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00:30qui était en fait un coup de tonnerre déchirant les ondes de Radio Cameroun au journal de 20h.
00:37La suite logique était la passation du pouvoir, un cérémonial qui participe des rites d'institution
00:46selon l'expression de Pierre Bourdieu. Cette suite réglée par un protocole strict donnant
00:53lieu à un spectacle politique sans commune mesure avec le théâtre classique, en tout cas au sens
00:58de la règle des trois unités codifiées par Nicolas Boileau depuis le XVIIe siècle,
01:03qu'en un lieu, en un jour, un seul fait accompli tiennent jusqu'à la fin le théâtre rempli.
01:10De fait, il y a eu au moins trois actes majeurs le 6 novembre à trois endroits différents.
01:17D'abord la prestation de serment à 10h au palais de Verdun-Goykélé. Paul Billat,
01:2449 ans et le cheveu de jet, y était arrivé Premier ministre dans un costume bleu trois
01:31pièces, couleur dont il a conservé la majesté jusqu'à ce jour. Il en est reparti président de
01:37la République. Les attributs de grands maîtres des ordres nationaux et l'allégeance des grands
01:44corps de l'État n'étant que dans l'ordre normal des choses, il y a eu ensuite les adieux émouvants
01:50à l'aéroport. Amadou Aïdio y était arrivé à 14h30 dans une gandoura d'un blanc immaculé.
01:57Les regards l'avaient accompagné jusqu'au ciel où disparaissait l'avion qui l'amenait à Garoua
02:04pour sa retraite. Quand tous ses regards étaient revenus sur terre, celle-ci tournait autour d'un
02:10homme, Paul Billat, qui engagea alors la marche du Cameroun sous le renouveau. Enfin, le premier
02:18gouvernement tombait sans attendre le même soir avec comme premier ministre Bélobouba Maïgari.
02:25En somme, un emballement de l'histoire qui a fait dire à Jacques Famendungo dans un ouvrage
02:31collectif paru en 1983 que le récit des événements qui ont suivi la prestation des serments du
02:39président Paul Billat le 6 novembre 1982 est semblable à un roman, le roman de la rose. Pour
02:47bien comprendre ces événements commémorés cette semaine encore, mais aussi les mécanismes de
02:53dévolution du pouvoir dans une république comme le Cameroun où, comme vous le savez, les débats sur
02:59la transition au sommet vont souvent dans tous les sens. Parole à un universitaire investi de
03:05l'autorité scientifique et auteur d'une bibliographie des Titans. Agrégé de droits publics et des
03:13sciences politiques, le professeur Magouarondoua est, depuis un décret présidentiel signé le 11
03:19juillet 2019, recteur de l'université de Douala. Professeur Magouarondoua,
03:29dans le premier arrondissement de Douala. Bonsoir, c'est un plaisir et un honneur tout
03:36particulier de vous recevoir ici ce soir. Le dimanche 4 août 2024, il y a trois mois et quelques jours,
03:50la circulation d'une rare brutalité ont envahi la toile, si c'était bien vous et votre véhicule
03:58dans ces images. Doit-on dire aujourd'hui que vous êtes ressuscité? Je crois qu'il faudrait dire que
04:04je suis ressuscité parce qu'effectivement toutes ces images sont celles de mon véhicule qui avait
04:12subi un accident particulier, je préfère parler ainsi, ce 4 août et grâce, je pense, à l'intervention divine, je me retrouve devant vous aujourd'hui.
04:28C'est la preuve que vous allez désormais bien, en tout cas mieux. Absolument.
04:34Parlons maintenant du 6 novembre qui était encore célébré cette semaine avec la pompe habituelle,
04:40au-delà des énoncés officielles, que célèbre-t-on exactement et pourquoi?
04:47Le 6 novembre représente dans notre histoire l'avènement du chef de l'État à la magistrature
04:54suprême. C'est le jour, vous l'avez dit, de la prestation de serment. Il prête serment à 10 heures
05:04et dans un contexte tout à fait particulier. On ne le signale pas très souvent parce que le 6 novembre,
05:12très peu sont ceux qui auraient pu prévoir 10 jours auparavant ce qui arriverait le 6 novembre
05:20et en particulier le 4 novembre parce que c'est au retour d'un voyage à l'étranger que l'ancien
05:29président annonce à la surprise générale qu'il laissait la fonction à monsieur Paul Biya.
05:38L'événement intervient cette année dans un contexte marqué par la campagne de diffusion
05:44et de promotion d'un film documentaire sur le président de la République. Avez-vous regardé
05:50ce film et est-ce que vous partagez l'avis de certains qui pensent qu'en réalité il s'agit
05:56d'un coup de sémence la campagne présidentielle, campagne électorale ? J'ai assisté, j'ai d'ailleurs
06:04été présent à l'occasion d'une diffusion, c'était le 3 août à Douala. Le 3 août, c'est-à-dire ?
06:13La veille de l'accident. Voilà, la veille de mon accident, j'avais assisté à cette diffusion
06:19et j'ai vu tout ce qui a été dit. J'ai suivi les discours et tout ce qui a été dit par rapport
06:26à cela. Je peux vous dire que c'est la vérité. Tout ce qui a été dit de positif, c'est la vérité
06:35concernant le chef de l'État. C'est aussi la vérité que c'est un début de campagne électorale ?
06:42Peu importe que ce soit le début de campagne ou pas, l'essentiel c'est que ce soit la vérité.
