A vos marques - Para haltérophilie

  • il y a 3 mois
Maxime BRAMI s'intéresse à la para haltérophilie. Le principe et ses principales règles sont évoquée dans "mon défi". Dans "parcours perf", Maxime revient avec ses invités sur l'enjeu de qualification pour les JOP Paris 2024.

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00:00Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
00:15Bonjour à toutes et à tous, ravis de vous retrouver pour ce nouveau numéro d'Avomark.
00:19Nous parlons handisport, parasport dans cette émission.
00:22Comme vous le savez, à retrouver sur notre antenne Sport en France.
00:26Aujourd'hui, nous allons parler de parathérophilie à travers sa discipline phare,
00:31le développer couché, avec mes invités que j'ai le plaisir d'accueillir sur le plateau et en visio.
00:36Bonjour à Rafik Arabat. Bonjour Rafik.
00:38Bonjour.
00:39Merci d'être avec nous. Vous êtes parathérophile.
00:41Vous avez été médaillé au championnat d'Europe.
00:44Vous êtes même vice-champion d'Europe.
00:46Vous êtes un athlète de l'équipe de France.
00:48Et en face de vous, Moussa Traoré.
00:50Bonjour.
00:51Bonjour Moussa, vous êtes président du club ASIMC Gonesse.
00:56Vous êtes également un arbitre et vous êtes aussi un athlète de parathérophilie.
01:01Avec nous, Grégory Schroeder. Bonjour Grégory.
01:04Bonjour.
01:05Merci d'avoir accepté l'invitation de Sport en France.
01:08Grégory, vous avez 20 ans, vous êtes un grand espoir de la parathérophilie.
01:13Merci à tous les trois d'être avec nous.
01:15Nous allons parler de votre discipline, je le disais, à travers le développer couché.
01:19On va vraiment faire un focus sur cette discipline-là.
01:22On commence dans cette première partie d'Avomark, parathérophilie. C'est parti.
01:30La parathérophilie au programme de notre émission ce soir, c'est une discipline assez méconnue.
01:37Elle a fait son apparition aux Jeux Paralympiques de Tokyo en 1964.
01:42Elle est devenue officielle en 1992, c'était aux Jeux Paralympiques de Barcelone.
01:48Il faudra attendre les Jeux de Sydney en 2000 pour que les femmes aient le droit de concourir à ces Jeux Paralympiques.
01:57Moussa Traoré, j'aimerais qu'on rentre tout de suite dans le vif du sujet.
02:01Quand on parle de parathérophilie, de quoi parle-t-on ?
02:05Est-ce que vous pourriez nous rappeler quelques éléments de règle ?
02:09C'est une discipline où on est complètement allongé sur le banc qui fait 1m90.
02:16On va devoir soulever la barre, la descendre sur la poitrine et ensuite la relever au start de l'arbitre.
02:30C'est le plus fort qui gagne ? C'est celui qui a le plus de force ? Ce n'est qu'une épreuve de force ?
02:39Non, ça peut être aussi une épreuve de stratégie suivant comment les adversaires de votre catégorie gèrent leurs trois essais.
02:51Raphique, je l'ai dit en introduction, la discipline est paralympique depuis 1992.
03:00L'haltérophilie traditionnelle, elle était aux Jeux Olympiques modernes en 1896, donc c'est une vieille discipline.
03:10Comment est-ce que vous qualifieriez l'évolution de la parathérophilie à travers les Jeux paralympiques ?
03:19Est-ce que c'est un cheminement naturel ou il a fallu se battre pour que cette discipline soit une discipline paralympique ?
03:26Je ne pense pas qu'il a fallu se battre, je pense que les choses se sont faites assez naturellement.
03:31Pourquoi ?
03:32Tout simplement parce qu'après les différentes guerres qu'il y a pu y avoir dans le monde, on a eu des personnes en situation de handicap,
03:39donc il a fallu adapter les différentes pratiques sportives et donc je pense que l'haltérophilie est arrivée à ce moment-là.
