Les Pomaks de Thrace (Grèce-Turquie-Bulgarie)

  • il y a 3 mois
Imaginez un peuple qui vivrait ici depuis plus de 3.000 ans. Un peuple dont tous les historiens retraceraient le passé avec une certitude quasi scientifique. Un peuple souhaitant vivre en paix.
Mais l'histoire récente, la religion et la politique en ont décidé autrement. En effet, depuis des siècles, le nord-est de la Grèce actuelle est le théâtre de conflits interminables entre les capitales d'empires avides d'expansion et de suprématie.
Les Pomaks en subissent les conséquences. Trois langues, trois religions, trois frontières : la Guerre des Trois aura bien lieu. Ce film est le regard d'une femme Grecque qui découvre un village Pomak dont les habitants n'ont plus le choix, ils doivent se taire et se faire oublier...
Transcript
00:00Un panorama de collines abruptes s'étend à perte de vue. L'hiver est impitoyable ici. Malgré le froid, des femmes, des hommes et des chevaux travaillent la terre sans relâche dans l'espoir qu'elle leur donnera l'indispensable pour survivre un hiver de plus.
00:31Le paysage est parsemé de minarets et le chant du muezzin s'élève cinq fois par jour pour appeler les hommes à la prière, l'islam régnant maître dans la région.
00:46Les femmes sont quasiment voilées. Elles n'ont que le droit de se taire. Leur situation est impensable, insoutenable. Pourtant, elles ont accepté de parler devant une caméra.
01:01À l'école, leurs enfants apprennent en trois langues différentes, avec trois types de caractères différents. Que peuvent-ils vraiment apprendre ? Rien en vérité. Et leur avenir est déjà compromis.
01:21Les Pomacs vivent sous l'emprise de trois pays, de trois langues et de trois religions. Leur seule chance réelle de survie est de se faire oublier. Pourtant, des voix s'élèvent pour critiquer, pour contester. Les hommes aussi veulent expliquer l'invraisemblable de leur situation.
01:43Où sommes-nous ? En Europe, en Grèce, en Thrace. Le peuple Pomac vit depuis des siècles sous la pression de la Bulgarie, de la Turquie et de la Grèce. L'histoire en a décidé ainsi. Alors ici, chacun se demande chaque jour, la guerre des trois aura-t-elle lieu ?
02:08Les historiens considèrent les Pomacs comme descendants des Agrianes. Ils vivaient en Thrace bien avant que les frontières modernes ne se créent ou que la guerre froide ne dirige les destinées de la région.
02:21La vie quotidienne de ce peuple balotté dans ses propres frontières se résume dans les propos de ce vendeur de barbe à papa. Dans un grec ancien mais très correct, le vieux semble décrire tout son peuple.
02:41Nos ancêtres les grecs avaient un proverbe. Quand on est pauvre, il faut inventer des métiers, il faut inventer sa vie.
02:52Au XIVe siècle, les Bulgares occupaient la région. Leur but ? Se ménager une ouverture sur la mer Égée et le Bosphore. Alors, le tsar Alexandre bulgarisa et christianisa les Pomacs par la force.
03:12Au XVe siècle, après la chute de l'Empire de Byzance, les Ottomans envahirent le pays et islamisèrent la population aussi violemment.
03:25Depuis cette époque, les Pomacs ont l'enjeu des ambitions expansionnistes de leurs voisins, quand ils ne sont pas les otages de grandes puissances.
03:34A la fin de la IIe guerre mondiale, les Pomacs de Thrace demandèrent leur rattachement à la Grèce. Ils échappaient au bloc communiste et devenaient ainsi des citoyens grecs.
03:45Mais ils ne sont que 25 000 du côté grec et un peu plus de 130 000 du côté bulgare.
03:50Depuis cette époque, les Bulgares les considèrent comme des Bulgares, les Turcs comme des frères musulmans. Et les Grecs, pour écarter tout risque de conflit, préfèrent abandonner les Pomacs à leur sort.
04:11Alors que faire ? Tenter de se faire oublier, au risque de se perdre soi-même.
04:22Fahri a 25 ans. Il est l'un des rares Pomacs ayant fait quelques études supérieures. Il est devenu instituteur et attend une affectation. Parallèlement, il poursuit des études de biologie.
04:36Xanthi, le chef-lieu de la Thrace, est encore bien loin de son pays. Il revient donc souvent dans sa montagne pour découvrir l'histoire des Pomacs et pour mieux comprendre les problèmes auxquels ils doivent faire face.
