Dans la soirée du jeudi 27 juin, le député RN sortant, Roger Chudeau, considéré comme le monsieur éducation du parti, a été très critiqué après sa proposition d'interdire les ministres binationaux. Marine Le Pen elle-même a assuré qu'il ne s'agissait que d'un avis personnel. Elle se dit "estomaquée" et dénonce une faute lourde. Des ministres pourront-ils être binationaux en cas de victoire du Rassemblement national ? Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l’Éducation nationale, était en direct ce vendredi sur BFMTV.
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00:00Je n'étais pas devant ma télé, mais j'ai reçu aussitôt des dizaines de SMS me disant
00:05« il faut que tu allumes », donc j'ai allumé, j'étais chez moi.
00:07Je dois le dire, d'abord j'étais à peu près rassurée par les réactions sur le
00:13plateau, parce que je me suis dit « ok, on n'est pas encore complètement, complètement
00:18au fond du trou, même si on n'en est pas loin ». Mais quant au propos de M.
00:23Trudeau, qu'est-ce que je ressens ? C'est absolument insupportable.
00:27C'est-à-dire qu'au fond, ce n'est pas seulement de moi qu'il s'agit, c'est
00:29qu'à travers moi, c'est tous les Français d'origine étrangère ayant une binationalité
00:35qui sont accusés de déloyauté automatique, c'est de la diffamation, c'est de la diffamation
00:40massive.
00:41Derrière, ça renvoie un message simple à tous nos compatriotes d'origine étrangère
00:45qui est « en fait, on ne peut pas leur faire confiance, on ne peut vraiment pas leur faire
00:49confiance ». Vous imaginez la violence et l'agressivité
00:53d'un tel propos, de la normalisation d'un tel propos, d'une telle suspicion permanente.
00:57Je vous avoue que j'y étais quand même habituée, parce que sur les réseaux sociaux,
01:03les élus d'extrême droite, leurs partisans ne m'ont jamais vraiment fait de cadeau.
01:08Donc ce type de discours, j'y ai eu droit souvent.
01:10Mais la différence maintenant, et c'est en ça qu'on vit un moment absolument inédit,
01:15c'est qu'on a fait changer de statut au Rassemblement national globalement.
01:19On l'a banalisé, normalisé, rendu plus acceptable.
01:23Et donc du coup, en fait, ce propos, il est entendu par des Français comme étant « pourquoi
01:29pas, allez, on peut le tenir ». En fait, non, on ne peut pas le tenir, on ne peut pas
01:32accuser les gens comme ça d'avoir un agenda caché, d'être déloyal, de travailler sous
01:38allégeance d'un autre pays.
01:39Ce n'est pas parce qu'on a une binationalité qu'on n'est pas à 100 % français.
01:43Moi, je suis à 100 % française.
01:45Mon engagement quand même en témoigne depuis des années maintenant.
01:48Tout ce que j'ai fait, je suis arrivée, je calculais, je suis arrivée il y a 44 ans
01:53en France.
01:5442 ans.
01:5542 ans en France, j'ai 46 ans.
01:57J'avais 4 ans.
01:58Eh bien, toutes ces années, finalement, j'ai non seulement adopté les valeurs de la France,
02:03mais j'en suis la première ambassadrice, défenseuse, tout mon engagement politique
02:08associatif va dans ce sens-là.
02:10Et c'est à moi que Monsieur Schudo fait un tel procès.