Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de l'appel d'Éric Ciotti, président Les Républicains à s'allier au Rassemblement national en vue des élections législatives. Depuis sa prise de parole, de nombreux représentants du parti ont réclamé sa démission.
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00:00Il est 18h02, on est en direct sur CNews et sur Europe 1. Louis de Ragnell est là, bonsoir à Louis, Rachel Gann est là, Jérôme Sainte-Marie Sondor, bonsoir Jérôme, Sabrina Medjeber, et notre ami Alexandre Devecchio du Figaro.
00:12On commence par les LR, psychodrame chez les LR. Écoutez Eric Ciotti, ce matin, il annonce qu'il y aura un accord avec le Rassemblement National.
00:21Je suis LR plus que jamais, je suis président des LR. Je souhaite que ma famille politique emporte le plus de sièges à ces élections législatives pour participer au redressement de la France,
00:34d'une France qui aujourd'hui est en péril, quelque part même est en faillite, qui est privée d'autorité, qui voit la violence gagner nos rues, l'immigration être de plus en plus massive,
00:46nos comptes publics en faillite, notre note dégradée, donc je veux participer à un engagement de redressement et je veux que les LR ne soient pas une nouvelle fois sur le bord de la route,
00:59sur le bord du chemin, mais qu'ils soient des acteurs de cet indispensable redressement national.
01:05Cette déclaration d'Eric Ciotti a provoqué un big bang chez les LR. Il n'y a pas un baron de la droite qui ne s'est pas offusqué de cette volonté d'aller faire un accord avec le RN.
01:17C'est peut-être une illustration du décalage entre le peuple et l'élite, c'est-à-dire que tout l'appareil globalement...
01:22En tout cas entre les électeurs et l'appareil politique.
01:25Enfin, qui font partie du peuple, oui. En tout cas, tout le parti en tant que structure juridique, mais tous les chapeaux à plumes du parti, tous les responsables dénoncent la décision d'Eric Ciotti.
01:37Il y en a certains qui l'appellent à démissionner. Ils l'appellent à démissionner d'ailleurs assez vite. Vous savez pourquoi ?
01:41Parce que si vous voulez faire démissionner le président du parti, ça doit se faire minimum dans un délai de 7 jours.
01:48Et comme il y a la commission nationale d'investiture qui a lieu ce jeudi ou vendredi, je ne sais plus.
01:54Bref, c'est encore Eric Ciotti qui a la main sur la commission nationale d'investiture. Non mais ce n'est pas un détail.
01:59Les Français voient ça. Ils voient le spectacle.
02:03C'est un spectacle totalement indigne. Ce qui se passe chez les Républicains se passe dans toutes les familles politiques.
02:08Sauf que la gauche est peut-être plus maligne et réussit toujours à s'entendre. Au sein de la Macronie, c'est pareil.
02:14Tout le monde est très inquiet. Chaque député se demande ce qu'il va advenir.
02:18Pour revenir sur les Républicains, chacun a un agenda aussi personnel.
02:23Tous disent faire leur choix au nom de la France.
02:26Mais en réalité, si vous êtes dans une circonscription où votre ennemi principal, c'est Emmanuel Macron,
02:30vous allez évidemment tout faire pour dénoncer les accords avec le RN.
02:34Si votre menace dans votre département ou dans votre circonscription, c'est le RN, vous avez plutôt intérêt à cet accord-là.
02:41Vous vous placez à côté politique. Moi, je me place du côté électeur.
02:45Je suis désolé, Laurence, mais profitons-en. Disons aussi parfois un peu le dessous des cartes.
02:48Parce qu'il faut que les gens le sachent.
02:50Objectivement, les politiques ont des convictions, oui.
02:54Mais ils ont la France au cœur, la plupart d'entre eux.
02:57Mais ils ont aussi la question de leur élection et de leur réélection.
03:00Et ça compte énormément.
03:02Laurence, vous qui faites des interviews politiques, je sais que vous êtes chargée de me poser des questions.
03:07Mais ne me faites pas la surprise, parce que vous savez très bien, vous êtes conscientes totalement de ce que je suis en train de dire.
03:14Jérôme Saint-Marie.
03:15Je vais parler également des électeurs.
03:17C'est-à-dire, regardez le groupe des sénateurs LR.
03:20C'est déclaré totalement opposé aux déclarations de Ciutti.
03:23Pourquoi ?
03:24Parce que les électeurs des sénateurs, ce sont les grands électeurs.
03:27À 95%, les grands électeurs, ce sont des élus municipaux.
03:31Et parmi eux, il n'y a pratiquement pas d'élus RN.
03:35Par ailleurs, les électeurs, les citoyens, pour les députés, il y a une soixantaine de députés actuellement LR.
03:40D'après les projections, ils seraient moins nombreux la prochaine fois.
03:42Vous avez également un électorat où les catégories populaires ont pratiquement disparu.
03:48C'est deux ou trois points chez les ouvriers, à peine plus parmi les employés.
03:51Donc ceux qui sont le plus motivés subissent le plus, par exemple, les conséquences négatives de l'immigration et l'insécurité.
