• il y a 4 mois

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00:00Notre enquête débute aux confins de la Bretagne, en plein bocage, à la frontière avec la Normandie,
00:09une région où les drogues dites dures ont envahi la campagne. Nous avons appris qu'une fête techno,
00:16un techos comme on dit, doit se dérouler cette nuit dans un champ. Sur place il y a
00:22environ 200 jeunes qui dansent au rythme du DJ. Ces tuffers ne viennent pas de grandes villes
00:34mais de villages des alentours. Nous constatons que la plupart sont sous l'emprise de stupéfiants.
00:42En coulisses la vente bat son plein en toute illégalité. Certains jeunes nous laissent
01:08filmer une transaction. Ce mettre cher c'est à dire consommer des stupéfiants en grande
01:31quantité. Les gendarmes interpelleront cinq jeunes le lendemain matin. Mais les drogues
01:39dites dures ne sont pas cantonnées aux fêtes techno. A vitrées 17000 habitants comme partout
01:45en Bretagne, on était plutôt familier des problèmes d'alcoolisme. Mais ici aussi les
01:50drogues autres que le cannabis se sont banalisées et notamment l'une des plus dangereuses,
01:55l'héroïne, responsable de nombreuses overdoses. David, 29 ans, avait plus l'habitude de consommer
02:05des stupéfiants que des crustacés. Mais ce soir c'est le nouvel an alors avec sa compagne Lauren,
02:1320 ans, ils ont décidé de passer un réveillon plus sobre. Il s'affaire en cuisine avec Lucie,
02:21une jeune copine de 17 ans. Elle est chargée de tartiner les petits fours, il prépare un vrai
02:29gueuleton. Ni David ni Lauren ne travaillent, ils vivent grâce au RMI du jeune homme. Tous deux
02:39ont des histoires familiales douloureuses. Enfants de la DAS ou de couples divorcés,
02:43ils ont lâché job et études à cause de la drogue. Mais c'est bien fini, promis juré.
02:49Ce sera une année qui sera, qu'on espère, chanceuse de professionnel, enfin la réussite
02:56professionnelle et qu'on oublie un petit peu toute la drogue qu'on a pu consommer et qui
02:59nous a fait passer du mauvais moment. Mais juste avant le dessert, surprise,
03:06la table change de physionomie. Un autre type de cuisine se prépare. Les deux jeunes bretons
03:13rincent des seringues pour s'injecter de ***, une pratique particulièrement risquée. Avec le
03:20chèque de Noël des grands-parents, ils ont acheté un demi-grain de poudre pour 30 euros.
03:24J'en ai eu envie d'un coup et il suffit que j'en parle pour que tout le monde en ait envie,
03:32donc du coup ça marche. Plus convivial, c'est convivial.
03:39Lucie, elle aussi, consomme de l'****. C'est avec David qu'elle a découvert ce stupéfiant.
03:47Mais la jeune fille ne s'injecte pas, elle sniffe, une trace comme ils disent.
03:51Et pourtant, elle a déjà pris de la poudre l'intraveineuse.
04:01J'ai déjà essayé et du coup ça m'a rendu malade. Je préfère prendre mon trace et ne pas être malade
04:09plutôt que d'être malade. Plutôt se défoncer bien. Lorraine, elle, s'est habituée à la seringue.
04:18Elle redoute que son amie Lucie devienne dépendante.
04:21C'est vraiment chier de la voir dans des états comme moi j'ai pu être.
04:28Et en même temps, tu ne peux pas l'empêcher.
04:30Mais en même temps, je ne peux pas l'empêcher, je ne suis pas sa mère, je ne suis pas sa sœur.
04:33Maintenant, tout ce que je peux faire, c'est la conseiller et que si jamais,
04:39par mes gardes, elle tombait dedans, être là pour la soutenir et pour l'aider.
04:45Parce que j'ai juste d'expérience par rapport à les *** qui veulent.
04:50Les effets de la poudre brune se font très vite sentir.
04:56Lorraine se lance dans une danse endiablée, au rythme de la musique hardcore.
05:09Mais au bout de quelques temps, l'atmosphère retombe.
05:13Lorraine appelle un ami de David pour acheter à nouveau du produit.
05:16Putain, j'hallucine, réponds-toi.
05:21On verra bien.
05:23Vous voulez diminuer un peu ?
05:25Ouais, parce que ce soir, c'était trop lent quand même pour en profiter.
05:29Ah là là, c'est plus le festif, quoi.
05:31Rappelle-le vite fait.
05:33Finalement, le dealer rappelle.
05:35Rappelle-le vite fait parce que...
05:40Ça va, t'es en bon rang ?
05:41Ouais, tranquille.
05:42Il y aurait moyen, il faut se voyer.
05:46Ça marche.
05:47Ouais, à tout à l'heure.
05:48À tout à l'heure, mon grand, ouais.
05:51Yeah, man !
05:54Le couple n'a plus de sous.
05:56C'est Lucie qui avance l'argent.
05:5810 euros, suffisamment pour 3 doses.
06:01Combien ? 5, 9, 10...
06:05Ouais, 10, c'est bon, laisse tomber.
06:07C'est de la quoi ?
06:08David part seul.
06:10Le trafic des *** est un délit grave, passible de 10 ans de prison.
06:14Et pourtant, même avitré, nul besoin de s'aventurer loin.
06:18Il revient très vite.
06:29Mais le jeune homme a récolté moins de *** que prévu,
06:32ce qui va poser problème.
06:34Y a pas assez... Enfin, c'est un dépannage, quoi.
06:38Je vais me débrouiller, quoi.
06:40Je vais essayer de gérer avec les filles.
06:42En 10 ans, j'ai fait la démarche.
06:44Elles vont être vertes, quoi.
06:46Mais c'est bon, c'est comme ça.
06:48Désolé, fille.
06:49Hein ?
06:50J'ai juste ce qu'il faut prendre.
06:52C'est droit ?
06:53Ouais, j'ai encore les 10 euros.
06:55Il m'a dépanné, là.
06:56Et il avait rien, là.
06:58T'as moyen de me mettre un tout petit truc ?
07:00C'est cool, franchement.
07:01Bravo.
07:02Désolé, toi, je suis honnête.
07:04Je vais voir ce que je peux faire.
07:06C'est ce qui m'a fait attaquer, quoi.
07:08David préside à la répartition des doses.
07:11Il accepte, finalement, d'en donner un peu à Lorraine.
07:15Tiens, je te mets ça.
07:17Vas-y, tu te débrouilles avec ça.
07:19Lucie, elle, n'aura que les restes.
