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00:03:24Quel avenir pour l'agriculture !
00:03:27C'est la 7ème émission en présence de gens qui mettent leur main dans la terre, des agriculteurs, des représentants de fédérations du secteur agricole.
00:03:34Nous allons débattre aujourd'hui de ce qu'est l'agriculture, de ce qu'elle risque de devenir si nous ne faisons rien,
00:03:40et de ce qu'il faudrait faire pour que ce métier essentiel, noble et superbe puisse l'accomplir.
00:03:46Le 7ème émission en présence de gens qui mettent leur main dans la terre.
00:03:51rien et de ce qu'il faudrait faire pour que ce métier essentiel, noble et superbe puisse
00:03:57perdurer et ne pas tomber dans les griffes, dans les mains de l'agrobusiness, de la concentration.
00:04:02J'ai le plaisir d'accueillir 4 personnes. Maxime Jansens qui est vice-président de
00:04:08la Fédération des jeunes agriculteurs et qui est jeune.
00:04:11Bonjour Maxime. Merci d'être venu parce qu'ils viennent de loin, il faut préciser,
00:04:17ils ne viennent pas toujours souvent à Bruxelles, c'est d'ailleurs dur et nous le dirons parfois
00:04:20de venir dans la ville qui détonne avec les paysages agricoles.
00:04:25Gautier Bossu, agriculteur, éleveur en circuit court.
00:04:29Bonjour Gautier. Bonjour Alexandre.
00:04:32Grégory Henry qui est maraîcher et formateur en permaculture.
00:04:35Bonjour Grégory. Bonjour Alexandre.
00:04:37Et Simon Chavez que vous avez déjà vu, qui est ingénieur agronome mais aussi d'autres
00:04:42choses, qui adore les champignons. Voilà, les réseaux, les champignons.
00:04:45Qui sera d'ailleurs, sa chronique débute dans le prochain Kéros où il nous parle beaucoup
00:04:49des champignons qui sont indispensables à la vie et qui sont un modèle pour nous.
00:04:54Enfin, en fait, on peut tirer modèle de ça. Alors, comme première question, j'ai envie
00:05:00de vous entendre parler de votre métier, ce qu'il représente pour vous, mais aussi
00:05:04quel avenir pour l'agriculture. On a vu, on y était, place du Luxembourg,
00:05:12cette colère des agriculteurs qui, selon moi, mais vous me direz, n'a pas vraiment
00:05:15été entendu. Ils sont partis le jeudi très frustrés, retournés dans leur campagne
00:05:21avec la même épée de Damoclès au-dessus de leur tête.
00:05:25Donc, quel avenir ? Comment vous voyez votre métier ?
00:05:28Ils m'ont tous dit qu'on adore notre métier, mais on ne peut pas en vivre. La plupart m'ont
00:05:32dit ça. Ce qui est quand même affreux, alors que d'autres métiers qui sont loin d'être
00:05:37indispensables rapportent énormément. Vous comprendrez de quel métier on parle, lié
00:05:42à la finance, aux banques. Mais voilà, vous avez un métier superbe, essentiel, mais
00:05:46la plupart ne peuvent pas en vivre. On sait que beaucoup d'agriculteurs se suicident.
00:05:49Donc, comment vous percevez votre métier et quel avenir vous y voyez ?
00:05:52Et on va essayer, un Grégory, un Simon, de parler de solutions, de choses positives,
00:05:58parce que les gens ne voient que des choses négatives. On est en train de monter les
00:06:02agriculteurs contre les citoyens qui vont aller dans leur grande surface et vont voir
00:06:05il n'y a plus rien et vont se dire c'est de la faute des agriculteurs. Mais non, c'est
00:06:09bien plus complexe que ça, même si en même temps c'est facile.
00:06:12Alors du coup, Max, première question, qu'est-ce que t'as fait ce matin, ton quotidien un
00:06:18matin ? Et je pense qu'on peut poser la même question aux deux autres.
00:06:20Pas de bol justement, il a dormi, il a fait une grasse maintenant.
00:06:23Ce serait étonnant de voir un agriculteur.
00:06:25Ce matin, je me suis réveillé, j'ai ensuite soigné mon petit troupeau de vaches en aubrac,
00:06:32et puis je suis parti à une réunion qui était organisée entre des agriculteurs de
00:06:37la région de Feului, et alors certains ministres, le ministre Borsu, et alors le ministre Adrien
00:06:43Dodou, ministre des Finances. On a pu ainsi, en petit comité, leur expliquer nos revendications
00:06:50et simplement leur présenter des constats qui sont dommageables actuellement dans le
00:06:57secteur agricole.
00:06:58On parlera qu'ils sont nombreux. Justement, on parlera aussi du congrès hier de la FUGA.
00:07:03Et c'est ça, et cet après-midi, ça ne s'arrête pas, et en fin de journée, tu dois
00:07:07retourner à la ferme parce qu'il y a encore du travail à la ferme, j'imagine ?
00:07:11Il y a encore du travail à la ferme, mais ensuite, on met différentes actions pour
00:07:15le moment avec la FUGA pour mettre de la pression ici sur le secteur de la grande distribution,
00:07:20à savoir Coméos, Réunion, qu'on aura la chance de débuter ici début d'après-midi.
00:07:28Justement, la grande distribution, Gauthier Bossu, vous pouvez nous décrire un peu votre
00:07:35boulot, mais vous êtes dans le circuit court, qui est sans doute, on en parlera, mais essentiel
00:07:38aussi peut-être pour sauver l'agriculture. Là, c'est quoi le métier d'agriculteur,
00:07:43en tout cas pour toi ?
00:07:45Très vaste question. Il me faudrait une journée complète pour l'expliquer. Je crois que
00:07:49c'est un métier de vocation déjà. C'est quelque chose qu'on a dans les tripes. C'est
00:07:55beaucoup d'émotions. Je trouve qu'on n'en parle pas assez. C'est quelque chose
00:07:59qui, voilà, donner naissance à un animal, voir nos plantes qui poussent, voir la nature
00:08:06qui évolue de jour en jour, c'est vraiment ça qui nous tire vers le boulot. C'est que
00:08:11ça, c'est vraiment ça. Il faut bien prendre ça en conscience qu'effectivement, ça
00:08:16vaut plus que l'argent et c'est pour ça qu'on le fait. Le but était venu de là.
00:08:22Après, effectivement, il y a toutes ces charges qui sont là. C'est l'ours. Effectivement,
00:08:28ce matin, on en parlait. Qu'est-ce qu'on osait ? Moi, j'avais une réflexion de dire
00:08:32qu'il me faudrait une journée ou un débat d'une journée pour expliquer tout ce qui
00:08:36ne va pas et tout ce qui permettrait d'améliorer. Mais là, clairement, je n'avais pas envie.
00:08:42J'avais juste envie d'être bien avec mes animaux, d'être bien avec mes cultures.
00:08:45Et voilà, je me dis, je viendrai, je répondrai avec mes émotions, clairement, de ce qui
00:08:51se passe chez moi. On peut en discuter, on peut expliquer comment ça fonctionne. Mais
00:08:58mon énergie et mon moteur quotidien, voilà, c'est de voir cette nature qui évolue simplement.
00:09:05Est-ce que tu sais me dire des trucs qui freinent ? Ce que tu as remarqué ce matin qui t'empêche
00:09:11des choses concrètes ? Est-ce que le cours du Froment, par exemple, on sait qu'il est
00:09:14en train de diminuer ? Est-ce que ces questions-là, ou la charge administrative, peut-être tu
00:09:19devais remplir des papiers ce matin. Qu'est-ce qui, ce matin, t'a bloqué, t'a empêché
00:09:23de faire ton métier de producteur, d'éleveur ?
00:09:25J'ai mis le doigt dessus. On a ouvert Internet, on a regardé le cours, on s'est dit, j'aurais
00:09:31pu vendre ma céréale il y a longtemps. Et un bout de temps, on n'a pas fait parce
00:09:35qu'on ne sait pas, on ne maîtrise pas les marchés. On ne sait pas comment ça va,
00:09:37on ne sait pas comment ça se passe avec l'Ukraine, on ne sait pas comment ça se passe
00:09:40avec l'Europe. On s'est dit, est-ce qu'on fait ? On avait hésité, on se dit, on se
00:09:44met toujours un frein en disant, on essaie de bloquer une vente sur un pourcentage en
00:09:48fonction des dates, pour dire, de diluer les risques tout simplement. Après, on se dit,
00:09:53on va quand même laisser un peu d'espoir. Et au bout du compte, plus on avance, plus
00:09:57l'espoir disparaît parce qu'on se rend compte. Et puis, on se dit, est-ce qu'on
00:09:59ne ferait pas mieux maintenant d'accepter l'erreur ? Parce que là, on a le regret
00:10:02de ne pas l'avoir fait en avant, en amont. Mais malgré tout, on se dit, si on le fait
00:10:06maintenant, est-ce qu'on ne regrettera pas de l'avoir fait aujourd'hui ? Parce que
00:10:08c'est encore chuté. Donc, il y a ça qui nous a tués. Et puis, il y a une réflexion
00:10:13sur nos nouvelles déclarations qui vont bientôt arriver sur notre fédération.
00:10:17Les cherches administratives dont on parle souvent.
00:10:19Oui, clairement. On va entrer dans la nouvelle campagne culture et il va falloir re-encoder
00:10:26toutes nos données sur les cultures qu'on va mettre où. Et alors, après, il y a toute
00:10:31cette chasse de primes qui nous oblige aujourd'hui à être mis en place pour pouvoir sortir un
00:10:39revenu un peu plus... Essayer de goupiller, le but de goupiller, de faire payer tous nos
00:10:45emprunts et d'arriver au bout du compte à mettre les deux bouts ensemble. Et il y avait
00:10:50une réflexion là ce matin en disant, il y a des termes administratifs. On parlait du
00:10:54taux de carbone notamment, mais par contre, on parle de taux du mus et ce n'est pas les
00:10:58mêmes réflexions. Donc, il y a toute une réflexion mentale qui prend énormément de
00:11:03temps, qui me mine pour juste pouvoir essayer de valider des choses qui me permettront de
00:11:11ne pas rater une petite prime peut-être. Avoir plus de maîtrise sur à qui tu vends
00:11:17et à quel prix tu vends, ça c'est un choix que toi tu fais ou que tu aimerais plus faire
00:11:23de ne pas être dépendant de tous ces acteurs qui gravitent autour de ta ferme et comment
00:11:27c'est possible de le faire ? On a la chance d'avoir une vente directe à l'exploitation.
00:11:30On a un magasin qui est là et ça vraiment, c'est aussi une source pour notre moteur,
00:11:38pour vraiment notre énergie de mise en place parce que le fait de parler directement avec
00:11:41nos consommateurs fait qu'on modifie un peu le fonctionnement qu'on essaie d'avoir
00:11:47sur notre exploitation parce qu'on a un retour direct de nos clientèles. Et donc,
00:11:51la qualité du produit qu'eux ressentent et le retour qu'ils nous en font, font qu'on
00:11:57modifie, on n'est pas dans la même idée que la production vers les industriels parce
00:12:04qu'on sait que, ok, on va peut-être perdre un peu de lait, ok, on va peut-être perdre
00:12:08un peu de rendement, mais notre clientèle le demande et on voit la différence de qualité
00:12:14puisqu'on transforme nous-mêmes notre production. Donc, on ressent directement l'intérêt
00:12:19de des fois de dire on ne va pas chercher le maximum de la productivité, mais on cherche
00:12:24une qualité qui permet à nos consommateurs d'avoir, en plus, ce n'est pas le fait
00:12:30qu'ils nous payent plus, c'est juste le fait d'avoir une émotion qui dégage ces
00:12:34gens-là et qui nous donne l'envie d'aller encore vers cette idée-là.
00:12:37Grégory, tu te reconnais maraîcher dans ce modèle, formateur en permaculture ?
00:12:44Moi, j'avoue que je suis très impressionné et choqué aussi quand j'entends la lourdeur
00:12:51administrative et toute la réalité financière de mes amis gros agriculteurs parce que moi,
00:12:58je suis petit maraîcher, donc je fais de la petite production et je vis clairement
00:13:03grâce à des rentrées extérieures. Ce que je fais dans la permaculture, je nourris une
00:13:08communauté qui fluctue depuis huit ans et je dois avouer que c'est une plus petite
00:13:18surface, je n'ai pas la responsabilité de mes amis gros agriculteurs, je n'ai pas
00:13:22de machine, mais ma démarche est tout à fait différente, c'est qu'à l'époque,
00:13:26j'ai voulu faire du maraîchage en permaculture à l'ancienne, c'est-à-dire sur une moyenne
00:13:32de surface, j'ai quand même près de 6 hectares, mais je cultive sur un demi-hectare,
00:13:38mais moi, je partais dans une démarche à l'époque, j'étais un petit peu dans
00:13:41la collapsologie il y a déjà une quinzaine d'années, je me suis laissé envahir par
00:13:45la peur, mais ça a débouché sur quelque chose d'intéressant, c'est que je voulais
00:13:49prouver qu'il était possible de produire énormément de légumes sur des petites surfaces
00:13:52sans machine, sans produit chimique. Et ça fonctionne ?