03:58Donc vous avez effectivement des gens qui se sentent moins tenus, en quelque sorte, par ces demandes-là.
04:04Alors, ils aiment la France, ce qui est très important dans ce qu'il dit M. Ceci.
04:07Je voudrais juste finir par là.
04:08Jérôme Saint-Marie.
04:09Jérôme Saint-Marie.
04:10On connaît l'influence du RN dans les catégories populaires, etc.
04:12Mais là, il apporte lui-même, il crédibilise quelque chose de très important.
04:16C'est l'échec de Macron sur les comptes publics, l'envol de la dette.
04:21La ruine du pays.
04:22Et donc les perspectives fiscales dramatiques qui pourraient en résulter.
04:26Ça, c'est de la nature à accélérer le passage de catégories comme celle des retraités, des gens ayant un certain patrimoine, etc.
04:33qui commencent déjà à bouger vers la liste Bardella, mais qui pourraient en plus venir bien davantage.
04:39Rachel Gannes, les électeurs dans tout ça.
04:41Non, mais c'est ça.
04:42Peut-on faire confiance aux partis, à nos représentants à venir, en voyant ce triste spectacle ?
04:50Est-ce que finalement, les représentants des partis peuvent sauver la démocratie ?
04:55Peuvent entendre ce qui s'est passé dimanche soir ?
04:57C'est ça, le sujet.
05:01Moi, je trouve ça aberrant, ce qu'on voit aujourd'hui.
05:05J'aurais aimé, justement, au contraire, avant cette embouille interne pour un plat de lentilles,
05:10j'aurais aimé que les responsables politiques, chacun d'entre eux, puissent se présenter devant les électeurs
05:15en disant, je vous ai compris, la fameuse phrase, je vous ai compris, je vous ai entendu sur différents sujets.
05:20Vous évoquez le général de Gaulle.
05:21Exactement, mais par ailleurs, vous avez dit, monsieur de Ragnel, que tous les membres des partis aimaient la France,
05:28aiment la France, pas sûr.
05:31Je disais que la plupart des élus qu'on rencontre, globalement, sont sincères,
05:36peuvent paraître parfois cyniques aux yeux des électeurs,
05:38mais il y a quand même le moteur, on peut être d'accord, pas d'accord,
05:42mais globalement, c'est des gens qui s'investissent.
05:43Que pensent les Français de ce ralliement, en tout cas, pas de ce ralliement,
05:46mais en tout cas, de ce mouvement d'Éric Ciotti vers le Rassemblement National ?
05:48On vous a posé la question, écoutez vos réponses.
05:52Ça me choque pas du tout.
05:53Ça reste à droite, ça me semble logique.
05:56En s'alliant, ils vont être plus forts et puis ils vont pouvoir avoir plus d'idées,
05:59faire plus de choses ensemble.
06:00Disons que ça n'a jamais été comme ça.
06:02Ils n'ont jamais été loin, les Républicains du centre-droite.
06:06Mais là, c'est trop.
06:08Et ce n'est pas les valeurs traditionnelles.
06:11Les deux groupes parlementaires, qu'ils soient le Rassemblement National et puis les Républicains,
06:16sont un groupe qui sont unis déjà par leurs pensées.
06:19Je pense que chacun a le droit de s'exprimer.
06:23Si c'est leur choix de s'unir, ils n'ont qu'à s'unir.
06:26Et c'est leur problème, en fait.
06:29Il y a beaucoup de bon sens, encore une fois.
06:31Moi, je reviens toujours à ce que disent les Français.
06:34Oui, s'ils veulent s'unir, ils s'unissent.
06:36Les électeurs, ils ont déjà fait le choix.
06:38Ils ont déjà fait le choix dimanche.
06:40Non, Éric Ciotti suit peut-être lui aussi ses intérêts,
06:45puisqu'il est dans une circonscription plutôt erraine.
06:49Mais je crois qu'il suit aussi la base du parti.
06:52Il y a aussi quelque chose de démocratique.
06:54Il est là aussi pour représenter ses militants, ses électeurs.
06:58Et là, je crois qu'il le fait.
06:59Et puis, il y a une forme de cohérence depuis quelques années, quand même.
07:01C'est Éric Ciotti.
07:02Il a pris son risque plusieurs fois.
07:03À la primaire, il avait fait une primaire très à droite.
07:07Et il a fini par être majoritaire, par être président du parti.
07:10C'est aussi pour prendre des décisions.
07:13Donc, je crois qu'en réalité, il sauve Hélaire
07:16parce que là, ils vont rester tout seuls à la portion congrue
07:19avec des gens qui ne pensent pas la même chose entre eux.
07:22Au moins, c'est une clarification.
07:24Et c'est une clarification portée par la base électorale du parti.
07:30Sabrina Medjibeur.
07:31Ce qui est intéressant dans ce qu'on a entendu,
07:33c'est que ce fameux mantra de la diabolisation du RN,
07:36de la fâchisation du camp adverse,
07:39de l'extrême droitisation de la pensée
07:41dès lors qu'on s'extirpe de la doxa bien pensante,
07:45c'est que les mots utilisés par les personnes interrogées
07:49ne se relatent pas du tout à la diabolisation,
07:51ne semblent pas être vérifiés par cette union des droites,
07:55ne semblent pas complètement horrifiés
07:58par ce que pourrait advenir la France
08:00si le groupe Les Républicains ainsi que le RN s'unissaient.