07:22Tiens, tu veux lécher ?
07:24Tiens, lèche.
07:26Il en reste, t'as vu ?
07:28Il en reste.
07:29L'atmosphère du réveillon est brutalement retombée.
07:32Voilà le côté négatif de la cam.
07:36Vas-y.
07:39Lorraine vole un peu des *** dans le dos de son petit copain.
07:50Et...
07:52C'est que t'as toujours envie d'en reprendre plus.
07:55La dernière injection se prépare.
07:57Mais *** nous plutôt la rabla, comme ils disent, à gâcher la fête.
08:01Le pire est qu'ils auraient préféré acheter du *** ce soir-là.
08:05On n'a pas réussi à trouver le ***.
08:07On s'est dit qu'on pouvait se défoncer un peu et on a pris un demi de rabla.
08:10Moi, je regrette d'avoir pris un demi de rabla parce que...
08:16Depuis le tournage, David et Lorraine ont replongé tête baissée dans le ***.
08:22Tu peux parler ?
08:24Le couple s'est séparé.
08:27Aucune nouvelle à revanche de Lucie.
08:36En quelques années, le prix du gramme des *** a été divisé par 2.
08:41Elle est accessible partout, y compris dans ce petit village non loin.
08:46Dans le secret de ces pavillons se déroule un curieux manège.
08:53Mathieu, 21 ans, utilise cette feuille d'aluminium pour fumer de ***.
08:58On appelle ça taper un alu.
09:05Ça fait comme du caramel.
09:07Puis après, t'aspires la fumée...
09:09Bah, la fumée...
09:11La fumée de vacarme.
09:13La dépendance est aussi redoutable qu'avec une seringue.
09:17Impossible de s'en passer plus de quelques heures.
09:20Mathieu consomme l'équivalent de 120 euros par jour.
09:23Si j'en prends pas, ça fait comme si j'étais malade.
09:26Je vais avoir froid, chaud et là, je vais...
09:30Enfin, je vais avoir la flèbe et puis je vais vraiment pas être en état.
09:35Le jeune homme a découvert les stupéfiants après le divorce de ses parents.
09:40Il est tombé dans les *** il y a 2 ans et demi.
09:43Depuis, Mathieu a perdu 15 kilos.
09:46Et pourtant, la 1re fois, il ne s'était pas méfié.
09:49Au début, moi, c'était les termes Rabla, Cam,
09:53mais j'ai appris peut-être, je sais pas, un mois après que c'était les ***.
09:59Je voyais les *** comme vraiment la pire des drogues, quoi.
10:03Donc c'est vrai que je m'étais dit...
10:05Enfin, moi, jamais, je te ferais ***.
10:09Il y a quelques temps encore, Mathieu travaillait en intérim.
10:13Mais c'est fini.
10:15Il passe ses journées devant la télévision, la main cramponnée à son téléphone.
10:21Ouais, ouais, ouais.
10:23Ouais, ouais, ouais.
10:26Pour pouvoir se payer sa dose,
10:28le jeune homme est devenu revendeur par la force des choses.
10:32Cet après-midi, il part fournir un autre toxicomane
10:36dans un tout petit village à une vingtaine de kilomètres.
10:42Contre quelques dizaines d'euros,
10:44Mathieu échange ce petit caillou des ***.
10:49Morceau de conversation choisi sur le thème du deal.
10:52C'est comme ça que les gens ne passent plus chez nous, quoi.
10:56Ils vivent de 1 800 euros.
11:03C'est en Técos que Loïc, 22 ans, a connu les ***.
11:08Il dépense tout l'argent de son chômage dans les stupéfiants.
11:15Les 2 jeunes gens se défoncent
11:17alors que les parents regardent la télévision dans la pièce d'à côté.
11:22Loïc ne souhaite pas qu'on les interview.
11:41La petite copine de Loïc vient d'arriver.
11:44Elle a 17 ans et va au lycée.
11:46Elle ne fume pas de ***, mais ne mesure pas le danger.
11:53De toute façon, je ne peux rien lui dire.
11:55Il ne va pas arrêter comme ça.
11:56Je préfère qu'il nous dise qu'il fume, qu'il se cache, quoi.
12:00Ça ne vous embête pas trop ?
12:01Non.
12:03Maintenant, on est au lycée.
12:04Puis moi, c'est chez mes parents.
12:05On n'a pas d'appart.
12:06On n'a pas de loyer à payer.
12:08Pas d'électricité.
12:09Donc, aux gars, ça n'en vient à rien, quoi.
12:13C'est la jeunesse, tranquille.
12:17Selon Loïc, il y aurait jusqu'à 20 toxicomanes
12:20dans son petit village de quelques centaines d'habitants.
12:346 heures du soir, l'heure du départ pour Mathieu.
12:38Il aura fumé 2 allus au passage.
12:42Monopolisé par sa toxicomanie,
12:44le jeune homme a perdu tous ses amis.
12:50Je ne sais pas si on peut vraiment dire...
12:52Bon, si c'est des gens sur qui on peut...
12:54Enfin, vraiment des vrais amis, quoi.
12:56Je sais que moi, les vrais amis que j'avais avant,
12:59je les ai perdus à partir du moment où je suis rentré dans le monde de la cam.
13:05Mathieu part se fournir chez son dealer,
13:08dans une autre petite ville,
13:10mais impossible de filmer.
13:16Au même moment, sa maman rentre du travail.
13:19Elle est cadre de santé.
13:21Et pourtant, elle a mis près d'un an à constater que son fils se droguait.
13:25Alors moi, à l'époque, je pensais qu'il fumait.
13:27Mais qu'il fumait de l'herbe, qu'il fumait...
13:30Ca m'a étonné quand même que ce soit si facile
13:32de pouvoir en acheter et de pouvoir en avoir.
13:38Retour à la maison.
13:40La maman de Mathieu habite depuis quelques mois chez son compagnon.
13:45Elle revient ici 2 ou 3 fois dans la semaine.
13:56L'occasion de prendre l'apéritif avec son fils
13:59et de faire le point.
14:03Rien de spécial.
14:08Je me suis fait réveiller par le téléphone,
14:10je sais pas qui c'est qui a appelé.
14:13Tu zappes un peu quand même.
14:15Quand elle a su que son fils était toxicomane,
14:18la maman a épongé les dettes.
14:204 000 euros.
14:21Elle l'a accompagné voir un médecin,
14:23mais rien n'y a fait.
14:25La seule solution que Mathieu a trouvée, c'est de partir.
14:28Loin de la ville de Fougères, toute proche et de sa région.