03:48Quelle catégorie est-ce qu'on retrouve en parathérophilie ?
03:51Qui est-ce qui peut participer à une épreuve de parathérophilie d'un côté en amateur et puis après il y a le côté compétition ?
04:00Aujourd'hui, on peut retrouver toutes les personnes en situation de handicap moteur qui ont principalement des problématiques sur les membres inférieurs de leur corps.
04:12C'est principalement ces gens-là qu'on retrouvera sur cette discipline parathérophilie.
04:17La pratique est mixte, il n'y a pas de représentante haltérophile aujourd'hui sur le plateau.
04:23Moussa, est-ce que vous pourriez nous parler un petit peu de l'haltérophilie féminin ?
04:28On le dit, en 92 c'était pour les hommes à Barcelone, en 2000 c'était à Sydney.
04:34Aujourd'hui, que représente l'haltérophilie féminin dans le paysage global de l'haltérophilie par rapport à l'haltérophilie masculin ?
04:44C'est sûr que par rapport à l'haltérophilie masculin, il y a beaucoup d'écarts.
04:52Mais on a quand même une championne en France qui est Soad Ghazwani qui a quatre titres paralympiques malgré tout.
05:04Elle est l'égérie, elle est la représentante de la parathérophilie en France et même mondiale ?
05:13Même mondiale, je pense qu'elle porte haut nos couleurs.
05:18Raphique, quel regard vous portez-vous sur l'haltérophilie féminin aujourd'hui ?
05:22Est-ce que c'est une discipline en dynamique ? Est-ce que c'est paritaire autant d'hommes que de femmes ?
05:28Je pense que c'est paritaire parce que moi qui ai la chance de faire de la compétition de haut niveau depuis maintenant 2007-2006,
05:38on voit qu'on est quasiment sur les mêmes nombres d'athlètes sur nos compétitions que ce soit chez les femmes ou chez les hommes.
05:48Comment est-ce qu'on fait si on veut pratiquer de l'haltérophilie aujourd'hui ?
05:54Je suis jeune, je fais de la musculation, je m'essaye dans une salle de sport.
06:01Comment est-ce que je fais aujourd'hui pour devenir professionnel en haltérophilie ou en parathérophilie ?
06:09C'est quoi le cheminement logique ?
06:11Le cheminement, c'est le travail. Je pense que c'est la première des choses.
06:16Travail, rigueur et assiduité sur notre pratique.
06:21Moi aujourd'hui, je m'entraîne à peu près 15 à 20 heures par semaine et cela depuis maintenant au moins 15 ans.
06:29Je pense que c'est vraiment ce qui paye.
06:33C'est vraiment les heures de travail que ce soit sur l'aspect musculation ou sur la pratique du développé couché.
06:43Grégory Schroeder est avec nous. Grégory, vous êtes un athlète, vous avez 20 ans.
06:47J'aimerais comprendre la différence entre le développé couché, qui est la discipline paralympique, et ce qu'on appelle la musculation.
06:56La différence, c'est que le développé couché, ça va être un exercice plus spécifique.
07:01Il peut faire partie de la musculation, mais ça va être ce qu'on va faire en compétition.
07:06Alors que la musculation, ça ne se fait pas en compétition.
07:09Il n'y a pas vraiment de compétition de musculation. Après, ça va être des exercices plus spécifiques qui vont se développer.
07:16Est-ce qu'on peut dire que la musculation fait partie de la préparation pour le développé couché ?
07:22La musculation, oui, c'est ça. Ça va être quelque chose de vraiment complémentaire.
07:26Ça va servir dans la préparation pour pas mal de disciplines, mais pas forcément pour le développé couché.
07:31Les athlètes qui font du rugby, de l'aviron, vont faire aussi pour leur préparation à côté.
07:37Ça va être important pour développer.
07:40J'aimerais qu'on revienne sur l'aspect du lien qu'il y a entre les athlètes paras et les athlètes dits valides.