00:13:56Ah ouais, et en plus mon terrain, je vais dire le terrain que j'ai commencé à cultiver
00:14:01il y a 8 ans, là à Beaumont, c'était vraiment une catastrophe, c'était un ancien
00:14:05camping argileux, caillouteux, tout pollué, j'ai d'abord tout dépollué les 4 hectares
00:14:10du domaine, vraiment à fond les manettes, des dizaines de containers, j'ai replanté
00:14:15des arbres, j'ai replanté un peu plein de choses, et puis les surfaces qui étaient
00:14:18les plus belles, je les ai bien amandées et j'ai beaucoup produit, je produis beaucoup
00:14:24sur des petits espaces, j'allie aussi biodynamie, association de culture, permaculture qui est
00:14:29ma passion, mais j'ai pas la même réalité que mes amis agriculteurs, parce que j'ai
00:14:34pas autant de terre, j'ai pas voulu me lancer dans les crédits de quoi que ce soit, j'ai
00:14:38une démarche quand même assez résistante.
00:14:40Je ne venais pas ici non plus avec une grande attente de la perdue.
00:14:43Mais Simon, c'est des modèles qui s'opposent ?
00:14:45C'est pas des modèles qui s'opposent.
00:14:47Est-ce que c'est des modèles qui s'opposent ou des modèles qui pourraient être complémentaires ?
00:14:50Parce que c'est vrai que quand tu parles d'endettement et tout ça, je pense un peu
00:14:53au documentaire qui vient de sortir, qui avait été en nourrir l'humanité, où ils
00:15:01expliquent la sortie de la seconde guerre mondiale, il y a le plan Marshall, l'endettement,
00:15:05ils interviewent d'ailleurs un vieux fermier qui dit « non, moi je ne vais pas prendre
00:15:09un camion pour un million, parce que sinon quand il n'est déjà plus en ordre de marché
00:15:12on n'a pas encore payé l'endettement ». Et juste question comme ça, c'est pas
00:15:15du tout.
00:15:16Est-ce que c'est pas un modèle dans lequel on a mis des agriculteurs avec des plus grandes
00:15:20surfaces, du phytosanitaire, et à la limite comment en sortir et se rapprocher un peu
00:15:25plus, faire un entre-deux ?
00:15:27La question de la peur qui a été abordée est très intéressante parce qu'en fait
00:15:31le modèle productiviste qu'on a aujourd'hui, il découle d'une peur, c'est la peur
00:15:35d'avoir faim à la sortie de la seconde guerre mondiale.
00:15:37Et si on se met à la place des décideurs politiques à ce moment-là, avec les connaissances
00:15:41qu'ils avaient à ce moment-là sur le végétal, le vivant et comment est-ce qu'on
00:15:47pouvait fertiliser, comment on pouvait produire en masse, ils ont pris des décisions qui
00:15:51à ce moment-là je pense étaient plus ou moins logiques en fait, c'est de se dire,
00:15:55et d'avoir une prétention aujourd'hui, quand on prend conscience de ça, l'humain
00:15:59a cru qu'il serait plus fort et plus puissant que le vivant pour produire.
00:16:04Oui mais avant la seconde guerre mondiale, les gens n'aimeraient pas tous de faim.
00:16:08Non mais la seconde guerre mondiale a généré une peur d'avoir faim.
00:16:11Oui oui, évidemment.
00:16:12Et donc à la sortie de la seconde guerre mondiale, les industriels ont utilisé cette
00:16:15peur pour pouvoir, et ils ont utilisé les pouvoirs publics, les politiques, pour mettre
00:16:20en place un système guerrier, un système guerrier vis-à-vis de la nature, qui a répondu
00:16:27aux exigences de production, mais aujourd'hui on se rend bien compte que c'est pas ce
00:16:31modèle-là qui doit nous inspirer, c'est pas la guerre qui doit nous inspirer, c'est
00:16:34la collaboration, c'est comment fonctionne une forêt, c'est comment fonctionnent les
00:16:37écosystèmes naturels, c'est ça qui doit inspirer aujourd'hui, c'est l'agroécologie
00:16:41en fait, c'est le terme qui reprend toutes ces dimensions, parce que quand on parle agriculture
00:16:46on pense souvent à la technique, aux tracteurs, aux engrais, aux semences, mais c'est aussi,
00:16:51et on en a parlé, des dimensions sociales, des dimensions économiques, des dimensions
00:16:55environnementales.
00:16:56Aujourd'hui ce qu'on demande aux agriculteurs, c'est faramineux, on leur demande de gérer
00:16:59des centaines d'hectares en les aidant, parce que ça c'est aussi dramatique, on les aide,
00:17:05mais en fait ils ont pas besoin d'être aidés les agriculteurs, ils ont surtout besoin d'être
00:17:09écoutés et qu'on leur fasse confiance un petit peu, et qu'ils puissent avoir du temps
00:17:14pour connecter avec leurs voisins, pour échanger, pour voir ce qui marche bien, on les a, tout
00:17:19le monde les a isolés, et en fait c'est quelque chose qui est commun aujourd'hui dans la société,
00:17:24c'est qu'on isole chaque individu, sauf qu'on a un métier qui nécessite d'avoir une vision
00:17:28aussi globale, et c'est pour ça que moi je suis passionné d'agroécologie, c'est que
00:17:32c'est une vision systémique d'une ferme, et quand il faut avoir une vision systémique,
00:17:36en fait on ne peut pas être isolé comme ça, ça ne marche pas, c'est l'épuisement du système
00:17:42agricole. Ouais c'est un isolement généralisé dans tous les métiers. Maxime Jansens, par rapport
00:17:46à la fédération des jeunes agriculteurs, ce que relève Simon Chavez, c'est un questionnement que
00:17:51vous avez ? Pour le moment on défend de toute façon tous les modèles, à savoir qu'on prend
00:17:57les membres qui sont présents à un moment T et à un endroit X, et voilà certains sont entrés
00:18:04dans des systèmes certes plus productivistes, mais voilà par la volonté peut-être des parents,
00:18:08ils ne font que continuer un mode de production qui leur permet simplement de rembourser leur
00:18:15crédit, parce que c'est effectivement dans la production industrielle qu'on va chercher les
00:18:19plus gros revenus, et donc on a les moyens de rembourser l'achat de fonciers qu'on a pu faire,
00:18:23ou l'achat de bâtiments, ou l'achat de gros tracteurs, on est dans un cercle peut-être vicieux,
00:18:29mais qui s'entretient par lui-même, je vais dire si on travaille longtemps, on a les moyens de le
00:18:35rembourser, maintenant là on arrive à une faille, ou même le fait de travailler en industriel ne
00:18:39nous permet pas, enfin ne permet pas à tous les agriculteurs de trouver assez de revenus que pour
00:18:43trouver des capacités financières. C'est ce que les agriculteurs me disaient au centre de Bruxelles,
00:18:48c'est que les enfants ne peuvent pas reprendre la ferme des parents souvent. Oui c'est ça,
00:18:51voilà parce qu'on a les moyens de payer un crédit, mais on n'a pas les moyens non plus de racheter
00:18:55à la valeur du capital tel qu'il est aujourd'hui. Maintenant on défend aussi le modèle du
00:19:01néo-agriculteur, ou de l'agriculteur qui décide à son installation de se diriger vers d'autres
00:19:07productions avec des valeurs... Comme Grégory, un peu. Oui c'est ça tout à fait, mais avec des...
00:19:12Oui, excuse-moi, où il va prendre la valeur ajoutée directement par la vente, comme certains
00:19:19peuvent le faire, donc là on décide simplement de réduire la production, de partir sur des
00:19:24productions qui sont certes moins industrielles et plus, comment dire ça... Plus agroécologiques,
00:19:32plus en circuit court... Extensives, qui sont plus extensives, mais sur lesquelles on va aller
00:19:37chercher la valeur ajoutée. Ce que ne dit pas Maxime, c'est que la fédération des jeunes
00:19:44agriculteurs c'est un mouvement de jeunesse, donc ce qui rassemble les jeunes surtout c'est la
00:19:50dimension sociale. Il faut connaître les sections locales, je ne sais pas combien il y en a...
00:19:54Il y a 42 sections locales sur le territoire. Donc il y a une organisation un peu organique... Combien de membres ?
00:20:003500. Qui fait la fête ensemble. Déjà ça c'est une très bonne base quoi. Et puis après... À partir de
00:20:09quel âge on peut plus faire partie des jeunes agriculteurs ? Passé 41 ans. Ok. Et après,
00:20:17derrière ça, il y a quand même, et c'est pour ça je pense que Maxime est aussi vice-président, c'est
00:20:20qu'au-delà de la dimension sociale, il y en a comme lui qui ont aussi des visions d'avenir. Et c'est ça
00:20:25aujourd'hui qu'il faut redonner à l'agriculture. C'est une vraie vision de où on va pour la
00:20:30génération d'après. Et c'est quelque chose qu'on n'a plus. Le politique nous a abandonnés là-dedans.
00:20:36Le citoyen a abandonné aussi les producteurs. Et aujourd'hui c'est deux qu'on a besoin. C'est les
00:20:42Allemands dont tu parles il y a deux minutes. Tout à fait. Justement le politique Gauthier,
00:20:47Grégory, Simon, Maxime, vous attendez encore quelque chose du politique ? Et je veux pas,
00:20:53voilà, on peut avoir notre avis. On avait interviewé le porte-parole de la FUGEAL autrefois.
00:20:59Voilà. Chacun a sa vision. Nous ici, chez Caros, on a l'impression que... Et aussi quand on a
00:21:04interviewé les agriculteurs, ils sont partis très déçus en disant on n'attend plus rien d'eux.
00:21:08Ils nous ont bien nus. Est-ce que vous attendez encore quelque chose ? Tu étais hier au congrès
00:21:14annuel de la FUGEAL où chaque représentant des grands partis politiques devait répondre à
00:21:19certaines questions. J'aimerais bien voir. Je vais vous faire un petit résumé de ce que j'ai
00:21:24vécu hier. C'était assez intéressant. Et après, je proposerais d'écouter Étienne Allard qui est à
00:21:28la sortie. Un agriculteur que tu interpelles à la sortie. Oui, tout à fait. Déjà, en fait,
00:21:34j'ai trouvé ce moment assez intéressant parce que, pour moi, je suis allé au théâtre hier soir.
00:21:40Je suis allé voir un spectacle. Un spectacle de personnes qui s'expriment bien, qui ont des avis,
00:21:46voilà, et qui jouent les uns avec les autres. Parfois, ils sont copains. Parfois, ils ne sont
00:21:50pas copains. C'est amusant, quoi. Mais je suis sorti de là et l'agriculteur que j'ai interviewé
00:21:57dit la même chose. Je n'ai rien appris d'eux. Je n'ai pas plus de confiance dans le politique
00:22:02après ce moment-là. Mais ce que j'ai trouvé très fort, c'est que la FUGEA a réussi à rassembler
00:22:07ces politiques pour que le public se rende compte que c'était un spectacle, en fait. Et donc, je
00:22:10pense que les gens qui sont sortis de là se sont dit, ce n'est qu'un spectacle. Malheureusement,
00:22:15ça n'a pas été filmé. Ça a été un petit peu filmé, un petit peu par nos télés. Mais ça,
00:22:20je n'ai pas encore... Peut-être que... Je sais que c'était diffusé en live sur les réseaux. Donc,
00:22:23peut-être que c'est impossible de récupérer l'intégrité. L'intégralité, pardon.
00:22:28L'intégralité, c'est aussi. Et alors, comment ils ont organisé ça ? Ils ont proposé à des membres
00:22:36de venir expliquer des revendications en étant très concrets sur ce qu'ils vivaient dans leur
00:22:40ferme. Et donc, il y en a qui sont venus parler de la politique du prix. Il y en a qui sont venus
00:22:44parler de l'accès à la terre. Il y en a qui sont venus parler de cette surcharge administrative,
00:22:49du fait qu'ils étaient considérés comme des brigands a priori. A priori, ils font les choses
00:22:53mal, les agriculteurs. Donc, ils sont sanctionnés. Et ce qui est sorti de là, c'est qu'en fait,
00:22:58on est dans une... Il faut redonner un peu de confiance aux agriculteurs. Il faut donner droit
00:23:02à l'erreur aux agriculteurs. C'est comme ça qu'on progresse. C'est en faisant des erreurs. Chaque
00:23:06année, on a l'occasion de faire un essai sur ces cultures de céréales. Il y a des choses qui
00:23:10marchent, des choses qui ne marchent pas. Et on progresse d'année en année. Donc, ça, c'est
00:23:13important de se dire qu'on a le droit de faire des erreurs. Et c'est important. Ce qu'ils ont
00:23:17quand même fait, c'est qu'ils ont fait un test. Ils ont fait un test. Ils ont fait un test. Ils
00:23:22ont prit un choix. Ils ont pris une pointe, ils ont fait un choix et ça a donné beaucoup d'argent.
