En 1996, un groupe d’extrémistes cambriole avec une précision militaire une banque de Spokane dans l’État de Washington, à deux reprises en se servant de bombes de fabrication artisanale. Ils prennent aisément la fuite après leurs méfaits. Le FBI apprend bientôt que ces voleurs sont membres d’une organisation secrète appelée Phineas Priesthood et qu’ils pourraient préparer une guerre contre les forces de l’ordre. Après avoir identifié les suspects, le FBI doit procéder à leur arrestation.
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00:00 La ville de Spokane, dans l'état de Washington, compte 200 000 habitants.
00:10 Elle est située près de la limite est de l'état, à côté de celle de Lido.
00:15 Le lundi 1er avril 1996, deux douzaines de personnes travaillaient dans un des bureaux
00:20 du journal Spokesman Review.
00:21 À 14h30, une camionnette se gara derrière l'immeuble.
00:31 Elle y resta moins de 15 secondes.
00:38 Dans l'immeuble, un reporter finissait de rédiger son article avant de rentrer chez
00:48 lui pour passer le reste de l'après-midi avec son fils.
00:50 Il ignorait ce qui les attendait à l'extérieur.
00:57 Malgré d'importants dégâts à l'immeuble, il n'y eut pas de blessés.
01:20 Des unités du bureau du shérif de Spokane répondirent aux appels d'urgence.
01:33 Le reporter et son fils n'avaient rien vu d'anormal.
01:42 Une employée déclara que quelques secondes avant l'explosion, elle avait aperçu un
01:52 homme portant une cagoule sauter à bord d'une camionnette blanche qui avait démarré en
01:56 vitesse pour disparaître derrière l'immeuble.
01:59 Elle n'avait pas noté le numéro de la plaque d'immatriculation.
02:02 Alors que la plupart des agents se trouvaient dans les bureaux du journal, une camionnette
02:10 blanche se gara près d'une succursale de la US Bank à Spokane, à quelques kilomètres
02:15 de là.
02:16 Quinze minutes s'étaient écoulées depuis l'explosion.
02:19 Deux hommes armés portant une cagoule firent irruption dans la banque et annoncèrent qu'il
02:26 s'agissait d'un hold-up.
02:27 Pendant ce temps, une caissière appuya sur le bouton de l'alarme silencieuse.
02:38 Les voleurs menacèrent de faire exposer une bombe tuyau si quiconque désobéissait
02:47 à leurs ordres.
02:48 Ils ordonnaient à la caissière de ne pas leur donner les liasses d'argent qui contenaient
02:55 des pochettes d'encre destinées à tacher les billets et ceux qui les manipulaient.
02:58 Quand les intrus eurent obtenu l'argent, ils forcièrent tout le monde à se regrouper
03:06 dans un coin.
03:07 Ils braquèrent leurs armes sur les otages pendant que de précieuses secondes s'écoulaient
03:19 et que la mèche de la bombe se consumait.
03:21 Les enquêteurs qui se trouvaient dans les bureaux du journal entendirent la nouvelle
03:41 de cette seconde explosion et du braquage sur la radio de la police.
03:45 Comme il n'y avait plus de danger sur la première scène de crime, plusieurs enquêteurs
03:51 se rendirent à la banque.
03:52 Le bureau du shérif dépêcha d'autres policiers sur la deuxième scène de crime.
04:03 L'agent spécial Mark Cullinan du FBI se rendait alors au bureau du journal avec son
04:10 collègue.
04:11 Nous nous rendions là-bas quand nous avons appris qu'il y avait eu un vol de banque
04:18 et une explosion.
04:19 Comme je m'occupe prioritairement d'un vol de banque, je me suis immédiatement dirigé
04:26 vers cet établissement.
04:27 Les employés et les clients étaient en état de choc, mais il n'y avait pas de blessés.
04:37 Ils croyaient que tout le monde était sorti avant l'explosion.
04:40 Les enquêteurs n'avaient toutefois pas encore écarté tout danger sur la scène du crime.
04:47 Le sergent James Godwin, superviseur de l'escouade anti-bombe, devait s'assurer que l'immeuble
04:54 était sécuritaire avant que les policiers n'y entrent.
04:56 Nous craignons qu'il n'y ait une deuxième bombe.
05:01 En effet, chaque fois qu'on a affaire à une bombe, il est toujours possible qu'il
05:08 y en ait une autre.
05:09 Les criminels qui utilisent les explosifs laissent parfois une autre bombe destinée
05:17 aux policiers.
05:18 L'escouade anti-bombe fouille à la banque et conclut qu'il n'y avait pas d'autres
05:27 bombes ni de victimes à l'intérieur.
05:28 On avisa les policiers qu'ils pouvaient entrer et commencer l'enquête sans danger.