04:51Xanthi a su accueillir les influences et respecter les différences. Elle préserve une architecture du siècle dernier, teintée d'inspiration musulmane et chrétienne à la fois.
05:01Le peu de kilomètres qui la séparent de la Bulgarie complètent son aspect balkanique. Mais Xanthi, elle, a réussi à s'adapter à trois frontières.
05:10Depuis des siècles, cette ville est un carrefour de commerce et un lieu d'échange. Le mélange des langues et des types ethniques frise l'incroyable.
05:20Les Pomacs et les Xanthiens vivent dans la même ville.
05:25Au marché de Xanthi, une mosaïque humaine se compose et se mélange. Des tziganes et des bulgares, des slaves et des latins, des russes et des tibétains.
05:35Les Pomacs et les Xanthiens vivent dans la même ville.
05:39Les Pomacs et les Xanthiens vivent dans la même ville.
05:42Les Xanthiens vivent dans la même ville.
05:45Au marché de Xanthi, une mosaïque humaine se compose et se mélange.
05:50Des tziganes et des bulgares, des slaves et des latins, des russes et des ukrainiens, des turcs et des grecs parfois, des Pomacs aussi.
05:57Avec un peu d'habitude, chacun reconnaît les siens à leur costume, même si le plus souvent de tels brassages mènent à l'assimilation et à la banalité.
06:16Les Pomacs échappent pour une part à ce brassage. Ils n'occupent pas le haut du pavé et leur poids économique est très limité.
06:24Ils craignent les influences extérieures. En fait, ils sont craintifs de tout.
06:31Même si on peut les reconnaître à leur allure et leur costume, les Pomacs choisissent la discrétion, voire même une position d'infériorité.
06:55Le marché s'anime de sons radicalement différents. Dans un coin, la gaïda, cet instrument typique de la trace, au son aigrelé, que l'on entendait jadis résonner sous le bras des bergers.
07:06Et quelques mètres plus loin, les haut-parleurs d'un vendeur de cassettes dispersent une musique aux accents résolument turcs.
07:12Grâce à des jaquettes aguichantes, les stars de la pop-musique turque font une percée remarquée sur le marché.
07:19Rien d'étonnant à cela, 35% de la population parle ou comprend le turc ici.
07:25Au café, les générations se côtoient et s'adonnent au même jeu de cartes avec un plaisir à peine dissimulé.
07:32Mais un détail étonne. Un peu partout, les postes de télévision sont branchés sur les chaînes diffusant des programmes turcs.
07:39L'infiltration culturelle turque est un peu la même chose.
07:43Les gens ne sont pas les mêmes.
07:46Mais un détail étonne. Un peu partout, les postes de télévision sont branchés sur les chaînes diffusant des programmes turcs.
07:53L'infiltration culturelle turque fait lentement mais sûrement son œuvre.
07:57Et le gouvernement grec accepte ce fait.
08:16Bien des questions se posent.
08:19Peut-on laisser les turcs accaparer la population de Thrace sans distinction d'origine ?
08:24Peut-on laisser disparaître les Pomacs pour une question de religion ?
08:28Peut-on abandonner cette population vivant sur son territoire national sous prétexte de ménager une sorte de paix ?
08:46Farid est de retour au pays.
08:49En chemin, il rencontre un ami cultivateur et lui demande des nouvelles du coin.
08:54Les réponses du fermier sont une liste de malheurs sans réelle solution.
08:59Je vais essayer de refaire des patates au printemps et me remettre au tabac.
09:05Je vais essayer de refaire des patates au printemps et me remettre au tabac.
09:11Mais l'hiver a été catastrophique.
09:14Tout est détruit par ici.
09:17Les ponts se sont écroulés, des champs entiers ont été emportés.
09:21Il a failli y avoir des morts.
09:42Deux vieux du village confirment à Farid comment, en quelques minutes, la rivière s'est transformée en torrent.
09:50L'inondation est arrivée d'un coup.
09:54Tout le village a été envahi par la boue.
09:57Le niveau est monté jusqu'au premier étage des maisons.
10:00Des animaux ont été emportés, même trois jeunes filles n'ont échappé belle.
10:05S'il y a de fortes pluies, c'est inévitable.
10:09Ils ont coupé tous les arbres ici.
10:12La terre n'est plus fixée, on ne peut plus rien cultiver proprement.
10:34Un peu plus haut en montagne se trouve le village de Khidari.
10:38La frontière bulgare n'est qu'à 200 mètres.
10:41La vie est un peu plus difficile ici encore.
10:44Les habitants désertent et descendent en ville pour tenter d'y trouver une vie.
10:49Mais il n'y a pas d'avion.
