• l’année dernière
Pourquoi la jeunesse africaine rejette t’elle la France de Macron ? La Russie y est elle pour quelque chose ? La France peut elle encore retrouver sa place dans son ancien précarré ? Peut on espérer que de tout ce chamboulement naîtra un projet africain propre ?

Une chronique d’Alain Foka
Réalisation : Sébastien Faye

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Nous avons des intérêts à défendre.
00:07 Et je pense que quand on parle d'Afrique, il faut le dire clairement, parce que ça va
00:11 beaucoup mieux en le disant.
00:12 Quand on entend ceci, malgré ma prudence, malgré le regard du vieux con que je suis
00:17 devenu, je ne peux m'empêcher de m'élever et d'applaudir cette jeunesse que nous avons
00:22 du mal à comprendre.
00:23 Cette jeunesse que nous critiquons, que nous regardons souvent avec peur, curiosité et
00:29 condescendance, que nous traitons d'activistes et extrémistes, mais qui dans un environnement
00:34 que nous avons du mal à comprendre, a obtenu cette victoire.
00:38 Si la guerre pour la liberté, pour une réelle indépendance risque d'être encore longue,
00:43 personne ne peut nier que cette jeunesse africaine vient de gagner une bataille importante.
00:49 Notre modèle ne doit plus être celui de bases militaires telles qu'elles existent
00:52 aujourd'hui.
00:53 Demain, notre présence s'inscrira au sein de bases, d'écoles, d'académies qui
00:59 seront co-gérées.
01:00 Nous les avons tenues en réformant le franc CFA, en nous retirant de la gouvernance de
01:04 la zone UMOA et en faisant la démonstration que cette monnaie est bien une monnaie africaine
01:09 qui pourra, si les gouvernements de la CDO le souhaitent, préfigurer une monnaie unique
01:14 qui prendra un autre nom.
01:15 Nous y sommes prêts.
01:16 Notre croissance économique aussi, et nous Européens, nos échanges, nos emplois vont
01:20 dépendre de plus en plus de l'Afrique.
01:23 D'autres pays qui étaient moins présents que nous il y a quelques années, qui ne sont
01:26 pas mieux armés que nous, sont en train de prendre des positions, simplement parce qu'ils
01:30 prennent les pays africains au sérieux.
01:32 Qu'on le veuille ou non, le temps a changé.
01:35 On est passé de la condescendance affichée, du mépris du début, à une forme de prudence.
01:41 Évidemment, il y a encore beaucoup de chemin.
01:43 Et on s'est habitué depuis plusieurs décades aux déclarations de bonnes intentions, aux
01:48 grands élans affectueux des dirigeants français, qui nous endorment.
01:51 J'aime l'Afrique, je respecte et j'aime les Afriques.
01:57 Mais n'oubliez seulement une chose, c'est une grande partie de l'argent qui est dans
02:03 notre porte-monnaie vient précisément de l'exploitation depuis des siècles de l'Afrique.
02:08 Pas uniquement, mais beaucoup viennent de l'exploitation de l'Afrique.
02:13 Alors, il faut avoir un petit peu de bon sens, je ne dis pas de générosité, de bon
02:20 sens, de justice, pour rendre aux Africains ce qu'on leur a pris.
02:29 Le temps passé sur le continent africain est irremplaçable.
02:31 J'y ai effectué 17 déplacements, été accueilli dans 21 pays.
02:35 Les Européens sont venus en Afrique, en conquérant.
02:38 Ils ont pris la terre de vos ancêtres. Ils ont banni les dieux, les langues, les
02:47 croyances, les coutumes de vos pères. Ils ont dit à vos pères ce qu'ils devaient
02:54 penser, ce qu'ils devaient croire, ce qu'ils devaient faire.
02:59 Ils ont coupé vos pères de leur passé. Ils l'ont arraché leur âme et leur racier.
03:07 Ils ont désenchanté l'Afrique. Ils ont eu tort.
03:13 On n'est donc pas là pour nous aider. On n'est donc pas là par pitié pour nous.
03:18 On n'est donc pas là pour nous sortir de notre barbarie.
03:21 On n'est donc pas là pour nous apporter la civilisation comme on l'a professée
03:25 pendant des siècles. On est là parce qu'ils ont des intérêts
03:29 chez nous. Enfin, on le dit. Même si c'est du bout
03:33 des lèvres, on l'a dit. Ceci vient clairement mettre un terme à
03:36 ce discours savamment véhiculé depuis des siècles.
03:39 La France, elle est au service des populations. C'est ça l'idée.
03:44 On vient chercher rien pour nous-mêmes.
03:46 Notre modèle ne doit plus être celui de bases militaires telles qu'elles existent
03:53 aujourd'hui. Demain, notre présence s'inscrira au sein
03:57 de bases, d'écoles, d'académies qui seront co-gérées.
04:01 Cette victoire sur ces questions, telle que le départ encore partiel, annoncée des bases
04:06 françaises à laquelle aucun officiel n'osait s'attaquer ouvertement avant les
04:09 autorités maliennes et boukhinabées, du CFA qui était érigé en dogme, sont à
04:14 mettre au crédit de ces jeunes qui n'ont pas arrêté de manifester, de dénoncer
04:19 ces inepties, de critiquer haut et fort ces déploiements d'un autre temps.
04:24 Figurez-vous que les plus téméraires la demandaient depuis les années 1970.
04:29 Oui, oui. Comme ce jeune centrafricain.
04:32 Quand on voit des soldats étrangers, une légion étrangère se promener en arme dans
04:41 la ville assez régulièrement, quand même dans des places publiques, dans des boutiques
04:46 de la place, dans des restaurants, on voit des soldats étrangers en tenue et en arme
04:53 pénétrer dans la salle, on est perturbé intérieurement et on n'arrive pas à se
04:58 maîtriser et d'autant plus que la présence de ces troupes rappelle à bien des égards
05:05 ce qui se passait à l'époque coloniale.
05:07 Figurez-vous que personne n'accordait une quelconque attention à ces propos que l'on
05:12 considérait jusque là comme de la subversion et que nos dirigeants pour faire plaisir à
05:16 Paris punissaient sans faiblesse.
05:18 Le pauvre n'avait pas droit à Twitter, Facebook et autres TikTok ou Youtube.
05:23 S'il voulait se faire entendre, il devait obligatoirement passer par les médias de
05:27 l'ancien colonisateur, ce qui était loin d'être gagné, un peu comme aller au commissariat
05:32 se plaindre d'un policier verreux.
05:34 En écoutant ce discours à la veille de la tournée africaine du président Emmanuel
05:37 Macron en Afrique, je me suis dit qu'il faut avoir la correction de remercier la
05:42 jeunesse qui a obtenu ce premier résultat par son engagement, par son audace, par sa
05:47 perspicacité.
05:48 Ce résultat, même si dans le privé la plupart des chefs d'état francophones s'en rejouissent,
05:53 il est à mettre au crédit de la jeunesse qui a su se servir des nouveaux outils de
05:57 communication, des réseaux sociaux, sans filtre et sans censure, pour faire entendre
06:02 sa voix, pour faire pression.
06:04 Cette victoire est d'abord et essentiellement la sienne, même s'il est urgent d'attendre
06:10 pour voir sa matérialisation.
06:12 Surtout que sur certains engagements, les chefs d'état africains n'ont pas encore
06:16 été consultés.
06:17 Quelques-uns doutent même de la sincérité de ces propos, notamment dans le domaine militaire
06:21 où ils assistent, comme au Bénin et au Togo, à un forcing discret et à un redéploiement.
06:26 Attendons de voir.
06:28 Désormais, les grands médias internationaux, financés à grands frais, qui arrosent des
06:32 pays africains sans discontinuer, ont de la concurrence.
06:35 Ils ne disent plus la messe comme de notre temps, non.
06:38 Ils n'imposent plus leur lecture de l'actualité de façon professorale et dictatoriale, comme
06:42 par le passé.
06:43 Ils font même l'objet d'une grande méfiance des jeunes qui prennent ce qu'ils annoncent
06:47 avec des pincettes.
06:48 Les réseaux sociaux ont balayé la propagande française cachée derrière ce marketing
06:53 ridicule du pays des droits de l'homme et de la démocratie, quand nous sommes en réalité
06:58 le troisième pays le plus gros vendeur d'engins de la mort de la planète.
