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Art et designTranscription
00:00 Bonjour tout le monde, je suis Isabelle Parent des éditions Paulsen et je vous présente
00:07 pour ceux qui ne la connaissent pas, mais je pense que la plupart la connaissent, Vanessa
00:11 Brusson qui s'occupe chez Paulsen du commercial et des relations libraires.
00:18 Voilà, qui est arrivé maintenant il y a un an chez nous.
00:22 Exactement, et je vais vous parler tout d'abord d'une collection qu'on a donc lancée il
00:27 y a un an, la Grande Ourse.
00:29 Avec le 9ème titre de cette collection qui s'intéresse aux grands espaces sauvages
00:45 et un titre d'un Norvégien.
00:47 On ne commence pas par celui-ci, on va commencer par le roman d'abord.
00:54 Je veux bien s'il vous plaît, je ne sais pas où il est.
00:59 Voilà, c'est celui-ci, Lars Ramsli, Montagne, un fusil, un lac.
01:03 C'est le 7ème roman de cet auteur norvégien, mais c'est le premier qui est traduit en
01:08 français.
01:09 Il s'agit d'un roman autobiographique qui a été écrit d'une traite et qui raconte
01:16 une journée particulière.
01:18 L'histoire, nous sommes en 1983.
01:22 Lars a 9 ans, il passe l'été avec son père dans la ferme familiale où ils sont tout
01:32 juste tolérés.
01:33 Et un matin, ce père qui est imprévisible, qui est violent, addict à l'alcool et à
01:43 la drogue, réveille donc son enfant de 9 ans à l'aube pour une journée de mise à
01:48 l'épreuve, qui sera une journée de mise à l'épreuve psychologique et physique.
01:53 Ils vont partir sans eau, sans nourriture, avec chacun un fusil, et ils partent pour
01:59 gravir la plus haute montagne du domaine familial.
02:06 Durant toute la journée, le père ne va cesser de disparaître, brutalement, de réapparaître,
02:15 laissant son fils seul face à sa terreur.
02:17 Parfois, il croit qu'il est attaqué par un ours, il va tirer, réapparaissant aussi
02:23 brutalement qu'il a fait, et le plongeant ensuite dans un lac.
02:29 C'est une mise à l'épreuve pour qu'il sache se débrouiller dans la nature sauvage.
02:33 Donc durant cette journée, effectivement, le jeune Lars va à la fois connaître la
02:39 souffrance, la peur, le sentiment d'abandon, et puis aussi voir son père comme le seul
02:49 qui peut le sauver, donc attendre son père.
02:52 Ce rite, c'est un rite initiatique qui, dans le Grand Nord norvégien, est souvent un rite
03:04 qui se transmet de génération en génération.
03:06 Mon propre père l'a vécu, il avait 6 ans, lui, alors que Lars a 9 ans.
03:13 Mais cette journée et ce rite-là est particulier, il est particulier pour plusieurs raisons.
03:18 D'abord, parce que ce père qui veut faire de son fils un homme, par ce rite, est un
03:27 père, vous l'avez compris, violent, c'est un père bipolaire, c'est un père instable.
03:31 Ce rite, il est particulier aussi parce que toutes ces raisons que je viens d'énoncer
03:36 sur le caractère du père fait qu'il a été déshérité, qu'il est juste toléré
03:40 dans cette ferme pour cet été-là, et qu'il veut montrer que c'est un roi déchu, qu'il
03:43 veut montrer à son fils l'étendue du royaume et son amour pour cette terre, son appartenance
03:50 très très très très forte à ce paysage auquel il veut que son fils appartienne.
03:55 C'est un rite et une journée particulière aussi parce que ce fils, qui est un fils
03:59 de la ville, veut prouver à cette famille à laquelle il n'a pas le sentiment d'appartenir
04:03 qu'il est des leurs, et aussi bien évidemment veut prouver à son père qu'il en est capable
04:08 et de surtout surtout surtout pas décevoir ce père qu'il aime d'un amour inconditionnel.
04:13 Et ce que je vous ai dit, cet autobiographie, qu'il le raconte 40 ans après les faits,
04:22 il le raconte 30 ans après la mort de son père, avec une précision confondante qui
04:31 montre à quel point la précision de ce souvenir dans sa tête.
04:37 Il s'agit d'un roman très court, il s'adresse à son père, il utilise la deuxième personne,
04:44 il s'agit d'un roman donc ce que je vous ai dit concis, avec une prose qui est parfois
04:51 proche de la prose poétique, un texte qui est vraiment haletant.
04:57 En fait on court non-stop dans ce texte court, on court derrière le père avec le fils,
05:02 on a peur avec lui.
05:03 On est dans une écriture très très très très très concise et puis dès qu'il a
05:11 peur, dès qu'il est seul, et puis dès que c'est un moment apaisé avec le père,
05:15 on prend le temps de regarder le paysage, on prend le temps de s'imprégner de ce paysage,
05:20 de vivre, d'observer la faune et la flore.
05:23 Et c'est en ça que ce roman, on n'arrive pas à le lâcher.
05:27 Donc c'est un texte intense et troublant, comme je vous l'ai dit, où on tremble vraiment
05:35 et on veut comprendre ce qu'il y a de cette épreuve initiatique.
05:38 Il ne dit rien de ce qui suit, il s'arrête à ce moment-là, mais ça reste un cri d'amour
05:45 magnifique d'un père, d'un fils, pardon, pour un père si différent.
05:51 Il montre aussi, c'est la compréhension d'un fils pour la douleur d'un père à qui on
05:58 a enlevé ses racines, qu'on a déraciné quelque part, parce que pour lui, comme je
06:07 vous l'ai dit, cette terre, c'était tout.
