Loïc Cantin, président de la Fédération Nationale de l'Immobilier, répond aux questions de Stéphanie de Muru. Ensemble, ils reviennent sur les difficultés du secteur immobilier et sur les annonces de Gabriel Attal concernant la suppression des frais de notaire pour les primo-accédants.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco
Category
🗞
NewsTranscription
00:005h-7h, Stéphanie Demuru, Rombline Roche, Europe 1, il est 6h43.
00:05Et on va parler immobilier plus précisément, du marché de l'immobilier qui tourne au ralenti depuis l'automne 2022.
00:11Pour la troisième année consécutive, les transactions immobilières chutent malgré la baisse des prix.
00:18Quelles conséquences de cette crise qui n'en finit plus ?
00:21Comment le secteur vit-il les incertitudes liées à la dissolution ?
00:24Et quelles réactions aux annonces en matière de logement des uns et des autres ?
00:28Stéphanie Demuru, vous en parlez tout de suite avec votre invitée sur l'Europe 1.
00:31Et nous sommes avec Loïc Quentin, président de la Fédération Nationale de l'Immobilier, l'AFNAIM.
00:36Bonjour Loïc Quentin.
00:38Bonjour Stéphanie Demuru.
00:40Un mot tout d'abord sur les chiffres du premier trimestre.
00:42Ils ne sont pas fameux, le nombre de ventes pourrait tomber à 800 000 cette année,
00:46et ce malgré une baisse des prix sur tout le territoire.
00:49Comment l'expliquer ?
00:50Alors on l'avait déjà exprimé et expliqué dès le mois de janvier 2024,
00:54en prévoyant une année qui allait se conjuguer à la fois avec la poursuite de la baisse des volumes et la baisse des prix.
01:00Donc on avait atterri à 869 000 transactions.
01:04Rappelons-nous, on était à 1 200 000 au meilleur, je dirais, des périodes, il y a un an et demi auparavant.
01:09On est descendu à 835 000 en février, 825 000 en mars,
01:15et aujourd'hui nous sommes à 812 000 à fin avril 2024.
01:20Donc c'est-à-dire des actes signés.
01:22Et en parallèle, eh bien, on a vu la baisse des prix s'accélérer.
01:26Aujourd'hui, on stable sur une année de mai 2023-2024,
01:303,8% de baisse en moyenne sur l'ensemble du territoire,
01:35mais il y a des villes où il y a des baisses plus importantes, supérieures à 8% sur une année.
01:39Alors il y a malgré tout une bonne nouvelle, la baisse des taux amorcés en 2023 qui devrait se stabiliser.
01:45Alors c'est ce que l'on espère, ou l'on espérait,
01:48malgré tout, je dirais, l'instabilité politique que nous connaissons dans ce pays.
01:54Il y a eu un effet déflagrateur sur les marchés.
01:56Les taux les ont arrêtés, donc le refinancement des banques sur un marché est en augmentation.
02:00Et je veux dire, l'annonce de la BCE d'un quart de point, juste huit jours avant,
02:04par Christine Lagarde, je dirais, va se trouver finalement sans effet.
02:10Et donc ça, c'est inquiétant, je dirais, pour les marchés,
02:12parce qu'on est plus dans une perspective, demain, d'une nouvelle augmentation des taux
02:17plutôt qu'une stabilisation, voire une baisse.
02:19On estimait une stabilisation des taux à la fin de l'année,
02:22nous l'espérons, pour pouvoir permettre, justement, que le marché obtienne un plateau
02:27et puis puisse redémarrer.
02:29On avait projeté environ 800 000 transactions à la fin de l'année,
02:32mais nous allons y être au moment de l'été.
02:34Alors Louis Quentin, vous vous dites, la FNAIM, la crise de l'immobilier,
02:38ne pourra se résoudre qu'avec une politique volontariste des pouvoirs publics,
02:42vous le dites depuis longtemps.
02:43Or nous sommes dans une période d'incertitude, on va y revenir.
02:47Mais tout d'abord, le gouvernement Macron, qui n'a pas franchement brillé,
02:51je crois qu'on peut le dire par sa politique du logement,
02:53semble se réveiller tout d'un coup, à la veille des élections,
02:57par la voix de Gabriel Attal,
02:59qui annonce la suppression des frais de notaire pour les achats
03:02jusqu'à 250 000 euros pour les plus modestes et pour les primo-accédants.