07:02 Même s'il y a encore pas mal de déchets, pas mal de travers, des choses fausses et
07:07 parfois condamnables, les réseaux sociaux sont malgré tout un contre-pouvoir qui a
07:12 permis la naissance progressive d'une opinion publique africaine.
07:15 Une opinion publique sur laquelle surfent désormais certains dirigeants francophones
07:20 subsahariens qui n'osaient pas trop contrarier leur homologue de Paris ou de Washington.
07:27 Désormais, on se parle très clairement et quelquefois de façon musclée ou en tout
07:31 cas décomplexée.
07:33 C'est justement ça qui doit changer dans nos rapports avec la France en particulier
07:39 mais l'Europe en général, l'Occident.
07:42 Votre façon de voir les choses lorsqu'elles se passent en Afrique.
07:46 Quand il y a des irrégularités aux élections américaines, on ne parle pas de compromis
07:53 à l'américaine.
07:54 Lorsqu'en France, il y a plusieurs années, maintenant lors des années Chirac, il y a
08:00 eu un scandale sur des électeurs décédés qu'on a fait voter, on ne parlait pas de
08:06 compromis à la française.
08:08 Voilà ce que je voulais apporter comme précision pour dire que ça aussi, ça doit changer dans
08:14 la manière de coopérer avec la France et l'Europe.
08:19 Regardez-nous autrement en nous respectant, en nous considérant comme de vrais partenaires
08:24 et non pas toujours avec un regard paternaliste, avec l'idée de toujours savoir ce qu'il
08:29 faut pour nous et non pas toujours.
08:32 L'heure est à l'écoute pour Paris et ses alliés.
08:35 Et la presse du Nord doit s'employer à tordre le coup au cliché.
08:39 Elle doit pleinement jouer son rôle.
08:41 Elle doit essayer au moins d'arrêter d'annonner, de répéter de façon presque mécanique
08:45 ce que leur disent leurs armées et leurs gouvernements.
08:48 Qu'elle fasse de la propagande dans la guerre en Ukraine en assurant celle-ci d'une victoire
08:52 certaine, c'est son problème.
08:54 Cela ne nous regarde presque pas en Afrique.
08:57 Nous avons nos problèmes à nous qui nous minent et sont plus urgents que de nous engager
09:01 dans leurs palabres de grande puissance.
09:04 On ne va pas commencer à demander à chaque État de justifier son vote aux Nations Unies.
09:08 Personne ne le fait pour les pays occidentaux.
09:10 Donc, permettez que les Africains fassent des choix en fonction de leurs propres ambitions.
09:15 Donc, ce partenariat stratégique avec Moscou, c'est important ?
09:18 Ce n'est pas ce que je dis.
09:19 Je dis que le Gabon fait des choix aux Nations Unies en fonction de ses intérêts.
09:23 C'est une guerre qui est très loin du Gabon, qui est très loin des pays africains.
09:27 Et nous sommes toujours étonnés qu'on nous demande de nous justifier sur les choix que nous faisons.
09:32 Personne ne demande cela à d'autres pays, notamment aux occidentaux.
09:35 Nous ne voulons pas prendre opposition.
09:38 Nous voulons nous concentrer sur ce qui nous regarde, sur ce qui menace directement notre existence,
09:44 l'existence même de nos États.
09:46 La propagande qui veut que tout Africain qui, sur les réseaux sociaux, dénonce le néocolonialisme
09:51 et taxé de prorusse commence à connaître ses limites.
09:55 En réalité, la plupart de ceux qui agitent des drapeaux russes ne savent même pas où se trouve ce pays.
10:01 Ce morceau de tissu représente simplement la résistance aux colonisateurs.
10:06 Exiger que les populations, comme le dit le genre, condamnent la présence de Wagner
10:10 a de plus en plus de mal à passer.
10:13 Ce n'est plus un tabou.
10:14 Wagner vient d'un environnement où nous parlons de la guerre que la Russie mène en Ukraine.
10:22 Wagner, si je comprends bien, c'est un prestataire privé armé.
10:28 Mais la notion d'appel, c'est-à-dire de faire appel à un prestataire privé militaire,
10:35 elle n'est pas nouvelle, ce principe-là, cette notion.
10:38 On a vu en Afghanistan qu'il y a eu des prestataires,
10:43 ce sont des prestations de sécurité privées qui sont intervenues
10:47 pour protéger des édifices et consorts.
10:49 Vous pensez à la des Américains ?
10:51 Tout à fait.
10:52 Alors, donc, ce principe n'est pas condamnable.
10:56 Quoique l'idéal serait que tout ce qui est armé soit plutôt public.
11:00 D'autres publics et non privés.
11:02 Ceux qui vous entendront diront "ah, le président Allon est en train de relativiser,
11:06 il est en train de dire certes il y a Wagner, mais il y avait aussi des sociétés privées américaines."
11:10 En effet, je relativise le principe même de l'intervention privée militaire.
11:15 Mais quelle est la cause, quel est l'objectif, quelle est la mission qui est confiée à ce...
11:20 C'est purement sécuritaire.
11:21 Est-ce que c'est un danger pour vous ?
11:22 Est-ce que selon vous, Wagner est un danger aujourd'hui en Afrique ?
11:25 Si la mission de Wagner est purement sécuritaire au service d'un pays
11:29 qui est en croix à l'insécurité, au djihadisme,
11:32 et qui n'a pas les moyens humains, techniques,
11:35 n'a pas les hommes qu'il faut à guérir, entraîner qu'il faut,
11:39 que ces pays-là fassent appel à un prestataire privé,
11:42 sous le principe "c'est pas condamnable", pour moi.
11:44 La France restera toujours un partenaire essentiel et important pour le Gabon.
11:48 Mais la France ne peut plus être le seul partenaire du Gabon.
11:51 Le Gabon n'est pas le seul partenaire de la France non plus.
11:53 Nous sommes dans des contextes où nous devons évoluer et assumer nos choix.
11:58 La France assume pleinement son partenariat avec la Chine,
12:02 avec la Russie, avec les États-Unis, avec l'Australie.
12:06 Le Gabon doit assumer ses propres choix.
12:08 Un des erreurs que font certaines analyses politiques,
12:13 c'est de penser que leurs ennemis doivent être nos ennemis.
12:18 Ce que nous pouvons et ne ferons jamais,
12:22 c'est de penser que nous avons notre propre lutte.
12:26 Au lieu de dénoncer à coups de propagande la présence de Wagner,
12:29 au lieu de la montrer comme la principale raison du recul de la France,
12:33 comme l'une des principales menaces qui pèsent sur l'Afrique,
12:37 les médias doivent s'employer à dire la vérité à l'opinion publique occidentale.
12:42 Ils doivent avoir le courage de contrarier leurs dirigeants.
12:45 Il existe une autre voie que nous poursuivons désormais depuis six ans.
12:51 Une autre voie qui consiste à ne pas réduire l'Afrique
12:54 à un terrain de compétition ou de rente,
12:57 et à considérer les pays africains comme des partenaires
13:00 avec qui nous avons des intérêts et des responsabilités partagées.
13:04 Si le président Emmanuel Macron est sincère en disant qu'il veut écouter,
13:08 alors parlons, mettons les choses sur la table, sans hypocrisie.
13:13 Les hommes politiques européens, en général les Français,
13:16 doivent arrêter avec leurs médias de monter inconsciemment ou consciemment
13:20 la jeunesse africaine contre leur continent ou contre la France.
13:23 C'est eux les principaux responsables de ce bruit.
13:28 Parce que les reproches des jeunes subsahariens s'appuient sur des faits clairs,
13:31 sur des éléments objectifs.
13:33 Il faut y faire face au lieu de les éluder.
13:36 Le passif est lourd et n'a pas encore eu un début de commencement de reconnaissance
13:41 contrairement aux discours des uns et des autres.
13:43 Il faut d'abord solder le passif.
13:45 Nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore
13:50 pour que nous puissions déchasser de notre mémoire.
13:55 Nous avons connu les ironies, les insultes,
14:00 les coups que nous devions subir au matin, midi et soir,
14:04 parce que nous étions des nègres.
