• l’année dernière
00:00 Mon ex m’a menti sur sa mort
00:10:30 Je suis tombé amoureux d’une mythomane
00:21:17 Mon mec avait trois femmes en même temps

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00 C'était le coup de foude immédiat.
00:02 Putain, le jour où ça arrive !
00:04 C'était l'homme de ma vie.
00:06 Et puis un jour, la maman m'envoie un message
00:08 où elle me dit qu'il est décédé.
00:10 J'ai perdu 15 kilos,
00:12 j'ai arrêté de vouloir vivre.
00:14 Et puis un jour, je reçois un coup de téléphone.
00:16 Je réponds.
00:17 "À qui je suis en train de parler là ?"
00:19 Il me dit "écoute, Luna, je suis désolée,
00:22 j'aurais jamais dû te faire ça."
00:24 Et puis je me dis "c'est pas grave,
00:28 je vais te parler."
00:30 Et là, c'est horrible, je me choque.
00:32 Je m'appelle Luna,
00:36 et mon ex m'a menti sur sa mort.
00:38 J'ai rencontré un garçon quand j'avais 16 ans.
00:42 J'étais en première,
00:44 ça a été le coup de foudre immédiat.
00:46 On est sortis ensemble très très vite.
00:48 C'était vraiment le type de garçon
00:50 qui me plaisait.
00:52 Putain, le son de sa nez !
00:54 C'est dégueulasse.
00:56 On a été ensemble depuis 3 ans,
00:58 mais ça ne va pas durer.
01:00 C'est quelqu'un qui est très instable,
01:02 et d'une certaine manière, je le suis aussi.
01:04 On se confronte à énormément de problèmes,
01:06 et on vit une relation très toxique.
01:08 Lui, il a énormément de problèmes
01:10 financiers, familial,
01:12 il a un passif très lourd.
01:14 Et pour moi, c'est très dur à porter.
01:16 Je pars, parce que je n'en peux plus.
01:18 Et pendant quelque temps, tout va très bien.
01:20 C'est la renaissance, en fait.
01:22 Je renais de cette relation-là,
01:24 je me reconstruis, je sors,
01:26 j'ai l'impression de respirer à nouveau.
01:28 J'ai envie de faire la fête, de voir des gens,
01:32 j'ai envie de découvrir
01:34 le monde en dehors de cette relation.
01:36 Au bout d'un moment, il disparaît,
01:42 tout simplement. Et quand je dis qu'il disparaît,
01:44 c'est juste qu'il ne répond plus à des messages,
01:46 on ne le voit plus trop sur la surface
01:48 de la Terre, alors que c'est quelqu'un
01:50 qui a envie d'être vu,
01:52 qui est très sociable, qui aime être avec des gens,
01:54 être remarqué. Et donc, moi, je trouve ça bizarre.
01:56 Comme il avait beaucoup de problèmes avec beaucoup de gens,
02:00 moi, j'étais inquiète pour sa vie.
02:02 J'avais peur que quelqu'un ait essayé
02:04 de se venger de plein de choses.
02:06 Et ça m'inquiète aussi, parce qu'il doit beaucoup d'argent,
02:08 et aussi à moi.
02:10 Et du coup, j'ai entamé des démarches
02:14 de plusieurs côtés, d'abord avec sa maman.
02:16 Je la contacte en lui disant,
02:18 voilà, est-ce que tu sais où est ton fils ?
02:20 Mais c'est très compliqué, parce qu'elle ne parle
02:22 vraiment pas bien français, et que surtout, ce n'est pas une maman
02:24 qui est très présente, ce n'est pas une maman
02:26 coucouning, une maman sympa.
02:28 Elle est très distante, très froide,
02:30 et elle ne s'est pas beaucoup occupée de lui.
02:32 Donc elle est en mode, t'inquiète,
02:34 il est en train de faire sa vie, tu le connais, ça lui ressemble.
02:36 Sauf que moi, je le connais pour de vrai, et ça ne lui ressemble pas du tout.
02:38 Et puis, là, l'inquiétude
02:44 commence à monter, parce qu'en plus, je contacte
02:46 le propriétaire qui me dit qu'il ne l'a pas payé le loyer,
02:48 qu'il est rentré dans l'appart,
02:50 que c'est dans un état lamentable.
02:52 Il y a plein de petits points
02:54 qui me font dire, il lui est arrivé malheur,
02:56 mais je n'arrive pas à mettre le mot sur quoi.
