La Banque Centrale Européenne annonce jeudi baisser de nouveau ses taux directeurs. "Ce n'est pas énorme, mais ça va dans le bon sens", estime Pascal Boulanger, président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI).
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00:00Bonsoir à toutes et à tous, ce soir nous parlons d'un secteur en crise qui alerte
00:08depuis des mois, qui alerte depuis des années même.
00:11Bonsoir Pascal Boulanger.
00:12Bonsoir Camille.
00:13Vous êtes Président de la FPI, la Fédération des Promoteurs Immobiliers.
00:15Avant qu'on se parle de ce qui va mal, peut-être quelque chose qui va bien ce soir pour vous.
00:19La Banque Centrale Européenne, la BCE, vient de baisser ses taux de directeur pour la deuxième
00:24fois.
00:25La première c'était en juin.
00:26C'était une bouffée d'air frais.
00:32Oui, c'était incontestablement une bouffée d'air frais.
00:35Ils viennent de baisser de 0,25 et nous on sait qu'un point, ça resolvabilise 10% de
00:41la clientèle.
00:42Donc là on peut estimer qu'on a resolvabilisé 2,5% de la clientèle, ce n'est pas énorme
00:45mais ça va dans le bon sens.
00:46Oui parce qu'on l'explique bien, si c'est plus facile et moins cher pour les banques
00:50d'emprunter, ce sera potentiellement pour des acheteurs particuliers ou professionnels
00:54plus facile.
00:55Est-ce que ça veut dire que vous vous attendez à ce qu'il y ait au moins un effet psychologique
01:00au-delà d'une baisse du coût de l'emprunt, que ça redynamise votre marché ?
01:05Ça va dans le bon sens.
01:06De là à redynamiser le marché, non, je ne pense pas que ça va l'améliorer dans cette
01:11crise profonde, violente que nous vivons.
01:13Donc c'est une bonne nouvelle, ça ne va pas tout changer.
01:16Parce qu'on comprenne bien, le secteur de la construction neuve aujourd'hui va mal,
01:20va de plus en plus mal ?
01:21Ecoutez, moi je suis l'oiseau de mauvaise augure.
01:24Tous les trimestres, j'annonce qu'on a touché le fonds et tous les trimestres, on est encore
01:27plus mauvais que le trimestre précédent ou que le trimestre N-1.
01:30On est aujourd'hui à peu près à la moitié, aussi bien en mise en vente qu'en réservation,
01:36d'une année normale.
01:37Donc on est à moins 50 et on continue à baisser, on va finir l'année peut-être à
01:41moins 60, moins 65, on verra bien.
01:43Donc oui, ça va très très mal.
01:45Bien sûr, comment voulez-vous faire un business model quand vous êtes à 35 ou 40% de votre
01:49objectif ?
01:50Ça veut dire quoi ? Il n'y a pas de demande, il n'y a pas d'offre non plus ? Tout est
01:54bloqué ?
01:55Tout est bloqué.
01:56Au départ, on avait un problème d'offre.
01:57Les maires n'aimaient plus tellement donner des permis de construire, les maires bâtisseurs
02:00n'étaient plus à la mode.
02:01Et depuis la montée des taux d'intérêt, nous n'avons plus de demandes, nous avons
02:04une demande qui n'a pas été solvable.
02:05Donc comme nous n'avons pas beaucoup de demandes, nous ne mettons plus rien à l'offre et la
02:10crise alimente la crise.
02:12C'est ça le vrai problème, c'est qu'aujourd'hui, je vous dis que j'ai un problème de demande.
02:16Le jour où la demande reviendra, elle va revenir, je le pense.
02:19Le jour même, je dirais j'ai un problème d'offre parce que comme nous ne mettons plus
02:22rien à l'offre, quand il y aura la demande, nous n'aurons pas assez d'offres, c'est assez
02:26kafkaïen d'ailleurs.
02:27Parce que parfois, il y a des projets qui sont autorisés par des élus mais qui ne
02:30naissent pas quand même ?
02:31Oui bien sûr.
02:32J'ai mis une nouvelle stat en circuit dans nos statistiques, j'ai fait ma conférence
02:35de presse il y a une semaine où nous avons 23% de retrait de logement dû à des causes
02:42commerciales, non pas des causes techniques, non pas des causes juridiques, à des raisons
02:46commerciales.
02:47On a essayé de vendre, ça ne vend pas, on retire.
02:49Donc aujourd'hui, ce problème d'offre que j'entends quelques fois est désuet.
02:53C'est vraiment relancer cette demande qui existe, le besoin est là, la demande est
02:57là mais elle n'est pas forcément solvabilisée.
02:59Et une fois qu'on aura remis cette demande en route, on traitera le problème de l'offre
03:02qui sera insuffisante.
03:04Et quel impact ça a pour vous, promoteurs immobiliers ?
03:07Est-ce qu'il y en a qui doivent procéder à les licenciements ?
03:10Est-ce qu'il y en a qui mettent carrément la clé sous la porte ?
03:12Alors il y a de tout.
03:14Il y a des promoteurs qui ont...
03:15En fait, le secret, c'est la trésorerie et les fonds propres.
03:18Ceux qui ont une grosse trésorerie et les fonds propres font le doron, mais tous, quelle
03:22que soit leur taille, de petits aux plus gros promoteurs français, tous ont licencié,
03:26tous réduisent leur voilure, si vous me permettez l'expression, et certains déjà, malheureusement,
03:32mais ça je l'ai annoncé depuis longtemps, ont déjà mis la clé sous la porte.
03:34Et c'est dans toutes les régions de France que la situation est la même ou...
