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Pour cette nouvelle saison d'A vos marques, Salim EJNAINI apporte une vision différente du parasport. Au programme de ce nouveau numéro, partons à la découverte du para surf en compagnie de Jean-Marc Saint Geours et Lou Méchiche : les origines du sport, ses règles et la pratique en France. Dans la seconde partie d'émission, "parcours perf", il sera question de revenir sur les compétitions à venir mais aussi sur le parcours de Lou Méchiche, récente Championne du Monde avec l'Equipe de France. Invités : Jea-Marc SAINT GEOURS (Créateur de l'association handisurf et sélectionneur de l'Equipe de France para surf) Lou MECHICHE (Championne du Monde de para surf)

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Sport
Transcription
00:20Bonjour à toutes, bonjour à tous,
00:21soyez les bienvenus avec nous sur Sports en France
00:24pour une toute nouvelle saison de Havomar
00:26qui est votre rendez-vous dédié aux parasports,
00:28à tous les parasports.
00:30Je suis Salim Ejnaini,
00:31j'aurai le plaisir d'animer cette saison de Havomar.
00:35Je suis moi-même cavalier para,
00:37non voyant comme vous le voyez, moins pas.
00:39Et peut-être que, qui sait,
00:40cela me permettra de vous apporter mon regard sur le parasport.
00:43En tout cas, j'ai hâte.
00:44Et quel meilleur plan pour débuter cette nouvelle saison
00:47que de nous replonger un peu dans la ferveur estivale.
00:51Le surf, le parasurf est à l'honneur aujourd'hui.
00:53J'ai le plaisir d'accueillir à ma droite Lou Méchiche,
00:57parasurfeuse malvoyante.
00:59Bonsoir, bienvenue.
01:01Championne du monde par équipe, on y reviendra.
01:04Et à ma gauche, Jean-Marc Saint-Jour.
01:06Bonjour, bonsoir Jean-Marc.
01:09Bonsoir.
01:09Fondateur de l'association nationale Andy Surf
01:12et sélectionneur national de l'équipe de France de parasurf.
01:15Eh bien, écoutez,
01:17moi, vous savez, une discipline comme celle-là,
01:18j'ai très envie d'en savoir un peu plus.
01:21Alors, sans plus tarder,
01:22je vous propose de lancer la première partie, mon défi.
01:25Alors, on va commencer avec Lou.
01:28Pour débuter, Lou, tu as 18 ans.
01:31Tu as découvert le parasurf il y a quelques temps.
01:35Est-ce que tu veux nous en dire un petit peu plus ?
01:37D'abord, sur comment tu as découvert la discipline,
01:40sur ce que tu sais de cette discipline ?
01:42Alors, du coup, moi, c'est mon grand frère qui surfait
01:45et qui m'en parlait pendant que moi, j'étais sous traitement,
01:49car je suis malvoyante due à une tumeur cérébrale.
01:51Et j'avais des chimiothérapies.
01:53Il me parlait des sensations de liberté qu'il ressentait avec le surf.
01:56Et c'est vrai que c'est des sensations que je n'avais pas
01:59vu que j'étais tout le temps à l'hôpital et j'en rêvais.
02:03Et dès que j'ai arrêté les chimios, je suis allée à l'eau
02:06et avec, du coup, l'assassination à Sea Surf et j'ai adoré directement.
02:13Et j'ai voulu continuer et justement,
02:18on a pu avoir des clubs labellisés.
02:20Les premiers ont été en 2012, grâce à Andy Surf, Jean-Marc.
02:26Grâce à Jean-Marc.
02:27Tu vois, c'est génial.
02:28J'ai même ma transition qui est toute faite.
02:30Jean-Marc, est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus
02:32sur le parasurf en France ?
02:34C'est une histoire qui a commencé il y a un petit moment,
02:36je crois, en 2008, si je ne dis pas de bêtises.
02:38Oui, tout à fait.
02:39Alors, ça ne s'appelait pas parasurf puisque,
02:41en fait, tu as l'association nationale Andy Surf que j'ai créée
02:45avec François Gouffrand.
02:46Et en 2008, on a commencé par faire surfer juste des jeunes autistes.
02:51Quand il est venu me chercher pour faire surfer les autistes,
02:55je ne savais pas où j'allais.
02:57Je ne connaissais pas du tout l'handicap, rien du tout.
02:59Et en fait, ça m'a vraiment pris au trip.
03:02Et puis, petit à petit, en fait, on a accueilli de plus en plus d'enfants
03:06et d'adultes, ado-adultes.
