"Absolument inconcevable" : Les français "rejettent des petits calculs politiciens" comme celui de M. Ciotti

  • il y a 4 mois

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Transcription
00:00Voilà, ce mercredi était également une journée à rebondissement,
00:02notamment chez Les Républicains.
00:04Éric Ciotti, président jusqu'à présent du Parti de droite,
00:07a donc été exclu après son alliance avec le Rassemblement national
00:10à l'issue d'une journée très mouvementée.
00:13Il rejette d'ailleurs cette exclusion.
00:14Écoutez, il s'exprimait hier soir chez nos confrères de CNews.
00:18Je suis président des Républicains et je le reste.
00:22Les militants m'ont élu et seuls les militants
00:25pourraient me refuser cette légitimité.
00:29Mais bien au contraire, dans ce débat un peu irréel
00:33par rapport aux préoccupations des Français,
00:35par rapport à la situation du pays,
00:37je sais que j'ai la confiance des militants.
00:41Voilà, Éric Ciotti, qui est chez nos confrères d'Europe,
00:43m'a dit ce matin qu'il sera dans son bureau dans quelques instants,
00:46malgré cette exclusion.
00:47Mon invité pour commenter cette actualité,
00:50Joël Garriot, mesdames, bonjour.
00:52Merci d'avoir accepté notre invitation ce matin.
00:55Vous avez été longtemps sénatrice pour Les Républicains,
00:57effectué trois mandats comme représentante des Français de l'étranger.
01:00Vous avez aussi récemment présidé l'Assemblée parlementaire de l'OTAN.
01:04D'abord, qu'est-ce que ça vous inspire ?
01:06Quelle est votre réaction à cette séquence incroyable ?
01:08Ce cavalier seul d'Éric Ciotti, sa persistance et son exclusion.
01:12Je dois dire que je suis catastrophée.
01:14Catastrophée pour l'image de la France à l'étranger,
01:17qui est un élément extrêmement important.
01:20Catastrophée pour les militants,
01:22pour tous ceux qui s'engagent en politique
01:24avec l'envie de servir des idées, des valeurs.
01:30Catastrophée pour Les Républicains eux-mêmes.
01:34Mais qu'est-ce que c'est que cette mascarade ?
01:36Comment un président qui a été élu, plus ou moins bien,
01:42peut décider à lui tout seul de prendre une décision qui engage,
01:49qui engagerait tout le parti ?
01:51C'est absolument inconcevable, sans consulter qui que ce soit.
01:54Et par intérêt personnel.
01:57On l'a bien compris, les résultats de LR
02:00dans la circonscription de M. Ciotti n'étaient pas bons.
02:03Et donc, il s'est dit que la meilleure solution pour être réélu
02:07était de s'allier avec le Rassemblement National.
02:09Avec peut-être une promesse à la clé au sein du Rassemblement National
02:12pour un poste...
02:13Évidemment, évidemment, pour des petits calculs politiciens.
02:17Et ça, c'est ce que les Français rejettent.
02:21Les Français n'en peuvent plus de ces manœuvres.
02:24Ils n'en peuvent plus de ce clanisme, de ces copinages politiques.
02:30On est bien d'accord, pardon, qu'ils n'en peuvent plus de ces manœuvres.
02:34Mais en revanche, que vont penser ces électeurs
02:36qui sont en train tous de se reporter vers l'extrême droite ?
02:38On voit votre électorat se réduit.
02:40Pendant ce temps-là, celui du RN grandit.
02:43Est-ce que cette tendance, même si lui fait quasi cavalier seul avec une autre députée,
02:47est-ce qu'il ne reste que pas d'être suivi par certains de vos électeurs ?
02:51Bien évidemment.
02:51On a vu un sondage selon lequel une grande partie des électeurs LR
02:57voulaient suivre Ciotti.
02:58C'est de la moitié des sympathisants.
03:00C'est ça.
03:00C'est aussi un mécanisme, un mécanisme de protection.
03:04Les militants ont envie d'une victoire.
03:07Ils en ont assez d'être dans l'opposition.
03:10Il se dit que ce serait peut-être une forme de victoire.
03:14Mais encore une fois, l'essentiel, ce sont les valeurs.
03:17Comment s'allier avec un parti qui est totalement populiste,
03:22qui fait des promesses qu'il ne pourra pas tenir ?
03:25Parce que le budget n'est pas là pour tenir ces engagements-là.
