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Au large des côtes australiennes, la Grande Barrière de corail, d'une richesse et d’une beauté ineffables, est gravement menacée par le réchauffement climatique. Un voyage auprès de sa faune sous-marine aux côtés des scientifiques qui tentent de la préserver.

Tortues, baleines à bosse, requin-baleines, raies manta... Une prodigieuse faune marine s'épanouit le long des 2 300 kilomètres de la Barrière de corail, au large de l'Australie. Le calcaire qui forme les squelettes des coraux en fait de véritables puits de carbone, indispensables à la lutte contre le réchauffement climatique. De même que les courants d'eau froide remontant vers la surface, qui font drastiquement baisser la température ambiante. Tandis que les scientifiques essaient de cartographier ces lieux d'une richesse infinie, l'écosystème s'efforce de maintenir un équilibre paisible – mais infiniment fragile. Car l'île de Raine, par exemple, réputée pour les colonies de tortues vertes qui y vivent, se dégrade inexorablement. Le réchauffement climatique confronte ces miracles de la nature à des défis dont l'enjeu n'est rien de moins que leur propre survie.



Nature en danger

Derrière la saisissante beauté des espèces sous-marines qui peuplent la Grande Barrière, la violence destructrice du réchauffement climatique s'impose comme une terrible évidence. Sur l'île de Raine, lieu de nidification des tortues vertes, gisent des cadavres : la montée des eaux a considérablement réduit leur espace de ponte, entraînant la mort de centaines d'entre elles. La disparition du sable, due aux tempêtes de plus en plus fréquentes, a fait émerger sur ses rivages des obstacles infranchissables. Le soleil, toujours plus ardent, brûle la faune comme les coraux entourant l'île, provoquant l'effondrement de l'un des milieux océaniques les plus riches de la planète. Alarmés, les scientifiques s'activent. En immersion à leurs côtés, ce film montre l'étendue des dégâts, mais surtout l'action des chercheurs pour reconstituer les récifs – notamment grâce à une technique de bouturage – ou pour refaçonner l'île. Car si les coraux sont fragiles, leur vitalité en fait la clé de la survie de tout l'écosystème. La bataille pour la Grande Barrière est lancée.

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Transcription
00:00Longeant les côtes australiennes, la grande barrière de corail se déploie sur 2300 kilomètres
00:14dans les eaux du Pacifique.
00:16Elle est la plus grande construction animale de la planète.
00:24Aujourd'hui, sa résilience est mise à rude épreuve à cause du réchauffement des océans
00:30et des bouleversements climatiques.
00:32Des abysses jusqu'à la surface, la santé de la grande barrière de corail se détériore
00:43de plus en plus vite.
00:44Peut-on encore sauver cette inestimable biodiversité ?
00:52L'enjeu est planétaire, car le mal qui ronge la grande barrière de corail affecte aussi
01:01tous les océans tropicaux du globe.
01:03Une équipe australienne de rangers et de scientifiques a décidé de tout mettre en
01:21œuvre pour éviter le désastre.
01:22Mais le défi est immense et le temps est compté.
01:28L'île de Reine, au nord-est de l'Australie, est d'apparence insignifiante, mais elle joue
01:45un rôle considérable dans la bataille pour sauver la grande barrière de corail.
01:49Elle est devenue le terrain d'expérimentation d'une stratégie novatrice pour aider les
01:57coraux et les milliers d'espèces qu'ils font vivre.
02:02Tous les moyens ont été mis en œuvre pour remédier aux effets néfastes des changements
02:07climatiques avec une approche très originale.
02:10Les scientifiques collaborent avec les hôtes du récif, tortues, baleines, requins et raimentat.
02:24Cette tortue a vu le jour ici même, au large de l'Australie.
02:43Elle a passé 18 années à vagabonder d'un récif corallien à l'autre, à travers l'océan
02:50pacifique et l'océan indien.
02:52Et puis son horloge biologique lui a commandé de regagner cette île où elle est née.
03:01Il est temps pour elle de donner la vie pour la première fois.
03:06Suivant son instinct, entourée de centaines de consoeurs, elle s'approche, guidée par
03:17l'odeur caractéristique de son île à nul autre pareil.
03:20Un modeste banc de sable dépassant à peine des flots.