05:35 Les intrus étaient organisés et ils avaient agi rapidement.
05:45 En l'espace de quelques secondes, ils s'étaient enfuis avec 50 000 dollars.
05:50 Ce n'était pas des voleurs de banque typiques.
05:52 En général, les vols de banque sont commis par des individus seuls qui ont besoin d'argent
05:59 pour payer leurs drogues.
06:00 Que des individus soient entrés ainsi pour prendre le contrôle de la banque, avec un
06:06 tel degré de violence et après avoir tout planifié, c'était complètement inhabituel.
06:10 Les policiers interrogèrent une femme qui se trouvait dans l'air de stationnement
06:16 de la banque au moment du vol.
06:17 Après l'explosion, elle avait vu deux hommes portant des cagoules s'enfuir de la
06:25 banque et monter à bord d'une camionnette blanche.
06:27 Un troisième homme était au volant.
06:32 Il avait les cheveux gris et portait la barbe.
06:35 Elle avait eu le temps de noter le numéro de la plaque d'immatriculation du véhicule.
06:44 Les policiers découvrirent que la camionnette avait été volée à Helensburg.
06:53 Les répartiteurs du service d'urgence de Spokane transmirent la description du véhicule
07:06 à toutes les unités de patrouille.
07:08 Les agents commencièrent à effectuer des recherches méthodiques des rues voisines.
07:11 Au bureau du journal, on interrogea les témoins.
07:16 La femme qui avait aperçu la camionnette près du journal avait également affirmé
07:29 que le conducteur était un homme d'âge mûr, aux cheveux gris et portant une barbe.
07:32 Mais le lien le plus solide entre les deux affaires était sans contredit des dépliants
07:40 de propagande religieuse comme on en trouve fréquemment dans le secteur.
07:44 Sur la scène de l'explosion de Spokesman Review, de même qu'à la US Bank, on a découvert
07:55 plusieurs dépliants laissés par les voleurs.
07:57 La propagande religieuse est très répandue dans le coin.
08:03 Très souvent, ces groupes distribuent leurs dépliants dans tout un quartier, en les laissant
08:08 sous les essuie-glaces des voitures, par exemple, ou devant chez vous.
08:11 Ces dépliants font état de leurs idéaux.
08:14 Ils essaient ainsi de faire circuler leur message.
08:20 Mais ce groupe en particulier avait laissé son message avec des bombes et après avoir
08:28 commis un vol.
08:29 Les patrouilleurs poursuivirent leur recherche de la camionnette blanche.
08:33 90 minutes après le vol de banque, un des agents retrouva le véhicule dans une aire
08:43 de stationnement à un kilomètre et demi de la banque.
08:45 D'où il était, il ne pouvait savoir si les voleurs se trouvaient à bord.
08:56 Il n'y avait personne à l'intérieur.
09:07 La répartitrice mit le policier en garde.
09:16 Le véhicule pouvait avoir été piégé avec une bombe.
09:19 Quelques minutes plus tard, l'esquade antibombe arriva.
09:26 Les experts croyaient que les voleurs avaient peut-être posé des bombes à l'intérieur.
09:31 S'il y avait un explosif dans la camionnette, le détonateur pouvait être contrôlé par
09:37 radio.
09:38 Comme les radios de la police peuvent déclencher ces dispositifs, les experts ordonnaient au
09:43 policier d'éteindre tous leurs appareils.
09:45 Comme ils disposaient de suffisamment d'espace pour le faire, ils utilisaient un robot pour
09:51 effectuer une première vérification.
09:52 On a d'abord envoyé le robot pour obtenir quelques images.
09:58 Mais on ne voyait pas très bien.
10:01 On a ensuite envoyé un technicien vêtu d'une combinaison antibombe.
10:08 Ses collègues attendirent son rapport au poste de commandement mobile.
10:15 Même dans les situations les plus périlleuses, les spécialistes doivent garder les mains
10:24 nues pour effectuer les opérations les plus délicates.
10:27 C'est un des risques de leur travail.
10:32 Ça sentait l'essence.
10:38 Il a alors cru voir de l'essence couler de l'une des portières de la camionnette.
10:44 Ensuite, il a vu un dispositif d'amorçage.
10:48 Il semblait avoir été placé là pour enflammer l'essence.
10:54 Comme le dispositif n'était pas contrôlé par radio, les policiers purent ouvrir leur
11:01 appareil.
11:02 Attaché à la mèche, le technicien vit le petit dispositif d'amorçage qui devait mettre
11:08 le feu à la mèche.
11:09 Afin de préserver tout indice, le technicien mettait sa propre vie en péril.
11:30 "Ok go ahead and make the cut." "Ok it's cut." "Alright good, get it out of there."