06:48Et si on peut faire la campagne avec la vérité, alors ça veut dire que c'est tant mieux.
06:53Parlez-nous un peu, professeur Magouar Ounoua, de votre expérience, de ces événements à la fois
07:00du 4 et du 6 novembre 1982. Vous les avez vécus comment ? Vous les avez vécus où ?
07:07Je venais à peine d'entrer à l'université, lorsque, un soir, alors que tout se passait de
07:19manière ordinaire, l'on nous annonce le discours du 4 novembre. Personne, en fait, n'imaginait que
07:33ce discours devait porter sur un sujet aussi important. Et ce que je veux vous dire, c'est
07:40que pendant le discours, et dès que le discours avait commencé, l'information de la démission
07:48du président Amadou Aïdjou était difficile à concevoir, compte tenu de ce qu'il représentait,
07:58c'est-à-dire qu'il représentait en réalité celui qui fait peur. Et celui qui fait peur,
08:07qui démissionne, vous imaginez le spectacle. Et je me souviens que j'étais à Mélène,
08:15miniferme, à l'époque. Jeune étudiant. Jeune étudiant. Mais tous les bars avaient fermé.
08:22Personne n'était dans la rue. Chacun de nous s'efforçait d'aller se cacher, parce que tout
08:30le monde avait peur. Il y avait plusieurs prétendants, peut-être même légitimes,
08:34à ce poste, à la succession du moins. On peut citer Samuel Ébouard, mais également Victor Aïssine
08:42Vaudor, et d'autres encore. Mais beaucoup de gens pensent que la voie était royalement tracée
08:49pour Paul Biya, qui était donc premier ministre à l'époque, et donc de façon constitutionnelle,
08:57le successeur de celui qui partait. Est-ce que c'est aussi votre thèse que les choses étaient
09:03si faciles et si simples pour Paul Biya ? Absolument non. D'abord parce qu'il pouvait
09:09être sorti de son poste la veille. Parce que c'est vrai, c'est le premier ministre qui était
09:18le dauphin constitutionnel. Mais rien n'indiquait que c'était pour Biya. Le premier ministre pouvait
09:25être nommé la veille, et il serait devenu aussi dauphin. Et je veux préciser une chose. Derrière
09:34cette situation, beaucoup de choses s'étaient déroulées. Lesquelles souhaitez-vous évoquer ?
09:42Il est bon de souligner, à mon sens, que contrairement à ce qui a été affirmé,
09:50M. Paul Biya n'avait pas la confiance du président Abadou Aïdjou pour le poste,
09:59pour la succession qu'il avait. Il en avait deux. Je ne veux peut-être pas citer les noms,
10:10ils sont vivants encore, les deux. Mais une chose est certaine, lorsque l'on voit au fond de l'analyse
10:23de ce qui s'est passé, l'on se rend compte que M. Abadou Aïdjou avait même déjà annoncé à l'étranger
10:34le nom de son successeur. Qui n'était pas Paul Biya. Qui n'était pas Paul Biya. Et justement,
10:45l'expérience sénégalaise de cette époque a permis que certains lui demandent de faire attention.
10:56Parce qu'il proposait quelqu'un du grand nom. Quelqu'un du grand nom. Et cette proposition
11:07avait suscité à l'étranger, en particulier en France, la réaction de quelqu'un avec lequel il
11:19ne s'entendait pas beaucoup et qui était devenu président en 1981, c'est-à-dire François Mitterrand.
11:28Vous savez qu'entre les deux, ce n'était pas le grand amour, surtout que François Mitterrand,
11:35devait venir au Cameroun défendre certains militants de l'UPC qui contestait de manière
11:49assez subtile la présidence d'Abadou Aïdjou. Alors il est arrivé, François Mitterrand,
11:58il avait été bloqué à l'aéroport. Et c'est celui-là qui devient président de la République.
12:07Ses liens avec l'ancien président, évidemment, ne pouvaient pas être faciles.
12:17Ce que vous dites là, professeur Magouar Ondoua, crédite un peu la position, l'opinion de ceux
12:27qui estiment que le pouvoir du président Paul Billard vient en fait de Dieu.
12:32Tout à fait. Et je suis le seul qui le pense. Parce que je vous ai dit qu'il avait déjà annoncé
12:41quelqu'un d'autre. Et c'est parce que le président français, François Mitterrand,
12:51le rappelle à l'ordre qu'il est obligé de laisser celui qui avait été premier ministre
13:01depuis 1979, depuis 1975 et qui était devenu dauphin constitutionnel en 1979. C'est en ce
13:12moment qu'il l'a laissé. Et d'ailleurs, il faut partir du fait qu'en le laissant,
13:19il avait gardé la place de président de l'UNC. Il a gardé la même mise sur l'appareil politique
13:25qu'était le parti. Et c'était pourquoi ? Simplement parce que dans son esprit,
13:30le président Paul Billard devait terminer le mandat jusqu'en 1985. Et à la suite de 1985,
13:42il voulait désigner quelqu'un d'autre. Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle,
13:48depuis 1982 jusqu'en 1985 à peu près, le rôle du parti politique dans nos jeux politiques était
14:01placé en première ligne. Et le 6 novembre, derrière l'euphorie populaire, certains esprits,
14:11certains laboratoires noirs prévoyaient le départ de Paul Billard au maximum trois ans après,
14:20au minimum six mois après le 6 novembre. Il y avait un contexte et des appétits qui
14:27pouvaient enflammer cette dévolution du pouvoir. Quels sont les mécanismes politiques et
14:32constitutionnels qui ont favorisé une transition, on va dire, apaisée en 1982,
14:38malgré tout ce que vous venez d'évoquer là ? La fonction de dauphin constitutionnel est
14:44attribuée au premier ministre après la réforme de 1979. Il est donc le dauphin constitutionnel
14:56du président. Avant, c'était le président de l'Assemblée nationale. Mais ce que vous
15:04appelez apaisé, je pense, devrait être un peu corrigé. Parce que le président de la République
15:14n'a jamais vécu une période facile. Pour vous, l'apaisement n'était qu'un vernis de surface ?