14:32Pour lui, ça sera vraiment voir autre chose
14:34et couper complètement des relations qu'il a aujourd'hui.
14:37Même s'il veut plus les avoir,
14:39je suppose que t'en as quand même.
14:42Que tu te balades dans Fougères.
14:44De toute façon, l'autre jour, tu m'as dit
14:46je vais boire un coup là.
14:48J'en vois que j'avais pas envie de boire.
14:50Donc voilà, c'est sûr que dans une petite ville,
14:52c'est plus difficile.
14:55Quelques semaines plus tard,
14:57Mathieu partira habiter dans le nord de la France.
15:00Aux dernières nouvelles, il n'a pas replongé.
15:06A Rennes, la capitale bretonne,
15:08les junkies du bocage ne sont pas la priorité.
15:11Même au CHU.
15:14Sauf sans doute pour Jacques Jutel, un infirmier.
15:18Spécialiste en toxicomanie.
15:21L'homme est chargé du secteur de Vitrée-Fougères.
15:25En 10 ans, il a vu le nombre de ses patients
15:27multiplié par 10.
15:30Rien que pour les ***,
15:31il a 40 personnes à suivre régulièrement.
15:35Maintenant, un gamin de 18 ans
15:37qui soit à Paris,
15:39qui soit dans la banlieue sud,
15:41dans la banlieue nord,
15:43ou qui soit dans le plus paumé
15:45des petits villages de France,
15:48il peut avoir accès aux produits,
15:50il aura souvent accès aux produits s'il le veut.
15:53Donc l'illusion qu'on peut être protégé
15:57quelque part géographiquement
15:59de la présence de l'héroïne,
16:00pour moi c'est fini.
16:02Pour faire face,
16:03Jacques Jutel se débrouille comme il peut.
16:06Aujourd'hui, il va chercher une patiente
16:08qui veut en finir avec les ***.
16:10L'infirmier a obtenu une place dans une clinique,
16:13mais la jeune femme n'a pas de voiture,
16:15il doit faire le chauffeur.
16:17Alors, est-ce qu'elle est par là, ma granette ?
16:21Non, je ne la vois pas.
16:23Je ne la vois pas, je ne la vois pas,
16:25je ne la vois pas.
16:27Jacques Jutel a l'habitude de ce genre de retard.
16:30Sandra, sa patiente, est gravement toxicomane.
16:36Une demi-heure plus tard, toujours personne.
16:40Nos patients sont rarement à l'heure.
16:43Dans le profil de poste,
16:44il faut faire preuve de souplesse.
16:46C'est un euphémisme.
16:47Alors, arriver à faire coïncider
16:49ce type de fonctionnement
16:50avec les obligations hospitalières,
16:52tiens, la voilà, la petite crevette.
16:56La jeune fille arrive enfin.
16:59L'infirmier lui donne immédiatement
17:012 flacons de méthadone.
17:14Ce médicament comble le manque
17:16lié à l'absence de...
17:20Sandra en prend 80 mg par jour.
17:23C'est une très forte dose.
17:26Putain, il était temps que vous arriviez.
17:30Sandra est toxicomane depuis l'âge de 16 ans.
17:33Elle en a 23 aujourd'hui, un peu SDF.
17:36Elle est passée près de la mort à plusieurs reprises.
17:39Là, je vais essayer déjà de tenir le coup
17:42quelques temps sans consommer
17:43et d'essayer de passer à autre chose,
17:46mais ça va pas être...
17:47Je vais voir, je vais essayer.
17:48T'as pu déjà vérifier que ta vie
17:49ne se résume pas à la défonce.
17:51Il y a autre chose.
17:56Nous arrivons à la clinique du Moulin,
17:58à côté de Rennes.
18:00C'est le seul établissement spécialisé
18:02en toxicomanie de la région.
18:05Bon, on va prendre les affaires,
18:07puis je vais t'accompagner.
18:08Ouais.
18:09OK.
18:14Respire à fond, cocotte.
18:16Ouais.
18:20La jeune femme part pour un mois de traitement.
18:26Je sais ce qui se joue dans sa tête, là,
18:28et je comprends qu'elle soit stressée,
18:30parce qu'effectivement, elle se dit
18:33qu'elle a déjà usé pas mal de cartouches.
18:36Il lui reste plus beaucoup de possibilités, quoi.
18:39Trois jours plus tard,
18:40Sandra s'enfuira de la clinique.
18:43Mais Jacques Jutel ne désespère pas
18:45de la renvoyer à nouveau en cure.
18:51Jour de marché à Fougères,
18:53gelée ville bretonne de 20 000 habitants.
18:57Il y a les fruits, les salades,
18:59les traditionnelles huîtres de cancale.
19:02Ces habitants semblent bien loin
19:04des problèmes de drogue.
19:06Et pourtant, il y aurait près de 500 consommateurs
19:09d'**** dans la région,
19:11à en croire un article de la presse locale.
19:14Oui, on en a entendu parler.
19:16Mais enfin, je pense que c'est pas aussi important
19:18que ça, sur Fougères.
19:20C'est-à-dire que par ici,
19:22on prend plutôt le c****,
19:24c'est comme ça, quoi.
19:26À la gare routière de Fougères,
19:28l'écho n'est pas le même.
19:30C'est ici que les élèves des alentours
19:32prennent le car pour rentrer chez eux.
19:34Ces jeunes semblent bien plus au courant
19:36que leurs parents,
19:38comme ces collégiens âgés de 15 ans.
19:40On retrouve du tout, aussi.
19:42Les ch****, la c****, la p****.
19:45Un peu de tout.
19:47Je connais des mecs qui sont camés.
19:49Ils peuvent pas s'en sortir, maintenant.
19:51Et au collège, ils vous en ont parlé ?
19:53Non, pas grand-chose.
19:55Y a pas eu de prévention ?
19:57Bah, si, pour les c*******.
19:59Mais pas pour l'héroïne ?
20:01Non.
20:03Du côté des filles, c'est le même refrain.
20:05Le plus courant, c'est le c*******, ça.
20:07Vous avez vu des drogués, aussi ?
20:09Oui, bah, moi, j'ai vu des c*******.
20:11T'as pas entendu parler de pauvres, de calmes ?
20:13Si, de la p****, du parchemin.
20:15Ouais, y en a beaucoup, par chez nous.
20:17Moi, j'ai habité, pendant toute ma vie, à Paris.
20:19Je viens d'arriver en septembre.
20:21Et j'ai jamais vu autant d'alcool, de drogue, et tout, ici.
20:23C'est assez incroyable.
20:25A Fougère-Même, ça va encore.