10:52Il n'y a pas d'avion.
10:54Il n'y a pas d'avion.
10:56Il n'y a pas d'avion.
10:58Il n'y a pas d'avion.
11:00Il n'y a pas d'avion.
11:01Les habitants désertent et descendent en ville pour tenter d'y trouver une vie meilleure.
11:09L'école de Khidari est un exemple de l'aberration dans laquelle vit toute la région.
11:14Ici, il n'y a qu'un élève et deux professeurs, un chrétien et un musulman.
11:20Aujourd'hui, Dimitris, le chrétien, fait un cours d'histoire à son élève.
11:25Le sujet est la guerre d'indépendance des Grecs contre le Turc Ali Pasha.
11:32Bonjour.
11:34Bonjour.
11:36Que se passe t-il ?
11:38Tout va bien, et toi ?
11:40Tout va bien.
11:42Comment est la vie ici dans le village ?
11:45Difficile.
11:47Farid est instituteur lui-même, mais il n'a jamais enseigné.
11:51Dimitris, lui, ne peut pas rester à Khidari.
11:54Il attend donc sa mutation, qui ne vient pas.
11:57Farid comprend bien la situation.
11:59Farid comprend bien la situation, car lui aussi attend.
12:06Si le gouvernement ne crée pas de postes, Dimitris et Farid seront au chômage.
12:15Ici, le drapeau grec flotte au pied du minaret.
12:21Les fillettes jouent et chantent comme tous les enfants de leur âge.
12:24Le plus étonnant est que les unes ont choisi une chanson en turc,
12:29alors que les autres organisent une ronde et chantent en grec.
12:40Le pays Pomak est loin d'être déserté.
12:43La densité de population est même exceptionnelle pour une région de montagne.
12:47À Mikis, les élèves sont en surnombre,
12:50et quatre instituteurs suffisent à peine pour dispenser les cours.
12:55Les élèves chantent.
13:06Les besoins des enfants sont énormes, mais le programme est aberrant.
13:11Cette fillette a huit ans.
13:14Elle mélange les caractères de l'alphabet grec,
13:17les lettres latines servant à écrire le turc,
13:20et les lettres arabes écrites de droite à gauche servant à déchiffrer le Coran.
13:24Cette fillette-ci lit le grec avec beaucoup de difficulté.
13:31Ce garçonné ne parvient pas non plus à écrire un seul mot correctement.
13:36À côté, un autre garçon lit couramment un paragraphe en turc,
13:42alors que cette autre fillette déchiffre quelques versets du Coran.
13:48Le directeur de l'école explique que les élèves ne peuvent pas écrire un seul mot.
13:52Le directeur de l'école explique l'invraisemblable de leur situation.
13:57Leur langue maternelle, c'est le pomac,
14:00mais ils doivent le laisser à la porte quand ils viennent à l'école.
14:03Dans toute la région, nous leur enseignons le turc, le grec, l'anglais,
14:08mais aussi la langue coranique.
14:10Le problème, ce n'est pas les professeurs, ce sont les élèves.
14:16Ils sont beaucoup trop jeunes pour assimiler tout cela.
14:19Même s'ils sont attentifs, ils ne peuvent pas progresser et faire des études normales.
14:31Les mères de ces enfants souffrent de cette situation.
14:34Elles aussi ont subi le même régime, voire pire,
14:37car les femmes n'avaient pas droit à une éducation minimale.
14:42Aujourd'hui, groupées pour se donner du courage, elles parlent devant la caméra.
14:48Ils apprennent toutes ces langues à l'école maternelle.
14:51Comment pourront-ils étudier ensuite au lycée ?
14:54Ils ne peuvent pas aller au lycée.
14:56Là-bas, on enseigne en grec. Ils ont trop de mal à suivre.
15:05Ils apprennent le grec, l'arabe et le turc, un peu d'anglais aussi.
15:10Et quoi ? Le français. Et le français aussi.
15:14Et nous leur apprenons le pomac à la maison.
15:18C'est notre langue maternelle.
15:20Tout ce que la mère dit, l'enfant le retient, vous savez.
15:26Situation insupportable pour ces femmes écrasées de complexes,
15:30de regrets, d'obligations et de travail.
15:33Ces femmes n'ont pas reçu d'éducation.
15:36Elles ne peuvent rien apprendre à leurs enfants.
15:39Elles ont honte devant eux.
15:40Toutes souhaitent ne pas leur faire supporter ce qu'elles ont supporté.
15:44Quand leur mari part travailler ailleurs,
15:47elles n'ont pas le droit de sortir de leur maison, même pour faire les courses.
