Omar, un jeune Iranien de 28 ans, a fui son pays au mépris de nombreux dangers sur la route. Dans une modeste embarcation d'une poignée de personnes, Omar se perdit dans l'océan Indien pendant plus de 40h, avant que son navire de fortune ne commence à couler, prêt des côtes australiennes.
Mais ceci n'est que le début d'un cauchemar pour ce jeune immigré.
© BABEL DOC-BABEL PRESS
Réalisateur : Renaud Vilain
Mais ceci n'est que le début d'un cauchemar pour ce jeune immigré.
© BABEL DOC-BABEL PRESS
Réalisateur : Renaud Vilain
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00:00C'est un bateau pourri à la dérive, comme on en a des centaines en Méditerranée.
00:08Mais celui-ci est perdu dans l'océan Indien, au large de l'Australie.
00:30À bord, des Afghans, des Syriens, des Sri-Lankais et Omar, un Iranien de 28 ans.
00:40Omar n'est pas qu'un personnage de BD, cette voix est bien celle d'un homme qui a fui son pays au mépris de la mort.
01:00Récupéré par les Australiens, il se croyait enfin tiré d'affaire, pourtant, il n'était pas au bout de ses peines.
01:30Depuis 2012, en Australie, droite ou gauche, c'est la politique qui les a tous mis d'accord.
01:43Humanité, décence, compassion, ça, c'est pour le discours officiel, la réalité, c'est que les migrants clandestins, c'est la patate chaude.
01:58Et on va vous raconter comment l'un des pays les plus riches de la planète l'a refilé à des États misérables pour quelques millions de dollars.
02:07Sans oublier, au passage, de violer les conventions internationales et les droits de l'homme.
02:25La solution australienne est simple. Si tu es arrêté sur un bateau et sans visa, tu as deux choix.
02:30Le premier, rentrer dans ton pays. Mais bon, quand tu as traversé la planète pour fuir la guerre, la dictature et la misère, tu choisis plutôt le deuxième.
02:38Être transféré dans un centre sur une petite île du Pacifique où l'Australie te promet qu'elle va étudier ta demande d'asile.
02:46Ta nouvelle vie va alors commencer à des milliers de kilomètres des côtes australiennes, soit sur Nauru, soit sur Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
03:09Nous, on a choisi la Papouasie. Mais avant de s'envoler pour Manus, on avait quelqu'un à voir à Sydney, dans cette petite maison de banlieue.
03:17On y a rencontré Nicole, une étudiante ordinaire, entre petits boulots faits du samedi soir et rêves de voyage. Manus, elle connaît bien.
03:27Début 2013, Nicole voit une petite annonce sur Facebook. L'armée du salut propose un job sur une île de Papouasie.
03:34En un coup de fil, l'affaire est conclue. Dans quatre jours, elle sera dans le Pacifique, à 4000 kilomètres de Sydney.
04:04Quand on est arrivés à l'aéroport, j'étais avec deux de mes amis, ils nous ont donné un contrat qu'on devait signer, et c'est là qu'on s'est rendu compte qu'on allait être payés.
04:17On s'est dit, oh mon Dieu, on va être payés pour aller à cet endroit vraiment cool. Et ils ont dit, oui, c'est tellement excitant. C'est le meilleur travail.
04:28Ah, la beauté sauvage de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Sa jungle, ses coraux et l'exotisme de ses traditions millénaires.
04:39Soyez étonnés par les sons hypnotiques des drones.
04:47Soyez calme et ressentez la beauté sauvage de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
04:50Une destination méconnue au nord de l'Australie est située juste sous l'Équateur.
04:57Bon, il fait chaud, mais il y a tout de même ce panneau qui vous souhaite la bienvenue au paradis, et puis la mer, les pêcheurs et les cocotiers.
05:05Mais le camp des réfugiés, l'endroit où va travailler Nicole, lui, ne figure pas sur la carte postale.
05:11Le camp des réfugiés, le lieu où va travailler Nicole, lui, ne figure pas sur la carte postale.
05:41Ce que nous avons découvert à Manus est effectivement à quelques années lumière
06:05d'un club med.
06:06On a d'abord essayé d'y aller en bateau.
06:09C'est Jack, un habitant de ville, qui nous emmène.
06:12Il nous faut cacher son visage.
06:14Ce qu'il fait, s'approcher du camp pour nous le montrer, c'est interdit.
06:38Manus, ne soyez pas surpris de n'en avoir jamais entendu parler.
07:05Pas une image officielle n'est sortie de ce camp, strictement interdite aux
07:08étrangers, en particulier à ces fouineurs de journalistes.
07:12Grâce à Jack, on a réussi à s'en approcher.
07:15Mais avant de vous montrer à quoi ça ressemble, petite pause pour vous
07:17expliquer pourquoi et comment un millier d'hommes ont atterri ici.
