• il y a 5 mois

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00:00Générique
00:15Bonsoir. Je tiens là un livre d'histoire politique du Cameroun,
00:21rédigé par un de nos plus éminents universitaires,
00:24le professeur Magouar Goundoua, sur l'état unitaire au Cameroun.
00:29C'est que, justement, nous avons rendez-vous avec l'état unitaire et son histoire,
00:36mais également un des acteurs majeurs de cette histoire.
00:40Au sens de Thomas Carlyle, écrivain et historien britannique,
00:45l'histoire du monde n'est, à la vérité, que la biographie des grands hommes.
00:51Il en est du monde comme du Cameroun,
00:54qui vient de tourner une page importante de son histoire cette semaine,
00:58étouffant ainsi la biographie d'un homme d'état, Paul Bia,
01:02qui présidait au boulevard du 20 mai 1972 sa 37e parade militaire et civile
01:09à l'occasion des 51 ans de l'état unitaire.
01:13La pluie qui a arrosé la capitale camerounaise et les manifestations
01:17n'étaient pas assez fortes pour doucher le souvenir et les images
01:22de la présence d'un homme réputé discret
01:26qui participe de cette histoire camerounaise et qui, en 1972,
01:31année du référendum de l'état unitaire justement,
01:34passait sa licence en droit privé à l'université de Yaoundé.
01:39Philemon Young, puisqu'il s'agit de lui,
01:41connaît bien l'ancien et l'actuel régime qui l'a servi,
01:45tout comme le premier et le second président de la République du Cameroun.
01:50Premier ministre et chef du gouvernement du 30 juin 2009 au 4 janvier 2019,
01:56il détient le record et sans doute le secret de la longévité à ce poste sous le renouveau.
02:03Depuis le 17 avril 2020, il est grand chancelier des ordres nationaux
02:09et c'est l'invité de cette sortie d'actualité hebdo consacrée,
02:13comme je l'ai dit, à l'unité nationale et à son parcours des Titans.
02:19Philemon Young, bonsoir et merci d'accueillir Actualité Hebdo ici dans votre résidence.
02:25Merci, c'est pour moi un grand plaisir d'être avec vous.
02:29Commençons par le défilé d'hier et disons même l'ensemble de la journée.
02:35On a vu certaines personnalités partir du boulevard du 20 mai sous la pluie.
02:39Est-ce que c'était aussi votre cas ?
02:42Oui, effectivement, mais la pluie c'est la bénédiction.
02:46Nous avons tout regardé, tout s'est bien passé et même le soir tout s'est bien passé.
02:52Évidemment la pluie a joué son jeu, c'est tout à fait normal.
02:57Même l'année passée il y a eu la pluie.
03:00Donc la journée était formidable malgré ça.
03:04On a déjà l'habitude de cette pluie le 20 mai, comme vous le dites.
03:09On ne nous a jamais dit si le 20 mai 1972, le jour du référendum, il avait également plu.
03:15Vous qui étiez là ce jour, partagez un peu avec nous les souvenirs de cette journée.
03:21Comment était-elle ? A quoi vous vous êtes occupé vous-même ?
03:25Je ne crois pas qu'il a plu ce jour-là.
03:28C'était plutôt une bonne journée et on était des électeurs.
03:33Parce que le 20 mai on a voté à ce qu'on appelle communément Château d'eau.
03:39C'est l'endroit qui est tout près de l'université de Yaoundé.
03:43En Goykélé.
03:44En Goykélé, à l'époque il n'y avait qu'une seule université fédérale du Cameroun.
03:48Donc on a voté effectivement et nous étions étudiants.
03:53Et je crois que la plupart des gens autour de nous étaient des étudiants de l'université de Yaoundé.
04:00Est-ce que ce référendum a été vraiment nécessaire ?
04:06Je crois que le référendum a été absolument nécessaire.
04:11Nous sommes un grand pays et chaque pays s'organise pour trouver des solutions qui sont bonnes.
04:18Je peux dire qu'avant ça il y avait déjà des problèmes.
04:23Disons qu'en général en Afrique à l'époque il y avait des coups d'État.
04:28Nous étions des jeunes pays et d'ailleurs le Cameroun n'avait qu'à peine 12 ans d'existence.
04:35Donc nous étions un jeune pays et nous n'avions pas à l'époque tous ces grands Camerounais qui sont ingénieurs,
04:43qui sont des professeurs et puis des médecins.
04:47On n'avait pas beaucoup de gens.
04:49Et puis nous étions un pays pauvre.
04:52Je dis un pays pauvre par rapport à ce que nous sommes devenus,
04:56parce que nous sommes un grand pays qui est riche aussi.
04:59Donc à l'époque il fallait trouver une solution à un problème qui se posait.
05:06Quel était ce problème ?
05:07C'est-à-dire que nous avons opté pour le fédéralisme en 1961.
05:12Et le fédéralisme était lourd.
05:17Il y avait trois gouvernements.
05:19Un gouvernement fédéral, un gouvernement à Bouillon, un gouvernement à Yaoundé,
05:25c'est-à-dire deux États fédérés.
05:28Et puis nous avions quatre assemblées.
05:31Il y avait une assemblée fédérale, une assemblée du Cameroun occidental et puis du Cameroun oriental.
05:39Mais en plus le House of Chiefs à Bouillon.
05:42Et je crois que pendant les 12 ans on a vu que c'était lourd, que ça coûtait cher.
05:50Et puis il y avait énormément de frictions.
05:53Donc il fallait trouver une solution.
05:56On était assez mal organisés.
05:59Et avec la centralisation, c'est-à-dire la création de l'État unitaire,
06:04on est devenu un pays plus fort.
06:07Et je pense que le référendum était absolument nécessaire.
06:13D'accord.
06:14En 1984, on est passé de la République unie du Cameroun,
06:19issue de la Constitution du 2 juin 1972,
06:23à la République du Cameroun, suite à une loi de l'Assemblée actée par le chef de l'État.
06:30Certains disent souvent que cela a sapé les fondements et même les fondamentaux de l'unité nationale.
06:36C'est aussi vécu de cette manière par vous.
06:40Est-ce que vous y voyez les débuts d'une crise de l'État unitaire ?
06:45Non. On peut donner cela comme l'une des raisons pour lesquelles les séparatistes avancent.