15:23Voilà, ce n'était qu'un vernis de surface. Puisque dès qu'il est installé, immédiatement,
15:31il fallait assurer la durée de son mandat et surtout faire en sorte que le plan de
15:45monsieur Amadou Aïdjo ne s'applique pas. Le plan A qui était devenu le plan B ? C'était
15:53le plan B justement parce que son plan initial n'était pas le chef de l'État, Paul Biard. Son
16:05plan de départ. Et ce qui est curieux, c'est que dans toute l'opinion, on donne l'impression que
16:11c'est lui qui donne sa place au chef de l'État. La réalité est très compliquée. Et une fois qu'il
16:21accède à la magistrature suprême, le chef de l'État devait assurer d'abord sa sécurité.
16:28Elle n'était pas facile. Et vous vous souvenez que deux ans après, le 6 avril 1984, il y avait
16:39déjà un coup d'État. Et ce coup d'État était préparé depuis longtemps. Et ce coup d'État
16:46survient du fait du doute qui commençait à planer sur l'application de la démarche initiale,
16:56à savoir le changement de président après la présidentielle. Depuis lors, avons-nous avancé
17:05ou reculé ? Je ne prends qu'un domaine qui est proche de votre profil et de votre champ de
17:12recherche, le domaine des droits et des libertés. Depuis 82, est-ce que nous avons avancé ? Nous
17:19avons changé d'orientation et c'est plus fort. Avant 82, quelle liberté était reconnue dans
17:29notre pays ? C'est depuis 82 que le Cameroun s'est orienté vers la protection des libertés et
17:40l'exercice, la protection et l'exercice des libertés individuelles et collectives, depuis
17:471982. Déjà, avant même la formalisation en 1990, la liberté s'exprimait déjà du simple fait de
18:00l'arrivée du chef de l'État au pouvoir. Parce qu'avant lui, tout le monde ne parlait pas. Et
18:08les gens exprimaient leurs libertés par le silence. Parce que toute parole, un tout petit
18:15peu déplacée, conduisait immédiatement en prison. Immédiatement. Avec notamment le délit des
18:24subversions ? Avec absolument le délit des subversions qu'on retrouvait partout, quel que soit
18:30le mot utilisé. Quid alors, professeur de l'unité nationale, aujourd'hui est-elle d'argile ou plutôt
18:39de fer ? L'unité nationale est toujours en construction. Et il y a eu une évolution positive.
18:49Parce qu'avant, l'unité nationale était affirmée. Mais ne pouvait pas être contestée du fait du
19:00contexte particulièrement dangereux dans lequel on s'exprimait. Aujourd'hui, des gens peuvent
19:08parler. Et malgré cela, l'unité nationale existe. Parce qu'au-delà de tout, savez-vous qu'il y a
19:17des familles du sud-ouest qui vivent à la Léquie. Des familles de l'ouest qui vivent dans l'Ombam.
19:29Et qui s'y plaisent. Et qui s'y plaisent. Il y a une volonté de vivre ensemble qui s'est développée et
19:40qui aujourd'hui est une réalité. Malgré tout ce que vous dites là, cette crise sociopolitique dans
19:46le nord-ouest et le sud-ouest, avons-nous au plan juridique pris les bonnes décisions, toutes les
19:55décisions, toutes les solutions ? Il faut peut-être revenir un peu en arrière. Pour souligner qu'au
20:05départ, le problème est un problème qui ne devrait pas exister. Nous devons nous rappeler que
20:16jusqu'à la fin de la colonisation allemande, le Cameroun ne connaissait pas d'anglophone et de
20:23francophone. C'est à la suite, en 1916, de la répartition du Cameroun allemand entre la France
20:35et la Grande-Bretagne que naît maintenant la séparation linguistique. En fait, c'est une même
20:44famille qui malheureusement est séparée par les Français et les Anglais qui s'étaient d'ailleurs
20:53réunis, c'était dans le bureau du gouverneur actuel. A partir de là, il faut également rappeler que le
21:06Cameroun s'était divisé avec une partie anglaise, enfin le Cameroun méridional et le Cameroun
21:13français avec un Cameroun septentrional. Et c'est le Cameroun anglophone qui avait été divisé en deux
21:20avec une partie septentrionale et une partie méridionale. La partie septentrionale ayant été,
21:27se sent rapprochée du Nigéria et qui constitue aujourd'hui l'état de la Damaoua. Et la partie
21:37méridionale a choisi de se rattacher au Cameroun français. J'insiste sur cet aspect parce que
21:46lorsque l'élection, le référendum du 1er octobre 1961 a lieu, le Cameroun français n'est pas concerné.
