Dans ce nouveau numéro d’A vos marques, Maxime Brami vous présente sur une discipline spectaculaire : le ski assis. Dans une première partie "Mon défi", retour sur les origines de cette discipline et ses spécificités avant de revenir sur les projets inspirants de deux athlètes hors du commun dans la rubrique "parcours perf". Invités : Victor PIERREL (médaillé d'argent aux Mondiaux de Lillehammer 2022 en Slalom) Jean-Yves LE MEUR (4 participations aux Jeux Paralympiques, Multiple Champion de France de ski alpin assis) Pierre TESSIER (directeur de l’entreprise TESSIER qui conçoit, fabrique et commercialise du matériel de sport adapté afin de développer l’accès aux sports de pleine nature pour les personnes en situation de handicap à travers le monde).
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SportTranscription
00:00Bonjour à toutes, bonjour à tous, ravi de vous retrouver pour ce nouveau numéro d'Avomark.
00:18Votre rendez-vous 100% Parasport s'est à retrouver tous les mardis à 19h sur Sport
00:22en France.
00:23Comme vous le savez, nous mettons aujourd'hui à l'honneur une discipline extraordinaire,
00:27le ski assis.
00:28Nous avions organisé en début d'année une émission consacrée aux mondiaux de
00:32paraski alpins et nordiques qui se sont déroulés à Ostersund et à Espot.
00:36Vous pouvez retrouver cette émission en replay sur le site internet www.sportenfrance.com.
00:42Pour parler de ski assis, j'ai le plaisir de recevoir trois messieurs, Victor Pirel
00:48est avec nous.
00:49Bonjour Victor.
00:50Bonjour.
00:51Victor, vous êtes vice-champion du monde de ski assis, c'était au mondiaux de l'Île
00:56de l'Hommeur en 2022 et c'était en slalom.
01:00Merci d'être avec nous.
01:01Vous êtes accompagné de Jean-Yves Le Meur.
01:03Bonjour Jean-Yves.
01:04Bonjour.
01:05Merci de revenir à Avomark.
01:07Jean-Yves, vous êtes un para-athlète de ski assis, vous avez quatre participations
01:12donc aux Jeux Paralympiques et vous êtes multiple champion de France dans la catégorie,
01:18dans la discipline.
01:19Merci également à Pierre Tessier d'être avec nous.
01:21Bonjour Pierre.
01:22Oui, bonjour.
01:24Pierre avec vous, nous allons parler matériel, nous allons parler mécanique.
01:27Merci d'avoir accepté notre invitation.
01:29Pour tout savoir, tout comprendre sur le ski assis, ce sera dans la première partie
01:33de cette émission et ce sera mon défi.
01:35C'est parti.
01:40Commençons tout de suite ce nouveau numéro d'Avomark en rappelant aux téléspectateurs
01:44le principe du ski assis et des épreuves qui existent.
01:49On peut commencer avec vous Jean-Yves Le Meur, si vous le voulez bien.
01:52Pouvez-vous nous rappeler les trois types d'épreuves qui existent dans le ski assis ?
01:57Il y a des épreuves techniques de slalom, de géant.
02:02Il y a les épreuves de vitesse, super-g et descente et puis il y a l'épreuve du combiné
02:06qui associe un super-géant et un slalom.
02:09Après, il y a trois podiums qui sont décernés.
02:14Il y a un podium pour les skieurs assis depuis 2004, il me semble.
02:22Tous les skieurs assis sont regroupés, quel que soit leur niveau de lésion, sur un seul podium.
02:28Tous les skieurs debout sont aussi regroupés et tous les malvoyants sont regroupés pour des podiums uniques.
02:34J'aimerais comprendre la technique utilisée et les différences qu'il y a entre le ski assis et le ski debout.
02:43Est-ce que vous pourriez nous en dire un petit peu plus, Victor Pierrel ?
02:47D'un point de vue technique, le haut du corps va se comporter de façon assez similaire à des skieurs debout.
02:57Je parle surtout dans le domaine de la compétition.
03:00Après, pour les débutants, c'est un petit peu différent, on s'appuie un petit peu plus sur les bras.
03:04La grosse différence, ça va être qu'au lieu d'avoir le bassin et les genoux qui vont permettre de venir se rapprocher du sol,
03:13c'est vraiment tout avec le bassin.