03:26L'île de Reine est un avant-poste de la Grande Barrière, à la pointe nord de l'Australie.
03:38Elle a pris au fil du temps une place stratégique pour les tortues vertes, en devenant leur
03:44principal lieu de reproduction au monde.
03:46Sur le rivage, la femelle reprend son souffle car elle ressent pour la première fois depuis
03:58sa naissance le poids de son corps, 200 kilos.
04:02Elle n'est pas au bout de ses peines.
04:14Autour de l'île de Reine et sur toute la Grande Barrière, les tortues vertes se nourrissent
04:36exclusivement des algues et des herbiers qui s'y développent.
04:39Sans elles, les coraux déjà fragilisés par le réchauffement climatique seraient
04:47envahis.
04:48Privés de lumière, ils dépériraient.
04:51L'architecte de ce récif colossal est un très modeste animal, vivant en colonies
05:09innombrables.
05:10Insignifiant à l'échelle de l'individu, mais gigantesque à l'échelle de la colonie.
05:15Le polype de corail.
05:18Il fabrique son squelette calcaire qui s'empile sur des milliards d'autres et protège ainsi
05:34de l'érosion la côte australienne voisine, de même que l'île de Reine.
05:38Et tout ce calcaire accumulé au cours de la formation des récifs, ce sont des milliards
05:51de tonnes de carbone stockées qui ne contribueront plus à l'effet de serre.
06:06Les baleines à bosse ont quitté le continent antarctique où elles se sont gavées de krill.
06:13Elles arrivent le long de la grande barrière pour socialiser, s'accoupler, ou bien mettre
06:23bas et s'occuper de l'éducation de leurs baleineaux.
06:25Elles rejoignent d'autres cétacés, tels les rorquoises d'Omoura, une espèce récemment
06:36découverte qui se nourrit toute l'année dans ses eaux.
06:40Les cétacés cherchent en permanence les puissants courants qui remontent les
06:58nutriments des abysses et déclenchent la formation du plancton dont ils se nourrissent.
07:09Ce plancton dont les géants des mers sont avides est composé de milliards d'organismes minuscules.
07:15Ces organismes ont beau être les plus petits,
07:23ils représentent collectivement la plus grande biomasse des océans
07:34et constituent le premier maillon de la chaîne alimentaire marine.
07:40Ces remontées d'eau des profondeurs sont froides.
07:47Lorsqu'elles pénètrent dans le labyrinthe de la grande barrière,
07:52elles font baisser de plusieurs degrés la température de l'eau,
07:56un répit vital pour les coraux qui souffrent du réchauffement.
08:01C'est donc dans ces zones que le récif est en meilleure santé.
08:09Les scientifiques estiment que c'est à partir de ces zones préservées où les coraux sont plus
08:16robustes qu'ils auraient les meilleures chances de réussir le vaste programme de
08:20régénération assistée du corail qu'ils sont en train d'élaborer.
08:24Ils projettent de poser des balises satellitaires sur les baleines pour les suivre afin qu'elles
08:37les mènent à ces îlots de coraux préservés.
08:39Mais les baleines qui sont souvent en profondeur sont difficiles à équiper.
08:57En revanche, les requins-baleines, qui écument le plancton en surface,
09:01sont des animaux placides qui se laissent approcher et appareiller sans problème.
09:07Ils vont devenir les auxiliaires d'un programme unique au monde.
09:20Pour tester l'efficacité de la méthode,
09:35l'équipe choisit un secteur de la grande barrière à proximité de l'île de Rhein,
09:40particulièrement exposée au réchauffement.
10:00Ils sont parvenus à fixer à la dorsale la petite antenne émettrice.
10:06Pointée vers le ciel, son signal sera capté par un satellite chaque fois que le requin-baleine émergera.
10:13Il transmettra sa position exacte en temps réel sur les ordinateurs des scientifiques.
10:24Ces requins-espions viendront étoffer le réseau australien qui compte aussi
10:34200 balises réceptrices fixées sur le corail, réparties le long de la grande barrière.
10:40Le requin équipé, qui passe à moins de 400 mètres de l'une d'elles,
10:46transmet automatiquement les informations qu'il a recueillies au cours des derniers mois.
10:50Ainsi, les biologistes disposent d'une cartographie à jour des zones les plus riches.