07:54Est-ce que vous mélangez les deux dans votre club à Gonesse ?
07:58Les deux ne sont pas mélangés au sein de notre club à Gonesse.
08:02Pourquoi ?
08:04Parce que malheureusement, ce n'est pas possible pour une raison simple, c'est qu'on manque de bénévoles.
08:13Parce qu'effectivement, l'haltérophilie, le développé couché ne peut pas se développer seul.
08:23Il est évident que si vous vous entraînez seul et que vous êtes au maximum de votre charge, c'est très dangereux.
08:34Il faut combien de personnes pour encadrer un haltérophile ?
08:36Il faudrait une personne.
08:37Une seule ?
08:38Oui.
08:39Il vous manque 5-6 personnes ?
08:43Si on veut pouvoir proposer la discipline à plusieurs personnes, vous disiez tout à l'heure, je veux m'entraîner dans un club, qu'est-ce qu'il faut que je fasse ?
08:54Mais le problème, c'est que nous, par exemple, on ne peut proposer que trois créneaux pour cette semaine.
09:00Et trois créneaux quand on est athlète de haut niveau, c'est clairement insuffisant.
09:05Et en plus, on a une problématique supplémentaire, c'est que comme on se trouve au sein d'un IUM qui est partiellement soumis au calendrier de fermeture scolaire,
09:15quand l'établissement est fermé, vous ne pouvez pas vous entraîner.
09:18N'importe qui ne peut pas devenir bénévole en para-haltérophilie.
09:23Il faut déjà connaître la discipline.
09:25Où est-ce qu'il y a des petites formations ?
09:27Il y a des petites formations et il faut créer une antenne en e-sport au sein d'un club.
09:36Ça peut permettre d'avoir accès à des fonds pour de l'achat de matériel.
09:42Ça coûte combien d'acheter du matériel ? Il faut quoi ? Un banc, les barres, les poids ?
09:48Il faut un banc, les poids, on va dire…
09:52Un set complet, ça vaut combien ?
09:54Avec une enveloppe de 7-8 000 euros, vous avez un banc et un jeu de poids.
10:03Donc ce n'est pas accessible à la première association ?
10:06Oui.
10:07Est-ce que le fait de faire plusieurs disciplines au sein de l'IUM vous permet de faire des passerelles entre les disciplines ?
10:16Est-ce que c'est un moyen de faire venir du monde et de faire découvrir la discipline ?
10:19C'est un moyen de faire venir du monde et de faire découvrir la discipline.
10:24Après, ça peut arriver qu'il y ait des ponts entre les différentes disciplines.
10:30Mais c'est rare.
10:31Par exemple, Raphique, ici présent, a démarré chez nous au sein de l'IUM.
10:35Raphique, quel est le moyen le plus efficace de faire de la détection de talents et d'avoir les futurs champions de demain ?
10:42Je pense que le plus important aujourd'hui, c'est de créer des événements dans différents…
10:48D'endroits ?
10:49Voilà. On va dans les centres sportifs.
10:52Moi, je prends l'exemple de ON Air qui est dans ma ville.
10:56Merci pour la pub.
10:58On a créé plusieurs événements dans cette salle-là.
11:04C'est un groupement de salles de sport.
11:07Dans ces salles de sport, est-ce qu'on a des publics en situation de handicap ?
11:10Oui. La salle où je suis actuellement est en mesure de pouvoir accueillir des personnes en situation de handicap.
11:15Et aussi, nous, à travers cette prestation-là, c'est de dire qu'on a aujourd'hui la possibilité d'avoir des salles qui sont accessibles.
11:23Venez pour moindre coût.
11:26Parce qu'aujourd'hui aussi, on a la possibilité d'avoir des prix avantagés par rapport à…
11:33Quand vous êtes en situation de handicap, vous avez des réductions dans les salles de sport.
11:36C'est ça.
11:37Concrètement, est-ce que vous recrutez vraiment via ce biais-là ?