00:23:30Ce qu'ils ont quand même promis, c'est aussi... En tant que syndicats, je pense que c'est
00:23:34important... 50 milliards ? Non, ça c'est pour eux les crêtes. Non,
00:23:37c'est de continuer à mettre de la pression et ça je crois que c'est important quand même
00:23:40d'avoir des fedérations avec des porte-parole qui ont des messages clairs et qui vont mettre
00:23:45pression. Alors, je ne sais pas si ça va marcher. Personnellement, j'y crois pas. Mais je pense que
00:23:50Ils ont posé des questions aux politiciens et ils leur demandaient tous de répondre avec carton rouge, carton vert ou carton bleu.
00:24:00Donc je suis d'accord, je suis pas d'accord, neutre.
00:24:03Et on voit là, ils s'alignent tous sur des questions très très importantes.
00:24:07Est-ce qu'on va continuer à voter pour du libre-échange ?
00:24:10Et ils votent tous avec leur petit carton vert.
00:24:12Donc on a du concret ici, des engagements qui sont filmés, où ils s'engagent à le faire.
00:24:17On va encore pouvoir démontrer que le politique n'a pas encore un vrai pouvoir en fait.
00:24:22Et on peut écouter Étienne Allard qui à la sortie fait ce constat-là.
00:24:26Oui, on entend bien.
00:24:30Je ne venais pas ici non plus avec une grande attente de la part du pouvoir politique.
00:24:34Et voilà, j'ai pas été surpris dans un sens ou dans l'autre de leur réaction.
00:24:40Je pense que si l'agriculture doit se sauver avec ce qu'on entend ce soir, c'est pas gagné.
00:24:47Donc c'est aux agriculteurs eux-mêmes...
00:24:49Je pense que c'est aux agriculteurs à se bouger et à y persévérer.
00:24:55Et puis il faut savoir le faire parce que ça peut être très compliqué.
00:24:59Quand on est acculé, on a besoin de solutions à très court terme.
00:25:03Et donc c'est certainement très compliqué pour certains.
00:25:07Ce sera sans doute plus facile pour d'autres.
00:25:09Mais quel pouvoir ont-ils devant la puissance des marchés, devant la puissance des industries agroalimentaires ?
00:25:15Quels pouvoirs ont-ils ? Ils n'ont pas de pouvoir en fait.
00:25:17Ils savent peut-être faire quelques petites législations, mais c'est tout.
00:25:21Le pouvoir, ce n'est pas eux qui l'ont.
00:25:23Et donc c'est aux agriculteurs à essayer de se diversifier d'une manière ou d'une autre.
00:25:28Et à trouver des valorisations pour leurs produits.
00:25:32Et puis d'une autre manière, je ne sais pas moi, à trouver des alternatives.
00:25:38Et à faire ce en quoi ils croient d'abord.
00:25:42Ne pas faire quelque chose parce qu'il faut faire ça en quoi on croit.
00:25:47Si on croit que la solution c'est de faire demain avec moins d'un trans de synthèse ou quoi que ce soit,
00:25:52il faut avancer dans cette voie-là.
00:25:53C'est une voie de bon sens.
00:25:55Probablement qu'ils vont lever le pied un petit peu sur tout ce qui est administratif.
00:25:58Ça peut être bien. Là, ils ont un petit peu de pouvoir.
00:26:01Il y a le feu dans la maison.
00:26:03Je pense que les agriculteurs sont capables de se fédérer entre eux,
00:26:06même s'ils ont des exploitations fort différentes les unes des autres.
00:26:09Ils ont tous les mêmes ennuis avec la conjoncture actuelle.
00:26:15Donc, ils cherchent des solutions ensemble.
00:26:16Et pour ça, ils sont capables de se fédérer.
00:26:18Après, chacun a ses problèmes et chacun ses spécificités.
00:26:21C'est comme tout seul, on va plus vite.
00:26:23Mais ensemble, on ira plus loin.
00:26:26Oui, il y a énormément d'éléments intéressants.
00:26:29Je ressens une forme de réalisme, lucidité chez cet agriculteur qui en même temps dit
00:26:33qu'il ne faut rien attendre d'eux.
00:26:34Mais j'ai en même temps l'impression, alors il dit, c'est aux agriculteurs à prendre leurs responsabilités.
00:26:38Mais en même temps...
00:26:41Si je peux me permettre de réagir, il parle ici de diversification et de valeurs ajoutées sur les exploitations.
00:26:45Mais on sait que 80% des exploitations ne peuvent pas répondre à la demande,
00:26:50à savoir que la demande n'est pas non plus extensible.
00:26:53Il y a une demande qui est là.
00:26:55Elle est déjà en partie prise par les producteurs qui transforment.
00:27:01Mais ce n'est pas parce que demain, nous, on va transformer plus
00:27:03et mettre plus de valeurs ajoutées dans nos fermes
00:27:05que tous les acheteurs vont venir dans nos fermes.
00:27:08On sait que les supermarchés vont encore fonctionner.
00:27:10Et alors, si nous, agriculteurs, on ne travaille plus pour les supermarchés,
00:27:13alors ils vont aller chercher des productions ailleurs.
00:27:15Donc, il faut trouver aussi un juste milieu entre ces deux modèles.
00:27:20Et ça, il y a des solutions qui sont...
00:27:23Aujourd'hui, ce n'est plus à l'agriculteur de prendre tous les risques.
00:27:25C'est ça, dans la diversification.
00:27:27Et je rejoins Maxime.
00:27:28Il y a aussi les transformateurs, les distributeurs qui doivent prendre leurs responsabilités.
00:27:33On va en parler parce que c'est un élément important aussi.
00:27:35Mais Gauthier...
00:27:36Non, mais je voulais intervenir.
00:27:38Ce que Maxime dit, c'est vraiment la réalité.
00:27:41Il faut savoir, on peut parler, nous, avec notre vente directe.
00:27:45On pourrait agrandir.
00:27:47On pourrait faire beaucoup plus de publicité, produire plus, vendre plus.
00:27:51Mais on n'a pas spécialement envie.
00:27:53On a envie d'avoir un équilibre familial.
00:27:55Donc, il faut savoir, on est deux personnes, moi et mon épouse,
00:27:58qui sommes quand même assez exigeants.
00:28:01On a été guidés à faire comme il faut.
00:28:05Et on veut le faire au maximum.
00:28:07Effectivement, si on veut faire du lait, on veut avoir un bien-être de nos animaux.
00:28:10On veut avoir un bien-être de nos sols.
00:28:12On veut vraiment quelque chose d'optimal.
00:28:16Et ça, on pourrait en parler parce qu'il y a ce côté difficile de décrocher dans notre métier
00:28:21à cause de cette obligation de vouloir faire bien.
00:28:24Mais par contre, on se rend compte que si on devrait...
00:28:26Par exemple, demain, on aurait la double de notre clientèle qui viendrait taper à notre porte.
00:28:30Ça veut dire qu'on devrait engager.
00:28:32Mais ce n'est peut-être pas dans notre philosophie, dans notre capacité mentale de gérer ce genre de personnel non plus,
00:28:37de gérer la production.
00:28:40Parce qu'il faut bien savoir que pour produire un kilo de beurre,
00:28:43on a besoin de 4 à 5 jours.
00:28:45Il y a un écrémage qui doit se faire.
00:28:46Il y a une maturation qui doit se faire.
00:28:47Il y a une transformation qui doit se faire.
00:28:48Donc, il y a toute une charge de travail.
00:28:50Effectivement, on a cette chance d'avoir cette diversification qui diversifie nos revenus.
00:28:57Mais par contre, impossible pour nous d'évoluer vers un maximum.
00:29:02Oui, mais alors à quel prix ?
00:29:04Et à quel prix mental ?
00:29:05A quelle gestion mentale ?
00:29:07Mais ce qu'ils disent, se fédérer, se mettre ensemble,
00:29:09ce que les fédérations tentent de faire, ça ne peut pas aller.
00:29:14Moi, je pense aux 1300 tracteurs à Bruxelles.
00:29:18À Bruxelles, c'était vraiment incroyable.
00:29:21Là, en Italie, en Espagne, ça continue à bouger.
00:29:23Donc, on pourrait même penser à une alliance européenne.
00:29:27Vous avez, en même temps, un poids énorme.
00:29:29Parce que j'ai eu des commentaires qui ne sont pas toujours très agréables.
00:29:31Je vois Maxime qui les regarde.
00:29:34Qui a dit, oui, mais ils n'ont rien fait à Bruxelles
00:29:37pour contrebalancer ce rapport de force qui était contre eux.
00:29:42Alors, qu'est-ce que vous pensez de ça ?
00:29:44Parce que vous avez une force de frappe.
00:29:45Même par rapport au gilet jaune, qui avait juste leur gilet jaune,
00:29:48là, vous avez des tracteurs.
00:29:50On a vu en Espagne des tracteurs qui contournaient des barrages,
00:29:55qui renversaient les voitures de police.
00:29:57Ce n'est pas moi qui dis ça.
00:29:59Ne venez pas m'arrêter à la maison.
00:30:01Vous avez une force de frappe énorme.
00:30:03Vous nourrissez la Belgique.
00:30:04Et il y a une sympathie de la population.
00:30:05Et il y a une sympathie.
00:30:06C'est incroyable, en fait.
00:30:08En fait, pour moi, c'est ce qui nous a le plus choqués
00:30:12dans cette manifestation qui s'est mise en place.
00:30:14C'est ce soutien.
00:30:15Je suis sorti de la ferme avec mon tracteur.
00:30:17Tous les deux voitures, j'avais un coup de klaxon.
00:30:19J'avais un appel de phare.
00:30:20J'avais un signe.
00:30:21Merci.
00:30:22On a été là-bas, à Guilanguin et à Oleniv, bloqués.
00:30:25Tous les heures, tous les deux heures,
00:30:27on avait de la nourriture, du mobilier.
00:30:30Enfin, vraiment, on n'en manquait de rien.
00:30:33Et alors, les émotions, c'était vraiment perceptible.
00:30:38Il faut savoir qu'on a du mal, nous, en tant qu'agriculteurs,
00:30:41de montrer ces émotions.
00:30:42Il ne faut pas les nier.
00:30:43C'est comme ça.
00:30:44On est dans une carapace de vouloir toujours être fort
00:30:47pour montrer notre métier.
00:30:48Et c'est vrai qu'on a tellement une charge de travail
00:30:50qu'on n'a pas le temps de passer l'émotion.
00:30:52Et là, on avait vraiment cet échange
00:30:54avec beaucoup d'émotions, justement,
00:30:58qui permettaient de sentir le soutien de la population,
00:31:02le soutien des forces de l'ordre.
00:31:03Il ne faut pas le nier non plus.
00:31:04On a vraiment...
00:31:05Les forces de l'ordre, on nous disait,
00:31:07vous êtes très puissants, mais malgré tout,
00:31:09on n'a jamais de problème avec vous.
00:31:11C'est très rare.
00:31:12C'est un pourcentage minimal.
00:31:13Donc, il dit, voilà, on vous soutient malgré tout
00:31:16et vous ne posez pas de problème.
00:31:17Donc, je pense que oui, effectivement,
00:31:19ça a été notre force.
00:31:21Effectivement, le matériel montre qu'aussi,
00:31:24on a un impact fort sur l'image.
00:31:26Et donc, ça, c'est bien.
00:31:28Donc, ça, c'est vraiment notre force qui nous permet.
00:31:30Maintenant, voilà.
00:31:32Est-ce que nos 1300 tracteurs ont eu un impact sur Bruxelles ?
00:31:36J'en sais rien.
00:31:37Je ne sais pas aujourd'hui.
00:31:38Vous êtes vraiment notre plus grand espoir, dit Ariane.
00:31:41On doit s'unir.
00:31:42C'est inimaginable de se dire que 27 non-élus
00:31:44peuvent détruire nos avenirs.
00:31:46Oui, c'est vrai que vous avez une force de frappe.
00:31:49La politique, je crois vraiment qu'elle nous fatigue de plus en plus.
00:31:53Et dans notre métier, j'ai l'impression
00:31:55qu'il y a vraiment un dégoût de plus en plus
00:31:57à ce côté politique.
00:31:58Parce que c'est depuis...
00:32:00Moi, ça fait depuis 2007 que j'ai repris.
00:32:03On n'a jamais senti un soutien politique.