02:58 Et puis, surtout, je vais dans l'appartement
03:02 parce que j'ai aussi les clés, et
03:04 il a laissé toutes ses affaires. Il y a tout.
03:06 On dirait qu'il a disparu de la surface de la Terre.
03:08 Je vais vraiment commencer à le chercher activement,
03:12 et là, je deviens même un peu paranoïaque.
03:14 Je commence à le chercher de partout, à attendre devant
03:16 les endroits où il aurait été vu pour la dernière fois,
03:18 et rien.
03:20 Et puis, un jour, je reçois un coup de téléphone,
03:22 parce que j'écrivais à des gens,
03:24 "Tu l'aurais pas vu, tu ne sais pas où il est",
03:26 de quelqu'un que je ne connais pas,
03:28 qui me dit, "Ouais, il paraît que tu cherches ce garçon."
03:30 Et je lui dis, "Oui." Il me dit, "Mais, Luna,
03:34 si tu le cherches, il est au fond du caniveau,
03:36 mort d'overdose, en train de pleurer ton prénom."
03:38 Ça n'a aucun sens pour moi. C'est lunaire.
03:44 Je ne comprends pas, et ça me fait très, très peur,
03:46 parce que là, à ce moment-là,
03:48 ça fait à peu près un mois et demi
03:50 qu'il a disparu, donc ça fait long.
03:52 Je contacte la maman en disant, "Bon, là, on va peut-être s'inquiéter
03:54 un petit peu pour de vrai et arrêter de planer.
03:56 On m'a dit ça, ça ne vous inquiète pas."
03:58 Et elle me dit, "Non, non, non, je connais mon fils.
04:00 T'inquiète pas."
04:02 Et elle arrête pas de me dire... Je lui dis, "Moi, je vais appeler les flics.
04:04 Je veux appeler la police, je veux qu'on
04:06 m'aide à le retrouver." Enfin, c'est pas normal.
04:08 Elle me dit, "Non, ne contacte pas les autorités,
04:10 parce que sinon, quand il va revenir, il va avoir des problèmes.
04:12 Tu sais qu'il a des problèmes avec la justice."
04:14 Moi, à ce moment-là,
04:16 j'ai 18 ans, donc c'est...
04:18 c'est très compliqué de
04:20 dire non à un adulte.
04:22 À peu près deux semaines plus tard, la maman m'envoie
04:26 un message où elle me dit qu'il est décédé,
04:28 que j'avais raison.
04:30 "Tu avais raison pour Fabien.
04:32 Il est mort depuis plusieurs semaines.
04:34 La police m'a téléphonée pour me dire qu'il était mort d'overdose."
04:36 Elle me dit que vu que je l'avais laissé,
04:38 qu'il était seul et qu'il a pas réussi à vaincre
04:40 tous ses démons...
04:42 Donc moi, je tombe des nues, mais il y a une partie de moi qui ne la croit pas.
04:44 Comment on annonce ça à quelqu'un ?
04:46 C'est affreux. Elle me dit, "Si tu l'avais pas
04:48 abandonné, il serait toujours avec nous."
04:50 Elle me répète ce genre de phrases.
04:52 Je lui envoie un message deux jours plus tard et je lui dis,
04:54 "Je veux venir à l'enterrement."
04:56 Et elle me dit que son corps va être rapatrié en Italie,
05:00 que c'est un tombeau familial
05:02 qu'elle veut pas. Elle m'envoie d'ailleurs
05:04 une photo d'une tombe qui est complètement floue.
05:06 (musique)
05:08 Dessus, il y a son deuxième
05:10 prénom et son nom de famille.
05:12 Et en fait, moi, je suis là en mode,
05:14 "C'est sa tombe, ça me fait une émotion de dingue."
05:16 J'ai eu beaucoup de mal à le dire autour de moi
05:18 et à rendre ça concret parce que
05:20 j'étais à ce moment-là très éloignée
05:22 de tous mes proches. Et du coup,
05:24 les quelques personnes à qui je les ai dit m'ont dit,
05:28 "Mais tant mieux, c'est tout ce qu'il méritait."
05:30 J'ai entendu ce genre de phrases. J'étais très, très seule.
05:32 Je sortais pas beaucoup. C'est vraiment
05:34 une période où je suis tombée
05:36 au plus bas. J'ai perdu 15 kilos.
05:38 J'ai arrêté de vouloir vivre.
05:40 Parce que je vivais
05:42 avec ce truc-là de "C'est ma faute si
05:44 j'étais pas partie. Il serait
05:46 toujours là." Et
05:48 je me disais, "Je vais devoir vivre avec ça toute ma vie."
