Baccalauréat 2024 - L'épreuve de philosophie

  • il y a 3 mois

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, l'épreuve de philosophie du Baccalauréat 2024.

Vous voulez réagir ? Appelez-le 01.80.20.39.21 (numéro non surtaxé) ou rendez-vous sur les réseaux sociaux d’Europe 1 pour livrer votre opinion et débattre sur les grandes thématiques développées dans l'émission du jour.
Retrouvez "Pascal Praud et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous

Category

🗞
News
Transcript
00:00Il est 12h37, on parle philo.
00:02Europe 1, Pascal Praud.
00:05C'était le Bac de philo pour la série Générale, les sujets étaient proposés, étaient-les suivants ?
00:09La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ?
00:12Je ne sais pas ce que vous en pensez Géraldine ?
00:14Oh là !
00:15La science peut-elle satisfaire...
00:17Le Big Bang ! On a besoin de savoir !
00:20Non mais c'est vrai, la création de l'univers !
00:22Oui, mais attend, avant que vous sachiez la création de l'univers, il va se passer un peu de temps.
00:27La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ?
00:31L'État nous doit-il quelque chose ?
00:33Voilà un bon sujet. Est-ce que l'État nous doit la protection, la sécurité, que sais-je, de l'argent, des aides ?
00:41La nature est-elle hostile à l'homme ?
00:43Ça c'était pour la série Technologique et je trouve que ce sujet est intéressant.
00:47La nature est-elle hostile à l'homme ?
00:49Est-ce qu'il faut domestiquer la nature ?
00:51Alors ça c'est un sujet très politique.
00:53L'artiste est-il maître de son travail ?
00:56Je ne sais pas ce que ça veut dire.
00:58L'artiste est-il maître de son travail ?
01:00C'est l'inspiration divine ?
01:02C'est le doigt de Dieu qui a envoyé à Mozart son intuition ?
01:06On peut en parler peut-être avec Nicolas qui est prof au lycée à Valenciennes, je crois.
01:10Bonjour Nicolas !
01:11Et il surveillait les épreuves ce matin.
01:12Bonjour Nicolas, vous êtes prof de philo ?
01:14Non, non, non, non, en économie.
01:16Vous êtes prof en économie et vous surveillez les élèves, c'est quatre heures ?
01:20Quatre heures, tout à fait.
01:23Pour une surveillance, il n'y a plus vraiment de prof 2 ou prof 2.
01:28C'est toute l'équipe enseignante de l'établissement qui surveille l'ensemble des épreuves durant la semaine pour le bon déroulement.
01:36Il y avait combien d'élèves devant vous ?
01:38Bien sûr, c'est impartable.
01:40Entre 26 et 27, entre 25 et 30.
01:44Bon, est-ce que les 26-27 ont planché quatre heures ou est-ce que certains ont quitté la salle dès la première heure ?
01:51On a le droit de sortir au bout d'une heure ?
01:53Alors moi j'étais en lycée.
01:56Ce matin j'ai par exemple surveillé l'épreuve en général.
02:00Donc ils vont au bout des quatre heures pour on va dire 90-95%.
02:09C'est le sujet 2 qui a beaucoup plu lorsque je passais dans les rangs.
02:13L'état nous doit-il quelque chose ?
02:15Voilà, c'est ça.
02:18On voyait en passant dans les rangs qu'énormément d'élèves avaient pris ce sujet-là.
02:24Est-ce qu'on peut dire sujet d'actualité ? Je ne sais pas.
02:28Est-ce qu'on peut faire un lien avec la dissolution ?
02:31Mais en tout cas, en effet, on voyait les mots sécurité, argent, finance, etc.
02:40Et finalement, dans la salle où j'ai surveillé, 85-90% ont pris le sujet 2.
02:47Ce qui serait intéressant c'est d'avoir un petit peu des pistes.
02:50Je ne sais pas si vous avez pu échanger, s'il y avait des profs de philo avec vous.
02:53Vous-même, qu'en pensez-vous ? L'état nous doit-il quelque chose ?
02:56Alors, on va dire, en philo, maintenant j'ai 40 ans,
03:01mais de ce que je me souviens à l'époque, notre professeur nous disait toujours