11:57 Cela fonctionna.
12:01 Dans la camionnette, les enquêteurs trouvèrent un autre exemplaire du manifeste que les voleurs
12:11 avaient laissé à la banque et au bureau du journal.
12:13 Pour l'agent spécial David Bedford, la propagande du dépliant était typique des
12:20 groupes de la région prônant la suprématie des Blancs.
12:23 Il y avait tout un prêchiprêcha sur l'usure, un terme qui nous vient de la Bible et qui
12:32 fait référence au taux d'intérêt.
12:34 Mais ce qui était le plus frappant dans ce dépliant, c'était un symbole.
12:40 Pour analyser ce manifeste, les agents savaient qu'ils pourraient obtenir de l'aide de
12:50 l'un des reporters du Spokesman Review.
12:52 Bill Morlin est un expert en groupes extrémistes de la région.
12:55 J'étudie les groupes racistes du Nord-Ouest depuis 22 ans.
13:00 Le plus important d'entre eux, la nation aryenne, est située à 55 kilomètres de
13:05 Spokane, dans le nord de Idaho.
13:07 Il a attiré dans la région beaucoup d'autres groupes comme ceux qui contestent les impôts,
13:11 les groupes contre l'avortement, le Ku Klux Klan et la Band Commutatus.
13:14 Le FBI montra à Morlin le manifeste des voleurs.
13:19 C'était le credo des racistes blancs.
13:24 Mais ce qui m'a le plus étonné, c'était ce qu'il y avait au bas de la page.
13:27 On pouvait y voir une croix chrétienne à laquelle on avait superposé un « P ». C'était
13:32 le logo du sacerdoce de Phineas.
13:35 Les individus qui se réclament du groupe de sacerdoce de Phineas ou de Phiné, prétendent
13:41 commettre leurs crimes en vertu de la loi de Dieu, telle qu'ils l'interprètent.
13:45 Ils peuvent même voler des banques, par exemple, pour financer leurs projets et renverser le
13:50 gouvernement fédéral.
13:51 Morlin parle alors aux agents d'une entrevue qu'il avait faite quelques mois plus tôt.
13:55 Dans le cadre d'un reportage, il avait réussi à rencontrer plusieurs membres d'un groupe
14:01 extrémiste dans un endroit secret.
14:02 Ceux-ci ne s'étaient pas identifiés comme membres du sacerdoce de Phineas, mais leur
14:08 croyance était semblable.
14:09 En arrivant là-bas, on a rencontré sept ou huit individus, lourdement armés de fusils
14:16 de chasse automatique, d'armes de poing et portant des vêtements de camouflage.
14:20 Ils nous ont fait une démonstration de plusieurs exercices militaires.
14:23 Les hommes lui expliquèrent qu'ils travaillaient en cellule, sans chef officiel ni organisation.
14:31 L'absence de chef les rendait plus difficiles à retracer par les autorités.
14:36 Ils déclarèrent qu'ils préparaient une confrontation armée avec le gouvernement
14:43 fédéral.
14:44 J'ai alors demandé « mais qu'est-ce qui arriverait si un agent de police vous arrêtait
14:51 pour une infraction au code de la route et trouvait ses armes après l'un de vos exercices
14:55 militaires ? »
14:56 Et l'un d'eux m'a répondu sans hésiter « je tuerais le policier ».
15:01 « Quand vous avez un tel arsenal, a-t-il ajouté, vous courez un grand danger et pour
15:05 protéger le groupe, vous tueriez n'importe quel agent de police.
15:09 »
15:10 Les agents croyaient que ces voleurs étaient aussi dangereux qu'insaisissables.
15:16 Après que des hommes eurent volé une succursale de la US Bank de Spokane dans l'état de
15:29 Washington et fait exploser des bombes à la banque et au bureau d'un quotidien, les
15:33 autorités ont enfin à soupçonner un groupuscule armé extrémiste qui s'appelait le sacerdoce
15:38 de Phineas.
15:39 Bill Morlin, reporter au Spokesman Review, est spécialisé dans les groupes extrémistes
15:46 du nord-ouest des États-Unis.
15:48 Le FBI lui demanda des détails sur les membres du sacerdoce de Phineas qui commettent des
15:53 crimes au nom de leur religion.
15:54 Ce sont des groupes clandestins de six ou sept personnes qui partagent les mêmes croyances
16:01 et qui décident de les manifester.
16:03 Ils n'en parlent pas à l'humanité tout entière et on ne peut pas trouver leur numéro
16:08 de téléphone dans le botten et sur Internet.
16:10 Ils agissent en secret.
16:11 Ils croient que Dieu est un de leurs membres et qu'ils obéissent à ses ordres en commettant
16:16 ces crimes.