06:09 Et puis ce que pointe aussi du doigt l'auteur, c'est l'indifférence des adultes face à
06:17 cette différence et cette douleur du père.
06:20 Donc c'est vraiment un roman poignant et où on peut apprendre effectivement, en lisant
06:29 ce texte, une forme de tendresse sans douceur, ce que pourrait être une forme, voilà, c'est
06:36 une leçon d'une vie différente, voilà pour celui-ci.
06:39 Je vais vous parler d'une autre vie différente qui est là une biographie, "L'esprit d'aventure",
06:47 Red Mittenbler.
06:48 Donc on est plus là dans les grands aventuriers Paul Senn.
06:55 Vous voyez cette magnifique photo d'Irving Penn qui a été prise en 1947 avec Peter
07:02 Froschen, dont il s'agit avec sa troisième femme.
07:06 Peter Froschen, c'est un explorateur qui est à la fois ethnographe, il est danois,
07:13 et c'est un homme qui a vécu mille et une vies.
07:16 Un grand humaniste qui est totalement excentrique.
07:19 C'est un ethnographe.
07:23 Également, il a commencé par être médecin pour faire plaisir à son père, puis par
07:28 amour pour le Groenland, il est parti, il a suivi une expédition scientifique au Groenland.
07:36 Une expédition dans laquelle il a travaillé pour un grand scientifique allemand dont vous
07:42 avez certainement entendu parler, Alfred Wegener, qui est celui qui est à l'origine de la
07:48 théorie de la dérive des continents.
07:51 Pendant un an, pour la science, il va s'enfermer dans une cabane sur la calotte glaciaire avec
08:00 des visites qui sont, pour des raisons logistiques compliquées, de plus en plus courtes et de
08:08 plus en plus espacées.
08:10 Imaginez la capacité mentale et la force mentale d'un homme capable de vivre seul
08:18 par -60° sur une calotte glaciaire.
08:21 Il finira presque fou, mais il s'en remettra.
08:27 Il est quand même tombé amoureux du Groenland.
08:30 Ce qui nous intéresse aussi chez Peter Fruschen, c'est que c'est l'un des premiers hommes
08:33 à vraiment vivre au Groenland.
08:35 C'est un des premiers ethnologues, c'est un des premiers hommes à vivre avec les Inuits.
08:39 Il va se marier à une Inuit, il va avoir deux enfants.
08:41 Il va être à l'origine d'un comptoir, Thulé, un comptoir de fourrure.
08:47 Il raconte très bien, il a écrit plusieurs ouvrages dans lesquels il est l'un des premiers
08:56 à raconter la vie des Inuits.
09:00 C'est un humaniste, comme je vous l'ai dit, qui après, une fois que sa femme est décédée,
09:07 il retourne au Danemark, il va être, je vous parlais de mille et une vies, il a été rédacteur
09:12 en chef d'une revue sur la margarine.
09:14 Il a acheté une ferme, il devient éleveur de moutons, puis finalement éleveur d'anguilles.
09:19 Et dans les années 1930, il va accueillir dans sa ferme des réfugiés, réfugiés juifs,
09:32 mais aussi exilés politiques qui sortent d'Allemagne.
09:36 Il ne supporte pas l'injustice et donc il va se proclamer juif par solidarité.
09:44 Et pour faire naître un débat, évidemment, il participe à la résistance, il est arrêté,
09:49 emprisonné.
09:50 C'est un homme qui après va s'intéresser aux droits afro-américains, va traverser
09:57 l'Amazonie et dénoncer le déboisement de l'Amazonie.
10:00 C'est un homme qui, comme je vous l'ai dit, nous intéresse par ses qualités humanistes.
10:06 Je pense que la liste serait trop longue.
10:08 Il traverse vraiment, c'est vraiment une vie incroyable.
10:11 Donc les combats afro-américains, il va se battre pour les droits d'auteur aussi, fervent,
10:19 et contre la corrida et contre la production de foie gras.
10:24 Énormément, énormément de choses.
10:30 Et donc par cette vie et par le récit de Rhett Mittenbler, je pense que, et à travers
10:39 ses engagements, c'est vraiment une vie exemplaire et un message fort aujourd'hui.
10:45 Voilà pour cet aventurier humaniste.
10:48 Ensuite, on veut juste vous annoncer, je ne sais pas du tout combien de temps il nous
10:52 reste, mais on veut juste vous annoncer deux titres à paraître qui sont très importants
11:00 et de gros enjeux pour nous.
11:01 Ils sortiront plus tard, pas pour la rentrée littéraire, mais attention, important, en
11:05 octobre.
11:06 Le Sommet des dieux, que nous reprenons.
11:11 Le Sommet des dieux, le roman de Baku, Yume Makura, qui a évidemment donné
11:22 le manga Le Sommet des dieux, paru en 2004 et qui n'avait jamais été traduit en français.
11:28 Et qui est traduit par Corinne Atlan.
11:32 Donc un gros travail.
11:33 Ça va être un roman dans une édition vraiment de luxe, une édition collector.
11:39 Une édition collector, c'est un roman qui est paru sous forme de feuilleton et qui a
11:44 le rythme du feuilleton assez haleton.
11:46 Et puis le deuxième qui sortira, c'est La véritable histoire de Moby Dick au cœur
11:51 de l'océan, de Nathaniel Philbrick qui avait eu le National Book Award en 2000, qui avait
11:59 été publié il y a maintenant un petit peu longtemps et dont on reprend la traduction.
12:04 Voilà.
12:05 Et qui sera aussi dans une édition plutôt de luxe collector.
12:15 Voilà.
12:16 Merci beaucoup pour votre écoute.
12:19 Merci.
12:20 [Applaudissements]
12:20 (...)