15:54Ici, les surfaces sont beaucoup trop petites.
15:57Il y a trop de pierres.
15:59Les champs sont trop entus.
16:02S'il n'y a pas de pluie, la récolte est mauvaise.
16:05S'il y en a trop, toute la bonne terre est emportée.
16:07Nous ne pouvons pas utiliser de machine.
16:10Nous devons tout faire à la main.
16:14En pays pomac, le prix de vente d'une vache
16:17ne paie même pas le prix du foin pour la nourrir.
16:20Le gouvernement grec a promis des subventions.
16:23Les paysans n'ont pratiquement rien touché.
16:27Des travailleurs immigrants d'Albanie et de Bulgarie
16:30trouvent du travail exempti, mais les pomacs, paraît-il,
16:33n'ont pas les qualités nécessaires.
16:36Le gouvernement grec aurait-il décidé d'abandonner
16:39ceux qui ont souhaité devenir grecs et vivre dans ce pays ?
17:06Farid ne peut que constater la déchéance
17:09dans laquelle son pays est tombé.
17:12La population a gardé sa fierté et sa dignité,
17:15mais chaque événement nouveau semble enfoncer
17:18un peu plus les pomacs dans l'abandon.
17:35La paix
17:59Le pays est riche d'un passé presque infini.
18:01Le pays est riche d'un passé presque infini.
18:04Les sources thermales de la région ont soigné les Thraces,
18:07les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Turcs et les Bulgares.
18:12Ces populations se sont battues pour s'approprier ce bout de terre
18:15coincé entre l'Europe et l'Asie, entre Méditerranée et mer Noire.
18:32Parfois, sur la face d'un rocher,
18:34des sculptures plus que millénaires rappellent que des divinités païennes
18:38protégeaient les Agrianes et leurs descendants Pomacs.
18:41Temps immémorial où le pays, loin des croyances des autres,
18:45ne respectait que ses propres héros.
18:49Le paganisme a été leur guide pendant des millénaires.
19:01Faré a rejoint son copain Irfan.
19:03Irfan gère un petit salon de coiffure.
19:06Fait exceptionnel, ce jeune homme vit ici, mais avec son temps.
19:10Tant bien que mal, Irfan associe deux cultures bien différentes,
19:14celle de son pays et celle de la nation dans laquelle il vit, la Grèce d'aujourd'hui.
19:22Le père d'Irfan est l'exemple même du Pomac pris entre deux générations,
19:26celle des jeunes qui cherchent une issue à leurs conditions
19:29et celle des grands-parents qui ne veulent pas accepter la perte de leur tradition.
19:37Quotidiennement, le père d'Irfan vit dans une dualité inconciliable.
19:42D'un côté, la coutume qu'a échée sa femme suit par habitude depuis des décennies.
19:47Et de l'autre, le présent, ou l'avenir, avec sa fille et son fils
19:51qui ont oublié la coutume traditionnelle, si ce n'est la langue ancestrale.
20:00Aiché prépare la tourte que sa mère et sa grand-mère cuisinaient.
20:04Les jeunes et le père patientent dans la salle à manger.
20:08Aiché ne s'assied pas à table, il en a toujours été ainsi.
20:18Mais Nourcé est assise face à son père, ce qui aurait été impensable il y a seulement 20 ans dans le pays.
20:24Nourcé et Irfan vivent ici en jeans et en pull-over.
20:28Ils sont autant attirés par un job que par la fréquentation de la mosquée ou par les versets du Coran.
20:58Leur mère, elle aussi, veut peut-être se mettre au goût du jour.
21:02Mais en femme Pomac, soucieuse des conventions, Aiché n'oublie pas le verre d'eau
21:06servi traditionnellement aux maris en gage de respect.
21:09Et ce n'est qu'après avoir servi le déjeuner et suivi les préceptes de la tradition
21:13qu'Aiché décide de s'asseoir en bout de table, très discrètement.
21:29Au fil des siècles, un carcord de conventions est tombé sur les épaules des Pomacs.
21:34Quelles ont été les plus fortes ?
21:36Les pratiques païennes immémoriales ?
21:38La chrétienté forcée par les bulgares ?
21:40Ou l'islamisation de l'époque ottomane ?
21:46Les conséquences que l'on observe au quotidien mènent à la mosquée.
21:50La chrétienté est la plus forte de toutes.
21:54Les conséquences que l'on observe au quotidien mènent à la mosquée.
21:58Au moins une fois par jour, à l'appel du Mouazine, les hommes se réunissent pour prier.
22:03Un détail surprend, les hommes portent une alliance, une tradition chrétienne.
