• il y a 5 mois
Alain FOKA et Claudy SIAR sont ils des journalistes anti français comme le dépose sous serment Anne Sophie AVE, Ambassadrice pour la diplomatie publique de la France en Afrique devant la commission d’enquête du Sénat français ? Et si on arrêtait l’hypocrisie !!! Réponse sans ambiguïté.

Une chronique d’Alain Foka
Réalisation : Sébastien Faye

Captation : Sébastien Faye
Montage et animations : Sébastien Faye - Ayina Thiam

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Transcription
00:00 Plus on avance, plus il se dévoile, plus le mythe s'effondre.
00:08 Vous avez un journaliste qui n'est heureusement plus aujourd'hui sur RFI
00:11 et qui conseille des chefs d'État en Afrique, qui s'appelait Alain Foka.
00:14 Donc vous pouvez écouter les éditos qui ne sont pas du tout dans le sens de ce narratif positif
00:22 sur le partenariat que nous avons avec l'Afrique.
00:26 Le lion a vraiment perdu ses dents.
00:28 Quand on écoute ça, ça donne envie de paraphraser le président Laurent Gbagbo.
00:32 Devant, c'est maïs.
00:34 En face, c'est maïs.
00:36 En face, c'est maïs.
00:40 Je n'aurais jamais pris sur moi de répondre à une telle accusation, une telle diffamation,
00:44 si cela s'élimitait aux joutes traditionnelles et trop souvent haineuses des réseaux sociaux.
00:49 Mais là, il s'agit tout de même de Anne-Sophie Havé,
00:52 ambassadrice pour la diplomatie publique de la France en Afrique,
00:55 nommée par le président Emmanuel Macron en personne,
00:58 qui parle sous serment devant une commission au Sénat français.
01:01 Et sous serment, s'il vous plaît.
01:03 Je vous invite, Madame l'ambassadrice, à prêter serment,
01:06 de dire toute la vérité, rien que la vérité, en levant la main droite et en disant "je le jure".
01:12 Madame l'ambassadrice, soit vous avez sciemment menti à la commission,
01:18 ce qui est grave et condamnable par la loi,
01:20 soit vous êtes vraiment ignorante de la réalité du terrain, de l'environnement,
01:24 que vous êtes censée connaître.
01:26 Ce qui explique la gravité de la détérioration de l'image de la France à l'international.
01:30 Une chose est certaine, vos 40 minutes d'audition illustrent,
01:33 s'il était encore besoin de le mentionner,
01:35 le fossé qui vous sépare de la vérité du terrain subsaharien.
01:38 Elles illustrent les raisons de l'échelle de votre mission.
01:41 Vous êtes hors sol.
01:43 Mentir est extrêmement facile, puisqu'on n'a pas besoin de démontrer que c'est vrai.
01:46 Il suffit de mentir.
01:48 Mais pour débanquer et pour démonter un mensonge,
01:52 il faut pouvoir donner des chiffres, des éléments tangibles.
01:55 Et ça, ça prend beaucoup plus de temps.
01:57 Je suis d'accord avec vous sur cette assertion.
02:00 Mais nous allons essayer de vous faire mentir sur ce coup encore une fois.
02:04 En apportant la vérité, la vraie,
02:06 qui va corriger l'énorme mensonge que vous avez libéré.
02:09 Parce que les temps ont changé, madame l'ambassadrice.
02:11 L'époque est révolue où les autres n'avaient pas droit à la parole.
02:14 Où ce que disait l'occidental était parole d'évangile.
02:17 Vous êtes manifestement atteinte du syndrome Bush.
02:20 Si vous n'êtes pas d'accord avec moi, alors vous êtes contre moi.
02:23 Je dis que sur nos médias de France Média Monde,
02:26 il y a des éditorialistes,
02:30 il y a des journalistes dont le discours
02:33 est totalement dans la ligne de la propagande antifrançaise.
02:36 Depuis un certain temps, on a vu se développer un discours très officiel
02:39 qui veut que toute personne qui critique l'action de la France,
02:42 ses interventions en Afrique ou dans le monde,
02:44 les choix opérés par Paris à l'international,
02:47 les propos du président Emmanuel Macron tiennent un discours antifrançais.
02:50 Ils feraient de la propagande antifrançaise, du French bashing.
02:54 Ça s'appelle de la paresse intellectuelle.
02:57 A moins qu'avec vous, les responsables de la communication des nations du Nord,
03:00 aient simplement adopté la politique de l'autruche
03:03 qui consiste à enfuir la tête dans le sable pour ne pas regarder la vérité en face.
03:07 Molière disait que sans la liberté de blâmer, il n'était pas un éloge flatteur.
03:10 Madame l'ambassadrice, critiquer une action, une mauvaise politique,
03:14 une décision négative, ne fait pas de l'auteur un antifrançais.
03:18 Si c'était le cas, je pense que vous aurez beaucoup de mal à arriver au bout de l'inventaire.
03:22 La liste serait longue, très longue des antifrançais.
03:25 Elle commencerait au sein même des leaders nationaux
03:28 qui chaque jour, dans leur lucidité, expriment leur désaccord avec les choix faits par les autorités.
03:33 La France ne peut pas à la fois accepter la situation institutionnelle créée au Tchad
03:39 après la mort du président Idriss Déby,
03:41 tout en condamnant le Mali d'Assimigoïta,
03:45 en reconnaissant la jeunte du colonel Damiba au Burkina Faso,
03:51 en envisageant de faire la guerre au régime nigérien via la CDAO
03:56 et en donnant son feu vert au coup d'État mené au Gabon par le général Brice Oligui Nguema.
04:02 Il arrive un moment où les subtilités théoriques se transforment en argusies rhétoriques
04:08 qui finissent en douloureuses contorsions et fait le lit du sentiment de deux poids deux mesures.
04:16 Je le dis sans embages,
04:18 si nous ne sommes plus compris de nos amis africains,
04:21 dans les chancelleries comme dans la rue,
04:23 c'est parce que nous ne sommes tout simplement pas compréhensibles.
04:27 Le franc CFA est un instrument qui n'y a plus aucune légitimité.
04:32 Il est la relique d'un temps révolu aux yeux des peuples africains.
04:36 Rendez l'indépendance monétaire à ces États
04:39 et vous verrez rapidement les choses changer et évoluer.
04:43 Et ce n'est pas la perfide transformation du franc CFA en éco
04:47 proposée par Emmanuel Macron qui va changer quelque chose puisqu'elle ne règle rien.
04:51 Figurez-vous qu'il y a un demi-million de morts aux confins de l'Europe.
04:54 Un demi-million dont la plupart, dont beaucoup, sont ukrainiens.
04:58 Mais on continue parce que sur le front du boulevard Saint-Germain,
05:02 on est très courageux pour envoyer des jeunes ukrainiens mourir.
05:06 Un demi-million.
05:08 Par exemple, un élément de la France-Afrique qui est quand même indéniable,
05:11 ce sont nos bases militaires.
05:13 Nos amis britanniques ont un empire colonial deux ou trois fois plus important que le nôtre en Afrique,
05:17 n'ont pas de bases militaires.
05:19 Pourquoi avons-nous des bases militaires en Afrique ?
05:21 Ce n'est pas pour défendre l'Afrique, c'est donc pour intervenir dans les affaires africaines.
05:25 C'est notre politique de double standard.
05:27 Elle n'est plus supportée en Afrique. Plus du tout.
05:30 Le coup d'État au Tchad, c'est très bien.
05:33 Le fils des Billes prend le pouvoir, c'est un coup d'État, puisqu'il suspend les institutions.
05:37 Avec l'accord des Français.
05:38 Avec l'accord des Français, avec la présence du président.
05:41 Qui légitime.
05:42 Exactement.
05:43 Qui légitime le coup d'État en allant sur place.
05:46 Et puis vous faites 1500-2000 kilomètres vers l'Ouest, vous allez au Mali,
05:51 et puis là vous dites "ah ben non, le coup d'État c'est pas bien, la jeune n'a aucune légitimité",
05:55 c'était les propos de Jean-Yves Le Drian.
05:57 Soit on est pro-Macron, soit on est accusé d'être pro-Poutine.
06:02 J'en peux plus de ce discours de "nos valeurs", "nos valeurs",
06:06 nos valeurs que nous voulons imposer au monde entier, nos valeurs.
06:09 Mais on ne fait pas la guerre simplement pour ces valeurs,
06:11 sauf quand on vient chez vous essayer de vous imposer les valeurs des autres.
06:15 Mais quel est donc ce droit divin qui a fait de la France le soldat
06:18 de toutes les justes causes dans le monde,
06:21 alors que le seul empire mondial existant, les États-Unis s'y refusent ?
