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La ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin, était l'invitée du 18h20 franceinfo le 11 juin 2024.

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00:00Bonsoir Catherine Vautrin, ministre du Travail de la Santé et de Solidarité, Eric Ciotti le président des Républicains, votre ancienne maison qui tend la main au Rassemblement National et déclenche un torrent d'indignation bien au-delà de son camp. Est-ce que ça vous surprend ?
00:14Ah mais moi je suis mais absolument effarée d'imaginer qu'il ait pu faire ça.
00:22Enfin si vous voulez, quand on est dans un parti héritier du général de Gaulle, héritier de Jacques Chirac, que depuis 2002, depuis 22 ans, ce parti a toujours dit la nécessité qu'il y avait d'être sur nos fondamentaux.
00:39On a la croix de Lorraine entre les Le Pen et nous et il vient d'écraser tout cela. Voilà ce que vient faire Ciotti. Pourquoi ? Pour garder sa propre circonscription ? C'est ça ? Mais j'en sais rien !
00:50C'est des sièges ou c'est une adhésion aux idées du RN ?
00:52Mais c'est très inquiétant dans tous les cas. Comment est-ce qu'on peut avoir une attitude pareille ? Et regardez, toute la France se demande ce qui se passe. C'est une digue énorme qui vient de sauter. Franchement, c'est dramatique d'en arriver là.
01:08Je vous repose la question, c'est une adhésion d'une façon ou d'une autre aux idées du RN pour vous ?
01:12Quand on entend le discours, j'ai réécouté l'intervention d'Éric Ciotti sur le plateau de vos confrères à midi, je dois dire que la question se pose.
01:25C'est-à-dire qu'il y a incontestablement probablement un sauf qui peut, mais derrière ça semble être plus grave que ça. C'est-à-dire qu'il y a un sujet d'idées.
01:35Et je ne suis absolument pas certaine, et d'ailleurs il suffit de voir les réactions, personne ne peut accepter ces idées. Et très concrètement, il est en train de tuer ceux qui restaient des Républicains.
01:46Le parallèle avec les accords de Munich que fait Gérald Darmanin, vous allez jusque là. 1938, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l'Italie qui scellent la mort de la Tchécoslovaquie.
01:56Mais qu'a-t-il fait de notre parti ? Qu'a-t-il fait du général ? On est 8 jours après le D-Day, nos références c'est plutôt le 18 juin 40 que 38.
02:06Et là, le moins qu'on en puisse dire, c'est qu'il est sorti des valeurs, des références que nous portons. Et nous sommes tous adhérents. Nous avons été au Rassemblement pour la République, nous avons été à l'UMP, nous avons été chez les Républicains.
02:21Et il balaie tout ça d'un revers pour un intérêt personnel. C'est inacceptable.
02:25Les militants le suivent d'après vous ? C'est ce qu'il dit, lui ?
02:27Alors écoutez, ça n'engage que lui. Mais enfin, il dit aussi...
02:29Mais c'est vous qui connaissez bien cette maison.
02:31Je pense que l'immense majorité des militants va être absolument effarée. Et d'ailleurs, regardez, il expliquait que les députés le suivaient.
02:40Depuis 13h, on voit le nombre de députés qui sont en train d'expliquer qu'ils n'ont rien à voir là-dessus.
02:45Je prends le Président du département des Yvelines qui vient de dire qu'après 44 ans de cotisations, il quittait le mouvement.
02:51Vous avez vu Gérard Larcher, vous avez vu les sénateurs. Tout le monde dit que c'est terminé.
02:56Et donc, je pense qu'il est absolument indispensable que LR en tire les conséquences immédiates.
03:02C'est-à-dire ?
03:03C'est-à-dire désavouer Eric Ciotti. S'ils veulent avoir une chance de survie, je pense que ce soir, ils ont tué LR. Est-ce qu'il restait d'LR ?
03:11Il dit, lui, qu'il sera réélu par les militants.
03:14Pas de réponse.
03:15L'avenir le dira.
03:16Finalement, désormais, vous avez deux adversaires. Un bloc de droite et un bloc de gauche. Pour vous, ils sont comparables ?
03:22Ils sont tout aussi dangereux l'un que l'autre. Et moi, je voudrais là-dessus vraiment insister.
03:27Parce que l'Assemblée nationale, tous les Français ont vu les dérives.
03:31Ils ont vu le député qui shootait dans un ballon avec la tête d'un ministre.
03:35Ça, c'était pendant la réforme des retraites.
03:37Ils ont vu les drapeaux de la Palestine deux semaines de suite à l'Assemblée.
03:40Ils ont vu les vociférations.
03:42Ils ont vu les députés qui ne respectaient pas, ne serait-ce que l'écoute que l'on doit dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
03:52Tout ça, c'est l'illustration de ce qu'a fait El-Effi pendant les deux dernières années avec une attitude qui n'est absolument pas acceptable pour le débat.
