Du 22 au 26 février 2022 la France accueillera les Championnat d’Europe de Rugby Fauteuil. Pour parler de cette épreuve d’envergure, Maxime Brami sera accompagné de Jonathan Hivernat (capitaine de l’équipe de France), de Michel Terrefond (ancien joueur et actuel directeur sportif du Rugby fauteuil à la FF Handisport et de Ryadh Sallem (triple champion d’Europe de Rugby fauteuil et co-organisateur de l'épreuve) sur le plateau d'À Vos Marques. Au programme : présentation de la discipline, retour sur les JO de Tokyo, objectifs de l'Equipe de France pour les Championnats d'Europe mais aussi les défis que représentent l'organisation d’un tel évènement.
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00:00Générique
00:02...
00:15Salut à tous. Ravie de vous retrouver
00:17pour ce nouveau numéro d'Avomark, votre émission 100 % eau d'e-sport.
00:21C'est à suivre tous les mardis à 19h sur Sport en France.
00:25La thématique du jour, le rugby fauteuil avec mes invités.
00:28J'ai le plaisir d'accueillir Riyad Salem,
00:31qui nous a fait l'honneur de venir ici en plateau.
00:34Bonjour, Riyad.
00:35Bonsoir.
00:36Oui, bonsoir.
00:38Riyad, tu es joueur et fondateur du club Capsa.
00:42Tu es joueur au sein de l'équipe de France de rugby fauteuil
00:45et co-organisateur du championnat
00:47avec la Fédération française en e-sport.
00:49Tu vas être accompagné d'un de tes collaborateurs
00:52à la Fédération française en e-sport,
00:55puisqu'il s'agit de Michel Terfon. Bonjour, Michel.
00:58Bonjour.
00:59Michel, tu es directeur sportif du rugby fauteuil
01:03à la Fédération française en e-sport.
01:05Tu es un peu monsieur rugby fauteuil.
01:08Jonathan Ivernat est également avec nous.
01:11Bonjour, Jonathan.
01:13Bonjour à tous.
01:14Jonathan, toi, tu es capitaine de l'équipe de rugby fauteuil.
01:18Rien que ça. Merci d'avoir accepté notre invitation.
01:21La première partie de cette émission
01:23va être consacrée à comprendre votre discipline,
01:25à la découvrir, à découvrir vos parcours également.
01:28C'est l'heure de mon défi.
01:34Première partie de cette émission,
01:35nous allons découvrir cette discipline,
01:37le rugby fauteuil.
01:38On va commencer avec vous, Riyad Salem.
01:41J'aimerais vous poser une question.
01:42Si vous deviez définir cette discipline,
01:45qu'est-ce que c'est, le rugby fauteuil ?
01:47Je vous fais la version officieuse ou officielle ?
01:49Les deux.
01:51Ce que j'explique souvent aux gens,
01:53c'est qu'il y a des handicapés qui passent,
01:55et j'applaudis pour ça.
01:56C'est le côté officieux.
01:57Sinon, la définition, pour moi, du rugby fauteuil aujourd'hui,
02:01c'est un sport de gladiateurs,
02:03un sport de combat collectif
02:06avec des hommes et des femmes,
02:08parce que c'est mixte,
02:09qui ont un handicap très lourd.
02:11Ça a été créé par des personnes tétraplégiques.
02:13Pour eux ?
02:14Exactement. À l'origine, c'était créé pour ça.
02:17Le fait qu'on ait un handicap hyper lourd
02:20avec un sport aussi physique, aussi violent,
02:22ça pète un peu les codes,
02:23les projections qu'on peut avoir sur le sujet du handicap.
02:26Ça ne fait pas longtemps que ça existe.
02:29Ça fait depuis les années 70 que ça existe au Canada.
02:32En France, c'est un peu plus de dix ans.
02:35Il y a quoi avec l'équipe de France ?
02:38Elle existe depuis 2010, officiellement,
02:42bien structurée.