07:25Mesdames et messieurs, découvrez avec nous la politique de l'Australie
07:28contre l'immigration clandestine, la solution pacifique.
07:35Grand 1, repousser les bateaux.
07:37L'Australie a mis le paquet sur son espace maritime.
07:40Navires de guerre, surveillance radar et satellites.
07:43Depuis quatre ans, tout bateau qui s'approche est repoussé par la force,
07:46en général refourguée aux Indonésiens.
07:48Là, on frise l'illégalité puisque l'Australie a signé un tas de
07:51conventions qui l'obligent à porter secours en naufragé.
07:56Grand 2, sous-traiter les clandestins.
07:59C'est la grande innovation.
08:01Ceux qui sont trop près des côtes pour être repoussés sont envoyés
08:03en hélico à l'étranger.
08:06Pour les familles, les femmes et les enfants, Nauru, un micro-État
08:10perdu dans le Pacifique.
08:12Et pour les hommes seuls, Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
08:16Manus, une autre île paumée à 900 kilomètres de la capitale.
08:21Le camp est construit tout au bout de l'île, sous haute protection
08:24puisqu'il est voisin d'une base navale qui sert aux forces armées
08:27papouaises australiennes.
08:29Officiellement, une zone d'attente et bientôt une voie sans issue.
08:34C'est là que nous sommes, passagers clandestins, nous aussi,
08:37dans le coffre de la cabinette de Jack.
08:42Les locaux peuvent longer le camp par la route sans trop attirer
08:45l'attention des dizaines de vigiles.
09:04Et voici la zone de détention.
09:14Derrière ces grilles de 3 mètres de haut, les préfabriqués
09:16ou les réfugiés attendent le traitement de leurs dossiers.
09:20Nous ne pouvons pas rentrer, ils ne peuvent pas sortir.
09:23Il s'agit bien d'une prison.
09:27Et enfin, leur silhouette, des ombres cachées du monde.
09:33À des milliers de kilomètres de l'Australie qu'ils rêvaient d'atteindre.
09:39Comment raconter l'histoire de ces hommes exilés de force sur cette île ?
09:43Comment entrer en contact avec eux ?
09:45Ça nous a pris des mois.
09:47D'abord, il a fallu faire entrer un téléphone à l'insu des gardes.
09:51C'est comme ça qu'on a pu contacter Omar, l'Iranien du bateau.
09:54Vous vous souvenez ?
09:58Omar est un opposant qui a fui son pays il y a trois ans
10:01Pour sa sécurité dans le camp, nous avons maquillé sa voix.
10:03Mais malgré les risques, il a tenu à nous raconter son histoire.
10:21Depuis sa prison, il nous a décrit sa vie derrière les barbelés.
10:25Ses mots ont donné vie à ses dessins.
10:27Voici le camp de Manous, tel qu'il n'a jamais pu être montré.
10:58Et ils nous appellent des criminels.
11:03Il y avait des exilés qui ne savaient pas combien de temps ils allaient être là
11:06et pourquoi ils étaient là.
11:08Et c'était la cause de tellement de problèmes,
11:09c'est qu'il n'y avait pas de réponse pour ces gens.
11:12Donc, ça a mené à beaucoup de distress et d'angoisse mentale,
11:15comme la dépression,
11:17les violences.
11:18Le lieu a fait que les gens souffrent mentalement.
11:27Les services médicaux étaient moins adéquats.
11:33La hygiène était pire.
11:37Le traitement par les personnes était moins adéquat.
11:40Je veux dire, personnellement, je n'étais pas en train de gérer des gens dans ce genre de distress.
11:46Juillet 2013, Omar est enfermé ici depuis huit mois.
11:50Il tient bon, s'accroche encore à son rêve d'asile en Australie.
11:53Mais autour de lui, les hommes de Manus commencent à tomber.
12:23J'ai parlé à l'ambulance et ils m'ont demandé la raison pour laquelle je devais survivre.
12:28La raison pour laquelle je devais vivre.
12:37Si vous êtes actuellement à Papua-New Guinea ou au Nauru,
12:40vous ne serez pas transfert à l'Australie.
12:44Vous resterez là jusqu'à ce que vous choisissez de retourner
12:48ou vous restez à un endroit autre que l'Australie.
12:54Ce soir d'été 2013, pour Omar et tous les hommes du camp,
13:00c'est l'Australie qui s'envole pour toujours.
13:05Manus, un trou noir pour les réfugiés dont la seule issue est désormais
13:10la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
13:14L'Australie va au bout de sa logique de sous-traitance.
13:17D'abord, l'accueil temporaire derrière les barreaux.
13:20Et puis, finalement, l'asile sur place.