06:50Mais vous savez, le nom, ce n'est pas ce qui donne du pain aux Camerounais,
06:54ce n'est pas ce qui fait vivre les Camerounais.
06:57Et je crois qu'il y avait aussi la recherche de donner à ce pays un nom
07:01qui correspond à ce que nous voulons être.
07:04Et je crois qu'on peut donner cela comme argument, mais ce n'est pas un argument qui tient.
07:10Pour commencer, le pays est ce qu'il est.
07:14Et le nom de la République du Cameroun nous permet de continuer à travailler.
07:19S'il y avait un acte qui empêchait aux Camerounais de bien travailler, de bien faire les études,
07:25de développer ce grand pays que nous avons, on n'aurait pas pensé que ce soit important.
07:30Donc c'est un argument de séparatistes qui n'est pas important.
07:36À cette période-là, Monsieur le Premier ministre,
07:39qu'est-ce qui soudait les Camerounais entre eux ?
07:43Qu'est-ce qui les reliait fortement ?
07:46Je crois que pour parler de cette question, il faut regarder l'histoire de notre pays.
07:51C'est-à-dire qu'en 1884, les Allemands sont arrivés ici, on est devenu une colonie allemande.
07:59Et par la suite, après la Première Guerre mondiale,
08:04nous sommes devenus un pays divisé entre les Britanniques et les Français.
08:11Et par la suite, il a fallu réunir le pays pour psychologiquement être ce qu'on souhaitait être.
08:19Donc c'était important que l'on puisse redevenir le pays que nous sommes.
08:24Et c'était important d'imaginer que les frères qui se connaissaient avant, à l'époque allemande,
08:30souhaitaient redevenir un pays, un seul pays.
08:34Je crois que c'est ça qui a fait que les Camerounais ont été animés par ce sentiment
08:40de recréer le pays qu'ils connaissaient avant, à l'époque allemande.
08:46Dans le discours officiel, le Cameroun est uni,
08:49mais ce n'est pas toujours le sentiment qu'on a lorsque l'on regarde les réseaux sociaux,
08:55qu'on écoute les débats à la radio ou qu'on les regarde à la télévision.
09:01Pour vous qui avez été au gouvernement et qui en avez même été le chef,
09:05qu'est-ce qui divise autant les Camerounais ?
09:08C'est le partage du pouvoir et ses avantages,
09:11ou alors l'arrogance de ceux qui veulent tout pour eux et rien pour les autres ?
09:17Il y a tout ça.
09:19Mais je crois que le problème de fond, c'est que nous sommes un pays en création.
09:24En 60 ans, on ne peut pas tout faire.
09:27Mais c'est sûr que dans l'avenir, certains des arguments qu'on avance maintenant,
09:32on ne va pas les avoir.
09:34Et on peut imaginer qu'il y a des gens qui donnent des arguments par-ci, par-là,
09:39mais il faudrait une grande éducation, éducation civique,
09:43pour que l'on puisse penser à ce pays simplement en disant que nous sommes tous des Camerounais.
09:49Mais il y a des gens qui peuvent utiliser d'autres arguments,
09:54les séparatistes, les tribalistes et tout ça.
09:57Mais je crois que l'objectif, c'est de créer un pays fort.
10:03Et je crois que nous sommes un pays comme tous les autres.
10:07Aucun pays ne peut tout faire du jour au lendemain.
10:10Vous allez en Europe, vous verrez des pays où il y a des tendances sécessionnistes par-ci, par-là.
10:18Vous pouvez aller aux États-Unis, même à l'intérieur des États-Unis,
10:22vous allez au Canada, il y a des frictions.
10:24Donc je ne crois pas que c'est ça qui devrait décourager les Camerounais.
10:28Ce sont des problèmes que nous avons, mais nous sommes tous capables de trouver des solutions.
10:33Est-ce que nous avons quelque chose à copier du Canada, justement, par exemple ?
10:37Vous avez été longuement en poste comme ambassadeur, me semble-t-il, pendant une vingtaine d'années.
10:44Puisque le Canada a également la chance d'utiliser le français et l'anglais,
10:50qu'est-ce que nous pouvons gagner du Canada ?
10:53Je crois qu'avec le Canada, nous avons énormément de points communs.
10:58D'abord, les deux langues que nous utilisons, les langues principales,
11:04parce qu'il y a l'anglais, il y a le français au Canada,
11:07mais il y a aussi d'autres langues au Canada, comme nous avons d'autres langues ici.
11:11Mais c'est surtout le fait que les Canadiens ont pu mettre ensemble l'expérience de la Grande-Bretagne
11:19et l'expérience de la France.
11:22Ils ont pu créer un pays qui n'est pas parfait, il n'y a pas de pays parfait,
11:27mais nous pouvons regarder le système politique canadien et apprendre certaines choses.
11:33Nous sommes maintenant au niveau de la décentralisation.
11:37Les Canadiens ont plutôt une confédération,
11:40et on peut continuer à travailler ensemble et apprendre certaines choses du Canada et d'autres pays.
11:47Mais je pense que le système canadien est très intéressant.
11:51Nous avons aussi adopté le multiculturalisme,
11:55qui est déjà une politique au Canada depuis longtemps, sous le Premier ministre Pierre-Éliott Trudeau.
12:02Et avec le multiculturalisme, je crois que c'est un début d'une solution.
12:08Ça veut dire que je respecte votre culture et vous respectez la mienne.
12:14Donc il y a l'équité quand on commence à regarder la culture.
12:18Je crois que l'on peut regarder le Canada, mais il faut se méfier d'une solution qui a été fabriquée ailleurs.
12:25Si on essaie de l'amener ici, il faut faire beaucoup de travail.
12:30À propos des facteurs qui divisent les Camerounais et du train de vie des hauts fonctionnaires,
12:36j'ai observé tout à l'heure, de manière en passant tout à fait par hasard,
12:40devant votre parking, il n'y a pas beaucoup de véhicules.
12:43Ce n'est pas souvent le cas chez beaucoup de vos anciens collaborateurs ministres et hautes personnalités de la République.
12:51Comment est-ce que, lorsque vous étiez Premier ministre,
12:55vous gériez ce niveau d'accumulation des richesses, d'enrichissement des personnalités publiques ?
13:04En fait, le Premier ministre est un secrétaire de l'État.
13:10Il n'utilise que les moyens qui sont à sa disposition.