03:29Alors bien évidemment, il y a des choses qui ne vont pas.
03:31Il y a des choses contre lesquelles les Républicains eux-mêmes étaient très mécontents.
03:37Il y avait des réformes à faire.
03:40Mais on ne peut pas voter pour un parti qui entraîne ces mesures-là.
03:45Et c'est aussi très grave parce qu'il y a l'extrême-gauche qui est encore plus grave.
03:50Et on voit bien dans la configuration actuelle que la position de Glucksmann,
03:55qui était plutôt modérée, est totalement oubliée.
03:58Et que Mélenchon se voit déjà Premier ministre, ce qui serait catastrophique.
04:04Pour revenir sur le cas du Rassemblement national,
04:07il y a un fossé colossal sur les questions économiques
04:11entre le Rassemblement national et les Républicains.
04:14Deux visions vraiment opposées.
04:15Mais sur la sécurité et sur l'immigration, il y a des points communs.
04:19Est-ce que ces dernières années, la droite n'a pas joué avec le feu
04:23en reprenant certaines idées d'extrême-droite,
04:26les électeurs préférant l'original à la copie ?
04:29Vous avez entièrement raison.
04:31Bien évidemment, il y a eu de très grosses erreurs qui ont été faites.
04:34Jacques Chirac s'est cassé les dents, Nicolas Sarkozy aussi.
04:37Absolument.
04:38Mais là, on a un enjeu qui est essentiel.
04:42Moi, j'espérais vraiment que certains leaders des Républicains,
04:46enfin, je n'ai pas perdu espoir,
04:48prendraient la tête de ce front républicain,
04:51mais qui serait un front de vrais Républicains,
04:55de personnes qui soutiennent le pays, qui veulent le voir progresser,
04:59pas tout casser, tout réformer, uniquement pour arriver au pouvoir.
05:06Bon, j'espère que ce sera encore le cas,
05:08parce qu'il reste encore un tout petit peu de temps, très peu,
05:12mais on ne peut pas s'allier ni avec le Rassemblement national,
05:18ni avec les troupes de Mélenchon, qui est en train déjà de fanfaronner,
05:22qui se voit déjà président.
05:25Très honnêtement, à titre personnel, je pense que ce sera important.
05:29Il y a quand même une certaine légitimité à respecter dans le pays.
05:33On a un président de la République.
05:35Et je vais vous dire aussi à titre personnel,
05:39j'ai beaucoup attaqué Emmanuel Macron,
05:42j'ai écrit des papiers sur sa politique internationale au début du mandat,
05:47mais Macron a fait des efforts.
05:49Il a essayé de tendre la main,
05:51du moins je l'ai perçu comme cela vis-à-vis de LR,
05:54et j'estime qu'il aurait été bien meilleur
05:58si LR avait accepté cette position-là,
06:02cette main tendue, et avait travaillé avec lui.
06:05Mais ça, c'est une position personnelle
06:07qui n'était évidemment pas la majorité au sein du parti.
06:11Mais je crois qu'on doit vraiment penser à l'intérêt de la France.
06:16Et c'est le problème de la politique politicienne,
06:19et je crois qu'il y a vraiment beaucoup de choses à faire
06:22pour réformer tout le système politique.
06:24Et là, je pense que la France devrait prendre une initiative.
06:29Les réformes sont fondamentales,
06:32mais pour le moment, je crois que nous aurions vraiment intérêt
06:36à soutenir le président,
06:38quelles que soient les opinions que l'on puisse avoir sur lui.
06:42La percée d'Emmanuel Macron il y a quelques années,
06:45cette montée du Rassemblement national,
06:47tout cela a joué sur votre parti, sur le PS également.
06:51Depuis plusieurs années maintenant, élection après élection,
06:55LR, PS, on a deux partis qui ont dirigé le pays pendant près de 60 ans,
06:58ils sont aujourd'hui presque à la marge.
07:00Qui est responsable ?
07:01C'est les responsables de ces partis, de cette petite politique politicienne
07:04qui s'est finalement éloignée des idées fondamentales ?
07:07Cela a joué.
07:08Je crois qu'il y a eu un rejet fondamental des Français,
07:11de peut-être certains excès, ou du moins la perception.
