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Au lendemain des élections fédérales, régionales et européennes, nous revenons ensemble et en vidéo sur les résultats de ces différents scrutins. Ici, place à l'analyse de ce qui s'est déroulé en Wallonie

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00:00 Au lendemain des élections fédérales, régionales et européennes,
00:03 nous revenons ensemble en vidéo sur les résultats de ces différents scrutins
00:07 et tout de suite place à l'analyse de ce qui s'est passé en Wallonie.
00:11 Autour de la table, deux expertes de la vie politique belge,
00:22 deux observatrices de ces rouages parfois compliqués,
00:25 Caroline Clos, politologue au Cevipol,
00:27 le centre d'études de la vie politique de l'ULB. Bonjour Caroline.
00:30 Bonjour.
00:31 Merci beaucoup d'être parmi nous aujourd'hui.
00:33 Face à vous Martine Dubuisson, chef adjointe du Pôle Pouvoir.
00:35 Bonjour Martine. Bonjour Pierre.
00:37 Merci beaucoup aussi.
00:38 Vous n'avez pas beaucoup dormi, toutes les deux.
00:40 On va quand même faire ça bien.
00:42 Martine, d'abord, c'est ce qui semble évident à la lecture des résultats en Wallonie.
00:46 On est en train d'assister à une bascule historique.
00:50 Oui tout à fait. Il y a deux victoires qui sont manifestes en Wallonie.
00:53 En premier lieu, évidemment, celle du MR qui renverse la table.
00:58 La Wallonie est une terre rouge par excellence.
01:02 Alors qu'en Europe, plein de bastions socialistes s'étaient effondrés.
01:06 C'était un petit peu le village gaulois socialiste qui résistait.
01:10 Cette fois-ci, non. Le MR a renversé, domine la Wallonie aussi.
01:15 Et l'écart avec le PS est assez important malgré tout.
01:22 Et le MR fait un bond assez spectaculaire de quasi 8 points pour arriver quasi à 30%.
01:29 Ces fameux 30% que Georges Louis Boucher, lorsqu'il briguait la présidence de son parti à l'automne 2019,
01:36 avait promis au sien d'obtenir.
01:39 Et à l'époque, tout le monde disait 30%.
01:41 C'est juste pas possible.
01:42 Il fait 29,6% en Wallonie, ce qui n'est quand même pas rien.
01:47 Le MR devant le PS, ça n'était plus arrivé depuis 2007.
01:52 Et à l'époque, ce n'était pas à une élection régionale, c'était à une élection législative.
01:56 Et ici, le MR est partout devant.
02:00 Il est devant en Wallonie, il est devant à Bruxelles, il est devant au fédéral.
02:05 Donc c'est vraiment une victoire écrasante et, comme vous disiez, un basculement important.
02:10 Caroline, c'est plus presque que la victoire en tant que telle du MR,
02:14 c'est l'ampleur de cette victoire, c'est le raz-de-marée que ça représente qui étonne.
02:18 Oui et non, parce que c'est vrai que si on regarde les chiffres du début des années 2000,
02:24 on parlait de 2007, c'est un score que le MR avait déjà fait en Wallonie.
02:28 Moi, je dirais que le score qui est le plus frappant, le plus spectaculaire, c'est les engagés.
02:33 Parce que les engagés, je pense qu'ils vont monter à avant 1995 pour avoir ce résultat-là.
02:40 Je pense que c'est effectivement le pari de Georges-Louis Boucher qui est réalisé.
02:45 Mais si on regarde à l'échelle historique des 30 dernières années,
02:50 vraiment les engagés doublent leur score par rapport à 2019 en termes de voix.
02:55 Et ils n'ont plus fait ce score-là depuis extrêmement longtemps.
02:58 Donc, on veut dire bravo aussi aux engagés.
03:02 Et on ne les attendait pas forcément à autant de pourcentages et à autant de sièges au Parlement wallon.
03:07 C'est ça, la remontée dans les sondages, on pouvait s'y attendre.
03:10 Mais de nouveau, on n'avait pas calculé l'ampleur qu'elle allait prendre.