13:23Pour faire passer la pilule au papou,
13:25il a quand même fallu sortir le carnet de chèques.
13:27Les frais liés au camp sont payés par l'Australie.
13:30300 millions de dollars par an, on y reviendra.
13:33Mais Canberra offre une jolie rallonge.
13:35400 millions de dollars d'aide au développement.
13:37Faites la division, ça fait 700 000 dollars par an
13:40pour se débarrasser d'un réfugié.
13:44Cet argent, Manus envoie un peu la couleur.
13:47Un nouveau marché, quelques travaux sur les routes et des emplois créés.
13:53Mais pas assez pour rassurer cette toute petite communauté.
14:05L'Orengo, c'est la ville la plus proche du camp
14:07et la plus grosse de l'île, avec seulement 6 000 habitants.
14:10Une bourgade pas vraiment équipée pour le débarquement potentiel
14:14de 1 000 nouveaux concitoyens.
14:22...
14:39Régulièrement, le prêtre appelle ces ouailles à ouvrir grand leur cœur.
14:44Mais ces messages d'amour ont de plus en plus de mal à passer.
14:52...
15:18Entre fantasmes et inquiétudes légitimes,
15:22sous le soleil de Manus, il y a une dure réalité,
15:25celle de la Papouasie.
15:27Cette ancienne colonie australienne est l'une des nations
15:30les plus misérables de la planète.
15:32Sur l'indice de développement humain qui mêle santé,
15:34économie et éducation, le pays est 157e sur 187.
15:40Ah oui, et pour info, l'Australie est deuxième.
15:44D'ailleurs, sur le site du gouvernement australien,
15:46ils n'y vont pas par quatre chemins.
15:48Vous voulez voyager en Papouasie-Nouvelle-Guinée ?
15:50Soyez très prudent, ou même, pensez-y à deux fois.
15:54Forte criminalité, choléra, dysenterie, malaria,
15:59ou encore un important taux de sida.
16:04Bon, peut-être qu'ils noircissent un peu le tableau, les Australiens,
16:07mais vous saisissez l'ironie de l'histoire ?
16:09L'Australie prétend donc offrir un avenir aux demandeurs d'asile
16:12en les envoyant habiter dans un pays où ils n'iraient même pas en vacances.
16:16Les hommes du camp de Manoux, ceux, n'ont pas tardé à comprendre la supercherie.
16:29Manifestations, grèves de la faim, la tension derrière les grilles
16:33monte d'un cran.
16:35Comment témoignent ces images filmées discrètement par un membre
16:38du staff lors d'une réunion entre les détenus et l'immigration papoue ?
16:46Entre réfugiés et papous, le mariage forcé n'a pas pris.
17:11Le 17 février 2014, Manoux va s'embraser.
17:16A quelques kilomètres du camp, les habitants ne se doutent pas
17:30de la révolte qui couvre.
17:32Pour eux, c'est l'affaire des Australiens ou plutôt d'une compagnie
17:35privée australienne.
17:37Car dans un coin aussi isolé, qui peut installer et organiser
17:40au quotidien une prison pour 1000 personnes ?
17:43La réponse est placardée sur les dizaines de bus qui transportent
17:48le personnel entre la ville et le camp.
17:51Transfield Services, une entreprise australienne qui enlève à son
17:56gouvernement une sacrée épine du pied en s'occupant de tout.
18:00Transfield, c'est un géant pour qui l'immigration est un business
18:04parmi tant d'autres.
18:13Et gérer un camp de rétention de A à Z, vous sauriez faire ?
18:27Transfield a décroché un contrat en or avec l'État australien.
18:31Un milliard de dollars pour gérer Noroo et Manoux pendant 20 mois.
18:36La multinationale touche plus de 700 dollars par jour et par réfugié.
18:40Mais le seul service cinq étoiles à Manoux, c'est la sécurité.
18:45600 gardes, plus d'un pour deux détenus.
18:47On les croise partout, mais leur contrat de travail leur interdit
18:51de donner la moindre information sur le camp.
18:53On a quand même réussi à interroger cet ancien responsable papou.
19:10Nous avons été dénoncés.
19:13Pour moi, pour voir comme être un être humain, je vois qu'ils ont
19:18été vraiment traités mal.
19:19Pour les Manouchiens, nous n'hâtons pas les gens.
19:24Mais quand on voit ça, on s'en doute pour eux.
19:28Mais qu'est-ce qu'on peut faire ?
19:29Nous n'avons rien à faire.
19:30Nous n'avons pas les pouvoirs, l'autorité à dire non.
19:37S'il vous plaît, laissez-les partir de cette façon.
19:40Et leur colère a défaut de pouvoir en faire profiter l'Australie.
20:01Ils la tournent vers le pays où ils sont emprisonnés et ses
20:03habitants, bien qu'il n'y soit pas pour grand chose.