03:15En ski debout, on va beaucoup orienter les jambes et les genoux pour nous permettre de se rapprocher du sol
03:23et augmenter l'angle des skis par rapport à la neige.
03:26En ski fauteuil, comme le ski est fixe par rapport au fauteuil, c'est le fauteuil qui doit prendre de l'angle,
03:32comme on voit un peu sur les images là.
03:35C'est très comparable à la moto.
03:37On met de l'angle quand on veut tourner et plus on met d'angle et plus on tourne.
03:41J'ai une question qui peut paraître un petit peu naïve,
03:44mais si on n'a aucune sensation au-dessus du bassin, comment ça se passe ?
03:52Est-ce qu'on peut pratiquer le ski assis ?
03:56Oui, alors même nous en compétition, il y a plusieurs catégories qui sont compensées différemment en fonction du handicap.
04:06Mais il y a des skieurs qui sont paralysés jusqu'en dessous des pectoraux,
04:10donc qui n'ont vraiment aucune mobilité du tronc.
04:14Ça se compense grâce à un dossier qui va être plus haut.
04:17Là, on ne le voit pas trop sur les photos, mais moi, mon dossier s'arrête au niveau du bassin
04:22pour que j'ai le maximum de mobilité possible.
04:25Mais pour quelqu'un qui est paralysé très haut, il va juste avoir un dossier qui monte plus haut.
04:30Et comment il fait pour tourner alors ?
04:32Ils vont beaucoup plus se servir des bras et de la tête.
04:36Et on ne va pas se mentir, c'est plus dur.
04:40C'est pour ça aussi que leurs temps sont compensés de façon adaptée.
04:44Mais c'est tout à fait possible de skier avec des niveaux très hauts de paraplégie.
04:51Jean-Yves Le Meur, j'aimerais qu'on parle maintenant un petit peu des sensations de glisse
04:55pour des personnes qui ne sont pas en situation de handicap.
04:59À quoi est-ce qu'on pourrait comparer cela ?
05:00Est-ce qu'on pourrait comparer cela finalement à du bobsleigh, à de la luge pour ceux qui connaissent ?
05:08La sensation, je trouve que c'est absolument unique.
05:13Je trouve même que c'est une sensation qui est probablement plus intense et plus riche
05:18que pour les skieurs debout.
05:19Parce qu'à la fois, on a la sensation de la glisse, comme les piétons.
05:24Mais en même temps, on est suspendu, donc on a une sensation de voler.
05:30Et puis, on a la sensation de flotter sur les amortisseurs, sur le système d'amortisseur.
05:34Donc, c'est un peu comme si vous mettiez des foils à vos chaussures de ski.
05:37Il y a ces trois sensations qui sont exceptionnelles, de flotter, voler et glisser,
05:43qui sont réunies en une seule sensation.
05:45Donc, c'est assez magique comme effet.
05:48Ça vous laisse des traces indélébiles pour toute la vie.
05:53En termes de physique, en termes de difficulté,
05:56est-ce que le ski assis demande plus d'efforts que le ski debout ?
06:01Parce que le ski debout demande des efforts.
06:05Je pense que quand vous débutez le sport, le ski assis, c'est assez physique.
06:10Parce que vous tombez à des endroits où vous devez vous relever.
06:15Vous arrivez sur des pistes, vous n'avez pas pris assez de vitesse, c'est plat, il faut pousser.
06:19Donc, c'est un gros engagement physique, le ski assis, quand même.
06:24Après, en compétition, évidemment, il faut être au maximum de sa forme,
06:27que ce soit debout ou assis, il ne faut rien laisser au hasard.
06:30Donc, dans les deux cas, c'est très, très physique.
06:33Mais je dirais pour un skieur lambda,
06:36je pense quand même que le ski assis est un peu plus exigeant.
06:39Il faut quand même avoir les épaules pour se relever, disons, essentiellement.
06:44Et puis, quand on commence, comme disait Victor juste avant,
06:46on s'appuie beaucoup sur les patinettes.
06:48Et donc, on a besoin quand même de beaucoup de force.
06:51Victor Pierrel a un petit point de détail pour que nos téléspectateurs comprennent bien.