10:57Cette balise révèle une forte fréquentation de petits poissons, consommateurs de plantons autour d'elle.
11:15Ce qui indique que la zone est alimentée par un courant froid, riche en nourriture.
11:27La découverte fortuite d'un requin-baleine dans ce secteur sinistré de la grande barrière est encourageante.
11:37Si cette grande gueule est là, c'est bien qu'il y a de la nourriture en abondance.
11:44Toutes ces données indiquent les lieux de socialisation et de nourrissage des requins.
12:00Les balises acoustiques permettront aussi de préciser la profondeur à laquelle ils se nourrissent
12:06et la température de l'eau des différents endroits qu'ils visitent au cours de leur plongée.
12:11Peu à peu, la carte des zones les plus riches se dresse.
12:24Malheureusement, les requins-baleines se font de plus en plus rares.
12:26Ils sont pêchés pour leurs ailerons, vendus jusqu'à 650 euros le kilo en Asie.
12:42Les remanta, autres grands filtreurs de planctons, s'aventurent beaucoup plus profondément à l'intérieur du récif que les requins-baleines.
12:51De plus, elles se déplacent rapidement et couvrent une superficie bien plus grande.
12:59Les deux nageoires céphaliques qui encadrent leur gueule leur servent à canaliser le plancton dont elles se nourrissent exclusivement.
13:10Certaines ont été équipées de balises adaptées à leur taille.
13:24Ces grands animaux-filtreurs deviennent des auxiliaires scientifiques et des témoins de l'évolution des ressources alimentaires de la Grande Barrière.
13:34Avec l'aide des habitants du récif, un réseau de surveillance se met en place.
13:49Les chercheurs s'intéressent aux remanta, particulièrement dans la partie nord de la Grande Barrière, encore peu étudiée.
13:57Ils découvrent que certaines sont voyageuses, d'autres sédentaires.
14:07Elles ont aussi l'avantage de fréquenter les parties du récif utilisées par les activités touristiques, pour lesquelles il est important de recueillir des données afin de mieux les protéger.
14:20Les grandes gueules deviennent vraiment les sentinelles de leur vaste domaine.
14:37Aux abords de l'île aux tortues, il y a foule.
14:43Des dizaines d'entre elles entreprennent maintenant l'ascension de la plage, sans prendre le temps de souffler.
14:59Elles craignent les ardeurs du soleil, mais le soir va tomber, propice aux travaux de creusement des nids.
15:13Parmi elles, les primipares, pour qui c'est la première couvée, et les vétérantes qui reviennent pondre tous les cinq ans.
15:33Toutes doivent monter assez haut avant de creuser, puis s'assurer que le sable a la bonne consistance.
15:41Ni trop sec, le nid s'effondrerait sur elle avant d'être fini, ni trop mouillé, les oeufs n'arriveraient pas à maturité.
15:56Une centaine d'oeufs s'entassent dans chaque nid.
16:02Au cours des 60 jours d'incubation, la température du sable déterminera le sexe.
16:11Si elle est au-dessus de 30 degrés pendant plus de cinq jours, des femelles naîtront. En dessous de 30 degrés, ce seront des mâles.
16:27Les biologistes ont compté jusqu'à 20 000 arrivées de tortues par soir.
16:33Cela peut sembler une bonne nouvelle, mais en réalité c'est beaucoup trop pour une île si petite.
16:41Les tortues se bousculent, se piétinent en cherchant désespérément un endroit pour creuser.
16:49Certaines se font même enterrer vivantes.
16:52Dans de telles conditions, la ponte est tout simplement impossible.
16:57Une fois sortie de l'eau, une tortue verte ne dispose que de trois jours pour pondre.
17:04La température de l'eau augmente.
17:09Les tortues se bousculent, se piétinent en cherchant désespérément un endroit pour creuser.
17:16Une fois sortie de l'eau, une tortue verte ne dispose que de trois jours pour pondre.
17:22Passé ce délai, si elle ne trouve pas le bon endroit, sa ponte est perdue.
17:36Elle n'a alors d'autre choix que de regagner l'océan et se débarrasser de ses oeufs sur la plage ou dans l'eau.
17:46La ponte se déroule de nuit jusqu'à l'aube, avec un impératif, regagner la mer avant 8h30.