05:50 (musique)
05:52 (musique)
05:54 Et puis ensuite, j'ai déménagé.
05:56 (musique)
05:58 Je rencontre des gens incroyables qui me font
06:00 beaucoup de bien. Je renais et surtout,
06:02 je peux parler de lui à des gens qui ne le connaissent pas.
06:04 (musique)
06:06 (musique)
06:08 J'étais entourée.
06:10 Ça me faisait du bien.
06:12 Quelques mois passent et
06:14 on est le jour de Noël. La dernière fois que j'étais
06:16 venue dans cette maison de famille, c'était avec lui.
06:18 Donc les souvenirs me remontent un peu
06:20 à la tronche. À ce moment-là, ma famille,
06:22 c'est toujours compliqué. Je me sens
06:24 hyper isolée. En fait, j'ai pas envie d'être là.
06:26 Je me sens pas bien. Et je sors dehors pour
06:28 aller fumer une cigarette. Je prends mon téléphone
06:30 et j'écris à la maman.
06:32 Et je la défonce. Mais je la défonce.
06:34 Je lui dis que...
06:36 Je sens qu'elle me ment depuis des mois,
06:38 qu'elle me donne pas des informations. Et puis dans tous les cas,
06:40 je trouve ça horrible de pas m'autoriser
06:42 à venir me recueillir et m'aider à faire mon deuil.
06:44 Et en fait, j'ai besoin que cette haine,
06:46 cette colère que j'ai là, à cet instant T,
06:48 du fait de me sentir rejetée, elle aille sur quelqu'un
06:50 et ce sera elle.
06:52 "Je vous déteste."
06:54 Dans le message, je lui dis
06:56 que je vais très mal, parce que je le disais pas beaucoup.
06:58 "J'ai chéri votre fils pendant plus de 3 ans
07:00 et vous ne m'avez même pas aidé à faire mon deuil."
07:02 Je reçois une réponse
07:04 et c'est écrit dans un français très bon.
07:06 Y'a pas de faute. Alors qu'elle, elle fait
07:08 un mot sur trois en français,
07:10 arabe et italien.
07:12 Et ça me dit "profite de tes fesses, mon amour.
07:14 On en parlera plus tard. Je pense que
07:16 tu mérites de profiter de tes fesses."
07:18 Quelque chose comme ça.
07:20 Je sais pas à qui je parle, donc je réponds
07:26 à qui je suis en train de parler là.
07:28 Et il a même pas écrit son prénom,
07:30 il a pas eu besoin, il a juste écrit
07:32 "Ecoute, Luna, je...
07:34 je suis désolée, je pleure
07:36 en écrivant ce message, j'aurais jamais dû te faire ça.
07:38 Je suis désolée."
07:42 Il écrit, il écrit, il écrit.
07:44 C'est horrible, en fait, c'est horrible, parce que
07:50 je ne sais pas ce que je dois ressentir.
07:52 À ce moment-là, j'en sais rien.
07:54 Est-ce que je suis contente ?
07:56 Il est en vie. Voilà.
07:58 Est-ce que je suis en colère ?
08:00 Mais t'es sérieux, mec ?
08:02 Est-ce que je suis...
08:04 J'en sais rien. Je suis juste là
08:06 face à ce portable, que je regarde
08:08 comme ça.
08:10 Et je réponds rien.
08:12 Et là, je déconnecte.
08:14 Je retourne dans ce repas de famille
08:16 et je me souviens de rien. Je me souviens pas
08:18 être rentrée chez moi, je me souviens pas avoir
08:20 dit au revoir aux gens. Juste le choc.
08:23 Je m'étais construite sur ce deuil-là.
08:25 Et ça pourrait paraître comme quelque chose
08:28 qui nous soulage, mais quand ça fait
08:30 dix mois que tu te tapes avec ça,
08:32 que tu te bats au quotidien, c'est horrible.
08:34 Je me sens d'un vide,
08:36 d'un truc, c'est...
08:38 C'est un scénario de film, c'est pas
08:42 quelque chose que les gens font dans la vraie vie.
08:44 Pendant ces dix mois, sa maman,
08:48 moi, je vais la croire sur parole, en fait,
08:50 à partir du moment de la photo de la tombe
08:52 et puis d'elle qui me parle tous les jours de ça,
08:54 en fait, ça devient une réalité.