14:07 Qui oubliera qu'à un noir, on disait « tu »,
14:11 non certes comme à un ami,
14:14 mais parce que le voeux honorable était réservé aux célibats.
14:19 Nous avons connu que notre terre fut spoliée
14:22 au nom des textes printendants légaux
14:24 qui ne faisaient que reconnaître les droits du plus fort.
14:28 Nous avons été traités de la mort.
14:31 Nous avons été traités de la mort.
14:32 Nous avons été traités de la mort.
14:37 Nous avons été traités de la mort.
14:39 Nous avons été traités de la mort.
14:41 Nous avons été traités de la mort.
14:43 Nous avons été traités de la mort.
14:45 Nous avons été traités de la mort.
14:48 Nous avons été traités de la mort.
14:50 Nous avons été traités de la mort.
14:52 Nous avons été traités de la mort.
14:54 Nous avons été traités de la mort.
14:56 Nous avons été traités de la mort.
14:58 Les frustrations, les manques de respect, les insultes,
15:01 les gestes de mépris sont nombreux.
15:03 Elles ne peuvent ainsi être passées par pertes et profits.
15:06 C'est une période historique,
15:07 on ne peut pas comme ça prendre l'ardoise magique
15:09 et dire c'est terminé.
15:10 On est encore loin du mea culpa
15:12 proportionnel aux maux et douleurs suscités.
15:15 Les ex-puissances coloniales
15:16 ont à un moment tourné chacun à leur manière,
15:18 bien ou mal d'ailleurs, leur page.
15:19 Ils ont tourné leur page coloniale.
15:21 Donc les Français, les Belges...
15:22 Non, non, les Français ne l'ont pas fait.
15:23 Ah non, non, nous on ne l'a pas fait, on n'a pas commencé nous.
15:25 D'accord ? Nous on n'a pas commencé.
15:26 C'est un peu notre petit problème quand même avec cette histoire.
15:28 Les Allemands, pourtant ils ont fait ça pendant très longtemps.
15:30 Allez en Allemagne aujourd'hui,
15:31 vous n'avez plus de plaques dans les rues allemandes
15:33 d'un colonisateur.
15:34 En France, on vous explique que c'est impossible.
15:36 Allez voir les musées allemands, les musées à Bristol,
15:38 Liverpool, Tervurenne,
15:39 il y a des musées d'histoire coloniale qui parlent dans cette Europe
15:42 qui a colonisé de l'histoire coloniale.
15:43 Nous en France, vous n'en avez pas.
15:45 23 musées du Sabaud, aucun musée d'histoire coloniale.
15:47 Et on se dit "ouais mais les Africains, ils ne sont pas contents de quoi ?"
15:50 Nous on fait des commissions
15:51 pour commencer à réfléchir
15:53 si on a fait la guerre au Camone.
15:55 Je vous rappelle que François Fillon en campagne en 2017
15:57 nous a annoncé que la France n'avait jamais fait la guerre au Camone.
15:59 Donc on se dit que nos élites politiques sont incultes,
16:02 qu'il faut faire des commissions 2022
16:04 pour commencer à réfléchir à l'histoire.
16:07 Là, Emmanuel Macron a du mal à comprendre
16:08 pourquoi il ne va pas assez vite.
16:09 Ben non, il ne va pas assez vite.
16:10 Les élites en Afrique savent qu'il y a eu la guerre au Camone,
16:12 savent qu'il y a eu la guerre en Algérie,
16:13 et ils se disent "mais attendez, Monsieur le Président,
16:15 vous faites des commissions, en fait, pour quoi faire ?
16:17 Pour savoir ce qu'on sait tous ?
16:18 Ou pour peut-être un jour faire ce que font vos voisins ?
16:20 Tournez la page.
16:22 Parce que tourner la page, ce n'est pas juste
16:23 "oui, je ne m'excuserai pas, je m'excuse,
16:25 les Hollandais, regardez, viennent de s'excuser pour l'Indonésie."
16:27 En Belgique, il y a une commission pendant un an,
16:29 un an,
16:30 de réflexion pour savoir ce qu'il fallait faire.
16:31 Nous, on en est encore à dire,
16:33 vous avez remarqué, le Président n'a même pas donné le nom
16:36 de ceux hier, enfin avant-hier,
16:37 dans son discours de ceux qui dirigent les deux commissions en cours.
16:40 Elles n'ont même pas été officialisées par l'Élysée.
16:42 Donc quand vous observez tout ça,
16:44 vous vous dites "c'est quoi ce bricolage,
16:45 60 ans après les indépendances ?"
16:47 Mais il y a des fois à se dire
16:49 "mais qui court dans les couloirs pour que ça bouge ?"
16:51 L'attitude de la jeunesse africaine
16:53 est la résultante d'une histoire faite d'injustices,
16:56 de mensonges, de pillages, de vols et de violences.
17:00 Je sais que lorsque l'on dit cela,
17:01 une certaine presse se dit que c'est de l'histoire ancienne
17:04 et que l'on ne peut indéfiniment passer le temps à dénoncer cela,
17:07 que c'est du domaine du passé.
17:09 Vous vous êtes fait voler le 16ème, le 17ème siècle
17:12 et une partie du 18ème par l'esclavage.
17:16 Puis le 20ème par la colonisation.
17:18 Je ne donne pas de leçons, je fais juste la remarque.
17:21 Mais nul ne peut demander aux générations d'aujourd'hui
17:25 d'expier ce crime perpétré par les générations passées.
17:32 Nul ne peut demander aux fils de se repentir des fautes de leur père.
17:40 Peut-être.
17:42 Ça peut se défendre comme position.
17:44 Mais l'on n'a pas oublié ce qui s'est passé.
17:46 Pas du tout.
17:47 Et ne nous le demandez pas.
17:50 Et on pourrait y arriver si les choses avaient réellement changé.
17:53 Bien que les blessures du passé soient encore vivaces,
17:56 que cette dette coloniale n'ait pas encore été soldée,
17:58 parlons aussi d'aujourd'hui,
18:01 des vexations de ces dernières années et de celles encore en cours.
18:04 Je vais juste remonter à ce discours du président français Nicolas Sarkozy,
18:09 qui nous fait la leçon à Dakar.
18:11 Celui qui dans la phrase d'avant, les trémolos dans la voix,
18:14 nous disait combien il aime les Africains.
18:17 Le drame de l'Afrique,
18:19 c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire.
18:25 Dans cet imaginaire où tout recommence toujours.
18:32 Il n'y a de place ni pour l'aventure humaine,
18:36 ni pour l'idée de progrès.
18:39 Que l'âge d'or qu'elle ne cesse de regretter
18:42 ne reviendra pas pour la raison qu'il n'a jamais existé.
18:48 Si, elle a existé, monsieur le président.
18:51 Si vous aviez du respect pour nous, comme vous l'avez dit,
18:55 vous, vous seriez au moins intéressé au travail du docteur Cheikh Antadiop
18:59 avant d'arriver à Dakar.
19:01 A moins que pour vous, comme pour Henri Guénaud, l'auteur de ce discours,
19:05 son travail sur l'Egypte nègre soit du simple fantasme.
19:08 Encore un donneur de leçons en déplacement chez les sauvages,
19:11 chez les incultes, chez ceux qui sont restés dans le berceau.
19:15 Cela se passait en 2009.
19:18 Les jeunes ne l'ont pas oublié.
19:19 Et ce n'est pas tout.
19:21 Les exemples sont nombreux, tellement nombreux,
19:23 et les fuites de responsabilité au moins autant.
19:26 Les attitudes méprisantes.
19:28 Révivons cette scène de vexation,
19:30 cette attitude condescendante de François Hollande
19:33 en déplacement à Kinshasa, en République démocratique du Congo.
19:37 Il vient diplomatiquement rendre visite au président Joseph Kabila,
19:41 qui même s'il n'était pas particulièrement apprécié par la communauté internationale,
19:45 restait le président de la RDC,
19:48 pays dont la superficie est celle de l'Union Européenne entière.
19:52 Jugez par vous-même ces vexations.
19:55 Il y a eu du progrès au cours de ces derniers jours.
20:01 Il y a un processus en RDC, je souhaite que ce soit produit jusqu'à son terme.