03:08Et en 2008, on a commencé à faire surfer des jeunes autistes.
03:13Et en 2012, j'ai décidé de me former.
03:16Et je suis passé pas loin de chez toi, aux Crêpes de Talence,
03:21avec un prof formidable qui s'appelle Jacques Bourgeois
03:24et qui m'a appris ce que c'était le handicap
03:30et qu'est-ce qu'on pouvait faire dans le sport et le handicap.
03:33Et là, j'ai créé Andy Surf, en fait.
03:35Et c'est là que j'ai fondé Andy Surf en 2012
03:37où je me suis dit, mais en fait,
03:39si les personnes en situation de handicap,
03:41elles ne sont pas accueillies dans les clubs
03:43ou dans les structures privées,
03:44c'est que les mecs, c'est pas qu'ils ne veulent pas les accueillir,
03:46c'est qu'ils ont peur de les accueillir.
03:48Et j'ai créé une formation.
03:50Et cette formation a été reconnue très rapidement
03:53par la Fédération française de surf
03:55pour qu'Andy Surf travaille pour l'ensemble du développement.
03:59Et voilà.
04:00Donc, du coup, Andy Surf, on développe toute la partie d'accueil
04:05des personnes en situation de handicap dans les clubs de surf,
04:08mais aussi dans les structures privées,
04:09qu'elles soient fédérales ou non fédérales,
04:11et dans les associations de parents.
04:13Voilà, on va un peu partout.
04:15Aujourd'hui, en fait, c'est 165 structures en France,
04:197 pays touchés.
04:21Combien de licenciés, pardon, en France ?
04:23Alors, de licenciés en situation de handicap en France,
04:26je dirais qu'on accueille environ 5 500 à 6 000 personnes par an
04:30sur l'ensemble des structures labellisées.
04:33C'est costaud, quand même.
04:34On ne se rend pas compte, mais c'est...
04:36C'est costaud et à la fois...
04:38Il y a un gars de la Dragesse, un jour, il m'a dit
04:41« Ouais, mais en fait, si je divise par le nombre de structures,
04:43c'est pas énorme. »
04:44C'est vrai.
04:45C'est vrai.
04:46Mais oui, c'est quand même assez costaud.
04:49Alors, oui.
04:50Et en fait, aujourd'hui, il y a 33 % à peu près,
04:5533-40 % de ces gens qui sont licenciés
04:58dans les clubs de surf à la fédération.
05:00D'accord.
05:01Mais ce n'est pas une licence où il y a marqué Andy dessus.
05:06C'est une personne à part entière dans la structure.
05:08Et elle surfe comme les autres.
05:10Elle s'appelle Pierre-Paul-Jacques...
05:12Lou.
05:13D'accord.
05:14Mais elle a une licence de surf.
05:16Et les 5 500, c'est des licenciés ou c'est des...
05:19Non, non, non.
05:20D'accord.
05:21Et en licenciés...
05:22En licenciés, en licenciés purs, je pense qu'il y a...
05:25Allez...
05:261 000, 1 200 personnes, je pense.
05:28D'accord.
05:29Grosso modo.
05:30Petit point de nomenclature pour être sûr de perdre personne.
05:32Je pense aux spectateurs qui nous regardent.
05:34Para, Andy...
05:36Un petit point de nomenclature.
05:38Quelle fondamentale différence il va y avoir ?
05:41Andy surf.
05:43Développement de la pratique.
05:45Développement de projets autour des aidants familiaux.
05:48Développement de l'emploi des personnes en situation de handicap
05:51dans le monde du secteur de la glisse.
05:53Oui.
05:54Tout ce développement-là.
05:55Très bien.
05:56Para surf.
05:57Discipline parasportive.
05:59Donc, discipline en compétition.
06:03Et là, on va retrouver le para surf
06:07pour tout ce qui est handicap moteur sensoriel.
06:10Et le para surf adapté puisqu'on a une double délégation.
06:13D'accord.
06:14Sur l'handicap mental et psychique qu'on voit d'ailleurs à l'écran.
06:17Donc, sur la partie plus sport adapté.
06:19Puisqu'on est sur la partie compétition,
06:21on y reviendra plus en détail,
06:22mais on peut commencer à dégrossir dès maintenant
06:24les catégories qui existent.
06:25Est-ce que tu peux nous les citer ?
06:27Je ne les connais pas.
06:28Non, je plaisante.
06:30Tu as stand 1.