20:10Ce soir-là, après une nouvelle mutinerie, le calme semble revenu.
20:37Mais dans la nuit, les habitants de l'île se mêlent aux gardiens
20:43et l'inévitable ne sera pas évité.
21:07Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
21:38Combattant, c'est son vieux
21:54Pour Omar, c'est un passage à tabac en règle.
22:07Il finira par se relever, mais ce soir-là, un homme, Reza Barati, un Iranien de 23 ans,
22:20reste à terre.
22:21Un mort et 77 blessés.
22:44Le silence, la chape de plomb qui pèse sur les camps de réfugiés offshore se morcelle.
22:49Des rapports sortent et accablent l'Australie accusée de briser des vies.
22:58Conditions de vie indignes, détention arbitraire, droits humains,
23:03torture psychologique et même agression sexuelle.
23:09Nous nous sommes procurés le rapport de la police Papou sur la mort de Reza Barati.
23:12Un réfugié, témoin de la scène, explique que Reza était à la porte du local Internet
23:17quand des gardes l'ont encerclé, frappé violemment avec des bâtons, puis à main nue.
23:24Le rapport d'autopsie indique que le coup de grâce lui a été donné avec une pierre au visage.
23:32La conclusion est sans appel, homicide volontaire.
23:36Le vent tourne.
23:44Le gouvernement australien, apprenti sorcier de la politique migratoire,
23:48a désormais la mort d'un homme sur la conscience.
23:52Le jour du meurtre, Nicole travaillait dans l'autre camp à Noroo,
23:55mais pour elle, c'est un électrochoc.
23:58L'étudiante démissionne, décide de prendre les armes démocratiques
24:02et elle se rend compte qu'elle n'est pas seule.
24:04Elle témoigne, encourage les autres à parler.
24:07La société australienne découvre alors le sort réservé à ceux sur qui elle ferme ses portes.
24:34Nous voulons dire bonjour à tout le monde.
24:40Nous apprécions que vous ayez pris le temps de nous soutenir dans notre lutte contre la liberté.
24:45Nous avons demandé la protection d'Australie,
24:48mais au lieu de protéger, ils nous ont emprisonnés sur une île similaire à Guantanamo.
24:55Je suis vraiment contente que les gens sortent et se protègent.
24:59Je pense qu'ils se soutiennent pour quelque chose qu'ils croient,
25:01et qu'ils s'occupent généralement d'autres personnes.
25:02Et je pense que c'est ce qu'Australie s'occupe au final du jour,
25:06en considérant que c'est ce que nous sommes fondés sur.
25:09Ce que veut dire Nicole, c'est qu'elle trouve que son pays a la mémoire un peu courte.
25:15Tout le monde qui est venu à l'Australie,
25:17à moins qu'ils soient des aborigènes ou des indigènes,
25:20tout le monde est venu ici pour voter.
25:22Les asylum-seekers ne sont pas différents.
25:24Effectivement, il y a un peu plus de 200 ans,
25:26quand les Anglais décident de planter leur drapeau en Australie,
25:30les candidats au voyage ne se bousculent pas.
25:32L'Empire a alors une idée de génie.
25:35Envoyer ceux qui n'ont pas le choix,
25:37ces détenus et ces sujets les plus misérables,
25:39pour tenter l'aventure.
25:41Des condamnés, des affamés qui arrivent en bateau.
25:44Ça vous dit quelque chose ?
25:46Sans eux, l'Australie ne serait jamais devenue
25:49cette grande nation prospère,
25:52aujourd'hui référence mondiale du rugby,
25:54du cricket et du barbecue.
26:02Il y a une date importante
26:04de l'histoire australienne assez peu connue.
26:081901.
26:10C'est le moment où le pays s'unit sous le même drapeau.
26:14Le tout jeune Parlement
26:16s'empresse alors de voter une loi.
26:18Un dispositif migratoire
26:20qui bannit tous ceux
26:22qui n'ont pas la bonne couleur de peau.
26:24C'est la politique de l'Australie blanche.
26:26Les chrétiens venus d'Europe
26:28sont les bienvenus,
26:30tous les autres sont interdits de territoire
26:32et parfois même expulsés.
26:34Et ça va durer jusqu'en 1973.
26:38Pour ce professeur,
26:40l'influence de l'Australie blanche
26:42est aujourd'hui toujours palpable
26:44dans l'histoire de l'Australie.
26:46L'Australie blanche est aujourd'hui toujours palpable
26:48y compris dans la politique actuelle
26:50contre les migrants clandestins.
27:16L'Australie blanche,
27:18pour rencontrer l'une de ses plus grandes nostalgiques,
27:20nous sommes allés prendre l'air
27:22dans un coin
27:24où on ne voit pas souvent d'étrangers.