11:41Alors, ça reste compliqué parce qu'aujourd'hui, concrètement, même si on crée ces événements-là,
11:47il y a aussi un manque de médiatisation, clairement, parce qu'il faut médiatiser ces compétitions-là ou ces événements-là.
11:59Et aujourd'hui, pour nous, en tant qu'athlète ou même en tant que personne de la Fédération française des sports, c'est vrai que ça reste compliqué.
12:09Grégory, j'aimerais que vous nous parliez, s'il vous plaît, du programme Jeunes à Potentiel, programme que vous connaissez bien.
12:16Sur le programme Jeunes à Potentiel, on a notre responsable technique, Alexis, qui va faire certains stages.
12:24Donc, les stages Jeunes à Potentiel dans différentes villes.
12:27Mais il va avec du matériel, de la détection, présenter déjà la discipline qui n'est pas connue.
12:34Et voir certains talents, leur proposer de pratiquer, essayer de les renseigner sur des clubs dans leur région.
12:43Après, moi, je ne suis pas arrivé tout à fait dans les stages Jeunes à Potentiel.
12:50Moi, je suis arrivé d'une compétition, c'est-à-dire le E-Force de Salette, qui est fait une fois par an en ligne.
13:00Et qui consiste donc à envoyer une vidéo de nous afin de tester la salle.
13:05Ça peut permettre, justement, d'essayer déjà sur un club de Salette.
13:10C'est une grosse compétition au début.
13:12Et dans mon cas, ça m'a permis d'être repéré par la fédération qui m'a invité sur des compétitions.
13:19De Jeunes à Potentiel à la compétition, j'ai envie de dire, il n'y a pas qu'un pas.
13:25Il y a beaucoup, beaucoup de travail.
13:27Mais on va en parler de cette compétition.
13:29On va parler du haut niveau avec vous, mes trois invités.
13:33On passe tout de suite à Parcours Perf.
13:40De retour pour la seconde partie de votre émission A vos marques.
13:43Nous parlons de para-haltérophilie aujourd'hui avec mes invités Raffi Karabat et Moussa Traoré,
13:50qui restent avec nous pour la seconde partie de cette émission.
13:53Avec la perspective, Raffi, des Jeux Paralympiques 2024,
13:57j'aimerais qu'on s'intéresse un petit peu à l'organisation des compétitions de la para-haltérophilie.
14:03Quelles sont les compétitions majeures ?
14:05Quelles sont les compétitions qui comptent aujourd'hui dans le monde, dans votre discipline ?
14:09Alors nous, en fait, on a un critère de sélection.
14:12Donc c'est faire championnat d'Europe, championnat du monde et une coupe du monde
14:17pour pouvoir être sélectionné pour les Jeux de Paris 2024.
14:21Les trois compétitions agrègent des points,
14:24cumulent des points pour participer aux Jeux Paralympiques,
14:28qui reste la compétition suprême.
14:30C'est ça. Et après, on a aussi un ranking international.
14:33Donc en fait, moi, dans la catégorie des moins de 97 kilos,
14:37on a un ranking et il faut être dans les 8 premiers meilleurs au monde
14:40pour pouvoir partir pour les Jeux.
14:43Alors vous, vous avez participé à toutes ces compétitions.
14:45Vous pouvez nous rappeler un petit peu peut-être votre palmarès ?
14:48Alors, vainqueur de la Coupe du monde à Manchester en 2020.
14:51J'ai été aussi vice-champion d'Europe en 2022.
14:57Et donc j'ai un record aussi en France, donc en tant que champion de France, à 201 kilos.
15:05201 kilos. Vous avez soulevé 201 kilos,
15:08sachant que le record du monde, peut-être pour qu'on ait une idée...
15:11Alors le record du monde actuel, il est à 253 kilos dans ma catégorie
15:15et c'est un Jordanien qui le détient.
15:17C'est injouable pour vous ?
