Dans un entretien accordé au Parisien, le patron du RN a dévoilé les principales mesures de son programme en cas d'accession au pouvoir, notamment l'abrogation de la réforme des retraites "à partir de l'automne".
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00:00Avec nous Nicolas Dozez, Mathieu Croissando et Franck Aliziot. Bonjour, merci d'être avec nous, vous êtes membre du Bureau National du Rassemblement National,
00:11député sortant dans la 12e circonscription des Bouches-du-Rhône. On a beaucoup de questions à vous poser ce matin sur les dernières nouveautés que l'on découvre sur le programme
00:22du Rassemblement National pour ses législatifs. On va tout de suite aller sur ces mesures. On va en prendre une d'abord, c'est la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité.
00:30C'était une promesse et puis finalement, ce matin, dans les colonnes du Parisien, on apprend que pour le moment, c'est une mesure qui est enterrée, qui se fera peut-être plus tard.
00:40Est-ce que cet enterrement, entre guillemets, ça ne va pas un peu décevoir vos électeurs ?
00:47Non, ce n'est pas un enterrement. Ça s'appelle ce qu'on va avoir à faire dans quelques semaines, un arbitrage budgétaire. C'est-à-dire qu'il y avait deux engagements sur la TVA.
00:58L'engagement sur la baisse de la TVA sur l'énergie, sur les carburants, sur les énergies et la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité.
01:07Ce qui est quand même un symbole fort pour votre électeur.
01:09Évidemment, nous avons décidé d'abord de faire passer en priorité la baisse de la TVA sur les énergies. La baisse de la TVA sur les énergies, c'est le symbole des symboles,
01:18puisque ça fait à peu près cinq ans que les Français se plaignent du prix du carburant, que le prix du carburant, de l'électricité, du gaz a flambé.
01:26C'est la priorité absolue en matière de pouvoir d'achat. On ne peut pas faire tout, tout de suite. Si on vous disait qu'on allait faire tout, tout de suite, que ça va être le grand soir,
01:33vous ne nous croirez pas, on serait des démagogues et vous auriez raison.
01:36Commençons par la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité. J'insiste, c'est quand même un symbole de l'électorat, c'est une mesure forte,
01:44c'est une mesure que les électeurs ont bien en mémoire. Et vous leur dites, en fait, pas pour tout de suite.
01:51On ne peut baisser les impôts qu'uniquement s'ils sont financés. En face des baisses d'impôts, il faut qu'il y ait des économies.
01:58Donc la priorité, il faut choisir entre les deux baisses d'impôts. C'est assez logique, on ne peut pas faire tout, tout de suite.
02:05Les promesses seront honorées d'ici 2027.
02:08Mais il n'y a pas de date.
02:10Dans le premier projet de loi de finances, ce sera la TVA sur la baisse des carburants.
02:15Parlons du coût des mesures. Baisse de la TVA à 5,5 sur l'énergie, ça coûte combien aux finances publiques ?
02:20Pour l'instant, je crois que c'est de l'ordre de...
02:2317 milliards.
02:24Non, ce n'est pas notre calcul à nous.
02:27C'est le chiffre qui a circulé.
02:29Ce n'est pas notre calcul à nous.
02:30C'est difficile d'estimer. C'est de toute façon énorme. La TVA, c'est la première recette publique.
02:34Dès que vous tripatouillez la TVA, les montants sont tout de suite très lourds.
02:37Vous dites que c'est financé. C'est financé comment ?
02:40On va s'attaquer tout de suite aux gisements d'économies sur lesquels personne ne s'est attaqué depuis des années.
02:46C'est-à-dire une véritable et une drastique lutte contre la fraude fiscale et sociale.
02:51Une redégaussation à Bruxelles, ce que la majorité des États membres ont fait de leurs contributions.
02:57Nous, nous sommes contributeurs nets à la hauteur de 10 milliards.
03:01On l'était à la hauteur de 1 milliard sous Chirac, qui n'était pas particulièrement un anti-européen.