22:24La religion, elle aussi, intervient au cœur du conflit gréco-turc qui s'éternise.
22:29Les Pomacs sont encore aujourd'hui l'enjeu politique d'un conflit qui les dépasse.
22:34L'histoire du cheval de Troyes semble se répéter quelques siècles plus tard.
22:42La partie la plus visible de cette infiltration sont des antennes satellites,
22:46offertes avec un téléviseur à toute famille Pomac.
22:49Elles ne reçoivent que des programmes turcs.
22:51Il paraît que l'on doit cette générosité à la solidarité entre frères musulmans,
22:55si proches mais séparés par une frontière injuste.
23:08Aujourd'hui, 70% de la population Pomac est musulmane.
23:12Cet appendice turco-musulmane, qui est la plus importante,
23:16est une véritable couronne d'épines pour le gouvernement grec,
23:19car cette partie de leur territoire est, avec l'île de Chypre, un risque majeur de guerre.
23:47Entre mosquées et églises, les Pomacs tentent de survivre.
23:51La province de Thrace a été rattachée à la Grèce voici à peine 50 ans,
23:55et le gouvernement grec ne sait comment parer à ce genre de provocation.
24:00Pris par les conventions européennes et par le souci d'éviter un conflit armé,
24:04tous les gouvernements à Athènes sont apparus fragiles et divisés sur la question Pomac,
24:09à tel point que la solution la plus fréquemment retenue,
24:13Pourtant, les Pomacs résistent.
24:15Ils ont toujours tenté de faire face en fonction des époques et de leurs faibles moyens.
24:19L'histoire regorge d'événements traduisant ce refus de l'envahisseur.
24:23Cet acharnement a conservé son identité.
24:27Des légendes racontent les exploits des Pomacs, ou leur malheur.
24:30Ce vieux aime raconter Momsi Kamen,
24:33qui est l'une des plus belles histoires de l'Histoire.
24:37A son entrée dans la maison,
24:39Fary n'est pas surpris de voir ses deux petites filles confinées dans un coin de la pièce.
24:43La séparation des sexes n'est pas un vain amour en terre Pomac.
24:48Moi, je suis de la famille Kamen.
24:51Tu sais qui je suis?
24:53Tu es vraiment de la famille Kamen, tu sais bien.
24:55Oui.
24:56Tu connais bien.
24:57Oui.
24:58A partir du moment où les tueurs et les chrétiens ont commis la mort,
25:02tu as commencé à ré Applicarit envers tes frères,
25:06et tu as commencé à réapplicar les comettes envers tes frères.
25:09Toi, tu n'es que les trois plus petits-parents,
25:13Momsi Kamen, la légende de la grande pierre, raconte l'histoire de l'invasion de la région
25:22de Souli en Épire.
25:24Les grecs tentent de résister, mais doivent céder face au surnombre des envahisseurs.
25:28Plutôt que d'être enlevés par les agresseurs, les femmes se regroupent au sommet d'une
25:33falaise et se précipitent dans le vide.
25:35Les Pomaks ont repris la légende à leur compte, comme s'il fallait encore démontrer
25:56la fierté de ce peuple face à l'adversité.
25:58Fari remonte
26:26la rivière un peu comme s'il remontait le temps.
26:28Il ne peut s'empêcher de penser à la jeune génération Pomak qui ne sait trop que faire
26:33de cette identité qui lui colle à la peau, mais les gênera inévitablement dans leur
26:37avenir.
26:38À en croire ceux qui tentent d'influencer la population, il n'y a pas de langue Pomak,
26:55il faut parler le turc.
26:56Il n'y a pas de Pomak non plus, il y a des bulgares expatriés ou des frères musulmans
27:02en terre occupée.
27:03Alors que dire aux jeunes vivant dans le pays ? Qu'être Pomak ne signifie plus rien ?
27:25Par exemple, pour ce garçon d'une quinzaine d'années, il vit en Allemagne, mais revient
27:29chaque année au pays avec ses parents.
27:31Il joue du Sazi, un instrument traditionnel d'origine persane.
27:35Deli Murat ne se contente pas de parler le Pomak, il le chante.
27:40Les enfants du village sont éberlués.
27:43La voix est si belle et l'occasion si rare.
27:45Mais Deli s'est réfugié dans un café, car on n'a pas le droit de chanter en Pomak
27:50ici.
27:51La langue n'est pas bien vue par les autorités, et pourtant, elle existe.
27:55Farid pense aussi à ce jeune couple qui vient de se marier.
28:24Leurs propos étaient éloquents.