08:56 Et puis de toute façon, il réapparaît pas, il a disparu
08:58 de partout. À aucun moment,
09:00 enfin, quand on est dedans, à aucun moment
09:02 on se dit "il va simuler sa maman".
09:04 Ma théorie, et c'est une théorie,
09:12 c'est que quand il a su, quelqu'un avait dit
09:14 "si tu le cherches, il est au fond du caniveau",
09:16 il a surfé sur cette vague-là en se disant
09:18 "bon, au moins je suis débarrassée". Et il a dit à sa maman
09:20 "c'est ça, ça va me sauver la vie"
09:22 puis sa maman, c'est pas quelqu'un de très réfléchi,
09:24 elle est plutôt dans le "je suis le mouvement".
09:26 Il y a aussi une théorie
09:28 où c'est lui qui m'écrit derrière le téléphone, en fait, tout le long.
09:30 Donc c'est une possibilité aussi, j'aurai jamais la réponse.
09:32 Souvent, dans les pires épreuves, on trouve les plus grandes victoires.
09:40 C'est pas mon cas.
09:42 C'est sûr que ça m'a endurcie,
09:44 ça a fait de moi ce que je suis aujourd'hui, donc j'en suis
09:46 contente, mais ça m'a plutôt laissé
09:48 des traumas qu'autre chose. C'est très compliqué de faire confiance,
09:50 c'est hyper dur.
09:52 Et puis, une terreur de la mort,
09:54 que la personne parte,
09:56 quelqu'un ne me répond pas pendant 5 minutes, il est décédé.
09:58 Il y a beaucoup ce truc-là de confiance,
10:00 de peur qui s'est instauré,
10:02 mais je travaille dessus,
10:04 je bosse dessus,
10:06 mais je pense que ça me suivra toute ma vie.
10:08 Je ne méritais pas ça.
10:10 Je méritais mieux.
10:12 Tout va bien pour moi aujourd'hui,
10:14 je vais travailler sur les petites choses qui malheureusement m'a laissé,
10:16 mais c'est tout ce qui me laissera,
10:18 et aussi bien dans 10 ans, ce sera bon.
10:20 Je suis face à une femme
10:32 qui n'a pas arrêté de me mentir.
10:34 Je découvre que tout est faux,
10:36 tout a été monté
10:38 de toutes pièces. C'était la médaille d'or
10:40 au GIO en matière de mythomanie.
10:42 Ça fait 4 mois
10:44 qu'elle va mourir dans 3 semaines.
10:46 Je m'appelle Julien Marty,
10:48 je suis tombé amoureux d'une mythomane.
10:50 Le 26 juillet 2015,
10:52 je découvre
10:54 un message d'une fille que j'ai rencontrée
10:56 30 ans auparavant.
10:58 Elle prend contact en me disant
11:00 "Comment va ta vie ?"
11:02 "Salut Julien, ça fait longtemps !
11:04 Comment tu vas depuis tout ce temps ?"
11:06 On se raconte
11:08 nos vies respectives, je l'invite à manger
11:10 chez moi et elle accepte.
11:12 Le jour où elle arrive, j'ai préparé une belle table,
11:14 l'ascenseur arrive,
11:16 la porte s'ouvre,
11:18 je vois tout de suite qu'elle est soignée,
11:20 qu'elle est bien coiffée,
11:22 qu'elle est souriante et...
11:24 je suis déjà sous le charme.
11:28 On se sourit tout de suite et je la fais rentrer.
11:34 Après l'apéritif,
11:38 elle me propose de passer à table
11:40 et elle vacille légèrement.
11:42 Donc moi je m'amuse
11:44 et je lui demande
11:46 si elle est beurrée après deux verres de vin.
11:48 Elle me répond que non,
11:50 que c'est à cause de sa hanche
11:52 et qu'elle m'expliquera.
11:54 Donc moi,
11:56 je ne pose pas plus de questions,
11:58 on passe à table.
12:00 Et l'attraction
12:06 physique à ce moment-là
12:08 est très présente
12:10 et donc, à un moment donné,
12:12 je l'embrasse.
12:16 Ce premier baiser est magique.
12:18 J'ai le sentiment
12:22 d'être complètement
12:24 déjà tombé amoureux d'elle.
12:34 Le lendemain,
12:36 on se retrouve en terrasse.
12:38 Je lui dis "explique-moi maintenant tout ce que tu voulais me dire".