02:43Il y a eu quelques tentatives avant,
02:45mais Michel pourra en parler mieux que moi
02:47du démarrage de l'équipe de France.
02:49Michel, on ne va pas parler du démarrage de l'équipe de France.
02:53J'aimerais que vous nous rappeliez quelques éléments de règle.
02:57Comment ça se joue ?
02:58Quelles sont les règles de votre discipline ?
03:04Ça se joue à quatre contre quatre,
03:06quatre sur le terrain, quatre joueurs.
03:09Il y a des joueurs qui sont attaquants,
03:12comme on dit, et des joueurs qui sont défenseurs.
03:16Par rapport au handicap, chacun a un nombre de points
03:20qui va de 0,5 à 3,5.
03:22Ça fait 0,5, 1, 1, 5, 2, 2, 5, 3, 3, 5.
03:27Par rapport au handicap, ça s'appelle la classification.
03:30Les quatre joueurs sur le terrain ne peuvent pas dépasser la somme de 8 points.
03:35C'est-à-dire, on appelle ça des line-up.
03:38On peut jouer en 3, 5, 3, 5, 0, 5, 0, 5,
03:413, 3, 1, 1.
03:42Il y a différentes combinaisons.
03:44Selon comment on veut jouer sur le terrain.
03:46Le but étant de passer...
03:48Pour marquer le but, l'essai,
03:50il est de passer entre deux cônes
03:53qui sont répertoriées sur le terrain, de chaque côté.
03:57Ça se joue sur la dimension d'un terrain de basket,
04:00avec des règles de basket, de hockey, de...
04:05Avec un ballon de volé ?
04:06Avec un ballon de volé.
04:08Le ballon de volé, c'est un ballon qui est assez léger,
04:11vu le handicap qu'on a.
04:13On a 40 secondes pour marquer,
04:1712 secondes pour franchir l'avantage.
04:20Il y a une quille qui représente, comme au basket, la bouteille.
04:25On ne peut pas être plus de 3 défenseurs.
04:27Les attaquants ne peuvent pas rester plus de 10 secondes.
04:31On peut se rentrer dedans, sauf se toucher physiquement.
04:33Justement, Michel, il y a quand même une question qui me vient.
04:37Vous nous parlez de notions de hockey, de basket,
04:40avec un ballon de volé.
04:41Quand on regarde un match de rugby fauteuil,
04:44on a le droit de faire des passes en avant.
04:47Pourquoi est-ce qu'on appelle ça le rugby fauteuil ?
04:50Au départ, ça ne s'appelait pas le rugby fauteuil.
04:53Au départ, ça s'appelait déjà le murder ball.
04:55Vous voyez déjà la...
04:57Le murder ball ?
04:58Le murder ball, oui.
04:59On était là pour jouer, quoi.
05:01Voilà, c'est ça.
05:02Il y a un film qui a été fait justement sur ça.
05:07Après, ça a évolué.
05:08Après, ça s'appelait le...
05:10Le rugby en avant.
05:11Et après, on est arrivé au rugby fauteuil.
05:13Pourquoi le rugby ?
05:15Parce qu'il y a quand même, dans ce sport,
05:18toutes les valeurs du rugby.
05:22Au rugby, on peut dire les gros, ceux qui sont en mêlée.
05:27On peut les comparer peut-être aux défenseurs chez nous,
05:29parce qu'ils courent moins vite.
05:31Les attaquants, c'est plus ceux qui jouent derrière.
05:34Donc, voilà.
05:36On ne peut pas jouer qu'avec des attaquants.
05:39Il faut des défenseurs pour pouvoir bloquer,
05:41pour pouvoir faire...
05:43C'est une sorte d'équipe comme au rugby valide.
05:47Et au final, aussi, c'est que...
05:48On ne joue pas au hockey, au football américain
05:51comme partout dans le monde.
05:53Et pour être au jeu,
05:54il a fallu déjà avoir un nom un peu plus politiquement correct.