17:58Après, la chaleur du soleil devient mortelle, un péril encore accentué par le réchauffement climatique.
18:08Les tortues rescapées, épuisées, reprennent des forces et se rafraîchissent.
18:14Il leur faut encore attendre la marée montante pour pouvoir regagner le large.
18:24Le réchauffement présente aussi un danger de mort pour le corail.
18:31Au-delà de 30 degrés, la température de l'eau met les coraux en état de stress.
18:37En réaction, ils expulsent de leur corps les eaux oxantelles, des algues qu'ils hébergent et qui sont indispensables à leur survie.
18:47Ils blanchissent et ne tardent pas à mourir si la période de stress se prolonge.
18:58La mort des coraux provoquerait l'effondrement de l'un des milieux océaniques les plus riches,
19:03avec les milliers d'espèces qui s'y nourrissent, s'y reproduisent, s'y cachent.
19:14Une catastrophe enchaîne dont les conséquences se feraient sentir bien au-delà du récif lui-même.
19:22Le corail doit faire face à un autre fléau, les invasions d'une étoile de mer redoutable,
19:28la cantastère.
19:31Elle apparaît et se met à pulluler brusquement selon des cycles encore mal compris.
19:38Hérissée d'épines qui la protègent de la plupart des prédateurs, elle peut atteindre 80 centimètres d'envergure.
19:46Elle rampe sur le récif, se déplaçant rapidement grâce à ses milliers de petits pieds ventousés.
19:58Elle sort son estomac par sa bouche pour se régaler des algues oxantelles.
20:11Le corail perd alors ses couleurs chatoyantes et devient blanc, comme après un stress climatique.
20:18Après son passage, le récif n'est plus qu'un fantôme sans vie.
20:23Les scientifiques observent que le phénomène devient de plus en plus fréquent.
20:29L'étoile monstrueuse profiterait-elle de l'état de faiblesse du récif ?
20:35Les chercheurs constatent aussi que les pluies qui lessivent les côtes
20:38et déversent en mer un afflux de matières nutritives,
20:41sont de plus en plus élevées.
20:45Le récif est un phénomène de la nature.
20:48Les pluies qui lessivent les côtes et déversent en mer un afflux de matières nutritives
20:52sont très favorables à la croissance des envahisseuses.
21:11Pour le corail, c'est en quelque sorte double, voire triple peine.
21:19La cantastère a tout de même un ennemi sur le récif.
21:31Le triton géant,
21:36qui possède un aiguillon dont le venin est mortel pour elle.
21:49Il repère sa proie grâce à son odorat
21:56et s'en approche lentement.
22:10Arrivé à proximité, il se met en position d'attaque
22:14et projette son dar mortel sur sa proie.
22:19L'étoile de mer agonisante ne peut plus s'échapper.
22:30Le mollusque finit par la recouvrir,
22:33insensible aux venins contenus dans ses aiguilles.
22:40Cette prédation est sans conséquence sur la population d'acantastère.
22:45D'autant plus que les tritons
22:47ont été décimés par les collectionneurs de coquillages.
22:58Les australiens lancent régulièrement des campagnes d'éradication d'acantastère.
23:07Fastidieuses captures manuelles,
23:11injections de bisulfate de sodium,
23:14un poison pour ce prédateur.
23:21En temps normal, le récif a les ressources
23:24pour se défendre contre l'envahisseuse.
23:27Mais affaibli, il a besoin d'aide.
23:32Les scientifiques sont restés longtemps démunis
23:35par l'évacuation de l'acantastère.
23:40Ils se sont mis face aux menaces qui frappent les coraux.
23:44Ils se sont contentés de mesurer l'ampleur des dégâts.
23:48Mais la situation a changé.
23:51Ils espèrent aujourd'hui reconstruire des récifs entiers.
23:56Une entreprise titanesque.
24:00Les coraux offrent une possibilité extraordinaire.
24:04On peut les bouturer comme une plante.
24:07La première étape consiste à prélever des fragments de coraux vivants
24:10sur un récif en bonne santé.
24:15Ils sont ensuite implantés sur un récif dégradé à proximité
24:18de façon à recréer un écosystème diversifié
24:21et le plus authentique possible.