27:28Sur les terres de Pauline Hanson,
27:30une petite fille d'immigrés anglais,
27:32profondement étranglée,
27:34elle s'est rendue compte
27:36qu'elle n'avait pas le droit
27:38d'accueillir les migrants clandestins.
27:40Elle s'est rendue compte
27:42qu'elle n'avait pas le droit
27:44d'accueillir les migrants clandestins.
27:46Elle était le seul
27:48d'être profondément amoureuse
27:50de son pays.
28:02Pauline,
28:04c'est l'Australie qui a réussi,
28:06tout en gardant le goût des choses simples.
28:10Une femme de caractère,
28:12très fière de ses origines modestes.
28:42Pauline, aujourd'hui, c'est une célébrité.
29:07Madame Hanson a une doctrine à son nom.
29:10C'est la fondatrice du parti One Nation, l'héritier moderne des valeurs de l'Australie blanche.
29:16Avec toujours la même idée, l'identité australienne est en danger.
29:22Une recette simple, qui marche partout dans le monde et à l'épreuve du temps.
29:26Bon, ça c'était il y a 20 ans, contre l'invasion imminente des Asiatiques.
29:43Mais aujourd'hui, c'est quoi le problème, Pauline ?
29:56On plaisante, sauf que cette fois, ça devient sérieux.
30:01One Nation flirte avec les 10% dans les sondages.
30:05Sa dernière démonstration de force, une manifestation baptisée « Récupérons l'Australie ».
30:11A Brisbane, Sydney, Melbourne, Adelaide, dans toutes les grandes villes du pays,
30:16des centaines d'Australiens affichent ouvertement la couleur.
30:19Les musulmans sont des intrus, des indésirables.
30:27Le critique n'est pas le racisme.
30:31Je suis un troisième Australien qui lutte pour notre démocratie, notre culture et notre façon de vivre.
30:39Mais cela fait un moment que la droite traditionnelle australienne a décidé de ne pas se laisser doubler dans le virage,
30:45en faisant du pied aux électeurs anti-immigrés.
30:49Vous vous souvenez du discours sur les Asiatiques il y a 20 ans ? Voici la suite.
30:535 ans plus tard, voici le discours qui a fait gagner les libéraux aux élections nationales.
31:06Un discours calqué, presque mot pour mot.
31:09Au fait, juste après son élection en 2001, c'est ce même John Howard qui a inventé la solution pour les libéraux.
31:15C'est un grand classique. Dans les urnes, la peur de l'immigration s'apporte.
31:46Une obsession australienne, des petits malins en ont même fait un jeu.
31:50Totalement addictif, encore pire que Candy Crush.
31:53Il y a plein de bateaux qui veulent débarquer leurs clandestins en Australie.
31:57Et à chaque fois que le premier ministre en arrête un, hop, un point dans les sondages.
32:01Le truc, c'est finalement de marcher sur les plates-bandes de Pauline Hanson.
32:05Vas-y, fais gaffe, elle arrive là.
32:07Tout en évitant de lui donner du crédit.
32:09Oh, t'es nul.
32:10Parce que le risque, c'est quand même qu'elle finisse par prendre beaucoup de place.
32:15Mais, professeur, cette politique, on croyait que c'était pour sauver des vies.
32:31Pendant ce temps, sous le soleil, les Australiens insouciants profitent de la douceur de la vie.
32:37Les Australiens insouciants profitent de la douceur de vivre de leur merveilleux pays.
32:46Sont-ils moins éduqués, moins altruistes, moins compétissants que nous ?
32:53Il y a peu de chance.
32:55En revanche, ils sont moins bien informés sur le sort de leur demandeur d'asile.
33:03C'est Sarah Ferguson qui nous l'a expliqué.
33:05Une journaliste star de la télé publique en Australie dont la spécialité est la question qui tue.
33:23C'est aussi une dure à cuire de l'investigation.
33:26Une enquêtrice hors pair qui travaille depuis longtemps sur la politique si particulière de son pays en matière d'immigration.
33:45Malgré sa ténacité, Sarah se heurte depuis des années à une communication maîtrisée jusqu'au bout des ongles.
33:56Ce n'est plus de la stratégie de comm', c'est un tour de magie.
34:00Techniquement, la politique migratoire relève aujourd'hui du secret défense.
34:26Contrairement à nous, et malgré nos demandes répétées, Sarah a quand même eu la chance d'interviewer le ministre de l'immigration.
34:33Et lui demander des comptes sur la mort de Reza Barati, l'Iranien assassiné à Manous.
34:55Derrière la langue de bois, le gouvernement décline toute responsabilité.
35:00Le train est en marche, pas question de l'arrêter, quel que soit le coût humain.