16:17 L'agent spécial David Bedford faisait partie de l'équipe d'enquête sur les groupes
16:25 extrémistes de la région.
16:26 Après le vol, on avait bien peu de pistes.
16:32 Les individus portaient des cagoules et des vêtements de camouflage.
16:36 Ils portaient aussi des gants.
16:38 Mis à part le portrait robot qu'on avait fait faire du conducteur de la camionnette,
16:42 nous n'avions pas grand-chose.
16:43 Les agents du FBI auraient souhaité disposer d'autre chose qu'un croquis avant de demander
16:51 l'aide du public car il réduirait ainsi les fausses pistes.
16:54 Malheureusement, ils ne pouvaient pas attendre.
16:56 On a dû faire imprimer ce qu'on avait et distribuer des affiches un peu partout dans
17:03 l'état de Washington, en Oregon et en Idaho en espérant que quelqu'un identifierait
17:08 cet individu.
17:09 On a reçu des centaines et des centaines de tuyaux de pistes possibles sur l'identité
17:14 de cet individu.
17:15 Malgré des centaines d'heures à suivre des pistes, les enquêteurs n'obtinrent
17:21 rien de valable.
17:22 L'affaire ne progresserait pas tant que le groupuscule ne passerait pas de nouveau
17:32 à l'action.
17:33 Le 12 juillet, soit trois mois après les premiers assauts, une femme aperçut un homme
17:41 portant une cagoule en train de mettre une bombe devant une clinique de Spokane.
17:44 Elle appela la police pour donner le numéro de plaque d'immatriculation de sa camionnette.
17:57 Les répartiteurs de la police dépêchèrent des pompiers et des policiers sur les lieux.
18:03 Comme une dizaine d'autres policiers, l'agendant Spivey se mit en route vers la clinique.
18:11 Ce que les policiers ignoraient, c'était qu'au même moment, la banque volée en avril
18:19 était la proie d'un nouveau braquage.
18:20 Cette fois, il y avait trois hommes armés plutôt que deux.
18:28 Comme lors du vol précédent, les assaillants avaient une bombe.
18:33 Une des caissières reconnut la voix d'un des voleurs et elle déclencha l'alarme silencieuse
18:41 pendant qu'elle lui remettait l'argent.
18:42 Les hommes étaient d'une redoutable efficacité.
18:48 Ils se parlaient en langage codé et semblaient avoir planifié le vol à la minute près.
18:52 Mais ils n'avaient pas remarqué la caissière du guichet pour automobiliste qui travaillait
18:58 dans une aile séparée de la banque.
19:01 Alors que les clients à l'intérieur de la banque avaient les yeux rivés sur les armes
19:05 braquées sur eux, tout semblait normal pour ceux de l'extérieur.
19:08 La caissière du guichet extérieur espérait que les voleurs n'avaient pas entendu la
19:20 voix du client sur le haut-parleur et que celui-ci pourrait l'aider.
19:23 Elle ignorait si le client comprendrait ses gestes et s'il l'aiderait ou s'enfuirait.
19:34 À la banque, les assaillants échangèrent quelques mots et déclarèrent que c'était
19:41 un code bleu.
19:42 Ils s'enfuirent avec 37 000 dollars en argent liquide et la bombe qu'ils avaient apportée.
19:48 Le client du service à l'auto vit les hommes monter à bord d'une camionnette.
20:00 Il les prit en filature pendant qu'il appelait le service d'urgence.
20:09 La répartitrice de Spokane conseilla à l'homme de ne pas courir de risque inutile.
20:17 Celui-ci lui dit qu'il suivrait le véhicule à bonne distance jusqu'à l'arrivée des
20:23 policiers.
20:24 L'agent Dan Spivey se dirigeait vers la banque quand on lui annonça qu'un client poursuivait
20:30 les voleurs.
20:31 La répartitrice nous a annoncé qu'un homme muni d'un portable avait pris des suspects
20:38 en filature.
20:39 Ainsi, on retransmettrait les informations à tous les patrouilleurs.
20:43 Spivey changea de direction pour tenter de rattraper les voleurs.
20:51 Le client de la banque donnait régulièrement des informations sur son emplacement, mais
21:00 il peinait à suivre la camionnette des suspects sans être repéré.
21:03 Derrière un centre commercial, le client a perdu le véhicule de vue.
21:10 J'ai fouillé rapidement le secteur pour le retrouver, mais sans succès.
21:14 J'ai dû retourner à mon point de départ pour recommencer les recherches, mais cette
21:18 fois-ci de façon plus méthodique.
21:19 Après une heure de recherche, Spivey entra dans un garage au nord du centre-ville.