24:25Chaque prélèvement peut être fractionné pour fournir plusieurs boutures
24:28de manière à ce que l'emprunt au milieu naturel
24:31soit réduit au strict nécessaire.
24:37Après les avoir fixés sur des structures métalliques
24:40en forme d'étoiles, ils sont ré-implantés
24:43dans le secteur à régénérer.
25:02Assemblées les une sur l'autre,
25:05les structures forment une constellation homogène
25:08capable de résister aux assauts de la houle.
25:18Elles procurent aussi des sites de ponte
25:21et des abris aux poissons de petite taille et aux juvéniles.
25:31A ce jour, plus de 19 000 étoiles
25:34ont été immergées, supportant
25:37plus de 280 000 fragments de coraux.
25:41Le récif est métamorphosé.
25:5018 mois plus tard, la structure métallique
25:53a entièrement disparu sous le développement fulgurant du corail.
26:04La présence des grands prédateurs comme ce poisson Napoléon
26:07dans la zone régénérée prouve que le milieu
26:10dans lequel il vit est en bonne santé.
26:28La constellation d'étoiles est devenue
26:31un écosystème à part entière.
26:35Il va continuer de prospérer et offrira un habitat
26:38à de très nombreuses autres espèces.
27:01L'expérimentation pourra-t-elle être transposée
27:04à l'échelle de l'immense barrière ?
27:10Le défi est vertigineux.
27:14D'autant que le changement climatique
27:17rend le pari des chercheurs encore plus hasardeux.
27:32L'île de Reine n'est pas épargnée par les dérèglements climatiques.
27:38Les tempêtes plus fréquentes ainsi que la montée du niveau de la mer
27:41érodent son fragile rivage.
28:02Les éléments déchaînés font surgir de petites falaises calcaires
28:05qui étaient enfouies sous le sable.
28:17Des obstacles infranchissables pour les tortues.
28:32Prises au piège, elles s'épuisent jusqu'à la mort.
28:46Celles qui parviennent à contourner l'obstacle
28:49doivent à tout prix gagner un site de ponte en hauteur
28:52pour éviter que le nid soit noyé.
28:56Or, une grande partie du sable a disparu.
29:02Ce qui rend la quasi-totalité de l'île impropre à la nidification.
29:13Alors elle se réfugie sur les points culminants
29:16situés à peine 1,50 m au-dessus du niveau de la mer.
29:32Que faire face à une telle hécatombe ?
29:49Laisser la nature régler le sort des tortues ?
29:57Les requins-tigres sont spécialisés dans la chasse
30:00aux tortues.
30:04Mais ceux-ci n'ont même plus besoin de chasser.
30:08Ils rôdent autour de Reine en attendant que la marée
30:11leur apporte les cadavres de celles qui n'ont pas survécu
30:14au piège de l'île.
30:31Ils s'attaquent aux parties molles dépassant de la carapace
30:34libérant au passage des œufs qui n'écloreront jamais.
31:00La tragédie de Reine va pourtant provoquer l'émergence
31:03d'une nouvelle doctrine, à l'opposé du laisser-faire
31:06jusqu'alors en vigueur.
31:09L'évolution assistée.
31:15Elle consiste à instaurer une nouvelle doctrine
31:18à l'occasion de l'émergence d'une nouvelle nature.
31:21Une nouvelle nature, une nouvelle nature.
31:24Une nouvelle nature, une nouvelle nature.
31:28Elle consiste à intervenir aux besoins
31:31en modifiant les processus naturels.
31:34Une véritable révolution.
31:40Concrètement, on vole désormais au secours
31:43des tortues prises au piège ou troupes épuisées
31:46pour regagner l'océan.
31:49Alors qu'auparavant, on les laissait mourir
31:52sans même remettre sur patte celles qui se retrouvaient
31:55à l'abri de l'océan.
32:03Mais les tortues pèsent lourd et il faut agir vite
32:06car elles sont très vulnérables à la chaleur.
32:09C'est un travail harassant
32:12qui ne permet de sauver que bien peu de tortues.
32:26Plus efficacement,
32:29l'équipe règle définitivement le problème
32:32de l'obstacle mortel de la petite falaise.
32:383 km de barrières en métal inoxydables
32:41sont érigées pour obliger les tortues
32:44à contourner le piège.