35:25Le résultat, c'est que les gens qui n'ont rien fait que chercher l'asile, que ce soit de la bonne ou de la mauvaise façon,
35:32ils n'ont pas brisé la loi et sont en position de souffrir du mal psychologique.
35:38Nous le savons et nous le faisons toujours.
35:41Parfois, je pense que je rêve.
35:55Ce qui s'est passé ici, ce qui s'est passé dans n'importe quel petit pays,
36:01le monde entier le condamnera.
36:04Mais personne n'a condamné l'Australie pour ce qu'elle a fait pour nous.
36:12Il y a des pays dans ce monde qui sont au-dessus de la loi,
36:19et l'Australie est l'un d'entre eux.
36:25Nous avons remplacé nos pays à cause de la dictature,
36:30mais nous sommes toujours dans la dictature.
36:44C'est la situation de ceux qui cherchent l'asile.
36:47Ils viennent à l'Australie en PNJJ.
36:55Ils veulent regarder les étoiles.
37:03Nous sommes en total 58 personnes qui ont battu notre château.
37:26Pour ne pas être nourris de force,
37:29certains détenus vont même jusqu'à se coudre les lèvres.
37:56Histoire de calmer un peu les esprits,
37:59une cinquantaine de réfugiés considérés comme les meneurs de la mutinerie
38:03sont transférés momentanément dans la prison de la ville.
38:06Quelques jours au fond du trou,
38:09d'où ils ne pensaient pas que pourrait jaillir enfin une lueur d'espoir.
38:19Car il n'y a pas qu'aux journalistes que le camp est interdit.
38:22Parfois enfermés depuis près de deux ans,
38:25les demandeurs d'asile n'ont jamais eu accès à un avocat.
38:29Ben Lomai est l'un des rares à s'être intéressé à leur cas.
38:43La demande de représentation.
38:46Pour avoir un avocat ici, il faut signer ce papier.
38:49Mais pour le signer, il faut qu'un avocat rentre dans le camp.
38:53Pendant leur passage dans la prison de la ville,
38:56le juriste a enfin réussi à entrer en contact avec les réfugiés.
39:23Grâce à ce tour de passe-passe,
39:26l'avocat Papou devient leur représentant légal
39:29et va enfin pouvoir franchir la porte du camp.
39:32Deux ans pour en arriver là.
39:35C'est pourtant un droit accordé aux prisonniers dans le monde entier,
39:38même à Guantanamo.
39:41Dans sa tâche, financée par des ONG,
39:44il est épaulé par un avocat venu d'Australie.
39:53C'est une bonne équipe, vous deux ?
39:56Oui, on l'espère.
39:59C'est une instruction que nous avons enregistrée
40:02pour que les clients signent.
40:05Par exemple, c'est...
40:08...du Liban, et son numéro d'avocat est...
40:11...L-E-L-O-2-7.
40:14C'est une bonne instruction.
40:17C'est une bonne instruction.
40:19Son numéro d'avocat est L-E-L-O-2-7.
40:22Une fois qu'ils ont signé, je signerai ici.
40:25Pour indiquer qu'on a maintenant accepté l'instruction.
40:29Et pour la défense des hommes de Manus,
40:32ils pensent avoir trouvé la brèche.
40:35Dans le jargon des avocats, on appelle ça sortir l'artillerie lourde.
40:38C'est la constitution de Papua New Guinea.
40:41C'est la section qui concerne
40:44la torture mentale et physique dans le traitement humain.
40:47C'est la section 36.
40:50Car la Papouasie a beau être un pays pauvre,
40:53sa constitution écrite à l'indépendance en 1975
40:56est un modèle du genre, précis et complet,
40:59surtout en matière de droits de l'homme.
41:02Ainsi, toute personne emprisonnée a le droit à un avocat de son choix.
41:06Sa détention ne peut dépasser deux mois sans procès.
41:10Dans le cas contraire,
41:13elle peut même prétendre à des compensations.
41:19Les droits des détenus ont été dépassés.
41:22C'est pour ça qu'on va à la Cour pour les enforcer.
41:25On va aussi souhaiter à la Cour
41:28que les détenus soient libérés
41:31à la Communauté d'Australie
41:34pour procéder à leurs applications de réfugiés.
41:38Mais ce n'est pas gagné.
41:41Au milieu des dossiers, des kilos de papier, des cartouches
41:44et une imprimante qui va bientôt passer un sale moment.
41:46Maintenant qu'ils ont accès légalement au camp de Manus,
41:49on ne pourra plus les empêcher de rencontrer un à un
41:52les mille demandeurs d'asile.
41:55La bataille ne fait que commencer.
41:58Et elle va prendre des mois.
42:01De la patience et de l'obstination,
42:04il en faudra pour gripper la machine australienne anticlandestin.