00:32:08J'y crois pas, en fait.
00:32:10Est-ce qu'ils savent ce que c'est l'agriculture ?
00:32:12Parce qu'ils décident ça...
00:32:13Certains ministres sont quand même capables
00:32:16et savent beaucoup de choses.
00:32:17Vous dépendez de la PAC, qui a une influence aussi.
00:32:20L'Europe décide plus que la Belgique en matière d'agriculture.
00:32:23À ce moment-là, il y a beaucoup de conseillers au niveau européen
00:32:25qui conseillent tous ces gens-là,
00:32:27qui prennent des décisions.
00:32:28Maintenant, le rôle de l'Europe,
00:32:30c'est de vouloir garder une certaine souveraineté
00:32:33sur son territoire.
00:32:34Et pareil au niveau régional et fédéral.
00:32:37Nous, ce qu'on veut,
00:32:38c'est que les accords de libre-échange qui vont venir
00:32:42ne soient simplement plus signés...
00:32:44Oui, Nouvelle-Zélande, Chili...
00:32:46Mais au-delà du sujet libre-échange,
00:32:49parce qu'on ne va pas dans le détail
00:32:50sur ce que c'est aujourd'hui, très clairement,
00:32:52qu'est-ce qui pourrait être mis en place ?
00:32:54Alors, moi, je ne suis pas un politique,
00:32:55je ne suis pas un technocrate...
00:32:56Je ne veux pas que tu parles du libre-échange.
00:32:57Laisse-le terminer.
00:32:58Non, mais imaginez une taxe.
00:33:01On évalue et on sait le faire.
00:33:03On a les chiffres qui permettent de le faire.
00:33:04On sait les coûts de production du blé en Wallonie.
00:33:08On fait une moyenne là-dessus,
00:33:09on sait ce que ça coûte.
00:33:10Donc on sait à quel prix, normalement,
00:33:12les transformateurs en Belgique doivent l'acheter
00:33:14pour que les agriculteurs soient payés.
00:33:15Et on ne fait pas rentrer en Europe ou en Belgique
00:33:18des blés moins chers
00:33:20que ce qu'on est capable de produire sur notre territoire.
00:33:22C'est aussi simple que ça.
00:33:23Et la taxe, on l'utilise à quoi ?
00:33:24On l'utilise à amener l'agriculture
00:33:27vers une autre vision,
00:33:29que c'est le productiviste,
00:33:30une vision agroécologique.
00:33:31C'est des moyens pas très compliqués,
00:33:33mais aujourd'hui, avec le néolibéralisme,
00:33:34c'est impossible.
00:33:35En fait, on a un système mondial
00:33:37qui nous empêche de le faire.
00:33:39Et même avec les bonnes volontés individuelles...
00:33:41Le porte-parole de la Fugue à la vie,
00:33:43il a dit que l'Europe, c'est le néolibéralisme.
00:33:45Il ne faut rien attendre.
00:33:47Si je peux me permettre,
00:33:49le prix des céréales tourne entre 160 et 170 euros la tonne.
00:33:53On est carrément en dessous du coût de production.
00:33:57Donc ça veut dire qu'à l'étranger,
00:33:59et ceux qui nous amènent ces céréales-là de l'étranger,
00:34:03eux gagnent dessus.
00:34:04Parce qu'il y a bien un quelque part qui gagne.
00:34:06Donc ça veut dire qu'aujourd'hui,
00:34:07on a peut-être des céréales qui coûtent trop cher
00:34:09pour être présentes sur le marché mondial.
00:34:11Et c'est là qu'est le problème.
00:34:12Et avec tous ces accords de libre-échange
00:34:14qu'on a signés par le passé,
00:34:15en fait, on est coincé.
00:34:16On ne peut plus faire marche arrière.
00:34:18Donc voilà, il y a un juste milieu à trouver.
00:34:21Mais le problème dans le libre-échange aussi,
00:34:23c'est qu'on n'a pas la vision sur la qualité.
00:34:25Je vais prendre des exemples simples.
00:34:27Les farines qui viennent d'Ukraine.
00:34:29OK, c'est céréales, c'est céréales, ça a le même nom.
00:34:31Mais ce n'est pas la même chose du tout.
00:34:33Ils utilisent des phytosanitaires qui sont interdits.
00:34:35Ce qui est interdit en Europe, c'est d'utiliser les glyphosates
00:34:37sur des cultures alimentaires,
00:34:38à destination d'alimentation humaine.
00:34:39Eux, ils le font.
00:34:40Pourquoi ? Parce qu'ils en ont besoin techniquement.
00:34:42Sinon, ils ne savent pas moissonner.
00:34:43Et après, ces céréales qui arrivent en Europe,
00:34:46on les transforme, on fait de la farine,
00:34:47on fait des pâtes,
00:34:48et on mange tous des pâtes avec ce glyphosate.
00:34:50Et là, les citoyens ne se posent pas la question.
00:34:52Alors, ça va les déranger de payer un peu plus cher.
00:34:55Ou ils vont être en révolte de vouloir payer un peu plus cher.
00:34:57Mais à côté, ils vont payer des pâtes pas chères chez eux.
00:35:00Et ils sont en train de s'intoxiquer.
00:35:02Et ça, à un moment, il faut de la transparence là-dessus.
00:35:05Et le circuit court, c'est la meilleure manière
00:35:07de savoir comment l'alimentation est produite.
00:35:10Et donc ça, c'est un grand levier.
00:35:13C'est que le citoyen se conscientise
00:35:15sur ce que je mets dans ma bouche.
00:35:16Toi, Gautier, tu passes essentiellement par du circuit court
00:35:18où il y a encore de la vente en grande surface.
00:35:20Et toi, Grégory, je suppose que c'est quasiment 100% en circuit court.
00:35:23Nous, non. On représente 10-15% de notre production.
00:35:27Et c'est pour ça que je crois qu'on a tout intérêt
00:35:31à avoir une bonne démarche avec la grande distribution.
00:35:34Je crois que l'intérêt est présent.
00:35:36Je crois que l'intérêt de la transformation est présent.
00:35:38Après, il suffit d'avoir une transparence.
00:35:40On a un prix de vente.
00:35:42On a directement tous nos coûts de production.
00:35:46Et on sait facilement mettre un prix sur les marges
00:35:51prises par chacun des étapes.
00:35:54Mais tu penses que la grande distribution, à un moment donné,
00:35:56va dire... Parce que la grande distribution,
00:35:57elle fait pression sur les producteurs
00:35:59pour avoir le prix le plus bas,
00:36:00pour pouvoir vendre le plus bas possible aux acheteurs
00:36:02et concurrencer les autres grandes surfaces.
00:36:05Est-ce que le modèle des grandes surfaces...
00:36:08Par exemple, si toi, Grégory, tu passais par la grande surface,
00:36:11ça serait possible ou tu ne produis pas ?
00:36:16Non, ça ne m'intéresse clairement pas.
00:36:19Je suis vraiment dans une optique, à mon petit niveau à moi,
00:36:22qu'on soit de plus en plus de petits producteurs
00:36:25dans les villages et dans les régions.
00:36:27J'ai un exemple, par exemple, d'un ami Corentin à Chimay
00:36:32qui produit pour 200 familles,
00:36:34sachant que ça fait plus ou moins entre 500 et 800 personnes,
00:36:37et qu'à Chimay, ils sont 2000 personnes.
00:36:39Ça veut dire qu'en fait, il y aura encore 3 maraîchers
00:36:41comme Corentin à Chimay,
00:36:44et on aurait quasiment une autonomie de légumes
00:36:48et de fruits annuels pour tout Chimay.
00:36:52Donc moi, je suis vraiment convaincu.
00:36:54On a besoin, comme tu disais tout à l'heure,
00:36:56est-ce qu'on est complémentaires ?
00:36:58Bien sûr, on est complémentaires, on n'a pas la même chose.
00:37:00Je veux dire, moi, je n'ai pas 50, 20 ou 200 hectares à gérer
00:37:03qui viennent d'un patrimoine familial que je ne voudrais jamais lâcher.
00:37:06Si j'étais à leur place, je ferais certainement la même chose.
00:37:09Après, moi, j'irais bien sûr vers l'agroécologie, 2000%.
00:37:12J'ai un exemple d'un fermier français qui avait 200 hectares,
00:37:16Arnaud Pillet, il faisait les vaches, etc.
00:37:19Il en a eu marre, il n'en pouvait plus.
00:37:21Et en Champagne-Ardenne, il a décidé de produire du chanvre alimentaire.
00:37:25Il a eu des grosses corones, je vais dire, beaucoup de courage.
00:37:29Et il a vendu ses vaches, il a vendu le matos,
00:37:32il a planté du chanvre qu'il a fauché pendant 2-3 ans
00:37:35pour arriver en transition bio.
00:37:38Et maintenant, il est devenu un des plus gros producteurs
00:37:40de chanvre alimentaire, en tout cas dans le nord de la France.
00:37:43Il a élargi sa gamme de produits.
00:37:46Il travaille toujours beaucoup, mais il est très heureux.
00:37:49Il est très heureux de sa transition.
00:37:50Donc moi, je pense qu'on est complémentaires par rapport à ce qu'on produit.
00:37:53Les gros agriculteurs que je connais ne produisent pas de légumes.
00:37:56Très peu. En tout cas, ce n'est pas pour nous manger.
00:37:58Ils ont des machines, ils ont des grosses surfaces à gérer.
00:38:00Ils n'ont pas le temps de faire des petits légumes.
00:38:03Maintenant, il faudrait, oui, peut-être, comme dit Simon,
00:38:06qu'il y ait justement une réflexion par rapport à ça
00:38:08pour peut-être produire aussi plus de choses qui sont directement consommables.
00:38:12Parce que les blés, les céréales, machin, le gluten, machin,
00:38:15je ne vais pas rentrer dans la discussion.
00:38:17Mais c'est vrai que je vois pas mal d'agriculteurs autour de chez moi
00:38:21qui sont très heureux de venir chez moi.
00:38:24On échange la paille contre des légumes.
00:38:26Ils me disent ce que tu fais, c'est génial.
00:38:28Mais moi, et la plupart des agriculteurs que je connais
00:38:30qui ont beaucoup de surface, ils ont un boulot en plus.
00:38:32Ils ont un boulot en plus. C'est un truc de dingue.
00:38:34Ils me disent, on gagne juste de quoi nous en sortir.
00:38:37On est complémentaires parce que les petits producteurs comme moi
00:38:40nourrissent quand même concrètement les gens.
00:38:42Moi, je fais du miel, je fais des fruits, je fais des légumes,
00:38:45je fais des plantes médicinales, des oeufs bientôt, du poulet, etc.
00:38:48Moi, j'ai de quoi nourrir, j'ai de quoi me nourrir annuellement.
00:38:51Moi, c'est une autre démarche aussi.
00:38:52Je n'ai pas leurs responsabilités, je n'ai pas leurs charges,
00:38:54je n'ai pas leur patrimoine, je le répète.
00:38:57Mais à mon petit niveau, moi, j'ai voulu prouver qu'il était possible
00:39:00de produire énormément et de se créer aussi des paradis, des édens,
00:39:04d'être plus, comme il disait, ce qui nous fait vibrer, nous, le matin,
00:39:07c'est de nous lever et de voir la nature, de vivre avec elle.
00:39:10Sauf l'hiver, là, c'est un peu dur, merde.
00:39:12La prochaine fois, l'année prochaine, je ne sais pas.
00:39:14Surtout sur les tranchées, quoi.
00:39:16Mais c'est vrai que moi, c'est ça qui me transcende aussi,
00:39:19vivre avec la nature, voir mes abeilles quand elles vont polliniser,
00:39:23quand elles se promènent, tout ce que je plante, tout ce qui pousse, etc.
00:39:26Enfin, c'est ça qui me transcende.
00:39:28C'est pour ça que je dis, moi, j'ai encore la chance, je le répète,
00:39:30d'avoir des rentrées extérieures qui me permettent de faire ça.
00:39:33Mais d'ici peu de temps, on parlait de la diversification,
00:39:36que ce soit dans la grosse agriculture ou chez les petits maraîchers,
00:39:39je vois maintenant, ce qui s'en sort le mieux dans le développement
00:39:42du maraîchage ou de micro-fermes, etc., c'est la pédagogie.
00:39:45Maintenant, il y a de plus en plus de gens qui sont intéressés
00:39:47d'apprendre les milieux de la terre, d'apprendre la régénération des sols,
00:39:50de savoir comment ça se passe dans les champs, etc.
00:39:52Donc, il y a de plus en plus de choses qui se passent au niveau de la pédagogie
00:39:55et ça, il faut dire ce qui est, ça rapporte des sous.
00:39:58Non seulement c'est génial de partager, parce que j'adore ça,
00:40:01mais en plus, je gagne mieux ma vie qu'en produisant des légumes que je vends.