21:29 J'ai vérifié à l'étage supérieur et à l'une des extrémités, j'ai cru apercevoir
21:38 le véhicule suspect.
21:39 Une des plaques d'immatriculation était identique à celle du véhicule du vol de
22:04 banque et l'autre à celle du véhicule de la tentative
22:13 d'explosion de la clinique.
22:15 Il ne semblait y avoir personne à bord.
22:20 Le sergent James Goodwin de l'esquade anti-bombe, qui avait aidé à désamorcer la bombe dans
22:34 la camionnette après le vol de la banque en avril, déclara le véhicule dangereux.
22:38 Compte tenu de l'autre affaire, ce véhicule pouvait tout autant contenir un engin explosif.
22:45 Si l'on tenait compte du fait que c'était leur deuxième tentative et qu'ils avaient
22:50 échoué la première fois, il était logique de penser que cette fois-ci, ils auraient tout
22:54 fait pour réussir à faire exploser le véhicule.
22:57 Il y avait une forte odeur d'essence, mais il était difficile de savoir quel type d'engin
23:04 explosif se trouvait dans la camionnette.
23:06 Plutôt que d'envoyer un membre de l'esquade, les techniciens utilisèrent leur robot spécialisé.
23:14 Ils le dirigeaient à distance, en sécurité dans le camion de l'unité.
23:20 On envoyait le robot pour voir ce que contenait le véhicule.
23:30 L'appareil était muni d'une caméra vidéo.
23:36 C'était les yeux à distance de l'esquade anti-bombe.
23:39 Les techniciens téléguidaient le robot afin de voir ce que contenait la camionnette.
23:45 Les fenêtres de cette camionnette étaient teintées et l'on n'a donc pas pu voir
23:52 grand-chose.
23:53 Il semblait bien y avoir quelque chose dans le véhicule, mais la caméra du robot n'arrivait
24:00 pas à renvoyer une image nette à cause des vitres teintées.
24:03 Les techniciens activaient alors le canon qui tire un projectile à l'aide de pression
24:08 à eau plutôt qu'avec de la poudre explosive pour éviter les étincelles.
24:12 Les robustes pinces du robot servirent à retirer les éclats de veille.
24:25 Après avoir brisé la vitre, on a pu voir à l'intérieur et constater qu'il y avait
24:35 un dispositif pour mettre le feu.
24:37 On aurait dit que cela devait allumer un incendie dans la camionnette, ce qui aurait détruit
24:45 beaucoup d'indices.
24:46 Le technicien sortit la bombe du véhicule à l'aide du robot téléguidé.
24:55 Il put ensuite transporter la bombe à un endroit isolé où elle serait désamorcée.
25:02 On utilisa de nouveau le canon à eau.
25:15 Une fois encore, les hommes avaient utilisé une camionnette volée, mais cette fois-ci
25:24 les enquêteurs ne trouvèrent aucun dépliant ni indice à l'intérieur.
25:31 Bien qu'il y ait eu trois assaillants lors de ce dernier braquage, le FBI croyait que
25:37 c'était les mêmes individus qui avaient volé la banque trois mois plus tôt.
25:40 Ils demandèrent de l'aide à l'expert judiciaire Richard Votterbrugge du service
25:47 d'analyse audio-vidéo.
25:48 Les ressemblances entre les vêtements et les armes de deux des hommes laissaient croire
25:55 qu'ils avaient pris part aux deux vols.
25:57 Votterbrugge analysa ensuite les images pour déterminer la taille des suspects.
26:03 J'ai recours à une technique qui s'appelle la photogrammétrie.
26:09 Pour ce faire, j'utilise les mesures d'objets fixes qui se trouvent sur la scène.
26:15 Je détermine ensuite l'angle de prise de vue, c'est-à-dire comment la caméra elle-même
26:20 est située par rapport aux objets fixes.
26:24 Comme les caméras étaient orientées vers le bas, Votterbrugge dut faire de savants
26:30 calculs mathématiques pour déterminer la hauteur réelle des objets.
26:33 Il compara ensuite la hauteur des objets fixes comme les pattes d'une table à la
26:40 taille des voleurs.
26:41 Il conclut que les voleurs du vol en avril étaient vraisemblablement les mêmes que
26:49 deux des hommes du vol en juillet.
26:50 L'un d'eux mesurait environ 1,69 m et l'autre 1,82 m.
27:00 Le fait que j'ai établi que ces individus étaient de même taille dans les deux cas
27:05 nous a permis de renforcer la thèse selon laquelle les mêmes types avaient commis les
27:09 deux vols.
27:10 Pour aider à la capture de ces terroristes, la US Bank offrit une récompense de 100 000
27:19 dollars.
27:20 Malgré cette récompense, un mois s'écoula sans qu'on trouve de nouvelles pistes.