42:08Pendant ce temps, pilotée depuis Canberra,
42:11elle a atteint son rythme de croisière.
42:13Il y a certainement une satisfaction silencieuse
42:16qu'on ait arrêté les bateaux.
42:19On croit dans ces politiques qu'elles fonctionnent.
42:22On fait ce qu'on a dit qu'on ferait.
42:25On obtient les résultats qu'on a dit qu'on obtiendrait.
42:43On est dans les camps de Manus et Nauru.
42:46Mais l'Australie n'est jamais à court de solutions.
42:51A Manus, c'est jour de marché.
42:54Nous y avons rencontré un client un peu plus curieux que les autres.
43:04Ça, c'est un lémurien, un casse-casse en langue papoue.
43:09Cet homme qui fait ses courses
43:11n'est pas un évadé du centre de détention.
43:14Il s'appelle Reza, lui aussi d'origine iranienne,
43:17comme le jeune homme assassiné dans le camp.
43:2415 mois derrière les grilles,
43:27et ce Reza-là n'en pouvait plus.
43:30Il a été le premier à demander l'asile à la Papouasie,
43:33à l'obtenir, et du même coup à faire une croix sur l'Australie.
43:42Sans autre issue, Reza y met toute son énergie.
43:45Il apprend même la langue du pays.
44:12Ses cours sont payés par Transfield, vous vous souvenez ?
44:15La compagnie qui l'enfermait à Manus.
44:18Aujourd'hui, elle prend soin de lui.
44:21Logé, nourri, il a même un smartphone, et 30 dollars par semaine.
44:25Deux ans de galère, et enfin les outils pour se construire un avenir.
44:32Reza s'est mis à chercher du boulot.
44:35Coup de chance, cet ingénieur en bâtiment a le bon profil.
44:38Dans ce pays en voie de développement,
44:41il n'y a pas beaucoup de monde.
44:44J'ai reçu 9 messages.
44:47Et seulement 3 compagnies m'ont envoyé des réponses.
44:513 ? C'est bien.
44:54Elles t'offrent un boulot ?
44:57Oui, l'une d'entre elles est très sérieuse.
45:02L'autre m'a demandé mon salaire d'attente.
45:07Merci tout le monde.
45:09Reza croit rêver.
45:12Il vient de décrocher le premier rendez-vous d'embauche de sa nouvelle vie
45:15à la capitale, Port-Moresby.
45:19Manus, d'un coup, reprend des airs de paradis sous les tropiques.
45:23À l'image de ce que vante le bulletin municipal.
45:26Le nouveau marché, les écoles rénovées.
45:29Manus, bientôt une destination de rêve pour les surfers.
45:32Ça redonne le sourire.
45:35Et bien sûr, tout ça, c'est grâce à l'Australie.
45:38L'argent investi s'affiche fièrement.
45:41Parmi les chiffres, une somme particulièrement impressionnante.
45:44146 millions pour le centre de transit.
45:47Celui qui accueille Reza et les réfugiés qui ont opté pour l'asile en Papouasie.
45:59Ce canton neuf, ce bijou offert par l'Australie,
46:02on a aussi essayé d'aller le filmer.
46:05Et cette fois,
46:09on a dû passer deux heures au poste.
46:14Du coup, on a demandé à Reza, le locataire,
46:17de nous faire la visite guidée avec une petite caméra.
46:34Ici, c'est notre salle de classe.
46:37C'est notre rêve sur terre.
46:41Maintenant, on va à ma chambre.
46:49C'est vraiment très différent
46:52de notre detention.
46:55Ma chambre.
46:58C'est très propre.
47:01Chaque dimanche et lundi,
47:04on fait du barbecue ici.
47:06Un barbecue,
47:09de la muscu en plein air.
47:12Pour se débarrasser efficacement de ces réfugiés
47:15et les installer en Papouasie, l'Australie y a mis les formes.
47:18Mais au fait, il n'y a rien qui vous choque ?
47:24Un bâtiment prévu pour 300 personnes
47:27et pas âmes qui vivent.
47:33Six mois après son ouverture,
47:36on a eu 15 réfugiés. Pourquoi ?
47:39Parce que tous les autres jusqu'alors avaient refusé
47:42de demander l'asile à la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
47:50On s'est demandé ce qui clochait
47:53et surtout pourquoi Omar n'avait pas suivi Reza.
48:06On a pris tant de risques
48:09parce qu'on a rêvé
48:12de commencer une nouvelle vie avec le futur.
48:17L'Australie est en train de nous blackmailer,
48:22de vivre dans ce pays violent et pauvre
48:25sans possibilité
48:28ou de rester dans ce camp de concentration.
48:33Mais l'asile en Papouasie-Nouvelle-Guinée
48:36n'est pas comme ça.