05:57C'est un peu du marketing, finalement.
05:59Il y a du marketing, mais pas que.
06:00En fait, qu'est-ce qui s'est passé ?
06:02C'est les blessés du rugby partout dans le monde.
06:05Qui ont commencé à jouer au murder ball.
06:07Qui ont récupéré ce sport.
06:09C'est les hommes et les femmes du rugby.
06:10C'est pas les règles du rugby.
06:12D'où l'esprit.
06:13La majorité des clubs en France sont portés par des clubs traditionnels.
06:17Jonathan Hivernin, vous êtes capitaine de l'équipe de France.
06:20Vous êtes d'accord ?
06:21Est-ce que vous retrouvez la mentalité du rugby
06:23dans le rugby fauteuil ?
06:25C'est bien plus que ça, en fait.
06:27On parle de mentalité,
06:28mais on parle aussi de cette notion de sacrifice
06:31qu'on est tous dans un seul et même but.
06:33C'est d'aller vaincre l'adversaire qui est ensemble.
06:36Ce qui nous rallie, au-delà d'être une équipe,
06:39c'est cette mixité du handicap,
06:41cette mixité homme-femme qui se partagent
06:44dans un seul et même terrain.
06:46Et ça, je pense que c'est une des plus grosses valeurs
06:48qui peuvent être démontrées dans le rugby.
06:50Qu'elles sont l'humilité, l'état d'esprit,
06:53l'esprit de groupe, l'entraide,
06:56et surtout de se surpasser par-dessus tout.
06:58Donc d'aller les aider, que ce soit le collègue
07:00quand il fait une erreur,
07:02mais au-delà de ça aussi,
07:03de le faire briller.
07:05Et ça, tout ça, toutes ces valeurs-là,
07:07on les retrouve dans le rugby que vous connaissez.
07:09Jonathan va s'intéresser un peu à toi, à ton parcours.
07:12Tu as 30 ans, tu es originaire de Figeac,
07:16dans le Lot, région dans laquelle on mange très bien.
07:19Tu es atteint de la maladie de Charcot-Maritoux,
07:23avec un handicap évolutif.
07:24Est-ce que tu peux commencer par rappeler
07:27ce qu'est la maladie de Charcot ?
07:30Alors, la maladie de Charcot-Maritoux,
07:32bien spécifiée, qui est différente de la maladie de Charcot.
07:35La maladie de Charcot, c'est une atteinte cérébrale,
07:37donc elle est diagnostiquée, malheureusement.
07:41Pour les personnes qui sont atteintes de cette maladie,
07:43il ne reste que quelques mois à vivre.
07:46Il n'y existe aucun traitement.
07:47Moi, je suis atteint de la maladie de Charcot-Maritoux type 1A,
07:50qui est complètement différente.
07:51C'est une maladie qui, en fait, touche la gaine des nerfs
07:55du corps humain.
07:56Ça s'explique tout simplement que depuis la molépinière
07:59jusqu'aux extrémités du corps,
08:00l'information a du mal à passer.
08:03Donc, du coup, l'information a une rupture,
08:06soit partielle ou totale, de la conduction nerveuse.
08:09C'est-à-dire que, soit j'ai du mal à me mouvoir,
08:12du coup, je suis très fatigué à balayer fort,
08:14et à l'inverse aussi, quand il y a la rupture totale,
08:18il y a abolition de la fonction.
08:20Aujourd'hui, je n'ai plus du tout de fonction
08:22au niveau de mes membres inférieurs
08:24et également au niveau de mes mains.
08:26Alors, comment est-ce que tu es arrivé
08:27à devenir joueur de rugby fauteuil ?
08:30Alors, comment je suis devenu ?
08:31Donc, avant tout, pour retracer un petit peu mon parcours,
08:35je suis un sportif dans l'âme depuis toujours,
08:37depuis l'âge de 7 ans.
08:39J'adore le sport.