27:26 Les agents croyaient que les terroristes s'entraînaient et se préparaient à leur prochain coup.
27:32 Après que les autorités eurent imputé quelques vols de banque à Spokane aux mêmes groupes
27:45 de terroristes, la US Bank offrit une récompense de 100 000 dollars.
27:49 Le FBI fit alors publier un portrait robot du conducteur de la camionnette ayant servi
27:58 à la fuite des voleurs.
27:59 Un mois après le second vol, soit au mois d'août 1996, la récompense offerte permit
28:08 d'obtenir une piste intéressante.
28:10 Un informateur croyait avoir reconnu l'homme du portrait robot.
28:14 L'informateur, un armurier autorisé à vendre des armes, déclare avoir rencontré l'homme
28:21 avec d'autres hommes quelques mois plus tôt.
28:23 C'était avant le premier vol de banque.
28:27 Il avait vendu à un groupe d'hommes des vêtements et de l'équipement militaire.
28:32 Selon lui, l'un d'eux ressemblait à l'individu du portrait robot.
28:37 Le groupe s'était informé sur des explosifs plastiques et un bazooka.
28:42 Les hommes lui avaient ensuite demandé de l'aide pour équiper leur jeep d'une carcasse
28:47 de char et de bipieds pour leur mitrailleuse.
28:50 L'homme avait refusé, ne voulant pas être mêlé à des activités illégales.
28:54 Avant qu'il parte, l'un d'eux s'était vanté du fait qu'un petit groupe d'hommes allait
29:00 bientôt contraindre une banque bien établie à se mettre à genoux devant lui.
29:03 L'informateur déclara qu'il avait rencontré ces hommes à un atelier de mécanique qui
29:10 appartenait à l'un d'eux.
29:11 L'atelier était situé dans la petite ville de Sand Point en Haïdao, à 120 kilomètres
29:17 au nord-est de Spokane.
29:18 À la fin du mois d'août, le FBI envoya des agents à Sand Point pour explorer cette
29:27 piste.
29:28 Ceux-ci louèrent un immeuble abandonné à partir duquel ils pouvaient voir l'atelier
29:34 de mécanique.
29:35 Ils purent ainsi observer discrètement les hommes pendant qu'ils équipaient leur jeep.
29:40 L'agent spécial Mark Cullinan croyait avoir trouvé les voleurs.
29:44 En observant les sujets au jour le jour, il y avait de quoi se poser des questions.
29:54 D'abord, parce qu'aucun d'entre eux ne semblait avoir d'emploi.
29:57 C'était un signe qu'ils obtenaient leur argent par d'autres moyens.
30:03 Comme on ignorait ce qui était devenu l'argent des vols de banque, c'était une hypothèse
30:10 viable.
30:11 Les agents photographièrent les suspects et toute personne qui les fréquentait.
30:16 L'un des hommes identifiés était Robert Berry.
30:25 Celui-ci possédait un atelier de mécanique à Sand Point et pourtant il ne semblait y
30:30 avoir aucune activité commerciale.
30:32 Les agents identifiaient ensuite un autre suspect, Charles Barbee.
30:40 Même si celui-ci n'avait pas d'antécédent judiciaire, il avait été arrêté pour avoir
30:46 tenté d'acheter de l'équipement à des militaires.
30:48 Barbee et Berry étaient de la même grandeur que les voleurs de banque dont les experts
30:53 avaient évalué la taille.
30:54 Le FBI détermina que le troisième homme était Verne Merrill.
31:03 Celui-ci semblait être le chef du groupe.
31:06 Il ressemblait au conducteur de la camionnette décrit par des témoins des attentats et
31:13 des vols de banque.
31:14 Les agents devaient maintenant colliger plus d'informations sur ces hommes.
31:20 Pour les obtenir, ils durent courir des risques.
31:24 Un soir, au début septembre, après que les suspects eurent quittés l'atelier, l'équipe
31:39 de surveillance installa une caméra cachée sur un poteau téléphonique derrière l'atelier.
31:43 Les agents ne savaient pas s'il y avait des pièges dans les environs et ils ignoraient
31:50 aussi s'ils étaient surveillés.
31:52 Ils purent terminer sans encombre.
31:57 Ce que la caméra leur révéla était terrifiant.
32:09 Les hommes utilisaient diverses armes et projectiles pour voir lesquelles transperçaient le mieux
32:19 les portières de voiture et les gilets pare-balles en kevlar.
32:24 A l'évidence, ils se préparaient au combat.
32:30 Au cours de cette opération de surveillance qui dura quelques semaines, le FBI épia les
32:39 suspects du Haut-Desert et par voie terrestre lors de leur déplacement dans plusieurs villes
32:43 du Nord-Ouest.
