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Dans son édito du 03/06/2024, Paul Sugy revient sur l'indifférence des Français vis-à-vis de la dette publique.

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Transcription
00:00 Malheureusement Romain, je crains qu'il n'y en ait aucune.
00:02 Alors d'abord, pour l'instant, il n'y en a pas.
00:03 Pas la moindre remarque et même les médias doivent installer le sujet
00:06 pour forcer le monde politique à réagir et la campagne se poursuit sur d'autres thèmes.
00:10 À l'exception notable et courageuse d'une partie de la droite,
00:12 ce n'est pas le sujet de la dette souveraine
00:14 qui va faire que les oppositions vont croiser le fer avec le pouvoir.
00:16 Et encore, pour le moment, la droite semble avoir écarté l'idée
00:19 de censurer le gouvernement sur ce sujet-là, provisoirement du moins.
00:23 Politiquement, Bruno Le Maire a fait deux choix qui semblent un peu contradictoires.
00:27 Le premier, c'est de minimiser la portée de cette dégradation,
00:30 en expliquant aux Parisiens ce week-end que c'est comme si on passait d'un 18 à un 17 sur 20.
00:34 La France explique-t-il, reste un débiteur plus solide que les autres pays.
00:38 Donc en d'autres termes, si on se regarde, on se désole,
00:40 mais quand on se compare, on se console.
00:42 Et surtout, le ministre, qui est très optimiste,
00:44 estime que cette comparaison nous permet encore longtemps d'emprunter à des taux raisonnables.
00:48 Et alors son second choix, c'est d'assumer.
00:51 C'est là qu'on s'étonne.
00:51 S'il n'y a rien de grave, c'est qu'il n'y a rien non plus à assumer.
00:54 On s'y perd un peu.
00:54 Mais il assume donc d'avoir financé le quoi qu'il en coûte avec la dette,
00:57 à l'inverse des Allemands, qui, eux, se sont retrouvés en récession après le Covid.
01:01 Nous, on a soigné le mal avec un Doliprane.
01:03 Et pour l'heure, donc, eh bien, nous ne souffrons pas.
01:06 Cette situation économique est indolore.
01:08 Il n'y aura pas d'impact, dit Bruno Le Maire.
01:10 Il n'y aura pas d'impact sur le quotidien des Français.
01:13 Ce que vous nous dites, c'est que tant que les effets de la dette ne sont pas ressentis par les Français,
01:18 il ne peut pas y avoir de conséquences politiques.
01:19 Oui, tout est fait, effectivement, pour minimiser l'impact sur la vie concrète des Français.
01:23 C'est ce qui fait que Bruno Le Maire a politiquement tort, mais électoralement raison.
01:27 Quand est-ce que c'est la dernière fois qu'un ministre de l'économie a démissionné
01:31 ou qu'il a été démis de ses fonctions en France pour ses mauvais résultats économiques ?
01:34 On ne s'en souvient même plus ?
01:35 Parce qu'il a commis une erreur d'analyse ou qu'il a pris une décision fâcheuse ?
01:38 Quel ministre de l'économie assume concrètement les résultats de leur décision ?
01:41 Et d'ailleurs, qui s'est seulement jugé parmi les électeurs de la compétence d'un ministre de l'économie en la matière ?
01:46 Rappelez-vous de cette étude que Lomique nous avait brièvement présentée de l'institut CSA,
01:50 pour le magazine Capital, qui nous montrait que les Français avaient un faible niveau en économie.
01:55 On les interrogeait sur des chiffres économiques qui sont censés être connus du plus grand nombre.
01:59 La conclusion était courue d'avance. Les Français sont nuls.
02:01 Mais dans le détail, les personnes interrogées connaissaient beaucoup mieux,
02:05 par exemple pour les deux tiers d'entre elles, l'écart entre le salaire net et le salaire brut.
02:08 Forcément, ça ne les concerne au quotidien que le montant de la dette publique,
02:12 3 100 milliards, moins de la moitié des personnes interrogées savait le dire.
02:15 Les Français ne sont pas si nuls en économie.
02:17 Ils s'intéressent davantage à leur pouvoir d'achat qu'à l'avenir économique du pays.
02:21 Ils sont court-termistes.
02:22 Et regardez d'ailleurs les sondages sur les priorités des Français
02:24 quand on leur demande en période électorale d'être les déterminants de leur vote.
02:28 C'est presque toujours l'inflation et le pouvoir d'achat qui passent devant,
02:31 devant l'insécurité, l'immigration, le climat.
02:33 On voit presque jamais les gens répondre qu'ils sont inquiets pour la dette.
02:36 Mieux vaut pour Bruno Le Maire que la note de la France soit dégradée par Standard & Poor's,
02:40 plutôt que Ferrero double le prix du Nutella.
02:42 Bon, oui, là vous n'êtes vraiment pas optimiste pour le coup.
02:45 Non, alors la seule chose qui peut éventuellement me donner un petit peu d'optimisme,
02:48 c'est l'idée qu'un jour l'endettement de la France ait vraiment des conséquences concrètes,
02:52 qui soient visibles.
02:53 C'est déjà un petit peu ce qui se passe avec le climat.
02:55 Ce qui fait qu'il y a de grandes marges pour le climat
02:56 où on va asperger de peinture la joconde.
02:58 C'est qu'on voit déjà les effets,
02:59 non pas sur les générations seulement futures,
03:01 mais sur les générations aujourd'hui.
03:03 Espérons que pour la dette, ce réveil ait lieu.
03:05 [Musique]
03:09 [SILENCE]

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