00:40:04Enfin, c'est un truc de dingue.
00:40:06Et ça, c'est super intéressant, ce que tu dis là, Greg,
00:40:09parce que moi, je suis ingénieur agronome,
00:40:12donc j'ai le diplôme d'ingénieur agronome.
00:40:14Il y en a beaucoup qui ont la prétention de savoir,
00:40:16après oser conseiller des agriculteurs en ferme.
00:40:19Moi, à chaque fois que je vais dans une ferme,
00:40:21j'apprends plus que ce que moi, je n'amène dans la ferme.
00:40:24Et ça, c'est quelque chose qu'aujourd'hui, moi, j'en fais le constat.
00:40:27On parle des fermes qui sont en train de disparaître aujourd'hui en Belgique.
00:40:30C'est dramatique.
00:40:32Une ferme qui disparaît, c'est un arbre,
00:40:36c'est comme quand on en a parlé, les grands arbres qu'on abat
00:40:39et le patrimoine qu'on perd quand on abat un grand arbre.
00:40:42Quand on perd une ferme, c'est la même chose. Pourquoi ?
00:40:44Parce que quand tu vas dans une ferme et que tu demandes,
00:40:46ah, mais elle était destinée à quoi, cette terre-là ?
00:40:48Les anciens, ils savent te dire, en Wallon, que c'était une terre à patates,
00:40:51que là, c'était une terre où c'était le chaud.
00:40:53Ils ont une culture de ce qui s'est passé dans le village.
00:40:57Et ça, pour les gens qui sont...
00:41:00Là, on va au-delà de la production.
00:41:02On va dans l'économie, dans les lois.
00:41:04Il y a tellement de choses, tellement de cultures, en fait, dans les fermes,
00:41:08que c'est dommage de perdre...
00:41:10Quand tu dis qu'elles ne disparaissent pas, les terres sont concentrées, en fait.
00:41:14C'est ça qui se passe.
00:41:15La ferme disparaît, mais les terres en elles-mêmes sont concentrées.
00:41:18Mais l'accès à la terre, c'est vraiment un sujet très, très particulier.
00:41:21Je ne pense pas que c'est intéressant d'en parler maintenant,
00:41:23parce que ça mettrait vraiment un très long débat,
00:41:25parce que là, il y a un peu d'hypocrisie du monde agricole.
00:41:27Désolé, moi, je défends...
00:41:28Il faudrait inviter les terres en vue, qui pourraient nous en parler.
00:41:31Entre autres, mais il y a quand même beaucoup d'agriculteurs
00:41:34qui ont un capital et qui capitalisent dessus, aussi.
00:41:40Et qui spéculent aussi sur le fait que les terres vont augmenter
00:41:43et qui, aujourd'hui, ne veulent pas vendre à des nouveaux agriculteurs
00:41:46ou qui ont du mal.
00:41:47Et donc là, il faut aussi changer un peu les mentalités.
00:41:49Je pense que c'est en train d'arriver de se dire...
00:41:51L'importance pour la société humaine, aujourd'hui,
00:41:54c'est de prendre soin ensemble de la terre.
00:41:56Ce n'est pas qui est propriétaire ou quoi.
00:41:58Et moi, j'ai lancé un projet maraîcher où on est sur 5 hectares,
00:42:01on n'est pas propriétaire.
00:42:02Etienne Allard, qu'on entendait tout à l'heure,
00:42:03il n'est pas propriétaire, il est locataire.
00:42:05Et ça, c'est sécurisant aussi pour les futures générations.
00:42:07Parce qu'en fait, tu ne mets pas le poids de ton héritage sur tes enfants
00:42:10en disant, maintenant, vous avez un capital de X milliers d'euros.
00:42:13Si vous vous séparez, moi, je suis déçu.
00:42:17C'est comment on prend soin des choses qui importent.
00:42:20Et ce n'est pas qui possède les choses.
00:42:22Je pense qu'il y a vraiment une réflexion à amener dans le monde agricole
00:42:26sur la question de l'accès à la terre.
00:42:28Vraiment profonde.
00:42:29Parce que là, il y a des avis très divergents.
00:42:31Et on n'arrivera pas à trouver des pistes de solutions
00:42:34tant qu'on n'a pas amené ces débats au sein du monde agricole.
00:42:37Je peux me permettre, ce sera la seule condition,
00:42:39que des baux à fermes soient...
00:42:41Et ça, ils l'ont tous mis avec panneau vert.
00:42:43Ils ont tous mis panneau vert que les baux à fermes soient obligatoires.
00:42:47Ça n'est pas dans la volonté de tout le monde d'être propriétaire,
00:42:49mais c'est dans la volonté de tous les agriculteurs d'avoir un avenir.
00:42:53Une certitude.
00:42:54À moyen et à long terme.
00:42:55Parce que tu ne plantes pas des arbres si tu sais que trois ans plus tard,
00:42:58on va remettre le bail à quelqu'un d'autre.
00:43:00Donc c'est une sorte d'amphithéose.
00:43:01C'est jusqu'à la fin de ta carrière.
00:43:03Et ton fils peut redemander un bail pour sa carrière à lui.
00:43:06Et souvent, la confiance est là entre le propriétaire et le producteur.
00:43:10Etienne Nallard, il a un fils avec lequel j'ai travaillé,
00:43:13qui va reprendre.
00:43:14Il en a un autre qui a dû partir en France,
00:43:16parce qu'il voulait être propriétaire.
00:43:18Il est allé acheter des terres à 20 000 euros l'hectare.
00:43:20Et là, pour un capital qui est bien moindre
00:43:23que ce qu'il aurait dû investir en Belgique,
00:43:26il a un outil de production.
00:43:28Et ça, c'est important aussi.
00:43:29C'est que la transition agroécologique,
00:43:31elle ne se fera pas qu'avec la terre.
00:43:33Elle se fera aussi avec des moyens à donner aux agriculteurs.
00:43:36Des outils.
00:43:37Alors, ce n'est pas que des outils techniques.
00:43:39C'est aussi des outils décisionnels.
00:43:41C'est des outils de gestion.
00:43:42Et ça, je pense que Gauthier, tu pourrais un peu en parler
00:43:44avec ce que tu vis chez Terre vivante.
00:43:46C'est qu'il y a tout un savoir aussi
00:43:48qui est apparu avec l'agroécologie.
00:43:50En tout cas, il y a des reconnections qui se sont faites
00:43:52sur l'économie,
00:43:54sur des techniques aussi.
00:43:56Ne plus travailler les sols.
00:43:58C'est tout des équipements.
00:44:00Et on en a parlé à un moment.
00:44:01Toi, tu voulais vendre ta machine,
00:44:03tu ne savais pas où la vendre.
00:44:04Tous ces réseaux-là n'existent pas non plus en Belgique.
00:44:06Et donc ça, c'est important d'amener le soutien
00:44:08aux agriculteurs là-dessus.
00:44:10Et ça, il y a beaucoup de gens qui peuvent le faire.
00:44:12Les compétences de la société aujourd'hui
00:44:14peuvent se mettre au service des agriculteurs.
00:44:16Et ça, c'est un grand espoir pour moi.
00:44:21Non, je voulais juste valider clairement
00:44:24qu'en plus l'agroécologie
00:44:26va peut-être remotiver un peu.
00:44:28Et au moins va...
00:44:30En fait, je crois que c'était ancré
00:44:32dès le début.
00:44:33L'après-guerre, on en parlait.
00:44:35On a dû nourrir, tout simplement.
00:44:36Donc il a fallu un moment ou l'autre...
00:44:38On a écouté.
00:44:39Pour savoir que les agriculteurs,
00:44:40on est 24h sur 24 dans nos expositions.
00:44:44C'est vraiment une société spéciale.
00:44:46Le côté social, il est compliqué.
00:44:47Parce que malgré tout, le travail, il est présent.
00:44:49Donc les échanges sont difficiles.
00:44:51Et à un moment ou l'autre, on écoute.
00:44:53On nous guide par rapport à ce que...
00:44:55Voilà, à ce que nos médias nous guident.
00:44:58Et on a été formatés
00:45:00à suivre les packs.
00:45:02Les différentes packs.
00:45:03Donc à un moment ou l'autre,
00:45:05on a remarqué qu'il y a eu
00:45:06une augmentation de la production
00:45:07grâce à de la phytotechnie,
00:45:08à les engrais, à les pesticides.
00:45:10Sans savoir le pourquoi.
00:45:12Ça marchait, mais on ne savait pas
00:45:14qu'il y avait des inconvénients.
00:45:16On n'était pas au courant.
00:45:17Ça venait, il n'y avait pas d'information.
00:45:19Le glyphosate, on est le premier.
00:45:21On parle du glyphosate,
00:45:23mais je peux parler des centaines de produits
00:45:25qui sont aussi voire plus dangereux que le glyphosate.
00:45:27Donc on vous a vendu ce truc emballé.
00:45:29On nous a conseillé.
00:45:31Et ça marchait.
00:45:32Mais par contre,
00:45:34je crois que ce n'est pas dans les gènes des agriculteurs.
00:45:36Moi je parle toujours de mon exploitation
00:45:38dans le sens où
00:45:40j'utilise le mot bien-être.
00:45:42Le bien-être des sols, le bien-être des vaches,
00:45:44le bien-être de l'agriculteur.
00:45:46Je regrette mes sols, mes vaches,
00:45:48la chimie, je ne l'utilise
00:45:50que comme si c'était un antibiotique avec mes enfants.
00:45:52Donc jamais je vais utiliser
00:45:54des médicaments pour mes enfants,
00:45:56sauf si la maladie est présente.
00:45:58Et si elle est vraiment présente et qu'il y a un risque pour mes enfants,
00:46:00je vais l'utiliser.
00:46:02Et on a exactement la même démarche pour nos vaches
00:46:04et exactement la même démarche
00:46:06pour nos sols.
00:46:08Donc ça, c'est ce qu'on a depuis le début.
00:46:10Mais ici, avec l'idée,
00:46:12l'environnement qui se met en place,
00:46:14il ne faut pas se leurrer, l'agriculteur doit aussi savoir évoluer.
00:46:16Et l'environnement, on doit le prendre en compte.
00:46:18On a aussi un impact énorme
00:46:20sur l'environnement en tant qu'agriculteur.
00:46:22Mais je pense que l'agroécologie
00:46:24va être une des meilleures, une des bonnes solutions
00:46:26pour changer les mentalités des agriculteurs
00:46:28et justement produire mieux.
00:46:30Parce qu'aujourd'hui, c'est ce qu'on demande,
00:46:32de produire plus propre.
00:46:34Et on va se rendre compte
00:46:36qu'on revient à ce qu'on aime,
00:46:38à notre gêne qu'on a dans nos tripes,
00:46:40qui est de voir la nature,
00:46:42laisser faire la nature et de produire avec cette nature
00:46:44et de juste l'emprunter
00:46:46et de fonctionner en synergie
00:46:48avec l'environnement.
00:46:50Et je pense que
00:46:52c'est ce qu'on veut tous.
00:46:54Qui peut...
00:46:56J'ai entendu un commentaire, là, où quelqu'un disait
00:46:58il y a 5 ans, c'était déjà grave,
00:47:00maintenant c'est encore plus grave.
00:47:02Je ne veux pas être pessimiste,
00:47:04mais vous pouvez témoigner.
00:47:06Le métier d'agriculteur, en tout cas,
00:47:08quand il n'est pas dans la permaculture et tout ça,
00:47:10ça s'aggrave. C'est pire qu'il y a 10 ans.
00:47:12J'ai l'impression qu'il y a quand même
00:47:14une éveil des consciences par rapport à ça.
00:47:16Il y a un point positif dans cette histoire de COVID
00:47:18et de l'augmentation des prix,
00:47:20c'est que les phytosanitaires ont tellement augmenté
00:47:22que je connais plein d'agriculteurs qui ne pulvérisent plus
00:47:24la chère.
00:47:26Donc ça, c'est vraiment un bon point.
00:47:28Et on leur faisait peur en leur disant
00:47:30si tu ne l'utilises pas, ça va mal se passer.
00:47:32Mais en fait, ils vont se rendre compte maintenant
00:47:34en ne les utilisant pas, que ça ne se passe pas si mal
00:47:36que ce qu'on essaie de leur faire croire.
00:47:38Pour que les gens consomment, on fait peur.
00:47:40Je n'invente rien du tout, ils le savent bien tous.
00:47:42Faisons peur, ça va faire consommer.
00:47:44Et là, il faut oser,
00:47:46il faut se soutenir
00:47:48pour oser essayer des choses
00:47:50qui peuvent faire peur
00:47:52parce qu'on sort un peu de la voie classique.
00:47:54Souvent, c'est vraiment ça. Mon ami de Champagny-Ardenne
00:47:56qui avait ses 50 hectares à lui,
00:47:58je crois 150 en prêts, en location, etc.