32:44 Il y avait tout lieu de croire qu'ils repéraient des banques en vue de les dévaliser.
32:50 Le 6 septembre, soit deux mois après le deuxième vol de banque, le journal La Banque et la Clinique
33:00 qui avait été ciblée par les terroristes reçurent des lettres de menaces dans lesquelles
33:03 on leur promettait d'autres violentes attaques.
33:05 Les autorités mirent alors un plan au point pour pouvoir suivre les voleurs vers leur
33:13 prochaine cible, quelle qu'elle fût.
33:14 Un mois plus tard, soit le 8 octobre.
33:39 Les agents qui surveillaient les suspects croyaient qu'ils en étaient aux derniers
33:47 préparatifs d'un autre vol de banque.
33:48 Ils contactèrent l'agent spécial David Bateford.
34:00 Un agent m'a appelé pour m'annoncer qu'ils chargeaient leur véhicule.
34:07 J'ai alors contacté plusieurs de mes collègues pour leur dire de sauter dans leur voiture
34:12 et de se diriger vers Sandpoint.
34:14 Quelque chose allait se produire et on devait tous y rendre le plus vite possible pour les
34:18 surveiller car on ignorait où ils se dirigeaient.
34:20 Le FBI repéra les suspects alors qu'ils quittaient Sandpoint pour se diriger vers
34:26 l'ouest.
34:27 Par les plaques d'immatriculation de la camionnette, on pouvait deviner qu'ils s'apprêtaient
34:30 à commettre un crime.
34:31 Les plaques n'étaient pas les mêmes à l'avant et à l'arrière.
34:35 De plus, elles provenaient de véhicules volés.
34:38 Cela rendait toute l'opération encore plus urgente.
34:41 Les agents suivirent les hommes sur 600 kilomètres en direction de l'ouest jusqu'en Oregon.
34:47 À Hood River, les agents virent les hommes voler une camionnette sur le terrain d'un
35:00 paire de voitures d'occasion et l'ajoutaient à leur convoi.
35:02 Si les agents ne se trompaient pas, les suspects allaient utiliser cette camionnette volée
35:13 pour dévaliser une banque et ils l'abandonneraient ensuite.
35:15 On a vu les véhicules s'arrêter à un relais routier.
35:22 Ils ont alors sorti des choses d'un véhicule pour les mettre dans l'autre et ils ont semblé
35:26 se consulter.
35:27 Ensuite, ils sont repartis à bord d'un véhicule.
35:32 Les agents qui prirent la camionnette en filature devinirent alors où les suspects se rendaient.
35:37 Vers 6 heures du matin, nous étions à plusieurs centaines de kilomètres de notre point de
35:44 départ en banlieue de Portland.
35:47 On les a alors vus serpenter à travers la ville.
35:51 À 10 heures, il n'y avait plus de doute sur la banque qui serait attaquée par les
35:57 suspects.
35:58 On les a vus arriver dans l'air de stationnement de la banque et l'on a avisé les responsables
36:13 de l'établissement.
36:14 Ils ont aussitôt verrouillé les portes et gardé tous les clients à l'intérieur.
36:21 Nous projetions de les arrêter alors qu'ils descendraient de la camionnette et tenteraient
36:27 d'entrer dans la banque.
36:29 Les agents attendirent que les suspects passent à l'action.
36:35 J'étais à environ 30 mètres d'eux et avec mes jumelles, je pouvais voir ce qu'ils
36:47 faisaient dans la camionnette.
36:48 Ils sortaient leurs armes, ils enfilaient leurs cagoules et leurs vêtements de camouflage.
36:56 Bref, ils se préparaient à dévaliser la banque.
37:00 C'est à ce moment-là qu'ils ont vu ce que nous voyons aussi.
37:03 Des clients essayaient d'entrer dans l'établissement et ils se butaient à une porte verrouillée.
37:08 Les suspects suspendirent les opérations.
37:19 Les agents en place appelaient pour connaître leurs instructions.
37:23 Nos agents consultaient le bureau du procureur des États-Unis, de même que les chefs de
37:33 nos divisions, afin qu'on détermine si on avait assez d'indices pour procéder à
37:38 l'arrestation des sujets.
37:41 Pendant ce temps, des unités de surveillance suivirent le véhicule volé et virent les
37:50 suspects monter à bord de leur Suburban.
37:53 Ils ont repris la direction de l'État de Washington et nous les avons suivis.
37:59 Bientôt, les agents eurent l'autorisation de procéder à une arrestation.
38:06 Il leur restait à attendre l'occasion la moins risquée.
38:09 Quand les sujets se sont arrêtés pour faire le plein dans une station-service de l'État
38:22 de Washington, on a décidé que c'était le meilleur endroit pour les arrêter, comme
38:26 on nous l'avait ordonné.