20:07 Kabila en caisse mais ne dit rien.
20:08 Petit deux, les gestes peuvent avoir plus de signification que les mots.
20:12 Par exemple, le samedi matin, les délégations arrivent au Palais du Peuple,
20:15 où se tient le sommet.
20:17 Kabila est loute et accueille tous les chefs d'État en parlant.
20:20 Et devinez qui a du retard ?
20:22 [inaudible]
20:28 Devinez qui le fait attendre ?
20:30 [inaudible]
20:40 [inaudible]
20:42 Mais genre attendre longtemps ?
20:45 [inaudible]
20:47 Elle va même avoir le temps de s'absenter deux minutes.
20:51 Je reviens.
20:52 [inaudible]
20:58 Je suis là.
20:59 [inaudible]
21:02 En tout, 42 minutes de retard.
21:04 Ça ne se fait pas en langage diplomatique, comprenez, je ne vous respecte pas.
21:08 Et quand il arrive, au bout donc de 42 minutes,
21:11 regardez comment il va lui dire bonjour.
21:15 [inaudible]
21:16 Kabila, sa femme, et le troisième, c'est Abdu Diouf,
21:21 le secrétaire général de l'Organisation de la Francophonie,
21:23 reconnu pour son combat en faveur de la démocratie et des droits de l'homme.
21:27 Alors on va vous remettre l'image.
21:29 [inaudible]
21:32 Alors, une seconde Kabila.
21:35 Une seconde maman.
21:37 [inaudible]
21:38 Et serrage de main très affectueux avec deux mains.
21:43 En langage diplomatique, ça veut dire que j'en respecte un sur trois
21:46 et devinez lequel je respecte.
21:49 Même si beaucoup de choses peuvent être reprochées à Joseph Kabila,
21:52 méritait-il de se comporter ainsi à son égard ?
21:55 Le ferait-il à un président asiatique, sud-américain, ou d'une autre région du monde ?
22:00 Les frustrations de cet ordre sont nombreuses et régulières.
22:05 Et même si les jeunes africains n'ont pas une affection particulière pour leurs dirigeants,
22:09 ils vivent ces vexations comme étant faites à leur pays, à leur peuple.
22:14 Elles traduisent un comportement infantilisant qu'ils n'acceptent plus.
22:18 Il existe d'autres méthodes plus correctes, plus diplomatiques,
22:22 de marquer son désaccord, sa désapprobation.
22:25 Regardez l'accueil accordé à un autre dictateur
22:28 qui fait même assassiner violemment des journalistes
22:31 qui n'organisent pas des élections tous les cinq ans.
22:34 Il est tout sauf un démocrate.
22:36 Et pourtant, il a droit aux tapis rouges, aux accolades, aux gestes d'affection.
22:41 Vous me parlez comme si j'étais toujours une puissance coloniale.
22:43 Mais moi, je ne veux pas m'occuper de l'électricité dans les universités au Burkina Faso.
22:48 C'est le travail ! C'est le travail du président !
23:04 Alors par contre, alors par contre, je vous rassure,
23:09 du coup il s'en va, il reste là.
23:11 Du coup, il est parti réparer la climatisation.
23:22 Même si c'est dit sur le ton de la plaisanterie là,
23:27 avait-il besoin d'humilier ainsi son homologue Burkina Faso
23:30 au mépris de toute la sacro-saine tradition
23:32 du respect de l'aîné si cher à l'Afrique qu'il ignore superbement ?
23:36 Ignorant également le besoin naturel urgent du président,
23:39 Rochmar Christian Caboret.
23:41 A-t-il besoin d'humilier ainsi le chef dans l'amphi devant des jeunes surpris ?
23:47 Il n'aurait jamais osé un tel geste face à un Joe Biden ou à un Poutine.
23:51 Vous me répondrez, et c'est vrai, que ne lui demande pas de l'aide.
23:55 Qu'ils ne sont pas dans la posture du quémandeur.
23:58 Qu'ils ne lui doivent pas leur sécurité.
24:00 La main qu'il donne est toujours au-dessus de celle qu'il reçoit.
24:03 Ce que demande la jeunesse africaine, c'est d'abord le respect.
24:07 Et c'est en cela qu'elle est massivement derrière
24:10 le président Assimi Goïta du Mali et Ibrahim Traoré du Burkina Faso.
24:14 Ils représentent pour eux la résistance à l'ordre dicté par Paris
24:19 et ses partenaires européens.
24:21 Ils représentent pour eux le refus, les rejets des décisions et réflexions uniques
24:26 de ces ordres adoptés par les instances les plus puissantes comme celle-ci à l'OTAN.
24:31 De façon mécanique, la population noire du sud, qui est majoritaire à 90%,
24:38 va imposer ses volontés à l'ensemble de la population malienne
24:42 et aux 10% qui tiennent 50% du pays au nord.
24:45 Donc oui, je pense qu'il y a une solution,
24:49 mais qui passe sans doute par une fédération malienne.
24:52 Affligeant, non ?
24:54 Ce que dénoncent les jeunes, ce qui les amène à soutenir partout sur le continent
24:58 les présidents maliens et burkinabés,
25:01 c'est le refus d'un ordre ou d'une stratégie qui ne marche pas
25:04 et contre laquelle personne en Afrique ne peut rien dire.
25:07 Ce n'est pas faute d'avoir souvent dénoncé les choix uniques
25:09 faits par les pays européens et par l'ONU, non.
25:12 Le président ibéka Ibrahim Mubakar Keita,
25:15 qui a été balayé par cette crise au Mali,
25:17 l'avait déjà dit de la façon la plus forte.
25:20 Avons-nous jamais violé un cessez-le-feu ?
25:25 Avons-nous jamais violé la cessation des hostilités
25:29 quand elle a été prévue ? Jamais.
25:31 Pour autant, M. Lachos,
25:35 je l'ai dit au secrétaire général des Nations unies,
25:38 il serait convenable, il serait séhant
25:41 que les Nations unies fassent preuve de justice
25:45 et d'équité à cet égard-là.
25:48 Chaque fois qu'il y a eu violation du cessez-le-feu,
25:53 violation des hostilités, nous avons acté,
25:57 nous l'avons signalé. Rarement nous avons été entendus.
26:01 Un peu de recettes pour notre peuple,
26:03 nous ne sommes pas dégueux.
26:04 M. Lachos, nous sommes un de bonnes compagnies.
26:07 Quand on est dans la ville de Kidal,
26:10 il a fallu que je le dise à la CDAO
26:13 pour que nos frères comprennent quelle était
26:18 la situation surréaliste que notre armée vivait en Kidal.
26:22 Le Mali a accepté beaucoup.
26:26 Le peuple malien est à saluer.
26:28 Mais que nul ne se trompe sur la qualité de sa dignité,
26:32 de son sens de la dignité.
26:34 Ce n'est pas une sorte de carne malienne pour moi,
26:37 c'est une sorte de vie malienne pour moi.
26:39 Je vis ça dans ma chair, dans mon être le plus profond.
26:44 Je ne joue pas avec ça.
26:46 Que nul, nul ne se méprenne et puisse prendre
26:52 telle souplesse dans l'engagement,
26:54 telle ouverture pour une faiblesse
26:57 ou un encouragement à persister dans l'erreur.
27:01 Il ne s'agit pas d'un problème d'homme.
27:04 Ibeka est un homme du passage.
27:07 Mais aucun Malien digne de ce nom
27:11 ne barrera jamais le Mali. Jamais.
27:14 Ne barrera jamais le Mali.
27:16 Et nous avons tout tenté.
27:21 Malgré le ton plus franc, plus incisif et direct,
27:24 une fois n'est pas coutume,
27:25 pour dénoncer le comportement des partenaires occidentaux
27:28 et de l'ONU, il n'a pas été entendu.
27:30 Il ne pésait pas lourd puisqu'il n'était pas en tri militaire.
27:33 Il parlait le français châtié de l'ancien
27:36 du lycée Jansson de Sailly en France,
27:38 dont il était si fier.
27:39 On doit s'interroger sans hypocrisie, avec honnêteté,
27:42 de façon moins passionnelle sur les raisons
27:44 qui peuvent amener les Maliens,
27:45 qui y aient porté un triomphe François Hollande,
27:47 et qui aujourd'hui applaudissent presque avec autant de ferveur
27:50 ceux qui chassent l'armée française de leur territoire.