21:56C'est uniquement le Cameroun anglophone qui devait choisir soit de se rattacher au Nigéria,
22:06soit de se rattacher au Cameroun français. Et donc, ce sont nos frères qui avaient choisi de
22:17venir nous retrouver, nous du Cameroun français. Le référendum s'était déroulé sous l'autorité ou la
22:27supervision de l'ONU. Ça veut dire que le Cameroun français a accueilli ses frères du Cameroun
22:41méridional. Et la situation actuelle ne devrait pas en principe exister. Professeur Magouaroundoua,
22:51pourquoi avez-vous affirmé il y a quelques années, dans un débat télévisé modéré par Ibrahim
22:57Chérif, qu'avant les Allemands, nous étions presque tous anglophones au Cameroun ? Est-ce
23:05que vous pouvez repréciser votre pensée ? Bien sûr, parce que vous savez, il faut d'abord partir
23:10du mot Cameroun. J'entends parfois certains dire Cameroun signifie crevette. C'est faux.
23:16Le portugais qui avait appelé l'Ouvourie Riodos Camarones, Camerouns, après déclinaison c'est
23:30devenu Camarones. Le premier étranger qui arrive au Cameroun, c'est la Grande-Bretagne. Et c'était
23:43à Douala, dans un quartier qu'on appelait à l'époque High Corrie Town. Et ce quartier s'appelle
23:51aujourd'hui Bonabérie, High Corrie Town. Et le premier anglais qui s'appelle, qui s'assoit là-bas,
23:58s'appelle John Lilley. Et ce que l'on peut également souligner, c'est que les Anglais
24:06étaient déjà installés du côté du Nigeria. Et ils avaient des accords avec les chefs du Riodos
24:18Camarones. Et ce sont ces chefs traditionnels du Riodos Camarones qui vont appeler, saisir,
24:33écrire à la Grande-Bretagne pour lui demander de venir coloniser le Cameroun. Et à l'époque,
24:44Riodos Camarones est devenu Cameroun, avec deux O en anglais. Et quand les Allemands arrivent,
24:56après la convention de 1884, ils vont simplement changer de nom. Or, Cameroun qui avait été
25:14nommé au départ, ne correspondait plus à ce que les Polonais, je veux dire les Portugais,
25:20avaient laissé. Et c'est parce que la Grande-Bretagne avait retardé que, finalement,
25:28ils s'étaient orientés vers les Allemands. Les Allemands qui, eux, sortaient d'une guerre,
25:35la guerre de 1872. Et c'est à partir du décret de 1900, 1900, qu'on a commencé à appeler l'ensemble
25:50des tribus mises ensemble par l'Allemagne. C'est comme ça qu'on a commencé à les appeler Cameroun.
25:57C'est-à-dire depuis que le nom Cameroun a dû être appliqué à tout, à l'ensemble du territoire.
26:05Avant, Cameroun représentait ce qu'on appelle aujourd'hui la ville de Douala.
26:10Je voudrais maintenant interpeller le constitutionnaliste sur un certain nombre
26:14de questions liées à la Constitution. D'abord, la Constitution actuelle, est-elle fiable et nous
26:25permet-elle d'envisager sans problème une transition éventuelle, y compris sous le modèle de 1992 ?
26:32Le modèle de 1982 avait été annulé. Aujourd'hui, ce modèle ne pourrait pas marcher parce que le
26:47Cameroun a fait. Et ça, c'est le président qui l'a organisé sous l'emprise démocratique. Aujourd'hui,
26:56tout se passe autour de l'élection. D'abord, il faut partir du fait que ce qui est appelé
27:07Dauphin, gré à gré, ça n'existe pas juridiquement dans notre pays. Nous aurons l'occasion d'y reviendre.
27:17Par conséquent, le modèle de transition qui est actuellement prévu par la Constitution n'est pas le même que celui du modèle de 1982.
27:33En 1982, c'est le premier ministre qui devenait chef de l'État et terminait le mandat en cas de départ du président en fonction.
27:52Aujourd'hui, ce n'est pas possible. Les textes camerounais sont clairs. À supposer même que le président veuille partir, tout dépend.
28:04S'il part avant le mandat, avant la fin, avant l'expiration de son mandat ou pendant son mandat, les régimes sont différents. Je pense que nous y reviendrons.
28:18À propos de transition, il y a eu un récent débat sur la vacance au pouvoir qui a donné le sentiment que certains allaient plus vite que la musique.
28:29Pour que ce soit clair pour tout le monde, professeur Magoula Rondoua, dites-nous, dans le droit constitutionnel camerounais, la vacance correspond à quoi exactement ?
28:40La vacance est aujourd'hui la situation d'une fonction attribuée, mais non exercée, mais pas exercée par le titulaire de la fonction.
28:57En ce moment, on parle de vacances lorsque le titulaire d'une fonction cesse de l'exercer. Mais ici, il faut partir d'un fait, de deux faits très importants.
29:13D'abord, la vacance suppose l'existence d'un mandat. C'est en cours de mandat que la vacance peut se produire. Parce qu'en dehors du mandat, il y a expiration du mandat précédent.
29:31Et les textes sont clairs. Vingt jours avant, cinquante jours après, au maximum, on organise une élection présidentielle.
29:41Comment peut-on alors constater la vacance du pouvoir au Cameroun et quelles sont à la fois la procédure et les acteurs qui interviennent dans ces conditions ?
29:55La vacance, je vais vous dire, applique les principes les plus simples du droit. En droit, c'est la constatation qui crée l'existence juridique.