06:25 Non mais où est-on là ? C'est sérieux !
06:29 Quand on est président de la République, il faut avoir de la maturité,
06:33 il faut avoir de la sagesse, il faut avoir de la prudence.
06:36 Parce que quand vous provoquez celui qui va devenir votre adversaire,
06:39 puis demain votre ennemi, il ne faut pas s'étonner ensuite
06:42 si on se prend des palots sur la gueule.
06:44 La France aujourd'hui avec Macron n'est plus respectée sur la scène internationale.
06:48 Macron a tendance à vouloir donner des leçons à la Terre entière, à tout le monde,
06:54 et il a tout le monde contre lui.
06:56 La France de Macron n'est plus respectée.
06:58 Et je dois dire que je suis quand même absolument stupéfait sur le plan politique
07:03 de voir qu'une partie des élites françaises continue encore
07:08 à soutenir un pouvoir qui est discrédité sur la scène internationale.
07:13 Nous ne sommes pas le Zorro des relations internationales.
07:15 Nous n'allons pas débarquer en disant, nous voulons vérifier que vos institutions sont démocratiques,
07:19 parce que nous ne le faisons pas en Arabie Saoudite.
07:21 Donc je ne vois pas pourquoi on le ferait ailleurs.
07:23 Moi je pense qu'on s'est battus pour la France.
07:25 Je pense que parfois c'était un peu limite.
07:27 Je pense qu'il aurait parfois fallu un débat national plus important.
07:32 Qu'est-ce qui vaut que ces soldats engagent ma responsabilité en tant qu'individu,
07:38 en tant que citoyen français, en allant tuer des gens ?
07:40 Il y a des mots de miratoire qui sont dépassés en Afrique.
07:44 Et vouloir intervenir avec nos armées au sol, 5 000 hommes, etc.,
07:49 ce n'était pas la réponse adéquate.
07:51 Nous sanctionnons la Russie quand elle agresse l'Ukraine.
07:55 Nous sanctionnons la Russie quand elle ne respecte pas les résolutions des Nations Unies.
07:58 Et voilà 70 ans que les résolutions des Nations Unies sont votées en vain,
08:03 et que l'Israël ne les respecte pas.
08:05 La Libye, on n'a pas respecté la souveraineté d'un peuple, et ça c'est une erreur.
08:09 On oublie seulement une chose, c'est qu'une grande partie de l'argent qui est dans notre porte-monnaie
08:15 vient précisément de l'exploitation depuis des siècles de l'Afrique.
08:19 Pas uniquement, mais beaucoup viennent de l'exploitation de l'Afrique.
08:23 Alors il faut avoir un petit peu de bon sens, je ne dis pas de générosité,
08:30 de bon sens, de justice, pour rendre aux Africains, je dirais, ce qu'on leur a pris.
08:39 On va arrêter ici la liste des antifrançais, des auteurs du French Machine,
08:43 sinon nous serons encore là pendant quelques jours à écouter leur déclaration,
08:47 leur récrimination des choix de pari.
08:49 Je suppose que pour vous, Madame l'Ambassadrice, seuls eux ont la légitimité de blâmer,
08:53 seuls eux ont le droit d'exprimer tout haut leur désaccord.
08:56 C'est vrai qu'on ne peut guère les soupçonner d'être antifrançais,
08:59 de tenir des discours contre leur pays.
09:01 Nous, Claudie Sciarra et moi, si.
09:03 On n'a pas le bon teint. Sinon comment l'expliquer autrement ?
09:06 Les faits sont têtus, Madame.
09:08 Et devant la commission d'enquête, on voit comment vous avez du mal à citer
09:12 les noms des journalistes coupables de French Machine lorsqu'on vous l'exige.
09:16 En off, c'est plus commode.
09:19 [Inaudible]
09:21 Pas en on. Pas en on.
09:23 Là, notre grande ambassadrice perd un peu de pied.
09:26 Elle ne s'attendait pas à être ainsi bousculée, puisque l'accusation,
09:29 la diffamation en off, dans le cadre de la chasse aux sorcières, est plus aisée,
09:33 plus facile dans le secret d'un bureau où on charge l'autre.
09:36 On doit faire ça entre nous.
09:37 Sauf qu'il s'agit d'une commission d'enquête qui a choisi, chose louable,
09:41 de rendre les choses publiques.
09:42 Alors, Madame l'Ambassadrice, sous pression, lâche le morceau.
09:45 Ce qui se dit en off depuis des années.
09:47 Vous avez un journaliste qui n'est heureusement plus aujourd'hui sur RFI
09:50 et qui conseille des chefs d'État en Afrique, qui s'appelait Alain Foka.
09:53 Donc, vous pouvez écouter les éditos qui ne sont pas du tout dans le sens
09:59 de ce narratif positif sur le partenariat que nous avons avec l'Afrique.
10:05 Et voilà, c'est dit, Madame l'Ambassadrice.
10:08 Vous m'apprenez que mon rôle au sein de RFI était de faire la promotion
10:12 du partenariat positif entre la France et l'Afrique.
10:14 Je n'ai pas lu ça dans mon contrat d'embauche et personne ne me l'a demandé
10:18 pendant les 32 années que j'ai passé dans cette maison.
10:21 Au moins, c'est clair.
10:22 Ce que vous attendez du journaliste de cette grande maison,
10:25 c'est de faire la promotion de la France auprès des Africains.
10:28 Désolé, ce n'était pas mon job.
10:30 Je me réjouis du fait que personne dans l'administration de France Média Monde
10:33 ne me l'ait demandé.
10:35 Je ne pense pas que vous rendez service à ce média en exprimant ainsi
10:38 ce que vous en attendez.
10:39 Les confrères sur place n'étaient pas tous au courant de la mission manifestement.
10:43 Cela ne contribue pas à maintenir sa crédibilité.
10:46 Je me réjouis que certains de ces dirigeants vous aient rappelé
10:49 les règles déontologiques qui régissent le métier de la presse,
10:52 même si vous en avez été déçus.
10:55 L'action, c'est d'interroger ces médias en disant
10:57 "Est-ce que c'est bien normal ?" et ils nous répondent
10:59 "Il y a une liberté de la presse et une liberté éditorielle."
11:03 C'est un bon point pour les responsables de RFI, même s'ils voulent déplorer.
11:06 Encore une bourde qui s'inscrit dans celle déjà célèbre du président Macron.
11:11 Je pense que collectivement, nous devons être beaucoup plus réactifs,
11:14 beaucoup plus mobilisés sur les réseaux sociaux,
11:16 travailler avec des alliés et des partenaires de la France
11:19 dans les opinions publiques.
11:21 Et à cet égard, nous devons beaucoup mieux utiliser
11:24 le réseau France Média Monde, qui est absolument clé,
11:27 qui doit être une force pour nous.
11:28 Notre audiovisuel extérieur français, il est à l'image de la France,
11:33 c'est-à-dire il donne la parole à toutes les opinions,
11:38 y compris celles qui vont être anti-françaises.
11:41 Ce qui n'est pas, par exemple, le cas de la BBC,
11:43 qui va vraiment avoir résolument pris un parti qui est de dire
11:48 "Voilà, la BBC va diffuser de l'information telle que nous,
11:52 britanniques, nous la voyons."
11:54 Donc on regarde la BBC et nous avons l'image telle que les britanniques le voient.
12:00 Ça va faire plaisir aux britanniques d'apprendre qu'ils font de la propagande,
12:03 contrairement à la presse française.
12:04 On ne peut pas plus s'enfoncer, c'est la grande noyade.
12:07 En plus, ce que dit Mme l'ambassadrice est totalement faux.
12:10 Partout dans la presse mondiale, qui paye commande ?
12:13 Si je ne crois pas à quelque chose, je ne vais pas essayer de le mettre dans mes antennes.
12:17 Notez, Mme de Malherbe, que j'ai devant moi quelqu'un qui appartient à une chaîne.
12:21 Qui j'ai, moi, devant moi ? À qui appartient votre chaîne ?
12:24 Est-ce qu'elle subit des pressions ? Est-ce qu'il y a des directives sur le plan politique, diplomatique ?
12:30 Vous voulez dire que ceux qui nous payent ont une influence sur ce que l'on dit ?
12:33 En général, on peut le supposer, oui.
12:34 Autre remarque que la commission d'enquête doit mentionner, autre mensonge qui m'éclaire mieux sûr.
12:39 L'origine de la rumeur persistante qui court sur ma personne.
12:42 Vous dites sans sourcier que je conseille les chefs d'État en Afrique.
12:46 Vous avez un journaliste qui n'est heureusement plus aujourd'hui sur RFI
12:49 et qui conseille des chefs d'État en Afrique, qui s'appelait Alain Foka.