08:40Je m'intéresse beaucoup au sport, que ce soit dans l'actualité,
08:43mais aussi dans l'investissement que je porte,
08:45parce que je suis un vrai compétiteur.
08:47Et pour ça, voilà, je me mets beaucoup de matière,
08:50beaucoup d'engagement pour pouvoir être un élément clé,
08:54un élément qui va contribuer pour le collectif.
08:58Donc, jusqu'à l'âge de 19 ans,
09:00j'ai touché à tous les sports,
09:02que ce soit individu, à des collectifs.
09:04Et comment je suis arrivé au rugby fauteuil ?
09:05En fait, à l'âge de 19 ans,
09:08j'ai eu complètement un tournant dans ma vie.
09:10Je me suis retrouvé en fauteuil permanent.
09:12Et la vie a complètement basculé pour moi
09:15et j'ai souhaité, en fait, retrouver un sport
09:18qui avait d'énormes valeurs, comme le rugby, qu'on connaît.
09:21Et quoi de mieux que de découvrir le rugby fauteuil,
09:24qui est en fait venu de mon centre de rééducation
09:27par l'intermédiaire du Stade toulousain,
09:28qui a proposé cette initiation.
09:30Et le jour où, en fait, il y a eu lieu cet événement-là,
09:35eh bien, j'ai juste... Je me suis mis en fauteuil.
09:38Et c'était juste incroyable, déjà,
09:40tout par la diversité qu'est comportée la discipline,
09:43c'est-à-dire l'aspect stratégique,
09:46l'aspect du dépassement de soi, donc l'engagement physique,
09:49mais aussi tout le groupe que ça compose,
09:51donc l'ensemble des joueurs et l'esprit d'équipe.
09:54Alors, six ans après tes débuts,
09:55tu défends les couleurs de l'équipe de France
09:58et tu n'es pas un joueur parmi les autres,
10:01puisque tu as endossé le rôle de capitaine de cette équipe.
10:06Michel, qu'est-ce qui fait un bon capitaine ?
10:10Déjà, rassembler les joueurs autour de lui, voilà.
10:15En fait, c'est pas forcément le jeu,
10:18mais en plus, John, il est super fort dans le jeu,
10:22mais les gens autour de lui adhèrent à son discours.
10:27Donc c'est ça qui est intéressant pour un capitaine,
10:29c'est rassembler sa troupe autour de lui.
10:31Voilà, il faut qu'on soit capable,
10:35comme on pourrait dire, de mourir pour le capitaine, voilà.
10:38C'est un bon capitaine, c'est ça.
10:40Riyad, tu joues également avec Jonathan en équipe de France.
10:45Qu'est-ce qui fait de Jonathan un capitaine ?
10:49Comme on l'a dit déjà, c'est un super joueur.
10:51Donc le fait d'être très bon sur le terrain, ça inspire.
10:54Et après, c'est quelqu'un qui compte pas son temps,
10:58qui se sacrifie, qui veut...
11:00C'est un warrior, c'est un gagneur.
11:02Et donc, évidemment, quand on a quelqu'un qui est une locomotive,
11:06il est exemplaire dans son investissement dans le rugby fauteuil.
11:10Et c'est ce qui fait qu'on le respecte.
11:12Et quand on a un bon capitaine, c'est un capitaine qu'on respecte.
11:17Riyad, on va s'intéresser à toi maintenant.
11:19Tu es né le 6 septembre 1970 à Monastir, en Tunisie.
11:24Tu as 51 ans.
11:25Tu es né sans bras gauche ni jambes
11:28et avec une malformation de la main droite.
11:31Résumer ton parcours en deux mots est impossible,
11:33mais je vais essayer.
11:34Tu es passé par le basket, la natation.
11:36Evidemment, le rugby fauteuil,
11:37mais tu étais aussi venu ici en tant qu'auteur,
11:40un ouvrage que tu as coécrit avec Valérie Delattre.
11:44On t'avait reçu dans Sports santé tech.