13:14Je crois que c'est une pratique qui devrait devenir plus répandue.
13:22Et je ne pense pas que simplement voir le nombre de véhicules, ça peut déterminer la capacité de qui que ce soit.
13:30Je n'ai pas beaucoup de véhicules ici, mais en même temps, nous avons les véhicules dont on a besoin.
13:36Donc, il ne vous est jamais arrivé de rappeler vos collaborateurs à l'ordre par rapport à leur train de vie ?
13:43Non, mais vous savez, c'est une politique de notre Président de rappeler à l'ordre tous les serviteurs de l'État.
13:51On le fait constamment, mais nous ne sommes pas dans un monde parfait, M. Ngoc.
13:57Si vous le dites, M. le Premier ministre, dites-moi, le 6 mai 1972, vous étiez où ?
14:05J'étais en faculté de droit, mais je crois qu'à ce moment spécifique, j'étais au Docteur, en fait, à la cité universitaire.
14:14Et j'ai suivi le discours du chef de l'État, le Président Amadou Aïdjo.
14:21Sur la convocation du référendum ?
14:24Oui, et effectivement, quand il a dit ça, nous, on ne s'y attendait pas, mais il a aussi donné la journée de l'élection, de la révolution pacifique.
14:36Et en fait, nous, on s'est dit, on a déjà l'âge, on ira voter et on l'a fait.
14:42Je voudrais vous proposer, ainsi qu'à nos téléspectateurs, de replonger dans les souvenirs de cette journée du 6 mai 1972,
14:52en réécoutant la déclaration du Président Amadou Aïdjo à l'Assemblée nationale.
14:58Au cours des dix années écoulées, nous avons constamment privilégié ce qui nous unit.
15:06C'est ainsi que tout ce qui pouvait être fait l'a été pour consolider toujours davantage l'intégration économique et sociale de la nation
15:16et harmoniser les conditions de vie et le chance de développement sur les deux rives du Mungo.
15:23C'est également ainsi que nous avons ensemble, dans la conscience aiguë de l'intérêt supérieur de la patrie camerounaise,
15:33créé l'Union nationale camerounaise pour manifester de façon vivante l'unité de la nation et servir,
15:42appuyer sur ces organismes annexes que vient de renforcer l'UNTC d'instrument de son destin.
15:49Dans ces conditions où les structures fédérales apparaissent comme un handicap au développement rapide du pays,
15:55et où, en revanche, le peuple camerounais a déjà consacré dans l'effet sa profonde unité, ma conviction, mesdames et messieurs les députés,
16:06ma profonde conviction est que le moment est venu de dépasser l'organisation fédérale de l'État.
16:13J'ai, en conséquence, conscient de mes responsabilités à l'égard de la nation et devant l'histoire,
16:26décidé de consulter, par voie de référendum, le peuple camerounais, souverain et maître de son destin, sur l'institution immédiate d'un État unitaire.
16:39Vous avez suivi ses discours en temps réel ?
16:49Je l'ai très bien suivi et je le suis encore maintenant, c'est bon.
16:55Comment les camerounais ont-ils réagi globalement autour de vous, immédiatement après ses discours ?
17:05Je dois avouer que nous, dans les milliers d'étudiants, la plupart des gens étaient pour. Pourquoi ?
17:15C'est que quand vous regardez, on en a parlé parmi nos enseignants aussi, la plupart des pays dans l'histoire centralisent d'abord, avant de décentraliser.
17:31Il faut avoir un pays fort, un pays uni avant de décentraliser.
17:37Donc ça c'est un processus que je trouve tout à fait normal.
17:41Quand on a eu la réunification en 1961, on a créé un système qui était trop ouvert et qui n'était pas assez bon pour organiser un jeune pays.
17:57C'est pour cela qu'en 1972, on s'est rendu compte qu'il fallait trouver une solution.
18:04Et donc cette solution sort de notre culture politique, sort de notre système économique,
18:11en fait sortait à l'époque de notre système économique, dont la centralisation était absolument nécessaire.
18:19Et on peut aussi dire que par la suite, en 1996, on a pu décentraliser parce qu'on avait déjà un pays unitaire et un pays fort.
18:30Je voudrais maintenant recueillir votre regard sur un des éléments de force de notre unité nationale mais qui est devenu une faiblesse,
18:39l'équilibre régional adopté par l'État pour limiter les injustices est instrumentalisé et torpillé par ceux qui ont la signature ou le pouvoir politique.
18:51Et généralement, ce n'est pas toujours les meilleurs qui sont retenus à tel concours ou promus à tel poste dans l'administration.
19:00Dans vos milieux de pouvoir, est-ce qu'il y a eu souvent, est-ce qu'il y a souvent même un débat sur cette politique d'équilibre régional ?
19:09Oui, c'est sûr qu'il y a un débat mais nous sommes dans une jeune société.
19:15Il est absolument important de s'organiser pour que l'on puisse avoir la participation de tout le monde.
19:23Et je crois que quand vous regardez de près, il serait anormal, si on se basait uniquement sur les intelligences, d'avoir une ou deux régions qui occupent tous les postes.
19:35Ça ne serait pas bien.
19:37Et je crois que l'équilibre régional nous permet d'organiser le pays.
19:43C'est sûr qu'un jour, quand on sera super développé, quand on aura ce qu'on a dans beaucoup de pays, où le système est déjà tellement bien,
19:56où il y a déjà un équilibre national, où toutes les régions sont bien placées et on n'a plus des équilibres à trouver,
20:04à ce moment-là, on pourrait mettre ça à l'écart.
20:07Mais pour le moment, c'est très important pour qu'on n'ait pas de régions qui sont écartées de ce gâteau national.
20:17Donc je crois que ce qu'on a à l'heure actuelle est un bon système.
20:21Mais une fois que vous avez le système en place, la gestion peut poser des problèmes.
20:27Mais il ne faut pas écarter le système parce qu'il y a des problèmes, parce qu'il y a des difficultés.
20:32Vous venez de prononcer le mot gâteau national, M. le Premier ministre.
20:36Cette métaphore alimentaire n'arrange pas tout le monde.
20:40Est-ce que la conception du Cameroun comme un gâteau qui est à partager n'est pas aussi un facteur de division,
20:47notamment sur les parts que les uns et les autres reçoivent ou souhaiteraient recevoir ?