30:12Un fait doit être constaté. Et aujourd'hui, en ce qui concerne la vacance, elle doit être constatée par le conseil constitutionnel.
30:31Tant que le conseil constitutionnel ne s'est pas prononcé, il n'y a pas de vacances. Et le conseil constitutionnel doit être saisi uniquement par le président de l'Assemblée nationale.
30:45C'est ce qui est prévu dans la loi de 2004. On ne parle pas de l'individu, on parle du président de l'Assemblée nationale.
30:55Et lui-même, avant de saisir le conseil constitutionnel, doit respecter le fonctionnement de l'Assemblée nationale, c'est-à-dire en discuter avec les députés et pourquoi pas les sénateurs
31:16pour l'application, j'allais dire, maximale de tous les principes juridiques de fonctionnement des institutions.
31:25Tout ce que vous dites là signifie qu'il n'y a pas une référence au nombre de jours d'absence du chef de l'État, par exemple du pays,
31:35qui pourrait conduire, comme ça a été le cas récemment dans certains débats ouverts, à une possibilité de constatation de la vacance au pouvoir.
31:48Je vous ai dit que c'est le conseil constitutionnel seul qui constate. Tout le reste n'existe pas.
31:59Tout le reste n'existe pas. Nous devons bien préciser, et ceci est très important, que la vacance n'existe que selon les conditions, le décès du président, la démission ou alors l'empêchement définitif.
32:28On voit bien que la situation est bien claire. Trois cas.
32:33On va donc retenir qu'il n'y a jamais eu de vacances, dernièrement, comme ont voulu faire à force certaines personnes.
32:40Il n'y a jamais eu de vacances, il n'y a jamais eu de dates, je ne sais pas où est-ce qu'ils ont trouvé ce délai de 45 jours. C'est une création de l'esprit.
32:53Cette question, professeur, fait penser au mécanisme de dévolution du pouvoir au Cameroun. Le mot dauphin revient souvent associé à notre camerounisme, le gré à gré, quitte même à jouer les cassandres.
33:08Je voudrais vous demander, est-ce que tout cela est possible aujourd'hui et quel serait le visage de ce dauphin dans la configuration sociopolitique actuelle ?
33:20Je vous ai dit tout à l'heure qu'il n'y a pas de dauphin aujourd'hui au Cameroun.
33:27Et je ne voudrais pas utiliser le mot gré à gré, j'allais dire l'expression que je ne connais pas et qui n'existe que dans le droit des marchés publics, mais certaines personnes l'ont transposé dans le domaine constitutionnel.
33:42Ça n'existe pas en droit constitutionnel l'expression gré à gré.
33:47Tout ce qu'on peut faire pour quelqu'un, c'est peut-être de le mettre en position de candidat dans un parti politique.
33:56Tous ceux qui se battent aujourd'hui doivent attendre tout simplement l'élection. Ils doivent attendre l'élection et surtout doivent d'abord, je dis bien d'abord, s'entendre dans le cadre de leur parti politique.
34:11Et ça, il faut bien que ce soit clair. Parce que la constitution du Cameroun a mis en place ce qu'on appelle la démocratie indirecte.
34:23C'est celle qui accoure dans le monde entier aujourd'hui. La démocratie directe ne pouvant pas fonctionner du fait du grand nombre de citoyens.
34:35Nous sommes à Douala et impossible de ne pas se rappeler que nous avons bien en face de nous le recteur de l'université de Douala.
34:43Avant de traiter des questions liées à l'actualité universitaire, je voudrais vous proposer de regarder cet élément qui a été tourné par nos équipes de la station régionale du littoral à l'école nationale supérieure polytechnique de Douala.
35:00Elle est en train de donner sens et consistance à la notion d'université entreprise et d'étudiants entrepreneurs en créant donc des solutions qui permettent de faciliter la vie quotidienne, notamment dans le domaine des transports maritimes.
35:23Le contact se veut agréable et historique. Une embarcation camerounaise s'enfonce sur les eaux paisibles du Rio dos Camaros. Le savoir et le savoir-faire de l'école nationale supérieure polytechnique de Douala sont entrés en scène, non seulement pour la formation des étudiants, mais aussi pour la réduction des difficultés de mobilité dans les zones insulaires.
35:51C'est les embarcations qui servent pour les séances de pratique, que ce soit dans la navigation, que ce soit dans la pêche.
36:00Une matérialisation concrète de la politique de l'université entreprise définie par le chef de l'état. Théorie et pratique s'allient harmonieusement pour le triomphe de la prospérité.
36:13On a des embarcations comme ça, on ne peut pas les laisser sans les utiliser de temps en temps.
36:18Les mains agiles des étudiants ont ainsi pu mettre en eau deux embarcations. Les travaux de maintenance et de réparation sont aussi assurés par les mêmes acteurs.
36:30La première coque, c'est une coque de 8 mètres de long avec pratiquement 2,5 mètres de large et elle est conçue en matériaux composés d'une fibre de verre notamment. La deuxième coque, c'est une coque un peu plus petite, plus légère pour des déplacements plus faciles et plus fluides sur l'eau. Elle, c'est une coque de 6 mètres.
36:45Nous avons pu participer à toutes les opérations, de la mise en cale sèche, c'est-à-dire sortir de l'eau, au retournement et juste là maintenant au niveau des opérations de carénage.
36:55A l'école nationale supérieure pour les techniques de Douala, le cap sur la modernité est fixé par l'acquisition d'un matériel de pointe. Dernière en date, un simulateur de navigation et de pêche.