04:02Et de l'autre côté, on a la démagogie de la famille Le Pen.
04:07Que la gauche essaie de se regrouper, et manifestement avec un certain débat autour de certains éléments d'El-Effi.
04:16En soi, se regrouper pour une élection comme celle-là, ça ne vous choque pas ?
04:18Moi, ce qui me choque, c'est qu'encore la semaine dernière, j'étais dans l'hémicycle.
04:23Et je voyais combien, finalement, la dupesse était morte.
04:26Comment El-Effi ne parlait plus avec le parti socialiste.
04:30Et finalement, lundi, pour un plat de lentilles, on oublie tout ça.
04:34Et donc, ça va être une nouvelle du prix pour les Français.
04:36On va dire aux Français, vous allez avoir un bloc qui va se constituer.
04:41Et puis, huit jours après les élections, ce bloc va de nouveau se séparer.
04:45Est-ce que c'est ça ?
04:46Donc, c'est purement un accord électoral.
04:48L'idée, c'est combien j'ai de circonscriptions ? Combien tu m'en donnes ? Combien je t'en donne ?
04:52Mais où est la France dans tout ça ? Quel est le projet pour notre pays ?
04:55Parce que quel est, finalement, le dénominateur commun ?
04:58C'est ça, l'enjeu du pays aujourd'hui.
04:59Catherine Vautrin, la dissolution elle-même, vous l'avez apprise quand ?
05:02Comme les Français, dimanche soir.
05:04Mais je crois qu'on ne peut pas ne pas regarder la situation politique.
05:09Vous l'avez vu.
05:10Gabriel Attal, ce matin, devant les députés Renaissance, fait part de sa surprise, de son étonnement.
05:15Vous-même, il a eu raison de dissoudre ?
05:19On n'a jamais tort quand on redonne la parole aux Français.
05:23Le président de la République a constaté la défaite.
05:25Il faut appeler les choses par leur nom.
05:27Dimanche soir, nous avons perdu les élections.
05:30Et finalement, la question qui est posée aux Français, vous avez exprimé un vote pour l'Europe.
05:37Est-ce que c'était un scrutin européen ?
05:40Est-ce que demain, au Parlement, et particulièrement à l'Assemblée nationale, que voulez-vous ?
05:45Est-ce qu'effectivement, vous voulez les extrêmes, de gauche ou de droite ?
05:49Ou est-ce que vous voulez une autre voie ?
05:51C'est cette volonté de clarification que le président de la République a voulu mettre en avant,
05:55en redonnant la parole aux Français, dans le délai que nous connaissons.
05:58Une des raisons qui est invoquée par les électeurs, et qui pourrait expliquer le 14% de Valérie Ayé,
06:05c'est cette réforme de l'assurance chômage.
06:08Vous êtes en charge du travail.
06:10Et c'est un décret.
06:12La dissolution de l'Assemblée ne rend pas caduque ce texte.
06:15Est-ce que vous pensez réellement que c'est une urgence de maintenir cette réforme ?
06:20Vous imaginez que c'est le président de la République et le Premier ministre
06:23qui est encore en activité jusqu'aux élections qui prendront cette décision.
06:28Derrière, en termes purement calendaires, il y a un élément,
06:32c'est que l'assurance chômage actuelle se termine le 30 juin.
06:37Puisqu'il n'y avait pas eu d'accord entre les partenaires sociaux.
06:40On peut maintenir le régime actuel ?
06:42Ça nécessite de reprendre un autre décret dans tous les cas.
06:45Mais ça, c'est au président de la République et au Premier ministre d'en décider.
06:48Mais dans tous les cas, il faut de toute manière avoir une réponse au 30 juin
06:53parce que le décret actuellement en application se termine le 30 juin.
06:57Mais il pourrait être prolongé par un décret qui prolongerait le système actuel ?
07:01Ce qu'on appelle un décret de jointure.
07:03Ce qui s'est déjà produit depuis le 31 décembre 2023 jusqu'au 30 juin 2024.
07:08C'est ce qui se passe actuellement.
07:10Et vous le souhaitez ?
07:11Je ne sais pas le souhaiter ou pas le souhaiter.
07:13Je pense qu'aujourd'hui, ce qu'il faut reconnaître, et c'est important de le rappeler,
07:16c'est que depuis qu'Emmanuel Macron a été élu président de la République en 2017,
07:20il y a déjà eu une première réforme de l'assurance chômage.
07:23Et ce que l'on voit, c'est que 2,5 millions de Français ont retrouvé le chemin de l'emploi.
07:27Et l'un des sujets extrêmement important, c'est de se dire
07:30qu'est-ce qu'on est capable de faire pour aider nos concitoyens à retourner vers l'emploi.
07:34Parce que bien évidemment, la liberté c'est le travail, c'est le revenu par le travail.
07:37Merci Catherine Vautrin, merci d'avoir été l'invité politique de France Info.

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