27:53 Prenons juste un problème de symétrie.
27:54 Comment réagiraient les Français
27:56 s'il y avait une base de soldats sénégalais
27:57 au milieu de la France ?
27:59 Surtout au bout de 10 ans.
28:00 Je ne suis pas persuadé que les gens ne diraient pas
28:02 au bout d'un moment "attendez, les sénégalais,
28:03 ils sont gentils, on ne leur a pas demandé d'intervenir".
28:05 Ils nous diraient "mais nous, c'est pour votre sécurité".
28:07 - Est-ce qu'ils ne vous ont pas demandé ?
28:09 - Non, attendez, vous avez bien vu tout à l'heure.
28:11 - Mais ils nous l'ont demandé au début.
28:14 - Oui.
28:14 - Mais c'est nous qui avons décidé de rester
28:16 et on s'est très peu inquiétés de savoir
28:19 si l'opération militaire suffisait.
28:21 Or c'est là où, pardon,
28:22 mais on n'a rien appris de la guerre d'Algérie.
28:24 Ce n'est pas parce qu'on intervient militairement
28:26 qu'on résout un problème.
28:27 On est à côté de la plaque
28:29 parce qu'on est encore dans ce schéma
28:30 où on vient flanquer et dracler un ennemi
28:32 qu'on croit misérable et qu'on n'arrive jamais à réduire
28:34 et au bout de dix ans, on se fait jeter
28:36 par les gens qui ne nous supportent plus.
28:38 Dix ans au Mali,
28:39 nos forces d'intervention sont conçues, perçues
28:42 aujourd'hui par les Maliens,
28:43 comme une force de culpation.
28:45 Et on ne peut rien faire contre.
28:46 Et du coup, quand les Russes passent derrière,
28:49 la milice Wagner, ils sont au bon jeu de dire
28:51 qu'il faut exactement la même chose.
28:52 La gifle du Mali,
28:54 elle va à la pensée libérale interventionniste,
28:56 teigneuse et belliqueuse de la France.
28:58 Celle qui ne drague que le dictateur africain
29:01 et son potentiel militaire.
29:03 La gifle du Mali, elle va à l'État français
29:06 qui a privatisé sa politique étrangère
29:08 pour l'intérêt de quelques capitaines d'industrie arrogants
29:11 quand le peuple de France, lui, n'en bénéficie plus.
29:15 Ce que demande la jeunesse,
29:17 c'est de leur tenir un discours cohérent et constant.
29:21 De ne pas leur parler comme à leurs parents d'hier.
29:23 D'avoir conscience qu'ils ont de la mémoire.
29:26 Tenez, un exemple.
29:28 A Yaoundé au Cameroun, lors de sa tournée du 26 juillet 2022,
29:32 à la réflexion sur les deux poids de mesure
29:35 dans le financement de la guerre en Ukraine
29:37 et celle du Mali, qui ne bénéficiait pas du même intérêt,
29:40 voici ce que répondait le président Emmanuel Macron
29:42 avec beaucoup de fermeté.
29:44 Là où je vois trop souvent de l'hypocrisie,
29:46 en particulier sur le continent africain,
29:48 je vous le dis avec beaucoup de calme et de sérénité,
29:51 à ne pas savoir qualifier une guerre qui en est une
29:53 et à ne pas savoir dire qui l'a lancée.
29:55 Parce qu'il y a des pressions diplomatiques, je ne suis pas dupe.
29:58 Mais enfin, il faut dire les choses. On vit mieux.
30:01 Et quelques mois après, devant l'évidence répétée par l'opinion subsaharienne,
30:05 les hypocrites du mois de juillet 2022
30:08 semblent avoir finalement raison.
30:10 Puisque désormais, il ne faut pas oublier d'aider l'Afrique
30:13 dans sa guerre contre le terrorisme.
30:15 Il y a des doubles standards.
30:17 Vous dépensez énormément pour l'Ukraine
30:19 et vous continuez de ne pas dépenser pour nous.
30:21 Vous vous battez avec beaucoup de force contre la guerre là,
30:23 précisément contre la pauvreté chez nous.
30:25 On a une guerre chez nous depuis des décennies,
30:27 vous n'en avez pas fait le centième. Sachons les entendre.
30:30 Et donc, il nous faut réengager diplomatiquement
30:33 avec toutes ces géographies pour les convaincre
30:36 de rejoindre notre effort de pression sur la Russie
30:40 et de préparation de la paix. C'est notre responsabilité.
30:43 Et il faut le faire en conjurant en particulier
30:46 cette espèce de récits du double standard qui s'installe.
30:49 C'est pourquoi, au moment même où nous faisons tous ces investissements,
30:52 j'appelle les Européens, les Américains,
30:55 tous les membres du G7 et au-delà du G20
30:58 à nous accompagner sur la reconstruction d'un partenariat
31:01 Sud-Nord pour permettre de repenser
31:04 les termes de la solidarité internationale.
31:07 Enfin, il pense à financer la guerre au milieu du Sahel
31:10 pour gagner nos voix et notre soutien contre la Russie.
31:13 Pour que l'Afrique vote pour eux,
31:16 comme elle le faisait de façon presque mécanique aux Nations Unies.
31:19 Encore faut-il rendre concret cette promesse.
31:22 La confiance est à établir.
31:25 Les déclarations de bonnes intentions, on en a tellement entendues depuis des décades.
31:28 Prenons juste le cas de la RDC.
31:31 Voici le président Nicolas Sarkozy en déplacement à Kinshasa.
31:34 La première vérité, c'est que la souveraineté du Congo est inaliénable.
31:45 Et la France sera toujours à vos côtés pour le respect de cette souveraineté.
31:52 C'est qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans la région.
31:55 Le Congo devrait en être le phare.
31:59 La région devrait être prospère et elle peine à décoller.
32:03 Eh bien, le temps est venu de fixer un nouveau cap.
32:07 Pour que la région puisse avancer d'un même pas,
32:11 le Congo doit se redresser.
32:14 Il lui faudra, monsieur le président, et la France vous aidera,
32:19 une armée efficace et républicaine.
32:23 Plus d'une décennie après, voilà ce que dit le président Hollande
32:27 à la veille du voyage de son successeur dans la même RDC.
32:30 L'ouest de la RDC est ravagée par une guerre, une guerre atroce,
32:35 une guerre qui touche les femmes, les enfants,
32:39 et donc où le Rwanda est quand même directement impliqué.
32:42 Est-ce qu'il va parler de l'ingérence du Rwanda en RDC ?
32:48 Est-ce qu'il va demander que, si on s'interroge bien sûr sur ce qu'il faut faire en Ukraine,
32:52 les Africains eux, ils s'interrogent sur ce qui se passe en RDC ?
32:55 C'est bizarre. Quand il était aux affaires, il ne l'a pas fait.
32:58 Il s'est pourtant rendu à Kinshasa, comme on l'a vu un peu plus tôt.
33:01 Il exige que son successeur mette clairement en accusation,
33:04 évoque clairement l'implication de son voisin rwandais dans la guerre dans l'est du Congo.
33:09 Et voici ce qu'il va dire sans jamais citer le nom du Rwanda à son successeur.
33:13 Après avoir écouté toutes ces positions des trois présidents successifs
33:33 et leur impact totalement nul sur les terrains,
33:36 comment s'étonner après ça que les jeunes ne croient plus en eux
33:39 et cherchent des solutions alternatives ?
33:42 Comment les séduire avec des discours qui varient au gré des intérêts économiques ?
33:46 Alors notre intérêt, c'est d'abord la démocratie.
33:49 La France est un pays qui soutient en Afrique comme ailleurs la démocratie et la liberté.
33:53 Un pays qui parle à tout le monde, y compris aux opposants politiques.
33:57 Un pays qui préfère les institutions solides aux hommes providentiels.
34:02 Un pays qui considère que les putschs militaires ne seront jamais des alternances démocratiques.
34:07 Qui peut raisonnablement être opposé à l'idée de promouvoir la démocratie ?
34:12 Tout le monde est d'accord pour saluer les vertus de ce modèle.