37:08Chaque étudiant a droit à 340 heures sur ce simulateur, donc ça simule toutes les opérations en grande nature, que ce soit les opérations de pêche avec tous les engins de pêche et toutes les méthodes.
37:22Dans les ateliers de l'école nationale supérieure pour les techniques de Douala, les gemmes de la création pullulent et la disponibilité du matériel permettent aujourd'hui la production de certains biens et services à l'échelle industrielle.
37:37Ici à bord, les sentiments de sécurité et de fierté surabondent, se font sur les vagues de son savoir et de son savoir-faire.
37:45L'école nationale supérieure pour les techniques de Douala offre aux différentes communautés ses embarcations.
37:50Elles permettent non seulement la reliance sociale avec les localités insulaires, mais également le développement économique par l'éco-tourisme, l'entrepreneuriat universitaire ou tout simplement le statut de l'étudiant entrepreneur.
38:03Elle prend ainsi toute sa matérialisation ici à Douala.
38:09Pour en finir, professeur Magouarondoua, avec les questions, disons, constitutionnelles et de transition, on a suivi vos développements, mais à aucun moment vous ne nous dites quand et comment intervient le peuple pour, par exemple, susciter, demander, imposer une transition.
38:32Est-ce que c'est faisable ?
38:34Ce n'est pas faisable. La démocratie, je vous l'ai dit il y a quelques instants, s'exprime sur deux volets.
38:44D'abord, il peut s'agir d'une démocratie directe, auquel cas c'est le peuple qui décide de tout et directement.
38:53Mais ça, ça suppose que l'on rassemble le peuple à un endroit bien précis, ce qui n'est plus possible.
39:00C'est pour cela que la démocratie, aujourd'hui et dans le monde, est devenue une démocratie indirecte et c'est le Cameroun, c'est le choix du Cameroun.
39:10Parce que la souveraineté appartient au peuple, c'est vrai, mais la constitution précise clairement que cette démocratie, cette souveraineté est exercée soit par le président de la République ou le Parlement, soit par référendum.
39:37Je précise encore, et cela est très important, dans la démocratie, le peuple intervient, en dehors des questions de liberté bien sûr, le peuple intervient pour désigner ceux qui parleront à son nom, pour lui.
39:57Et c'est souvent le président de la République et le Parlement.
40:02Parlons maintenant brièvement de l'université. Il y a ces notions d'université-entreprise et d'étudiants-entrepreneurs découlant de la loi d'orientation.
40:14On vient de voir avec Polytech Douala qu'il ne s'agit pas d'une simple clause de style. Comment cela s'expérimente dans les autres facultés, peut-être dans les autres grandes écoles, à l'université de Douala ?
40:30A l'université de Douala, le principe de la création fonctionne en réalité depuis des années.
40:40Et ce qu'on a dit par exemple de Polytechnique existe aussi à l'Institut Universitaire de Technologie, à l'INSET, l'École Normale Supérieure de l'Enseignement Technique, ainsi de suite, ainsi de suite.
40:55Et la création d'entreprises, l'université de Douala a été choisie comme étant le pôle pour ce qui concerne l'étudiant-entrepreneur.
41:05Et le pôle de l'étudiant-entrepreneur fait en sorte qu'à l'université de Douala, désormais, lorsqu'on s'inscrit, on présente également un projet de création d'entreprises.
41:18Et ça, c'est très important parce que cela permet à l'université de Douala de sélectionner. A l'heure actuelle, on en a 250 qui ont été sélectionnés et qui travaillent dans le cadre du complexe de la professionnalisation et qui ont des projets de création d'entreprises.
41:39L'université de Douala donc discute avec les banques pour éventuellement demander aux banques, pour que les banques soutiennent ces étudiants. Et nous sommes en train d'aller d'ailleurs à une autre dimension, c'est-à-dire le soutien financier de l'université aux étudiants qui auront créé les meilleures entreprises.
42:03Le complexe de la professionnalisation inauguré par le ministre des Tâches, chancelier des ordres académiques, le professeur Jacques Famendongo, a de quoi faire réfléchir. Dites-nous un peu, vous avez réalisé toutes ces infrastructures-là, comment ?
42:19Il y a eu la réhabilitation de 20 bâtiments, préalablement. Il y a eu l'achat de 6000 tables bas. Il y a eu l'achat de 25 véhicules pour les responsables, évidemment en dehors du complexe. Et le complexe provient de l'envie de faire plaisir ou alors de montrer qu'on peut mériter une fonction.
42:50Parce que lorsque le ministre d'État, le premier ministre et le chef de l'État vous confient une responsabilité, dans mon esprit tout au moins, il est important de montrer qu'ils ne se sont pas trompés.
43:07Et c'est la raison pour laquelle j'avais pensé au complexe de la professionnalisation. Et le complexe avait été conçu dans mon esprit un jour le 19 décembre 2019. Dans ma tête, je me suis demandé ce que je pouvais faire pour que le chef de l'État, qui venait de me nommer en juin, soit content.
43:34Et c'est au vu des problèmes de l'université de Douala de l'époque. Vous imaginez, le premier examen que j'ai supervisé avait été fait au lycée de Deido.
43:50– Les étudiants retournent au lycée ? – Au lycée pour les examens. Alors, il y avait évidemment ces problèmes, mais il fallait trouver des financements. Alors j'ai mis en place une ingénierie financière à deux étapes, il y en a eu trois.