06:32Alors, stand 1, ça va être de l'amputation membre supérieur
06:36ou déficience qui crée une problématique du membre supérieur.
06:41Oui.
06:42Stand 2, ça va être amputation en dessous du genou
06:46ou déficience en dessous du genou.
06:48D'accord.
06:49Membre inf.
06:50Stand 3, ça va être déficience, amputation au-dessus du genou.
06:56Ça peut aller jusqu'à la hanche.
06:58Ou problématique qui va donner le même résultat.
07:02Il va y avoir nid, donc c'est à genou.
07:06Alors, à genou, on va y retrouver des paraplégiques.
07:09On peut y retrouver des sclérose en plaques.
07:13On peut y retrouver des atteintes basses.
07:15Ok.
07:16Voilà.
07:17Puisqu'ils ont besoin de ramer.
07:19Donc, ils auront besoin du haut.
07:20Après, on va avoir les prones assist et non assist.
07:25Donc, non assist, ils doivent ramer tout seuls.
07:29Ils ont une atteinte des membranes.
07:31Ils doivent ramer tout seuls pour aller au fond
07:33et prendre les vagues tout seuls.
07:34Oui.
07:35Assisté, là, on va les aider.
07:37On va les amener au fond.
07:38On va les pousser sur la vague.
07:40Et en fait, ils vont travailler avec certains coeurs et la tête
07:45puisqu'ils sont tetraplégiques.
07:47D'autres auront des mobilités.
07:49On peut parler de sclérose en plaques, par exemple,
07:52où il y a une atteinte du membre supérieur et inférieur
07:56où la personne va travailler avec un peu tout.
08:00Ok.
08:01Après, il va y avoir visuel 1 et visuel 2.
08:04Donc, mal voyant ou non voyant.
08:08Et là, ce sera un guide qui va les guider sur la vague
08:12sans les toucher pour l'amener au spot
08:15et qui va les guider pour leur dire à droite, à gauche,
08:19monte, descend.
08:21Et on a une classification internationale.
08:26C'est le site.
08:27Donc, ça ne dépend pas forcément de la fédé de surf.
08:30D'accord.
08:31C'est plutôt le canoe et kayak.
08:33Mais à l'international, ça fait partie du surf.
08:36En fait, c'est du waveski pour des paraplégiques
08:42ou atteinte inférieure.
08:44D'accord.
08:45Plusieurs pratiques différentes.
08:46Si je ne me trompe pas, toi, tu es guidée.
08:49Oui, c'est ça.
08:50Est-ce que tu peux m'en dire plus sur le principe de ta catégorie
08:52et de ta pratique à toi ?
08:53Du coup, comme l'a dit Jean-Marc,
08:57je suis accompagnée par mon binôme, mon coach, pour ma part.
09:01Et du coup, en fait, il est à 3 mètres de moi environ.
09:04Donc, soit sur une planche, soit avec des palmes, en body.
09:07Ça dépend.
09:08Ok.
09:09Et il me décrit tout.
09:11Donc, tout ce que va pouvoir apercevoir un voyant,
09:14il va me le dire.
09:16Et par contre, il faut zéro contact physique,
09:19sinon on peut pénaliser durant la compétition.
09:21Ok.
09:22Donc, ton coach d'Orient Lafitte, c'est ça ?
09:23C'est ça.
09:24Ok.
09:25Comment est-ce que ça se passe pour donner des indications ?
09:27Est-ce qu'il y a du matériel, une oreillette,
09:29quelque chose pour vous entendre dans toute cette agitation ?
09:33Alors oui, on a un casque avec une oreillette.
09:35Ok.
09:36Mais par contre, en compétition, ce n'est pas autorisé.
09:40Donc là, on ne l'a pas.
09:43Après aussi, on travaille avec les heures.
09:46Donc, une heure à gauche, une heure à droite,
09:49pour faciliter la compréhension.
09:52D'accord.
09:53Donc, pas de matériel particulier par rapport à…
09:55En compétition, non.
09:56D'accord.
09:57Il y a d'autres catégories pour lesquelles il y a besoin de matériel.
09:59Toi, ce n'est pas forcément le cas.
10:01Non, non.
10:02Pour les autres catégories, il n'y a pas de matériel spécifique,
10:05à part des planches qui sont adaptées.
10:07D'accord.
10:08Suivant le type de handicap.
10:09Lou, elle a une planche qui est adaptée à sa façon de surfer,
10:13à sa morphologie, ce qui est normal, comme tout surfeur.