03:12 Non, c'est vraiment la deuxième. Je parlais de deux victoires écrasantes. C'est évident.
03:16 Donc, on avait annoncé une remontée, mais la victoire est au-delà de ce que les sondages annonçaient.
03:24 Et puis surtout, ce parti, il y a deux ans, était donné mort.
03:28 Je vous assure que quand on téléphonait ou on avait des contacts dans les autres parties,
03:31 on se partageait déjà le cadavre centriste. C'était à ce point-là.
03:35 Et quand ils ont fait leur refondation, rappelez-vous, c'était en plein Covid.
03:41 Donc, ce qui devait prendre un an a pris deux ans et demi.
03:43 Donc, même dans les rangs centristes, ça a commencé à râler ferme.
03:46 Maxime Prévost, qui avait initié tout ça, il faut le reconnaître, à tenue bon, en gardant son cap.
03:53 Lui, il en était persuadé. Il a été élu à la présidence.
03:56 Tout de suite après, il a pris une raclée aux élections de 2019.
03:59 Il a choisi l'opposition partout et tout de suite, il a dit à ses troupes, on doit se renouveler ou on est mort.
04:03 C'était assez simple pour lui. Il en était vraiment convaincu.
04:06 Maintenant, la refondation pouvait aussi entraîner la mort si elle ne prenait pas.
04:10 Évidemment, en l'occurrence, elle l'a pris et drôlement bien pris.
04:14 Et de fait, c'est une avancée incroyable.
04:18 Ils font quasi plus de 10 %.
04:20 On ne les a jamais annoncés aussi haut depuis ces dernières années.
04:25 Et il faut remonter à des scores d'il y a 30 ans,
04:28 quand ce parti était le parti pivot encore, qui pouvait s'allier à droite ou à gauche.
04:33 Ici, on voit que ça redevient un petit peu le cas.
04:36 Il peut un peu être faiseur de roi, même si, on va sans doute en parler,
04:40 au niveau des coalitions, il y en a une qui semble s'imposer assez fort
04:44 et qui semble aussi correspondre à beaucoup de choses qui ont été dites pendant la campagne,
04:49 puisqu'on avait vu des convergences notables entre MR et les engagés.
04:54 On va effectivement y revenir dans un instant aux coalitions possibles.
04:58 Caroline Clos, on ne peut pas passer sous silence quand on voit les chiffres,
05:02 la dégringolade, la débâcle, je ne sais plus quel terme il faut utiliser pour parler du score d'Ecolo.
05:07 Et ces résultats, plus qu'en demi-teinte pour le PS, aussi, au final,
05:11 c'est des partis qui étaient au pouvoir et qui sont sanctionnés à cause de cet exercice du pouvoir ?
05:17 Alors les deux parties ont vraiment des configurations très différentes.
05:22 Ecolo, malheureusement, je ne sais pas si le parti n'apprend pas du passé,
05:28 mais c'est toujours la même histoire.
05:30 Ils entrent dans un gouvernement, la fois d'après, ils perdent la moitié des soutiens.
05:34 C'est marrant parce que les engagés font fois deux, Ecolo fait divisé par deux.
05:37 Ce sera intéressant de voir les transferts de voix dans les analyses qui vont suivre dans les semaines qui arrivent.
05:43 Donc voilà, c'est un traumatisme de nouveau chez Ecolo.
05:46 Est-ce qu'ils vont aussi passer par une refondation ?
05:49 Est-ce qu'ils vont reprendre une fonction de parti d'opposition,
05:55 preuve de la société civile, un peu lanceur d'alerte ?
05:59 On dirait qu'ils n'assument jamais totalement leur statut de parti de gouvernement.
06:03 Le PS a un peu l'inverse, c'est "on est au gouvernement tout le temps, finalement".
06:07 Le PS a un de ses pires scores, mais c'était déjà un de ses pires scores en 2019.
06:12 C'est juste que la baisse est toujours un peu progressiste.
06:16 C'est 2-3% en moins à chaque élection.
06:20 C'est un peu une courbe linéaire vers le bas.
06:24 Bien sûr, il y a des élections où ils ont performé un peu mieux, où ils ont remonté.