12:52 Figurez-vous, madame, que j'aurais aimé que ce soit vrai.
12:55 Conseiller des chefs d'État en Afrique serait un réel honneur pour moi.
12:58 Surtout lorsque l'on sait combien cette fonction de conseiller est courue par les dirigeants occidentaux,
13:03 les anciens chefs d'État, les anciens ministres, les anciens ambassadeurs et chefs d'institutions internationales
13:09 qui écument les palais subsahariens sans aucune connaissance des réalités locales
13:13 et qui proposent souvent des idées vaseuses et des documents foireux, inadaptés pour toucher de gros cachets.
13:19 Ils installent même leurs fondations, leurs instituts dans les chancelleries.
13:23 Ça ne choque personne. C'est même une tradition assumée.
13:27 Croyez-moi, si cela m'était proposé, je le vivrais comme un honneur, une reconnaissance de mon parcours
13:32 parce que cela me permettrait de rendre utile et impactant ma petite expérience sur le continent.
13:36 Pour l'instant, ce n'est pas encore le cas.
13:39 Et si vous en connaissez qui ont besoin de mes conseils, n'hésitez pas à me les recommander.
13:43 J'apprécierais, même si vous évoquez ces chefs d'État avec une certaine condescendance
13:48 alors que vous leur picorez dans la main à la première occasion.
13:51 En attendant, figurez-vous que je travaille sur autre chose de plus impactant.
13:55 Si vous aviez mieux préparé votre audition, si le but de ces témoignages devant la commission d'enquête
14:00 était de faire avancer votre cause de façon positive, vous sauriez sur quoi je travaille depuis plusieurs années maintenant
14:06 avec un groupe d'Africains de tous horizons dans Mansa.
14:09 Vous sauriez que j'ai fait le choix personnel de démissionner de RFI pour me mettre résolument au service d'une cause.
14:15 Celle de penser l'Afrique autrement et de participer à faire entendre notre son de cloche, notre narratif à nous.
14:22 Celle de faire des propositions pour faire avancer notre continent.
14:25 Pourquoi ne serions-nous pas capables, nous Africains, de mettre en place un système propre
14:30 qui nous permettrait d'être tournés vers le futur mais ancrés dans le passé, sur ce socle que constituent nos légitimités ?
14:37 Donc je pense que sincèrement, personne n'a de leçons à nous donner. Nous devons nous-mêmes savoir où aller et garder le cap.
14:44 Ça peut paraître abstrait, incompréhensible pour un Européen dont les ancêtres ont posé des solides bases
14:49 pour la construction de sa société, d'intégrer l'engagement d'une personne au service d'une telle cause.
14:54 Je le comprends, mais nous avons un continent à construire. Chacun doit y jouer sa partition.
14:59 Ma génération et celle de mes aînés, nous avons échoué à le mettre en ordre de bataille.
15:03 Nous devons au moins avoir la décence, la correction, le devoir d'aider nos enfants à comprendre nos faiblesses,
15:09 nos erreurs, à les décomplexer et à leur donner un cadre où ils discutent et réfléchissent à des solutions sans complexe.
15:16 Si vous préniez moins souvent vos informations dans les halls et lounges des hôtels internationaux
15:20 auprès des expatriés, des œuvrés qui disent souvent n'importe quoi sur les pays qui les accueillent
15:25 sans connaître des populations avec lesquelles ils n'ont très souvent pas de contacts,
15:29 vous auriez été au courant du travail de Mansa, qui est désormais installé dans le paysage panafricain
15:34 avec une ferme volonté de proposer des solutions qui nous conviennent, qui ressemblent à nous,
15:39 qui sont en adéquation avec notre société. Et ceci dans tous les domaines.
15:43 Me réduire, moi, à la seule propagande contre la France est insultant et traduit le manque de sincérité
15:49 qui sous-tend votre démarche. Madame l'ambassadrice, la cause africaine ne saurait se limiter au seul débat
15:55 sur la France dans un monde où l'Afrique est au centre et où tout le monde gravite autour d'elle.
16:00 La France dans cet environnement est certes une puissance, certes un partenaire potentiel,
16:05 mais elle reste quantité négligeable dans l'équation dans laquelle nous sommes désormais inscrits.
16:10 Faites cet effort de voir les choses ainsi. Beaucoup doit couler sous les ponts et aujourd'hui, les Africains voient global.
16:17 Aujourd'hui, vous avez quand même une variété d'offres de partenariats.
16:21 C'est ce que j'allais dire, Madame.
16:23 Que ce soit la Chine, l'Inde, le Brésil, la Russie, l'Afrique du Sud, le Kenya, le Nigeria,
16:30 on va être ouvert à voir ce qu'il y a comme bénéfice pour nous.
16:35 Et ça, c'est une chance pour l'Afrique ou un risque ?
16:37 Absolument. C'est une chance. C'est une chance, vous le savez.
16:40 L'économie, la position monopolistique, c'est jamais bon pour le consommateur.
16:45 Alors là, il y a une ouverture du point de vue du partenariat avant et avec l'Europe.
16:50 Maintenant, il y a d'autres possibilités.
16:53 Des partenaires qui sont un peu plus liquides que l'Europe. C'est ça la réalité des choses.
16:58 Et dans cet esprit, notre travail n'est pas contre un pays ou une entité. C'est trop réducteur.
17:03 Nous travaillons pour l'Afrique, pour les intérêts de ce vaste continent.
17:07 Celui qui ne l'a pas compris restera sur le carreau.
17:10 Ni Claudiciard ni moi ne sommes inscrits dans le French Machine.
17:13 Nous sommes pour l'Afrique. J'espère que vous saisissez la nuance.
17:17 Elle est énorme. Sinon, prenez le temps de visiter nos plateformes.
17:20 Vous verrez à quel point les thèmes, les sujets, les commentaires sont diversifiés.
17:25 C'est toujours bien de travailler sur le sujet lorsque l'on a une telle responsabilité.
17:29 Le mensonge peut être lourd de conséquences pour vous.
17:31 Le mensonge prend l'ascenseur, la vérité prend l'escalier.
17:34 Assurément. Et là, vous avez pris l'ascenseur.
17:37 Certains chefs d'État nous disent comment vous pouvez tolérer des propos comme ça sur des médias français.
17:42 Fustiles médias d'audiovisuel étrangers.
17:46 Je suis un peu gêné lorsque vous lâchez un tel brûlot, une telle information,
17:50 que cette commission d'enquête n'insiste pas autant qu'elle l'a fait pour nous
17:53 et vous demande de citer ces chefs d'État africains qui vous reprochent
17:56 de laisser dire du mal de la France sur les antennes de France Médiamonde.
18:00 Cela aurait été intéressant de vous entendre les nommer,
18:02 même si globalement on connaîtra aux quatre nègres de salon dans nos chancelleries
18:06 capables de ce type de démarches.
18:08 Ça nous est reproché dans un certain nombre de pays parce qu'ils considèrent que nous faisons,
18:13 que RFI, à travers certaines émissions, certains éditorialistes,
18:19 certains journalistes, va faire de la propagande antifrançaise.
18:22 Et ce qui est très mal compris de la part de certains de nos partenaires,
18:25 de certains chefs d'État en Afrique.
18:27 C'est dommage qu'on ne soit pas allé un peu plus loin pour demander gentiment leur nom.
18:31 Pour que cela soit public comme on l'a fait pour Claudie Siar et moi.
18:34 Mais dans le même temps, on le connaît bien.
18:36 Je parlais bien de celle-là et d'éditorialistes qui, sur RFI par exemple,
18:41 étaient nos pires détracteurs.
18:43 Et qui ont, grâce à leur présence sur ces médias, une certaine notoriété.
18:50 Regardez ce qu'ils publient sur les réseaux sociaux, on est dans la propagande antifrançaise.
18:54 Or ils sont crédibles puisqu'ils sont sur des médias que nous finançons.
18:58 Chère madame l'ambassadrice, nous avons gagné notre notoriété,
19:01 notre crédibilité grâce à notre présence sur l'antenne de RFI.
19:04 C'est une évidence et on en est content.
19:06 Mais si RFI nous a retenus aussi longtemps, sans discontinuer sur ces antennes,
19:10 avec une telle exposition, ce n'est pas par charité.
19:13 C'est bien parce que nous faisions de l'audience.
19:16 Nos magazines ont toujours eu un succès renouvelé.
19:18 Et ont contribué à crédibiliser RFI auprès de ses auditeurs.
19:21 C'est donc un échange gagnant-gagnant.
19:23 Et certains en Afrique nous reprochent d'ailleurs.
19:25 Alors le crédit dont nous bénéficions, nous l'avons construit par la qualité de notre travail.