08:05Donc, ça, c'est la première des choses.
08:07Et la deuxième des choses, moi, je vous rejoins, ma chère Laurence.
08:10Moi, ce qui m'intéresse, c'est le peuple français.
08:12Encore une fois, c'est la composition du peuple français.
08:14Les inquiétudes des Français liées à la sécurité,
08:17il s'est quand même passé des choses
08:19depuis le mandat d'Emmanuel Macron.
08:21Nous avons eu deux professeurs assassinés,
08:23même si on a supprimé l'Observatoire national
08:25de la délinquance et des répressions pénales.
08:28J'entendais Frédéric Vaud,
08:29le directeur général de la Police nationale, à Public Sénat,
08:32qui précisait qu'il y a une augmentation de 57%
08:35d'homicides et de tentatives d'homicides en France depuis 2017.
08:40C'est quand même pas rien.
08:41Quand on voit que le narcotrafic prospère
08:43au point même où les magistrats sont convoqués.
08:46Quand on voit qu'il y a des jeunes femmes
08:48qui ne peuvent plus s'habiller à la française
08:50dans l'école de la République française.
08:52Rendez-vous compte.
08:53Quand on voit qu'il y a des gens qui ne peuvent plus,
08:55au 10 du mois, vivre,
08:57qu'il y a plus de un million de factures impayées
09:01de gaz et d'électricité en 2023.
09:03C'est ce qui explique pour vous le vote de dimanche.
09:05Mais évidemment, pourquoi ?
09:06Parce que les Français se sentent dépossédés
09:09d'un point de vue économique,
09:11parce que la crise frappe les classes moyennes,
09:14qui ne sont plus d'ailleurs des classes moyennes,
09:16qui sont des classes paupérisées.
09:18La crise inflationniste les frappe.
09:20La crise identitaire les frappe
09:22parce qu'il y a une anthropologie
09:24qui s'invite dans nos mœurs,
09:25qui est complètement incompatible.
09:27Et on a beau dire que ça fait le jeu de l'idéologie,
09:30de la diversité heureuse, etc.
09:32Mais c'est en réalité incompatible.
09:34Il y a l'insécurité culturelle.
09:36Il y a l'insécurité physique.
09:38Il y a tout un tas de paradigmes qui inquiètent les Français.
09:40Et je rejoins Rachel.
09:42Aucun de ces politiques ne parle de ça.
09:44On est aujourd'hui dans la tactique politique,
09:47dans le jeu politicien.
09:49Non, dimanche soir, non.
09:50Pardon, mais Eric Sautier,
09:52lorsqu'il s'adresse à la presse et qu'il dit...
09:54Le Rassemblement national en parle plus que...
09:56Non, mais je parle de l'à-l'heure actuelle,
09:58de ce qui se passe par rapport à cette union des droites.
10:01Personne n'a, pour l'instant,
10:03évoqué le programme économique à venir,
10:05évoqué un programme socio-économique,
10:07que faire de l'école,
10:08de l'hôpital, des crédits, etc.
10:10Magouilles d'appareils et compagnie.
10:12On parle souvent du terrain,
10:14on parle des électeurs,
10:15mais il faut voir aussi que M. Ciotti
10:17vient de la ville de Nice.
10:18Ce qui fait qu'il entretient de mauvaises relations
10:20avec M. Estrosi,
10:21qui, lui, est un homme de droite
10:22qui a plutôt choisi les macronistes.
10:24Donc, lui, il a choisi une autre option.
10:25Mais la ville de Nice,
10:26c'est une ville qui n'est pas forcément entièrement accablée
10:28par ses mots sociaux.
10:30Il y a de grandes cités
10:31où, effectivement, il y a une délinquance très forte.
10:33Je ne les nommerai pas pour ne pas en stigmatiser les habitants
10:35qui essayent de s'en sortir.
10:36Mais c'est une ville qui est assez prospère, etc.
10:38Où il y a eu de nombreux attentats,
10:41dont un particulièrement atroce,
10:42pour la promenade des Anglais.
10:44Et vous avez, effectivement, des cités
10:46qui ont toujours connu une certaine insécurité,
10:47mais maintenant, ça ne coûte que la chenicoffe
10:49que ça se règle.
10:50Donc, ce n'est pas forcément la France périphérique,
10:53la France qui souffre le plus économiquement,
10:55mais c'est la France qui est atteinte par l'insécurité
10:57et qui, par ailleurs,
10:58via la frontière Menton-Vintimille,
10:59est atteinte par un flot migratoire assez spectaculaire.
11:02On va faire une pause et, justement,
11:03continuer à évoquer ces petites villes
11:05qui ont complètement basculé du côté de l'URN.
11:07On verra l'exemple d'Aix-en-Provence.
11:09A tout de suite, dans Pleine Chagne,
11:10sur CNews et Europa.