20:54Non, je ne crois pas parler, évidemment, du budget de l'État.
21:00On peut l'appeler un gâteau national.
21:03Et tout ce que nous avons comme richesses communes, c'est bon pour le pays.
21:08Mais il est toujours important, et le chef de l'État y tient absolument,
21:13il est toujours important de s'organiser pour établir des règles.
21:18Ça ne peut pas être un équilibre parfait,
21:21mais il est important de tout faire pour que l'on puisse avoir la participation de tout le monde.
21:27Et d'ailleurs, nous sommes en démocratie.
21:30Et toutes les démocraties prévoient, sont obligées de travailler.
21:35Il y a des négociations constamment, de compromis constamment et de concessions.
21:41Aucune victoire n'est parfaite.
21:44Donc je crois que nous pouvons mettre n'importe quel système en place.
21:48Le système ne peut pas être parfait.
21:51Parce que nous, les hommes qui appliquons le système, qui appliquons les principes,
21:55nous avons aussi des faiblesses qui sont naturelles.
21:59Mais je crois qu'il faut avoir le sentiment que tous les Canadiens qui ont telle partie du gâteau national
22:08auront quelque chose de mieux dans l'avenir.
22:12Je crois que c'est cet espoir-là qu'il faut donner à tout le monde.
22:17Mais je ne peux pas imaginer un pays où, de ce point de vue-là, tout se passe comme on aurait souhaité.
22:25Mais le chef de l'État a dit lui-même que nous ne sommes pas dans une société parfaite.
22:30Et je crois que ça, c'est très important.
22:33Mais on travaille là-dessus.
22:35On peut, chaque jour, continuer à travailler en trouvant des équilibres par-ci, par-là.
22:40Mais ça ne serait jamais parfait.
22:44Le tribalisme fait donc partie des choses qui font que notre société ne sera jamais parfaite aussi.
22:50Ce tribalisme a envahi l'administration.
22:53Quand on fait un peu la sociologie de la nomination des responsables dans certains ministères et entreprises,
23:01j'ai dit bien certains,
23:03et même le discours politique s'est ouvertement tribalisé durant l'élection présidentielle de 2018.
23:12Et tout le corps social est aujourd'hui affecté.
23:16À qui la faute et comment replacer l'unité au centre des préoccupations ?
23:22Alors, l'unité nationale est absolument nécessaire.
23:26Si l'unité souffre, c'est le pays qui va souffrir.
23:30Et c'est pour cela que le président Paul Buya insiste sur l'unité de la nation.
23:37Mais regardez, on ne peut pas laisser tomber la tribu.
23:42La tribu en tant que telle n'est pas un problème.
23:45Le tribalisme est un problème parce que c'est un abus.
23:49Et le tribalisme à outrance est dangereux.
23:53Mais la tribu en tant que telle ne pose pas de problème.
23:57La tribu est même une question d'identité.
24:02Mais je m'appelle et vous appelez Monsieur Ngoc.
24:05Vous êtes d'une tribu, je suis d'une tribu aussi.
24:08Ça en tant que telle, ça ne pose pas de problème.
24:11Mais il peut y avoir des abus si chacun de nous se comporte mal en utilisant sa tribu.
24:17Je crois que s'il y a des failles dans ce domaine,
24:22ce sont des failles qui proviennent de nous les êtres humains qui sont imparfaits.
24:27Ce n'est pas la politique qui est mauvaise.
24:29Et le chef de l'État insiste sur le fait que nous devrions respecter tout le monde
24:37et que dans la gestion des choses, que ce soit l'argent ou le personnel de l'État,
24:41que l'on soit plus juste.
24:44Mais ce n'est pas une politique nationale s'il y a des gens qui commettent des abus.
24:49Mais ça, ce n'est pas la politique de notre pays.
24:52Mais il faut continuer à travailler contre ça.
24:54Et le chef de l'État, dans ses discours, dans ce qu'il dit,
24:58ne fait qu'insister sur le fait qu'il faut chaque fois bien gérer.
25:02Mais est-ce qu'il est suivi, le président de la République, dans ce qu'il dit,
25:06notamment au niveau de l'équipe gouvernementale,
25:10pour les souvenirs que vous vous en gardez ?
25:12Je crois que le chef de l'État est suivi.
25:14Mais regardez, quand on nomme les gens, on regarde le ministère,
25:21on fait attention pour que les gens ne viennent pas d'un seul village.
25:25Ça, c'est déjà une façon d'appliquer la politique du chef de l'État.
25:30Quand on travaille sur le budget,
25:33le budget n'est pas dépensé uniquement à Yaoundé.
25:36On dépense le budget à Yaoundé, à Douala, à Bamenda,
25:40et à Nkelemeduka et à Nkambé.
25:43Donc il y a un essai, il y a une tentative
25:47de trouver des solutions qui sont bonnes.
25:49Mais c'est sûr que de temps en temps, on aura des abus.
25:54Vous avez parlé tout à l'heure de votre appartenance et de la mienne.
25:59D'accord, mais quand on arrive dans un cabinet ministériel, par exemple,
26:04qui est dirigé, disons, vous l'avez dit, par M. Yan,
26:08et qu'on trouve une succession de Yans
26:12à des postes divers ou des gens du village,
26:15est-ce que c'est normal ?
26:18Est-ce qu'il n'y a pas moyen, au niveau, par exemple, de la primature,
26:24de prendre une décision qui annule ce genre de procédés ?
26:28Mais si ça arrivait comme ça, le premier ministre peut annuler ça.
26:34Voici comment ça se passe dans la réalité.
26:37La plupart des nominations, d'un certain niveau, en fait,
26:42pas les plus bas, les plus basses,
26:46les services du premier ministre regardent ça,
26:50pour s'assurer qu'il n'y a pas d'abus.
26:53Et si on trouve qu'il y a des cas où on risque d'avoir des abus,
26:57on attire l'attention du ministre là-dessus.
27:00Et c'est constamment ça.
27:03Même les nominations par le premier ministre,
27:06le directeur de conseil technique,
27:09reçoivent le feu vert de la présidence,
27:12une des raisons, c'est pour tout faire,
27:15pour que l'on ne nomme pas tous les directeurs d'un seul village.
27:20Un ou deux mots sur la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
27:26Il se dit que le calme revient,
27:29mais pourquoi, malgré les efforts de l'État
27:32et le soutien de certains pays amis, comme les États-Unis,
27:35le banditisme et la criminalité continuent ?