06:56En ski assis, comment est-ce que l'on freine ?
06:58Puisqu'on voit bien sur les vidéos qu'il n'y a qu'un seul ski.
07:02Or, les gens qui connaissent un peu le ski sont des adeptes du chasse-neige.
07:07En tout cas, les débutants.
07:08C'est quelque chose, au début, qui peut être un peu déstabilisant,
07:14même si avec des skis de débutants, c'est relativement facile de déraper.
07:19On n'a pas accès au chasse-neige.
07:21Ça veut dire que le seul moyen de ralentir, c'est de mettre le ski en travers.
07:26En compétition, ce n'est pas vraiment un problème
07:29parce que le but, ce n'est pas vraiment de ralentir.
07:32Là où, des fois, c'est un petit peu gênant,
07:35ça peut être quand il y a beaucoup de monde sur les pistes
07:37et où on n'ose pas trop tourner, mais on n'a pas le choix
07:40parce que si on ne tourne pas, on va tout droit et on accélère.
07:43Ou quand on ski dans la forêt ou les choses comme ça,
07:45où il n'y a pas forcément trop la place de mettre le ski en travers
07:49et où on prend de la vitesse et où plus ça va et plus on a envie de freiner
07:54et plus on a besoin de freiner et moins on peut freiner.
07:57Mais sinon, en gros, c'est seulement du dérapage.
08:01Victor Piral, vous êtes un spécialiste de slalom.
08:03J'aimerais qu'on parle un petit peu de technicité.
08:05Qu'est-ce qu'il faut aborder différemment entre une compétition de slalom,
08:10entre une compétition de descente ?
08:12Alors, en slalom, je dirais que la plus grosse différence...
08:17Alors, en gros, pour le déroulement d'une compétition,
08:19nous, on arrive le matin.
08:22Certaines épreuves se font en deux manches, certaines en une manche.
08:25Mais en gros, avant chaque manche, on a ce qu'on appelle la reconnaissance
08:28où donc on va monter au départ et on dérape le long de la piste
08:33pour voir où sont les portes, quelles sont les portes.
08:36En slalom en particulier, on a ce qu'on appelle des figures.
08:38Donc des fois, ça va être trois portes très alignées, par exemple,
08:43ce qu'on appelle une triple.
08:46Et ça va être de reconnaître les parties où ça va peut-être tourner plus.
08:51Ensuite, hop, on enchaîne et puis on retourne un peu plus.
08:54Et là, on a un grand virage et ainsi de suite.
08:57La particularité du slalom, c'est que comme les portes sont proches,
09:01on les voit toutes.
09:03La norme, c'est entre 10 et 13 mètres, on va dire à peu près pour les portes.
09:08En descente, il peut y avoir jusqu'à 100 mètres entre deux portes.
09:11Et ça veut dire que s'il y a un mouvement de terrain,
09:15on ne va pas voir les portes derrière.
09:16Des fois, il y a un saut et on ne voit pas la porte qu'il y a derrière.
09:20Donc je dirais qu'en slalom, on peut être un petit peu plus rapide
09:24et faire un peu plus attention au changement de rythme
09:27et un peu moins vraiment à l'emplacement.
09:30Comment est-ce qu'on choisit d'être un athlète spécialisé en slalom
09:33plutôt qu'en combiné, plutôt qu'en géant ?
09:37Il se trouve que nous, à l'heure actuelle dans l'équipe,
09:39on a deux personnes qui ne font pas de vitesse ou en tout cas pas de descente.
09:44Là, c'est plus une question de prise de risque
09:48parce qu'en descente, on peut arriver en fauteuil,
09:51on peut monter jusqu'à 110 km heure
09:52et ça commence à faire des gamelles qui font un peu peur.
09:55Mais nous, en e-sport, on ne choisit pas vraiment les disciplines,
09:59on les pratique toutes.
10:00En descente, il y a l'expérience,
10:03enfin en vitesse d'une manière générale, l'expérience compte beaucoup
10:06parce qu'à certains endroits, on peut faire peut-être un grand virage
10:10qui va venir recouper sous la porte.
10:12Peut-être qu'on va aller presque tout droit sur la porte
10:15pour prendre une trajectoire différente
10:16et ça va beaucoup jouer sur la vitesse qu'on arrive à emmagasiner,
10:20ce qui est beaucoup moins le cas en slalom.