20:27Mais dans les alentours, vers Javenay, Billé, c'est incroyable.
20:29Entre jeunes et adultes,
20:31le décalage est surprenant.
20:33Il en dit long
20:35sur le manque d'informations
20:37et de prévention en milieu rural.
20:39Avec des conséquences
20:41parfois tragiques.
20:43La Dominelay.
20:45Un petit bourg de 950 habitants
20:47perdus dans le bocage breton
20:49entre Rennes et Redon.
20:51En 2007,
20:533 jeunes du village sont morts d'overdose
20:55en l'espace de quelques mois.
20:59Dans cette maison,
21:01vit la maman d'un de ces jeunes.
21:03Ghislaine Bazin
21:05a accepté de témoigner
21:07et d'ouvrir son album de photos.
21:09Son fils Thomas est mort
21:11en novembre 2007,
21:13à l'âge de 21 ans.
21:15A l'époque,
21:17il travaille comme couvreur
21:19à une petite copine,
21:21mais il est dépendant de la ***.
21:25Parfois, quand les gens,
21:27quand je montre la photo de mon fils
21:29à des personnes à qui j'en parle,
21:31elles me disent... Ah, elles sont vraiment surprises.
21:33Elles ne s'attendaient pas à voir un jeune
21:35ordinaire.
21:37Thomas avait très mal
21:39supporté la séparation de ses parents
21:41il y a quelques années.
21:43Il était resté
21:45habité seul dans la maison familiale
21:47alors que ses parents avaient
21:49emménagé dans de nouveaux appartements.
21:53Cette maison, Ghislaine Bazin
21:55tient à nous la montrer.
21:57Elle est située dans un hameau
21:59à quelques kilomètres
22:01de la Domine-Laye.
22:03La maman
22:05n'y retourne presque jamais.
22:07C'est là-bas que Thomas est mort.
22:13Aujourd'hui,
22:15la maison est à l'abandon,
22:17envahie par la végétation.
22:19Ghislaine Bazin ne s'est pas
22:21résolue à la vendre.
22:23Son fils s'habitait au premier étage.
22:25La maman passait de temps
22:27à autre remplir le frigo
22:29et prendre les nouvelles.
22:33Un matin, je suis venue
22:35parce que je n'arrivais pas à avoir
22:37de réponse de Thomas au téléphone.
22:39Il était en arrêt de travail
22:41donc il aurait dû pouvoir répondre.
22:43Des amis m'ont aidée
22:45à défoncer la porte
22:47puisqu'il s'était enfermé à clé
22:49dans sa chambre.
22:51Bien sûr, pour une affaire
22:53comme ça, les gendarmes
22:55se sont déplacés.
22:57Lors de la perquisition,
22:59j'ai découvert les bouteilles en plastique,
23:01comme la petite cuillère,
23:03de l'ammoniaque,
23:05tout ce que je n'avais jamais vu avant.
23:07Dans cette maison,
23:09Ghislaine Bazin le savait,
23:11son fils consommait des stupéfiants.
23:13Mais elle n'a jamais pu
23:15ou voulu en savoir plus.
23:17C'est Thomas qui lui en a parlé le premier.
23:19A l'été 2007, il décide
23:21de sortir de la drogue.
23:23Il demande alors à sa maman
23:25de lui trouver une cure de désintoxication.
23:27Ghislaine Bazin prend rendez-vous
23:29à toute une série
23:31d'obstacles administratifs.
23:33En regardant notre fiche,
23:35cette personne nous dit
23:37qu'on ne dépendait pas du secteur.
23:39Rendez-vous pris sur Rodan
23:41avec un infirmier psychiatrique.
23:43Leur rendez-vous était pris pour le mardi
23:45et Thomas est mort le dimanche.
23:47L'enquête qui a suivi la mort de Thomas
23:49a permis la saisie
23:51de 3,5 kg d'héroïnes
23:53dans les villages aux alentours,
23:55une quantité considérable.
23:59Flair et ses 17 000 habitants
24:01au milieu du bocage normand.
24:03A cause des volumes
24:05d'héroïnes qui circulent ici,
24:07on surnomme la ville Flair-la-Blanche.
24:09Au commissariat,
24:11les policiers sont généralistes,
24:13mais un homme a décidé
24:15de mener la guerre aux dealers.
24:19Le brigadier-chef Stéphane Guerroy
24:21dirige une unité avec de jeunes collègues,
24:23spécialisés dans le trafic
24:25de stupéfiants.
24:29Mais c'est en civil
24:31qu'il part patrouiller dans la ville.
24:33Le fils d'agriculteur
24:35a de bons informateurs.
24:37Il donne des cours de football
24:39aux jeunes des quartiers.
24:41On lui a dit qu'une nouvelle équipe
24:43de dealers venait d'arriver à Flair.
24:45En suivant les informations que j'ai recueillies,
24:47ils viennent avec 200 ou 300 g
24:49d'****, donc ils écoulent
24:51ça rapidement, et après,
24:53ben...
24:55ça va en campagne, ça reste dans le quartier,
24:57c'est distribué dans le secteur.
24:59Le brigadier-chef
25:01connaît la plaque d'immatriculation des dealers.
25:03Il part à la pêche
25:05dans le quartier du Mont-Saint-Michel.
25:07La voiture est pas là.
25:09Le policier décide alors
25:11de rappeler son informateur,
25:13un toxicomane du quartier.
25:15Ouais, ça m'intéresse, tu te renseignes rapidement.
25:17Parce que
25:19moi, je suis à bloc là-dessus,
25:21j'aimerais bien qu'on les fasse rapidement.
25:23T'es un chef, merci.
25:25Salut, bye.
25:29Le soir même, toute l'unité
25:31est réquisitionnée.
25:33L'information vient de tomber,
25:35les dealers sont revenus.
25:37Ils seraient hébergés dans
25:39un appartement du quartier.
25:41C'est là que se ferait le commerce d'héroïne.
25:43Dès qu'il y a un individu qui arrive
25:45pour acheter sa cam',
25:47on va voir s'il monte directement
25:49à l'appartement. S'il monte, je vous donne le top,
25:51et Cédric,
25:53tu prends en filature
25:55et tu interpelles un peu plus loin,
25:57parce que si on interpelle trop près, ça va pas être bon.
25:59Il faut absolument qu'on soit au plus loin
26:01pour en faire un 2e si on peut. D'accord ?
26:03Prenez l'équipement, hein.
26:05J'ai les barbales pour tout le monde.
26:07Départ pour le quartier du Mont-Saint-Michel.
26:11Nous nous équipons d'une caméra
26:13infrarouge discrète.