27:38Est-ce que, honnêtement, les séparatistes n'ont pas
27:41des soutiens de l'intérieur parmi vous, les élites ?
27:45Non, c'est possible, mais ce n'est pas probable.
27:50En fait, je dis ceci parce qu'il y a des gens à l'extérieur
27:55qui sont méchants, qui financent le séparatisme,
27:59ce qu'on peut appeler communément la sécession,
28:03le projet de sécession.
28:06Je ne peux pas dire que ces gens sont tous à l'extérieur.
28:10Il peut y avoir des gens ici à l'intérieur qui le font,
28:14mais ce sont tous des malfaiteurs, ce ne sont pas des gens biens,
28:18parce que le séparatisme n'est pas bien, ce n'est pas un bon projet.
28:22D'ailleurs, c'est un crime, parce que l'article 64 de la Constitution
28:29dit que tout ce qui est séparatisme, qui détruit l'unité du pays,
28:34l'intégrité territoriale de la nation, est à bannir.
28:40Ce n'est pas permis, ce n'est même pas une option.
28:43Donc, je pense que si les séparatistes n'ont pas cessé de faire ce qu'ils font,
28:49de commettre les crimes, ce n'est pas parce que l'État ne fait rien,
28:54c'est parce que les malfaiteurs sont méchants et continuent à faire du mal.
28:59Donc, je dis qu'il y a des gens à l'extérieur qui financent ça.
29:03Mais je ne suis pas Dieu, je ne peux pas savoir tout ce qui se passe.
29:08Il peut y avoir des malfaiteurs ici au Cameroun qui financent aussi ça.
29:12– On va poursuivre ce sujet dans un instant, mais petite question,
29:16Monsieur le Premier ministre, vos bureaux actuels sont au Palais de l'Unité,
29:21mais vous vous y êtes rendu quand même hier pour la réception ?
29:25– Oui.
29:26– Vous ne vous lassez pas d'aller au Palais de l'Unité ?
29:29– Non, pas du tout, puisque ça fait partie de ma vie.
29:32J'ai d'abord travaillé au Palais de l'Unité quand je suis rentré du Canada.
29:37J'ai fait 4 ans et demi là-bas,
29:40et puis je suis parti au service du Premier ministre.
29:43Et depuis 3 ans, je travaille encore au Palais de l'Unité.
29:48Un autre poste, je suis grand chancelier,
29:51donc je m'y rends tous les jours de lundi à vendredi.
29:55Sans gêne, ça ne me gêne pas.
29:58– Très bien, sauf qu'hier c'était pour la fête et non pour le travail,
30:02et nous allons replonger dans l'atmosphère de la journée d'hier.
30:06Le film du défilé civil et militaire au boulevard du 20 mai,
30:11mais aussi cette réception au Palais de l'Unité.
30:14Voici le récit de Yves-Marc Mezo.
30:19Dès les premières heures de cette matinée du 20 mai 2023,
30:22l'esplanade du Palais de l'Unité offre un spectacle très coloré.
30:27On chante et on danse avec comme à l'accoutumée des acteurs joyeux.
30:30Un spectacle interactif auquel il est difficile, très difficile de résister.
30:35Un grand moment de fraternité qui ne va pas tarder à connaître son pic
30:39avec la sortie du Président de la République Paul Biya,
30:42précédé par une escorte d'honneur et de sécurité des grands jours.
30:46Les honneurs rendus ici sont de type A, les plus relevés en pareille circonstance.
30:51En route pour la grande communion, le cortège présidentiel
30:54est l'objet d'une grande fascination le long des artères de la cité capitale,
30:59joliment pavoisée pour l'occasion.
31:02Comment ne pas se laisser émerveiller par ce beau spectacle fait de sirènes et de chants.
31:07Un spectacle qui sera bientôt enrichi par l'entrée en scène de la cavalerie.
31:12Aux 24 motocyclettes de l'escadron moteur de la garde présidentielle
31:16va se greffer désormais une belle chorégraphie de la cavalerie.
31:21Symbole de puissance, de noblesse et de gloire,
31:24les 60 chevaux qui viennent étoffer le cortège présidentiel offrent des clichés inoubliables.
31:32A son arrivée au boulevard du 20 mai, le Président Biya est accueilli à sa descente de voiture
31:36par le ministre délégué à la présidence chargée de la Défense, Joseph Betty Assomont,
31:41avant de s'incliner devant le drapeau de la République.
31:52Le passage des troupes en revue qui va suivre et qui s'effectue en voiture
31:56offre l'opportunité au chef de l'État, chef des forces armées,
32:00d'entrer en totale immersion avec la troupe.
32:03Il s'est rassuré des capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité camerounaise
32:08que Paul Biya va regagner la tribune officielle où il a été précédé par la première dame Chantal Biya
32:15tout le gratin diplomatique, administratif, sociopolitique et militaire de notre pays.
32:21En bonne place également, les invités spéciaux.
32:24Ce 20 mai 2023, Paul Biya est celui vers qui convergent tous les regards.
32:29C'est lui qui rassemble tous ceux taillés aux pages,
32:32c'est lui le symbole de notre attachement à notre pays et à son unité.
32:37Le passage en ouverture du contingent de symphonie militaire de la République arabe d'Egypte
32:42offre des clichés très plaisants avec notamment la reprise des airs musicaux bien connus.
32:55Le passage des différents carrés des forces spéciales est tout aussi plaisant.
32:59La garde présentielle toujours parée, le bataillon d'intervention rapide,
33:03les troupes aéroportées et de coups tabac offrent un spectacle des plus relevés.
33:08De même que la gendarmerie nationale, les soldats de la loi,
33:11l'école militaire interarmée et toutes les autres composantes de notre armée,
33:16terre, mer, air, la douane, l'administration pénitentiaire,
33:20les anciens soldats et la police cambronaise complètent le tableau.
33:25Attentifs d'un bout à l'autre de la parade aussi bien des troupes à pied que des troupes motorisées,
33:30le président de la République ne va pas tarder à adresser ses chaleureuses félicitations à la fin du défilé
33:35au commandant des troupes, le général de brigade Mubadu Bekriyo.
33:49Au passage des différents carrés du défilé civil, c'est un pôle billet très décontracté
33:54qui voit passer les défilants en leur adressant à chaque fois ses encouragements.