10:16Mais pour certains, il y aura des poignées et tout ça,
10:19pour pouvoir caler les bras puisqu'ils n'ont pas la mobilité,
10:23ou caler les jambes, pour ne pas que ça parte dans tous les sens.
10:27Mais sinon, il n'y a rien de plus.
10:31Ok.
10:32Jean-Marc, puisqu'on est justement sur la pratique et sur les similitudes
10:35qu'il peut y avoir avec des surfeurs valides,
10:38est-ce qu'il y a des liens, vu que tu es impliqué à la fédération,
10:41est-ce qu'il y a des liens, des rapprochements qui peuvent être faits
10:45entre les parasurfeurs, les surfeurs valides ?
10:47Est-ce qu'il y a une volonté de la part de la FED de rassembler tout le monde ?
10:50Au départ, il y avait la volonté d'Andy Surf de faire, en 2012,
10:54c'était un projet inclusif.
10:56En 2012, on ne parlait pas d'inclusion.
10:58On en parle beaucoup maintenant.
11:00Ça, c'est un autre sujet.
11:02Mais en tous les cas, c'était l'idée, c'était de faire un sport inclusif.
11:06Sitôt que j'ai été élu à la Fédération française de surf
11:09en tant que vice-président, en 2013,
11:12on a mis en place le sport inclusif dans les clubs.
11:16C'est-à-dire qu'aujourd'hui, des personnes en situation de handicap
11:20qui viennent surfer, avaient des besoins spécifiques ou pas,
11:24vont aller surfer avec des...
11:27Alors, si c'est des enfants, avec des jeunes dits valides.
11:31Et donc, en fait, c'est un mélange.
11:34Si on veut changer, si on veut avoir demain
11:38un paysage bien inclusif, que tout le monde...
11:42En fait, qu'on ne parle même plus d'inclusion,
11:45qu'on parle juste d'ensemble.
11:47On va aller faire surfer les jeunes entre jeunes.
11:50Et on s'en fout, en fait, qu'ils soient valides ou pas.
11:53Il y a de la demande pour ça, de la part des jeunes ?
11:56Tu sens un appel du pied de tout le monde pour surfer ensemble,
11:59pour que les moniteurs soient formés à accueillir tout le monde, justement ?
12:02Il y a 350 bénévoles avec Andy Surf.
12:04350 éducateurs partout en France.
12:06Donc, je t'ai dit, on était en 7 pays.
12:08Donc, oui, il y a une grosse volonté.
12:10Et l'avantage, c'est qu'en fait, ces gars-là,
12:13on les forme pas, on les oblige pas à se former.
12:16Ils viennent se former d'eux-mêmes.
12:18C'est eux qui viennent ?
12:19C'est eux qui viennent.
12:20Formidable.
12:21Et c'est ça qui est intéressant, parce que tu vas à l'école,
12:24tu formes du monde, et tu vas te retrouver avec des gens
12:27qui n'ont absolument rien à faire de ce que tu leur racontes,
12:29tandis qu'eux font l'effort de venir.
12:31Réellement, parce qu'ils ont envie de faire des choses.
12:33Et ça matche bien les jeunes.
12:35Lou a participé à un stage avec un partenaire.
12:40Et il y avait des jeunes filles valides
12:45avec qui elle a sympathisé, avec qui elle a pu surfer.
12:48Et c'est ça qui est vraiment intéressant dans ce sport,
12:50c'est qu'on a voulu qu'ils soient inclusifs dès le départ.
12:53Ça fait la différence, on est d'accord.
12:55Ça fait la grosse différence, tu vois.
12:57Et ça, on parle de 2012.
13:00Vous étiez précurseur à l'époque ?
13:02Sur l'inclusion ?
13:04Oui, forcément, puisqu'il parlait d'intégration.
13:07Donc oui, on était précurseur.
13:10Et on s'est battu pour qu'il n'y ait pas de licence spécifique.
13:15Parce qu'autrement, c'est facile, on fait des licences pour tout le monde.
13:18Donc non, on est surfeur.
13:22Formidable.
13:23Puisqu'on forme des moniteurs, c'est ça qui va aider à développer la discipline,
13:27à créer des vocations, à créer des compétiteurs.
13:30Et puisqu'on en est à la compétition,
13:32on va passer à la deuxième partie de cette émission,
13:34à savoir revenir sur ton histoire, Lou, c'est dans Parcours Perf.
13:41Lou, parasurfeuse malvoyante, multititrée en parasurf.
13:46On va revenir un petit peu sur toute ton histoire.