03:06Est-ce que ça va dans le bon sens pour vous ?
03:08Alors c'est vrai qu'en 8 jours, on a assisté au mea culpa du président de la République
03:12en disant qu'il s'excusait de ne pas avoir fait pour les logements des étudiants,
03:15mais il n'y a pas que le logement des étudiants, il y a le logement de tous les Français.
03:18Alors les frais de notaire, je ne comprends pas que M. le Premier ministre
03:22n'ait pas été mieux conseillé que ça.
03:24D'abord, dans les frais de notaire, on ne peut pas priver les notaires
03:26de la rémunération de l'acte qu'ils vont réaliser, c'est leur travail,
03:29à moins que l'État prenne en charge de déménager les notaires à la place de la terreur.
03:33En réalité, c'est un abus de langage.
03:35Ce sont les droits de mutation au moment de la transaction
03:38qui profitent au département et aux collectivités.
03:41C'est facile quand même pour l'État de s'engager pour le cause des collectivités locales,
03:44je n'ai pas encore vu réagir, mais il aura mieux valu préciser
03:48prise en charge par l'État des droits de mutation aux collectivités.
03:52La mesure, elle est bonne, on ne va pas dire que ce n'est pas bien,
03:55mais en réalité, si vous êtes à 260 000, vous n'auriez plus le droit,
04:00je dirais, à cette mesure, qu'elle soit dégressive ou simplement permis
04:04à tout primo-accédant à la propriété, parce que ce sont bien les primo-accédants
04:08aujourd'hui qui souffrent de cette situation-là,
04:11c'est-à-dire les gens qui n'ont jamais pu accéder.
04:13Et quand on connaît les difficultés sur le marché logistique,
04:16on ne peut pas louer, on voudrait acheter, on a besoin d'être aidé,
04:19et je crois que ce parcours des jeunes ménages doit être accompagné.
04:22Mais on le réclame depuis un an et nous n'avons rien vu venir,
04:26et puis c'est un peu tard.
04:27Et là, on le rappelle, c'est évidemment une promesse de campagne.
04:31Alors, on le disait, certitude liée à cette dissolution,
04:35chacun y va de ses promesses, le Front Populaire fait ses sorties, lui aussi,
04:38la loi anti-squad sera supprimée s'ils sont élus.
04:41Ils ont toujours trouvé cette loi trop répressive,
04:44elle criminalise, selon eux, les locataires.
04:46Ça vous inspire quoi, ce genre de promesses, Loïc Quentin ?
04:50Je dirais que ça nous inquiète, parce que sur l'avenir du parc locatif,
04:53déjà que les investisseurs en France boudent l'investissement locatif.
04:56Et il faut comprendre qu'on a besoin de tout pour avoir un équilibre dans nos sociétés.
05:00Un parc locatif privé, un parc locatif public,
05:03et un parc accès sur la propriété.
05:05Et je crois qu'il faut arriver à créer cette entente sur le marché,
05:08mais à opposer des propriétaires aux uns et les empêcher,
05:11ou leur priver de leurs droits de propriété
05:13quand le logement est occupé par les tiers, notamment par des squatteurs,
05:17ce n'est pas pensable.
05:18Donc, on va continuer à faire peur à une catégorie de propriétaires,
05:22et on a vu dans leur proposition aussi,
05:24l'encadrement des loyers dégénéralisé partout où il y a un marché tendu.
05:29On va continuer à entretenir une désaffection des Français pour l'investissement locatif.
05:34Mais qui va acheter demain pour louer,
05:36et notamment accompagner les jeunes,
05:38et notamment jeunes travailleurs, jeunes étudiants qui ont besoin de logement,
05:41et puis des familles tout simplement.
05:42Il n'y a pas que le parc social qui loge les Français.
05:44Le parc privé est un des grands acteurs au moins à part égale.
05:477 300 000 logements dans le parc locatif.
05:50Il faudrait quand même se le rappeler.
05:52Merci Loïc Quentin, Président de la Fédération Nationale de l'Immobilier,
05:55l'AFNAIM, merci d'avoir été en direct avec nous sur Europe.