07:15Perception alimentée par les réseaux sociaux
07:17qui ont eu un effet mais délétère, catastrophique,
07:21avec une fracture qui s'est créée entre les Français,
07:26et j'allais dire les élites, ce ne sont pas les élites,
07:28mais la France d'en haut, comme on la caractérise.
07:31C'est comme ça que c'est perçu par les électeurs du RN ?
07:34C'est cela, c'est cela.
07:36Alors que c'est un tort, vous avez en politique une grande majorité
07:39de personnes qui sont vraiment là pour travailler,
07:42qui se donnent beaucoup de mal,
07:43qui voient l'intérêt de la France et des Français.
07:47Mais la perception, parce qu'il y a un focus
07:50qui est fait sur un certain nombre de fake news,
07:54de calomnies qui ont empoisonné le climat politique,
07:58avec une responsabilité de la presse aussi, qui parfois…
08:03A tiré le trait.
08:04Exactement, et a fait un écho aux fake news,
08:08sans même vérifier l'authenticité des faits
08:12qui étaient inventés ou rapportés.
08:15Il y a un problème dans le temps politique aussi,
08:17cette immédiateté, cette recherche de la petite phrase,
08:20et ces réactions presque l'emporte-pièce.
08:22On a besoin de la réaction tout de suite.
08:24C'est exactement cela, et on ne vérifie pas.
08:28Il est très rare qu'une information,
08:30je pourrais vous en donner des tas d'exemples,
08:32soit vérifiée par la presse.
08:34Mais la presse qui fait son travail,
08:37malheureusement souvent n'est pas écoutée.
08:40Et c'est vrai que beaucoup de journaux préfèrent le buzz,
08:43le préfèrent à la vérité.
08:44Mais dans la classe politique aussi.
08:46Ah ben totalement, mais totalement.
08:48Tout est une question d'image.
08:50Et c'est vrai que l'image de la classe politique n'a pas été bonne.
08:53Je vais vous dire une erreur qui m'a un peu choquée moi-même.
08:57Quand les députés ont décidé d'augmenter leur indemnité de dépense,
09:04de frais de mandat, bon, c'était peut-être nécessaire.
09:07Mais dans une période où les Français souffrent,
09:10où la France qui travaille a l'impression qu'on ne l'écoute pas,
09:15quand elle a l'impression qu'il y a tellement de personnes
09:19qui profitent du système, qu'il y a un laxisme.
09:24Bon, par exemple la fraude sociale qui est considérable.
09:28Alors il y a eu des efforts bien évidemment, des annonces, mais pas suffisant.
09:33Et c'est vrai que je comprends parfaitement cette France qui se rebelle
09:37en disant ce n'est pas normal.
09:39Moi je vais travailler dur pour un salaire qui n'est pas extraordinaire.
09:43Il est hors de question d'accepter que certaines personnes
09:47puissent être en congé maladie pendant des années.
09:51Je précise que ce ne sont pas seulement les immigrés.
09:54Il y a aussi la fraude sociale des cols blancs et on en connaît beaucoup.
09:58Pour revenir sur votre mouvement, sur le LR,
10:02on voit des gaullistes partir à l'extrême droite.
10:05Il y en a un qui doit se retourner dans sa tombe du côté de Colombay, les deux églises.
10:08Quel avenir pour votre formation désormais ?
10:12Alors je crois qu'elle doit changer de cap.
10:15Nous avons des personnalités de tout premier plan qui doivent prendre le pouvoir.
10:20Je pense à quelqu'un comme David Lysnard,
10:23qui est quelqu'un qui est président de l'Association des maires de France,
10:27qui a fait un travail exemplaire à Cannes.
10:29Nous avons besoin de personnes qui soient pragmatiques,
10:33tout en ayant bien sûr de la profondeur,
10:35et qui reprennent le parti en mettant fin à un certain nombre de dérives.
10:41Ça me paraît essentiel.
10:43Je pense que les Républicains doivent peut-être aussi changer de nom.
10:47On a besoin d'éviter l'explosion.
10:51Merci beaucoup d'avoir été notre invitée ce matin, Joëlle Garriot-Mellam.
10:56Je rappelle que vous avez été sénatrice au sein des Républicains
11:00à trois reprises pour les Français de l'étranger.
11:02Puis j'ajoute donc qu'Éric Ciotti dit ce matin qu'il rejoint son bureau dans quelques instants.
11:09Malgré son exclusion de LR, le feuilleton n'est donc pas terminé et l'on suivra cela évidemment.

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