34:15 Mais le discours ne doit pas être à géométrie variable.
34:18 Il n'y a rien qui obligeait le président de la République française à aller là-bas
34:22 pour l'intronisation du fils d'Ebi, général à 35 ans je crois,
34:27 parce que la constitution du Tchad prévoit que c'est le président de l'Assemblée nationale
34:32 qui exerce le pouvoir dans le cas où le président de la République meurt.
34:36 Donc je suis, je ne sais comment vous dire, le dégoût que m'inspire
34:40 de voir le président de mon pays assis à côté de ce type le jour où on l'installe.
34:45 Et ensuite venir faire le mariol, comme ça a été le cas à Montpellier l'autre jour,
34:50 pour dire "Ah ben ça c'est fini, c'est le passé et tout".
34:52 Non c'est pas le passé ! Tu y étais il n'y a même pas deux mois !
34:55 Mais si on se met en quelque sorte dans une situation qui consiste à dire
34:59 partout où il y a des dirigeants qui ne sont pas élus aux meilleurs standards démocratiques
35:03 ou ceux qui nous plaisent, ou qui sont là depuis trop longtemps,
35:06 il n'y a plus de déploiement de la France ou de partenariat,
35:08 vous serez les premiers à m'expliquer le lendemain qu'il n'y a plus de politique de la France du tout,
35:12 et qu'il n'y a plus de présence de la France.
35:13 Et pourquoi ne pas traiter avec ceux aux affaires au Mali et au Burkina Faso ?
35:17 Ils tiennent les rênes de leur pays.
35:19 Moins qu'il s'agisse de vexations personnelles, de vendettas,
35:22 parce qu'ils ont demandé à l'armée française de partir.
35:25 Dans ce cas, on est dans l'affect, face à un sujet aussi grave que la lutte contre le terrorisme.
35:31 On ne peut pas choisir le poutiste que l'on veut soutenir et celui que l'on doit faire tomber.
35:35 C'est là en train les conséquences que l'on connaît.
35:38 Dans la réalité, c'est l'inconstance de ces discours,
35:42 le clair obscur qu'entretient l'Occident qui crée cette cassure.
35:45 C'est le jeu d'ombre qui rend son discours inaudible,
35:48 qui suscite la méfiance parce que beaucoup d'éléments viennent montrer
35:52 que ces discours de bonnes intentions cachent parfois une réalité plus sombre.
35:57 J'en veux pour preuve ces aveux clairs au Sénat américain
36:00 où le chef d'état-major de l'armée, ce n'est pas n'importe qui, n'est-ce pas,
36:04 reconnaît que l'armée américaine forme en cachette des soldats,
36:09 des officiers pour perpétrer les putschs qu'ils dénoncent après, qu'ils condamnent ensuite.
36:15 Vivez cette audition qui a quelque chose de surréaliste.
36:19 (Propos en anglais)
36:47 (Propos en anglais)
37:16 (Propos en anglais)
37:44 (Propos en anglais)
37:47 (Propos en anglais)
37:50 (Propos en anglais)
37:53 (Propos en anglais)
37:56 (Propos en anglais)
37:59 (Propos en anglais)
38:02 (Propos en anglais)
38:05 (Propos en anglais)
38:08 (Propos en anglais)
38:11 (Propos en anglais)
38:14 (Propos en anglais)
38:17 (Propos en anglais)
38:20 (Propos en anglais)
38:23 (Propos en anglais)
38:26 (Propos en anglais)
38:29 (Propos en anglais)
38:32 (Propos en anglais)
38:35 (Propos en anglais)
38:38 (Propos en anglais)
38:41 Que cela soit vrai ou pas dans le cas du colonel Mamadi Doumbouya de Guinée,
38:45 ça fait froid dans le dos.
38:47 Même s'il y a une part de fantasme dans tout ceci,
38:50 le plus gros est dit.
38:52 Les Etats-Unis avouent, dans le Sénat américain,
38:54 qu'ils forment des soldats pour perpétrer, entre autres, des putschs en Afrique.
38:58 Et ceci ne fait que s'ajouter à ce que l'on avait déjà vécu
39:01 avec le fameux Bob Denard et autres mercenaires français en Afrique.
39:05 Alors les choses sont désormais au grand jour.
39:08 Après ceci, comment comprendre les condamnations faites à chaque putsch par les grandes puissances ?
39:14 Certaines le font juste pour la forme, alors.
39:16 Et puis comment ne pas comprendre les dirigeants africains
39:18 qui s'écrasent et font ce que leur demandent ces grandes puissances ?
39:22 Ils ont une épée de Damoclès sur la tête.
39:25 Ils dorment juste d'un oeil, ne sachant quel va être leur sort.
39:29 Après avoir écouté ceci, on comprend que ce n'est pas une vue de l'esprit
39:33 et que la souveraineté de nos nations, si souvent clamées, est un leurre.
39:37 Le discours sur la promotion de la démocratie devient peu crédible, n'est-ce pas ?
39:42 Qu'on les aime ou non, qu'on juge qu'ils conduisent ou non leur pays à la catastrophe,
39:47 les officiers qui ont pris le pouvoir au Mali et au Burkina Faso
39:51 bénéficient du soutien populaire parce qu'ils mettaient un terme
39:55 à une guerre qui menace l'existence même de leur pays.
39:58 Monsieur le ministre, nous assumons votre présence ici.
40:01 Nous vous accueillons les bras ouverts.
40:03 La Russie est ici à la demande du Mali et la Russie répond de façon efficace.
40:08 Nous et nos amis maliens ainsi que l'écrasante majorité des autres pays africains
40:14 considérons qu'il est nécessaire d'oublier cette approche de l'Afrique
40:17 comme une métropole coloniale.
40:20 Vu comment les Occidentaux ont annexé et exploité ces territoires, ce continent,
40:25 ils devraient s'habituer au fait que le monde a changé.
40:28 Même si Moscou a son calendrier, les Africains ne sont pas dupes de ses intentions réelles,
40:33 mais également de celles de l'Occident.
40:36 L'opinion publique européenne doit comprendre que ce n'est pas une guerre d'influence en Afrique
40:40 entre la Russie et l'Occident qui a créé le mouvement de réjet de Paris.
40:46 Moscou a simplement su jouer sur un désamour, un divorce entre l'Afrique et l'ancien colonisateur
40:52 qui n'a pas su adapter son comportement à l'évolution.
40:55 D'autres pays qui étaient moins présents que nous il y a quelques années,
40:58 qui ne se sont pas mieux armés que nous, sont en train de prendre des positions
41:02 simplement parce qu'ils prennent les pays africains au sérieux.
41:04 Il ne s'agit donc pas d'une affaire de naïfs pro-russes,
41:07 de jeunes trompés par une propagande russe.
41:10 Même s'ils sont quelques-uns à avoir choisi l'option russe,
41:12 ils le font par stratégie et non par allégeance.
41:15 Les Africains, notamment les jeunes, ne veulent plus d'un maître.
41:18 Il ne s'agit pas de passer d'un maître à un autre.
41:21 Ils traiteront avec ceux qui les respectent, sans exclusives.
41:25 Si la France et ses entreprises veulent rester,
41:27 elles doivent performer et respecter leurs partenaires.
41:30 Nous avons trop souvent eu une logique de rente dans notre rapport au continent africain.
41:36 On a considéré que parce qu'on était la France,
41:38 même quand on faisait mal, même quand on était plus cher que les copains,
41:42 même quand les solutions de financement étaient moins bonnes,
41:45 on allait continuer d'être pris.
41:48 C'est une terre de compétition maintenant.
41:50 Nous avons aujourd'hui encore trop de nos entreprises
41:53 qui ne produisent pas des travaux de meilleure qualité,
41:57 parce que c'est l'Afrique.
41:58 Ne reprochez donc pas aux Africains de multiplier leurs partenaires,
42:01 puisque la jeunesse africaine a désormais conscience
42:03 que l'avenir du monde se joue sur leur continent.
42:07 Nous avons des stings liés avec le continent africain.
42:11 Si nous savons saisir cette chance,
42:14 nous avons l'opportunité de nous arrimer au continent,
42:16 qui progressivement sera aussi l'un des marchés économiques
42:19 les plus jeunes et dynamiques du monde,
42:21 et qui sera l'un des grands foyers de la croissance mondiale
42:24 dans les décennies qui viennent.