12:40 Elle m'explique qu'elle a eu un cancer
12:52 du sein,
12:54 huit ans auparavant,
12:56 qu'elle est en rémission totale,
12:58 que la chimiothérapie
13:02 qu'elle a subie
13:04 a endommagé sa hanche,
13:06 ce qui explique le vacillement
13:08 de la veille après l'apéro.
13:10 L'explication pour moi est totalement plausible.
13:12 A peu près trois semaines
13:14 après notre rencontre,
13:16 elle me dit "j'ai à nouveau un cancer".
13:18 Et cette fois-ci, c'est à l'OVR.
13:20 Je suis abasourdi
13:28 par la nouvelle.
13:30 Mon monde s'écroule.
13:32 Des examens sont pratiqués.
13:36 Le stade est trop avancé.
13:44 Je lui dis "écoute, tu l'as vaincu une fois,
13:46 donc il n'y a pas de raison que tu n'y arrives pas une seconde fois".
13:48 J'ai l'envie
13:50 de l'accompagner aux différents rendez-vous médicaux.
13:52 Je préfère y aller seul, mon cœur.
13:54 Tu m'accompagneras pour d'autres rendez-vous.
13:56 Je ne suis pas très en forme.
13:58 Je m'étonne du fait
14:00 qu'elle refuse
14:02 cet accompagnement.
14:04 Quelques jours plus tard,
14:06 ce sont des métastases au cerveau
14:08 qui surgissent,
14:10 avec des absences,
14:12 des moments de confusion,
14:14 des pertes de mémoire immédiates.
14:20 Un jour, elle m'appelle
14:22 et elle m'annonce qu'elle est enceinte.
14:24 Là, je tombe des nues.
14:26 Je me demande comment il est possible
14:28 de tomber enceinte
14:30 avec un cancer rose-overt.
14:34 Je pète un câble, je vais dire.
14:36 Et c'est quelque chose que je ne peux absolument pas envisager.
14:38 Un fœtus qui grandit
14:40 dans le corps d'une femme malade.
14:42 Je n'ose pas imaginer
14:44 dans quel état ce bébé
14:46 vient au monde.
14:48 Il n'est absolument pas question
14:50 de le garder.
14:52 Le lendemain, on réveille.
14:54 Elle m'explique
14:56 qu'elle va
14:58 faire ce qu'il faut
15:00 pour le faire disparaître
15:02 et
15:04 qu'elle ne parlera plus jamais.
15:06 Il y a toute une série de choses
15:08 qui posent question.
15:10 Et malgré tout, quand je la confronte,
15:12 elle a le chic de retomber sur ses pattes
15:14 tout de suite.
15:16 Un matin, elle me tend
15:18 une lettre écrite par sa fille.
15:20 Sa fille lui explique qu'elle la comprend.
15:26 Elle comprend très bien
15:28 le fait qu'elle soit si fatiguée
15:30 après tant d'années de lutte
15:32 face à la maladie.
15:34 Cette lettre, je la lis et
15:36 je m'étonne d'une chose.
15:38 C'est qu'elle est
15:40 tapée à l'ordinateur.
15:42 Donc je suis très étonné
15:44 de cette lettre.
15:46 Mais ça passe,
15:50 encore une fois, comme tout le reste.
15:52 La même semaine, trois personnes
15:56 de mon entourage me disent
15:58 « Est-ce que là, tu n'as pas vraiment
16:00 l'impression d'être manipulée ? »
16:02 Et je dis « Oui,
16:04 vraiment, j'ai l'impression. »
16:06 Donc je décide d'agir.
16:08 Je décide d'appeler sa fille
16:10 pour la féliciter
16:12 de la très belle lettre qu'elle a écrite
16:14 à sa maman.
16:16 Je dis « C'est une lettre dans laquelle
16:18 ta maman t'annonce qu'elle veut mettre fin à ses jours
16:20 et tu lui expliques que tu la pardonnes,
16:22 que tu comprends et que tu vas t'occuper
16:24 de ta petite sœur, etc. »
16:26 Elle me dit « Mais attends,
16:28 maman, je sais qu'elle ne va pas
16:30 très bien, mais elle ne va pas
16:32 mourir. »
16:34 Je dis « Mais est-ce que tu es vraiment
16:36 conscient de l'état de santé de ta maman ? »
16:38 Je dis « Parce que moi, ça fait
16:40 quatre mois qu'elle va mourir dans trois semaines.
16:42 Et tu lui as parlé de ça. »
16:46 Et là, elle me dit « Mais non, pas du tout.
16:48 Moi, je n'ai jamais écrit
16:50 en ces termes à maman.