06:29 Mais globalement, c'est une lente descente.
06:34 Mais à chaque fois, il y a ces différentes lectures.
06:37 "Ah oui, on a limité la caisse, mais regardez à Bruxelles."
06:40 Globalement, en Wallonie, les soutiens du parti s'effritent.
06:45 Ce sera intéressant de voir aux élections communales comment ces partis vont rebondir, vont réagir.
06:50 Même chez les engagés, est-ce qu'ils vont aller chercher des personnalités de la société civile
06:54 pour essayer de les placer stratégiquement dans les communes ?
06:57 Est-ce qu'on va avoir beaucoup de listes communes, les engagés et maires dans les communes ?
07:03 La séquence d'élections locales qu'il va suivre en Wallonie en particulier,
07:07 parce que c'est vraiment débastiant, ça va être passionnant pour les observateurs que nous sommes.
07:12 Martine, encore un mot sur le Parti Socialiste.
07:15 Quand dimanche soir, Paul Magnette parle d'une petite érosion, c'est un euphémisme ?
07:19 Quand on voit les chiffres aujourd'hui, c'est plus qu'une petite et lente érosion.
07:23 À Bruxelles, il reste stable.
07:27 En Wallonie, il perd 2,9 points.
07:30 Alors je comprends que lui parle d'une petite érosion,
07:33 mais peut-être effectivement, si on replace dans le contexte plus historique,
07:38 ou en tout cas en élargissant un petit peu le cadre,
07:40 c'est chaque fois x petit pourcent, mais au bout du compte, ça commence à faire beaucoup de pourcent.
07:46 Et la symbolique est surtout que ce parti qui était ultra dominant,
07:51 rappelez-vous, Georges Louis Boucher et l'OMR ont fait campagne sur 50 nuances de gauche,
07:55 et nous pour dire à quel point la Wallonie est une terre rouge d'ordinaire.
08:00 La symbolique, elle est extrêmement forte.
08:02 Et parfois, aux élections, on perd un petit peu moins dans les chiffres que dans le symbole.
08:10 Parfois même des partis qu'on annonçait très en hausse dans les sondages,
08:15 et qui gagnent moins que ce qu'on attendait, mais qui progressent quand même un petit peu,
08:20 c'est le cas par exemple du Vlaams Belang, et bien ils ont une espèce de défaite morale.
08:24 Je pense que le PS, il a quelque part une double défaite, la défaite des chiffres,
08:27 mais surtout la défaite symbolique en Wallonie.
08:31 Et ça, parmi les troupes, ça fait quand même mal, je pense,
08:35 même si 2,9% ce n'est pas 10%, ce n'est pas perte la moitié de ses électeurs, comme Écolo.
08:42 Écolo est sans doute le parti du côté francophone qui a perdu vraiment le plus de voix.
08:48 À noter, pour revenir une seconde sur les engagés,
08:51 que c'est le parti qui a gagné le plus de voix,
08:55 proportionnellement le plus de pourcents de tous les partis qui se présentaient aux élections hier,
09:00 ce n'est quand même pas rien.
09:01 Pour terminer, si on regarde un petit peu ce qui peut se jouer, ce qui pourrait se jouer,
09:06 c'est évidemment toujours compliqué de partir en supposition,
09:10 mais on a les chiffres pour s'appuyer.
09:11 Au niveau des coalitions, il y a des bipartites qui sont possibles,
09:18 il y a des bipartites qui sont plus évidentes que d'autres.
09:22 On sait plus ou moins, ça vous paraît évident, Caroline Clos ?
09:26 Rien n'est jamais évident en Belgique,
09:29 et on sait qu'on va essayer de négocier aux différents niveaux de pouvoir en même temps.
09:35 Mais il y a quand même, en fait, un des reproches que les citoyens font aux coalitions,
09:41 c'est qu'il y a trop de partis dedans.
09:43 Là, c'est l'occasion d'avoir un nombre minimal de partis dans la coalition.