26:15Stéphane Guérois est bien connu
26:17dans le quartier.
26:19Il ne veut pas se faire repérer.
26:21Je vais me reposer par là.
26:23Pour observer les vendeurs,
26:25le policier a réussi à emprunter
26:27un logement vide à un habitant.
26:33L'emplacement est parfait,
26:35juste en face de l'appartement
26:37des dealers.
26:47Les logeurs sont bien là,
26:49mais les vendeurs ne sont pas arrivés.
26:51Stéphane Guérois
26:53prend son mal en patience.
26:57Doucement.
26:59Elle est complètement arrêtée, la bagnole.
27:01Attends, je mets les plaques.
27:15Fausse alerte.
27:17Les dealers tardent à arriver.
27:19Le policier reçoit alors
27:21un nouveau texto de son informateur.
27:25Les vendeurs sont dans un village des environs.
27:29Il faut bouger.
27:39Ils viennent de la faire télémasser, les mecs.
27:41Donc, ce qu'on va faire,
27:43tu vas te mettre au rond-point,
27:45il peut arriver que par là.
27:47Salut, ma caille.
27:51La Ferté, c'est une toute petite ville,
27:539-10 000 habitants au maximum.
27:55Ils ont déjà des contacts à droite et à gauche.
27:57C'est vraiment épatant.
27:59Le deal dans les campagnes ?
28:01C'est exactement ça.
28:03On est en plein dedans.
28:05S'ils arrivent à fourguer 50 grammes
28:07à la Ferté,
28:0925 grammes à la Messée,
28:1130 grammes là-bas,
28:1325 grammes à gauche, à droite,
28:15ils arrivent à 150 grammes tout de suite.
28:17En 5-6 jours, ils écoulent 250 grammes,
28:19300 grammes.
28:21Et ils font leur business comme ça.
28:23Ils marchent que comme ça.
28:25C'est rentable pour eux.
28:29Minuit et demi.
28:31L'opération se termine.
28:37Stéphane Guérois a beau tout mettre en oeuvre
28:39pour empêcher de nouvelles overdoses,
28:41difficile de combattre
28:43ces petits réseaux non structurés.
28:47Mais la soirée n'est pas perdue.
28:49Deux toxicomanes viennent d'être arrêtés
28:51par la brigade de nuit.
28:53Ils cambriolaient des caisses de lavage automatique
28:55dans le centre-ville.
29:01Mehdi est âgé de 25 ans,
29:03toxicomane depuis 3 ans et demi.
29:07Il habite le quartier du Mont-Saint-Michel,
29:09Stéphane Guérois le connaît
29:11depuis son adolescence.
29:39Le jeune homme aurait commis les braquages
29:41pour rembourser une dette de drogue.
29:43Stéphane Guérois
29:45tente d'en savoir plus sur son dealer.
30:09Mais sur le trafic à flair,
30:11le périmètre d'action du policier
30:13motue ses bouches cousues.
30:15Pour moi, connaissant le secteur,
30:17il me donne un peu du réchauffé.
30:19J'avais déjà ce type d'informations dans d'autres dossiers.
30:21Par contre, ce qui m'intéresse plus,
30:23effectivement, c'est des gars qui montent.
30:25Ceux qui montent sur Rouen,
30:27ceux qui montent sur Aix-en-Provence,
30:29ceux qui montent sur Mont-Saint-Michel,
30:31ceux qui montent sur Stéphane Guérois,
30:33ceux qui montent sur Stéphane Guérois,
30:35ceux qui montent sur Stéphane Guérois,
30:37ceux qui montent sur Stéphane Guérois,
30:39ceux qui montent sur Stéphane Guérois,
30:41ceux qui montent sur Stéphane Guérois,
30:43ceux qui montent sur Rouen,
30:45ceux qui montent sur Amsterdam et qui reviennent chargés.
30:47Ça, c'est du pain béni.
30:49Si on peut avoir des gars comme ça qui reviennent,
30:51on prend des plus gros fournisseurs
30:53et là, vraiment, on tape en plein
30:55dans le milieu des stupéfiants
30:57et ces gars-là, ils peuvent pas fournir.
30:59L'audition se termine.
31:01Stéphane Guérois a tout de même
31:03recueilli quelques informations utiles
31:05pour d'autres affaires en cours.
31:09T'as des médicaments ?
31:11Tiens, attends.
31:15Salut.
31:17Il peut enfin aller dormir.
31:23Le lendemain matin,
31:25c'est l'heure du transfert au tribunal.
31:27L'adjoint de Stéphane Guérois
31:29fait sortir de cellule
31:31Mehdi et son compère Julien,
31:3323 ans.
31:37Tandis que Julien se rince un peu la figure,
31:39Mehdi récupère ses affaires
31:41et notamment
31:43ses nombreux téléphones portables.
31:49Les deux hommes vont être présentés
31:51au parquet d'Argentan,
31:53une ville toute proche.
31:59Pendant le trajet, Julien se livre
32:01un peu face à notre caméra
32:03à propos de l'approvisionnement en drogue
32:05aux Pays-Bas notamment.
32:09C'est comme chez nous,
32:11ils montent en Hollande,
32:13ils reviennent, ils te posent et tout,
32:15ils te servent et tout.
32:17Des fois, ils te cachent même dans les pneus.
32:25Les deux hommes
32:27arrivent au tribunal de grande instance
32:29pour leur braquage.
32:33Le procureur
32:35Henri Deponcin doit décider
32:37ou non de les renvoyer en comparution immédiate.
32:41Les deux hommes sont multirécidivistes,
32:43ils risquent gros.
33:07Je pense que vous n'allez pas
33:09vous arrêter comme ça.
33:11En conséquence,
33:13vous allez comparer devant le tribunal aujourd'hui.
33:15Je ne vous fais pas grand mystère
33:17que je demanderai votre placement en détention
33:19parce que je pense que c'est le seul moyen aujourd'hui
33:21de vous arrêter,
33:23d'arrêter votre problème d'héroïne,
33:25d'arrêter votre problème de vol
33:27qui se suive et se ressemble trop.
33:31Julien et Mehdi
33:33vont passer immédiatement en jugement.
33:37Ils en courent tous deux 7 ans d'emprisonnement.
33:41Nous sommes autorisés
33:43à filmer la décision du tribunal.
33:47Alors monsieur,
33:49levez-vous s'il vous plaît.
33:51Le tribunal vous condamne, monsieur,
33:53à une peine de 12 mois d'emprisonnement
33:55dont 6 mois avec sursis mis à l'épreuve pendant 2 ans
33:57avec obligations de soins,
33:59de travail et de formation.