28:25« Il y a beaucoup de gens qui apprennent les langues et qui partent en Turquie, mais
28:38chez nous, dans nos maisons, nous ne parlons pas turc, nous parlons le Pomak.
28:46Nous avons grandi avec cette langue, comment voulez-vous faire autrement ? »
28:55« Les Turcs nous demandent d'arrêter de parler notre langue, là je ne comprends
29:07pas.
29:08Eux, ils sont Turcs, qu'ils parlent la langue qu'ils veulent, je ne veux pas parler une
29:12autre langue.
29:13Moi je suis Pomak, je me sens Pomak, je suis un citoyen grec de religion musulmane et
29:20de langue Pomak.
29:21»
29:32Deux générations de jeunes cohabitent dans ces montagnes, à quelques kilomètres seulement
29:49des frontières fragiles ou contestées.
29:51Que peuvent-ils espérer, eux qui, dès leur plus jeune âge, sentent que les fondements
29:58de leurs habitudes sont en permanence remis en question ?
30:00Que reste-t-il au Pomak ? Une terre torturée qui ne donne plus que du tabac.
30:15Le tabac, mais à quel prix ?
30:17« Au café, l'alcool est interdit, mais cela n'empêche pas les esprits de s'échauffer
30:42lorsqu'il faut parler des problèmes quotidiens.
30:44Les hommes aussi veulent faire comprendre la vérité de leur situation.
30:48« Je vais t'expliquer ce qui se passe.
30:56Ici, nous n'avons pas besoin de tracteur, il faut travailler avec des chevaux et des
31:02ânes.
31:03C'est trop dur pour les enfants, nos champs sont ridiculement petits.
31:09Nous cultivons le tabac, mais nous n'avons qu'une seule autorisation par famille.
31:16Si nous avons deux enfants, nous ne pouvons pas la transmettre, ou alors à un seul d'entre
31:21eux.
31:22Que va faire l'autre ? Et si nous partageons la terre, il n'y en a pas assez pour chacun
31:28d'entre eux.
31:29Certains pères sont obligés de travailler hors du pays, ils doivent laisser leur femme
31:34à la maison.
31:35Elle se fait triste ici.
31:36Les enfants jettent leurs costumes traditionnels, ils se fondent dans la foule anonyme, ils
31:43traînent dans les rues.
31:44Leur avenir, c'est de vivre loin d'ici.
32:05Leur avenir, c'est de vivre loin d'ici.
32:25Les Turcs nous offrent des paraboles pour capter leur chaîne TV.
32:41Ils disent que nous parlons la même langue, que nous sommes frères, que nous faisons
32:46partie de la même nation, mais ils n'expliquent pas pourquoi il n'y a pas de mariage entre
32:50Turcs et Pomacs.
32:52Il est pratiquement impossible de bâtir par ici, tout est trop cher, les matériaux
32:58les permettent de construire.
32:59Nous vivons en montagne, sur la frontière, nous sommes les gardiens de ces frontières.
33:05Les Grecs le savent bien, mais pour construire une maison, il faut payer autant de taxes
33:11qu'à Athènes.
33:14Farid pose alors une question sur une fête qui doit avoir lieu dans quelques jours.
33:21Le prophète Abraham souhaitait avoir un enfant.
33:26Il a proposé à Dieu que, si son vœu s'exaussait, il lui sacrifie un mouton.
33:31Cette fête s'est perpétuée.
33:34Elle s'appelle Courbani.
33:40Courbani est l'illustration de toutes les influences religieuses auxquelles ont été
33:52soumis les Pomacs.
33:53Comme Abraham, les Pomacs sacrifient un mouton chaque année.
33:57Comme les chrétiens, ils tuent l'agneau pascal.
34:00Comme le roi Agamemnon, qui émola une brebis pour épargner sa fille Éphigénie.
34:05Comme des musulmans, ils sacrifient un mouton pour rendre grâce au prophète Mahomet.
34:09Courbani est le seul jour de l'année où les femmes ont le droit de sortir seules dans
34:35la rue.
34:36Les filles ne se privent pas pour faire quelques assauts d'élégance.
34:39Les garçons admirent le spectacle, mais de loin, même aujourd'hui, la séparation des
34:51sexes reste une obligation.
34:52Il faut faire preuve d'ingéniosité et de discrétion pour approcher celle avec laquelle
34:57on souhaiterait faire un petit bout de chemin.
34:58Les mariages arrangés par les familles sont encore d'actualité dans la région.
35:03Chaque famille a tué son mouton, sans le faire souffrir.