09:47 Ce serait aussi le choix logique, non seulement d'aller vers le centre droit
09:51 pour gouverner, mais aussi de dire, voilà, on a vu que la Vivaldi c'était compliqué,
09:56 qu'entre Écolo et MRPS, en tout cas, ou PS Écolo d'un côté et MR de l'autre côté,
10:01 ça s'est fortement invectivé, et pourtant les gouvernements ont tenu bon toute la législature.
10:06 Ce serait logique d'aller vers ce qu'on appelle une coalition minimale gagnante,
10:11 donc un nombre minimum de partis pour avoir une majorité.
10:14 Martine, si on part dans cette idée-là, dans cette configuration d'une bipartite,
10:18 c'est quoi qui est le plus probable ?
10:20 Le MR avec les engagés ou le MR avec le PS ?
10:22 Je sais que vous n'aimez pas ce genre de questions, parce que c'est compliqué de dire comme supposition.
10:26 C'est-à-dire que la réponse à la question varie en général en fonction de combien de temps durent les négociations.
10:32 Alors c'est vrai qu'aujourd'hui, on a envie de dire que le plus logique serait MR les engagés,
10:37 puisque c'est les deux vainqueurs du scrutin.
10:40 Moi, ce que je voudrais quand même souligner, c'est que jusqu'il y a quelques jours,
10:44 peu d'observateurs auraient parié sur une bipartite en Wallonie,
10:48 et tout le monde disait "Oh là là, après ces élections, ça va être compliqué".
10:50 Peut-être pas en Wallonie que c'était le plus compliqué,
10:52 mais tout le monde se disait quand même qu'il faudrait trois partis.
10:54 Il n'en faut que deux, c'est une vraie surprise.
10:56 Et il y a deux coalitions possibles, donc MR les engagés ou MR-PS,
11:02 avec une majorité confortable, rien qu'à deux.
11:04 Ça, c'est quand même à souligner, ça n'arrive pas souvent en Belgique.
11:08 Évidemment, à Bruxelles, ce sera plus compliqué, au fédéral aussi,
11:10 mais quand même, je trouve que ça vaut la peine de le souligner.
11:13 Donc pour revenir à la question, c'est vrai que là, on sort d'une nuit d'élection,
11:18 on aurait envie de dire que le plus logique serait quand même,
11:22 de temps en temps, de récompenser les vainqueurs.
11:24 Ce n'est pas toujours le cas.
11:26 Maintenant, les négociations se compliquant peut-être,
11:30 on pourrait se rendre compte que deux autres partis sont plus compatibles.
11:35 De ce qu'on a vu dans la campagne, MR et les engagés paraissent compatibles
11:40 sur plusieurs sujets, notamment en matière socio-économique,
11:43 voire de sécurité et justice.
11:45 C'est clair que les engagés vont être plus pointus en matière de santé.
11:49 C'est un thème qui a été mis en avant par exemple par le MR
11:53 et que là-dessus, il ne pourrait plus se retrouver avec le PS.
11:56 Donc rien n'est exclu, mais à l'heure où l'on parle,
11:59 c'est-à-dire quelques heures à peine après les résultats,
12:01 peut-être qu'eux partent avec les faveurs du pronostic,
12:05 mais en Belgique, tout est possible.
12:07 En Wallonie aussi, un retournement n'est pas impossible.
12:10 Il faut quand même se souvenir que le MR a énervé ses partenaires
12:14 de coalition à tous les niveaux de pouvoir pendant toute la législature,
12:18 mais les engagés n'étaient pas dans ces coalitions.
12:21 Donc voilà, peut-être qu'on est un peu moins énervés par Georges Louis Boucher
12:25 chez les engagés que dans d'autres partis.
12:27 Donc à voir, mais c'est clair que les premiers coups de fil
12:31 vont peut-être aller dans cette direction-là.
12:34 Et on suivra ça évidemment de manière extrêmement attentive.
12:37 Merci à toutes les deux pour cette analyse pertinente des résultats des élections.
12:41 D'autres analyses pour les résultats qui concernent les autres niveaux de pouvoir
12:45 sont disponibles sur le site du Soir.
12:48 Le Soir. Repensons notre quotidien.
12:51 [SILENCE]

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