10:21Pour pratiquer le ski assis de manière amateur ou même en compétition,
10:26il faut du matériel qui est très performant
10:29et c'est maintenant que je m'adresse à vous, Pierre Teffier.
10:32Pouvez-vous, en préambule de cet échange,
10:35me rappeler l'histoire de votre entreprise ?
10:39On a commencé en 1995.
10:41Moi, auparavant, j'étais passionné de ski et de mécanique
10:45et j'étais technicien de maintenance dans l'industrie.
10:48Le hasard a fait que j'ai trouvé du travail en 1988
10:52dans une association à Saint-Sorin-d'Arbre
10:54qui reçoit des personnes handicapées à la montagne.
10:57Bien sûr, en 1988, on essayait de mettre les gens au ski.
11:01À l'époque, il n'existait pas beaucoup de matériel
11:04et j'ai rencontré des gens de l'Association des Parisais de France
11:06qui avaient un projet avec un fauteuil ski.
11:09C'était pour des personnes dépendantes,
11:11donc des matériels pilotés,
11:13et je me suis associé à leur projet pour faire évoluer ce matériel.
11:17J'ai vraiment eu une grosse motivation
11:20pour faire progresser ce matériel parce que c'était vraiment génial.
11:24C'est de là qu'est née l'idée de monter une entreprise ?
11:26Pour l'instant, j'étais encore dans cette association,
11:28mais comme j'avais un garage ou comme j'étais passionné,
11:30j'avais du matériel pour travailler, pour bricoler,
11:33j'ai construit des prototypes à type personnel.
11:37Et puis, de fil en aiguille,
11:38je suis resté six ans dans cette association
11:40et comme j'avais des demandes des gens qui voulaient acheter du matériel
11:44et qu'il n'existe rien sur le marché ou pas grand-chose,
11:47je me suis mis à mon compte pour en produire.
11:49Pierre, comment est-ce qu'on fabrique un fauteuil de ski assis ?
11:53C'est avant tout de la mécanosoudure parce que c'est un châssis.
11:57Donc déjà, on dessine, on a un logiciel de dessin en 3D,
12:00et puis après, pour le fabriquer, il faut des moyens de production.
12:05Et voilà, c'est de la soudure, c'est de la mécanique,
12:07et puis il y a la partie composite pour les parties sièges et coques de jambe.
12:11C'est fait avec quel matériau ? Du carbone, de l'alu ?
12:14Alors, c'est fait avec de l'alu, avec de l'acier.
12:16Maintenant, on utilise de plus en plus d'acier haute limite élastique,
12:20qui sont des aciers avec lesquels on arrive à être aussi léger qu'avec de l'alu.
12:25Et puis, c'est des matériaux composites,
12:27donc ça peut être de la fibre de verre, du carbone, du kélar carbone,
12:31en fait, différents matériaux composites.
12:35Et c'est un assemblage de tout ça.
12:37Alors, le poids est important, mais pas que,
12:40parce qu'il y a la fiabilité, la solidité des châssis qui est essentielle.
12:44Donc, on va plutôt privilégier la solidité par rapport à un matériel
12:48qui serait beaucoup plus léger, mais fragile.
12:51Si vous avez un châssis qui est très souple,
12:53et que quand vous vous mettez sur la car,
12:55vous perdez la car parce que le châssis se tord, ça ne fonctionne pas bien.
13:00Donc, il y a les équilibres qui sont importants,
13:03les centres de gravité, respecter le centre de gravité avant-arrière,
13:06qu'il évolue correctement quand la suspension s'écrase.
13:09En fait, c'est quand même assez technique et c'est notre savoir-faire.
13:13Jean-Yves Le Meur, vous permettez que je m'adresse à vous
13:16en tant que mémoire du Paris Ski.
13:17Moi, j'aimerais que vous m'expliquiez un petit peu l'évolution des fauteuils
13:22du point de vue du sportif.
13:23Est-ce que vous avez vu une évolution depuis que vous avez commencé ?
13:26Et aujourd'hui, qu'est-ce que vous en pensez ?
13:29L'évolution, oui, c'est énorme.