35:19Les hommes ont sorti d'énormes marmites pour faire cuire les repas, des tonnes de viande
35:24frémissent dans les chaudrons.
35:25Courbani est une occasion exceptionnelle, voire unique pour la population de manger
35:30de la viande à profusion.
35:31L'immense cuisine collégiale est interrompue par le chant du Muezzin, la célébration reprend
35:42pour un instant son caractère religieux.
35:44Vient enfin le moment du repas, pas de surprise, les hommes s'installent les premiers pour
36:02manger.
36:03Les femmes mangeront un peu plus tard, groupées à l'autre extrémité de la place.
36:08Certaines traditions se perpétuent plus facilement que d'autres.
36:38C'est le moment du repas, c'est le moment du repas, c'est le moment du repas, c'est le
37:01moment du repas, c'est le moment du repas, c'est le moment du repas, c'est le moment du
37:16repas, c'est le moment du repas, c'est le moment du repas, c'est le moment du repas, c'est
37:29le moment du repas, c'est le moment du repas, c'est le moment du repas, c'est le moment du
37:39repas, c'est le moment du repas, c'est le moment du repas, c'est le moment du repas, c'est le
37:47moment du repas, c'est le moment du repas, c'est le moment du repas, c'est le moment du
37:53repas, c'est le moment du repas, c'est le moment du repas, c'est le moment du repas, c'est le
37:58moment du repas, c'est le moment du repas.
38:06Aucun plan de structuration n'a été conçu pour regrouper les terres,
38:10ici c'est un peu chacun pour soi.
38:12Les cultivateurs doivent parfois faire des kilomètres pour atteindre des champs qui ont
38:17été arrachés à la montagne par leurs ancêtres.
38:20Chaque feuille doit être parfaite. La moindre chenille, le moindre insecte qui ronge une
38:32feuille est signe de catastrophe. La récolte toute entière peut être ruinée en quelques
38:36heures.
38:37Le travail est absolument harassant. Dès le lever du jour, il faut se glisser entre
38:52les plants couverts de rosée, se protéger de l'humidité et de l'abrasion des tiges,
38:57choisir une à une les feuilles dont le murissement est parfait. Et, le lendemain, il faudra revenir
39:04sur le même plan et prélever les feuilles qui ont bénéficié d'un autre jour de maturation,
39:09et cela pendant des semaines entières.
39:11Au fil des siècles, le tabac Pomaque a bénéficié d'une réputation qui dépassait les limites
39:37de la Méditerranée. Le meilleur tabac du monde, disait-on. Il plaisait aux Arabes,
39:43aux Égyptiens et aux Byzantins. Tout cela a bien changé depuis la période ottomane.
39:47Pour exploiter ces terrains isolés, les paysans ne disposent pas de moyens adaptés. Les
40:07rivières ne sont pas équipées de ponts. L'imagination et l'improvisation doivent
40:12se substituer aux moyens financiers pour apatriller vers le village,
40:14ce qui sera la seule ressource en argent liquide pour toute une année.
40:18Quant aux moyens de transport, tout ce qui bouge transportera du tabac pendant la période de
40:42récolte.
41:1224 francs le kilo et un maximum de 400 kilos par famille. 9600 francs par an pour faire
41:29vivre sa maisonnée. Pourquoi cette limitation ? Il y a seulement 20 ans, les Pomaques produisaient
41:35le meilleur tabac du monde et le vendaient à un excellent prix. Mais depuis, la Grèce a adhéré à
41:45l'Union Européenne et un système de quotas est instauré par pays sur beaucoup de produits,
41:49dont le tabac. Le gouvernement grec dispose d'un monopole sur le tabac, mais doit suivre
41:58les directives européennes. Il a donc limité ses achats à 400 kilos par famille. Une journée de
42:05travail pour un kilo de feuilles séchées pour 25 francs. Des ruches silencieuses et mélancoliques
42:21s'organisent donc dans chaque maison pour assurer l'assemblage des feuilles sur une lit. Si la
42:30production est excédentaire, le surplus doit être détruit, ne donnant droit à aucun revenu. Chaque
42:36année, il y a même une perte, car les familles prévoient toujours plus de plans que nécessaire
42:41pour assurer leurs quotas en cas d'intempéries. A l'aube du 21e siècle, à peine à trois heures
42:51d'avion de Rome ou de Paris, l'Europe vit à deux vitesses, ici un peu plus qu'ailleurs.
