Si le Rassemblement national semble n’avoir jamais été aussi proche de s’installer à Matignon, reste à savoir le programme que le parti d’extrême droite entendra appliquer. Depuis plusieurs semaines, leur chef de file s’est mué en grand équilibriste, revenant sur l’idée de quitter le commandement intégré de l’Otan, hésitant sur l’urgence d’abroger la réforme des retraites, temporisant sur la suppression de l’impôt sur les revenus des moins de 30 ans… et la liste continue.
Au sein du parti, la surprise, l’euphorie et le vertige s’entremêlent. Marylou Magal, journaliste au service politique de L’Express, nous raconte dans cette vidéo comment la quête de Matignon s’accompagne de quelques ajustements programmatiques, au risque de fâcher l’aile radicale du RN. C’est à retrouver sur notre site, et tous nos réseaux sociaux.
Au sein du parti, la surprise, l’euphorie et le vertige s’entremêlent. Marylou Magal, journaliste au service politique de L’Express, nous raconte dans cette vidéo comment la quête de Matignon s’accompagne de quelques ajustements programmatiques, au risque de fâcher l’aile radicale du RN. C’est à retrouver sur notre site, et tous nos réseaux sociaux.
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00:00Depuis le 9 juin et l'annonce de la dissolution, l'ORN est passée par plusieurs sentiments.
00:05La surprise d'abord, parce qu'il ne s'attendait pas à ce qu'Emmanuel Macron choisisse de dissoudre l'Assemblée malgré les demandes récurrentes.
00:12Nous lui demandons solennellement de prendre acte de cette nouvelle donne politique et d'organiser de nouvelles élections législatives.
00:19Ensuite, une petite phase d'euphorie parce que l'ORN n'a jamais été si proche
00:23d'atteindre le pouvoir et d'envoyer une personnalité issue de ses rangs à Matignon.
00:28Et enfin, une certaine forme de vertige parce que d'un coup, tout ça devenait concret et cette question « en sont-ils vraiment capables ? ».
00:35Et preuve que ce n'est pas tout à fait le cas, depuis le 9 juin justement, on a assisté à plusieurs reniements, plusieurs revirements,
00:41parfois des bégaiements, des questionnements sur les mesures que porte l'ORN, sur des mesures phares que le parti a apporté jusqu'alors,
00:49notamment jusqu'en 2022 pendant la présidentielle.
00:52Tous les jeunes de moins de 30 ans seront exonérés d'impôt sur le revenu.
00:56Vous voulez toujours supprimer l'impôt sur le revenu pour tous les jeunes actifs jusqu'à 30 ans ?
01:00Madame, ça c'était le projet de la campagne présidentielle.
01:03La France peut être utile au règlement des grands désordres du monde si et seulement si elle est indépendante.
01:09C'est l'une des raisons qui me feront quitter le commandement intégré de l'OTAN.
01:13La France ne doit pas quitter le commandement intégré de l'OTAN.
01:16Je suis très réservée sur la livraison d'armes parce que ça fait de vous des co-belligérants.
01:20Je souhaite que l'Ukraine puisse disposer à la fois en munitions et en matériel de tout ce dont l'Ukraine a besoin pour tenir le front.
01:27Il y a deux aspects en fait.
01:29Côté pile, le RN commence à rassurer, à jouer partie de gouvernement et à dire
01:33nous allons hériter d'une situation budgétaire dont nous ne sommes pas comptables.
01:37C'est la faute du gouvernement qui a mis l'État et notamment le budget de l'État dans cette situation.
01:42Et on fera en gros avec ce qu'on nous donnera.
01:44Donc ne nous en voulez pas si on ne peut pas appliquer des mesures qu'on vous a promises pendant des années.
01:49Et il y a le côté face, où en fait l'idée c'est toujours de jouer les équilibristes entre contenter une base électorale acquise,
01:56anti-système, en quête de radicalité, qu'il faut toujours réussir à contenter avec des mesures emblématiques du parti,
02:03et en même temps rassurer toujours et aller chercher un électorat plus libéral, peut-être plus conservateur aussi,
02:08qui jusque-là échappait un peu au RN mais dont il a besoin pour arriver à atteindre une majorité à l'Assemblée nationale.
02:15Au RN, tout le monde le sait, la majorité c'est 50 plus 1
02:18et on ne peut pas contenter toutes les lignes d'un parti avec un programme qui a vocation à rassembler.
02:23Mais tout le monde est plus ou moins prêt à avaler des couleuvres dans l'idée d'une potentielle victoire.
02:29Si la personnalité de Vardela a parfois fait jaser en interne, notamment sur sa jeunesse, sa ligne un peu trop identitaire, son côté pro-business,
02:36tout le monde s'accorde aujourd'hui à dire que c'est la personne le mieux placée.
02:40La question que tout le monde se pose aussi, c'est est-ce qu'il en est vraiment capable ?
02:44Lui a un nouvel élément de langage qu'il répète à chaque fois qu'on lui pose la question,
02:47c'est « je me prépare chaque jour à l'exercice du pouvoir ».
02:58Le fait aussi que Vardela dise qu'il n'ira pas à Matignon s'il n'avait pas la majorité absolue à l'Assemblée,
03:03ça montre une certaine fébrilité et la peur peut-être de ne pas réussir.
03:07On pourrait croire qu'une certaine partie de leur électorat, notamment l'électorat le plus ancien,
03:11celui qui votait pour Jean-Marie Le Pen, qui est attaché à une certaine forme de radicalité,
03:16pourrait trouver que le RN édulcore certaines mesures et en vouloir à Jordan Vardela et Marine Le Pen
03:22se tourner vers des formations peut-être plus radicales.
03:25Pour l'instant, ça n'a pas l'air d'être le cas quand on regarde les sondages dans les urnes,
03:28mais il faut toujours se méfier des projections, surtout pour ce genre de scrutin.
03:33Majorité ou pas, Jordan Vardela protège ses arrières en disant qu'il n'ira pas s'il n'a pas la majorité absolue
03:39parce qu'il refuse d'être le « collaborateur » d'Emmanuel Macron.
03:46Sous-titrage Société Radio-Canada