33:58Les mouvements d'ensemble et les messages portés par les banderoles
34:02renseignent à suffire sur l'attachement des Camerounais à l'unité de notre pays et à celui qu'ils incarnent.
34:08Près de deux heures se sont déjà écoulées lorsque le président de la République quitte la tribune pour regagner son véhicule.
34:14Un dernier salut aux officiels et voilà le cortège qui s'ébranle à nouveau en direction du palais de l'unité
34:20alors que de part et d'autre des artères de l'itinéraire, les rues ont de nouveau été garnies de troupes d'animation,
34:26de militants de formation politique et des citoyens ordinaires qui tiennent tous à vivre jusqu'au bout cette célébration du 20 mai 2023.
34:56Monsieur le Premier ministre, nous parlions tout à l'heure du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
35:09Certains pensent que la lettre de démission du RDPC de John Goufoncha du 9 juin 1990 contient les vrais problèmes et les vraies revendications
35:21qui ne sont pas celles des sécessionnistes.
35:24A-t-on souvent relu cette lettre-là quand on propose des solutions au chef de l'État ?
35:30Disons que la lettre de démission, je l'ai lu, je n'étais pas ici à l'époque, j'étais au Canada,
35:40mais ce sont des revendications qui reviennent constamment.
35:45Je crois que la plupart de ces revendications ont trouvé des solutions.
35:50Il se pourrait qu'il y ait des revendications qui ne peuvent pas trouver de solution, comme à l'heure actuelle.
35:56La sécession, ce n'est pas une option. Il faut trouver autre chose.
36:01Mais je pense que chaque fois qu'un responsable démissionne ou donne une liste de revendications, il faut les étudier pour trouver une solution.
36:12Je peux prendre un exemple. En 1977 ou 68, il y a eu un camionnet ou un groupe de camionnets aux États-Unis.
36:22Ça s'appelait Cameron Action Movement, qui réclamait énormément de choses.
36:29Et par la suite, il y a eu un comité qui a été créé par le Président Ayadjo, présidé par le Père Mouna.
36:37J'ai fait partie de ce comité. L'actuel chef de l'État était là-bas en tant que Premier ministre.
36:44Et on a donné des conseils. On a tiré des conclusions. Et on travaille là-dessus. On continue à travailler là-dessus.
36:52Par la suite, en 2007, il y a eu un groupe de camionnets qui a envoyé beaucoup de lettres ici en disant que c'était le SNC
37:03et que les Nations unies allaient donner l'indépendance aux deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
37:09Donc il y a constamment ça. Mais je crois qu'il est important de savoir, M. Ngoc, que nous ne pouvons pas changer notre passé.
37:17C'est impossible. Nous ne pouvons que façonner l'avenir. Et souvent, il y a des revendications qui sont intelligentes logiquement,
37:26mais dans la réalité, ça ne peut pas trouver de solution. Ce pays vit une situation difficile à l'heure actuelle à cause des séparatistes.
37:37Mais je crois qu'il faut toujours être ouvert pour construire un pays. Ce n'est pas facile.
37:42Ce n'est pas pour les séparatistes, qui très très souvent sont intelligents, mais manquent de l'expérience dans ce qui est pratique.
37:52Pensez-vous que ce soit le désir profond et le souhait des populations, des concitoyens et concitoyennes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, de revenir au fédéralisme ?
38:04Non, je ne crois pas. Peut-être qu'avant mon absence de la décentralisation, on aurait pu imaginer ça.
38:12Mais à l'heure actuelle, je crois que la décentralisation, d'après ce que je comprends, beaucoup de gens voient déjà venir ça.
38:20Ils sont ambitieux et souhaiteraient avoir tout ce qui vient avec la décentralisation.
38:26La décentralisation met en place un système qu'on n'a jamais eu dans ce pays. Il y a trois types de gouvernements.
38:34Le gouvernement national ayant hondé, le gouvernement régional au niveau de la région et un gouvernement au niveau de toutes les municipalités.
38:45Ça, c'est très très bien pour ce pays. Et puis, on est en train de décentraliser non seulement les responsabilités, mais aussi les moyens.
38:54Ça aussi, ça ne peut pas se faire du jour au lendemain. C'est un processus.
38:59Je suis convaincu que quand on aura le temps d'expliquer à tout le monde et de faire voir tout le monde ce que la décentralisation peut faire,
39:08les gens ne vont pas aller chercher un fédéralisme qui n'a pas d'avenir.
39:13Pourquoi est-ce qu'on a laissé tomber le fédéralisme ? Je ne crois pas que ce soit une formule qui va satisfaire tout le monde.
39:21J'étais au Canada, mais je crois que dans les années avant la constitution de 1996, il y a eu des arguments partout.
39:32Et le parlement a retenu la décentralisation. Enfin, état unitaire décentralisé.
39:40Donc, c'est la solution qui nous convient. Il ne faut pas insister comme font certains partis politiques.
39:47Si ce n'est pas le fédéralisme, c'est fini. Ce n'est pas correct.
39:51Et dans un pays, la démocratie doit avoir un sens. Du moment où le parlement a arrêté que c'est la décentralisation, il faut suivre ça.
40:00Parce que le parlement représente le peuple.
40:02Absolument. Le parlement est l'incarnation du peuple. Le parlement représente un peuple qui, chaque fois, vote.
40:12Donc, faire confiance au parlement. Donc, je pense que la solution à l'heure actuelle, c'est la décentralisation et non pas le fédéralisme.
40:21D'ailleurs, l'État est déjà en train de reconstruire. Et sur cette reconstruction-là, est-ce que les conditions sont vraiment réunies ?
40:31Vous qui connaissez mieux le terrain, d'ailleurs, qu'est-ce qu'il faut reconstruire ?
40:35C'est l'état d'esprit des gens par rapport à la République ou alors les infrastructures ?
40:41Il y a énormément de choses. Il y a les infrastructures. Mais la première des choses, c'est de construire les gens psychologiquement.
40:49C'est sûr que la plupart des gens ont perdu confiance en eux-mêmes. Il faudrait travailler là-dessus.
40:57Mais j'ai fait confiance à la commission qui a été mise en place et qui est supervisée, qui est gérée par le premier ministre, chef du gouvernement.