13:48Pour commencer, déjà, tu as une qualité extra,
13:51qui n'est pas seulement d'être accompagnée par Pita sur le plateau aujourd'hui,
13:54c'est son chien guide qui fait dodo, on ne l'a pas réveillé, c'est génial.
13:57Tu es originaire du sud-ouest, le Thaïland-Médoc.
14:00C'est bien, c'est mes terres, c'est très bien.
14:02Bravo, tu me messages perso, c'est chouette.
14:04Est-ce que ça t'a donné une appétence pour l'océan,
14:07pour être sur l'eau, pour les grands espaces ?
14:11Oui, forcément.
14:13Je ne pense pas que si on était resté à Paris,
14:16j'aurais eu cette envie d'aller surfer.
14:19Donc oui, vu que j'habitais vraiment à côté de la plage,
14:22on y allait tout le temps, j'étais tout le temps dans l'eau,
14:25j'étais le poisson de la famille.
14:27Donc oui, j'ai toujours été hyper à l'aise,
14:30et c'est l'environnement où je me sentais bien.
14:32Donc en fait, c'est comme logique de faire un sport qui était dans l'eau,
14:37en rapport avec la nature.
14:40Bien sûr, c'est génial, c'est un super message.
14:43Et là, pour le coup, tu étais à domicile pour ça.
14:46Est-ce que tu peux nous redire un petit peu, en quelques mots,
14:49mais quelle est ton histoire, du fait que tu sois devenue malvoyante aujourd'hui ?
14:54C'est des choses qui marquent, qui sont décisives dans nos parcours, on le sait bien.
14:58Si tu veux bien nous en dire quelques mots.
15:00Alors du coup, à deux ans et demi,
15:03on a diagnostiqué une tumeur cérébrale dans mon aéroptyque,
15:06qui l'est dégradée en grande partie.
15:09Et du coup, pendant des années,
15:12j'ai eu des traitements et des chimiothérapies.
15:15À sept ans, on a pu stabiliser ma tumeur.
15:19Donc je suis quand même restée fortement malvoyante.
15:23Mais au moins, c'était stable.
15:26Et du coup, c'est comment ça s'est passé pour eux.
15:31D'accord. Et partant de là, en termes de scolarité,
15:35je sais que c'est souvent lié aussi au sport,
15:38le rapport qu'on peut avoir avec les autres.
15:41Comment ça s'est passé, pareil, en quelques mots, très rapidement, pour nous donner une idée ?
15:45Ma scolarité ? Oui.
15:47C'est très compliqué. J'ai subi beaucoup de harcèlement.
15:50D'accord. Du coup, je m'enfermais dans une bulle
15:53où pour moi, je ne pouvais même pas avoir d'amis.
15:56Je ne m'aimais pas avec mon handicap.
15:59Donc si moi-même, je ne m'aime pas avec mon handicap,
16:02qui pourra m'aimer avec mon handicap ? C'est ce que je pensais.
16:05Et du coup, même si une personne venait me parler gentiment au collège,
16:10ou quoi que ce soit, j'allais directement avoir un blocage
16:13et me dire non, il veut se moquer de moi, c'est sûr, etc.
16:16Donc oui, c'était des années très compliquées de ma vie.
16:19D'accord. Je n'en garde pas un bon souvenir.
16:21Oui. Alors si je t'en parle, ce n'est pas seulement par hasard,
16:24mais est-ce que tu as l'impression que le sport, là-dedans,
16:27était un peu un contrepoids pour tout ça ?
16:29Ou est-ce qu'au contraire, ça n'a pas changé grand-chose ?
16:31Alors oui, ça m'a aidée à souffler, à penser à autre chose.
16:35Et au-delà de ça, aujourd'hui, c'est une belle revanche.
16:41Parce que quand je vois que je porte la flamme,
16:44que je vais à l'autre bout du monde pour aller représenter la France,
16:48et je vois ceux qui m'ont harcelé, ils n'ont pas évolué.
16:51Et je me dis, waouh, ça c'est une belle revanche,
16:54et c'est la meilleure des revanches.
16:56C'est un travail de patience dans ce genre de cas.
16:59Tu as l'impression d'avoir réussi ?
17:02Je ne suis pas arrivée au bout de mes objectifs,
17:05donc je ne peux pas dire que c'est une réussite,
17:07mais en tout cas, c'est bien parti pour.
17:09C'est hyper intéressant.
17:11Tu nous parlais de tes sensations sur l'eau tout à l'heure.