44:14Première étape, la diminution du budget de fonctionnement. Deuxième étape, l'emprunt à UBA, la banque de l'université de Douala. D'autres peuvent le faire, il suffit de diviser, parce que c'est ce que nous avons fait, le budget de fonctionnement.
44:36De prélever sur le budget de fonctionnement et de prendre le reste et de négocier le reste avec sa banque.
44:44– Une fois ce complexe réalisé, professeur Magloir-Ondoua, vous considérez que votre tâche est terminée ou alors vous avez quand même d'autres projets, d'autres ambitions, notamment le développement des infrastructures à l'université de Douala ?
44:58– Nous avons un projet de bibliothèque, nous avons le projet d'un autre complexe, qui sont des projets déjà prêts. Pour la bibliothèque, nous avons déjà un certain nombre de faits.
45:14Et ainsi de suite, il y a un restaurant pour les étudiants. Mais nous pensons qu'après le complexe, l'on peut faire d'abord un autre complexe. Parce qu'aujourd'hui, ce complexe est uniquement dédié à la professionnalisation.
45:38Il faudrait également un autre complexe, cette fois dédié aux filières classiques d'un certain niveau. Et c'est cela que nous regardons avant de faire une bibliothèque.
45:54– Dernier élément dans l'actualité de cette semaine, évidemment la célébration du 6 novembre, cette fois-ci 2024. Voici de tout ce qui a été dit et entendu à travers le territoire, ce qu'il faut retenir comme leçon et comme bilan, avec Joseph Clément-Omba.
46:12– Comme un feu d'artifice, la soirée de gala organisée au palais des congrès de Yondi par le comité central du rassemblement démocratique du peuple cambrounais RDPC tire définitivement le rideau sur la commémoration de l'an 42 du renouveau national.
46:30La séquence culturelle est une belle aventure à travers les quatre aires culturelles du Cameroun, Afrique en miniature. Plus qu'un hommage, la manifestation autour du gratin politique et managériale du RDPC est aussi l'expression de la loyauté et de la fidélité de la base militante à leur champion, le président Bia.
46:49Pour certains, ces soutiens ont valeur d'appel à candidature pour 2025 à Yondi, mais aussi ailleurs, l'on a observé, un parti en ordre de bataille pour les prochaines échéances électorales, sans ambiguïté, en conformité avec ses textes de base. Paul Bia, président national du RDPC, demeure le candidat statutaire, voire naturel du parti.
47:11A travers un documentaire télévisé, ce fut l'occasion de redécouvrir Paul Bia dans ce qu'il a fait, ce qu'il a d'intimement unique et qui, enfin, un homme d'exception, dont la personnalité est nimbée de mystères.
47:23Le secrétaire général, vice-premier ministre, Jean Coueté, le souligne avant très, c'est grâce au président Bia à ce qu'il est et à ce qu'il fait que notre pays est perçu comme un pays d'exception pour un peuple d'exception.
47:37Malgré des écueils de toutes sortes qui se sont dressés sur le chemin de son magistère, Paul Bia réussit au quotidien à résoudre une équation à 250 inconnus, les 250 groupes ethniques qui forment le microcosme camerounais.
47:51Servi par sa pondération, son patriotisme et son sens, élevé de l'État, Paul Bia s'emploie à maintenir la stabilité des institutions, poursuivant les efforts de progrès du Cameroun autour des idéaux de paix et d'unité nationale, à son rythme.
48:05Mais avec Paul Bia, le Cameroun a grandi, mûri, changé et accéléré son développement selon ses potentialités et ses ressources, ses contraintes internes et externes, mais toujours dans l'intérêt de ses populations.
48:18Garant des valeurs fondamentales de renouveau, Paul Bia reste le meilleur choix pour le RDPC et selon beaucoup de militants et militantes, aucune ambiguïté, aucun doute ne persiste, c'est le candidat idéal pour le parti.
48:31Seul doute qui résiste, à l'usure du temps, c'est la réponse du Président Bia à ses appels à candidature. Peut-être va-t-il répondre de façon civile, je vous ai compris.
48:43Professeur Magloir-Ondoa, terminons par quelques considérations, disons, d'ordre managériel et politique. Recteur d'une université qui a vu deux de vos prédécesseurs incarcérés, est-ce que vous gérez l'université de Douala, la peur au ventre ? Est-ce que vous faites attention à l'argent public et à la gouvernance de manière générale ?
49:10Bien sûr, d'abord il faut préciser que ceux dont vous parlez ont été acquittés. Maintenant, pour le reste, l'argent de l'université doit être affecté au développement de l'université. Je vous donne un petit exemple.
49:32Nous sommes endettés. Je prends quelques exemples pour comprendre que l'argent ne peut pas se gérer un peu n'importe comment dans un contexte tel que celui-là. Il y a d'abord la dette institutionnelle, qui existe depuis 2008.
49:54De plus de 2 milliards, de 12 milliards. Ensuite, nous devons payer les salaires à peu près 200 millions par mois. En plus, nous devons rembourser le crédit à hauteur de 200 millions chaque trimestre.
50:20Vous comprenez qu'avec tout ça, il n'y a pas d'argent. Il y a de l'argent, mais les problèmes sont supérieurs à l'argent.
50:32Vous avez une production scientifique de pharaons, pourrait-on dire, notamment 5 tomes de livres sur le droit administratif africain, plus de 250 tomes sur les institutions administratives et politiques au Cameroun et en Afrique depuis 1815 jusqu'en 2010.