15:19Alors d'aller chercher le record du monde actuel, c'est injouable
15:22parce que c'est encore trop, trop loin par rapport à ma performance actuelle.
15:27Mais je m'approche et je pense que dans quelques années, ça pourrait le faire.
15:33Parce que c'est une discipline, en fait, où finalement, l'âge devient un atout.
15:40C'est ça que j'aimerais comprendre.
15:43C'est que c'est quand même une discipline de force, une discipline d'agilité,
15:48une discipline d'explosivité.
15:50Mais vous me dites, l'âge est un atout. Comment est-ce qu'on explique cela ?
15:55Je pense que le travail, c'est 20 heures d'entraînement.
16:00Donc toutes ces heures d'entraînement créent du muscle, créent de l'énergie.
16:05Et aujourd'hui, tous mes concurrents directs ont pour la plupart 35 ans, 40 ans.
16:11Ils n'ont pas 20 ans ?
16:12Ils n'ont pas 20 ans, non.
16:13Pourquoi ? Parce qu'à 20 ans, on crée encore du muscle,
16:16on développe cette force pour essayer d'être l'un des plus forts au monde dans la trentaine.
16:26Alors j'aimerais qu'on s'intéresse un petit peu à vous, à votre parcours.
16:29Comment est-ce que vous avez découvert ce sport, l'haltérophilie, et à quel âge ?
16:33Alors moi, je suis arrivé dans un centre de rééducation,
16:35donc à l'ASIMC Gonesse, d'où est le président Moussa Traoré.
16:41Avec nous.
16:43On se connaît depuis de longues années.
16:45Et donc moi, je suis arrivé dans cet établissement dans un cadre de rééducation et d'apprentissage.
16:49Classique, en fait.
16:50Pour des études aussi.
16:52Et donc moi, je marchais avec un appareillage, avec un appareillage et des béquilles.
16:56C'était lourd et contraignant.
16:58Et donc j'ai commencé à faire un peu de renforcement musculaire pour créer un peu de muscle,
17:04parce que c'était un appareillage qui était lourd.
17:06Donc très rapidement, je dirais deux ans après, je commence un peu à me mettre sous la barre
17:14et à se lever quelques kilos.
17:16Et puis voilà, ça se crée entre moi et l'haltérophilie, ce lien.
17:21Un coup de foudre.
17:22Voilà, c'est un coup de foudre qui se crée.
17:26Et quelques mois après, on a un contact de la Fédération qui m'appelle pour faire ma première compétition en Grèce.
17:33Alors justement, moi j'aimerais comprendre comment ça s'est passé.
17:35Moussa, c'est vous qui avez détecté le potentiel de Rafik.
17:39Comment on en arrive au coup de foudre, au coup de fil de la Fédération ?
17:43Il faut bien qu'il y ait un lien.
17:44Oui, alors ça ne s'est pas vraiment passé comme ça.
17:48Disons que moi, à l'époque, je n'étais pas encore président de la SIMC Gonesse.
17:55C'est simplement qu'au départ, le sport au sein de l'établissement était géré par des kinésithérapeutes.
18:02Donc dans un but de rééducation.
18:05L'haltérophilie faisait partie du programme ?
18:07Tout à fait. Dans le but de renforcer les membres sup pour pouvoir supporter l'appareil
18:16et une longue marche pendulaire.
18:19Une longue marche pendulaire. Est-ce qu'on peut juste définir ça ?
18:22La marche pendulaire, on se met sur les cannes et on se balance.
18:26Donc on a besoin de la force des bras.
18:28Rafik, quel est votre handicap aujourd'hui ? Pour bien expliquer à nos téléspectateurs.
18:36Alors moi, je suis atteint d'une malformation de régime congénital.
18:39C'est une maladie qui touche au quatrième mois de grossesse.
18:45Pendant que j'étais dans le ventre de ma mère, on a annoncé à mes parents que je serais en fauteuil roulant.
18:49C'est une maladie qui touche principalement la moelle épinière.
