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00:00 Les pharmaciens de Dordogne sont dans la rue aujourd'hui. Thibaud Delmarle, il manifeste pour dénoncer les conditions dans lesquelles il travaille.
00:07 Le président de la chambre syndicale des pharmaciens de la Dordogne est votre invité ce matin.
00:11 Bonjour Julien Migaud.
00:12 Bonjour.
00:13 9 pharmacies sur 10 sont fermées dans notre département aujourd'hui.
00:16 On le disait, vous représentez une profession qui n'a pas l'habitude de faire grève, encore moins de manifester dans la rue.
00:23 Qu'est-ce que vous réclamez ce matin ?
00:24 Alors ce matin on réclame tout simplement des revendications, nous le faisons redescendre des revendications nationales, mais qui ont une répercussion très très locale.
00:35 Nous on a une vraie problématique économique aujourd'hui dans le monde du médicament.
00:41 Toute notre patientèle française peut se rendre compte qu'il y a des ruptures de médicaments, qu'il y a une vraie problématique dans les approvisionnements.
00:52 Tout ça en fait, sans rentrer dans des détails un peu techniques, c'est dû à des coûts budgétaires au niveau de l'Etat sur le coût du médicament,
01:01 sur le budget de la sécurité sociale qui fait qu'on va rembourser de moins en moins les médicaments, de moins en moins bien les médicaments,
01:09 du fait que le réseau pharmaceutique national et dans nos campagnes encore plus est particulièrement touché,
01:19 avec des fermetures d'officines et donc une rupture de l'approvisionnement de soins au quotidien.
01:26 La baisse des prix des médicaments, peut-être que c'est justement concernant ces entreprises qui ne veulent plus vendre à la France parce que c'est moins cher,
01:33 c'est plus intéressant d'aller vendre les médicaments dans des pays voisins ?
01:36 C'est ça. En fait, dans une mondialisation hélas de la fabrication des médicaments,
01:42 les médicaments qui sont fabriqués soit au Brésil, en Chine ou en Inde sont vendus au plus haut front.
01:48 Et l'État français a toujours mis l'accent sur le prix du médicament, le prix du médicament, le prix du médicament.
01:55 Ils font baisser tant et si bien le prix des médicaments que les fournisseurs mondiaux eux-mêmes préfèrent vendre au plus haut front.
02:03 Quand il y a des tensions d'approvisionnement ou des tensions de production, ils préfèrent vendre au plus haut front.
02:12 Donc du coup, on passe en dernier, donc on prend de plein fouet les repires chez nous.
02:17 Ces derniers jours, ces dernières semaines, on manque de quoi ici en Ordonnie ?
02:20 Actuellement, depuis des années maintenant, on manque d'antibiotiques, on ne peut plus basique, les amoxycylines.
02:29 On a des ruptures d'approvisionnement sur bon nombre d'antidiabétiques,
02:33 on a des ruptures d'approvisionnement sur le paracétamol, quelques fois, pour certaines autres mécaniques,
02:39 bref, de contingentement, mais on a des ruptures de produits qu'on ne peut plus communs.
02:45 Et puis maintenant, ça touche un peu toutes les molécules, on a des ruptures, des micro-ruptures sur plein de produits.
02:51 Et ça devient très problématique parce qu'il n'y a pas d'équivalent.
02:55 Vous nous disiez que cela engendre aussi des problèmes financiers pour les pharmaciens.
02:59 On imagine pourtant qu'un pharmacien s'en sort plutôt bien, il a de bonnes rémunérations.
03:03 Aujourd'hui, on gagne moins bien sa vie quand on est pharmacien ?
03:06 Complètement. D'ailleurs, il y a un chiffre qui est criant, c'est la diminution du nombre de pharmacies en France,
03:14 qui est dû essentiellement à un problème économique, avec un réseau officinal qui est de plus en plus difficile à tenir,
03:22 parce que les officines sont de moins en moins rentables, clairement, il ne faut pas se cacher derrière notre petit doigt.
03:30 Les entreprises sont de moins en moins rentables, donc les officines souffrent, on a de moins en moins de personnel,
03:36 on compresse de plus en plus les choses et on perd en qualité de soins, inévitablement.
03:42 Vous êtes une profession régulière, on vous demande de vous installer à certains endroits.
03:46 Dans le département, est-ce que vous avez peut-être des données sur le nombre d'ouvertures, ou j'imagine plutôt de fermetures d'officines ?
03:53 Ces dernières années, nous faisions le point la semaine dernière, entre la dernière grève que nous avions faite en 2014,
04:05 et la grève de 2024, nous avons perdu une quarantaine d'officines sur la Dordogne.
04:11 C'est relativement criant, que ce soit en ville ou en campagne, il y a de plus en plus de zones de déserts médicaux,
04:21 qui entraînent des déserts pharmaceutiques également, et il y a une vraie rupture de soins dans certains coins de nos départements.
04:31 Dans vos revendications, il y a la dérégularisation de la profession, qu'est-ce que ça veut dire ?
04:39 Vous avez peur d'une concurrence, d'Internet ?
04:42 Oui, il y a eu une montée, une fois de plus, de certains acteurs, notamment de la grande surface,
04:54 qui veulent nous attaquer, qui veulent pouvoir vendre par le biais de plateformes,
05:01 qui voudraient vendre des médicaments en ligne,
05:06 ce qui, la vente en ligne de médicaments est tout à fait légiférée,
05:12 et possible pour chaque pharmacien de manière individuelle,
05:15 mais là, ils voudraient pouvoir monter des plateformes qui décaleraient nos stocks,
05:21 donc qui aggraveraient, nous, nos stocks de médicaments au niveau de nos points de vente,
05:27 pour les mettre sur des plateformes qui, éventuellement, pourraient vendre en ligne.
05:31 Donc, on lève le bouclier pour essayer de maintenir, une fois de plus, notre monopole pharmaceutique autour de notre formation médicale.
05:41 Et toutes vos revendications, c'est ce qui justifie aujourd'hui de priver tous les patients de 9 pharmacies sur 10 dans le département ?
05:51 Ah oui, ça c'est nos revendications, elles sont très très claires.
05:55 Nous, on est du côté de la population, donc on ne veut surtout pas qu'il y ait une rupture de soins,
06:03 on veut pouvoir continuer à soigner correctement la population, et on ne nous en donne pas les moyens.
06:09 Et en plus de cette grève, aujourd'hui, de cette fermeture, les pharmaciens vont manifester, aujourd'hui, à 10h30 devant la préfecture de Périgueux, préfecture de Dordogne.
06:19 Merci beaucoup Julien Migaud d'avoir été notre invité ce matin, vous êtes le président de la Chambre syndicale des pharmaciens de la Dordogne.
06:25 Merci.
06:26 Vous pouvez retrouver cet échange en intégralité en podcast, mais également en vidéo sur notre site francebleu.fr.