19:30 Autrement nous n'aurions pas passé une trentaine d'années, Claudie Siar et moi, en prime time sur ces antennes.
19:36 En ce qui me concentre, en deux ans, dont 16 ans quotidiennes et 16 ans bihebdomadaires.
19:40 Parfois avec trois magazines différents dans la même semaine.
19:43 Médias d'Afrique, Archives d'Afrique et Afrique Plus.
19:45 Et plus tard, le débat africain.
19:47 C'est un record sur cette antenne.
19:49 Et tenez-vous bien, sans aucune plainte ou procès en diffamation,
19:52 alors que je faisais des émissions sensibles de politique et d'histoire contemporaine.
19:56 Alors la crédibilité, je crois la mériter largement par mon travail.
20:01 Et je suis parti volontairement pour faire autre chose de plus intéressant pour moi.
20:06 Mes patrons en redemandaient, figurez-vous.
20:08 Et Claudie Siar, qui est là depuis aussi longtemps que moi quasiment, malgré vos pressions,
20:12 personne n'a osé lui demander de partir ou diminuer son temps d'antenne.
20:16 Ce qui traduit le poids qu'il représente et le bénéfice qu'en tire RFI.
20:21 On sait la pression que vous exercez dans le sens de le voir partir.
20:24 Et puis vous écoutez parfois des éditos de Claudie Siar,
20:27 ou vous écoutez ce qu'il écrit sur les réseaux sociaux.
20:29 Vous vous dites que ce n'est pas tout à fait acceptable non plus.
20:32 Au-delà de ces accusations sur nos personnes,
20:35 ce qui est encore plus insultant pour les Africains,
20:37 c'est cette propension à mettre toutes leurs réflexions,
20:40 toutes leurs remarques sur le compte de la propagande russe.
20:43 Ils seraient tous sous influence de Moscou, Pékin, Ankara et même Téhéran.
20:47 Une infantilisation qui traduit le regard, la perception
20:50 que vous avez Madame l'ambassadrice de l'Africain et avec vous, vos patrons.
20:54 Madame l'ambassadrice, depuis la colonisation, beaucoup doit couler sous les ponts.
20:58 Il va bien falloir vous faire à l'idée que l'Africain n'a pas besoin
21:01 d'une quelconque influence extérieure pour développer sa pensée.
21:04 Nous avons été ceux de ma génération et celles de mes aînés
21:07 influencés par la pensée venue d'Occident.
21:10 Par l'éducation, par la culture, par les médias,
21:13 nous avons fait de vos vérités les nôtres.
21:15 Nous avons passé notre vie à les assimiler,
21:17 à en être des ambassadeurs aînés.
21:19 Il fallait que l'on pense et agisse selon vos valeurs,
21:22 selon votre culture, pour trouver grâce à vos yeux.
21:24 Nous sommes tous devenus des êtres mimétiques.
21:27 L'intellectuel était celui qui pouvait citer Kant, Descartes
21:30 et autres, Voltaire, Molière, Verlaine, Racine et j'en passe,
21:33 ou encore celui qui maîtrisait la pensée keynésienne
21:35 et autres économistes européens des temps immémoriaux.
21:38 On se sentait grand, intelligent, parce que l'on maîtrisait la pensée
21:41 d'un Adam Smith, d'un David Ricardo, d'un Thomas Malthus.
21:45 Des concepts certes importants dans votre environnement,
21:48 mais totalement inadaptés aux nôtres, qui n'ont permis à aucun de nos pays
21:51 de procurer le bonheur à ces populations.
21:53 Seulement, à la faveur de l'ouverture du monde, à la faveur des brassages,
21:57 des rencontres, des guerres faites à vos côtés,
22:00 nos enfants plus aguerris, plus cultivés, sont débarrassés de ces complexes.
22:04 Avec les réseaux sociaux, les rencontres,
22:06 ils n'avalent plus religieusement vos concepts, vos idées, vos positions.
22:10 Vous avez certainement loupé un épisode de cette profonde mutation.
22:14 Il va falloir, Madame l'Ambassadrice Avey, que vous compreniez
22:17 qu'en matière de propagande, la France et l'Occident
22:20 n'ont vraiment pas de leçons à nous donner.
22:23 C'est un peu l'hôpital qui se mouche de la charité.
22:25 Nous avons été nourris à votre propagande depuis tellement longtemps
22:29 que vous avez fini par être persuadés, vous-même, qu'elle est la seule vérité.
22:33 Ouvrez les yeux. Le résumé dont fait l'objet la version occidentale
22:37 des convulsions du monde vient d'un fait.
22:39 Nous n'avons vécu que sous l'emprise de votre propagande.
22:42 Et comme dit un adage, "chat échaudé, crain l'eau froide".
22:45 Je vous fais un petit assortiment de cette propagande
22:48 à laquelle nous sommes soumis au quotidien,
22:50 à travers les médias que vous considérez comme les plus crédibles
22:53 et de la part des dirigeants qui nous font la leçon.
22:56 En moins d'un petit coup de pouce de dry anthrax dans un enveloppe,
23:00 Saddam Hussein possède déjà deux des trois components clés
23:04 nécessaires pour construire une bombe nucléaire.
23:06 Un aveu qui a été fait cette semaine, la semaine dernière,
23:10 par le secrétaire américain Blinken.
23:14 En parlant, je crois, au congrès, il a dit que 90% de l'argent
23:21 que les américains, soi-disant, ont donné à l'Ukraine
23:25 ont été dépensés aux Etats-Unis.
23:28 C'est-à-dire, ils ont financé leur propre complexe militaire industriel.
23:33 Et là, c'est ça le secret de la guerre.
23:37 Les américains mènent des guerres pour s'enrichir.
23:40 Le plus grand regret de toute la présidence doit être la faillite d'intelligence en Irak.
23:46 Beaucoup de gens ont mis leurs réputations sur la ligne
23:49 et ont dit que les armes de destruction massives
23:54 étaient une raison pour enlever Saddam Hussein.
23:57 Ce n'était pas seulement des gens de mon gouvernement.
24:00 Vous savez, ce n'est pas un fait, mais j'aimerais que l'intelligence ait été différente.
24:08 Madame l'ambassadrice, pendant tant de siècles,
24:11 tous ces mensonges savamment distillés étaient des vérités évangéliques pour nous, Africains.
24:16 Nous n'avions pas d'autre source d'information que les vôtres.
24:19 Nous vivions donc au rythme de cette manipulation.
24:22 Une insidieuse propagande qui a installé en nous une mentalité d'assisté, de suiveur, de looser.
24:28 Les outils de cette propagande que vous dénoncez aujourd'hui
24:31 étaient à la fois l'école, mais surtout les médias que nous suivions quasi religieusement.
24:36 Des médias qui nous ont appris, par exemple, que Bokassa était un cannibale.
24:40 Cela ne venait à l'esprit de personne d'entre nous qu'il s'agissait là d'une cabale
24:44 pour se débarrasser de lui au moment où il était devenu gênant.
24:47 Les mêmes médias qui nous ont dit, dans les années 60,
24:50 que Nelson Mandela était un dangereux terroriste.
24:53 Des médias qui nous ont fait comprendre que l'action des Alliés en Libye
24:56 était une opération humanitaire pour sauver le peuple du dictateur, Muammar Gaddafi,
25:00 et que l'objectif était d'y installer la démocratie.
25:03 Des médias qui nous ont fait comprendre que l'engagement dans le Sahel
25:06 avait pour seul objectif la lutte contre le terrorisme.
25:09 Les Irakis ont dit qu'ils étaient dans la résistance.
25:12 Ils ont gardé les yeux ouverts et ont mis des cigarettes lits dans leurs yeux.
25:18 Je m'appelle Nayyira et je viens de Kuwait.
25:22 Quand j'étais là, j'ai vu des soldats irakis venir à l'hôpital avec des armes.
25:27 Ils ont pris les bébés de l'incubateur.
25:30 Ils ont pris l'incubateur et ont laissé les enfants mourir sur le sol froid.
25:38 Ce sont les infirmières.
25:41 C'est la fille de l'ambassadeur de Washington.
25:45 C'est un bon exemple des mensonges qui ont été distillés pendant toute cette période.
25:50 Quand on a souvent été aussi loin de la vérité,
25:53 comment voulez-vous que l'on continue de vous croire ?
25:56 Alors abstenez-vous, madame, de parler de propagande.
25:59 Ne parlez pas de cordes dans la maison du pendu, s'il vous plaît.
26:02 Nous, Africains, avons une autre lot de propagande.
26:05 Et même si c'est chaotique, même si c'est bourré d'infox,
26:08 les réseaux sociaux sont venus rétablir un certain équilibre.