16:52 Et certainement pas il y a trois semaines. Tout s'écroule. »
16:54 Je tombe
17:00 du 20ème étage. C'était vraiment très, très
17:02 douloureux.
17:04 À partir de ce moment-là,
17:08 je me lance
17:10 dans une enquête.
17:12 J'appelle entre autres la gynéco
17:18 qui a pratiqué la laparoscopie.
17:20 Je lui dis que j'ai l'impression
17:24 d'être manipulée par une de ses patientes.
17:26 Et donc, elle me répond
17:28 « Je peux vous dire que je ne l'ai pas vue depuis
17:30 2008. »
17:32 Je rappelle qu'on s'est rencontrés en 2015.
17:36 Et elle me dit « Je vous souhaite bon courage, monsieur. »
17:38 Je décide d'appeler en fait l'hôpital
17:40 où elle a été soignée huit ans auparavant.
17:42 Je me fais passer pour son médecin traitant.
17:48 Donc,
17:50 je téléphone au service d'oncologie.
17:52 La personne
17:58 consulte les fichiers.
18:00 Elle me dit « Mais écoutez, docteur, je suis désolé.
18:02 J'ai rien du tout
18:04 à voir en oncologie. »
18:06 Et donc là, je comprends que non seulement
18:08 il ne se passe rien maintenant,
18:10 mais qu'il ne s'est rien passé
18:12 huit ans auparavant non plus.
18:14 Je découvre que tout est faux.
18:16 Tout a été monté de toutes pièces.
18:18 Et qu'en fait, je suis face
18:20 à une femme qui n'a pas arrêté de me mentir.
18:22 Elle n'a absolument pas de cancer.
18:26 Et je comprends aussi,
18:28 deuxième coup de massue,
18:30 qu'elle n'a pas eu de cancer huit ans auparavant.
18:32 C'est la chute vertigineuse, quoi.
18:34 Donc, elle rentre chez moi
18:40 avec ses propres clés.
18:42 Je me garde bien d'aller l'accueillir
18:44 à la porte.
18:46 Et elle débarque dans ma chambre.
18:50 Je dis « Écoute, maintenant, ça suffit.
18:52 Ça suffit. Je sais tout. »
18:54 Alors là, elle est un peu perdue.
18:56 Elle me dit « Comment ça,
18:58 tu sais tout ? De quoi tu parles ? »
19:00 Je dis « Ben, je sais que tu n'es pas malade.
19:02 Que tu ne l'as jamais été. »
19:04 Je lui dis « Voilà,
19:06 tu as tout perdu.
19:08 Tu m'as perdu.
19:10 Moi, je t'aimais.
19:12 Et là, je m'aperçois que
19:14 tu m'as menti sur toute la ligne.
19:16 Donc, je l'ai prié de sortir
19:18 de chez moi et de ma vie.
19:20 Je ne l'ai plus jamais revue.
19:24 Ma soeur,
19:26 elle m'a vraiment
19:28 convié
19:30 à l'accompagner chez un médecin.
19:32 Et le médecin m'a dit
19:34 « Cette femme souffre du syndrome de Munchausen. »
19:36 Et c'est donc
19:38 un syndrome assez rare
19:40 qui
19:42 pousse les gens
19:44 à prendre
19:46 des médicaments pour provoquer
19:48 de faux symptômes et donc
19:50 donner l'impression qu'ils sont malades.
19:52 Ça s'accompagne de manipulations
19:56 et de mythomanie.
19:58 Elle était hyper entraînée.
20:00 Ça faisait 30 ans de mythomanie
20:02 qu'elle gérait à la perfection.
20:04 J'ai toujours dit que c'était
20:06 la médaille d'or au JO en matière de mythomanie.
20:08 En comprenant
20:10 l'état dans lequel elle se trouve
20:12 et la maladie,
20:14 ça permet
20:16 vraiment de relativiser les choses.
20:18 Ça m'a permis d'abandonner
20:20 tout ressentiment, toute colère
20:22 à son égard.
20:24 Je ne me dis pas qu'elle puisse raconter
20:26 ses mensonges, quelqu'un qui y croyait.
20:28 Mais je me suis aperçu aussi que
20:30 j'avais probablement besoin d'elle
20:32 pour exister à ma façon.
20:34 Ça ne m'a pas empêché
20:36 d'avancer dans la vie
20:38 et en tout cas d'être vigilant
20:40 et de ne plus rencontrer ce genre de personnes.