34:01Vous êtes condamné à 8 mois d'emprisonnement
34:03dont 4 mois avec sursis mis à l'épreuve
34:05pendant 2 ans avec mêmes obligations
34:07et le tribunal décerne également un mandat de dépôt.
34:13Vraiment j'ai de la caméra.
34:15Les deux hommes s'en sortent bien.
34:17Nique la caméra.
34:19Touchez jamais à ça, c'est de la merde.
34:27Départ dans la nuit pour la maison d'arrêt d'Alençon
34:29à quelques dizaines de kilomètres.
34:35L'an dernier,
34:37le nombre d'affaires liées aux stupéfiants
34:39a progressé de 10%
34:41sur le département de Lornes.
34:43Et sur la France entière,
34:45les saisies d'**** ont augmenté de 200%
34:47en zone rurale.
34:55Comment de telles quantités de drogue
34:57parviennent-elles jusqu'aux campagnes françaises ?
34:59Comment s'organise le trafic ?
35:01Nous partons pour la Hollande
35:03à quelques heures de route
35:05de la Bretagne ou de la Normandie.
35:07Ni frontière, ni poste de douane,
35:09Europe oblige,
35:11la traversée de la Belgique n'est qu'une formalité.
35:15Nous sommes guidés par Eddy,
35:17un jeune dealer
35:19qui part approvisionner sa région.
35:21C'est son 12e voyage en Hollande.
35:23Le gramme d'****
35:25y coûte 10 euros,
35:277 fois moins cher que dans son village normand.
35:3130 grammes,
35:33ça te fait le calcul,
35:35ça te fait du 300 euros.
35:39Dans le vent,
35:41par exemple,
35:435 grammes à 70,
35:45t'es remboursé.
35:47Et tu peux taper les 25 grammes qu'il reste.
35:51Même avec l'essence, la route qui est à fer,
35:53c'est possible comme ça.
35:57Direction la ville de Rotterdam,
35:59au Pays-Bas,
36:01le 3e plus grand port au monde.
36:05Dans le centre-ville,
36:07les touristes peuvent acheter légalement de la marijuana
36:09dans les fameux coffee shops.
36:11La vente de drogue dure,
36:13***, ***, est illégale.
36:15Et pourtant,
36:17dans les rues qui jouxtent la gare,
36:19des dizaines de revendeurs
36:21guettent le client.
36:23Ils recherchent notamment
36:25les plaques d'immatriculation françaises.
36:31Nous équipons Eddie
36:33d'une caméra cachée
36:35avant de partir à la recherche d'un dealer.
36:37Mais les rabatteurs
36:39ont déjà repéré notre voiture.
36:41L'homme est insistant.
36:43Eddie n'a pas confiance
36:45et préfère repartir.
36:51Les sifflets retentissent
36:53tous les 500 m.
36:55Il faut faire un choix.
37:01Il est temps de partir.
37:03Il est temps de partir.
37:05Il est temps de partir.
37:07Il est temps de partir.
37:09Eddie décide cette fois
37:11de s'arrêter.
37:13Salut, mec.
37:15T'as quoi ?
37:17Oui, oui.
37:19À combien ?
37:21How much ?
37:2350 euros.
37:2550 euros ?
37:27La négociation se poursuit,
37:29mais la situation se tend.
37:31D'autres rabatteurs
37:33entourent notre voiture.
37:35Eddie décide d'abandonner.
37:37Ça, c'est pas la voiture de l'occasion.
37:39Bon, on se tait.
37:41Ciao.
37:43Salut. Tranquille.
37:51Quelques minutes plus tard,
37:53une voiture vient à notre hauteur.
37:59On suit ?
38:01Ouais.
38:03Échange de regard entre Eddie et le conducteur.
38:07Vas-y.
38:09Suivi d'un échange de signes.
38:13Il s'agit, en fait,
38:15d'un rabatteur.
38:21Ouais, et toi ?
38:23Ouais ?
38:25OK. Et t'as quoi ? T'as de l'euro ?
38:27OK. 10 euros ?
38:2910 euros ? L'héroïne ?
38:31OK.
38:33Eddie a l'air totalement en confiance.
38:35Après, il faut le sentir.
38:37Il faut sentir les personnes.
38:41Voilà.
38:43Il a l'air cool.
38:45Nous partons
38:47à la suite de la voiture du dealer.
38:49Un trajet
38:51beaucoup plus long que prévu
38:53vers les faubourgs de Rotterdam.
38:55Jusqu'à ce quartier résidentiel
38:57d'allure tranquille.
38:59Le jeune homme nous a précédés de 50 m,
39:01sans doute pour ne pas éveiller
39:03les soupçons du voisinage.
39:09Salut.
39:11Bon, vite fait, on a eu des problèmes
39:13avec le rabatteur.
39:15L'accueil est chaleureux.
39:17Nous ne sommes apparemment pas les premiers
39:19à venir acheter de la drogue ici.
39:23Avant toute chose,
39:25le vendeur propose à Eddie de goûter.
39:27Merci.
39:31Une manière de vérifier qu'il est bien
39:33toxicomane et non un policier en civil.
39:39Quant à nous, nous refusons
39:41poliment de prendre de l'****.
39:43Et ça passe.
39:47Eddie teste la qualité du produit.
39:49Elle semble bien au rendez-vous.
39:51Là, je vais t'en prendre 20.
39:5320 grammes d'****. Et par contre, dans 2 semaines,
39:55ce sera plus 400 ou 500.
39:57Il faut que je te prévienne avant.
39:59Il faut que je te dise avant
40:01la quantité ou je te le dis
40:03quand je suis à Rotterdam.
40:05500 grammes.
40:07Soit 35 000 euros à la revente.
40:09Une somme considérable.
40:11Le jeune dealer
40:13se dit d'origine marocaine.
40:15Il loue ce studio qui ne sert qu'au business.
40:17Au fond de la pièce,
40:192 lits sont même réservés aux clients
40:21venus de loin.
40:25Il y a quoi ici ?
40:27Il y a qui qui vient ici à Rotterdam pour...
40:29Allemand, français ?
40:31Beaucoup français ?
40:33Ouais.
40:39Ah ouais, toutes les semaines.
40:41En plus, c'est difficile
40:43avec... En France, pour les douanes.
40:45Ouais.
40:47C'est tendu.
40:49Ouais, c'est facile.
40:53Trêve de discussion.
40:55Le jeune dealer est un peu
40:57le vendeur de la vente.
40:59Eddie échange 200 euros
41:01contre 22 grammes d'****.
