Dans son édito du 15/11/2024, Paul Sugy revient sur les grèves de fin d'année en France.
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00:00La politique avec vous Paul Sujit. Bonjour Paul. Bonjour Romain. Plusieurs syndicats de la fonction publique ont lancé un appel à la grève pour le 5 décembre.
00:07Ils sont en colère contre les réformes portées par leurs ministres et Guillaume Casbarian et notamment l'allongement du délai de carence pour les arrêts maladie,
00:15les jours pendant lesquels on n'est pas payé. Cette grève était un peu prévisible ?
00:20Oh oui Romain, c'est l'automne, les feuilles tombent dans les rues, déjà le soir scintillent les premières lueurs de Noël, les gens ont la crève et les fonctionnaires donc lancent un appel à la grève.
00:28Bref, c'est l'automne. Dans notre jargon journalistique, on appelle ça un marronnier, vous savez, quand ça revient tous les ans.
00:33Alors pour que les traditions soient bien respectées jusqu'au bout, il faut non seulement qu'à chaque vote du budget, il y a un ministre un peu plus courageux que les autres
00:39qui décide de s'en prendre à un avantage symbolique du statut des fonctionnaires. Dans la foulée, généralement la semaine qui suit à peu près,
00:45les journalistes du Monde expliquent que ça rapporterait un peu moins que ce qu'on croit à l'État.
00:49Le surlendemain de l'article, Agnès Verdier-Molinier explique que si et que de toute façon, ça fait 20 ans qu'il aurait fallu le faire
00:55et que quoi qu'il arrive, on va tous mourir en plastré dans le mur de la dette. Au retour des vacances de la Toussaint,
01:00le ministre a lâché la moitié de sa réforme mais s'arc-bout sur le reste et sur les mesures les plus symboliques.
01:05Les syndicats donc appellent à la grève et Éric Ciotti propose d'interdire la grève.
01:09Le mois de décembre se passe qu'à un cas entre les odeurs de vin chaud sur les marchés de Noël et les vapeurs de lacrymo dans les cortèges de l'intersyndical.
01:16Et heureusement, en général, quand tout se passe bien, la dinde aux marrons ou le petit Jésus de la crèche, selon, arrivent tous les deux fort à propos
01:22pour éviter dans les familles que Tonton Bernard, le prof syndiqué, s'engueule avec son beau-frère assureur pour qui les profs sont, je cite,
01:28« tous des feignasses ».
01:30Ça, c'est chaque année la fin d'année en France. Vous avez raison, c'est un scénario qui ressemble beaucoup à du déjà-vu.
01:37Mais tout de même, cette fois, c'est aussi un premier test pour le gouvernement, cette grève.
01:42Oui Romain, un double test. D'une part, l'épreuve de la confrontation et de la rue, bien sûr.
01:46On ne sait pas encore si Lucie Castex sera en tête de cortège avec un fumigène à la main.
01:50Mais forcément, ces actions auront une allure de match-retour depuis que Matignon a échappé à la gauche.
01:55Et d'autre part, alors qu'à l'Assemblée, les députés de la droite et du camp présidentiel essayent d'arracher de hautes luttes des mesures d'économie,
02:01que plusieurs ministres, dont Guillaume Casbarian, les y encouragent en versant dans le débat public des mesures iconoclastes pour réduire un peu la voilure.
02:08Mais ils font face à une gauche parlementaire qui n'a que la dépense ou l'impôt à la bouche.
02:13Alors cette gauche sait d'ores et déjà qu'elle va devoir in fine s'incliner face à un 49-3 inéluctable
02:18et que, faute d'être majoritaire, comme elle l'a assez souvent répété pourtant, elle ne sera probablement pas en mesure de renverser le gouvernement.
02:24Elle prépare donc autrement l'épreuve de force. Tant pis pour vous, messieurs dames, à la fin, c'est l'usager du service public qui paye.
02:30Et à la SNCF, on parle aussi d'une grève reconductible à partir du 11 décembre.
02:34À la fin, c'est l'usager qui en fait les frais au moment des fêtes, au moment où on a envie de se rassembler pour Noël.
02:41Au moment où, effectivement, ces grèves sont le moins admissibles.
02:44Pour cela, souvent des grèves de la honte.
02:46Ainsi va pourtant la démocratie chez ceux qui font profession de la défendre constamment.
02:50Après s'être un moment proclamé majoritaire, la gauche décide de reconnaître que ce n'est pas le cas, mais du coup de prendre la majorité en otage.