50:54Est-ce que, comme certains de vos collègues, vous arrachez simplement les idées et les travaux des jeunes, que vous enoblissez du vernis de maître, ou alors c'est un indicateur d'une école magloire ou noire en matière de droit public reposant sur certains piliers que vous pouvez nous préciser ici et maintenant ?
51:19Je tiens d'abord à préciser qu'il s'agit du droit constitutionnel. Les 5 tomes sont le droit constitutionnel et l'institution politique du Cameroun.
51:32Et ces 5 tomes viennent s'ajouter aux deux thèses que j'ai faites en droit administratif.
51:41Maintenant que tout cela est dit, le recueil des textes, je veux dire, l'ouvrage de 250 tomes a été fait, nous étions en 2012, et vous comprenez que déjà, ça ne pouvait pas être, ça ne pouvait pas venir des étudiants.
52:05C'est une organisation particulière et qui avait pour objectif de permettre aux droits camerounais d'avoir une identité et d'avoir des bases.
52:24Parce que ce qu'on a appelé l'école de Santa Barbara, l'école aux droits magloires, en réalité, c'est un mode de pensée, une façon de penser qui tourne autour de l'autonomie et l'originalité des droits africains.
52:48Avant cette théorie, tout le monde pensait que le Cameroun, c'était octroyer les textes français.
52:59Et nous avons donc démontré, depuis la thèse du doctorat d'état, la deuxième thèse, nous avons démontré que le mimétisme juridique n'a jamais réellement existé et que le Cameroun a toujours eu son droit à lui.
53:23Et tout cela depuis 1924.
53:28Certains du Grand BAM, votre Gérôme Naturel, sont très en colère ces derniers temps et alimentent le chef de l'état de Memuranda, qui revendique grosso modo, entre autres, plus de postes pour l'imbam-moi dans l'appareil dirigeant.
53:46Vous, professeur magloire ou noir, vous soutenez secrètement ou publiquement cette politique épistolaire, dans l'espoir que cela puisse peut-être vous valoir quelque chose, on va dire, de plus costaud que recteur de l'université de Douala ?
54:06Je vais vous dire que, d'abord, nous n'étions pas au courant, et cela avait été fait le 26 juin, le jour du conseil d'administration de l'université, et je n'étais au courant de rien, complètement.
54:27Et jusqu'à présent, je ne sais pas qui en est l'auteur, mais seulement, en ce qui me concerne à titre personnel, je vais vous poser une question, j'espère que vous me répondrez. Je sors d'où ?
54:47D'où sortez-vous, professeur magloire ou noir ?
54:51Je sors du village. Je suis né au village, j'ai grandi au village, ce qui fait que pour moi, recteur, c'est déjà énorme.
55:05D'ailleurs, j'ai de la peine à expliquer à mes camarades, lorsque je les vois tous les 31 décembre, je vais à Bukito, les retrouver, pour moi, recteur, c'est déjà énorme, et en plus, je suis devenu croyant.
55:22Tout ce que Dieu fait est bon, et qu'il me laisse recteur est déjà énorme. Il n'y en a que 11 dans la République, à l'heure actuelle. Pourquoi penser qu'il faut absolument avoir un poste supérieur ?
55:40Et c'est ça qui crée tous les problèmes que nous rencontrons au Cameroun, parce que les gens ne savent pas vivre avec le peu qu'ils ont. En tout cas, en ce qui me concerne, j'estime que c'est déjà énorme, ce qui se passe actuellement, et tout dépend du chef de l'État, désormais.
56:01Je fais comme si je n'ai rien entendu pour poser ma dernière question. Les ouvriers de la science et maîtres du savoir comme vous montrent de plus en plus d'envie, une sorte d'envie tyrannique du pouvoir. Est-ce que c'est aussi votre cas ? Si oui, quel pouvoir voulez-vous ? Quel poste voulez-vous encore ?
56:23Il est difficile de vouloir un poste dans notre pays, et surtout quand on a les convictions religieuses, les convictions qui sont les miennes, dont je vous ai parlé tout à l'heure.
56:36Ce qui est sûr, c'est que pour moi, chaque poste doit être perçu non pas par rapport aux avantages, mais par rapport au travail à fournir. Parce qu'une fonction administrative, c'est d'abord un poste de travail.
57:00Il faut être capable d'apporter quelque chose à la nation. Lorsqu'on est nommé, ce n'est pas seulement pour avoir des avantages, mais c'est aussi pour apporter quelque chose à la nation. Voilà ma conception.
57:18Et elle s'ajoute à une conception religieuse. Chaque nomination, c'est la clé du paradis. Il faut savoir utiliser cette clé pour accéder au paradis, c'est-à-dire en faisant du bien.
57:34Si vous utilisez la fonction pour exprimer votre ego, pour mentir, pour faire du mal, alors vous n'avez pas compris le message profond du pouvoir. Le vrai pouvoir doit permettre à son détenteur d'alléger la tâche à tous les autres.
58:02C'est par ces considérations, peut-être, que nous allons terminer. Professeur Magouar Oundoua, professeur agrégé de droit public et sciences politiques, recteur de l'université de Douala, merci de l'hospitalité et de votre disponibilité.
58:17Je vous remercie.
58:19Mesdames et messieurs, tout passe et nous passons tous, mais le pays reste et restera. Prenons donc grand soin du berceau de nos ancêtres, le Cameroun. Bonsoir.