00:48:00D'abord, sa famille, son père
00:48:02qui a 50 hectares, son frère qui a 50 hectares.
00:48:04En Champagny-Ardenne, c'était pas 50 hectares que personne.
00:48:06Et au début, ils étaient tous
00:48:08« Mais qu'est-ce que tu fais ? Tu es fou ! »
00:48:10Et puis maintenant, ils lui demandent
00:48:12tous s'ils ne veulent pas planter du champ
00:48:14chez eux parce qu'ils se rendent compte
00:48:16que c'est rentable, que c'est chouette, que ça génère la terre, etc.
00:48:18Donc j'ai l'impression quand même
00:48:20qu'il y avait des consciences qui se faisaient.
00:48:22J'ai un agriculteur à côté de chez moi. C'est une grosse famille.
00:48:24Ils ont 200 hectares. C'est aussi en France.
00:48:26Il est super intelligent, super intéressant.
00:48:28J'adore discuter avec lui. Mais il me dit clairement
00:48:30« Le bio, je n'y crois pas. »
00:48:32Je dis « Écoute, ce n'est pas une croyance.
00:48:34C'est un modèle. Il faudra qu'on en reparle. »
00:48:36Ils sont quand même
00:48:38ouverts. Ils se rendent compte de ce qui se passe.
00:48:40Mais c'est vrai que ce que j'ai l'impression
00:48:42quand même qui s'est passé à un moment
00:48:44c'est que par rapport à toi ou à certains,
00:48:46j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de gens
00:48:48qui sont déconnectés de la terre.
00:48:50Il y a une déconnexion de la terre.
00:48:52Il y a le stress qui est arrivé, la rentabilité,
00:48:54les lois,
00:48:56toutes ces paquets de compagnie.
00:48:58Il y a une déconnexion des gens avec la terre
00:49:00elle-même. Ça, je me rends compte.
00:49:02C'est ce qui en a découlé automatiquement.
00:49:04Je pense que c'est tout ce qui tourne autour.
00:49:06Il faut savoir que le business agricole
00:49:08prend énormément d'argent.
00:49:10Je veux dire, on parle
00:49:12de l'agroécologie qui est la solution.
00:49:14Elle ne rapporte à personne.
00:49:16On va mettre moins d'intrants, moins de phyto,
00:49:18moins de chimie, tout ça. Ça n'intéresse personne.
00:49:20Ça embête le monde.
00:49:22Les grosses, grosses firmes phyto,
00:49:24les énormes firmes de chimie,
00:49:26ça ne les intéresse pas en fait.
00:49:28D'ailleurs, on le voit bien, ils sont en train
00:49:30de lâcher un peu la partie chimie
00:49:32pour aller vers la partie semencière.
00:49:34On voit qu'ils vont essayer de s'adapter
00:49:36pour aller garder leur marge bénéficiaire.
00:49:38On nous a réussi à nous guider
00:49:40pendant toutes ces années.
00:49:42On a été formatés, il ne faut pas le nier.
00:49:44On a été formatés à eux
00:49:46et on nous a vendu du rêve.
00:49:48C'est dur d'en sortir maintenant.
00:49:50Ils viennent avec aussi les drones,
00:49:52les tracteurs sont chauffeurs.
00:49:54Ils ont accès à la donnée, c'est incroyable.
00:49:56C'est vraiment incroyable.
00:49:58Les GAFA sont partout.
00:50:00Ils récupèrent toutes les données.
00:50:02En agricole, la technologie a toujours 20 ans d'avance
00:50:04sur le pouvoir politique
00:50:06et les prises de décision par les politiques.
00:50:08Si demain, on veut gérer des fermes
00:50:10uniquement par ordinateur, c'est possible.
00:50:12On a juste la volonté de ne pas le faire
00:50:14parce qu'on n'a pas encore le moyen
00:50:16de tout contrôler.
00:50:18Ce n'est pas souhaitable.
00:50:20C'est souhaité par très peu d'agriculteurs.
00:50:22On s'en rendait compte à Bruxelles aussi.
00:50:24On a l'impression d'être dans un nœud.
00:50:26On se demande toujours
00:50:28comment on va en sortir.
00:50:30Tu parles des panneaux verts
00:50:32que les présidents de partis
00:50:34ou les représentants politiques
00:50:36devaient lever.
00:50:38C'est presque les agriculteurs
00:50:40qui devraient, quand ils disent quelque chose,
00:50:42lever le panneau pour dire
00:50:44« Écoute, dégage ».
00:50:46Le bail à fermes, qui pense qu'ils vont le faire ?
00:50:48Qui pense que...
00:50:50Je pense que
00:50:52la politique, c'est des temps longs.
00:50:54Il y a des rythmes.
00:50:56Il faut respecter le rythme du vivant.
00:50:58Rome ne s'est pas fait en un jour.
00:51:00Si on veut une vraie transformation
00:51:02de la société, elle n'arrivera pas
00:51:04où on renvertre
00:51:06trop brutalement un pouvoir fort
00:51:08parce qu'il y en a un autre qui va se mettre derrière.
00:51:10C'est ce qu'ils disaient sur RTL TVI.
00:51:12Oui, ça prend du temps.
00:51:14Le système agricole est complexe.
00:51:16En même temps, ils ont décidé de 50 milliards pour l'Ukraine
00:51:18en deux secondes.
00:51:20Là, ils ont fait la plus grosse erreur stratégique.
00:51:22Les agriculteurs s'en rendent compte.
00:51:24Les citoyens aussi.
00:51:26En Belgique...
00:51:28Les gens s'entretuent pour l'instant alors que
00:51:30les agriculteurs meurent d'un autre côté et qu'on n'a pas besoin de faire des guerres.
00:51:32Les politiques ont cru qu'on serait
00:51:34plus sensibles à la misère ukrainienne
00:51:36qu'à la misère d'un autre producteur.
00:51:38Ils se sont trompés.
00:51:40Là-dessus, ils se sont tirés une balle dans le pied.
00:51:42Aujourd'hui, on voit qu'il y a 50 milliards qui sont partis à l'Ukraine
00:51:44et que les agriculteurs
00:51:46ne savent pas...
00:51:48Au marchand d'armes, surtout.
00:51:50Ils ne savent pas se rémunérer correctement.
00:51:52Aujourd'hui, on le soutient
00:51:54de la population.
00:51:56Qui va encore vouloir voter pour eux ?
00:51:58Ceux qui prennent conscience de ça.
00:52:00Personne ne voudra encore voter pour ceux qui sont en place.
00:52:02J'ai l'impression qu'ils s'en foutent un peu.
00:52:04Ils ne réfléchissent même plus.
00:52:06Par contre, pour parler un peu de solutions,
00:52:08pour ramener du positif
00:52:10dans ce débat, parce que les gens
00:52:12qui nous regardent ou qui écoutent vont se dire
00:52:14que c'est compliqué
00:52:16de décortiquer ça pour qu'ils comprennent.
00:52:18Je pense que tu disais l'autre fois
00:52:20quand on a fait une interview sur la place du Luxembourg,
00:52:22quand je parlais des solutions possibles,
00:52:24tu m'as dit que si les politiques ne bougent pas, ça ne bougera pas.
00:52:26Je réfléchissais à ça et je me disais
00:52:28que je n'ai pas attendu après les politiques
00:52:30pour amorcer mon changement.
00:52:32Et je pense que, j'espère,
00:52:34et dans la liste des choses que j'ai notées
00:52:36pour les choses positives à venir,
00:52:38ce qui devrait changer pour que ça évolue,
00:52:40une des premières choses que j'ai quand même notées,
00:52:42c'est une sensibilisation du pouvoir politique
00:52:44à l'égard des producteurs locaux.
00:52:46Et je pensais aussi à cette espèce de taxe
00:52:48pour les produits qui viennent de loin,
00:52:50une taxe énorme pour ces produits qui viennent de loin,
00:52:52et peu de taxes pour les producteurs locaux.
00:52:54Il y a des choses concrètes qu'on peut quand même pousser.
00:52:56Tant que les gens ne bougent pas,
00:52:58tant que les agriculteurs...
00:53:00Parce que les politiques, tout seuls, ne bougeront pas.
00:53:02Ils viennent de signer l'accord avec la Nouvelle-Zélande,
00:53:04avec le Chili...
00:53:06Mais ça, c'est une histoire de pognon, malheureusement.
00:53:08Et ça, nous, on ne pourra pas le changer comme ça.
00:53:10Mais ce que nous, on peut faire aussi,
00:53:12c'est déjà amorcer le changement à notre manière,
00:53:14comme on le peut, nous, en faisant du forcing
00:53:16de toutes les manières possibles,
00:53:18en tirant notre épingle du jeu, en essayant d'être heureux,
00:53:20en essayant, comme tu dis, de nous fédérer,
00:53:22de nous rallier, de nous entraider,
00:53:24parce que c'est ça que j'aime dans le concept...
00:53:26Mais là, Gauthier, il est dans sa ferme, il rentre.
00:53:28Qu'est-ce qu'il fait, concrètement ?
00:53:30Moi, je veux bien des solutions positives,
00:53:32mais qu'est-ce qu'il peut faire pour ne plus être pris dans ce truc administratif
00:53:34où, quand il termine sa journée à 22h, 23h,
00:53:36il doit encore aller devant l'ordi pour, je suppose,
00:53:38remplir des trucs, et qu'il n'a même plus le temps de dormir,
00:53:40ou au maximum... Qu'est-ce que tu vois, concrètement ?
00:53:42À un moment, c'est la révolte.
00:53:44Pour moi, il faut que,
00:53:46collectivement, les citoyens,
00:53:48à un moment, on dit stop, et c'est ce que les agriculteurs
00:53:50sont en train de faire, et on dit stop.
00:53:52Les contrôleurs, il n'y en a pas assez
00:53:54pour contrôler tout le monde.
00:53:56Ils croient qu'avec cette politique
00:53:58punitive,
00:54:00on va arriver à... Est-ce qu'en mettant
00:54:02les gens en prison, on arrive à les éduquer,
00:54:04à sortir de la délinquance ? Non.
00:54:06C'est pas compliqué.
00:54:08Punir, ça n'éduque pas.
00:54:10Je le vois avec mon fils, ça ne marche pas.
00:54:12Donc aujourd'hui, il faut qu'ils comprennent que ça ne marche pas,
00:54:14et nous, en fait, on l'a tous compris,
00:54:16ils peuvent continuer à nous punir, on ne payera pas.
00:54:18Moi, je pense...
00:54:20Mais il faut se fédérer, pour ça.
00:54:22Il faut se dire, on le fait ensemble, mais c'est ce que les agriculteurs
00:54:24sont en train de faire. Quand ils font des barrages et qu'ils bloquent,
00:54:26c'est ce qu'ils sont en train de faire,
00:54:28et ils discutent autour du feu.
00:54:30Ça crée du lien ?
00:54:32Quand même, je crois.
00:54:34J'aurais jamais cru que...
00:54:36Parce qu'il ne faut pas... Voilà.
00:54:38On a parlé un moment du problème de la terre, ça a mis beaucoup de jalousie
00:54:40dans les agriculteurs. Il y a quand même une grosse jalousie
00:54:42dans ces agriculteurs. Il ne faut pas le nier.
00:54:44Et là, par contre,
00:54:46voilà, autour du feu,
00:54:48on ne ressentait pas du tout. On ressent vraiment
00:54:50une fédère. On fédère vraiment quelque chose.
00:54:52On était tous...
00:54:54Moi, je connaissais des gens de vue,
00:54:56mais je ne connaissais pas
00:54:58leur nom, tout ça.
00:55:00Je ne connaissais pas, et on a commencé à discuter
00:55:02ensemble, et tout le monde avait ce fil conducteur
00:55:04de juste montrer
00:55:06qu'on en a marre,
00:55:08tout simplement.
00:55:10Qu'on veut juste un peu de paix.
00:55:12Nous, on voudrait un peu de
00:55:14paix mentale et de pouvoir faire notre boulot
00:55:16comme il faut,
00:55:18et d'arrêter de se sentir tout le temps menacé
00:55:20parce que, soit disant, on fait,
00:55:22comme je vous disais, des brigands.
00:55:24Je pense que personne qui est agriculteur
00:55:26aujourd'hui veut faire quelque chose de mal.
00:55:28Il faut bien se mettre ça dans sa tête
00:55:30que tous les jours, on travaille, ce n'est pas pour faire
00:55:32quelque chose de mal. Donc, si on est puni
00:55:34après, c'est parce qu'en plus, on a fait
00:55:36comme il faut dans le but de faire bien,
00:55:38et on est puni. Mais c'est parce que soit
00:55:40on n'a pas eu les connaissances, soit on n'a pas eu la formation,
00:55:42soit on a fait une erreur, tout simplement,
00:55:44qu'on doit accepter. Mais de là
00:55:46à chaque fois nous punir,
00:55:48c'est ça qu'on est fatigué.