17:15Je reviens un peu là-dessus.
17:16Tu as parlé de sensations de liberté.
17:18À quel moment, toi, dans ton apprentissage,
17:20tu en viens à justement te dire,
17:22ouais, là, vraiment, j'ai cette liberté ?
17:24Parce que le surf, pour ceux qui n'ont jamais essayé,
17:26déjà, que faites-vous ? Essayez !
17:29Mais en plus, ça met un peu de temps.
17:31Pour avoir essayé moi-même, ça met du temps
17:33avant vraiment de dompter tout ça.
17:35À quel moment ça te vient ?
17:37Déjà, de base, vu que c'était mon objectif
17:39durant les Chimios d'aller surfer
17:41une fois que c'était fini,
17:44rien que le fait d'être dans l'eau
17:47avec une planche de surf et une combi,
17:49je me dis, OK, ça y est, je suis libre.
17:51Je suis une petite fille comme les autres, c'est bon.
17:53Je peux me faire mal, je peux tomber,
17:55je peux m'amuser
17:57et sans aucun souci,
17:59sans un médecin qui va venir me demander
18:01si tout va bien, tout ça.
18:03Donc déjà, c'était une grande liberté.
18:05Et c'est vrai que moi,
18:07j'avais toute la journée pour essayer le surf.
18:09Je n'ai pas arrêté une seule seconde
18:11parce que j'avais cette peur
18:13qu'après, on me dise, OK, c'était cool,
18:15t'as bien aimé, c'est fini.
18:17Peut-être que dans un an, tu en referas,
18:19mais voilà.
18:21Et c'est vrai que du coup,
18:23je n'ai pas arrêté une seconde.
18:25Même au moment où il fallait aller manger,
18:27je n'avais pas envie de m'arrêter.
18:29On a dû me sortir de l'eau.
18:31Et du coup,
18:33à la fin, à un moment donné,
18:35j'ai quand même réussi à faire mon take-off,
18:37donc me mettre debout sur la planche.
18:39Et là, je me suis dit, waouh,
18:41c'est stylé, on glisse sur l'eau.
18:43C'est tellement...
18:45C'est une sensation tellement forte.
18:47C'est un peu
18:49une sensation de risque que je n'avais pas.
18:51Du coup, comme je disais,
18:53les médecins faisaient hyper attention
18:55et qu'ils ne m'arrivent même pas
18:57un petit rhume ou quoi que ce soit.
18:59Donc moi, j'aime trop le goût du risque.
19:01Et du coup,
19:03directement, j'ai accroché.
19:05Et donc là, ça y est, un monstre était né.
19:07C'est ça.
19:09Et tu en es venue à vouloir faire de la compétition.
19:11Oui, à Sévis.
19:13À Sévis, en fait...
19:15Mais je ne savais pas que ça existait.
19:17D'accord.
19:19Mais j'en mourais d'envie.
19:21Et puis à un moment donné,
19:23je me suis renseignée.
19:25Et vu que ça existait, je me suis dit
19:27que ça serait trop bien.
19:29Et la rencontre s'est faite avec Jean-Marc.
19:31Si, si, oui.
19:33On s'était rencontrés.
19:35Pardon.
19:37Je t'ai détectée sur une action de surf.
19:39Voilà.
19:41Et puis ça allait très vite après.
19:43On m'a dit que j'allais faire la championnate du Ronde.
19:45Je me suis dit que c'était dingue.
19:47J'y suis allée.
19:49J'ai kiffé.
19:51Après, on m'a proposé les France.
19:53J'étais dans un rêve éveillé.
19:55Et comme si ça ne suffisait pas,
19:57on m'envoie un mail en me disant
19:59que j'étais sélectionnée dans l'équipe de France
20:01pour aller aux championnats du monde.
20:03Tu avais quel âge à ce moment-là ?
20:05J'avais 13 ans.
20:07C'était incroyable.
20:09Moi, je ne réalisais pas.
20:11J'ai réalisé au moment où j'ai vu
20:13les palmiers en Californie.
20:15C'est vrai que vous avez des spots
20:17pas trop devant vous.
20:19Et la voiture du shérif.
20:21Qu'est-ce qui fait que
20:23Jean-Marc, tu as sélectionné
20:25Lou ?
20:27Qu'est-ce qui t'a attiré justement ?
20:29Chez Lou ?
20:31Pas grand-chose en fait.
20:37Moi, je cherche des jeunes.
20:39Je cherche des jeunes
20:41pour préparer le futur.
20:43Le futur des équipes de France.