03:37Oui, ça va mal partout.
03:38Oui, c'est plutôt un problème national, c'est une conjoncture nationale, c'est un
03:42problème qui est global, il n'y a pas la confiance, il n'y a pas les financements,
03:48donc oui, c'est national.
03:49Et il n'y a pas de marge de manœuvre ? Vous vous dites on ne peut pas baisser nos prix ?
03:52Non, c'était le grand débat qu'on avait avec le gouvernement qui disait mais le logement
03:56est trop cher, donc faisons un peu souffrir les professionnels, ils vont s'adapter.
03:59Et mon débat a toujours été de dire non, on n'a pas de marge de manœuvre, nos marges
04:03sont très faibles, et donc qu'est-ce qui se passe ? On ne baisse pas nos prix parce
04:07que techniquement, on n'y arrive pas, on quitte le marché.
04:10Vous parliez du gouvernement, il y avait un ancien gouvernement, on n'en a pas encore
04:13un nouveau.
04:14En revanche, on a un nouveau Premier Ministre, Michel Barnier, double question, il a déjà
04:17pris plusieurs fois la parole, est-ce que ses prises de parole vous ont donné confiance,
04:22vous ont inquiété ? Et avez-vous déjà eu des échanges avec lui ?
04:25Alors, les prises de parole du Premier Ministre Michel Barnier sont plutôt rassurantes pour
04:29nous.
04:30A chaque fois qu'il prend la parole, il dit il faudra s'attaquer au logement et notamment
04:34à la construction de logements.
04:35Donc, je sais qu'il s'y intéresse, j'ai eu des contacts un peu unilatéraux, ce sont
04:41des messages que j'ai laissés par SMS, je n'ai pas eu de réponse, mais je sais qu'il
04:44en a parlé à quelques députés ou sénateurs qui m'ont fait le retour.
04:46Là, vous pouvez lui lancer le message tout de suite, sur France Info, y compris au futur
04:50sénat.
04:51Je crois qu'il vient d'arriver à Annecy, je pense que c'est les journées parlementaires
04:55des DLR.
04:56Il le sait très bien, nous on a un gros message, ça va très mal, on est à la moitié de l'année
05:00normale.
05:01Il y a une solution.
05:02Aujourd'hui, c'est le contre-la-monde pour nous.
05:04Il y a le PLFR qui va arriver, etc.
05:06On n'a pas vraiment le temps.
05:08Une solution très simple, ne stoppez pas le PINEL à la fin de l'année, reportez-le
05:13pour encore trois ans.
05:14Le PINEL doit s'arrêter au 31 novembre 2024, nous on demande qu'on le reporte encore de
05:18trois ans et dans la version qui était le PINEL d'avant 2022.
05:21Alors, je veux juste préciser qu'on parle du dispositif PINEL qui est un dispositif
05:25d'investissement locatif qui permet à des particuliers d'acheter dans le neuf avec une
05:29réduction d'impôts à condition de pratiquer des loyers plafonnés, effectivement, normalement.
05:33Ça doit s'arrêter en fin d'année.
05:37Il n'y a pas encore de budget, parce qu'il n'y a pas encore de gouvernement.
05:39Vous vous dites que ce n'est pas encore perdu ?
05:40Mais ce n'est pas encore perdu parce qu'en plus, la semaine dernière, la Cour des Comptes
05:44a sorti un rapport sur le PINEL qui était favorable, pas parfait, mais favorable, qui
05:50dit que c'est comme ça que les locataires sont heureux, que ça permet de lancer, le
05:54PINEL permet aussi de lancer les programmes, parce que les investisseurs viennent au début,
05:58ça permet de lancer des programmes de logements sociaux, il y a une crise dans le logement
06:01social.
06:02Nous, les promoteurs privés, la FPI, nous produisons 54% du logement social en France.
06:07Comment fait la moitié moins ?
06:08A du concurrence, on produit la moitié moins aussi de logements sociaux que d'habitude,
06:12donc le PINEL a cet effet vertueux qui permet de déclencher les programmes.
06:15Et donc nous, ce qu'on appelle, on ne peut pas être dans la complexité, on a, je dis
06:19toujours, il y a une maladie chronique du logement, on a un peu le temps de la gérer,
06:23mais là, on est dans l'urgence médicale et la réponse à l'urgence médicale, c'est
06:28ne stoppez pas le PINEL au 31 décembre, remettez-le dans sa version qui marchait bien
06:32d'avant le 31 décembre 2022, et vous allez voir, ça va dérouler.
06:35Effectivement, ce rapport de la Cour des comptes disait qu'il ne remplissait qu'imparfaitement
06:39son objectif de construction, mais qu'il avait largement contribué au déclenchement
06:43d'opérations immobilières qui n'auraient pu, au moins, rapidement aboutir, impossible
06:46d'en évaluer précisément l'impact, dit la Cour, mais vous vous dites, n'abandonnons
06:50pas le PINEL.
06:51Oui, la Cour disait, n'abandonnons pas le PINEL, continuons-le, et la Cour disait, il
06:55est impossible d'évaluer l'impact parce qu'ils n'ont pas les stats, c'est pas parce
06:58que c'est pas possible, c'est parce qu'ils n'ont pas cette statistique, mais le rapport
07:01est quand même favorable, et moi je remercie d'ailleurs la Cour des comptes d'avoir fait
07:04un rapport que nous on trouve objectif.
07:05Et on attend votre appel sur France Info, merci beaucoup Pascal Boulanger.
07:09Merci à vous.
07:10Président de la Fédération des promoteurs immobiliers, vous étiez notre invité éco
07:12sur France Info.