11:46Mais tu es un entrepreneur, un dirigeant associatif
11:49et surtout un homme de conviction et de combat.
11:52Quel est ton moteur, finalement, Riyad ?
11:55Mon moteur, c'est les autres.
11:57C'est l'envie de voir des sourires,
12:01de lutter contre le fatalisme,
12:04de lutter aussi contre l'auto-exclusion.
12:07Il y a beaucoup de gens dans notre société,
12:09qu'ils soient handicapés ou pas,
12:11qui ont oublié le sens de la vie,
12:13de se dire qu'on n'est que de passage sur terre.
12:15Et si, à travers nos actions, on peut leur rappeler
12:18que de le vivre ensemble,
12:19qu'on a tous de la violence,
12:21on peut l'orienter dans le sport, on le voit dans le rugby.
12:24C'est hyper violent, mais c'est tellement généreux.
12:26Et ce n'est pas violent pour détruire l'autre,
12:27c'est violent pour se construire soi-même.
12:29Et cette révolte qu'on a, on a un terrain d'expression.
12:32Moi, c'est ça, j'ai envie de m'engager
12:34pour que ce que j'ai reçu, moi, par les anciens,
12:37qui, quand je ne croyais pas en moi, qui ont cru en moi,
12:39j'essaie de renvoyer l'ascenseur.
12:42D'accord. Ca vient de ton histoire personnelle.
12:45Quand on t'a aidé, quand tu étais en difficulté,
12:47quand tu étais plus jeune, tu as envie de redonner ça aujourd'hui.
12:50Ou c'est peut-être un manque que tu as eu,
12:53et comme tu as eu ce manque,
12:54aujourd'hui, tu as envie de t'engager vers les autres pour que...
12:57Je ne pense pas que ce soit le manque,
12:59parce que je suis plutôt artiste, moi.
13:01Je ne suis pas, au départ, un compétiteur.
13:03Mais c'est vrai que quand vous avez des gens qui vous aident,
13:05moi, si je suis vivant,
13:07c'est parce que ce pays m'a accueilli, m'a soigné,
13:09même si, au départ, je ne comprenais pas
13:11ce que faisaient mes parents, pourquoi ils m'embarquaient ici.
13:14J'étais un peu, comment dirais-je, révolté par rapport à tout ça.
13:18Et après, on s'aperçoit qu'on n'a pas la chance,
13:21dans plein de pays, de pouvoir être soigné, d'être accompagné.
13:24Et tous les gens qui m'ont entouré, les éducateurs, les médecins,
13:27les infirmières, les aides-soignants,
13:28tout ce petit univers a fait de moi ce que je suis aujourd'hui
13:32et les rencontres, et donc j'ai envie de renvoyer ça.
13:34C'est plutôt dans cet esprit-là
13:36qu'une espèce de revanche ou de quoi que ce soit.
13:38Ce n'est pas trop ma nature, ça.
13:40Tu as créé l'association CAPSA.
13:43Alors, il y a quatre A dans...
13:45Bah, CAP, ça, il y en a trois à la fin.
13:48Ça fait quatre.
13:49Bravo, bravo.
13:50Alors, qu'est-ce que c'est ?
13:51Dans le mot handicap, on a pris le mot CAP,
13:53la direction, l'objectif, le défi,
13:55t'es CAP, t'es pas CAP, CAP de capacACITÉ.
13:58Le S, c'est le S de SPORT, de nos premiers amours.
14:01Après, le A de ART,
14:03parce qu'on avait des copains et des copines trop lourdement handicapés
14:06qui ne pouvaient pas avoir d'activité physique ou sportive.
14:08Le deuxième A, c'est le A d'AVENTURE.
14:10Et, pour faire un peu de...
14:13Parce que je faisais pas mal de solidarité internationale et humanitaire.
14:16Et le dernier A, c'est une des grandes valeurs du mouvement sportif,
14:18c'est l'amitié, qui fait écho à la fraternité.