32:48Mais le plus difficile
32:51est de trouver une solution
32:54à l'érosion des plages
32:57qui empêchent les tortues de creuser leur nid.
33:07Un premier test a consisté
33:10à regarnir 150 m de plage
33:13pour offrir aux tortues une nouvelle zone de ponte.
33:17Le résultat est inespéré.
33:20Des centaines de petites tortues ont vu le jour
33:23grâce à ce modeste chantier.
33:29L'année suivante,
33:32les grands moyens sont déployés
33:35et plus de la moitié de l'île de Reine est refaçonnée.
33:39Les biologistes qui connaissent précisément
33:42les besoins des tortues
33:45ont élaboré pour elles
33:48un aménagement à la carte
33:51tout en préservant les zones
33:54de nidification des oiseaux
33:57et la maigre végétation
34:00qui a déjà tant de mal à se fixer.
34:03Avec l'objectif que les effets positifs
34:06se manifestent dès la prochaine ponte
34:09et l'espoir de ne plus revoir de cadavres de tortues
34:12mais des naissances par milliers.
34:17Les ornithologues recensent les populations présentes.
34:23Sur cette île minuscule,
34:26le partage de l'espace est délicat à gérer,
34:29mais il est vital.
34:33En ce printemps austral,
34:36les oiseaux s'activent à assurer leur descendance.
34:44Fous masqués.
34:49Fous à becs bleus.
35:03Frégates.
35:21Les pailles en queue guettent le menu fretin
35:24du haut désert.
35:28Les pétrelles toujours en mouvement.
35:43Et les sternes huppées
35:46se rassemblent sur les aires de nidification.
35:52Combien de temps l'île restera-t-elle accueillante ?
35:58Faudra-t-il intervenir à nouveau dans quelques années ?
36:05La nouvelle doctrine risque d'avoir un coût exorbitant.
36:11Pourtant, les travaux colossaux réalisés sur Reine
36:14semblent dérisoires au regard du chantier de réhabilitation
36:17à entreprendre à l'échelle de l'immense grande barrière.
36:21Un incroyable phénomène va donner des idées
36:24à ses nouveaux aménageurs.
36:32Sur le récif, la nuit est propice
36:35à une autre ponte,
36:38celle du corail.
36:44Quelques jours après la pleine lune,
36:48un mystérieux signal déclenche
36:51comme par magie un phénomène unique au monde.
36:55C'est le grand soir.
37:05Comme une tempête de neige à l'envers,
37:08cellules reproductrices mâles et femelles
37:11montent par milliards vers la surface.
37:18Ils s'éloignent d'eux-mêmes,
37:21et s'éloignent d'eux-mêmes.
37:25Au vule et spermatozoïdes s'unissent
37:28et partent à la dérive
37:31parmi les autres créatures planctoniques.
37:55Les trois quarts des coraux sont hermaphrodites.
37:58Ils possèdent les cellules des deux sexes,
38:01ce qui facilite la reproduction.
38:25Cette énorme capacité reproductrice,
38:28acquise au cours de millions d'années d'évolution,
38:31est inévitable.
38:34C'est un phénomène qui ne peut se reproduire
38:37qu'avec l'aide d'une seule cellule.
38:40C'est un phénomène qui ne peut se reproduire
38:43qu'avec l'aide d'une seule cellule.
38:46C'est un phénomène qui ne peut se reproduire
38:49qu'avec une seule cellule.
38:52Cette capacité reproductrice,
38:55acquise au cours de millions d'années d'évolution,
38:58est un des grands atouts du corail.
39:01...
39:04...
39:07...
39:10...
39:13...
39:16...
39:19Cette abondance de matières nutritives
39:22attire de gros appétits.
39:25...
39:29La raie manta et le requin baleine
39:32sont de grands amateurs de cette soupe protéinée.
39:35...
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39:44...
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40:01Emportées par les courants, les œufs fécondés
40:04font partie du planton et dérivent en surface.
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40:13En quelques heures, ils se métamorphosent en larves
40:17qui vont se fixer sur le fond.
40:20Mais leurs chances de survie sont minces.
40:23Les biologistes ont eu l'idée de tirer parti de cette prodigieuse vitalité pour sauver les coraux.