20:45Aujourd'hui, il y a pas mal
20:47de surfeurs en situation de handicap
20:49qui ont eu des accidents de vie.
20:51Mais qui savaient surfer pour certains.
20:53Et qui ont eu des accidents de vie
20:55et qui continuent à surfer.
20:57Et puis, il y a des jeunes
20:59en situation de handicap
21:01qui n'avaient jamais surfé.
21:03C'est là qu'on va aller chercher
21:05les pépites de demain
21:07pour essayer de les amener
21:09au plus haut niveau.
21:11Je l'ai vu à l'aise dans Lou.
21:13C'était les balbutiements.
21:15On ne trouvait pas...
21:17Il faut savoir qu'en 2015, 16, 17, 18,
21:19on n'avait pas d'équipe complète
21:21de surf.
21:23D'ailleurs, on ne gagnait pas
21:25les championnats du monde
21:27parce qu'on n'avait pas d'équipe complète.
21:29Et donc, du coup, c'est en 2020
21:31que j'envoie ce fameux mail
21:33en disant
21:35t'es sélectionné.
21:39Parce que c'était la plus jeune.
21:41C'était la plus jeune
21:43des représentantes de l'équipe de France.
21:45Et elle avait
21:47cette pêche pour y aller.
21:49Donc voilà.
21:51Après, ça n'a pas été simple.
21:53Il faut amener son père. C'est compliqué.
21:55Mais on a réussi à faire
21:57de belles choses
21:59avec Lou.
22:01C'est moi qui l'amenais la première fois
22:03à Lou en Californie.
22:052020, première sélection.
22:072023, consécration.
22:09En 2023,
22:11on est passé devant les Américains.
22:13Incroyable.
22:15Victoire par équipe de la France.
22:17Comment vous le vivez tous ?
22:19Tous les deux. Peut-être Lou d'abord.
22:21Comment tu le vis, toi, dans ton parcours sportif ?
22:23Moi,
22:25j'étais juste trop heureuse.
22:27J'étais trop fière de l'équipe.
22:29J'étais trop fière de porter
22:31mon drapeau tricolore sur le dos.
22:33Et de voir
22:35les Américains qui passaient
22:37à chaque fois après nous,
22:39sur la première place.
22:41Là, ils passaient devant nous et après,
22:43on savait qu'on était les derniers qu'ils allaient appeler
22:45pour monter sur la première marche.
22:47C'est trop stylé.
22:49J'étais trop fière.
22:51Et pareil, t'as réalisé en regardant les palmiers ?
22:53Ouais.
22:55C'est formidable. Jean-Marc, tu le vis comment,
22:57cette construction de longue haleine ?
22:59C'est long.
23:01C'est long parce que
23:032015 à là, il y a eu du chemin.
23:05Il y a eu du chemin parcouru.
23:07En fait, moi, le vendredi soir,
23:09les finales sont le samedi.
23:11J'avais 11 finalistes
23:13le lendemain.
23:15J'avais compté mes points.
23:17Je savais qu'on était champion du monde.
23:19Je savais qu'on ne pouvait pas perdre.
23:21Et là,
23:23j'ai fait, bon, ok.
23:25Je ne dis rien.
23:27En vrai, on avait un peu cramé.
23:29On avait un peu cramé.
23:31Mais on ne savait pas trop.
23:33Et donc, du coup,
23:35on est là. Et puis, c'était marseillaise.
23:37C'était marseillaise, toute l'équipe.
23:39On est 18 athlètes,
23:419 personnes du staff.
23:43On monte.
23:45C'est une énorme équipe qui monte.
23:47C'était la plus grosse équipe que je n'avais jamais amenée
23:49au championnat du monde.
23:51Ce n'est plus la plus grosse équipe puisque cette année,
23:53on va être 34. Donc, c'est encore plus gros.
23:55Mais en fait,
23:57c'était juste énorme.
23:59Et je pensais à une chose.
24:01Je pensais à tous les acteurs
24:03dans les structures.
24:05Parce que c'est beau.
24:07On est au championnat du monde.
24:09Elle fait 3e au championnat du monde.
24:11C'est magnifique.
24:13Mais il y a tous les acteurs de terrain.
24:15C'est grâce à eux qu'on est là-bas.
24:17C'est toute une équipe.
24:19Il faut penser à ces gens-là.
24:21Et moi, j'ai toujours cette pensée-là.
24:23Et après la soirée, j'ai pleuré.
24:25J'ai chialé comme un gamin.