14:21Et on a créé cette association
14:23parce qu'on était d'abord un club de sport et on s'est dit,
14:25on ne va pas faire que du sport,
14:27on va essayer d'utiliser le langage du sport
14:29pour aller sensibiliser les gens.
14:31Et on s'est dit qu'on ne comprenait pas trop l'idée
14:33d'intégrer les personnes handicapées dans le milieu ordinaire.
14:36Et on s'est dit que ce serait plus intelligent
14:39d'intégrer les personnes qui ne sont pas handicapées
14:40dans notre monde extraordinaire, parce qu'on exclut moins,
14:43on accepte la différence de chacun.
14:45Et une porte plus large, un ascenseur,
14:47ça n'empêche personne d'avancer.
14:49Et on sait très bien que la liberté, c'est le mouvement.
14:51Et donc, voilà, on essaye d'inverser les rôles
14:54et de faire comprendre aux gens
14:55que les personnes handicapées,
14:57ça, c'est la phrase qu'on a reprise un peu de Kennedy,
14:59c'est ne vous demandez pas ce que vous pouvez faire
15:01pour les personnes handicapées,
15:02mais ce que les personnes handicapées peuvent faire pour vous
15:03et qu'elles peuvent contribuer à la richesse de cette société.
15:06Jonathan Iverna, est-ce qu'un parcours à la Riyad Salem,
15:09ça vous inspire ?
15:12C'est plus que ça, c'est tellement respectable.
15:15Moi, Riyad, ça a été mon mentor aussi,
15:20avec d'autres qui m'ont appris aussi,
15:22qui m'ont pris sous son aile pour arriver aujourd'hui à ce niveau-là.
15:26Donc déjà, te remercier aussi,
15:28parce que tu as tellement contribué
15:31tout simplement à l'essor de ce rugby fauteuil.
15:34Et là, tout ce qui arrive,
15:36c'est juste une autre génération que tu as apportée.
15:39Donc déjà, je te tenirai à tenir mon chapeau sur ça déjà.
15:43La deuxième chose, c'est très respectable.
15:45Vous l'avez très bien dit, il a un palmarès hors normes.
15:49C'est un sportif de très, très haut niveau
15:52qui a contribué aussi à l'essor, on n'en parle pas, des parasports,
15:56qui étaient aussi, on va dire,
15:59pas autant mis en avant que maintenant, aussi démocratisés.
16:02Donc il a été aussi dans l'essor du mouvement paralympique.
16:05Et au-delà de ça, Riyad Salem, c'est une identité.
16:09Quand on parle de Riyad Salem,
16:11c'est quelqu'un qui s'est donné,
16:13qui s'est partagé sans recevoir, en fait.
16:17Et en fait, on a envie de lui faire un gros câlin à chaque fois
16:20parce que tout ce qu'il nous porte,
16:22on a envie d'être aussi derrière lui
16:24et de continuer à avancer avec lui
16:27pour que ce monde soit meilleur
16:29et que ce partage du parasport soit tout autant.
16:32Jonathan, il y a trois mois
16:35se déroulaient les Jeux paralympiques de Tokyo
16:38et le rugby fauteuil était présent.
16:40Est-ce qu'on pourrait faire un petit bilan
16:42des performances de l'équipe de France, s'il te plaît ?
16:45Que s'est-il passé ?
16:47Alors oui, bien sûr.
16:48Donc du coup, les derniers ont fini à une très belle sixième place,
16:52la meilleure place depuis la constitution
16:55de cette équipe de France de rugby fauteuil.
16:58Donc on est partis vraiment du bas à bas,
17:00où on a commencé, donc on l'a bien dit,
17:02dans les années 2010, au 27e rang mondial,
17:06je m'en souviendrai toujours.
17:07On a devancé des équipes,
17:09je me rappellerai très bien, ces premières années,
17:12où on a renversé complètement les hiérarchies,
17:14on est arrivé très, très fort.
