L'édito d'Élodie Huchard : «Binationalité : un problème de "double loyauté"?»

  • il y a 3 mois
Dans son édito du 28/06/2024, Élodie Huchard revient sur la mesure proposée par le Rassemblement national, d'"empêcher" les personnes avec une double nationalité d'occuper "des emplois extrêmement sensibles". 

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Transcript
00:00La politique avec vous Elodie Huchard, on savait que le RN voulait interdire et empêcher les binationaux d'accéder à certains postes stratégiques au cœur de l'État.
00:11Une mesure qui ne concernerait que quelques dizaines de postes. Mais un député RN sortant va plus loin en voulant interdire les binationaux d'accéder aux postes de ministre.
00:22Oui, c'est le député sortant, Roger Chudeau, qui a estimé hier qu'un membre du gouvernement ne pouvait pas être binational car, je le cite, cela posait un problème de double loyauté.
00:30Pour appuyer ses propos, il a cité l'exemple de l'ancienne ministre de l'Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, dont la nomination fut, selon lui, toujours une erreur.
00:38Il ajoute, Najat Vallaud-Belkacem, franco-marocaine, qu'a-t-elle fait ? Elle a détruit le collège public et surtout elle a voulu instituer au CP des cours d'arabe.
00:45Il poursuit toujours cette argumentation en disant, elle disait elle-même, qu'elle était une sorte de passerelle de pont entre le Maroc et la France.
00:51Elle le revendiquait comme une qualité et donc il précise que, pour lui, les choses sont assez simples. Les postes ministériels doivent être détenus, toujours dans ses propos, par des franco-français.
01:00Point final. Alors c'est une question qui se pose parfois de savoir si un ministre ou un député peut être binational.
01:04Si effectivement, à un moment donné, il y a un problème de loyauté, bien que dans les faits, on n'ait pas vu que de grands problèmes de loyauté pour les députés ou ministres binationaux.
01:12On imagine aussi que le RN n'aura pas ce problème parce que des binationaux, il y en a assez peu dans leur rang.
01:17Après, faut-il aller plus loin ? Est-ce que c'est juste les ministres ? Est-ce que ce sont les députés ? Est-ce que ce sont tous les élus ?
01:21Comme ça, on peut ouvrir un peu la boîte de Pandore.
01:23Le président de la République en a profité pour pointer, depuis Bruxelles, des propos infamants et ridicules.
01:29Oui, parce qu'évidemment, tout le reste du spectre politique s'est engouffré dans la vraie, je vous l'imaginais bien.
01:34Et donc Emmanuel Macron a noté en première réaction des propos infamants et ridicules, mais surtout infamants, dit-il.
01:39Il cite à la fois la Constitution et la devise républicaine, liberté, égalité, fraternité.
01:45Et puis, il dit que finalement, en arrivée là, pouvoir dire cela aujourd'hui, c'est une dissolution des esprits et des consciences.
01:51Je ne m'y résouds pas et je ne m'y résoudrai jamais.
01:53Il parle de cette parole désinhibée avec laquelle on assiste ces derniers jours, avec notamment le racisme qu'il veut combattre avec force.
02:00Évidemment, l'occasion était trop belle. On a eu aussi la réaction de Najat Vallaud-Belkacem.
02:04Elle-même, et d'ailleurs, elle interpelle le chef de l'État. Cautionnez-vous cela, sinon vous n'avez qu'à faire ce qu'il vous reste à faire.
02:10Vous engagez, à chaque fois que vous y arriverez troisième, à vous désister en faveur du candidat qui respecte les valeurs de la République.
02:17Évidemment, entre cette polémique et celle du président de la République, qui est chef des armées à titre honorifique, ça fait deux polémiques dont l'ORN se serait bien passée.
02:25Ça ne correspond pas à la ligne du parti, à la ligne du Rassemblement national, ce qu'a dit Roger Schudo hier soir.
02:32Non, en tout cas, pas la ligne officielle, c'est sans doute la ligne officieuse.
02:35C'est d'ailleurs pour ça que, dans un premier temps, le député sortant est revenu sur ses propos,
02:39disant qu'il s'agissait d'une parole uniquement personnelle, avant même de supprimer son tweet.
02:43Alors, on sait qu'effectivement, un certain nombre de postes stratégiques ne seront plus ouverts aux binationaux.
02:48Le Rassemblement national l'avait dit, mais Jordan Bardella avait voulu rassurer en disant que ce serait le cas de vraiment quelques postes, un nombre assez infime.
02:55Donc, lui a tenté de rassurer les binationaux. Et là, finalement, Roger Schudo en remet une couche.
03:00Et puis, il avait cité des exemples précis. Jordan Bardella, par exemple, un patron de centrale nucléaire.
03:04Ce sont des postes beaucoup plus précis. La liste est très réduite.
03:07Des emplois, normalement, qui devraient être limités aux franco-français, comme dit Robert Schudo.
03:11Mais, finalement, c'est déjà ce qui existe.
03:13Et puis, surtout, ça montre que, dans cette campagne courte, les petites phrases ne sont pas forcément profitables au Rassemblement national.
03:19Le parti qui a voulu gommer les relents racistes, on voit que, parfois, ils reviennent au galop.
03:23Le naturel revient au galop.
03:25Et puis, dans l'opposition, surtout, on se dit que ce genre de petites phrases sont une aubaine.
03:28Si la campagne durait un peu plus longtemps et que le RN faisait deux sorties de ce type par jour,
03:32eh bien, finalement, il n'en serait pas si haut dans les sondages.
03:34Élodie Huchard, merci beaucoup.

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