26:11 Ils nous ont donné de voir d'autres vérités et nous exprimer à notre tour.
26:15 Ces anti-français, ces panafricanistes ont été repérés par les Russes
26:30 comme ayant des plateformes déjà avec une certaine visibilité
26:36 et sont devenus des proxys et ont été approchés a posteriori.
26:40 Le nouveau discours qui est devenu viral dans les administrations occidentales
26:43 est de pointer du doigt les Russes dont la propagande asservirait les Africains.
26:47 L'argument est à chaque fois le même.
26:49 La propagande russe qui fait du tort à l'Occident, à l'Afrique.
26:52 Madame l'ambassadrice, si vous avez une once de respect pour les Africains
26:56 que vous dites aimer, changez de musique.
26:58 C'est insultant de penser que les jeunes Africains ne peuvent pas réfléchir par eux-mêmes.
27:02 Qu'ils auraient besoin des Russes, des Chinois, des Turcs ou des Iraniens
27:05 pour se faire une opinion.
27:07 Qu'ils ne sont bons qu'à répéter les idées qui leur sont suggérées par Moscou, Pékin, Téhéran ou Ankara.
27:12 C'est infantilisant, Madame l'ambassadrice.
27:14 C'est risible, irréaliste, lorsque l'on sait que les médias qui dominent de façon quasi monopolistique l'Afrique
27:19 sont des médias occidentaux, avec l'avantage de parler les langues officielles, anglais ou français.
27:24 Partout dans nos pays, ils sont omniprésents et écrasent la concurrence de façon insolente.
27:29 Ça n'a aucun sens d'imaginer que ce soit ceux qui possèdent les médias les plus puissants sur le continent
27:34 qui dénoncent la propagande.
27:36 Il faut que l'on travaille avec les médias locaux.
27:39 S'appuyer sur des médias locaux et s'assurer que les messages que nous voulons faire passer
27:44 puissent passer dans des langues en utilisant les radios communautaires,
27:48 en utilisant les langues communautaires, c'est extrêmement important.
27:51 Et comme le dit le ridicule, la même dame qui dénonce la propagande
27:55 évoque celle qu'elle a élaborée en Afrique et dont elle est si fière,
27:58 celle qui va rehausser l'image de la France auprès des Africains.
28:02 Je crois que la première des ripostes, c'est le narratif positif.
28:05 À partir du moment où vous avez donné ce narratif qui est positif, que vous faites douter,
28:09 vous allez créer une dissonance cognitive où les gens vont se dire
28:12 "je veux bien qu'on me dise que la France c'est des méchants,
28:15 mais moi ce que je vois c'est qu'ils ont fait cette autoroute,
28:18 ils ont permis d'avoir de l'électricité dans cet hôpital,
28:21 c'est qu'ils financent des associations et des artistes, ils font ceci,
28:26 en fait tout ce que je vois concrètement c'est que la France nous aime et nous aide,
28:30 donc je veux bien ce narratif qui consiste à dire "la France c'est des méchants"
28:34 mais ce n'est pas ce que je constate moi sur le terrain.
28:36 Et c'est beau, c'est mignon ce nègre qui marche dans cette propagande des temps anciens.
28:40 Je pense à ma pauvre Lucette,
28:42 que vous tapez les bocas,
28:44 ne consacrez-vous pas que c'est tellement infantilisant que ça devient insultant.
28:48 Vous continuez ainsi inconsciemment de réduire l'Africain à celui qui attend
28:51 qu'on lui offre gracieusement des routes, des hôpitaux, des écoles,
28:55 qui attend de l'aide de la France, qui pense que la France est généreuse et veille sur lui.
28:59 Un discours aux antipodes de la réalité et de ce que pense la jeunesse africaine.
29:04 Chacun est désormais conscient qu'il n'existe pas d'aide ou d'amitié entre États,
29:08 il n'existe que des intérêts.
29:10 Les Africains sont désormais bien au courant.
29:12 C'est pourquoi ce fossé se creuse entre la jeunesse africaine et la politique française.
29:16 Ce type de discours est dévastateur.
29:18 Ce qu'ils attendent, les jeunes Africains, c'est un discours de vérité.
29:21 Un langage différent de celui qu'on a servi aux gens de ma génération.
29:24 Alors, peut-être que nous devons, pour gagner du temps, dire clairement, directement
29:28 ce qui explique le recul de l'Occident en général en Afrique,
29:31 et celui de la France dans le cas d'espèce.
29:33 Si vous n'en prenez pas conscience, vous pourrez toujours multiplier les boucles de misère
29:36 avec les mesures de rétorsion sans avancer.
29:39 Et vous serez supplanté plus que jamais sur un terrain
29:42 où vous étiez pourtant largement en avance et favori.
29:45 Les grièves sont nombreuses. Il faut avoir la sagesse, l'humilité de les écouter.
29:49 Je ne vais pas revenir longtemps sur les principales qui ont encore des conséquences désastreuses,
29:53 même si certains intellectuels du Nord estiment que c'est de l'ordre du passé.
29:57 La traite des grièves et la colonisation.
30:00 À votre avis, ce sont les propriétaires d'esclaves
30:02 ou les esclaves qui ont été indemnisés après l'abolition de l'esclavage ?
30:07 Ce sont les propriétaires d'esclaves.
30:09 Oui, après l'abolition définitive de l'esclavage en 1848,
30:12 la France a choisi d'indemniser les propriétaires d'esclaves
30:15 pour les dédommager de la perte économique entraînée par l'émancipation générale.
30:20 Une loi relative à l'indemnité accordée aux colons par suite de l'affranchissement des esclaves
30:25 a été votée les 19 janvier 23 et 30 avril 1849 à l'Assemblée nationale.
30:30 Cette loi va attribuer 126 millions de francs or aux 10 000 propriétaires d'esclaves.
30:36 Soit 1,3% du revenu national d'alors, l'équivalent de 27 milliards d'euros aujourd'hui.
30:42 L'Empire français perd alors près de 250 000 esclaves dans ses colonies,
30:46 en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, à La Réunion, au Sénégal et à Madagascar.
30:50 Monsieur Langley, pouvez-vous nous parler de pourquoi nous nous intéressons à ce qui se passe en Afrique ?
30:55 Si vous nous parliez de l'américain taxé, pourquoi nous sommes là ?
30:58 Pourquoi nous dépensons le moyen que nous dépensons ?
31:00 Merci pour la question, Monsieur le Président.
31:03 Pour l'accès et l'influence, je dirais que nombre de pays
31:08 sont à la pointe de se capturer par la fédération russe.
31:13 Vous nous avez toujours écrasés dans l'histoire.
31:17 Depuis la traite des nègres, qui a fait entre 200 et 500 millions de déportés,
31:29 les morts, la colonisation qui a été une tragédie terrible pour l'Afrique.
31:36 Aujourd'hui, le néocolonialisme, vous nous dominez.
31:41 Sur tous les rapports, vous nous exploitez.
31:47 Économique, culturel, politique, diplomatique, militaire.
31:55 Et vous prétendez que notre bonheur, c'est ce que vous nous dites.
32:07 Alors, dans la pratique, vous avez toujours fait le contraire.
32:13 Et vous ?
32:15 Franchement, dans ce domaine, nous n'avons pas recevoir de leçons
32:21 de ceux qui prétendent être démocrates, mais qui ne le sont pas, de notre point de vue.
32:26 En tout cas, par rapport à nous.
32:28 Ils n'ont jamais été démocrates, et ils ne le sont pas.
32:33 Alors, laissez-nous trouver en toute liberté.
32:40 Parce que, soyez convaincus que nous aussi, nous aimons la liberté.
32:44 Il n'est pas normal que la dépouille de l'un des pères fondateurs de la nation congolaise
32:49 ait été conservée six décennies durant par les Belges.
32:55 Il n'est pas normal que la dépouille de l'un des pères fondateurs de la nation congolaise
33:00 ait été conservée six décennies dans des circonstances obscures,
33:06 jamais vraiment élucidées, mais qui, à la lumière de ce qui est connu,
33:11 ne fait pas notre fierté.
33:14 Plusieurs ministres du gouvernement belge de l'époque portent en conséquence
33:18 une responsabilité morale quant aux circonstances qui ont conduit à ce meurtre.
33:24 Un homme a été assassiné pour ses convictions politiques.
33:29 Ses propos sont idéales.
33:32 Pour le démocrate que je suis, c'est indéfendable.
33:37 Pour le libéral que je suis, c'est inacceptable.
33:41 Et pour l'humain que je suis, c'est odieux.
33:44 Moi, je suis né après toutes les décolonisations.
33:47 Et on ne peut pas dire que le continent africain, c'est formidable, c'est un continent très jeune.
33:50 70% de ce continent est né après les décolonisations, même plus que 70%.