13:32Alors, quand Pierre le décrit, ça a l'air...
13:36Oui, c'est de la mécanosoudure, c'est tout simple.
13:39Mais en fait, il y a toute une conception qui est derrière un travail énorme,
13:44qui a permis d'arriver à l'état des lieux d'aujourd'hui,
13:48de savoir qu'on a un matériel qui s'appelle le Scarver,
13:52qui est utilisé dans le monde entier, que Pierre a conçu,
13:55qu'il a lancé sur le marché et que tout le monde adopte.
13:58Et si vous faites un classement des constructeurs aujourd'hui,
14:01et les dix dernières années, vous avez Tessier qui est probablement
14:05en tête du classement Coupe du Monde des Scarvers.
14:10Donc, c'est un travail énorme derrière et c'est vrai qu'au départ,
14:14mon premier appareil, c'était une sorte de baquet posé sur un tas de ferraille
14:21et dessous, il y avait un ski et tout ça n'avait pas d'amortisseur.
14:25C'était une sorte, effectivement, de luge sur un ski.
14:27Mais je me suis régalé avec ça pendant des années.
14:29C'était dévaler les pistes un peu comme un fou.
14:33Mais du coup, ce n'est pas un peu dangereux ?
14:35Victor, il y a quand même la question de la chute.
14:39Comme tous les sports, on prend soit de la vitesse, soit de l'altitude.
14:43Là, on voit une magnifique photo de Jean-Yves en train de se boiter.
14:48Comme tous ces sports, il y a des risques qui sont associés.
14:52Nous, en fauteuil, les épaules sont pas mal sujettes aux blessures.
14:57Moi, je me suis blessé, je me suis cassé un petit bout de vertèbre
15:02le premier jour arrivé en Chine pendant les Jeux de 2022.
15:06J'ai demandé aux médecins qu'on me laisse participer au slalom à la fin.
15:09Ils n'ont pas voulu parce qu'ils avaient signé une décharge comme quoi j'étais blessé.
15:12Mais d'une manière générale, c'est vrai que les chutes en fauteuil
15:18à haute vitesse sont très impressionnantes parce qu'en général, on perd le ski.
15:24Et après, on a un peu tendance à faire des roulées-boulées de façon assez intense.
15:27Mais ça, là, je parle des chutes à plus de 80 km heure.
15:30Mais on n'a pas vraiment plus de risque de se faire mal
15:34que si on se fait la même chute en ski.
15:37Et nous, on ne peut pas se blesser les genoux.
15:39Pierre, vous concevez du matériel pour d'autres parasports ?
15:42Oui, c'est pour le wakeboard.
15:45Et puis, on fait aussi un fauteuil tout-terrain.
15:48Et on fait aussi une luge d'orniques.
15:50Donc, ça reste dans le ski, mais c'est pour le ski de fond.
15:53Dans Avomark, on s'adresse aux parents d'enfants en situation de handicap.
15:57Si on a envie d'essayer le ski assis,
16:00est-ce que toutes les stations sont équipées de fauteuils ?
16:04Dans quelles stations faut-il aller si on veut essayer ?
16:08Oui, alors, il y a beaucoup d'écoles de ski de SF qui sont maintenant équipées,
16:12qui ont du matériel et qui ont aussi des moniteurs qui sont formés
16:16pour pouvoir accompagner et enseigner le ski assis.
16:19Donc, c'est une excellente chose, une évolution extraordinaire depuis les années 90.
16:24Et moi, je vis dans les contreforts du Jura.
16:28Il y a la station de la Fossi,
16:30c'est une petite station qui peut accueillir des gens.
16:32À Combloux, il y a la ski-évasion.
16:34Évidemment, dans la Morienne aussi, là où Pierre se trouve,
16:37il y a beaucoup de stations qui peuvent accueillir des gens en situation de handicap.
16:41Donc oui, ça s'est vraiment répandu.
16:43Il suffit de se renseigner.
16:44C'est vraiment très facile de trouver des endroits
16:46où on peut commencer le ski assis aujourd'hui.
16:48Si je ne suis pas en situation de handicap,
16:50moi, ça m'a l'air assez sympa comme discipline.
16:53Est-ce que je peux essayer ?
16:55Oui, bien sûr, c'est tout à fait ouvert.