03:06Il faut revenir à une contribution raisonnable.
03:09La majorité des États membres l'ont fait. On ne l'a pas fait. Il faudra le faire.
03:12Là, vous voyez, il y a plusieurs milliards. Il y a jusqu'à 8 ou 9 milliards à récupérer.
03:16Et enfin, évidemment, ça prendra un petit peu plus de temps, c'est l'arrêt, le moratoire de l'immigration,
03:21qui rapportera également une vingtaine de milliards par an.
03:24Voilà les vrais gisements auxquels personne ne s'est attaqué depuis des décennies.
03:29C'est ce qu'on fera pour retrouver les marges de manœuvre budgétaires.
03:32Sur l'histoire de la lutte contre la fraude, d'énormes progrès ont été faits,
03:35notamment depuis la cellule de dégrisement de Michel Sapin.
03:37On a vraiment fait des vrais progrès.
03:39On se rend compte qu'en dépit de tous les efforts qui ont été menés,
03:41on plafonne un peu toujours au même montant.
03:43On arrive à faire rentrer contre la fraude sociale.
03:45Il y aurait des gisements, mais c'est de l'argent qui est difficile à aller chercher.
03:48Pourquoi ?
03:49Parce que c'est de l'argent caché.
03:50On est entre 10 et 11 milliards d'argent qu'on fait rentrer tous les ans
03:54en luttant contre la fraude fiscale.
03:56En luttant contre la fraude sociale, on fait rentrer environ 2 milliards par an.
03:59Ça fait des années qu'en dépit des efforts qui ont été engagés,
04:01notamment avec l'aide de l'informatique, on peine à aller bien au-delà.
04:04S'imaginer que tout d'un coup, on va passer de 11 milliards d'argent recouvrés à 20, je n'y crois pas.
04:09Et s'agissant de la contribution française à l'Union européenne,
04:11la France peut décider souverainement de dire qu'on ne verse plus que 2 milliards sur les 10 qu'on versait jusqu'à présent, Mathieu ?
04:18En engageant un bras de fer avec ses partenaires.
04:20Ça, c'est toujours une option.
04:22Mais après, si elle veut pouvoir renégocier, par exemple, la formation du tarif de l'électricité,
04:27vous faites un bras de fer, on n'est plus forcément enclins à négocier après avec vous.
04:31Tout est une affaire de diplomatie européenne.
04:34Et là, pour le coup, vous n'allez pas pouvoir fermer des portes
04:36et demander par ailleurs qu'on accède à vos demandes, si ?
04:39À un moment donné, le bras de fer avec la Commission de Bruxelles sera inévitable.
04:44Ça fait 30 ans qu'il est évité par tous les gouvernements.
04:47Nous, nous ne l'éviterons pas.
04:48À un moment donné, oui, il y aura un bras de fer.
04:50Un pays comme le Portugal, qui n'a pas le même poids économique, diplomatique en Europe,
04:55a réussi, par exemple, la baisse de la TVA, il a réussi à le négocier.
04:59Et encore une fois, la majorité des pays ont négocié à un moment ou à un autre un rabais par rapport à leur contribution.
05:05Donc oui, il faudra avoir le courage d'entamer ce bras de fer avec la Commission européenne.
05:11La France joue le jeu, il faut que la Commission européenne joue le jeu.
05:14Est-ce que vous êtes prêts à gouverner ?
05:16Parce que quand on lit l'interview de Jordan Bardet, là, ce matin,
05:18on vous parle, par exemple, du redressement des services publics, là, il dit
05:21il faudra faire un choix, mais on ne sait pas lequel.
05:23On parle d'économie, il dit nous sommes en train de regarder les pistes,
05:27d'identifier les pistes d'économie dans les mauvaises dépenses de l'État.
05:29Tout ce travail n'a pas été fait, on a l'impression.
05:32Mais non, ce travail a été fait.
05:34À un moment donné, il va falloir faire un audit.