33:55 Et continuer à avoir un dialogue complètement complexé par le postcolonialisme,
33:59 c'est une manipulation, il faut quand même être lucide.
34:02 Nous, on ne doit pas tomber du côté de la facilité des habitudes d'un postcolonialisme.
34:07 Qu'on a nourri après colonisation, il faut être lucide.
34:10 Mais avec lequel on a rompu.
34:12 Évidemment, dans ce débat, on a tendance à dire "oublions le passé, ce qui est impossible",
34:16 parce qu'il y a toujours ce devoir de mémoire que nous avons,
34:21 qui est souvent qualifié par de l'hypersensibilité, mais ce n'est pas le cas.
34:25 Solzhenitsyn dit que les Allemands et les Russes ont récupéré plus facilement
34:31 après la chute du totalitarisme, que les colonisés, après la chute de la colonisation.
34:36 Et pourquoi ? Parce que l'identité culturelle des Russes, l'identité culturelle des Allemands,
34:41 sous le totalitarisme, n'était pas niée.
34:44 C'était au contraire exalté, déformé, mais exalté.
34:47 Il dit que dans les pays coloniaux, c'est l'identité culturelle qui est niée.
34:51 Un autre facteur au-delà de la démographie qui est très important, qu'il faut intégrer,
34:55 c'est qu'aujourd'hui, dans une société connectée, dans un monde connecté,
34:57 l'Afrique est totalement connectée.
34:59 Elle est connectée, vous voyagez en Afrique, tout le monde a un téléphone portable,
35:02 tout le monde va sur les réseaux sociaux.
35:04 Donc il y a un flux d'informations qui permet à chaque Africain déjà
35:08 de nourrir sa réflexion et d'aller contester le discours officiel français.
35:12 La décolonisation des années 60, à part le cas de la Guinée, n'a pas été une vraie rupture.
35:17 Mais aujourd'hui, on est dans une rupture systémique
35:20 et qui s'explique en partie par le facteur démographique.
35:23 Tout le monde oublie la démographie, mais...
35:25 Le passif est lourd, Madame l'ambassadrice avait, et la liste est longue,
35:28 beaucoup trop longue pour que l'on puisse ici en faire un inventaire succinct.
35:32 Ce que reproche la jeunesse est que le néocolonialisme,
35:35 je sais que vous n'aimez pas ce vocable,
35:37 mais le néocolonialisme se poursuit avec plus d'ardeur encore,
35:41 malgré les discours.
35:43 L'Occident doit justement commencer par comprendre
35:45 que ses valeurs ne doivent pas être imposées aux autres.
35:48 Il doit comprendre que les Africains, comme le reste de la planète,
35:51 ont le droit de concevoir leur propre modèle.
35:54 Le fait que l'Afrique aujourd'hui est mondialisée, il y a une ruée vers l'Afrique.
35:57 La position de la France, évidemment, est aujourd'hui beaucoup plus relative.
36:00 L'Afrique n'a guère besoin de tutorats,
36:02 de maîtres qui dictent ce qu'elle doit penser ou faire.
36:05 C'est le principal greffe qui explique le recul de l'Europe,
36:08 des États-Unis d'Amérique et celle de la France.
36:10 Cette propension a imposé leur point de vue aux autres.
36:13 La jeunesse africaine n'en veut pas.
36:15 Elle n'a pas besoin de la propagande russe pour le comprendre.
36:18 Cette façon de donner des leçons qui est frustrante en fait.
36:23 L'Occident a accumulé les erreurs et les provocations et les maladresses.
36:27 Nous, occidentaux, nous avons confondu hégémonie et universalisme.
36:31 Au prétexte que nous étions hégémoniques, nous avons dit "nos valeurs sont universelles".
36:35 Donc nous avons une position de surplomb vis-à-vis du monde entier,
36:38 de l'Afrique en particulier, sauf que l'Afrique ne l'accepte plus.
36:41 Et cette position de surplomb, il va falloir l'abandonner.
36:44 En fait, on a gardé un système qu'on a fossilisé pendant que l'Afrique évoluait.
36:48 Mais elle n'a pas évolué du jour au lendemain.
36:50 C'est-à-dire que de plus en plus, ce système qu'on appelle la France-Afrique,
36:53 avec le Français FA, les bases militaires, les armées qui interviennent
36:57 à chaque fois qu'il y a un problème de sécurité,
36:59 ce système était de moins en moins compris.
37:02 Mais enfin, ça n'a pas daté de hier.
37:04 Ça a explosé récemment, on peut le dire.
37:06 Mais il fallait que...
37:08 - Est-ce qu'il y a une responsabilité d'Emmanuel Macron ?
37:10 - Oui, c'est une responsabilité de François Hollande, de Sarkozy,
37:13 de François Hollande et aussi d'Emmanuel Macron
37:17 de n'avoir pas compris ces évolutions
37:19 et de ne pas avoir piloté la politique africaine pour l'adapter.
37:23 De toute évidence, il fallait supprimer le Français FA
37:26 parce que c'est une compétence souveraine, les questions monétaires.
37:29 Il fallait fermer sans doute certaines bases militaires.
37:32 Il fallait aussi communiquer autrement.
37:34 Il fallait se comporter autrement aussi.
37:36 Il ne fallait pas garder Barkhane avec une armée française
37:40 occupant pratiquement le Mali pendant près de 10 ans.
37:44 C'était forcément incompris par la population.
37:46 Surtout si cette armée française se substitue à l'armée locale,
37:49 si elle communique seule comme un terrain conquis.
37:52 Toutes ces erreurs accumulées, toutes ces maladresses,
37:55 ont fini par faire exploser les choses au Mali
37:58 et par contagion dans les autres pays de la région aussi.
38:00 On ne comprend pas ce qu'est la période de post-colonial,
38:04 1960 jusqu'à la chute du maire de Berlin en 1990.
38:07 Il y avait un système intégré politique, militaire, financier français
38:10 qu'on appelle pour faire cour la France-Afrique.
38:12 La France a cru qu'on pouvait poursuivre, un peu rester comme ça.
38:16 Tout le monde regardait la réunification de l'Allemagne.
38:18 Personne ne regardait l'Afrique se mondialiser.
38:21 On parle de la Russie, mais vous avez la Turquie,
38:23 vous avez le monde entier en Afrique.
38:25 Et la France est toute surprise de voir que sa coopération
38:29 on n'en veut pas forcément, etc.
38:31 Et vous avez cette anachronie, ce refoulé africain,
38:34 qui fait en disant "maintenant on veut d'autres partenaires, c'est tout".
38:37 J'en peux plus de ce discours de non-valeur.
38:40 Non-valeur.
38:41 Non-valeur que nous voulons imposer au monde entier.
38:43 Non-valeur.
38:44 Mais on ne fait pas la guerre simplement pour ces valeurs.
38:47 Sauf quand on vient chez vous,
38:48 essayer de vous imposer les valeurs des autres.
38:50 Est-ce que vous estimez qu'aujourd'hui,
38:51 les Occidentaux sont dans un péché d'orgueil ?
38:53 Apolline de Malherbe,
38:54 les Occidentaux doivent ouvrir les yeux
38:57 sur l'ampleur du drame historique qui se joue devant nous
39:00 pour trouver les bonnes réponses.
39:02 Les grandes puissances,
39:03 ceux qui maintiennent, ceux qui ont la technologie,
39:05 ceux qui ont les moyens,
39:07 estiment que ce n'est pas une priorité pour nous.
39:10 Alors là, ça revient souvent, M. le Président.
39:13 Ce n'est pas que ça revient souvent,
39:15 la réalité c'est cela.
39:17 Je pense que cette notion des règles internationales
39:21 est très confortable pour certaines personnes
39:23 d'utiliser quand ça les convient.
39:25 Mais elles ne croient pas aux règles internationales
39:27 quand ça ne les convient pas
39:29 parce qu'elles n'appliquent pas
39:31 les règles internationales ou la loi
39:34 de manière équivalente dans tous les cas.
39:36 Vous ne pouvez pas dire,
39:38 parce que l'Ukraine a été invadée,
39:41 que soudain, la souveraineté est importante,
39:44 mais elle n'était jamais importante pour le Palestine.
39:46 C'est très particulier.
39:48 Si vous croyez vraiment aux règles internationales,
39:51 alors où que la souveraineté soit infringée,
39:54 elle doit être appliquée.
39:56 Et c'est le point que nous avons fait,
39:58 que nous utilisons le framework des règles internationales
40:02 en fonction de qui est affecté.
40:06 Et nous nous disons que cela doit changer.
40:08 Vous voyez, c'est là que la loi internationale
40:11 commence à ne rien signifier.