18:53C'est une malformation qui, à la naissance, ne referme pas le tube neural.
18:59La colline vertébrale ne se referme pas correctement.
19:03C'est là où tous ces traumatismes se créent.
19:07Donc handicap de naissance.
19:09Mais pendant un moment, si je ne me trompe pas, vous pouviez marcher à l'aide d'un appareil.
19:13Vous avez complètement abandonné ça. Pourquoi ?
19:15Alors pourquoi ? Parce que tout simplement, j'ai été pendant de longues années capable de faire quelques mètres,
19:21voire quelques heures avec cet appareil-là.
19:25Mais je n'étais pas forcément très autonome et très habile avec cet appareil-là.
19:31Ce que j'étais capable de faire avec cet appareil-là, c'était peut-être 200-300 mètres dans une matinée.
19:38Ce que, aujourd'hui, je peux faire en fauteuil et en roulant, c'est des kilomètres et des kilomètres.
19:43Donc il y a aussi cette question d'autonomie.
19:45En sachant que je ne remarcherai jamais par rapport à ma pathologie, c'était de savoir ce qui était le mieux pour moi.
19:51Est-ce que c'était de continuer à marcher avec cet appareil-là en sachant que je ne remarcherai jamais
19:56ou de rester en fauteuil roulant et en sachant que je serai beaucoup plus autonome dans la vie de tous les jours ?
20:01Alors on va passer au volet compétition.
20:04Je l'ai dit tout à l'heure, vous participez à toutes les compétitions internationales.
20:07Vous ne m'avez pas dit pour les compétitions nationales, mais j'imagine que vous les faites toutes également.
20:12Il y a une compétition internationale qui arrive dans quelques mois.
20:17C'est la plus importante, c'est la compétition suprême, ce sont les Jeux paralympiques.
20:22Raphique, où est-ce qu'on en est aujourd'hui quant à votre sélection pour les Jeux ?
20:28Alors ma sélection pour les Jeux, pour l'instant, c'est plutôt bien parti.
20:33Il me reste encore trois compétitions officielles.
20:36Donc ces trois compétitions-là sont décisives pour pouvoir me sélectionner.
20:40Aujourd'hui, pour pouvoir partir, on me demande une barre à 225 kilos.
20:48Pour pouvoir partir, si vous soulevez 225 kilos, c'est bon, vous avez le sésame ?
20:53C'est ça, mais je n'ai pas la médaille d'or.
20:55D'accord, mais quelle que soit la compétition, parce que là, vous revenez des championnats du monde,
21:00qui se sont déroulés à Dubaï.
21:04Rapidement, comment ça s'est passé là-bas ?
21:06Quelles ont été vos performances ?
21:08Et est-ce que vous avez pu vous évaluer par rapport à la concurrence ?
21:11Alors ça n'a pas été forcément la plus belle de mes compétitions, parce que j'ai fait une cinquième place.
21:16Cinquième ?
21:17Oui.
21:18J'ai fait une cinquième place, mais sur le ranking international,
21:22je n'étais pas forcément dans les huit premiers meilleurs au monde.
21:24Donc c'est ce que je disais tout à l'heure, c'est important d'être dans les huit premiers meilleurs pour pouvoir partir.
21:31Aujourd'hui, la huitième place, elle se joue à 223.
21:34En sachant qu'il y a déjà actuellement une compétition qui se joue à Dubaï,
21:40donc les athlètes vont performer pour être dans ce ranking-là, pour pouvoir partir au jeu.
21:46Donc là, la prochaine étape, c'est la Coupe du Monde qui aura lieu à trois endroits différents ?
21:51C'est ça.
21:52Et là, il va falloir soulever une barre à 223.
21:56C'est ça.
21:57Comment on s'y prend ? Là, vous m'aviez dit, votre record, c'était 220, c'est ça ?
22:00Là, en ce moment, j'ai un record à 211 kilos.
22:03211 ? Alors, je ne me rends pas bien compte de la marge de progression qu'il faut pour passer de 211 à 223,
22:10sachant que là, il nous reste combien ? Quelques semaines ?