05:37Mais la situation est connue.
05:39Globalement, oui.
05:40Elle est entre très grave et très très grave.
05:42Et catastrophique, voilà.
05:43À partir d'un moment donné, il faudra faire des choix, il faudra hiérarchiser,
05:47il faudra prioriser, mais je vous rassure, je vous inquiète,
05:50il y aura une véritable rupture avec ce qui est fait depuis 30 ans.
05:54Ça, j'entends bien.
05:55On prendra de la socialité et on trouvera d'autres moyens de faire des économies
05:59que ce qui a été fait depuis 30 ans.
06:00Et on baissera d'autres impôts que ceux qui sont baissés
06:03ou plutôt augmentés depuis 30 ans.
06:05La première priorité, par exemple, c'est de cesser très vite
06:08d'être le champion du monde des prélèves obligatoires.
06:10Alors, je pense que baisser la TVA sur les baisers d'énergie, par exemple,
06:13est juste une totale erreur stratégique.
06:15Parce que les prix sont en train de baisser.
06:18Et les prix de l'électricité, effectivement, vont baisser de 15% en février,
06:21que ce soit un engagement politique ou passé.
06:23Mécanique, par rapport au phénomène de formation des prix de long terme
06:26qui se reporte sur les deux années précédentes.
06:28Ce qui veut dire qu'en l'année 2022, de la flambée des prix de l'énergie
06:31et derrière nous, elle ne sera pas prise en compte pour les calculs de 2023.
06:34Le problème de la TVA, c'est que ce n'est pas un ascenseur
06:36qui va exactement aux mêmes étages.
06:37Quand vous montez la TVA, vous êtes sûr que c'est les consommateurs qui payent.
06:40Quand vous baissez la TVA, généralement, vous remplissez les poches des producteurs.
06:43Et par ailleurs, vous la montez pour tout le monde et vous la baissez pour tout le monde.
06:46Bien sûr. De toute façon, oui, c'est pour tout le monde.
06:47Et en plus, dès que vous touchez à la TVA, je rappelle que la TVA,
06:50ça rapporte pratiquement 200 milliards d'euros par an.
06:53Donc, tout petit mouvement de TVA, c'est tout de suite beaucoup d'argent.
06:56Je pense que s'il y a des priorités, comme dit monsieur,
06:58ce n'est pas d'aller baisser la TVA sur l'énergie,
07:00alors que les prix sont orientés à la baisse carburant comme électricité.
07:02Est-ce que vous réussirez à compenser cette baisse de TVA ?
07:05Oui. Oui, par définition. On va s'attaquer tout de suite à faire des économies.
07:09On va tout de suite serrer les vis de partout.
07:11Vous savez, c'est à l'échelle municipale, mais ça reste un budget.
07:14Lorsqu'on est arrivé à la tête de nos mairies,
07:16on a pu faire des économies très, très vite parce qu'il y avait des gaspillages
07:19et des gisements d'économies très rapides.
07:21Vous ne dites pas qu'on va tailler dans les dépenses d'éducation,
07:23ou tailler dans la santé, ou tailler dans la défense.
07:25Il y a un moment où il faut être plus précis que ça.
07:27Je viens de parler de trois gisements d'économies.
07:30Après, on peut développer. Évidemment qu'il y a des gaspillages.
07:32Évidemment, il y a de la gabarit publique sur laquelle on va être très attentif.
07:36Mais oui, par définition, il y a déjà des gisements d'économies.
07:39Je vous en ai cité trois. On pourrait en citer d'autres.
07:41Je prends deux totems de votre électorat qui ne coûtent pas cher pour le coup.
07:43L'éloignement des délinquants et des criminels étrangers.
07:47Oui, c'est notre objectif, mais il faudra lever les obstacles administratifs.
07:51Je prends l'interdiction du voile dans l'espace public,
07:54qui était quelque chose que réclamaient vos députés, votre candidate.
07:57Là, pour le coup, ça sera oui, mais en 2027.