41:07Je crois que, directement, c'est son directeur de cabinet. Je crois que cette commission va tout faire pour que l'on puisse procéder à tous les niveaux.
41:17Il y a les êtres humains. Il y a les infrastructures. Et puis, en général, les écoles, les enfants.
41:23Et puis, notre développement dans ces régions-là, en ce qui concerne la politique, l'économie et la culture, on ne devrait rien négliger.
41:34Mais je suis convaincu que, comme c'est un processus, on finira par trouver des solutions.
41:40Mais je ne pense pas que ce soit un événement du jour au lendemain. Non, c'est un processus.
41:47Ce ne sera pas par une baguette magique ?
41:49Il n'y a pas de magie dans ce type de domaine. Et je suis content de dire que ce que j'ai vu, c'est déjà un bon début.
41:56Mais il y a un problème de fond.
41:58Qu'est-ce que vous avez vu, M. le Premier ministre ?
42:00En fait, il y a déjà des gens qui parlent de ça, et c'est un bon signe.
42:04Qui parlent de cette reconstruction et qui sont convaincus que ça va tout changer.
42:10Mais je voudrais ajouter, je suis convaincu que l'un des plus grands problèmes, c'est comment trouver des moyens pour reconstruire.
42:20Parce que ça demande d'énormes sommes d'argent.
42:24Et nous sommes un pays qui a d'autres problèmes.
42:27Et on ne peut pas, du jour au lendemain, trouver tous les moyens dont on a besoin.
42:31Mais je suis convaincu qu'avec le temps, on va y aller, on va trouver des solutions.
42:37La reconstruction ne peut pas se faire du jour au lendemain.
42:41M. le Premier ministre, si vous le permettez, revisitons maintenant quelques souvenirs de votre parcours.
42:48Quand vous sortez magistrat en 1974 de l'École nationale d'administration et de magistrature, vous avez été, me semble-t-il, major de votre promotion.
43:00Oui.
43:01Alors, partagez-nous un peu votre recette pour vous imposer de cette façon-là, étant anglophone, dans une école marquée par la prédominance du français et des francophones.
43:16En fait, nous avons eu la chance, quand j'étais plus jeune, d'avoir des enseignants du français qui étaient de français à l'école secondaire.
43:28Et des Américains, des volontaires de la paix qui nous enseignaient l'anglais.
43:34Et par la suite, je suis devenu étudiant à l'université.
43:38Et j'ai réfléchi, et je me suis dit que le français est une langue dont on a besoin, dont je n'ai pas de choix.
43:47Donc j'ai commencé à travailler, j'ai continué à travailler à l'ENAM, et je crois que j'ai eu le résultat que j'ai eu à cause de ce travail.
43:56Je dois avouer qu'à l'époque, la plupart de nos enseignants à l'université et à l'ENAM étaient de français.
44:04Donc je n'ai pas de recette spéciale, c'est simplement le travail.
44:08Et puis je n'avais pas de choix, parce que je me suis dit que si je veux faire ma petite contribution en tant que Camonnet,
44:16en travaillant soit au village ou dans les tribunaux, il faut d'abord apprendre à l'école.
44:21C'est ce que j'ai dit, et j'ai pu le faire.
44:24Et à propos du travail, vous vous êtes toujours investi aux côtés d'un homme, le chef de l'État Paul Biya.
44:32Je voudrais vous proposer de le réécouter sur la question centrale qui concerne l'unité nationale,
44:39dans un extrait de son message à la nation le 31 décembre 2017. Nous écoutons le chef de l'État.
44:49Le Cameroun a, dans un contexte difficile, confirmé aux yeux du monde la solidité de ses institutions,
45:00la résilience de son économie et son attachement à l'unité nationale.
45:09Notre pays a en effet démontré une formidable capacité à relever les multiples défis auxquels il a été confronté,
45:22au plan sécuritaire, économique ou social.
45:29Cette performance, c'est d'abord à vous qu'il la doit, Camerounais et Camerounais.
45:37De nombreux défis interpellent notre nation. Nous devons les relever ensemble, dans la fraternité,
45:46dans le respect des institutions et dans l'esprit de concorde nationale.
45:54Dans cette optique, le Cameroun est pour chacun d'entre nous un précieux héritage.
46:03Sachons rester dignes de l'héritage reçu, ce Cameroun uni qui va debout, fier et jaloux de sa liberté.
46:16Monsieur le Premier Ministre, racontez-nous un peu votre rencontre avec cet homme, comment il vous a recruté finalement ?
46:26J'ai rencontré le Président Paul Biya pour la toute première fois le 28 juin 1975, c'était un samedi.
46:41J'ai passé deux heures avec lui, il a été très gentil, on a beaucoup causé, il m'a servi à boire,
46:54et par la suite je suis parti, et deux jours après je suis devenu vice-ministre de l'administration territoriale.
47:04C'était donc ce que vous appelez dans votre jargon une consultation ?
47:09Je ne sais pas, une conversation ou une consultation, je ne sais pas.
47:17Mais c'était une bonne conversation.
47:19Mais deux jours après je suis devenu vice-ministre de l'administration territoriale, nommé par le Président Amadou Aïdjo.
47:27Et quand vous devenez Premier Ministre, comment ça se passe ? Vous le rencontrez également la veille ?
47:37Non, j'étais à la présidence et j'avais pas mal d'audience auprès du Président de la République.
47:52Il m'appelle, je viens et puis on parle, ça peut être un sujet sur lequel il m'a demandé de réfléchir ou ça peut être de conversation.
48:05Et puis par la suite, un jour il m'a dit, vous serez Premier Ministre.
48:13J'ai sûrement dit oui parce que j'ai lui expliqué que tout ce qui me permet de servir le pays est bon pour moi.
48:23Et puis il m'a nommé Premier Ministre.
48:26Et c'était le 30 juin 2009.
48:31Et Premier Ministre donc, on apprend que certains ministres ne font pas toujours allégeance au chef du gouvernement,
48:40estimant qu'ils n'ont de compte à rendre qu'au chef de l'État.
48:44En 10 ans de vie, de séjour à la primature, est-ce que vous avez eu ce genre de situation dans vos équipes successives ?
48:53Et si oui, comment vous avez tranché ?
48:56Non, je crois qu'on peut tout raconter, il peut y avoir beaucoup de rumeurs, mais ça c'est dans la rue et aussi dans les journaux.
