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Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, à l'occasion d'une émission spéciale sur la dissolution de l'Assemblée nationale, le politologue Benjamin Morel apporte son analyse sur les alliances possibles en vue des prochaines élections législatives.

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Transcription
00:00 Alors je n'ai pas la preuve de ce que je dis, mais les 40% de français qui s'abstiennent,
00:03 je pose la question à Benjamin Morel,
00:05 est-ce que vous pouvez savoir s'il y a plus de gens de gauche, plus de gens de droite,
00:09 plus de mobilisés à droite ou à gauche ?
00:11 On peut avoir une idée.
00:13 Alors, ceux qui ont le plus de réserves aujourd'hui, c'est les insoumis.
00:15 Parce que c'est ceux qui, dans ce type d'élection, mobilisent le moins.
00:19 Et donc, il y a des réserves de voix, très clairement pour la FI.
00:22 Il y a également des réserves de voix importantes pour le RN,
00:24 qui est un électorat très populaire, qui s'est plutôt bien mobilisé,
00:26 mais avec beaucoup plus d'électeurs en termes de nombre.
00:29 Il y a des réserves de voix quand même pour Renaissance.
00:32 Mais ces élections sont intéressantes à plusieurs titres.
00:34 L'électorat du centre se mobilise à toutes les élections.
00:38 C'est la poule aux odeurs en politique, il est toujours là.
00:40 C'est des retraités et des CSP+.
00:42 Là, il s'est démobilisé comme il s'était démobilisé aux dernières législatives.
00:45 Ce qui montre que dans cet électorat-là,
00:46 il y a une forme de récrimination vis-à-vis d'Emmanuel Macron.
00:49 Pour arriver à récupérer ses électeurs,
00:51 Emmanuel Macron va devoir ramer.
00:53 Il rame déjà depuis plusieurs mois.
00:54 Donc, il peut y avoir un surplus de mobilisation.
00:57 Il n'est pas certain que ce surplus joue en faveur de la majorité.
01:00 C'est même plutôt d'autres options qui s'imposent.
01:02 - Bon, on va essayer avec vous de faire de la prospection électorale.
01:07 J'ai regardé les législatives de 2017 et 2022.
01:11 On va prendre par exemple le cas de 2017.
01:13 Législative 2017.
01:15 Au premier tour, parce qu'il y a que ça qui est intéressant,
01:17 le premier tour, le deuxième tour,
01:18 les pourcentages, comme beaucoup de listes n'existent plus,
01:22 on ne peut pas prendre en compte le pourcentage du deuxième tour.
01:26 En revanche, on a une photographie sur un premier tour législatif,
01:30 j'espère que tout le monde me suit,
01:31 de la répartition des partis politiques.
01:34 La majorité présidentielle en 2017 fait 32% à peu près, de mémoire.
01:40 Et elle a plus de 50%... - 60% des députés.
01:42 - Elle a 60% des...
01:43 Alors, je vous pose une question simple.
01:45 Hier, Jordan Bardella a fait 33%.
01:48 Si au premier tour de la législative, il garde ce score aussi haut,
01:54 est-ce que ça veut dire que la Chambre parlementaire sera Rassemblement national ?
01:59 Voilà une question pour vous.
02:00 - J'aimerais que ce soit aussi simple, Pascal.
02:02 Je vais essayer de vous expliquer pourquoi ça l'est pas.
02:04 D'abord, parce qu'on a une élection à deux tours, et pas un tour.
02:07 Et donc à partir de là, il y a un fait qui va être extrêmement important à suivre dans les prochains jours,
02:10 c'est est-ce qu'il y a une union de la gauche ?
02:12 Les circos-NUP, les circos qui sont tombés dans les mains de la NUP la dernière fois,
02:16 sont des fiefs pour la NUP parce que la gauche a fait un mauvais score en 2022.
02:20 Mais c'est des fiefs si la gauche est unie.
02:22 Si la gauche est désunie, et c'est le pari d'Emmanuel Macron,
02:24 à ce moment-là, ces circos peuvent tomber dans les mains du RN, mais également de la majorité.
02:28 Et donc il peut y avoir un jeu à ce moment-là qui soit assez neutralisant,
02:32 la gauche disparaissant quasiment de l'Assemblée,
02:35 et très neutralisant pour le Rassemblement national,
02:38 avec un effet vote utile pour la majorité. C'est une possibilité.
02:41 Ce que vous dites sur le taux est corrélé quand même avec une réalité.
02:46 On estime qu'avec le mode de scrutin majoritaire à deux tours,
02:48 quand vous êtes entre 35 et 40 %, vous pouvez parier sur une majorité absolue.
02:53 Il y a une condition pour le RN.
02:54 La condition, c'est qu'il n'y ait pas de front républicain.
02:57 Autrement dit que, en cas de...
02:59 - Ça ne marche plus le front républicain.
03:01 - J'y viens, Pascal.
03:02 - Qui peut croire au front républicain ?
03:03 - En cas de major RN, l'électorat de gauche, par exemple,
03:06 ne se mobilise pas en faveur de la majorité.
03:09 - Sauf que plus personne n'y croit.
03:10 - Et là, j'abonde dans votre sens, ça ne s'est pas passé en 2022 aux législatives.
03:13 Ça n'a pas été un élément du vote qui a pu mobiliser l'électorat
03:17 comme ça avait été le cas en 2019 pour ces européennes.
03:20 Donc, en faisant ce pari-là,
03:22 Emmanuel Macron fait un pari qui est quand même assez contre-intuitif
03:25 au vu de tous les résultats.
03:26 - Autre question très technique.
03:28 Si la France Insoumise est toute seule,
03:31 et il semblerait quand même qu'après ce qui vient de se passer,
03:35 ça va être compliqué pour le parti socialiste de Raphaël Glucksmann
03:39 de passer un accord avec la France Insoumise.
03:43 On a le sentiment vraiment que s'ils y arrivent,
03:46 je ne suis même pas sûr...
03:47 - Ils auront un instant de survie quand même.
03:49 Parce que pour répondre un peu à votre question,
03:51 si jamais il n'y a pas d'accord à gauche,
03:53 ça veut dire que probablement, il n'y a plus de groupe PC,
03:56 il n'y a plus de groupe vert,
03:57 il n'y a peut-être plus de groupe socialiste
03:58 pour un groupe réduit à peau de chagrin.
03:59 - Oui, mais ils iront quand même.
04:00 - Il y a un groupe réduit à peau de chagrin pour la FI.
04:02 Je pense que la raison s'imposant du point de vue purement arithmétique et électoral,
04:08 il y aura un accord peut-être à minima,
04:10 rééquilibré en faveur notamment du PS sur les circos.
04:13 - Vous pensez que Raphaël Glucksmann...
04:15 Parce que Raphaël Glucksmann, son score est important...
04:18 - Raphaël Glucksmann n'est pas à la tête du parti.
04:20 - Ah, oui...
04:22 - Et ceux qui vont jouer, c'est les députés en fait.
04:24 C'est-à-dire que les députés socialistes,
04:26 s'ils ont un sens minimal de la survie,
04:28 savent qu'aujourd'hui, malgré toutes les récriminations
04:30 qu'ils peuvent avoir vis-à-vis de Jean-Luc Mélenchon,
04:32 ils ne seront peut-être plus députés,
04:34 enfin ils ne sont déjà plus députés,
04:35 mais ils ne seront pas à nouveau députés dans un mois

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