16:59C'est une discipline en soi, je dirais.
17:00Donc, il n'y a pas de raison de la fermer à qui que ce soit.
17:04Tout le monde peut se lancer.
17:06Je ne connais pas énormément de gens piétons qui skient assis.
17:10Pierre Tessier, évidemment, je dirais que d'entre les valides,
17:14c'est le meilleur skieur assis que je connaisse.
17:17C'est pour tester le matériel.
17:18Merci, messieurs.
17:18Nous en savons désormais un petit peu plus sur votre discipline.
17:21On va passer à votre parcours et à la partie sportive
17:26avec vous, Jean-Yves Le Meur et Victor Pierel.
17:29Merci.
17:30On se retrouve dans un instant pour la seconde partie d'Avomark.
17:37De retour pour la seconde partie de votre programme
17:40Avomark consacré au ski assis.
17:42Nous sommes avec Jean-Yves Le Meur et Victor Pierel.
17:46Messieurs, nous allons revenir un petit peu sur vos parcours respectifs.
17:50On va commencer avec vous, Jean-Yves.
17:53Vous êtes venu dans Avomark il n'y a pas très longtemps.
17:56Vous ne m'avez pas raconté cette histoire et je vous en veux un petit peu
17:58parce que c'est une histoire quand même assez extraordinaire.
18:01Vous avez gravi le Mont-Blanc.
18:04Alors que je rappelle que vous avez eu un accident de train
18:09qui vous a amputé d'une jambe d'un côté, d'un pied de l'autre.
18:12Et vous avez gravi le Mont-Blanc avec des béquilles.
18:15C'était en 2003.
18:16Racontez-moi un petit peu cette expérience
18:19que je me permets de qualifier d'or du commun.
18:22Ça a été un long cheminement.
18:26Ça a commencé par un renoncement.
18:28Évidemment, quand vous n'avez plus de jambes,
18:30vous ne vous imaginez pas refaire de la montagne.
18:33Donc ça a commencé par le renoncement
18:35avec l'idée plutôt d'aller à la plage que d'aller en montagne.
18:38Bien que déjà à cette époque, les années 90, j'adorais la montagne.
18:43Et ensuite, ça a commencé par des tout petits dénivelés
18:46avec un oncle qui est aussi montagnard
18:48et avec qui j'ai gravi des tout petits sommets, on va dire.
18:54Et petit à petit, j'ai augmenté les dénivelés
18:57jusqu'à faire des mille mètres de dénivelé
18:59sur des belles ascensions dans les Alpes,
19:01la jonction, d'autres grandes marches.
19:06Toujours effectivement avec les moyens dont je disposais,
19:09c'est-à-dire deux béquilles.
19:11Et puis cette prothèse de Tibial
19:13sur laquelle j'ai un très bon appui.
19:16Voilà, c'était la meilleure façon pour moi de cheminer.
19:21Et puis petit à petit, donc avec ces dénivelés qui augmentaient,
19:25j'ai fait la rencontre aussi de personnes qui sont devenues des amis.
19:30Et je suis parti aussi faire de la randonnée sur des glaciers,
19:34notamment à l'étendard où Bruno Axelrad tient le refuge.
19:38Et avec lui, on est allé jusqu'au sommet deux fois,
19:42le sommet de l'étendard, qui, avec son optimisme,
19:46Bruno disait mais si tu fais l'étendard,
19:48tu peux faire le Mont-Blanc, il n'y a pas de souci.
19:49Et puis justement, j'habite un endroit où à chaque fois que je vais au travail,
19:53j'aperçois la magnifique chaîne du Mont-Blanc,
19:56l'aiguille verte, le Tacul, le Mont-Maudit, etc.
20:00Et à force de voir ces sommets de l'autre côté du bassin Lémanic,
20:05il y a une tentation qui a augmenté de tenter effectivement cette ascension.
20:09Alors beaucoup de personnes pensaient que ce n'était pas possible.
20:12Bon, ils avaient peut-être raison, mais en allant voir sur place,
20:15je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas vraiment quoi que ce soit d'impossible.
20:19Alors, quand on voit les images, ça a l'air d'être une grosse galère,
20:22mais ce n'est pas du tout le cas.
