Les Témoins de l'Actu : Sandra Nourry
Sandra Nourry , directrice des services de logement accompagné à l'Association Interdépartementale pour le Développement des Actions en faveur des Personnes Handicapées et Inadaptées
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00:00Pour le moment, à 8h10, toute cette semaine, les pensions de famille ont été mises en avant dans notre région Centre-Val-de-Loire
00:06avec des événements comme des portes ouvertes pour présenter ce dispositif.
00:10Ce n'est pas forcément le plus connu quand on parle de logements accompagnés
00:14et pourtant les organismes qui s'en occupent aimeraient bien qu'il y en ait davantage.
00:18La directrice des services de logements accompagnés à l'association interdépartementale pour le développement
00:23des actions en faveur des personnes handicapées et inadaptées est notre témoin de l'actu ce matin Marie.
00:28Bonjour Sandra Noury, expliquez-nous ce que c'est qu'une pension de famille.
00:33Comme vous le disiez tout à l'heure, c'est une solution de logement d'abord,
00:37une solution de logement alternatif pour des personnes qui sont sans réponse sur les territoires en matière de logement,
00:44en particulier les personnes isolées, les personnes en situation de grande exclusion
00:48et qui ont le plus souvent vécu des parcours très chaotiques, des parcours de rues très très longs
00:54et qui ont besoin à un moment donné effectivement d'une réponse en matière de logement
00:58mais dans un cadre bienveillant on va dire parce que c'est quand même ça la pension de famille
01:03et dans un cadre où je dirais que la première chose à retenir c'est un chez soi.
01:08Mais alors justement quand on pense pension de famille on s'imagine comme il y a des dizaines d'années
01:13une location chez une personne etc. Est-ce que c'est à ça que ça ressemble maintenant ?
01:18C'est pas si loin que ça en fait mais nos résidents dans les pensions de famille sont des gens qui payent leur loyer,
01:24qui ont un logement à eux, qui vivent de manière autonome et qui en revanche ont besoin d'un cadre
01:30qui soit à la fois soutenant, qui soit aidant, qui permette aussi de créer du lien social.
01:36La première chose qu'il faut retenir pour les publics que nous accueillons, leur plus grande vulnérabilité c'est l'isolement.
01:42Donc forcément la pension de famille offre un cadre de vie où on va proposer des animations,
01:47on va proposer aussi des temps partagés entre les personnes, voire des activités à l'intérieur comme à l'extérieur.
01:53Et ce qui fait que chacun peut retrouver du lien.
01:57L'idée c'est de redonner du sens un petit peu au parcours de vie des personnes qui ont été longtemps en rupture.
02:02Mais ça veut dire, c'est pas une colocation, c'est dans un appartement ? Expliquez-nous vraiment concrètement.
02:07Alors le principe, c'est une maison. J'étais hier à Montargis où on a fêté les dix ans de l'une de nos pensions de famille,
02:15et ce qui était assez touchant en fait, c'est que les résidents ont renommé leur maison, ils l'ont appelée la maison du parc.
02:23Donc ils ont abandonné l'idée de pension, ils ont redonné aussi du sens à ce qu'est ce lieu.
02:29Donc c'est une maison où chacun a son logement, qui est autonome.
02:33Il paie son loyer, il vit chez lui, il vit comme vous et moi.
02:37Et du coup, par contre, il peut, au sein de la pension de famille, participer avec les deux salariés qui sont dédiés à la pension de famille à un certain nombre d'activités.
02:47Mais ça veut dire encore une fois que chacun est autonome, chacun a sa cuisine, sa salle de bain, chacun s'organise comme il veut.
02:53Tout à fait. Chacun s'organise comme il veut.
02:55Après, l'idée aussi, c'est qu'il puisse avoir des personnes ressources au sein de la pension de famille.
03:00On sait que, comme ce sont des personnes qui ont eu des parcours quand même très chaotiques, qu'ils ont souvent besoin de retrouver des repères, de reconstituer leurs droits.
03:10Et du coup, d'être accompagnés aussi dans le quotidien de ce qui, pour nous, paraît simple, mais qui, pour eux, est quand même assez complexe.
03:17Par exemple ?
03:18Par exemple, l'accès aux soins. Par exemple, l'aide à domicile.
03:24On peut avoir des personnes qui peuvent se réenfermer dans un certain isolement et qui, pour autant, pourraient avoir accès, comme tout un chacun,
03:31pour les personnes vieillissantes notamment ou les personnes qui sont en difficulté, au niveau de la dépendance déjà un peu,
03:39d'avoir toutes les aides de droits communs qui sont autour.
03:42Et le rôle de la pension de famille, justement, c'est de les aider à aller vers aussi toutes ces aides-là.
03:49Donc on est sur un accompagnement qui n'est pas un accompagnement lourd, mais qui est un accompagnement qui leur permet d'essayer de connecter, je dirais, à l'environnement, à leur quartier, à leur ville.
03:58Et puis de garder aussi du lien permanent avec le collectif de la pension de famille.
04:04Parce que ce qui est important aussi, c'est que ces pensions de famille, elles ne sont pas à la campagne un peu isolées.
04:09Il faut qu'elles restent dans des quartiers pour justement permettre à ces personnes de mieux s'insérer, voire se réinsérer.
04:15Tout à fait. L'idée c'est, alors si je regarde un petit peu les pensions de famille de l'Edifi, on a quatre pensions de famille qui sont dans un environnement tout,
04:23avec un jardin, un parc, on peut y faire des activités, mais on reste quand même très près des villes.
04:29La pension de famille ne peut pas exister si on n'a pas effectivement un partenariat avec les territoires, les collectivités locales, les mairies,
04:37qui participent aussi du développement de ces structures-là, en fait.