42:26 Quand on a conscience de cela,
42:28 on s'abstient de dicter ses choix aux Africains.
42:31 On ne leur tient pas des discours selon les circonstances.
42:34 Il y a plus de 30 ans, lorsque le président E.Félix Soufoufou de Boigny le disait,
42:38 cela faisait sourire certains.
42:40 On se disait "cause de jour".
42:42 Il y a causé l'Afrique.
42:47 De loin, le grand propriétaire des matières premières, nous resterons.
42:55 Afrique n'est pas sous-jamais prospectée.
42:58 Mais on peut admettre sans crainte de moindre démentie
43:03 que nous sommes les premiers pour le faire,
43:05 les premiers pour le boxer,
43:07 quand on pense qu'en Guinée, il y a des siècles de réserve de boxi.
43:13 Le malanaise, l'uranium, l'Europe a besoin de ces matières premières
43:20 pour donner du travail à ses hommes, à ses ouvriers.
43:27 Imaginez-vous la pauvreté se généralisant,
43:32 la révolte des jeunes exploités par d'autres.
43:38 Permettez-moi de ne pas aller loin dans ma pensée.
43:43 Et si ces matières premières ne parvenaient pas à ingérer dans l'Europe,
43:48 voyez, notre avenir à faire face à un million ou deux millions de chômeurs,
43:56 et ce n'est pas facile de régler cela malgré leur bonne volonté, ils y arriveront.
44:02 Ainsi, l'Europe peut venir être privée de matières premières.
44:07 C'est le chômage généralisé qui conduira, vous le savez vous-même,
44:13 on n'aura pas besoin de tirer un coup de fusil.
44:17 Voilà ce que nous nous efforçons à faire comprendre à nos frères européens.
44:22 Nos intérêts sont solidaires.
44:24 Sans que c'est clairement établi que l'avenir du monde dépend essentiellement de nous,
44:29 arrêtez de nous dicter vos modèles, vos principes,
44:32 de nous imposer des priorités, vos valeurs,
44:35 que nous respectons mais qui ne sont pas forcément les nôtres.
44:39 Nos enfants, nos jeunes, qui représentent l'écrasante majorité,
44:43 qui sont désormais décomplexés et représentent l'avenir du monde,
44:46 ont des choses à vous dire.
44:48 Prenez une chaise, asseyez-vous humblement et écoutez-les.
44:52 Accordez une attention particulière à leurs exigences.
44:56 Vous avez certes l'argent, la technologie et les armes,
45:00 mais ils ont ce dont vous avez besoin pour au moins maintenir votre style de vie,
45:05 pour continuer d'alimenter vos industries.
45:08 Si vous continuez de jouer les donneurs de leçons,
45:11 ils traiteront avec d'autres sans état d'âme,
45:13 surtout qu'en face, ils s'organisent eux aussi
45:16 et ont conscience de l'importance de l'Afrique.
45:20 Ils créent un monde avec leurs paradigmes et leurs règles,
45:24 qui peuvent séduire.
45:26 Que l'Occident souffre du fait que les Africains aient des doutes,
45:29 de grosses interrogations sur le modèle démocratique qu'ils ont imposé
45:33 et qu'ils s'emploient à maintenir selon leurs intérêts dans nos nations.
45:38 Les multiples coups d'État en sont la résultante.
45:41 Pour la plupart de nos États, les institutions sont extrêmement fragiles.
45:45 L'armée semble être la seule institution qui fonctionne.
45:48 Pour refonder l'État, tant qu'on ne va pas voir en ces occasions
45:51 des opportunités de refondation, on va être toujours dans le même cycle.
45:55 Sans être opposé au modèle démocratique,
45:57 que l'Europe accepte que l'on puisse y apporter de sérieux amendements,
46:01 que l'on puisse y apporter notre singularité, notre identité.
46:05 On ne peut indéfiniment assister à cette parodie de démocratie Coca-Cola
46:09 où le vote du citoyen est acheté au vu et au su de tous, à chaque scrutin.
46:14 L'homme qui a faim n'est pas libre, et c'est vrai.
46:17 On ne peut accepter comme des moutons l'idée qu'après Sharpouch,
46:21 l'obsession soit d'organiser de toute urgence de nouvelles élections.
46:25 Ce qui se fait actuellement, c'est un modèle de transition politique,
46:29 de retour à l'ordre constitutionnel, avec tout seul l'objectif d'être électionné.
46:33 Il faut changer ce paradigme.
46:35 Il faut accepter de questionner le système, de corriger le modèle.
46:40 Si après 33 ans de ce modèle imposé en 1990 après la bolle,
46:44 la situation des populations n'a pas changé et les coûts d'État se multiplient,
46:48 et sont même suscités et applaudis par la population,
46:51 cela signifie qu'il est urgent d'interroger le modèle.
46:54 Vous ne pouvez pas, à chaque fois qu'il y a un coup d'État,
46:58 donner comme objectif l'organisation de l'élection.
47:00 Ça manque de seigneur, aussi bien pour la communauté internationale
47:03 qui met cette pression, que pour les acteurs eux-mêmes.
47:05 La religion imposée autour du discours sur le principe démocratique
47:09 ne doit pas tourner à l'obsession.
47:11 Il faut ôter le radicalisme.
47:13 J'allais dire le terrorisme qui entoure cette question d'élection à tout prix.
47:17 Afin que les Africains discutent plus sereinement du modèle,
47:20 les constitutions héritées de l'ancien colonisateur
47:23 ne doivent plus être comme le Coran ou la Bible,
47:26 dans lesquelles on ne peut pas apporter une quelconque modification.
47:29 Elles sont faites pour être adaptées.
47:31 D'abord, quand on dit qu'on ne doit pas toucher à la constitution, c'est absurde.
47:35 Mon excuse devant les éminents constitutionnalistes,
47:40 j'en vois certains qui ne sont pas de mon avis.
47:44 La constitution organise le fonctionnement d'un pays.
47:49 En tout cas, on regarde ses institutions politiques et administratives.
47:53 Le pays change, les choses changent.
47:56 Et au fond, moi, je suis jaurétien.
48:00 C'est en allant vers la mer que le fleuve est fidèle à sa source.
48:03 La fidélité à la constitution de la Ve République,
48:07 c'est de la modifier et de l'adapter à chaque fois que c'est nécessaire.
48:11 Et à tous ceux qui voudraient qu'on grave dans le marbre tout,
48:16 et qui sont fascinés par cet immobilisme,
48:18 je voudrais dire que s'il y en a un qui n'était pas immobile,
48:21 c'était De Gaulle.
48:23 Donc cette idée de dire "parce que c'est De Gaulle, parce que c'est 58,
48:27 parce que c'est 62, il n'y a rien à changer", c'est absurde.
48:31 Le débat sur le modèle de gouvernance permettait que nous puissions en discuter nous-mêmes,
48:35 sans votre influence, sans votre dictate.
48:38 Faites-nous confiance, nous sommes assez matures pour choisir
48:41 et élaborer ce qui est bon pour notre peuple.
48:44 Si les autres l'ont fait, nous pouvons également le faire.
48:47 La jeunesse africaine en a la capacité et le ressort.
48:51 D'autre part, qu'on arrête de laisser penser que la barbarie, la violence,
48:55 est surtout de notre côté, ce qui nous amène à attrainer des complexes
48:58 vis-à-vis des nôtres et des autres.
49:00 Ce narratif qui a influencé des générations et offert à l'Occident
49:04 la latitude de nous faire la leçon, il doit être corrigé.
49:08 Il est faux. La violence n'est pas de notre côté.
49:12 L'Europe, de tous les continents du monde,
49:16 est le continent le plus brutal, où il y a eu les guerres les plus sauvages.
49:21 C'est pas l'Afrique, c'est pas l'Asie, c'est l'Europe.
49:24 Et je vais vous dire autre chose, c'est pas au Moyen-Âge, c'est au XXe siècle.
49:29 C'est en Europe qu'on a exterminé des Juifs.
49:33 C'est en Europe qu'on s'est battus.