20:24En particulier, l'aiguille du goûter, c'était un plaisir à gravir,
20:28à part le couloir de la mort quand même, qui est un danger majeur.
20:31Mais sinon, le reste était un plaisir,
20:32parce que j'étais très entraîné,
20:35et donc il n'y avait pas de difficultés majeures à ce niveau-là.
20:39La difficulté majeure, elle est dans les trois bosses,
20:41donc tout à la fin de l'ascension.
20:43Et on a enchaîné en fait sur 1800 mètres dénivelé,
20:46donc les trois dernières bosses dans de la neige fondue,
20:50c'était 2003 à l'époque de la canicule,
20:52ça a vraiment compliqué l'ascension.
20:54Mais voilà, c'est un long cheminement qui a abouti à ce projet
20:59qui n'est pas du tout un défi,
21:01parce qu'on ne défie pas la montagne,
21:03on ne défie pas la planète.
21:06Et donc c'était un plaisir,
21:10c'était vraiment un petit groupe d'amis avec mon frère
21:12qui est arrivé d'Égypte où il vivait.
21:14Et lui aussi, c'est un exploit pour lui parce qu'il n'a pas été trop malade.
21:17Mon amie en 2003, elle a aussi fait cette ascension sans problème,
21:22sans être une grande alpiniste.
21:24Bruno Axelrad qui faisait les images, il était comme un cabri.
21:28C'est un exploit pour plein de gens finalement.
21:30Un exploit qu'aimerait réaliser Victor Pierrel.
21:35Victor, j'ai cru comprendre que le Mont-Blanc vous faisait un petit peu rêver,
21:40mais la configuration est un petit peu différente de celle de Jean-Yves,
21:44parce qu'on rappelle que Jean-Yves peut le faire avec des béquilles,
21:48donc avec des appuis.
21:49Vous, non, puisque vous êtes paraplégique,
21:52vous n'avez plus l'usage de vos jambes.
21:54Expliquez-moi comment on gravit le Mont-Blanc avec un fauteuil roulant.
21:59Ce ne sera pas avec un fauteuil roulant, ce sera avec mon fauteuil de ski.
22:02D'accord.
22:04Première particularité.
22:06La deuxième, tout comme Jean-Yves, il faut une bonne bande de potes.
22:11Moi, je suis un petit peu plus dépendant de ma bande de potes,
22:14on va dire d'un point de vue individuel.
22:16Là, vous voyez les images de ce qu'on a réalisé en 2021.
22:22L'idée, ça va être d'être tiré par une bande de gens de traîneau.
22:31Oui, d'accord, des gens de traîneau.
22:33Tout le long de l'ascension.
22:35Ça implique que tout le monde ait une condition physique assez importante,
22:39parce que même si le Mont-Blanc n'est pas l'Everest,
22:44ça reste un gros dénivelé.
22:49Nous, le plan, c'est de le faire en une journée,
22:51donc ça fait 1800 mètres de dénivelé dans la journée.
22:54Moi, ça fait quand même une charge assez importante.
22:57Là, nous, l'idée, c'est qu'on serait une équipe de 12 personnes
23:02et qu'on fasse le Mont-Blanc en une journée.
23:05Je ne suis pas un spécialiste de la montagne,
23:06mais on voyait sur les images de l'ascension de Jean-Yves
23:10que parfois, il n'y avait pas de neige, il y avait juste des cailloux.
23:14Comment est-ce que vous allez faire au moment où il n'y a que des cailloux
23:17avec un fauteuil de ski assis ?
23:23Alors, nous, on va adapter la route et la période où on y va.
23:28Clairement, les parties où il y a des cailloux, c'est très compliqué.
23:32On a l'option de prendre une joaillette,
23:34c'est un petit peu une brouette avec un siège dessus,
23:37qui nous permettrait éventuellement de faire la jonction
23:40entre l'intermédiaire de l'aiguille du Midi
23:44et le refuge des grands mulets à partir duquel on ferait l'ascension.
23:47L'idée principale, c'est surtout de choisir une période où il y a de la neige
23:51pour pouvoir tout faire à ski.
23:52Oui, bien sûr.