41:03Le vendeur a manifestement
41:05beaucoup plus en stock,
41:07au moins plusieurs centaines de grammes.
41:09Allez, on est parti.
41:13En bon commerçant,
41:15le jeune dealer va même nous raccompagner
41:17jusqu'à notre hôtel.
41:21Pour Eddie, la journée est réussie.
41:23Il s'est fait un contact sérieux
41:25pour de futurs voyages.
41:29Le jeune homme va passer la nuit à Rotterdam
41:31avant de repartir en France.
41:37Le lendemain matin,
41:39nous le retrouvons dans la salle de bain
41:41de son hôtel
41:43avec son boudin d'****.
41:45Plutôt que de le dissimuler
41:47dans son postérieur,
41:49il préfère se livrer
41:51à ses toilettes.
41:59Là, je nettoie le boudin
42:01parce que quand t'as de la canne sur les mains,
42:03ça peut rester sur le plastique
42:05et du coup, après, par exemple,
42:07si t'as les chiens, ça peut le sentir.
42:11Et après, t'as plus qu'à le mettre
42:13dans le cul de l'avantage.
42:17Ce genre de pratique
42:19prend plus de 10 ans d'emprisonnement en France.
42:23Plus tard,
42:25nous ferons analyser un fragment de la poudre.
42:27Elle est très pure,
42:293 fois plus que les doses habituelles
42:31en France.
42:35Une concentration mortelle
42:37pour qui n'est pas prévenue.
42:43Fin de l'étape hollandaise pour Eddie.
42:45Il reprend maintenant la route
42:47de Normandie.
42:49Nous l'avons joint par téléphone quelques heures plus tard.
42:51Malgré les contrôles,
42:53le jeune dealer a passé la frontière
42:55sans se faire arrêter.
42:59Nous restons à Rotterdam.
43:03Devant la gare,
43:05des ravateurs attendent tranquillement
43:07les touristes de la drogue
43:09en provenance de France, d'Allemagne,
43:11de Belgique.
43:13Pourquoi le trafic de rue
43:15est si important en Hollande
43:17dans une apparente impunité ?
43:21Une partie de la réponse se trouve
43:23au tribunal de Rotterdam.
43:27Nous avons été autorisés
43:29à filmer le procès d'une Allemande
43:31arrêtée il y a quelques mois
43:33avec 47 grammes d'épine.
43:37Mais la jeune femme est absente.
43:39Seul son avocat est présent,
43:41un commis d'office.
43:45La jeune femme n'a plus donné de nouvelles
43:47depuis son interpellation.
43:49Le juge semble bien impuissant.
43:53Asseyez-vous.
43:59Nous ne savons rien sur cette jeune femme.
44:03Nous n'avons pas accès
44:05à son casier judiciaire en Allemagne.
44:07Nous savons seulement qu'elle est venue
44:09plusieurs fois à Rotterdam pour se procurer des drogues.
44:15Elle a avoué qu'elle transportait
44:17l'épine pour une tierce personne
44:19contre quelque chose, en échange.
44:23La jeune femme peut donc
44:25être considérée comme une trafiquante.
44:27Et pourtant, le juge va appliquer
44:29la peine prévue pour la simple consommation
44:31dans l'indifférence générale.
44:35Ce délit mérite
44:37une peine de deux mois de prison,
44:39dont un mois avec sursis.
44:41Veuillez transmettre le verdict
44:43à votre cliente.
44:45Je lui ai écrit,
44:47mais elle ne réagit pas.
44:49Je lui écrirai
44:51une fois de plus.
44:57Merci d'être venu.
44:59Oui, à la prochaine.
45:01Cet après-midi-là,
45:03aucun touriste de la drogue
45:05ne s'est présenté au tribunal.
45:07Ils savent que les jugements
45:09ne seront pas transmis
45:11à la justice de leur pays.
45:13Ce juge néerlandais confirme
45:15le manque de coopération judiciaire
45:17en Europe.
45:19Les suspects sont en France
45:21ou en Allemagne
45:23et nous ne pouvons pas
45:25exécuter nos peines
45:27en France ou en Allemagne.
45:29Si Rotterdam
45:31est devenue une plateforme
45:33du commerce des stupéfiants,
45:35c'est qu'il y a une demande.
45:37Aussi parce que les Pays-Bas sont devenus
45:39l'un des principaux points d'arrivée
45:41de *** en provenance d'Afghanistan.
45:45Pour remonter la filière du trafic,
45:47nous nous rendons en Bulgarie.
45:51Nous découvrons Sofia,
45:53la capitale,
45:55avec son architecture soviétique
45:57et ses influences orientales.
46:01Il y a deux ans,
46:03cet ancien pays de l'Est
46:05Il en est aujourd'hui le pays
46:07le plus pauvre et le principal
46:09point d'entrée de *** sur le continent.
46:13Nous avons obtenu l'autorisation de pénétrer
46:15dans un lieu hautement secret,
46:17le dépôt des douanes bulgares.
46:19Là-bas sont stockés les stupéfiants
46:21saisis dans tout le pays. Visite guidée.
46:23Voici un cas
46:25tout à fait particulier.
46:27C'est une statue faite de ***
46:29et de résine. L'ouvrage est parfait.
46:31Elle pèse 6 kilos
46:33et elle contient 21% de ***.
46:37Sur ses étagères,
46:39il y a toutes sortes de drogues,
46:41comme ***, enfermine, marijuana,
46:43mais aussi et surtout
46:45de l'héroïne.
46:47D'où il vient ce sachet ?
46:49C'est la couleur typique
46:51de l'héroïne qui vient d'Afghanistan.
46:55Des sachets comme celui-ci,
46:57il en arrive tellement que les douaniers
46:59les achètent tous les 2 mois.
47:01Car en Bulgarie, les saisies de stupéfiants
47:03sont toujours impressionnantes.
47:05Sur cette vidéo,
47:07on peut voir une voiture arrêtée
47:09quelques semaines avant le tournage.
47:11Dans ce double-toit,
47:13les douaniers ont découvert des dizaines
47:15de sachets d'****. En tout,
47:1750 kilos, soit 3,5 millions d'euros
47:19à la revente.
47:23La voiture a été contrôlée
47:25300 km plus au sud.
47:27Au poste de douane
47:29de Capitaine Andrevo.
47:31Depuis 2 ans, voici la nouvelle frontière
47:33de l'Europe. Après,
47:35plus de contrôle systématique
47:37des marchandises.
47:41Là, c'est la Turquie.
47:43Et là, c'est l'Europe.
47:49C'est par ici que passe
47:51la route de l'héroïne.