04:40Et c'est de bien s'insérer dans son quartier, bien s'insérer dans sa ville, voilà, comme tout citoyen.
04:46Mais un citoyen vulnérable au départ, qui a besoin effectivement d'être accompagné dans cette démarche-là.
04:51Et le but c'est que ce soit un peu plus connu et qu'il y en ait un peu plus, il y en a à peu près 200-300 dans le Loiret.
04:55Le but c'est de les développer ces pensions de famille.
04:57Alors, le but c'est de les développer parce qu'il me semble que c'est quand même une solution alternative à la carence de logement.
05:04Et à deux niveaux, au niveau des petites typologies de logement, puisqu'on voit bien que sur nos territoires, on manque énormément de petits logements.
05:11C'est une réponse sans abrisme, parce qu'il faut le dire quand même, on a des personnes qui ont eu des très longs parcours de rue,
05:18pour qui des fois c'est très compliqué de retourner dans un logement.
05:21Il faut vraiment se réadapter.
05:23Et puis c'est aussi une solution, je dirais, pour des personnes qui sont vulnérables.
05:28Et qui dans un environnement, on va appeler ordinaire même si le mot n'est pas très joli,
05:34pourraient très rapidement revivre une situation d'exclusion ou d'isolement.
05:38Donc oui, c'est un intérêt majeur au niveau de nos territoires.
05:42Il y a un intérêt pour une population qui va être de plus en plus vieillissante sans avoir forcément besoin d'être dans un EHPAD et d'avoir un accompagnement médical.
05:50Tout à fait. On est sur des personnes dites autonomes.
05:53Le mot n'est pas très joli, mais c'est le mot qui est employé aujourd'hui.
05:57C'est-à-dire que c'est des personnes qui, comme vous, comme moi, vont aussi vieillir,
06:01peuvent à un moment donné être en situation de dépendance.
06:03Puisque la pension de famille, contrairement à d'autres solutions alternatives de logement accompagné, c'est du logement pérenne.
06:09Et on le sait aussi, le nerf de la guerre c'est de payer son loyer.
06:13Le prix par rapport à un logement social, ça représente quoi ?
06:17Par rapport à un logement social, on est d'accord qu'on est sur des personnes qui, souvent, sont des minima sociaux.
06:23Donc le calcul du loyer, ce qu'on appelle une redevance en fait, qui a une part de loyer, une part de participation aussi au collectif,
06:30qui est reversé au gestionnaire de la structure, que nous sommes,
06:33est adapté aux ressources de nos usagers.
06:36Je crois que sur le territoire national, c'est entre 350 et 500 euros par mois.
06:41Pour quelles surfaces ?
06:43Alors c'est variable, mais on est sur des studios, T1, voire T2, puisqu'on a la possibilité d'accueillir des couples,
06:49même si ça reste à la marge, puisqu'on a peu de demandes.
06:53Le public, quand même, est vraiment un public souvent seul.
06:56Et justement sur ce profil de public-là, vous le disiez, pas mal de personnes qui ont malheureusement connu la rue.
07:02En termes d'âge, en termes de hommes, femmes, est-ce que c'est un peu mélangé ? Est-ce qu'il y a un profil type ?
07:08Alors, l'intérêt c'est qu'on est quand même sur des accueils mixtes.
07:12C'est-à-dire qu'on n'est pas dans une structure qui va être dédiée uniquement à une catégorie de public.
07:19Après, on le sait, nos publics les plus fragiles et qui ont le moindre réponse de logement aujourd'hui, ce sont les hommes seuls.
07:26Donc on a majoritairement des hommes seuls et isolés.
07:29Par contre, on a parfois des couples, on a même dans une de nos pensions de famille une mère avec son fils, adulte bien sûr.
07:35Mais voilà, on essaie de répondre plutôt à une situation que...
07:40Vous dites bien sûr parce que les pensions de famille n'accueillent pas de mineurs ?
07:43Non.
07:44D'accord.
07:45C'est important de le préciser aussi.
07:46C'est important de le préciser.
07:47On est vraiment là en réponse à un public adulte...
07:51Et autonome.
07:52Et autonome, voilà.
07:54Et qui va pouvoir vivre dans son logement comme dans un logement ordinaire.
07:58Donc, public adulte.
08:00Dans l'idéal, il faudrait doubler le nombre de pensions de famille dans le Loiret.
08:04Est-ce que ça c'est quelque chose que vous arrivez à chiffrer ou pas ?
08:06Alors, il y a effectivement une volonté des politiques publiques d'augmenter...
08:09D'augmenter au minimum.
08:10...considérablement le nombre des pensions de famille.
08:13Je ne m'avancerais pas à donner un chiffre.
08:16Je pense que la réponse n'est pas...
08:18C'est trop compliqué à calculer de toute façon.
08:20Nous, on est une association qui œuvre dans le champ de l'accompagnement des publics les plus vulnérables.
08:26On fait une réponse aux demandes de l'État en termes de mission de service public quasiment.
08:31Et voilà.
08:33Après, il est indéniable qu'il y a un réel besoin sur les territoires.
08:38Il faut que ça se développe.
08:39On a plus de demandes que d'offres aujourd'hui, puisque quand les orientations se font,
08:44puisque ce sont des orientations qui se font vers nous,
08:47il est clair qu'on ne répond pas à chaque fois, malheureusement.
08:51Merci beaucoup Sandra Noury d'être venue nous expliquer ce qu'était une pension de famille.
08:55Vous êtes directrice des services de logement accompagnés à l'Edafi.
08:58Bonne journée à vous.
08:59Merci, bonne journée à vous.
09:00Merci mesdames et messieurs.