49:35 Quand on a dit "avec la guerre russo-ukraine, c'est le retour de la guerre qu'on n'avait pas vue",
49:41 c'est une stupidité, puisqu'on a oublié la Bosnie.
49:45 Si vous n'avez pas l'Union Européenne, vous avez des affrontements considérables.
49:52 Notre continent est brutal, sauvage, et peut verser dans la barbarie.
49:58 C'est le marché qui a fait la paix.
50:01 Et ne pas comprendre ça, c'est un peu théorique.
50:06 Et si il y a un pays qui a commis des atrocités inoubliables dans le monde,
50:14 c'est les Etats-Unis.
50:17 Ils ne s'en soucient pas.
50:19 Ils ne s'en soucient pas pour les êtres humains.
50:24 Il y a 57 ans, quand le Japon se rétrait sur toutes les frontières,
50:34 ils ont décidé de débloquer les bombes atomiques à Hiroshima et Nagasaki.
50:41 Ils ont tué beaucoup d'innocents qui souffrent encore de l'effet de ces bombes.
50:50 Ces bombes n'étaient pas destinées contre les Japonais.
50:55 Elles étaient destinées contre l'Union Soviétique.
50:58 Pour dire "Regarde, c'est le pouvoir que nous avons.
51:03 Si tu t'opposes à ce que nous faisons, c'est ce qui va se passer à toi."
51:09 Parce qu'ils sont si arrogants, ils ont décidé de tuer des innocents au Japon
51:18 qui souffrent encore de l'effet.
51:21 Qui sont-ils pour protéger les policiers du monde ?
51:26 Peut-être faut-il aussi, dans le même ordre d'idée,
51:29 apporter un bémol à une conception virale,
51:32 mentionner que le "french bashing" n'est pas le seul fait d'activistes africains revanchards.
51:38 Vous voulez nous parler de diplomatie,
51:41 et revenir sur ce que vous considérez comme une humiliation pour la France par le Maroc.
51:46 De quoi s'agit-il précisément ?
51:48 Je crains le pire, Patrick.
51:50 Un journaliste qui interrogeait sur la détérioration de nos relations avec le Maroc,
51:53 le président Macron a répondu de manière très diplomatique.
51:57 "Vous savez, nos relations sont très amicales."
52:00 Aussitôt, le gouvernement marocain a fait savoir, et là de manière très peu diplomatique,
52:05 que les relations entre Emmanuel Macron et le roi Mohamed VI,
52:08 mais aussi entre la France et le Maroc, n'étaient, je cite, "ni bonnes, ni amicales."
52:12 Je pense que c'est une véritable humiliation,
52:14 parce qu'entre gouvernements, Patrick, on ne se parle jamais de manière aussi cash.
52:18 Là, il n'y a vraiment plus de respect.
52:20 Et je pense que cette déclaration marocaine est très caractéristique
52:22 d'un effondrement de notre crédit international.
52:24 Présidée par Emmanuel Macron, la France, puissance dotée de l'arme nucléaire,
52:27 est vraiment en passe de devenir un paillasson diplomatique.
52:29 De son côté, à cause du rapatriement d'une franco-algérienne,
52:33 le gouvernement d'Alger a rappelé son ambassadeur à Paris.
52:36 Le Burkina Faso avait déjà rappelé son ambassadeur à Paris.
52:39 Le Mali avait expulsé notre ambassadeur dans son pays.
52:43 En 2020, la France, c'est nous qui avions rappelé notre ambassadeur en Turquie.
52:48 Il est vrai, après qu'Erdogan se soit interrogé sur la santé mentale d'Emmanuel Macron.
52:51 Plus de respect non plus.
52:53 Mais avec nos alliés, ce n'est pas mieux.
52:55 Sous Macron, la France a rappelé son ambassadeur à Washington, à Canberra et même à Rome.
53:00 Et quelles conclusions on peut en tirer alors ?
53:03 C'est le crainte qu'on se fâche avec tout le monde.
53:05 Les pays africains francophones, lesquels on a tourné en ce moment,
53:08 avec lesquels on a entretenu une coopération intense,
53:10 la zone CFA, diplomatique, l'ONU, la francophonie, militaires, les accords de défense.
53:15 Et de l'aveu même d'Emmanuel Macron, la France-Afrique, c'est fini.
53:18 Alors en Afrique du Nord, ce n'est pas mieux.
53:20 On a réussi l'exploit de nous fâcher avec l'Algérie.
53:22 Et en même temps avec son rival marocain.
53:25 Même exploit avec la Russie et en même temps avec son ennemi ukrainien.
53:28 Nous ne parlons plus à Vladimir Poutine,
53:31 tandis que le président Zelensky espère que cette fois, perfide,
53:34 Macron a vraiment changé.
53:36 Même exploit avec Trump et avec son rival Biden,
53:38 que le président français a caressé dans le sens du poil, le président démocrate,
53:41 avant de découvrir qu'il nous avait planté dans l'affaire des sous-marins.
53:44 Nos relations avec le monde anglo-saxon sont tellement dégradées
53:47 que la première ministre listreuse britannique n'avait même pas su dire
53:50 si la France était un ennemi ou un ami.
53:52 Plus spectaculaire encore, Patrick, en octobre dernier,
53:55 le président Macron a même annulé le conseil des ministres franco-allemands.
53:59 Paris ne fait même plus semblant de jouer le petit couple avec Berlin.
54:02 Vous savez, c'était vraiment le cœur du réacteur, ce couple franco-allemand.
54:05 On s'est vraiment, vraiment brouillé avec tout le monde.
54:07 Si ceci avait été diffusé sur une radio africaine,
54:10 on l'aurait accusé d'anti-français.
54:12 Tout est dans l'angle choisi, n'est-ce pas ?
54:14 Mais en réalité, ce que demande la jeunesse,
54:17 et on espère que le Nord le comprendra,
54:19 c'est qu'elle la respecte et l'écoute,
54:22 qu'elle ne lui impose plus rien,
54:24 qu'elle respecte ses choix et ses valeurs.
54:26 Mais une fois que l'on a dit cela,
54:28 se pose une question urgente pour cette jeunesse et ses dirigeants africains.
54:32 Le rejet ne saurait constituer un projet.
54:35 Il est urgent de réfléchir sereinement à son modèle,
54:38 de travailler sans complexe et sans tabou
54:41 à la construction d'un modèle qui réponde
54:43 à la réalité socio-culturelle de ce vaste ensemble,
54:46 si riche mais si pauvre en même temps.
54:48 C'est à vous de construire votre monde,
54:50 d'avoir le courage de bousculer les idées toutes faites
54:52 qui impulsent le développement.
54:54 "Osez inventer l'avenir", disait Thomas Sankara.
54:58 Ceux qui l'ont fait ailleurs n'étaient pas sortis des cuisses de Jupiter.
55:02 Vous êtes tout aussi bons.
55:06 Je voudrais vous remercier pour votre fidélité à ma chaîne YouTube
55:09 qui compte de plus en plus d'abonnés,
55:11 mais également pour mes autres plateformes digitales
55:13 où vous êtes de plus en plus nombreux,
55:15 malgré les faux comptes qui continuent de se multiplier.
55:17 Cette fois-ci, plus de réelles raisons de vous laisser avoir
55:20 puisque, comme vous l'avez certainement remarqué,
55:22 le long de cette chronique, nous vous proposons un QR code à scanner
55:26 pour être sûr d'être sur notre plateforme, la vraie.
55:29 Elle vous évite du moins pour l'instant de continuer de subir les assauts
55:33 de cybercriminels qui usurent pour mon identité à d'autres fins.
55:36 Je vous prie donc de scanner ce QR code
55:39 si vous ne l'avez pas encore fait.
55:41 Il vous conduit directement à tous mes comptes,
55:44 LinkedIn, Facebook, TikTok, Instagram et Twitter.
55:47 En le scannant, vous êtes cette fois-ci certain d'être sur les bons comptes,
55:51 celui qui vous propose le narratif africain.
55:54 Sans complaisance, mais sans condescendance.
55:58 Merci.
56:01 Sous-titrage Société Radio-Canada
56:06 www.société-radio-canada.com
56:10 Sous-titrage Société Radio-Canada
56:13 www.société-radio-canada.com
56:16 [SILENCE]

Recommandations