Grandes écoles de commerce et d'ingénieurs : l'élite, à quel prix ? [Alexandre Mirlicourtois]

  • il y a 3 mois
Très, très chères études ! Pas tous les cursus, mais certaines filières d’excellence sont devenues hors de prix. C’est le cas notamment des 24 grandes écoles de management analysées par « Planète Grandes Ecoles ». Etudier à HEC Paris coûtait ainsi en 2023 61 700 euros pour trois années d’études, auxquels s’ajoutent les frais d’hébergement. Sur le campus de Jouy-en-Josas, il faut débourser en moyenne 660 euros par mois et c’est plus cher encore en dehors, dans les villes proches comme Versailles. Il faut ajouter au minimum 24 000 euros ; la barre des 86 000 euros est quasiment atteinte. [...]

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00:09 Très, très chères études.
00:12 Pas tous les cursus, mais certaines filières d'excellence sont devenues hors de prix.
00:18 C'est le cas notamment des 24 grandes écoles de management analysées par PlanEd Grandes Écoles.
00:24 Étudier à HEC Paris coûtait ainsi en 2023 61 700 euros pour trois années d'études,
00:31 auxquelles s'ajoutent les frais d'hébergement.
00:33 Sur le campus de Jouy-en-Josas, il faut débourser en moyenne 660 euros par mois.
00:39 Et c'est plus cher encore en dehors dans les villes proches comme Versailles.
00:43 Il faut ajouter un minima 24 000 euros.
00:46 La barre des 86 000 est quasiment atteinte.
00:49 La note est salée, mais HEC n'est pas un cas isolé.
00:53 Six établissements, le SCP, l'ESSEC, l'EDEC, le M-Lyon et SCEMA dépassent le seuil des 50 000 euros.
01:01 Les parisiennes et le top 10 s'inscrivent dans le contexte plus général
01:05 d'une très forte augmentation des frais de scolarité ces dix dernières années.
01:10 Aucune école n'y échappe.
01:12 Finalement, seules deux réussissent à avoir des frais inférieurs à 30 000 euros,
01:17 si bien qu'en moyenne il faut débourser un peu plus de 43 000 euros.
01:20 Une facture en hausse de 68% depuis 2011, autrement dit qui s'est élevée au rythme de 4,4% l'an.
01:29 C'est totalement déconnecté de l'évolution de l'inflation ou de la progression du revenu des ménages,
01:34 mais aussi des rémunérations des jeunes diplômés.
01:37 En dix ans, l'évolution des salaires à la sortie a augmenté d'un peu moins de 6 600 euros brut par an.
01:44 C'est plus de deux fois inférieur à celui des frais de scolarité.
01:48 Bref, le rendement du diplôme a diminué.
01:51 La flambée des prix ne va pas en outre sans poser des problèmes de financement.
01:55 Bourses au mérite ou d'excellence, alternance pré-ato zéro ou garantie par l'État,
02:01 de nombreux dispositifs sont là pour alléger le fardeau.
02:04 Mais cela ne suffit pas, le reste à charge dépasse largement
02:07 les capacités financières de l'écrasante majorité des Français.
02:11 C'est un frein évident à la diversité sociale des promotions.
02:14 Trois quarts des étudiants sont ainsi issus de milieux sociaux favorisés ou très favorisés.
02:20 Cadres, cadres dirigeants, chefs d'entreprise, professions intellectuelles, universitaires et professions libérales.
02:27 Cela serait cependant une erreur de faire au seul business school le procès en manque de diversité sociale.
02:34 A priori, les écoles d'ingénieurs échappent à la critique, malgré des frais d'inscription hausses.
02:39 Parmi les quelques 200 écoles habilitées à délivrer un titre d'ingénieur,
02:44 plus de 60% ont des frais de scolarité inférieurs à 2 000 euros l'année.
02:50 Mines Paris, l'école d'ingénieurs public la plus chère, coûte 3 850 euros par an.
02:57 Cerise sur le gâteau, la plus célèbre d'antelles.
03:00 Polytechnique paie même ses étudiants environ 1 300 euros brut par mois.
03:04 C'est d'ailleurs aussi le cas pour les différentes entités de l'école normale supérieure.
03:08 Cela en fait-il pour autant des temples de la méritocratie et de la diversité sociale.
03:13 Plus d'un étudiant sur deux d'une école d'ingénieurs est issu d'une famille de cadres supérieurs.
03:18 Plus de 6 sur 10 pour le NS et 7 sur 10 pour l'X.
03:23 C'est plus de deux fois la moyenne nationale.
03:25 Les grandes écoles sélectives sont également les plus sélectives socialement
03:29 et se caractérisent par une importante reproduction intergénérationnelle.
03:34 Les enfants d'anciens polytechniciens ont ainsi 296 fois plus de chances d'être admis à l'X que les autres.
03:41 En outre, c'est le contribuable qui est sollicité pour le financement des écoles publiques d'ingénieurs.
03:46 Et la facture est salée.
03:48 Le coût de la formation d'un ingénieur est d'environ 60 000 euros,
03:51 celui d'un polytechnicien hors rémunération de 110 000 euros sur trois ans.
03:56 Alors certes, les polytechniciens doivent s'engager au moins 10 ans dans la fonction publique
04:01 dans les 20 ans qui suivent leur formation.
04:03 Mais dans les faits, beaucoup partent exercer dans le privé,
04:06 dans la finance par exemple où les salaires sont beaucoup plus élevés.
04:10 Dans ce cas, la règle veut que les élèves remboursent une partie des frais de scolarité
04:14 pris en charge par l'État durant toutes leurs études.
04:18 Mais les usages ne sont pas aussi clairs.
04:20 En fin de compte, c'est la collectivité qui paie à grands frais la reproduction sociale.
04:25 Les filières d'excellence, qu'elles soient financées par le public ou privatisées,
04:29 coûtent de plus en plus cher.
04:30 Avec ce même résultat, les jeunes de milieux modestes en sont en grande partie exclus.
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