03:05que la prise de position n'était pas forcément toujours ce qui était demandé.
03:09Le but, c'était vraiment de montrer les deux côtés.
03:12Par exemple, pourquoi oui, pourquoi non ?
03:14Ou pourquoi, entre guillemets, quels sont les avantages, les inconvénients, les atouts, etc.
03:20Pour moi, en tout cas, surtout là, finalement, ça rejoint un peu aussi l'économie.
03:25Puisque l'État nous doit-il quelque chose ?
03:27En tout cas, on le voit aussi en écho,
03:30on va dire qu'il y a quand même un minimum que l'État doit fournir.
03:36Mais c'est vrai que là, surtout actuellement avec le contexte politique de la France,
03:40j'ai vu énormément de mots, sécurité, prévention, force de l'ordre, sur les brouillons ce matin.
03:46Est-ce que vous avez vu le mot instruction, par exemple ?
03:49Parce que l'État, est-ce que l'État doit l'instruction ?
03:52L'instruction, qui était un joli mot d'ailleurs, l'instruction nationale,
03:55avant l'éducation nationale, l'instruction d'instruire, d'apprendre à compter, apprendre à lire.
04:00C'est ça, tout à fait.
04:02Alors en effet, l'apprentissage c'est essentiel.
04:05Et d'ailleurs, j'en ai fait mon métier.
04:07Mais c'est vrai que...
04:08Alors, eux n'utilisaient peut-être pas forcément le mot instruction ce matin,
04:12sur les brouillons que j'ai pu voir.
04:14Mais en effet, l'école, certains élèves en ont parlé.
04:18Mais par-dessus tout, là je vous dis, je l'ai vu sur 80% des brouillons,
04:22c'est le mot sécurité, prévention.
04:24Oui, c'est très intéressant parce que ça montre aussi ce qu'est l'époque.
04:30Il y a forcément, ces sujets-là, à 20 ans, 30 ans ou 40 ans de distance,
04:36ne sont pas toujours les mêmes copies.
04:40Eh bien, je vous remercie grandement, Nicolas,
04:44parce que vous allez pouvoir rester encore quelques secondes avec nous, M. Boubouk.
04:48Oui, oui, bien sûr, Pascal.
04:50Vous souhaitez qu'on prolonge peut-être la discussion avec Nicolas ?
04:54Au moins quelques instants, si possible.
04:57L'État nous doit-il ?
04:59On peut tout simplement envisager peut-être l'autre sujet.
05:02La science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ?
05:05Qu'en pensez-vous, cher Nicolas ?
05:07Alors, ça par contre, la science peut-elle satisfaire notre besoin de vérité ?
05:14Là, j'avoue que c'était un sujet qui me paraît plus abstrait que le second.
05:18Après, éventuellement, moi je voulais aussi revenir sur le commentaire de texte,
05:22la condition ouvrière de Simone Veil,
05:25où là, finalement, j'ai vu peu d'élèves le prendre.
05:35Le sujet 2, on en a parlé, c'est 80% des élèves que j'ai pu surveiller ce matin,
05:41et les 20 autres pourcents, c'est le commentaire de texte.
05:46Commentaire de texte, c'est toujours moins, entre guillemets, c'est un peu trivial,
05:49moins casse-gueule, à priori, que de se lancer dans une dissertation.
05:53C'est ce qu'on disait jadis, quand on n'était pas trop sûr de ses connaissances philosophiques,
05:57on s'appuyait sur un commentaire de texte.
06:00C'est ça, et entre guillemets, on avait un premier support
06:05qui nous permettait finalement de disposer d'un minimum d'informations.
06:09Et vous avez évidemment eu le temps de lire ce commentaire,
06:12en tout cas ce texte de Simone Veil,
06:14alors ce n'est pas Simone Veil, évidemment, la femme politique,
06:18mais Simone Veil, la philosophe, qui est morte très jeune d'ailleurs,
06:21je crois qu'elle est morte à moins de 30 ans,
06:23et qui avait écrit un texte sur la condition ouvrière que je ne connais pas,
06:27mais peut-être avez-vous pu découvrir ce texte ?
06:31Alors justement, c'est pareil, finalement,
06:34d'ailleurs, ce qui est marrant, c'est qu'en sortant à midi,
