l'ablation de la poitrine.
06:00Ce n'est pas neutre, ce n'est pas simple.
06:02Moi, nous avons rencontré ici une jeune fille qui,
06:04à 16 ans, effectivement, avec l'autorisation de ses parents,
06:07s'est fait une ablation de la poitrine,
06:08c'est mutilation quand même, il faut juste le dire,
06:11et qui, un an après, a regretté.
06:13On fait quoi de ces sujets-là ?
06:14Si peut-être on avait donné du temps au temps
06:16et si on avait interdit avant ses 18 ans,
06:19aujourd'hui, elle n'aurait pas connu ça.
06:20Donc il y a ce sujet de la chirurgie.
06:22Il y a un deuxième sujet, c'est les bloqueurs de puberté.
06:25Quand on dit qu'il n'y a pas de conséquences,
06:27si il y a des conséquences sur les développements,
06:29on le sait, de la poitrine, la pulosité, etc.
06:32Donc prenons le temps au temps,
06:34donnons du temps,
06:35et le problème aujourd'hui que nous avons aussi,
06:38c'est que tous les enfants ne sont pas pris en charge de la même manière.
06:42Nous avons une quantité de médecins de ville
06:45qui ne savent pas comment répondre parce qu'il n'y a pas de cadre,
06:48parce que c'est compliqué,
06:49et on veut donner du cadre pour que les enfants soient pris en charge
06:52au bon moment, avec les bons outils.
06:54Voilà, et donc, nous, on ne parle que des mineurs.
06:57On ne parle que des mineurs, alors d'abord, excusez-moi, excusez-moi.
07:00Non mais c'est important, parce que le côté transphobe,
07:04moi, je refuse d'en parler.
07:06Johanna, réaction.
07:07Oui, c'est vrai que c'est un sujet, la réassignation de genre,
07:10qui se pose de plus en plus.
07:11Les questions d'identité sexuelle et d'identité de genre,
07:14d'ailleurs, ce n'est pas la même chose, il ne faut pas confondre,
07:16se posent de plus en plus, et chez des enfants de plus en plus jeunes.
07:19Sincèrement, pour en suivre, je peux vous assurer que
07:22les pédopsychiates, les psychiatres, les pédiatres,
07:24les endocrinologues qui sont dans la boucle,
07:26ils ne se précipitent absolument pas de donner des traitements,
07:29de proposer des chirurgies, pas du tout, du tout, du tout,
07:31c'est quoi qu'il arrive, des parcours qui sont extrêmement longs,
07:35avant de se faire opérer, d'avoir une chirurgie invasive,
07:38il y a souvent des mois, voire des années de suivi psychiatrique,
07:40et ensuite, les bloqueurs de puberté, il faut savoir que
07:43c'est des hormones de synthèse qui permettent aux organes sexuels
07:46de ne pas se développer, c'est juste une façon de gagner du temps.
07:49Mais vous allez répondre toutes les deux, là, sur le plateau,
07:51à cette question importante, qui concerne quand même les mineurs.
07:54Le législateur dit, voilà, il faut protéger les mineurs.
07:57Ça s'écoute, ça.
07:58Oui ou non ?
07:59Les protéger de quoi ?
08:00Quand il y a un enfant de 12 ans, de 13 ans, de 14 ans,
08:03qui rentre dans la puberté, qui a une dysphorie de genre,
08:05une jeune fille qui se sent être un garçon qui a ses règles tous les mois,
08:10c'est aussi un enfant qui se scarifie, qui fait des tentatives de suicide,
08:13qui a des idées noires, donc on le protège de quoi ?
08:15On le protège d'une souffrance psychique qui peut le pousser au suicide,
08:18ou on le protège de changer de genre ?
08:20On gagne du temps avec des bloqueurs de puberté.
08:22C'est uniquement ça.
08:23On ne pousse personne à changer de genre en six semaines.
08:26Merci, merci avant tout pour votre intervention.
08:29Alors, ça n'est aucun souci pour le gouvernement de moment
08:32de donner des bloqueurs de testostérone à des petites filles de 8 ou 9 ans
08:35quand elles ont leurs règles en avance ou qu'elles commencent à avoir de la poitrine.
08:39C'est gênant.
08:40Et là, du coup, ce n'est pas irréversible.
08:41Mais par contre, quand une personne qui a 13-14 ans
08:44exprime un sentiment profond de souffrance et de vouloir transitionner
08:48et de, justement, gagner du temps, parce que ce n'est pas irréversible,
08:51ce sont des bloqueurs de puberté.
08:53Ça n'empêchera pas, ça ne va pas rendre cette personne stérile.
08:56Vous les arrêtez, la puberté revient.
08:57Voilà.
08:58De toute manière, lorsqu'on fait sa transition en tant qu'être humain,
09:00c'est un besoin qui est profond.
09:01Et en général, on sait qu'on va finir vers une stérilité
09:04parce que la transition va nous couper nos hormones.
09:07On le sait en général.
09:08Mais c'est un besoin qui est profond.
09:10Et en fait, en faisant reculer cette loi,
09:12on va créer plus de suicides, plus de dépressions
09:15et plus de dysphories de genre qu'il n'y en avait avant.

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