22:14C'est ça.
22:15Comment on fait ?
22:16Comme je disais, c'est beaucoup de travail, beaucoup de discipline.
22:20Moi, je m'entraîne à peu près 15 heures par semaine, donc c'est beaucoup de travail de force.
22:27C'est des cycles de force qui vont durer jusqu'à une heure et demie par séance.
22:32Vous faites 15 heures par semaine en ce moment ou vous faites 15 heures par semaine de manière régulièrement toute l'année ?
22:37Ou parce que là, il faut mettre le coup de collier, il faut aller chercher les 12 kilos qui manquent ?
22:40Là, il faut aller mettre le coup de collier et chercher les 12 kilos qui restent,
22:44donc je mets un peu plus que d'habitude.
22:47Mais voilà, l'entraînement reste le même et il ne faut pas perdre cet objectif-là.
22:54On sait pourquoi on y va.
22:56On n'a plus beaucoup de temps.
22:58Vous allez réussir à soulever 223.
23:02Je ne sais pas, je le sens.
23:03Je sens votre détermination.
23:05En toute objectivité, vous réussissez à soulever cette barre.
23:09Vous allez aux Jeux paralympiques.
23:11Quelles sont vos chances de nous ramener une médaille dans quelques mois, objectivement ?
23:18Objectivement, j'espère que ce sera au moins 75%, 80%.
23:25Ah oui, quand même.
23:26Donc, vous êtes assez confiant sur votre capacité.
23:28Je pense que le travail paye.
23:30Et aujourd'hui, je dirais que je sais ce que je vaux.
23:34Je sais ce que j'ai fait jusqu'à aujourd'hui, par quoi je suis passé, les sacrifices.
23:38Et je pense que je suis capable d'aller chercher quelque chose lors de ces Jeux.
23:43Et le travail paye, les sacrifices payent.
23:46Justement, vous me parlez de la médaille qui est là.
23:48Vous pouvez peut-être la montrer à l'écran.
23:50C'est la médaille d'argent au championnat d'Europe.
23:54Elle a une valeur singulière pour vous, cette médaille ?
23:58Oui, elle a une valeur pour moi parce que c'est une compétition qui a été très compliquée pour moi.
24:03J'ai été blessé à l'épaule droite.
24:05Une blessure qui a duré pas mal de temps.
24:08Le Serbe vous bat de 1 kg ?
24:10C'est ça. J'ai été battu par le Serbe de 1 kg.
24:13Tout simplement parce qu'il a vu à un moment donné dans mon mouvement
24:17que j'avais un décalage sur le bras droit.
24:20Il a utilisé mon point faible pour aller chercher ses 1 kg.
24:24Vous savez quoi ? J'imagine que le Serbe va se qualifier pour les Jeux paralympiques.
24:28Et j'irai le battre.
24:30Exactement, c'est ce que je voulais entendre.
24:32Dernière question pour vous Moussa, très rapidement.
24:34Sur la capacité de Rafik à se qualifier.
24:37Et une fois qualifié, à nous ramener la médaille. Est-ce que vous y croyez ?
24:41Oui, je pense qu'il va aller chercher en lui les ressources nécessaires
24:45pour pouvoir répondre à ce challenge.
24:49Eh bien nous allons terminer là-dessus.
24:51Merci en tout cas messieurs d'avoir participé à notre émission.
24:54Merci à Grégory Schrader aussi d'avoir été là, même si on ne l'entendait pas très très bien.
24:59Merci aux équipes en régie.
25:01Pierre Driot à la réalisation, Anthony Drevet à l'édition,
25:04et Stébane Lepic notre génie en direction,
25:06Emilion Lechat à la vision et Sandrine David au maquillage.
25:09Merci à vous de nous avoir regardés.
25:10On se retrouve très bientôt pour une nouvelle émission à vos marques.
25:13Salut à tous.
25:18Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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