06:37lorsque les élèves rendaient leur copie,
06:39certains nous ont dit, mais les sujets, ils sont féconds,
06:42parce qu'en fait, en tout cas, ces sujets collent vraiment, actuellement,
06:47à la réalité de l'information, de l'actualité en France, j'ai envie de dire.
06:52Quand on voit actuellement l'environnement politique dans lequel on vit,
06:59c'est pareil, finalement, lorsque l'on parle de conditions ouvrières,
07:05c'est pareil, on en revient finalement à ce que l'on vit actuellement,
07:10la dissolution avec les programmes de la gauche, de l'extrême gauche,
07:15les LR, l'ERN, etc.
07:18Finalement, c'est aussi vraiment un sujet d'actualité, la vie ouvrière.
07:22Je lis quelques notes de Simone Veil,
07:25l'un de ses textes les plus importants, la condition travail,
07:28la philosophe estime que la notion de travail comme valeur humaine
07:31est sans doute l'unique conquête spirituelle qui est faite la pensée humaine
07:34depuis le miracle grec.
07:36Merci beaucoup Nicolas, on est avec notre ami Nathan Devers,
07:39que vous connaissez, qui intervient régulièrement sur CNews ou sur Europe 1,
07:43je crois agrégé de philosophie.
07:45Bonjour Nathan.
07:47Bonjour Pascal.
07:48Vous êtes agrégé de philo, c'est bien cela ?
07:50Exactement.
07:51L'État nous doit-il quelque chose ?
07:54Vous avez non pas 4 heures, mais une minute.
07:57C'est dur parce que je n'étais pas au courant du sujet,
08:00vous me l'apprenez à l'instant.
08:02Écoutez, l'État nous doit-il quelque chose ?
08:04La première question que ce sujet pose,
08:09c'est la question de savoir dans quelle mesure
08:12on peut fonder un État, c'est une dimension contractuelle.
08:16Le citoyen accepte de donner quelque chose à l'État,
08:19en l'occurrence de renoncer à sa liberté en tant qu'elle est indéterminée,
08:23en tant qu'elle est absolue, en tant qu'elle est naturelle,
08:26et donc c'est en quelque sorte une sorte de sacrifice.
08:29Mais en échange, l'État s'engage à lui garantir un certain nombre de choses,
08:33à lui garantir le fait qu'il ne va pas vivre,
08:35ça c'est la théorie notamment de Hobbes et toutes les théories du contrat social,
08:38le fait qu'il ne va pas vivre dans une situation
08:41où l'homme est livré à lui-même et donc l'homme peut devenir un loup pour l'homme
08:44et donc il est dans une situation potentielle de guerre de tous contre tous,
08:47lui garantir aussi, précise Hobbes, une certaine forme de bien-être, etc.
08:52Ça c'est une première dimension.
08:54La deuxième dimension qu'on peut investiguer dans ce sujet,
09:00c'est se demander dans quelle mesure les libertés auxquelles renonce l'individu
09:04vont être échangées contre des libertés,
09:07contre des droits qui sont posés par l'État,
09:09qui sont inaliénables et qui sont inconditionnels.
09:11Merci, je vous mets 18 et je dis aux auditeurs,
09:15vous venez d'assister à ce qu'un esprit formaté à penser
09:20et peut-être supérieur comme Nathan Devers
09:23est capable de dire sur un sujet qu'il ne connaissait pas en quelques secondes.
09:27Et c'est pourquoi ce monsieur est agrégé de philo,
09:29c'est pourquoi il a fait NormalSup,
09:31mais vous n'y pouvez rien !
09:32Dieu vous a fait comme ça, ne vous en vantez pas Nathan Devers !
09:35Vous n'y pouvez rien !
09:37Mais c'est vrai que cette capacité à réfléchir et à dire,
09:40et à mettre les choses, et à conceptualiser les choses
09:43est toujours passionnant et intéressant à vous écouter.
09:46De rien, de rien Pascal !
09:4712h40 sur 7 !
09:49Merci cher Nathan Devers, merci beaucoup !
09:51Le débrief dans une seconde !
09:53Vous écoutez Pascal Fraude dans 1h à 13h sur Europe 1, à tout de suite !

Recommandée