17:16Et en fait, depuis ces années-là,
17:17on n'a fait qu'augmenter notre niveau de jeu
17:19en se remettant beaucoup en question,
17:22en continuant à beaucoup, beaucoup travailler
17:24avec des autres équipes très structurées,
17:26voire professionnelles.
17:28Donc aujourd'hui, on arrive à tout simplement rivaliser
17:30avec peut-être les meilleures.
17:33On a eu quelques petits défauts pendant ces Jeux
17:36qui font la grosse différence à très haut niveau
17:39de un ou deux petits points qui nous séparent de ces équipes-là,
17:42mais on va continuer encore
17:44pour que, sur ces futurs championnats d'Europe,
17:46vous pouvez compter sur nous.
17:48Le prochain gros rendez-vous, tu viens de le dire, Jonathan,
17:51ce sont les championnats d'Europe 2022,
17:53et ils auront lieu en France.
17:55On va en parler tout de suite dans la 2e partie de l'émission.
17:58Générique
17:59...
18:02Et je me tourne tout de suite vers toi, Michel,
18:05puisque la France accueille le championnat d'Europe
18:08de rugby fauteuil, ce sera du 22 au 26 février 2022.
18:12Michel, comment se sont faits les préparatifs
18:14des championnats d'Europe ?
18:15Comment ça se prépare, un championnat comme ça ?
18:18Alors, comment ça se prépare ? Déjà, on sort juste des Jeux.
18:22Donc on a fait un stage au mois de septembre
18:26pour remettre un petit peu tout le monde en droite ligne.
18:31Déjà, c'était tôt, parce que ça faisait qu'un mois après les Jeux,
18:34on n'a pas eu le temps de trop se reposer.
18:36Et là, on refait un stage ce week-end à Limoges
18:39pour pouvoir commencer à préparer ces Jeux.
18:41On les prépare...
18:42Ça va être une continuité de la préparation de Tokyo,
18:48puisqu'il n'y a pas eu tellement de temps de couper,
18:51qu'il n'y aura pas tellement de temps de couper
18:54jusqu'au championnat d'Europe qui sera au mois de février.
18:56C'est deux compétitions qui arrivent très tôt,
18:58qui arrivent très vite.
18:59Et en plus, après, on ne coupera pas non plus,
19:01puisqu'il y aura un championnat du monde
19:03qui aura lieu au mois d'octobre 2022.
19:06Donc, ça va faire deux saisons très dures en préparation.
19:11Mais ça permet aussi d'avoir une continuité dans notre jeu
19:17et dans notre préparation et dans notre montée en...
19:20Michel, qu'est-ce qu'il faut améliorer dans cette équipe de France ?
19:24Parce qu'on a vu, aux Jeux paralympiques,
19:27que parfois, sur les fins de match, les joueurs pouvaient craquer.
19:30Je pense que Jonathan sait de quoi je parle.
19:33Est-ce que c'est là-dessus qu'il va falloir accentuer la préparation ?
19:40Certainement qu'il va falloir préparer sur les fins de match,
19:45les, comme on dit, les money time.
19:48C'est certain qu'il va falloir travailler le money time.
19:50Mais il va falloir aussi apprendre à gérer l'ensemble du match.
19:56Parce qu'on a vu qu'on avait commencé très, très fort.
19:59On a continué et après, on s'est épuisé.
20:00Il faut peut-être commencer fort,
20:03mais pas être très, très fort.
20:05Essayer de ménager la montée jusqu'à la fin.
20:08Et ça, c'est une préparatif qui va se faire avec les nouveaux coachs
20:12qui sont à la tête de l'équipe de France actuellement.
20:15Jonathan, tu es d'accord avec ça ?
20:18On a besoin aujourd'hui d'être une seule et même équipe.
20:22Aujourd'hui, on doit compter sur n'importe qui
20:25qui comporte cette équipe de France.
20:27Et Riyad va réintégrer l'équipe de France.