40:13 Parce que pour certains,
40:15 nous la voyons comme un fraud,
40:18 et pour d'autres, nous la voyons comme une bénéfice.
40:21 Mais comme dit un des plus grands chanteurs congolais,
40:24 Ferre Gola,
40:25 "Vous pouvez emprisonner mon corps,
40:28 mais jamais vous ne dominerez mon esprit."
40:31 Ce que la jeunesse africaine refuse avec force,
40:33 c'est de faire encore de nos pays
40:35 les terrains d'affrontements idéologiques et militaires des grandes puissances.
40:38 Vous avez condamné l'invasion de l'Ukraine par la Russie,
40:41 mais vous revendiquez la liberté de traiter toujours avec la Russie, n'est-ce pas ?
40:44 Bien sûr.
40:46 Aujourd'hui en France,
40:48 on a condamné Israël pour certains de ses actes à Gaza.
40:52 Mais est-ce que ça empêchait la France
40:54 de garder ses relations avec Israël ?
40:56 Pourquoi est-ce que quand ça arrive aux Africains,
40:59 on veut les juger ?
41:01 On n'a pas à nous juger.
41:03 Nous avons le droit d'avoir les amis que nous voulons.
41:06 Et nous sommes amis à tous ceux qui veulent être nos amis.
41:08 C'est dit, sans ambiguïté et de façon très officielle.
41:11 Les subsahariens n'ont plus envie d'être dans tel ou tel camp,
41:14 d'être obligés de servir la cause de telle ou telle puissance
41:17 qui ne les concerne pas,
41:19 avec la condescendance qui accompagne l'injonction.
41:22 Le fait que ce soit au détriment des démocraties ne vous gêne pas ?
41:25 Que ce soit des régimes autoritaires ?
41:27 C'est quoi la démocratie ?
41:28 Alors il y a une différence.
41:29 Quand on vit dans une démocratie ou dans une dictature,
41:31 je vous assure qu'il y a une grande différence.
41:32 Permettez-moi d'inverser un peu les rôles.
41:34 C'est quoi la démocratie ?
41:36 Je me suis rendu en Chine au mois de mai dernier,
41:39 de l'année passée.
41:42 Et donc j'ai vu des Chinois
41:46 à qui j'ai parlé en aparté,
41:48 qui m'ont dit qu'ils étaient heureux de vivre dans leur pays
41:51 et dans le système dans lequel ils sont.
41:54 Qui suis-je pour aller juger ce système
41:57 et dire qu'il n'y a pas de démocratie ?
41:58 Vous savez très bien que les Chines malheureux,
41:59 ils sont déportés, arrêtés, torturés.
42:01 Voilà, vous savez très bien.
42:02 Où ?
42:03 Non, je ne sais pas, sincèrement.
42:04 Vous avez parlé de Tiananmen ?
42:05 Oui, Tiananmen, mais c'est une manifestation comme toute autre.
42:08 Il y en a eu ici.
42:09 Il n'y a-t-il pas eu de manifestation à Paris
42:12 qui ont causé des morts ?
42:15 Donc il va falloir qu'on transforme
42:18 cette manière de nous regarder
42:20 qui doit être basée sur de l'équité
42:24 et ce n'est pas le sentiment qu'on a
42:26 plusieurs siècles après dans notre relation.
42:29 Ce que les Africains reprochent à la France et aux États-Unis,
42:32 c'est aussi cette propension à s'ingérer dans toutes les affaires intérieures.
42:35 Cette vieille tradition de choisir,
42:37 de nous imposer les chefs qui leur soient dévoués.
42:40 Les chefs qui travaillent plus pour leurs intérêts
42:42 que pour ceux du pays.
42:43 On espérait que le modèle du général de Gaulle
42:45 qui mettait un David Daco dans une caravel
42:47 avec des soldats français pour aller en Centrafrique
42:49 renverser Bokassa, était terminé.
42:51 On espérait que les méthodes du sulfuré Jacques Foucard
42:54 qui refaisait le régime au sud du Sahara
42:56 au gré des intérêts de Paris, étaient révolues.
42:58 Malheureusement, non.
43:00 Elles se poursuivent.
43:01 Le président français souhaite me parler.
43:03 Il a dit qu'il a trois personnes qui sont ses gens
43:05 et qui sont de bonnes personnes.
43:06 Un peut être le président de transition
43:08 et un autre peut être le Premier ministre.
43:10 Il a demandé si je peux seulement sortir
43:12 pour faire une déclaration dans laquelle communiquer
43:14 les noms du président et du Premier ministre
43:16 afin de formaliser tout ça.
43:18 J'ai répondu, cela est hors de question,
43:20 les citoyens sont en concertation.
43:22 Quand ils finiront, nous travaillerons en fonction
43:24 de ce qu'ils décideront.
43:25 Je me souviens ce jour-là, il m'a dit d'être compréhensif.
43:28 Il a dit que quand il disait quelque chose à Ibeka,
43:30 Ibrahim Boubakar Keïta, celui-ci répondait
43:32 qu'il allait y réfléchir et qu'Ibeka
43:34 est resté dans les réflexions jusqu'à ce qu'il parte.
43:36 Donc, qu'il faut que, moi, je cesse cela.
43:39 J'ai répondu, non, cela est hors de question.
43:41 Les citoyens sont en concertation.
43:43 Quand ils finiront, nous travaillerons en fonction
43:45 de ce qu'ils décideront.
43:46 Nous ne nous sommes pas entendus.
43:47 Il est parti de son côté, je suis parti de mon côté.
43:49 Ceci a le mérite d'être clair.
43:51 Et même ceux qui n'ont pas une affection particulière
43:54 pour le colonel Assemé Goïta du Mali
43:56 ne peuvent qu'approuver sa réaction.
43:58 Les interventions comme celles-là sont quotidiennes.
44:01 Et la jeunesse africaine ne l'accepte plus.
44:03 Ce qu'il faut intégrer, c'est que pour les autres,
44:08 notamment les anciennes puissances coloniales,
44:10 je ne sais pas s'il faut parler d'anciennes,
44:12 parce qu'elles restent quand même des puissances coloniales,
44:15 ces puissances impérialistes,
44:17 l'Afrique est leur marché.
44:20 L'Afrique est à leur disposition.
44:23 C'est pour cela que vous verrez que tout le monde se bat aujourd'hui
44:26 pour avoir sa part d'Afrique.
44:28 L'Asie, qui était au même niveau que l'Afrique il n'y a pas longtemps,
44:32 se bat pour avoir sa part d'Afrique.
44:35 La Russie se bat pour revenir en Afrique.
44:37 Donc l'Afrique est devenue aujourd'hui comme une sorte de gâteau mondial
44:41 à la disposition des autres puissances
44:44 qui, eux, ont compris où se situent leurs intérêts.
44:47 On n'est plus très loin de Berlin.
44:49 Ce n'est pas parce qu'on n'est plus dans les mêmes schémas caricaturaux,
44:52 mais vous verrez aujourd'hui, en termes géopolitiques,
44:55 qu'on est en train de se repartager l'Afrique avec des nouveaux acteurs.
44:59 Donc voilà le schéma de base.
45:01 Une forme de montée politique du ressentiment
45:05 qui se nourrit ici de l'anticolonialisme réinventé ou fantasmé,
45:12 là d'un anti-occidentalisme instrumentalisé.
45:16 La dénonciation d'un double standard.
45:19 Il n'y a aucune raison que la présence française en Afrique demain soit militarisée.
45:24 On ne peut pas être la seule puissance au monde qui n'aurait plus de politique en Afrique.
45:27 Ce serait grotesque. On ne peut pas passer d'un extrême à l'autre.
45:30 Mais il n'y a pas de raison que ce soit sous cette forme militaire.
45:32 Donc il faut tout remettre à plat.
45:34 Il y a en Afrique un profond ressentiment vis-à-vis de la France.
45:39 Une profonde suspicion qui est nourrie par un certain nombre d'éléments
45:46 et au premier chef, bien sûr, la relation post-coloniale de ces pays africains avec la France.
45:53 Tout cela a été activé dans les dernières années par la militarisation de notre politique
45:59 depuis l'intervention française en Libye en 2011,
46:03 puis les interventions au Mali et au Sahel.
46:07 S'y ajoute par ailleurs le sentiment souvent d'un double discours.
46:11 On le voit sur la démocratie, puisque le traitement réservé aux États n'est pas le même
46:17 selon qu'on est le Tchad ou que l'on est le Mali ou la Guinée.
46:21 Et il y a par ailleurs du côté de l'Ukraine,
46:26 alors là, ça a été un choc pour beaucoup de pays africains
46:30 de constater à quel point il y avait deux points de mesure,
46:33 un intérêt très fort de l'Europe et de la France pour ce qui se passait à l'Est
46:37 et un désintérêt relatif pour ce qui se passait au Soudan, en Éthiopie
46:41 et dans beaucoup d'autres régions de l'Afrique.