38:27 Mais avec des suspects armés aussi violents, rien ne garantissait que l'arrestation serait
38:38 facile.
38:39 Après une enquête de plusieurs mois sur des présumés terroristes, des unités de
38:48 surveillance avaient suivi les suspects jusqu'à une station-service de l'État de Washington.
38:54 Deux des suspects restèrent dans un de leurs véhicules pendant que le troisième entrait
39:00 dans la station-service.
39:02 L'agent en chef mit alors l'opération en branle.
39:08 Tous les agents devaient se synchroniser pour que les suspects soient surpris.
39:35 L'agent spécial David Bateford découvrit alors que
40:05 les choses auraient pu très mal tourner.
40:06 À la suite des arrestations, on a fouillé leurs véhicules et trouvé des grenades à
40:12 main, des milliers de cartouches, environ une demi-douzaine d'armes différentes, des
40:18 masques à gaz, des canettes de gaz lacrymogènes.
40:21 Ces types étaient vraiment prêts à tout.
40:24 Les agents trouvèrent également une lettre de menace adressée à la banque de Spokane
40:30 qu'ils avaient dévalisée à deux reprises.
40:32 Malgré ces trois arrestations, le FBI savait qu'un dernier suspect courait toujours.
40:38 Une des questions à laquelle nous n'avions pas encore répondu, c'était qui était
40:44 le troisième homme qui était entré dans la banque le 12 juillet, en plus du conducteur.
40:49 On ne savait pas qui était cet individu.
40:51 Les agents interrogèrent des amis et des relations des trois hommes arrêtés.
40:57 Ils apprirent alors que le quatrième individu était vraisemblablement Brian Rattigan.
41:05 Une des choses qui inquiétaient les agents du FBI, c'était l'expérience militaire
41:10 de Brian Rattigan.
41:12 Apparemment, il avait subi un entraînement de tireur d'élite.
41:15 L'enquête qu'on a menée sur lui a été par conséquent très prudente, très réfléchie.
41:21 Ceux qui connaissaient Rattigan déclarèrent qu'il était lourdement armé, bien entraîné
41:30 et paranoïaque de surcroît.
41:31 Le FBI, tout comme la famille du suspect, voulait à tout prix éviter une confrontation
41:37 violente.
41:38 On a demandé l'aide de la famille de Brian Rattigan.
41:43 Après avoir discuté avec les membres de sa famille, ils en sont venus à la conclusion
41:47 qu'ils seraient dans le meilleur intérêt de Brian qu'il soit arrêté.
41:51 Ils lui ont alors envoyé un ticket de train pour lui et sa femme.
41:55 C'était un faux billet, à une heure où l'on savait qu'il n'y avait pas d'autres
42:02 passagers dans une gare de l'État de Washington.
42:04 Des agents secrets faisaient le guet, déguisés en employés.
42:09 Quand Rattigan baissa momentanément sa garde, ils passèrent à l'action.
42:25 Rattigan n'eut pas le temps de riposter ni de s'enfuir.
42:36 Lui et ses complices seraient jugés pour leurs crimes, mais pas pour leur opinion politique
42:43 ou religieuse.
42:44 Le FBI n'enquête pas sur les individus ou les groupes en raison de leur conviction.
42:50 Nous enquêtons sur des crimes et nous le faisons parce qu'il s'agit d'actes violents.
42:55 Il y a eu des attentats à la bombe, il y a eu des vols de banque.
43:00 Nous avons dû mener notre enquête comme nous l'aurions fait pour n'importe quel
43:03 autre crime violent.
43:05 Le 24 juillet 1997, Charles Barbee, Robert Berry et Verne Merrill ont été trouvés
43:20 coupables d'attentats à la bombe, de vols à main armée et ils ont tous trois été
43:25 condamnés à la prison à vie.
43:26 Lors d'un autre procès, Brian Rattigan a été trouvé coupable d'accusations similaires
43:34 et il a été condamné à 55 ans de prison.
43:36 Même si une cellule du sacerdoce de Phineas se trouve maintenant derrière les barreaux,
43:43 le FBI et les experts comme Bill Morlin, reporter au Spokesman Review, n'ignorent pas que
43:48 d'autres groupes extrémistes sont toujours actifs.
43:50 Depuis 1996, le nombre de cellules a diminué, mais je crois qu'il y en a encore beaucoup.
43:56 Les membres de ces groupuscules sont violents et secrets et ils sont tout aussi dangereux.
44:00 Si ces groupes commettent des crimes, le FBI n'arrêtera pas de les poursuivre tant qu'il
44:08 ne les aura pas démontés.
44:09 Merci.
44:19 [Générique]