00:55:50Quand tu parles de punir, un exemple concret,
00:55:52c'est le non-respect d'une règle, par exemple, en termes de...
00:55:54On ne paie pas les aides
00:55:56à l'installation. Il y en avait une qui présentait
00:55:58ça, une vétérinaire qui s'est installée,
00:56:00elle a suivi les formations A,
00:56:02les cours B, pour avoir les
00:56:04compétences agronomiques, pour avoir les compétences
00:56:06économiques. Et puis,
00:56:08par exemple, elle avait
00:56:10au bord de champ, il y a eu des dépôts
00:56:12de poubelles au bord d'une prairie
00:56:14chez elle, clandestin,
00:56:16il y a un contrôleur qui est arrivé,
00:56:18et de fait, c'était elle qui avait...
00:56:20Et donc, hop,
00:56:22ils menacent de lui retirer ses aides à l'installation.
00:56:24C'est le pourcentage d'aides qu'on supprime
00:56:26en fonction des erreurs qu'on a pu faire.
00:56:28Plus on reçoit d'aides, plus on est
00:56:30sanctionné. Et vu qu'on les a
00:56:32rendus dépendants aux aides,
00:56:34en fait, ils sont pieds et points liés.
00:56:36En fait, c'est les aides qu'on a données
00:56:38pour que vous suiviez le modèle qu'on vous a dit.
00:56:40Il y a eu un moment, on a eu une aberration,
00:56:42je ne pense pas qu'elle ait encore d'actualité,
00:56:44il faut savoir qu'aujourd'hui, la traite se fait
00:56:46automatiquement. Je veux dire, on met
00:56:48une machine à lavage, et le lait coule automatiquement
00:56:50dans une cuve. A un moment ou à l'autre,
00:56:52pour pouvoir faire cet acte-là,
00:56:54on nous a demandé un certificat de Bonne Vie
00:56:56et Meurs. On nous a obligés
00:56:58de montrer un certificat
00:57:00de Bonne Vie et Meurs, alors qu'on ne touche pas...
00:57:02Un attouchement sur les vaches ?
00:57:04Je n'en sais rien. Je n'en sais rien, mais
00:57:06ça fait partie
00:57:08des aberrations qui ont été mises en place,
00:57:10et je peux vous en citer une liste. C'est même pas une blague, ça ?
00:57:12Non, je vous jure, ce n'est pas une blague.
00:57:14Je crois qu'elle a été retirée,
00:57:16ils appellent ça la qualité filiale,
00:57:18c'est une charte qu'il a fallu remplir, une base
00:57:20de critères qu'il a fallu, et là-dedans,
00:57:22et à contrario, pour moi, produire mon beurre,
00:57:24qu'on touche le beurre tout le temps,
00:57:26on n'avait pas besoin de ça.
00:57:28Mais ça fait partie des exemples,
00:57:30et je pense qu'on
00:57:32essaie de mettre des règles
00:57:34à l'agriculteur, mais des règles qu'on utilise
00:57:36dans des autres secteurs qui ne sont
00:57:38vraiment en aucun lien avec l'agriculture,
00:57:40et ça, c'est vraiment dommageable,
00:57:42et c'est ça qui, à un moment ou à l'autre,
00:57:44c'est une fatigue, on est vraiment fatigué.
00:57:46Moi, aujourd'hui,
00:57:48je ne rêve qu'une chose, c'est que mes enfants se barrent
00:57:50de l'exploitation, malheureusement.
00:57:52Donc c'est un échec, évidemment.
00:57:54Mais ils sont motivés à 200 à l'heure, ils veulent.
00:57:56Ils veulent continuer ?
00:57:58Ils adorent ça, ils adorent la ferme,
00:58:00mais est-ce que
00:58:02j'ai envie de les endetter
00:58:04pendant 30 ans, 40 ans,
00:58:06j'en ai jusqu'en 2035,
00:58:08avant de pouvoir
00:58:10avoir mon outil de production remboursé.
00:58:12Juste les bâtiments et mes champs,
00:58:14et mes vaches,
00:58:16depuis 2007.
00:58:18Et par contre, avec un capital qui a augmenté entre les deux,
00:58:20mais le capital, il a encore augmenté,
00:58:22j'ai deux enfants,
00:58:24si par bonheur, un des deux veut reprendre,
00:58:26ça veut dire que je dois rester égal
00:58:28avec le deuxième, donc ça veut dire qu'il va devoir
00:58:30acheter un capital
00:58:32qu'on a les prix aujourd'hui, au prix du jour,
00:58:34et on va dire que je vais l'endetter
00:58:36pendant 40 ans, 45 ans,
00:58:38ça veut dire que jusqu'à 55 ans,
00:58:40ils vont juste bosser
00:58:42pour arriver à zéro, c'est pas ce que je recherche.
00:58:44Et ça, s'il n'y a pas un changement
00:58:46global,
00:58:48en tout cas un changement rapide,
00:58:50c'est ça qui va se passer.
00:58:52Heureusement.
00:58:54Mais ce qui est fou, c'est quand même qu'ils ont l'énergie
00:58:56de vouloir reprendre, certains, donc t'imagines
00:58:58la force
00:59:00de volonté qu'ils ont.
00:59:02Ils ne se rendent pas compte non plus, ils adorent la terre,
00:59:04ils s'en rendent compte,
00:59:06parce qu'ils sentent notre bien-être.
00:59:08Oui, ils voient le côté positif, je veux dire.
00:59:10Les émotions sont là, donc
00:59:12ils viennent avec des questions, mais papa, pourquoi t'es pas bien ?
00:59:14Maman, pourquoi ça va pas ?
00:59:16Qu'est-ce qui nous est encore tombé dessus
00:59:18aujourd'hui ? Donc tout ça est là,
00:59:20tout ça est présent, et alors on leur
00:59:22explique, parce que moi le but, c'est de ne pas les
00:59:24freiner, s'ils veulent vraiment.
00:59:26Mais par contre, ils auront tous les données en main
00:59:28qui prouveront,
00:59:30que je leur expliquerai en disant, tu peux y aller, mais attention,
00:59:32il y a tout ça, tout ça, tout ça, et est-ce que
00:59:34ce que tu veux aujourd'hui, est-ce que c'est vraiment ça
00:59:36que vous voulez ? C'est encore un des seuls
00:59:38métiers où il y a une transmission de père en
00:59:40fils. Moi, mon père était dentiste,
00:59:42à un moment, je rêvais d'être dentiste, mais
00:59:44faire toutes ces études pour ça...
00:59:46Il y a une transmission aussi chez les hommes politiques.
00:59:48Ah oui, ça aussi.
00:59:50Il y a une belle transmission, ils n'ont pas
00:59:52de problème. Ça, ça ne devrait pas être un métier. Non, évidemment.
00:59:54Et dans
00:59:56les grandes lignes, si chacun de vous, pour
00:59:58aller vers la fin, devait dire,
01:00:00bon, on n'est pas encore énormément,
01:00:02tu l'avais montré, du politique, qu'est-ce qu'il
01:00:04faudrait demain
01:00:06pour que
01:00:08tu sois heureux et que tes enfants
01:00:10ne te demandent plus pourquoi tu n'es pas
01:00:12bien là, alors qu'en fin de compte, tu as un métier
01:00:14superbe à chacun, qu'est-ce qu'il faudrait
01:00:16pour vous
01:00:18pour que ça se débloque ?
01:00:20Moi, je ne voudrais
01:00:22plus de primes. Je ne voudrais plus de primes pour ne plus
01:00:24avoir cette obligation de devoir
01:00:26se défendre, de devoir
01:00:28donner beaucoup de...
01:00:30Voilà, absolument, devoir
01:00:32remplir
01:00:34tout cet administratif pour
01:00:36avoir tout simplement ces aides. Moi, je voudrais un prix
01:00:38rémunérateur. Si demain, on gagne
01:00:40notre vie, ben voilà. Après, bien sûr,
01:00:42on a des zones défavorisées, on a
01:00:44des endroits où on a des cultures qui sont
01:00:46pauvres et que c'est très compliqué d'avoir
01:00:48une productivité. Alors là, je pense qu'effectivement,
01:00:50il doit y avoir une réflexion par rapport à ça.
01:00:52Mais tout ce qu'on veut, nous, c'est
01:00:54de dire un revenu, un simple revenu
01:00:56sans avoir une charge
01:00:58d'obligation administrative
01:01:00qui est présente constamment.
01:01:02Donc, tout simplement, ça, on veut
01:01:04être heureux. On veut que notre
01:01:06boulot soit juste valorisé
01:01:08à son juste
01:01:10milieu pour pouvoir vivre.
01:01:12Aujourd'hui, on a la chance, faut savoir,
01:01:14on parle... On n'est pas
01:01:16des consommateurs. On va rarement...
01:01:18Les agriculteurs ne vont pas en vacances.
01:01:20J'en connais très rarement. Malheureusement,
01:01:22je pense que c'est un bien-être.
01:01:24Moi, je suis incapable
01:01:26de lâcher mon exploitation parce que
01:01:28j'aurais un mal-être général de ce qui
01:01:30pourrait arriver
01:01:32sur mon exploitation quand je ne suis pas là.
01:01:34Donc, on n'arrive pas à le faire.
01:01:36Et puis, économiquement, ce n'est pas possible.
01:01:38Simplement, on n'a pas cette démarche de le faire.
01:01:40Mais ce n'est même pas...
01:01:42Je dis toujours, moi, je suis en vacances
01:01:44tout le temps. On est dans la nature.
01:01:46On a cette chance-là. Mais par contre,
01:01:48je voudrais juste pouvoir
01:01:50me lever le matin et se dire
01:01:52qu'on va travailler. Aujourd'hui, on va gagner.
01:01:54Et si les conditions climatiques...
01:01:56Parce qu'on vit avec le climat.
01:01:58Et le climat change. On vient encore de le voir ici.
01:02:00Si je me dis
01:02:02le lendemain matin, OK,
01:02:04malgré le climat, je vais quand même sortir un revenu,
01:02:06je suis content.
01:02:08Donc, en fait, les primes... Juste précision,
01:02:10les primes, c'est une sorte de palliatif
01:02:12que les gouvernements donnent pour permettre le libre-marché.
01:02:14C'est ça, en gros.
01:02:16Parce que si...
01:02:18On est sous perfusion, en fait.
01:02:20Ils le savent.
01:02:22Et en nous donnant des primes, ils ont mis
01:02:24son nom. Bien sûr.
01:02:26Dernièrement, ils ont pu réduire pas mal de primes.
01:02:28Ce qui a fait qu'on a été
01:02:30obligé de mettre en place
01:02:32des choses qui sont bonnes pour l'environnement.
01:02:34Et ce que beaucoup ont fait, ils l'ont fait avec plaisir,
01:02:36mais ils ne sont pas spécialement bien payés non plus.
01:02:38Donc, on n'est pas payé pour
01:02:40l'effort environnemental
01:02:42qu'on offre à la société.
01:02:44Donc, tu dirais
01:02:46la même chose,
01:02:48Maxime, par rapport à si tu devais choisir
01:02:50quelques éléments ou un...
01:02:52De toute façon, tant qu'il y a du revenu...
01:02:54Travailler à perte.
01:02:56Par exemple, dans mon cas ici, je dois remettre
01:02:58des cultures de printemps.
01:03:00Je me dis, dans ma rotation,
01:03:02ce serait bien de mettre un froment de printemps.
01:03:04Je fais mon petit calcul
01:03:06rapide. Je sais qu'avant même
01:03:08d'implanter mon froment de printemps, je vais perdre de l'argent.
01:03:10Avec le prix
01:03:12des céréales actuels.
01:03:14Simplement, on va partir sur des choses
01:03:16pour lesquelles on est sûr de gagner de l'argent,
01:03:18mais qui ne sont pas spécialement bonnes pour nous, agriculteurs.
01:03:20Ou on va travailler simplement pour un autre.
01:03:22Enfin, voilà.
01:03:24Donc, à partir du moment où on gagne de l'argent,
01:03:26on aura envie de faire des choses.
01:03:28C'est là qu'est le problème aujourd'hui.
01:03:30Avec les marchés de libre-échange,
01:03:32on est mis en concurrence avec des gens
01:03:34qui produisent deux, trois fois moins cher
01:03:36que nous.
01:03:38Je viens de voir un témoignage poignant en France,
01:03:40d'un agriculteur dont la femme
01:03:42et le fils témoignaient qu'il venait de se suicider
01:03:44parce qu'il disait qu'il ne gagnait rien en fait.
01:03:46Il perdait même.
01:03:48Il était sous la paperasse.
01:03:50Certains décapitalisent actuellement
01:03:52et sur les trois, quatre prochaines années,
01:03:54en tout cas sur cette paxi,
01:03:56on va continuer cette décapitalisation.