46:44 Ce qu'on ne voit aujourd'hui en Afrique, quand on est étudiant africain,
46:48 quand on est responsable africain, quand on est de quel état que ce soit,
46:52 on ne voit qu'une chose, c'est la présence militaire de la France
46:55 et la présence financière de la France à travers le CFA.
46:58 Cette présence-là, il convient aujourd'hui de faire en sorte
47:02 qu'elle ne soit pas dominante et que notre politique ait d'autres objectifs,
47:09 d'autres buts et qu'elle apparaisse comme davantage respectueuse des pays d'Afrique.
47:13 C'est ce qui fait la force de tous les états qui aujourd'hui s'intéressent à l'Afrique,
47:17 la Turquie, le Japon, la Chine, le Brésil et bien d'autres.
47:21 Les attributs de la souveraineté depuis 20 siècles, c'est de pouvoir battre monnaie.
47:26 Si quelqu'un bat monnaie à votre place, vous lui êtes subordonnés, vous n'êtes plus rien.
47:31 Aujourd'hui, dans une société connectée, dans un monde connecté,
47:33 l'Afrique est totalement connectée.
47:35 Elle est connectée, vous voyagez en Afrique, tout le monde a un téléphone portable,
47:38 tout le monde va sur les réseaux sociaux.
47:40 Donc il y a un flux d'informations qui permet à chaque Africain déjà
47:44 de nourrir sa réflexion et d'aller contester le discours officiel français.
47:48 Ce qu'on n'accepte plus les Africains, c'est aussi cette propension
47:51 à vouloir leur imposer des partenariats,
47:53 à leur dire avec qui ils doivent ou non commercer,
47:56 à un moment où ils ont conscience que l'avenir du monde, c'est eux.
48:00 Mais le sentiment qu'il y a sur le sol africain par les élites,
48:05 les nouvelles élites, par les jeunes,
48:07 c'est que finalement, est-ce que ça en vaut la peine, plusieurs siècles après,
48:12 qu'on soit dans une relation qui n'a pas produit ce qu'elle avait,
48:15 qui était au départ une relation violente d'ailleurs.
48:17 Il faut accepter qu'ils aient une pluralité de partenaires stratégiques.
48:23 A défaut, nous précipiterons une évolution
48:26 que nous dénoncerons peut-être avec véhémence.
48:29 En réalité, les autorités occidentales en général,
48:32 les Français en particulier, savent pourquoi
48:34 elles font l'objet d'un régé de la jeunesse africaine.
48:37 Il faut arrêter la diversion.
48:39 Si le but réel de votre mission, madame l'ambassadrice,
48:42 est d'améliorer les relations avec le Sud global,
48:44 notamment avec l'Afrique,
48:46 vous avez là un patchwork,
48:48 un petit assortiment de griffes adressés à vos administrations.
48:52 Ils sont simples et logiques.
48:54 Chercher des auteurs, des activistes,
48:56 des suppos du Satan russe, chinois ou iranien,
48:59 qui seraient les responsables de ce désamour,
49:01 est juste ridicule.
49:03 Voir dans ce recul le fait de la propagande russe est absurde.
49:06 Les authentiques panafricains qui étaient en courmasse et coutourés
49:10 doivent se retourner dans leur tombe
49:12 avant de voir que le terme qui était une belle idée d'unifier l'Afrique
49:18 est utilisé aujourd'hui pour des gens
49:21 qui n'ont comme seul discours que l'anti-France.
49:24 C'est drôle pour une personne de mon âge
49:26 d'écouter une autorité française
49:28 définir ses coutourés comme un authentique panafricain.
49:32 Lui qui a été combattu, puni, son pays déstabilisé par Paris
49:36 qui le considérait comme un indécrottable dictateur à la solde de Moscou.
49:40 Paris a déployé tous les moyens pour le renverser
49:42 au point même de fabriquer de faux billets de banque
49:44 pour faire tomber son économie.
49:46 Aujourd'hui il est reconnu comme un panafricaniste.
49:49 Ça laisse un peu d'espoir à certains jeunes
49:51 qui sont pourchassés aujourd'hui.
49:53 Peut-être que dans une vingtaine d'années,
49:54 on leur reconnaîtra un certain mérite.
49:56 Mais à la vérité, est-ce que cette jeunesse attend
49:58 de la reconnaissance d'une personne
50:00 qui n'en a pas les compétences et les prérogatives ?
50:03 Ce qu'elle attend, c'est le respect.
50:05 Ce qu'elle refuse, c'est le mépris.
50:07 Ce qu'elle réclame, c'est le partenariat d'égal à égal.
50:10 C'est la fin de l'ingérence.
50:11 C'est le respect de sa souveraineté.
50:13 Ce qu'elle refuse, c'est cette propagande
50:15 qui voudrait qu'elle soit anti-occidentale.
50:17 C'est une ineptie,
50:18 puisque l'on n'a assisté nulle part au sud du Sahara
50:21 à une chasse à l'homme blanc.
50:22 On n'a assisté nulle part au sud du Sahara
50:24 à une organisation qui s'en prend aux Occidentaux.
50:27 Même au plus fort de la crise entre Paris et Bamako,
50:29 ou entre Paris et Niamey,
50:30 on a vu s'en prendre aux ressortissants français sur place.
50:33 Certains ne souhaitaient même pas quitter le territoire.
50:35 Les choses n'ont guère changé.
50:36 Alors comprenez et assumez le fait
50:38 qu'il s'agit de la dénonciation d'une pratique politique
50:41 et non du réjet de tel ou tel peuple.
50:43 Le Toulousain, ou le Montpélierain,
50:46 le Texan ou le New-Yorkais
50:47 n'ont aucune raison d'être détestés ou rejetés en Afrique
50:50 pour les choix politiques contestables et iniques de leur politique.
50:53 Comprenez que l'Africain, plus au courant pendant ce temps,
50:56 défend les intérêts de son peuple.
50:58 C'est aussi simple que cela.
51:00 Vous avez un journaliste qui n'est heureusement plus aujourd'hui sur RFI
51:03 qui conseille des chefs d'Etat en Afrique, qui s'appelait Alain Foka.
51:06 Donc vous pouvez écouter les éditos
51:08 qui ne sont pas du tout dans le sens de ce narratif positif
51:14 sur le partenariat que nous avons avec l'Afrique.
51:18 Chacun des jugés.
51:19 Nous, pendant ce temps, on essaie de repenser l'Afrique.
51:22 Je conseille à ceux qui veulent en savoir plus
51:24 de s'intéresser à l'immense travail qui se fait au sein de Mansa.
51:27 Visitez les plateformes si vous souhaitez en savoir plus.
51:30 Devant, c'est Maïs.
51:32 En face, c'est Maïs.
51:34 En face, c'est Maïs.
51:38 Je voudrais vous remercier pour votre fidélité à ma chaîne YouTube Alain Foka Officiel
51:42 qui compte de plus en plus d'abonnés.
51:44 Mais également pour mes autres plateformes digitales,
51:46 vous êtes de plus en plus nombreux,
51:48 malgré les faux comptes qui continuent de se multiplier.
51:51 Surtout que les cybercriminels sont de plus en plus actifs
51:54 et rivalisent des géniosités pour s'approprier le travail des autres.
51:58 Ils n'éprouvent aucune gêne à brouiller notre message.
52:01 Depuis l'annonce de l'arrivée imminente de notre chaîne Afo Media,
52:04 se sont multipliés les nombreux faux comptes.
52:07 Je souhaite vous mettre en garde contre ces comptes qui ne nous engagent pas,
52:10 qui ne sont pas les nôtres, que je vous demande de dénoncer.
52:14 Je voudrais également vous informer que les différentes plateformes
52:17 de notre chaîne Afo sont désormais disponibles.
52:20 C'est-à-dire le site Internet avec sa Web TV,
52:22 les applications Android et iOS que vous pouvez d'ores et déjà télécharger
52:26 en attendant notre lancement officiel dans quelques mois.
52:29 Pour faire simple et ne pas se tromper,
52:31 avec votre smartphone ou votre tablette, comme au restaurant,
52:34 scannez le QR code et vous entrerez directement dans l'univers Afo.
52:38 Nous vous y attendons, parce que c'est un tournant dans notre aventure en commun.
52:42 La date officielle de lancement vous sera bientôt communiquée, c'est promis.
52:45 Rejoignez dès à présent l'univers Afo, celui qui vous propose le narratif africain,
52:50 sans complaisance, mais sans condescendance.
52:54 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]

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