49:07Mais la plupart des ministres, je ne sais pas ce qu'ils pensent ou ce qu'ils disent quand ils sont dans leur vie privée,
49:15la plupart des ministres respectent le Premier Ministre.
49:20La plupart, c'est-à-dire qu'il y a quand même souvent des rébellions.
49:26Je peux imaginer qu'il peut y avoir ça, oui, il peut y avoir ça, mais ce n'est pas la pratique de tous les jours comme ça.
49:34Mais je voudrais dire ceci, la Constitution est claire là-dessus.
49:38La Constitution dit que le Premier Ministre dirige l'action du gouvernement.
49:46Oui, il y a aussi un mot qu'on peut utiliser, et je crois que dans certains pays on utilise ça, cordon.
49:53Ça dit que lui, il est entre le Président de la République et les ministres.
50:00Le Président de la République peut donner des instructions au Premier Ministre et il les donne aux ministres.
50:07Ou le Président de la République peut faire autrement, il n'est pas obligé de toujours passer par le Premier Ministre.
50:14Mais le travail est bien organisé, et le travail que fait le Premier Ministre est de loin beaucoup plus important que ce que l'on voit.
50:27Il a des unions, il a des audiences auprès du chef de l'État, il le consulte, il lui envoie des notes,
50:35et souvent les notes reviennent avec des annotations, et souvent les notes reçoivent les accords du chef de l'État.
50:43Donc c'est un travail bien organisé, il ne faut pas imaginer que le Premier Ministre, on a dit ceci dans la rue, ça devient la réalité, je ne crois pas.
50:57Il y a la collaboration entre le Premier Ministre et les ministres, il préside un conseil de cabinet et il donne des instructions aux ministres.
51:07Dans un pays comme le Cameroun où les gens aiment particulièrement le pouvoir et les honneurs,
51:14est-ce qu'il n'est pas difficile et peut-être gênant, ne serait-ce qu'au plan protocolaire, de mener une vie d'ancien Premier Ministre ?
51:23Non, dans ce pays non, parce qu'on respecte l'ancien Premier Ministre, il est obligé de respecter le monde, et mutuellement il est respecté.
51:41Et le Premier Ministre a aussi sa vie, et au moment où on l'a nommé Premier Ministre, il savait qu'un jour ça allait finir,
51:49et qu'il ne peut pas être Premier Ministre éternellement, donc je ne trouve pas de difficulté particulière,
51:58surtout dans un cas d'un Premier Ministre, comme mon cas, je parle de mon cas, qui après avoir été Premier Ministre, travaille à la présidence.
52:11Dans un ouvrage intitulé « Le deuil du pouvoir », Edith Cresson, Premier Ministre de François Mitterrand du 15 mai 1991 au 2 avril 1992,
52:26confie à des journalistes que les plus beaux jours à Matignon, c'est le jour où on arrive et le jour où on part, le reste c'est l'enfer.
52:36Pour vous, quels sont les plus beaux jours à l'immeuble Étoile ?
52:41Les plus beaux jours à l'immeuble Étoile, c'est le travail de tous les jours, parce qu'on a le sentiment, et d'ailleurs Edith Cresson vit dans un pays qui est développé.
52:56Dans notre pays, nous sommes un pays en développement, nous sommes un jeune pays, il y a énormément de choses qui font plaisir au Premier Ministre quand il est complètement engagé.
53:09C'est vrai qu'il célèbre le jour où il est nommé, mais aussi c'est important d'imaginer que s'il est vraiment engagé, il travaille bien,
53:18il aura énormément de choses à se dire tous les jours, voilà du bon travail que j'ai fait.
53:25C'est sûr qu'il y a des jours où il peut avoir des difficultés, où il peut avoir des dossiers qui sont difficiles à régler, mais je ne pense pas que c'est l'enfer.
53:36Si je termine par vous, Philemon Young, et par l'avenir du Cameroun, le vôtre également, les deux chefs d'État qui ont connu le Cameroun jusqu'ici ont été d'abord Premier Ministre, vous avez occupé aussi cette fonction.
53:52Est-ce que lorsque vous parcourez souvent les photos de votre collaboration avec l'un et l'autre Président, vous vous dites, le troisième sur la liste, ce sera moi ?
54:04Jamais. Ça n'a jamais traversé la tête. Pas du tout.
54:11Même pas dans la perspective de certaines nations qui prétendent qu'après le Président actuel, il faut un Président anglophone ?
54:22Non. Puisque vous posez une question délicate, je crois qu'il ne faut pas aller déterminer qu'un Président sera un Président francophone ou anglophone ou foulanifone.
54:41Ce n'est pas la bonne formule. Les circonstances que nous vivons dans ce pays, c'est celui qui va être capable de faire le travail dans ces circonstances, qui devrait être Président, et non pas quelqu'un qui devient Président à cause de la langue qu'il parle.
55:01Ce n'est pas bien. Je crois que c'est une mauvaise solution. Il y a des pays qui ont tenté ça et ça n'a pas marché. Il faut plutôt que ce soit un personnage qui devient Président parce qu'il peut gérer les problèmes que le pays a.
55:16Et je ne souhaiterais pas que quelqu'un puisse dire « bon, je suis francophone ou anglophone ou je parle la langue barmélique ou la langue de Guilhem Eduka et je deviens Président ». Ce n'est pas la meilleure solution.
55:31La plupart des pays qui fonctionnent bien, d'autres pays fonctionnent bien, ce sont des pays où on devient chef ou Président de la République parce que les circonstances se déroulent de façon à ce que cette personne est la meilleure personne à ce moment-là.
55:52M. le Premier ministre, vous ne parlez pas beaucoup à la presse, certainement votre attitude, et c'est pour ça que je voudrais vous remercier d'avoir accepté de nous recevoir ici dans votre résidence et d'accorder cet entretien à la CRTV.
56:08Merci beaucoup. Je suis content de vous avoir reçu ici. Je vous souhaite une bonne soirée.
56:17Merci, merci mesdames et messieurs. C'était donc Philemon Yang, grand chancelier des ordres nationaux et ancien Premier ministre qui était notre invité ce dimanche.
56:30Merci d'avoir regardé cette livraison d'actualité hebdo. Faites attention à vous et prenons grand soin de notre cher et beau pays, le Cameroun. Bonsoir.
56:46Sous-titrage Société Radio-Canada