47:53Les cargaisons de poudre brune
47:55les plus importantes sont contenues
47:57dans les camions.
47:59Ce sont aussi les plus durs à déceler,
48:01d'autant que les moyens manquent.
48:05Le chef de la douane
48:07vient de repérer un camion suspect.
48:09Il arrive de Turquie
48:11à destination du Kosovo,
48:13une étape typique du trafic d'****
48:15en direction de l'Europe du Nord.
48:19Il y a un problème ici.
48:21Le règlement dit que le câble
48:23de la douane doit bloquer
48:25la toile du camion.
48:27Mais ici, ce n'est pas le cas.
48:29Le camion peut être ouvert
48:31sans avoir à couper le câble.
48:35De l'autre côté du camion,
48:37même difficulté.
48:39Le douanier rameute son adjoint
48:41pour le contrôle.
48:43Il y a un souci avec ce camion,
48:45viens voir.
48:47Mais le chauffeur turc
48:49n'a apparemment pas compris le problème.
48:53Alors, tu vois bien que ça s'ouvre, non ?
48:55Ce sont des couches pampères.
48:57Ça, d'accord.
48:59Mais moi, je te dis que ton camion
49:01n'a pas été correctement fermé.
49:03Hein ?
49:05Viens voir, viens voir ici.
49:07Tu as bien introduit le câble
49:09comme il faut ici, n'est-ce pas ?
49:11Tu as respecté le règlement,
49:13alors que là-bas, ce n'est pas le cas.
49:15Je ne savais pas, je n'ai pas vu.
49:17Attends,
49:19tu n'es pas au Kosovo ici,
49:21il y a des règles à respecter.
49:23Si tu traverses la frontière européenne,
49:25tu es obligé de mettre le câble comme il faut.
49:29Le douanier veut maintenant fouiller le camion.
49:31Mais le chauffeur affirme
49:33que les douaniers turcs
49:35l'ont déjà passé au scanner.
49:37Ses déclarations,
49:39l'officier bulgare parle et vérifie.
49:41Dans son bureau,
49:43il a accès à la base de données
49:45de ses collègues turcs
49:47de l'autre côté de la frontière.
49:49Ah, le voilà.
49:51Ça ne sert plus à rien
49:53de le contrôler.
49:55Si l'officier
49:57fait confiance à ses collègues turcs,
49:59c'est qu'il sait qu'ils utilisent
50:01un scanner ultramoderne
50:03offert par les Américains.
50:05Le camion peut donc repartir.
50:09L'appareil utilisé par les douaniers bulgares
50:11est beaucoup plus rudimentaire.
50:13Démonstration avec cet autre camion
50:15considéré comme suspect.
50:17Allez,
50:19venez avec moi.
50:23Pendant que les chauffeurs
50:25vont faire contrôler leurs papiers,
50:27il va falloir décharger
50:29un par un chaque carton
50:31pour les passer dans cette vieille machine
50:33à rayons X.
50:35Contrairement aux appareils les plus récents,
50:37impossible avec ce système
50:39de contrôler toute la marchandise en une fois.
50:43La machine va donc être monopolisée
50:45pendant 4 heures
50:47sans trouver la moindre trace de stupéfiants.
50:51Pendant ce temps-là,
50:53des dizaines de camions
50:55ont pu passer sans encombre.
51:01Nous avons besoin d'être mieux équipés
51:03avec des machines plus coûteuses.
51:09Cela nous servirait à mieux surveiller
51:11cette frontière de l'Europe
51:13qui est un point à haut risque
51:15pour la contrebande et le trafic de drogue.
51:23Un problème de moyens donc.
51:25Mais pas seulement.
51:27La Bulgarie est considérée comme le pays
51:29le plus corrompu d'Europe.
51:31Ces dernières années,
51:33plus d'une cinquantaine de douaniers
51:35ont été pris la main dans le sac
51:37par le trafic de drogue en Turquie.
51:39D'où ce bilan alarmant.
51:41L'an dernier,
51:43près d'une tonne des machines
51:45a été saisie en Bulgarie.
51:47C'est 100 fois moins
51:49que le trafic estimé par l'ONU.
51:55A l'autre bout de la chaîne,
51:57nous retrouvons Jacques Jutel
51:59à son centre médical.
52:03L'infirmier breton a rendez-vous
52:05avec un patient.
52:07Et plus précisément,
52:09à l'hôpital psychiatrique.
52:13C'est ici qu'a atterri
52:15un jeune toxicomane de campagne
52:17venu pour en finir avec l'****.
52:19Sylvain est âgé de 22 ans.
52:21Déjà deux ans qu'il est dans l'****,
52:23il vient d'arriver.
52:25L'aspect positif quand même,
52:27c'est que tu vas redécouvrir aussi
52:29des choses que tu as oubliées.
52:31Tu te rappelles pas comment j'étais quand j'avais 20 ans déjà.
52:33Dans tes relations avec les autres aussi,
52:35tu vas redécouvrir
52:37quelqu'un d'autre.
52:39Sylvain est en passe d'être embauché.
52:41Il a fermement envie de s'en sortir.
52:43Mais le séjour en hôpital
52:45ne mettra fin qu'à la dépendance physique.
52:47Après...
52:49Après, c'est dans la tête que ça se passe.
52:55Justement, dans une petite ville,
52:57tout le monde se connaît,
52:59ils se côtoient tous les jours.
53:01Alors qu'on en vit, on peut peut-être changer de quartier.
53:05Sylvain repart en cure.
53:07Aux dernières nouvelles, il n'a pas replongé.
53:11Mais Jacques Jutel est inquiet.
53:13Trois autres jeunes de la même petite ville
53:15ont fait une demande de cure
53:17et les lits d'hôpital manquent.
53:19Sur cette ville-là, que je n'avais pas encore repérée
53:21comme une ville, entre guillemets,
53:23à problème,
53:25il y a aussi des problèmes de consommation
53:27de ***.
53:29Bon... Malheureusement,
53:31je dirais, ce qui ne fait que
53:33conforter
53:35ce que je pressens de la situation
53:37sur le département. J'entends partout
53:39le même discours, à savoir,
53:41vous savez, M. Jutel, c'est plus facile de trouver
53:43un gramme de ***
53:45qu'une barrette de ***.
53:47Donc c'est...
53:49C'est quand même un souci.
53:53Jacques Jutel repart
53:55vers ses brebis égarées du bocage
53:57et sa course contre la mort.
53:59En 2007,
54:0117 personnes sont mortes d'overdose
54:03en Bretagne.
54:05C'est 6 fois plus que les années précédentes.