42:55En guise de marché du village, des colporteurs montent chaque semaine de Xanti avec tout ce
43:17qu'ils espèrent vendre. Les femmes en profitent pour échapper quelques heures au travail des champs
43:24et acheter ce dont elles ont besoin. Peu de choses en vérité. La tentation est grande,
43:31mais les moyens sont limités. Tant que les acheteurs de tabac ne sont pas passés,
43:37ils ne se vendent pas grand-chose. Puis les acheteurs amènent la marchandise sans pour
43:43autant payer. Quand ils payent enfin, trois ou quatre mois plus tard, le commerce reprend un
43:48peu de vigueur. Hassan est meunier depuis 40 ans. Il est le dernier dans la région,
44:11peut-être le dernier en Grèce. Hassan n'a pas pu créer de famille lorsqu'il était jeune. Il
44:16n'avait pas l'argent pour construire une maison et cela est indispensable pour se marier par ici.
44:21Lorsqu'il a eu l'argent, il n'avait plus l'âge.
44:47Sans en tirer profit, Hassan continue son activité dans ce moulin dont certains éléments sont plus
44:54que millénaires. Mais ce genre d'activité n'a plus d'avenir. Il se contente de rendre
44:59service à ses proches et à la commune. Certaines familles Pomac essayent encore
45:09d'échapper au cycle inlassable de la culture du tabac. Les barrages du moulin sont reconvertis
45:14en zone de pisciculture. Mais les habitudes alimentaires sont tenaces. Il n'y a guère de
45:19chances d'exporter vers la vallée et les pêcheurs de la côte sont plus promptes à
45:23fournir le marché de la ville. Mais ce genre d'idées commence à faire son chemin dans les esprits.
45:36Comme s'il fallait faire la preuve de l'imbroglio entre chrétienté et islam, Hassan vit dans un
45:41petit village qui porte le nom de Théotokou, qui signifie en grec le village de la Vierge-Marie.
45:46Le site est exceptionnellement riche, verdoyant et fertile. Le village en a profité pour développer
45:55une culture de subsistance. Le maïs, les légumes et les fruits sont un décor inhabituel pour la région.
46:11Mais l'essentiel du revenu du village est une fois encore le tabac, le seul espoir.
46:16A longueur de journée, Hassan aussi enfile les feuilles avant de les porter vers les séchoirs.
46:40Les feuilles sont cueillies, il faut maintenant les mettre au soleil et veiller à un séchage parfait.
46:50Jusqu'à la phase ultime, la récolte est en péril. La moindre intempérie, la plus petite
46:57grêle risque de ruiner la production. Mais comment prévoir cela quand on vit en montagne ?
47:02Quand la saison sera finie, on partira d'ici. On ira à Athènes ou à Karamangas, construire des bateaux,
47:15ou on aimerait voir en Allemagne. Heureusement qu'on ne paye pas nos loyers ici. On est propriétaire
47:21de nos maisons. S'il fallait payer le loyer, on ne s'en sortirait pas.
47:32L'angoisse monte avec les jours qui passent.
48:02La richesse d'une région est exposée au soleil.
48:05La survie ou la ruine sont là, suspendus à un fil et aux caprices du climat.
48:17Comment oublier cette phrase du jeune marié Pomac ?
48:20Les Turcs nous disent d'arrêter de parler notre langue. Là, je ne comprends pas. Eux,
48:25ils sont Turcs, qu'ils parlent la langue qu'ils veulent. Je ne veux pas parler dans une autre
48:30langue. Moi, je suis Pomac. Je me sens Pomac. Je suis un citoyen grec, de religion musulmane
48:39et de langue Pomac. Farid récite le poème du marchand de quatre saisons.
48:47Les Turcs te poursuivent, cache-toi. Les Bulgares te poursuivent, cache-toi. Ils
48:55viennent avec une hache. Ils veulent te tuer avec leur balle. Non, ils ne me frappent pas avec
49:02leur hache. Non, ils ne me tuent pas avec leur balle. Ils sont venus pour me capturer. Ils ont
49:08allumé un grand feu pour que moi, le Pomac, je me consume. Face à de telles pressions,
49:15il y a peu de chances pour que la tradition Pomac ne parte pas en fumée.
49:25Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares, ils ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
49:31Ils ne sont pas les mêmes que les Bulgares, ils ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
49:35Ils sont les mêmes que les Bulgares, ils ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
49:39Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
49:41Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
49:43Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
49:45Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
49:47Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
49:49Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
49:51Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
49:53Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
49:55Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
49:57Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
49:59Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:01Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:03Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:05Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:07Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:09Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:11Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:13Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:15Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:17Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:19Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:21Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:23Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:25Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:27Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:29Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:31Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:33Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:35Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:37Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:39Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:41Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:43Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.
50:45Les Turcs ne sont pas les mêmes que les Bulgares.

Recommandée