24:27J'ai décompensé.
24:29Incroyable.
24:31Jean-Marc vient de parler
24:33d'un élément important qu'on a tous entendu,
24:35surentendu, qu'on le veuille ou pas.
24:37En 2024, la marseillaise.
24:39C'est vrai que le surf
24:41a franchi une marche importante
24:43de son histoire. Le surf est apparu
24:45aux Jeux Olympiques en 2024.
24:47Qu'en est-il du parasurf ?
24:49Comment ça se fait déjà ?
24:51Pourquoi il n'y est pas ?
24:53Est-ce qu'on peut l'attendre pour 2028 ?
24:55Qu'est-ce qui se passe ?
24:57On a reçu un refus
24:59de la ville de Los Angeles.
25:01Mais on a fait une pétition.
25:03On y croit encore.
25:05On ne baisse pas les bras.
25:07On a tellement eu d'obstacles dans le monde du parasurf
25:09que ce ne sont pas des petits obstacles
25:11qui vont nous faire peur.
25:13Donc on continue à y croire.
25:15Et sinon, ce sera pour les prochains Jeux.
25:17Mais j'y crois. J'ai envie d'y croire.
25:19Jean-Marc, 2028-2032,
25:21la motivation est là aussi ?
25:23Pour prendre tes propos,
25:25j'ai déjà fait du surf.
25:27Autant pour moi.
25:29C'était à Tokyo, 2021.
25:312024, une médaille d'or.
25:33C'est pour ça
25:35que j'étais focalisé.
25:37Et Joanne Defey
25:39qui fait une médaille de bronze.
25:41C'est magnifique.
25:43Pour la Fédération, c'est énorme.
25:45Deuxième participation.
25:47Pour les Jeux Paralympiques, ça se complique.
25:49Oui, il y a une pétition.
25:51Mais je suis moins confiant que Lou.
25:53Je ne crois pas forcément
25:55qu'on sera Paralympique en 2028.
25:57Même si ça aurait été mon rêve.
25:59J'aurais terminé par 40 ans de bénévolat dans le surf
26:01par des Jeux Paralympiques.
26:03Ça aurait été une belle fin.
26:092032, on espère encore.
26:11Mais ça, on va le savoir
26:135-6 ans avant les Jeux.
26:15Donc en 2026, on saura ou non
26:17si on est Paralympique en 2032.
26:19On va croiser très fort les doigts.
26:21J'ai une dernière question
26:23que je voudrais te poser à Lou.
26:25Signature cette année, cette saison
26:27sur Avomark.
26:29Ta discipline,
26:31telle qu'elle est aujourd'hui,
26:33telle qu'elle te passionne,
26:35s'il lui manquait une chose
26:37que tu aimerais voir changer dans cette discipline,
26:39qu'est-ce que ça serait ?
26:41La visibilité.
26:43Je pense que ça mérite beaucoup plus de visibilité.
26:45Parce que c'est tellement
26:47une discipline
26:49hyper riche, inclusive.
26:51Et je pense que ça toucherait
26:53au-delà des personnes en situation de handicap,
26:55toutes les personnes qui sont touchées
26:57par des différences et qui se mettent des limites dans la vie.
26:59Parce que voir quelqu'un
27:01qui a
27:03ses quatre membres amputés
27:05qui est en train de surfer,
27:07je pense que ça peut faire un électrochoc et dire
27:09je peux aller courir
27:11tous les dimanches matin.
27:13Et c'est vrai que
27:15je pense que ça manque de visibilité
27:17à tout le monde.
27:19Petit point perso, je suis assez d'accord.
27:21Dernière chose, vous êtes en ce moment, au moment où est diffusée
27:23cette émission, vous êtes sur les championnats du monde.
27:25Visible sur le site de l'ISA,
27:27si je ne dis pas de bêtises ?
27:29International Surfing Association.
27:31Je vous invite à vous toutes et tous qui nous regardez
27:33à aller jeter un petit coup d'œil en direct
27:35sur le site internet de l'ISA.
27:37N'hésitez pas à encourager nos Bleus.
27:39En tout cas, on vous souhaite le meilleur.
27:41On croise très fort les doigts pour l'avenir du parasurf.
27:43Je vous remercie beaucoup.
27:45Merci à vous les deux, Lou, Jean-Marc.
27:47Merci beaucoup.
27:49Quant à moi, je vous retrouve très bientôt,
27:51dans une quinzaine de jours, sur Sport en France,
27:53dans un Vomark. Salut, à très vite.

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