20:42 Qu'est-ce qui me dit par exemple
20:44 que toute cette histoire ne serait pas
20:46 un mytho ?
20:52 Je suis mytho
20:54 en racontant une histoire pareille.
20:56 J'ai un certain nombre de preuves
20:58 tangibles.
21:00 Je ne dis pas que c'est
21:02 l'histoire de tout le monde.
21:04 C'est mon histoire.
21:20 J'étais très attachée à lui.
21:22 On se voyait très souvent. La plupart du temps, j'étais chez lui.
21:24 Je l'aimais en tout cas.
21:26 Un jour, je reçois un DM
21:28 Instagram d'une fille que je ne connais pas.
21:30 J'ouvre ce message par curiosité.
21:32 Cette fille-là me dit que
21:34 je ne suis pas toute seule dans cette histoire.
21:36 Et en fait, on se rend compte que
21:38 dès qu'il n'était pas avec une, il était
21:40 avec une autre. Il a répété le même
21:42 schéma avec les autres filles.
21:44 Je m'appelle Lena et j'ai découvert
21:46 que mon copain avait deux autres femmes
21:48 dans sa vie.
21:50 J'ai rencontré
21:52 cet homme-là sur
21:54 une application de rencontre. On s'est parlé pendant
21:56 quelques temps sur les réseaux sociaux avant de se voir.
21:58 On s'est vu dans un bar à Paris
22:00 pour notre premier date.
22:02 Cet homme-là, c'était quelqu'un qui aimait bien les belles
22:04 choses et les beaux endroits. C'est vrai que
22:06 quand on sortait, la plupart du temps, il m'emmenait
22:08 dans des endroits chouettes que je ne connaissais pas
22:10 de base.
22:12 J'étais très
22:14 attachée à lui. On se voyait très souvent.
22:16 La plupart du temps, j'étais chez lui.
22:18 Donc oui, je pense qu'il y a un moment
22:20 où on peut dire que je l'aimais beaucoup.
22:22 Il n'y avait rien qui te laissait entrevoir des choses ?
22:30 À ce moment-là, non. Déjà, il n'y a pas
22:32 de signes avant-courroirs, de trucs étranges
22:34 qui se passent autour. En plus de ça,
22:36 on est tout le temps ensemble.
22:38 Je ne peux même pas me dire qu'il y a des choses à côté parce que
22:40 je passe tout mon temps avec lui.
22:42 On allait boire des verres
22:44 en Paris.
22:46 On est surtout allées au Mexique
22:48 ensemble parce qu'il m'a invitée aux vacances familiales.
22:50 Un jour, je suis
22:56 à la caisse du supermarché
22:58 et je reçois un message,
23:00 un DM Instagram
23:02 d'une fille que je ne connais pas.
23:04 Je me dis que je vais d'abord sortir
23:06 de là où je suis, je finis
23:08 ce que j'ai à faire et une fois que je monte
23:10 dans ma voiture, j'ouvre ce message par curiosité.
23:12 "Coucou, j'aimerais qu'on discute.
23:14 Libre-toi de m'écouter."
23:16 Cette fille-là me dit que
23:18 je ne suis pas toute seule dans cette histoire
23:20 et qu'elle va faire un groupe.
23:22 Du coup, je me retrouve
23:24 dans un groupe Instagram
23:26 avec deux autres nanas.
23:28 Et en fait, on m'apprend
23:30 que cet homme-là
23:32 que je côtoie depuis presque un an
23:34 côtoie aussi ces filles-là
23:36 en parallèle.
23:38 "Il est trop étrange, mais il était affectué
23:40 avec vous ? Je suis choquée.
23:42 Je vivais chez eux et j'avais les clés.
23:44 Je me demande juste s'il était
23:46 en couple avec une quatrième parce que là,
23:48 waouh !" Et du coup, je me dis
23:50 que je vais appeler cette personne
23:52 pour juste valider
23:54 ce qu'on est en train de me dire parce que c'est vrai que ces filles-là,
23:56 de base, je ne les connais pas. Quand je l'appelle et que je lui
23:58 demande "c'est qui machin, c'est qui machin ?"
24:00 en parlant des filles,
24:02 des autres filles,
24:04 il ne l'essaie pas du tout de me contredire
24:06 ou de me dire que c'est faux.
24:08 Il essaie d'un peu d'enjoliver la situation
24:10 en disant que c'est des filles qu'il voyait il y a longtemps,
24:12 mais c'est vrai que du coup, j'ai les infos
24:14 sur mon téléphone qui arrivent en temps réel
24:16 et il n'essaie pas de se défendre.