01:03:58Pour certains.
01:04:00D'accord.
01:04:02Toi,
01:04:04c'est plus
01:04:06entre guillemets facile.
01:04:08Tu as un choix qui... Mais si tu devais choisir quelque chose,
01:04:10et même pour toi ou pour les autres,
01:04:12parce qu'il y a beaucoup d'attirés de son modèle,
01:04:14de ton modèle,
01:04:16que les autres pourraient peut-être...
01:04:18C'est ce que je m'achère à faire.
01:04:20Je veux dire,
01:04:22tout le monde n'a pas la chance
01:04:24ou la malchance parfois d'avoir beaucoup de terre.
01:04:28Parce que c'est un trésor et en même temps,
01:04:30c'est une responsabilité. L'accès à la terre,
01:04:32comme tu disais, il est difficile en Belgique.
01:04:34Je connais beaucoup de maraîchers
01:04:36ou de producteurs qui se battent pour trouver des terres.
01:04:38Elles sont hors de prix et ce n'est pas facile.
01:04:40Moi, ce que je verrais, c'est déjà aussi...
01:04:42Les politiques, on ne va plus en parler.
01:04:44On espère qu'un jour, ils vont se réveiller.
01:04:46Je pense que ça pourrait peut-être arriver. J'ai envie d'y croire.
01:04:48Parce que ça pousse. Le changement, il est en marche.
01:04:50Les gens peuvent le réveiller.
01:04:52Ça se réveille quand même. Parce qu'il faut savoir que les politiciens,
01:04:54ils se tiennent entre eux, entre guillemets.
01:04:56C'est-à-dire, s'il y en a un qui veut essayer de changer les choses,
01:04:58il va se faire directement décapiter par tous les autres, que ça n'intéresse pas.
01:05:00Mais ils ne vont pas se réveiller tout seuls.
01:05:02Non, d'accord. C'est pour ça que...
01:05:04Ce que je veux dire aussi, c'est que le citoyen doit se réveiller.
01:05:06Le consommateur.
01:05:08Le citoyen doit devenir un consommateur.
01:05:10Il doit se sensibiliser.
01:05:12C'est bien beau de saluer les tracteurs quand ils passent.
01:05:14C'est bien beau de faire...
01:05:16Sur la rue de Luxembourg, il y avait juste des agriculteurs et leurs tracteurs.
01:05:18Il n'y avait pas de citoyens.
01:05:20Donc, le citoyen, pour l'instant,
01:05:22il est stressé.
01:05:24Il y a Netflix. Il fait l'hiver.
01:05:26Il y a plein de choses.
01:05:28Mais je veux dire, moi, avant le Covid,
01:05:30je nourrissais tout le village.
01:05:32J'allais chez moi chercher des légumes.
01:05:34Plus la communauté que je nourris.
01:05:36Après le Covid, il me restait, je crois, une prof de gym.
01:05:38Je cherchais encore les légumes.
01:05:40Et Aldi,
01:05:42il a fait x4.
01:05:44Et avant le Covid, déjà,
01:05:46les Aldi commençaient à se démultiplier
01:05:48et à s'agrandir à une vitesse phénoménale.
01:05:50Moi, ce que j'ai envie de dire aussi,
01:05:52c'est que si le citoyen ou le consommateur,
01:05:54il a envie de manger des fraises en hiver et des tomates,
01:05:56bon, là, il y a un problème. Il faut qu'il se réveille.
01:05:58Mais ça, c'est aussi à cause de ces multinationales,
01:06:00ces enseignes qui proposent ces produits toute l'année.
01:06:02Si déjà, le citoyen lui-même ne mangeait plus
01:06:04toutes ces fraises d'hiver, ne mangeait plus toutes ces tomates d'hiver,
01:06:06et attendait le printemps pour venir les acheter chez nous,
01:06:08il y aurait déjà un grand changement.
01:06:10Le consommateur, il doit se réveiller aussi.
01:06:12Il n'y a pas que les politiciens.
01:06:14Si on est beaucoup à se réveiller,
01:06:16les politiciens, ils vont suivre un moment.
01:06:18Ils vont être obligés, d'une certaine manière.
01:06:20Mais s'il n'y a que quelques ouins-ouins, de temps en temps,
01:06:22en façon de parler, qui viennent en ses nerfs
01:06:24et puis, eux, ils rigolent, ils font passer
01:06:26plein d'autres accords et ils passent à côté.
01:06:30Ils suivent le mouvement des agriculteurs
01:06:32qui doit être soutenu plus fort que ça encore.
01:06:34Alors là, si on bloquait tout le pays
01:06:36comme ça, parce qu'il faut oublier,
01:06:38on est quand même des millions, ils sont quelques-uns.
01:06:40Mais si gentiment et poliment, on bloquait
01:06:42tout le pays, tous les citoyens, tout le monde,
01:06:44tous ensemble, il n'y a plus qu'un million, deux millions.
01:06:46Alors là, ils vont se poser des questions.
01:06:48Et là, je pense que les choses...
01:06:50Il y a combien de tracteurs ?
01:06:52Quelle est l'idée du nombre de tracteurs en Belgique ?
01:06:54Parce que là, il y en a 2300.
01:06:56Il y a une ferme en Wallonie avec 2 tracteurs par ferme.
01:06:5824 000 tracteurs.
01:07:0020 000 tracteurs, c'est possible.
01:07:02Mais après, sans être un pro-révolutionnaire,
01:07:04parce que c'est pas ce que je veux dire,
01:07:06mais qui part en cacahuète.
01:07:08Attention, dans mon potager.
01:07:10Mais aussi, voilà,
01:07:12plus de producteurs,
01:07:14plus de sensibilisation par rapport
01:07:16au consommateur,
01:07:18plus ouvrir le panel
01:07:20des possibles
01:07:22dans nos activités.
01:07:24Et je dirais parfois aussi faire un peu de forcing.
01:07:26C'est vrai, toutes ces lois fallacies
01:07:28qui nous contraignent.
01:07:30Bon, il y a un moment...
01:07:32Mais c'est vous qui devez décider des lois, en fait.
01:07:34C'est les agriculteurs qui doivent décider des lois.
01:07:36Dans la démosophie, c'est ça.
01:07:38C'est le peuple qui écrit les lois,
01:07:40qui choisit les politiciens, qui les applique.
01:07:42Et normalement, le politicien est l'employé du peuple.
01:07:44On n'est plus en démosophie. On est en dictature.
01:07:46Puisque ce sont les politiciens qui écrivent les lois
01:07:48et qui les appliquent eux-mêmes contre nous,
01:07:50d'une certaine manière.
01:07:52Les politiciens sont censés travailler pour nous
01:07:54parce que le sentiment qu'on a actuellement,
01:07:56c'est qu'ils travaillent contre nous.
01:07:58Ça va dans le mauvais sens.
01:08:00J'ai l'impression que nos politiciens
01:08:02veulent nous...
01:08:04Discutez avec eux et vous êtes certain
01:08:06qu'ils iront dans votre sens.
01:08:08Dans les faits, par exemple,
01:08:10les derniers accords de libre-échange
01:08:12qui ont été pris...
01:08:14Ils ont tous voté pour, même
01:08:16Saskia Brickmont,
01:08:18deux écologes, je dis même,
01:08:20Saskia Brickmont, deux écologes, a voté pour
01:08:22l'échange avec la Nouvelle-Zélande.
01:08:24Et en même temps, à côté de ça...
01:08:26L'Europe est à nos portes.
01:08:28Dans quelques mois, il y a des élections.
01:08:30Ça, c'est un vrai pouvoir
01:08:32qu'a le citoyen. Aujourd'hui,
01:08:34on ne peut pas tout rejeter non plus.
01:08:36Il y a une base. Repartons de cette base.
01:08:38Repartons du sol. Quand on fait de l'agroécologie,
01:08:40c'est de là qu'on repart aussi.
01:08:42C'est comment je prends soin de mon sol.
01:08:44Et en ayant pris soin de mon sol,
01:08:46on reconstruit au fur et à mesure quelque chose de cohérent.
01:08:48C'est vraiment ça qu'on doit faire.
01:08:50Quelqu'un qui nous écoute aujourd'hui,
01:08:52qui a entendu parler d'agroécologie,
01:08:54la chose qu'il peut faire, c'est d'essayer de
01:08:56contaminer une autre personne.
01:08:58Déjà une ou deux personnes.
01:09:00Ça peut se tisser, on le sait.
01:09:02Avec 20% de la population
01:09:04qui prend conscience de cette réalité-là,
01:09:06on peut engendrer
01:09:08une transformation.
01:09:10C'est à nos portes.
01:09:12Moi, je rêve de ça.
01:09:14On est dans une civilisation extraordinaire.
01:09:16Là où est arrivé l'humain aujourd'hui,
01:09:18alors que ça lui a pris des milliers d'années
01:09:20avant de savoir utiliser un caillou pour tailler une pierre.
01:09:22Ce qu'on a réussi à faire ces 60 dernières années,
01:09:24maintenant, on peut le faire au service
01:09:26de transformer la société pour revenir
01:09:28à quelque chose de cohérent.
01:09:30La planète Terre, c'est un espace de vie extraordinaire.
01:09:32Ça n'existe pas autour de chez nous.
01:09:34Quand on va dans la galaxie,
01:09:36on ne trouve pas un espace suffisamment
01:09:38proche pour pouvoir envoyer des humains
01:09:40quelque chose d'aussi foisonnant
01:09:42que la vie sur Terre.
01:09:44Maintenant, prenons-en soin.
01:09:46Dolores Cannon en parle justement
01:09:48du nouveau monde. Travailler pour le nouveau monde
01:09:50et le créer
01:09:52et le préparer.
01:09:54C'est vrai que
01:09:56c'est vachement parfois plus encourageant
01:09:58que se prendre la tête
01:10:00contre des murs
01:10:02et ne pas voir les choses avancer.
01:10:04Je pense qu'on doit faire du forcing aussi.
01:10:06Et on doit être fier de ce qui marche bien.
01:10:08Je crois que chacun d'entre vous qui fait quelque chose
01:10:10qui vous semble bon pour la planète,
01:10:12n'ayez pas peur d'en parler.
01:10:14Ce n'est pas de l'ego.
01:10:16Ce n'est pas de l'autoflatterie.
01:10:18Non, je sais que je fais quelque chose de bien.
01:10:20Je m'affirme là-dessus.
01:10:22Toi, tu vends à la ferme des produits de qualité.
01:10:24Pas avoir peur d'en parler
01:10:26dans son village.
01:10:28Il faut avoir cette fierté.
01:10:30C'est quelque chose que les agriculteurs n'ont pas spécialement.
01:10:32C'est d'oser être fier de qui ils sont.
01:10:34Merci à eux. C'est à nous, aux citoyens,
01:10:36de les valoriser. Mais eux aussi, valorisez-vous
01:10:38vous-même. Vous faites un métier extraordinaire
01:10:40que très très peu de gens
01:10:42peuvent accomplir.
01:10:44Tu donnes un mouton
01:10:46à chaque citoyen belge.
01:10:48Il y a 90% des moutons
01:10:50qui sont morts après deux semaines.
01:10:52Vous faites un métier
01:10:54aujourd'hui qui est
01:10:56une richesse incroyable.
01:10:58Maintenant, préservons-le.
01:11:00Merci à tous.
01:11:02Certains viennent de loin.
01:11:04Gautier Bossu de Tournai, c'est ça ?
01:11:06À côté, Le Zorneau.
01:11:08Un gros trajet pour venir jusqu'à
01:11:10la capitale.
01:11:12C'est plus la circulation
01:11:14dans la capitale.
01:11:16C'est juste une non-habitude.
01:11:18C'est encore une preuve que l'agriculteur,
01:11:20au bout du compte, a du mal de sortir
01:11:22de ses sentiers battus.
01:11:24On était en direct.
01:11:26On n'a rien coupé.
01:11:28Merci, Maxime Jansens.
01:11:30Ça devient quasiment...
01:11:32En tout cas, à la télévision,
01:11:34les directs, ça n'existe plus.
01:11:36Merci, Maxime Jansens
01:11:38de la Fédération des Jeunes Agriculteurs.
01:11:40C'est bon.
01:11:42Grégory, Henri...
01:11:44On ira, on viendra.
01:11:46On viendra partout, mais il faut trouver le temps.
01:11:48Et Simon Chavez pour
01:11:50ce débat qui doit continuer.
01:11:52On est impatients de la suite.
01:11:54On a envie que ça change.
01:11:56Vous êtes un bon acteur aussi.
01:11:58Vous êtes un des premiers acteurs à pouvoir
01:12:00intervenir aussi.
01:12:02On compte sur vous aussi.
01:12:04Merci à tous.
01:12:06Merci à toi.