Donald Trump condamné : quelles peines encourt l'ex-président américain ?
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00:00 On retrouve Eric Lissane, avocat et ancien procureur fédéral américain.
00:04 Bonjour, merci d'être avec nous.
00:06 Quelle peine en court exactement Donald Trump ?
00:09 Oui bonjour.
00:11 Voilà, alors il court une condamnation de prison.
00:15 C'est très possible, même si ce n'est pas certain.
00:19 Ça sera la décision de la juge qui sera prise
00:23 dans cette date fameuse maintenant, l'11 juillet,
00:26 juste avant la Convention nationale pour une nominée
00:29 pour le poste de candidat d'élection de président.
00:34 Entre ici et là, il y aura un rapport écrit par le bureau
00:40 des "pre-trial services", ce qu'ils ont l'habitude de faire pour chaque accusé.
00:47 Un rapport avec son histoire personnelle,
00:50 qui met tout ça en contexte avec les autres condamnés.
00:55 Et aussi, il y aura les positions qui seraient plaidées par les procureurs
01:00 et aussi par l'équipe de défense de Donald Trump.
01:04 Tout ça sera mis devant le juge, ça sera plaidé oralement aussi,
01:08 et le juge prendra sa décision le 11 juillet.
01:11 C'est possible qu'il y aura certainement un temps en prison,
01:17 mais ça ne sera pas hyper long,
01:20 et le plus important, c'est que ça ne sera pas exécuté avant l'élection,
01:25 car il y aura certainement aussi un appel.
01:28 Oui, il y a une procédure de recours, c'est ça ?
01:30 Quelle est cette procédure ?
01:33 L'appel est un droit que tout accusé porte.
01:39 Dans ce contexte-là, ça veut dire qu'après le procès de condamnation
01:45 se termine le 11 juillet,
01:47 Donald Trump va certainement lancer le cours d'appel,
01:55 et ça peut durer des mois, même une année,
01:58 même des fois plus long.
02:00 Ça peut, quelquefois, exceptionnellement,
02:03 dans un cas extraordinaire comme ça,
02:05 ça peut être aussi accéléré,
02:08 mais de toute façon, ce n'est pas probable que ça sera terminé
02:12 avant l'élection présidentielle.
02:15 Donc, pour cette raison, la peine,
02:18 même si c'est un terme en prison,
02:22 ne va probablement pas commencer avant le 5 novembre,
02:25 la date de l'élection présidentielle.
02:28 Quel peut être l'impact sur l'électorat américain ?
02:31 La base républicaine continue à lui faire confiance,
02:33 mais ça dit quoi de la défiance actuelle
02:36 vis-à-vis du système judiciaire américain,
02:39 et plus généralement vis-à-vis du droit ?
02:42 Oui, c'est une très bonne question, et personne ne peut savoir la réponse.
02:48 Donc, il faut voir.
02:49 Certainement, ce n'est pas une bonne chose,
02:51 même s'il tente de peindre un portrait comme ça.
02:56 Et je crois qu'avec le temps, peut-être que ça peut changer un peu,
03:01 mais ça va quand même continuer à nuire contre lui.
03:04 Ça restera une grande question pendant toute l'élection,
03:08 même s'il y a encore plusieurs mois,
03:12 entre ici et novembre.
03:13 Et même, surtout, je veux dire, pour les voteurs au milieu
03:20 qui ne sont pas encore décidés,
03:21 qui ne sont pas, pour une raison ou l'autre, encore impliqués,
03:25 ils n'ont pas pris leurs décisions,
03:27 ça peut changer quelques-unes,
03:29 et dans une élection serrée, ça peut faire toute la différence.
03:33 Et c'est vraiment quelque chose d'historique,
03:35 et ça reste une grande marque contre lui,
03:39 n'importe dans toutes circonstances.
03:42 Les électeurs indépendants et du centre,
03:44 vous dites que ça va être décisif.
03:46 Les Républicains, ils déclarent qu'ils sont le parti de la loi et de l'ordre.
03:51 Comment font-ils pour affirmer cela,
03:54 alors qu'ils récusent la loi lorsqu'elle leur est défavorable ?
03:59 Oui, c'est une grande blague, c'est une hypocrisie énorme de leur part,
04:04 et ça montre vraiment que ce n'est qu'une campagne de propagande.
04:08 Ils se retirent tous derrière Trump comme s'ils avaient peur,
04:15 c'est une sorte de déspération,
04:17 parce qu'ils savent que c'est leur seul moyen de rester en pouvoir.
04:21 Donc, c'est une position peut-être un peu difficile pour eux,
04:25 mais dans leur tête propre,
04:27 c'est bien possible qu'ils soient tous convaincus de cette position,
04:31 même si c'est très clair, l'évidence contre lui,
04:35 c'était dans une façon juridique un peu compliquée,
04:39 mais sur le grand plein contextuel, c'était très clair, très simple, très logique.
04:45 Ce qu'il a fait, il a dissimulé ces paiements-là pour les cacher,
04:50 il a fait une ingérence sur l'élection présidentielle,
04:53 c'est peut-être bien la raison pour laquelle il a gagné dans une élection serrée en 2016,
05:00 la seule fois qu'il a gagné,
05:02 et ça a changé complètement cette notion de la partie républicaine,
05:07 de le système de deux parties aux États-Unis.
05:10 Je crois que ça a changé ça pour toujours.
05:12 - Et est-ce que ce jugement, d'après vous, va être un thème de campagne ?
05:15 Parce qu'on dirait que c'est très différent de la France.
05:18 On se souvient en France de la phrase
05:20 "on imagine mal le général de Gaulle mis en examen lors d'une campagne".
05:26 - Oui, mais c'est un grand premier aux États-Unis aussi, c'est exactement ça.
05:31 Même si c'était impensable, il y aura deux ou trois ans,
05:35 personne n'aura pu penser que c'était possible,
05:37 mais Trump, c'est un caractère qu'il voulait forcer et forcer à tout prix.
05:42 C'est une bataille personnelle et existentielle pour lui,
05:46 car s'il perd, il perd tout.
05:48 Ce n'est pas seulement la question de prison,
05:50 il y a trois autres procès pénales énormes derrière celui-là,
05:56 et si ça continue, il peut bien être en prison pour toute sa vie,
06:02 et surtout, il va perdre tous ses moyens financiers,
06:05 toutes les contributions politiques, tout ce qui reste de la société familiale.
06:10 Donc, lui, c'est vraiment une bataille existentielle.
06:14 Donc, c'est vraiment quelque chose, historiquement, sans précédent,
06:22 et les résultats restent incertains.
06:25 Merci infiniment, Éric Lissane, d'avoir été avec nous sur France 24.
06:29 Merci à vous pour votre analyse.