48:39Pour nous, on le sait.
49:06L'asile en Papouasie-Nouvelle-Guinée
49:09ne s'est pas terminé comme prévu.
49:36Cet certificat m'a dit
49:39que je pouvais travailler et voyager.
49:42J'ai deux documents différents
49:45de l'immigration.
49:48L'immigration les a signés.
49:51Entre ces deux papiers,
49:54la décision qu'il emporte,
49:57c'est l'interdiction de quitter Manous.
50:00L'histoire se répète.
50:03Si près du but, Reza,
50:06Reza est à nouveau dans l'impasse.
50:36Malgré tous ces efforts,
50:39Reza reste coincé là.
50:42Et nous, au bout de notre enquête,
50:45on a eu un sentiment étrange
50:48en montant dans l'avion aussi facilement
50:51avec un simple passeport.
50:54Un goût amer aussi,
50:57en pensant à Omar et aux hommes de Manous
51:00qui n'ont aucune idée
51:03de quand ils pourront partir.
51:07L'histoire aurait pu s'arrêter là.
51:10Mais sur cette petite île,
51:13les réfugiés ne passent pas inaperçus.
51:16Dans l'avion, il était tout au fond.
51:19Sans doute originaire de Somalie ou d'Erythrée.
51:22Et il était bien entouré.
51:36Les gardes et l'infirmière qui l'escortent
51:39nous disent qu'il est évacué pour raisons psychiatriques.
52:06...
52:31Encore une vérité pas belle à voir.
52:33...
52:36Un rapport des services de santé australiens
52:39a publié des chiffres à peine croyables.
52:42En rouge, les demandeurs d'asile
52:45atteints de dépression extrême,
52:48autrement dit ***, aux portes de la folie.
52:51Plus ils passent de temps dans les centres de détention,
52:54plus ils sont atteints.
52:57Au bout d'un an et demi,
53:00près d'un sur deux est en zone rouge.
53:03...
53:06Dans l'avion, un autre homme quittait Manus,
53:09lui aussi visiblement déprimé.
53:12On était placés juste à côté de lui.
53:15Cette fois, on a pu lui parler discrètement.
53:18Lingarajan est un tamoul du Sri Lanka.
53:21Il a fini par craquer après 18 mois à Manus.
53:24Mais ce n'est pas un évacué sanitaire.
53:27Lui a accepté de signer pour un retour définitif
53:30à la case départ.
53:33...
54:03...
54:29Lingarajan, c'est celui qui nous permet
54:31de boucler la boucle, de remonter à la source
54:34du problème des demandeurs d'asile.
54:37On a décidé de le rejoindre chez lui,
54:40tout au nord du Sri Lanka, en plein territoire tamoul.
54:43...
54:46Dans sa petite maison de bambous,
54:49il avait retrouvé les siens.
54:52Sa mère, sa femme, ses quatre enfants
54:55et surtout l'appétit.
54:57...
55:05Le père, l'époux, le fils est de retour
55:08et pourtant, il y a comme un malaise.
55:11Pas d'effusion sentimentale ou de mine réjouie.
55:14L'ambiance est lourde.
55:17C'est sa mère qui nous explique pourquoi.
55:19...
55:46...
55:51Jaffna ou vit sa famille a été dévastée
55:54par 26 années de guerre civile.
55:57Lingarajan a combattu avec les tigres tamouls.
56:00Officiellement, le conflit est terminé depuis 2009.
56:03Les tamouls l'ont perdu.
56:06Mais six ans plus tard, la chasse aux rebelles continue.
56:09Lingarajan nous dit que la police le recherche
56:12pour le mettre en prison, dans le meilleur des cas.
56:14...
56:21...
56:24Profitez des siens autant que possible.
56:27Deux années ont passé.
56:30Mais Lingarajan a retrouvé intacte la situation
56:33qu'il a poussée sur son bateau pour l'Australie.
56:36Sauf qu'aujourd'hui en plus, il est malade et endetté.
56:39Il le sait.
56:41S'il veut vivre, s'il veut préserver sa famille,
56:44il lui faudra bientôt repartir.
57:11...
57:16Dans le monde,
57:19ils n'ont jamais été aussi nombreux.
57:2260 millions de personnes comme Lingarajan
57:25cherchent à partir de chez elles coûte que coûte.
57:28...
57:31La guerre, la famine, les catastrophes naturelles,
57:34c'est sûr, en pousseront d'autres à tenter leur chance.
57:37...
57:39L'Australie, avec ses camps et sa politique,
57:42aura au moins réussi une chose.
57:45S'effacer de leurs rêves.
57:48...
57:51...
57:54...
57:57...
58:00...
58:03...
58:06...
58:09...
58:12...
58:15...
58:18...
58:21...
58:24...