08:00Citez aussi les bons exemples.
08:01Par exemple, l'AME. En même temps, on est sur l'immigration et sur le budget.
08:04L'aide médicale d'État.
08:06On passe à une aide uniquement d'urgence.
08:08Ça fait économiser quasiment un milliard.
08:11Mais sur les mesures qui ne coûtent pas cher dont je vous ai parlé.
08:13Les OQTF ou le voile islamique.
08:16Le voile islamique, on va voir.
08:18On a à agir sur l'immigration tout de suite.
08:20On va engager une grande bataille qui est le retour au droit du sang.
08:24C'est important.
08:25C'est quelque chose qui est promis d'ailleurs par la droite depuis très longtemps.
08:29La fin du droit du sol qui est l'un des facteurs qui crée l'anarchie migratoire dans notre pays.
08:36Ça va être fait.
08:37Tout ne peut pas être fait immédiatement.
08:41Justement, la bataille va être rude.
08:42Donc, on ne peut pas mener toutes les batailles en même temps.
08:44Vous ne changerez pas la constitution si vous êtes au gouvernement.
08:47Il faut être à l'Élysée pour ça.
08:49Revenir, revenir, revenir.
08:51Le droit du sol n'est pas dans la constitution.
08:53On peut commencer à faire une réforme du code de la nationalité.
08:56Une dernière chose.
08:57Une phrase de Jordan Bardella qui dit qu'il nous faudra une majorité absolue.
09:00C'est ce qu'il dit ce matin dans les colonnes du Parisien aujourd'hui en France.
09:02Il dit que si on a une majorité relative, on n'arrivera pas à engager les réformes qu'on souhaite.
09:07Ça veut dire que si dans 15 jours, le Rassemblement national ne dispose que d'une majorité relative.
09:13Et si le président de la République lui demande de venir à Matignon, il refusera.
09:17Le président ne peut pas lui demander d'aller à Matignon s'il n'y a pas de majorité.
09:22S'il a une majorité relative.
09:24Mais il y aura immédiatement une motion de censure du Parlement, des députés.
09:29Sans majorité absolue, le Rassemblement national n'ira pas.
09:32C'est l'esprit et la lettre des institutions de la Ve République.
09:35On ne peut pas gouverner sans une majorité.
09:37Ça s'appelle le fait majoritaire.
09:38C'est pour ça que nous demandons aux électeurs de nous envoyer un mandat
09:41franc.
09:42Mais que se passe-t-il en cas de majorité relative ?
09:45Là, c'est la résocialité du problème public qui a essayé de dissoudre.
09:48À partir de là, il n'y aura pas de majorité.
09:51Mais la tradition voulant que le président nomme un Premier ministre
09:54dans le groupe qui a la majorité même relative, que sera Jordan Bardella ?
09:57Nous, on peut toujours essayer de constituer un gouvernement.
09:59Mais ce gouvernement, par définition, si on n'a pas de majorité,
10:01l'idée c'est d'avoir une majorité absolue.
10:03Je vais être sûr de votre réponse, Monsieur Elisiot.
10:05Si le Rassemblement national n'a pas de majorité absolue,
10:10Jordan Bardella n'ira pas à Matignon.
10:12Encore une fois, on ne pourra pas gouverner,
10:14on ne pourra pas réaliser notre programme.
10:16Donc, s'il y a une majorité relative, non.
10:18Et vous appellerez à la démission de Emmanuel Macron ?
10:20Et le Président de la République prendra ses responsabilités.
10:23La logique, à un moment donné, si le système est complètement bloqué
10:26et qu'on vient d'utiliser la cartouche de la dissolution
10:29et qu'elle n'est pas réutilisable, vous le savez, pendant un an,
10:31oui, le Président devra prendre ses responsabilités.
10:33Mais l'objectif, c'est d'avoir une majorité absolue
10:36pour pouvoir mettre en œuvre notre projet.
10:38Merci d'être venu nous voir.
10:40C'est pas toute première édition.