24:18 Donc j'ai tout de suite compris que
24:20 tout ce qu'on me racontait était vrai.
24:22 Plus je parle avec ces filles-là,
24:29 plus on se rend compte qu'il y a un soir
24:31 où, par exemple, il devait en voir
24:33 une autre, mais qu'il a annulé
24:35 et on ne sait pas pourquoi. On met toutes les dates
24:37 en corrélation,
24:39 on se donne un peu des infos
24:41 sur qui était où et quand
24:43 et en fait, on se rend compte que
24:45 dès qu'il n'était pas avec une,
24:47 il était avec une autre.
24:49 Ce qui m'a le plus fait peur,
24:51 c'est qu'il a répété le même schéma
24:53 avec les autres filles,
24:55 c'est-à-dire que le premier rendez-vous
24:57 avec les autres filles, il l'a fait au même endroit,
24:59 les mêmes surnoms,
25:01 et ils fréquentaient les mêmes endroits ensemble.
25:05 Comme je l'ai dit, j'étais en vacances avec sa famille au Mexique,
25:07 il en avait invité une autre également.
25:09 Il répétait le même schéma
25:11 avec les deux autres filles.
25:13 Tout pareil.
25:17 Vraiment, quand je suis au pied du mur
25:23 et que j'apprends la nouvelle,
25:25 j'avoue que je suis un peu
25:27 un peu désemparée
25:29 et surtout que mon téléphone ne s'arrête pas de sonner
25:31 parce que du coup,
25:33 dans ce groupe,
25:35 toutes les filles commencent à s'exciter un peu
25:37 et à se donner plein d'infos
25:39 et moi, je viens d'apprendre la nouvelle,
25:41 elle le savait déjà.
25:43 Donc je suis un peu
25:51 trop stimulée de tous les côtés.
25:53 Quand je l'apprends,
25:57 je fais une pause, j'éteins mon téléphone.
25:59 Après avoir appris la nouvelle,
26:01 j'ai mis quelques jours à m'en remettre,
26:03 évidemment, parce que ce ne sont jamais des nouvelles
26:05 très faciles à encaisser.
26:07 Je pense que si
26:11 personne ne l'avait découvert,
26:13 ça aurait pu durer très longtemps.
26:15 En parlant avec ces filles-là
26:17 et ces filles-là ont fait un peu leur enquête,
26:19 elles ont découvert qu'il y en avait d'autres
26:21 et qu'on n'était pas les seules.
26:23 Je ne sais pas ce qui s'est passé,
26:25 je ne sais pas si elles ont pris contact avec ces filles-là
26:27 comme elles l'ont fait avec moi,
26:29 mais je sais qu'il y en avait d'autres.
26:31 - Donc vous étiez beaucoup plus que trois ?
26:33 - Oui, on était beaucoup plus que trois au final.
26:35 Je me rends compte très rapidement
26:45 que je vais être triste, oui,
26:47 mais que je ne pourrais rien reconstruire
26:49 avec cette personne.
26:51 Demain, il me dira qu'il fait beau dehors,
26:53 je ne le croirai pas.
26:55 Ça m'a quand même aidée
26:57 de savoir que je n'étais pas seule
26:59 et qu'il y avait d'autres gens
27:01 qui l'avaient vécu de la même manière que moi
27:03 et avec la même personne en face.
27:05 Je pense qu'il y avait quand même
27:07 un mal-être quelque part,
27:09 peut-être un problème de confiance en soi
27:11 qui le poussait à chercher des attaches
27:13 avec différentes personnes.
27:15 Et je pense que ça a été
27:17 un peu le coup de la vie.
27:19 - Vous avez eu des moments
27:21 où vous avez eu des moments
27:23 où vous vous êtes rencontrés
27:25 avec différentes personnes,
27:27 maniaques peut-être pas,
27:29 mais il y avait un problème quelque part, oui.
27:31 S'il voit cette vidéo,
27:33 je lui dirais que j'espère qu'il va mieux
27:35 parce qu'au fond,
27:37 il n'allait pas bien.
27:39 J'espère qu'il est dans une relation
27:41 amoureuse stable.
27:43 Aujourd'hui, je vais très bien.
27:45 Je suis complètement passé à autre chose.
27:47 J'ai un chéri super
27:49 qui,
27:51 j'espère, n'a pas trois autres femmes
27:53 dans sa vie.
27:55 ...

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