23:53L'autre alternative qu'on avait pour cette année
23:56et qu'on était parti pour faire,
23:57c'était de décoller en parapente de l'aiguille du Midi
24:01pour atterrir au refuge des grands mulets
24:03et ensuite réaliser l'ascension de 3000 à 4800 mètres.
24:08C'est une ascension que vous n'avez pas pu faire en 2022
24:12et je crois savoir que c'est un projet pour très bientôt,
24:16pour l'été 2023.
24:18Déjà, la météo n'était pas bonne,
24:20mais ce n'est pas vraiment ce qui a posé problème.
24:23Moi, je n'ai pas de sensibilité au niveau de mes fessiers
24:27et donc je n'ai pas senti en l'occurrence
24:32que j'étais resté assis trop longtemps
24:34dans ma coque de ski de course qui est extrêmement serrée
24:38parce que j'ai besoin d'avoir le maximum de réponses
24:42et de maintien en compétition.
24:44Et du coup, c'est pas un escar,
24:47mais c'est les premières étapes d'un escar,
24:51donc on a préféré arrêter là.
24:53Là, j'ai une nouvelle coque de course
24:56et donc j'ai pu aménager mon ancienne coque de course
24:58pour le Mont-Blanc.
25:00Donc ça, c'était en 2022 où il y avait un premier échec.
25:03Et donc, on est un peu en train d'organiser
25:11pour fin août, début septembre.
25:17On attend un peu de voir la neige qui va tomber cet été
25:21ou qui va fondre,
25:23de voir le niveau d'enneigement.
25:26Pour réorganiser ça en sachant qu'après,
25:30dès septembre,
25:33la saison de ski commence à reprendre de façon assez sérieuse.
25:37Je ne peux pas me permettre
25:39de sauter des entraînements pour mon oiseau.
25:42Je voudrais déjà dire à Victor,
25:44comme je suis admiratif de ce qu'il entreprend
25:46et de réussir à fédérer une équipe de personnes,
25:51de montrer cette espèce de cordée extrêmement solidaire
25:54qui permet finalement à quelqu'un
25:58que le destin a fragilisé d'aller dans cet endroit magique.
26:01Donc bravo à lui, vraiment tout mon respect.
26:04On peut conclure avec vous, Victor.
26:08Les Jeux Paralympiques de Milan-Cortina,
26:11ce sera en 2026.
26:12Quel est votre programme jusqu'à ces Jeux ?
26:15Qu'est-ce que vous espérez obtenir à ces Jeux ?
26:18Le programme, ça va être du ski, du ski et du ski.
26:22Clairement, c'est mon métier.
26:25En parallèle, je vais essayer de réussir à enfin me mettre au parapente.
26:30Mais ça, c'est un petit projet sur le côté.
26:33Mais non, les Jeux, c'est vraiment les étapes clés
26:37d'une carrière sportive quand on a la chance de pouvoir y participer.
26:41Quels sont les étapes pour se qualifier ?
26:43Nous, on a des critères de résultats pour se qualifier
26:46que pour l'instant, je remplis assez largement
26:50grâce à mes performances en slalom.
26:53Clairement, l'objectif pour les Jeux de 2026,
26:57ça va être un podium,
26:59voire pourquoi pas une victoire en slalom.
27:02Et d'ici 2026, ça va être de renforcer
27:06mon niveau dans les autres disciplines
27:09pour réussir à être compétitif.
27:13D'accord.
27:13Donc, ce n'est pas un objectif, ce sont des objectifs,
27:16ramener une médaille en slalom et participer dans les autres compétitions
27:21en géant ou en descente par exemple, c'est bien ça ?
27:25Oui, et du coup, viser les médailles dans les autres descentes,
27:28dans les autres disciplines si ça peut se faire.
27:32Pour la plus grande joie de l'équipe de France et de Christian Femi
27:35que nous saluons, qui vient assez régulièrement dans notre émission Avomark.
27:39Merci en tout cas, messieurs, de nous avoir fait découvrir votre sport,
27:44de nous avoir raconté votre histoire.
27:46Je remercie également Pierre Tessier.
27:50Merci à lui, merci pour tout ce qu'il fait pour le parasport.
27:53Merci à vous de nous avoir suivis.
27:55Merci aux équipes en régie de m'avoir aidé à préparer cette émission.
27:59On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'Avomark.
28:02Salut à tous.
28:05Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org