40:39Ils vont profiter de cette incroyable nuit de ponte.
40:55Un vaste piège retient oeufs et larves à la dérive.
41:09La récolte sera ensuite transportée vers les endroits dégradés du récif en privilégiant
41:18les zones les plus favorables. Ces fameuses remontées d'eau froide identifiées grâce
41:23aux requins baleines. Les biologistes contrôlent les étapes de la métamorphose des larves afin
41:34de déterminer le bon moment pour les implanter sur le récif cible.
41:53Dans la nature, l'immense majorité des larves est consommée par les prédateurs. Pour favoriser
42:09la régénération, les biologistes protègent les larves et les obligent en quelque sorte
42:14à prendre souche sur le récif choisi. Un périmètre de récif endommagé est isolé
42:26avec un filet à mailles très fines sous lequel sont injectées les larves récoltées.
42:30Longues de quelques dizaines de millimètres, elles proviennent de la ponte qui a eu lieu
42:41cinq jours auparavant. Elles en sont à un stade suffisamment avancé pour permettre
42:52leur implantation avec une grande chance de succès. Cette technique forcément limitée
43:02au périmètre du filet peut paraître dérisoire par rapport à l'étendue de la grande barrière,
43:07mais il a fallu d'abord valider la méthode.
43:19Pour agrandir la zone à traiter, il est fait appel aux robots inséminateurs.
43:37Un réservoir de larves placées dans le robot les injectent lentement dans le système récifal,
43:42le long de points GPS qui ont été auparavant programmés.
43:49Des caméras embarquées permettent en même temps de témoigner de l'état du récif au
43:53moment du passage du robot. Celui-ci repassera plus tard sur les mêmes points GPS pour mesurer
44:06l'efficacité de l'opération. L'évolution de l'état de santé du récif sera donc sous
44:16surveillance à grande échelle. Une nouvelle étape est franchie.
44:27Sur l'île de Reine, la pleine lune accueille un heureux événement.
44:36Après avoir passé 60 jours dans le sable à 80 centimètres de profondeur,
44:52les oeufs ont éclos et les nouveaux-nés, mûs par leur instinct, n'ont qu'une hâte.
44:57Gagner l'océan à la faveur de la nuit en se guidant au reflet de la lune sur les vagues.
45:19Les tortues qui naissent de jour ont mille fois moins de chance de vivre que leurs
45:22soeurs sorties de nuit. Héron, Bioro et Pétrelle du Héralde les attendent.
47:23Les ornithologues sont formels. Aucune des tortues sorties deux jours des 50 premiers nids
47:31ne parvient à atteindre l'océan. Dans l'ensemble, on estime qu'une tortue seulement sur mille survit.
47:53Cette prédation féroce et dramatique, mais elle est aussi une contribution indispensable
48:02au maintien de la vie sous toutes ses formes. Tel ces poussins hérons Bioro nourrit
48:13exclusivement de jeunes tortues. Ainsi va la vie sur l'île de Reine,
48:20dans toute sa fragilité, sa violence et sa force.
48:43La nuit, l'univers des coraux rejoint le monde magique de la fluorescence.
48:59La lumière noire révèle les coraux qui ont cette propriété extraordinaire.
49:07Le spectacle est fascinant.
49:12Pour le scientifique, c'est aussi un indice précieux.
49:24Cette fluorescence provient d'algues très particulières hébergées par certains coraux.
49:29Leurs pigments protègent leurs hôtes des rayons ultraviolets émis par le soleil,
49:39néfastes en trop grande quantité. Les coraux qui possèdent ces algues sont donc mieux armés
49:47que les autres pour résister au réchauffement climatique. Ils sont donc choisis en priorité
49:54par les biologistes pour les zones à restaurer.
50:10Dans la bataille engagée pour sauver la grande barrière, toutes les armes sont bonnes à prendre.
50:25Si nous aidons les coraux à faire face au péril, ils repartiront à la conquête des
50:38récifs dévastés grâce à leur prodigieuse vitalité et fécondité.
50:43Si grâce aux humains les tortues sont sauvées, les coraux ne se porteront que mieux.
51:05Et si les grandes gueules promues sentinelles continuent leur surveillance,
51:09alors l'espoir fera briller de mille feux tous les coraux du monde.
51:39Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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