20:29C'est quand même une info.
20:31On est tous sélectionnables. On a un groupe France incroyable.
20:34On est une vingtaine de joueurs, plus ou moins jeunes,
20:37qui poussent très, très fort.
20:38C'est une équipe très saine, très compétitive.
20:41En tout cas, il y a une forme de respect qui est vraiment intangible
20:45et qui inspire le rugby et tout ce que ça comporte par ses valeurs.
20:48Et rien que pour ça, on se tire tous vers le haut
20:51et qu'on pourra compter sur tout le monde.
20:54Il faut qu'on augmente notre degré de maturité
20:57ou il ne faut pas hésiter tout simplement à changer les joueurs
21:01pour que tous ces joueurs-là soient le plus frais possible,
21:05le plus frais possible et qu'on gagne le match.
21:08Justement, il y en a un que vous allez changer
21:10puisque Riyad réintègre l'équipe de France.
21:12Riyad, tu as 51 ans.
21:16Toi qui es assez philosophe,
21:17qu'est-ce que ça t'inspire qu'à 51 ans,
21:20tu puisses toujours être en équipe de France de rugby fauteuil ?
21:23Tu m'as confié hors antenne
21:26qu'en gros, il faut aller jusqu'à Paris 2024.
21:29Moi, c'est mon rêve aujourd'hui.
21:31Sinon, tu aurais arrêté depuis quelques années ?
21:33Je pense que j'aurais arrêté après les Jeux de Rio.
21:36Où vas-tu chercher cette force à 51 ans ?
21:38On n'a pas la même force que quand on a 30 ans.
21:40Après, c'est la passion.
21:42Et puis, c'est une équipe qui est vraiment extraordinaire,
21:45qui donne envie.
21:46Même si je n'ai pas été, comme tu dis, sélectionné pour les Jeux,
21:51je n'étais pas sorti de l'équipe de France.
21:53Tous les stages, j'étais là.
21:54J'ai essayé de faire en sorte que cette équipe de France,
21:58à travers mon implication, puisse donner le meilleur d'eux-mêmes.
22:01On va parler du tirage au sort tout de suite.
22:04Riyad Ilzan...
22:05Est-ce que tu m'autorises à dire un truc ?
22:07Déjà, je remercie John pour ce qu'il a dit à mon égard.
22:12Et une chose importante,
22:13et je suis d'accord avec John,
22:15ce qu'il a manqué à cette équipe de France,
22:17c'est de pouvoir faire respirer les joueurs,
22:19de faire confiance aux autres.
22:21Tous les joueurs sur le banc ont un talent extraordinaire.
22:23Il faut tourner un peu.
22:25C'est vrai qu'on a toujours une line-up,
22:27on va dire, une équipe majeure sur laquelle on peut se reposer,
22:31mais je pense que cette équipe-là peut s'épuiser.
22:34Elle s'est épuisée.
22:35Elle s'est épuisée, on voit le résultat.
22:37Je suis sûr que si on avait pu les faire respirer 2-3 minutes,
22:40ça n'aurait pas été la même.
22:42Les tirages au sort pour ces championnats d'Europe
22:45ont eu lieu le 7 décembre.
22:46La France est dans le groupe A,
22:48avec le Danemark, la Suisse et la Russie.
22:50Qu'est-ce que ça t'inspire ?
22:52C'est jouable, pas jouable ?
22:54Déjà, je vais redire un petit truc.
22:56Un grand merci à France 2023, qui nous ont accueillis,
23:00qui faisaient leur conférence de presse sur la partie RSE,
23:03et qui nous ont accueillis avec eux pour faire ce fameux tirage au sort
23:07avec la présence du président de la Fédération internationale
23:10de rugby-fauteuil.
23:11Et oui, ce tirage au sort...
23:12Ca fait peur, les Danois, les Suisses, les Russes ?
23:15Moi, j'ai un principe, c'est que...
23:17T'as peur de personne ?
23:18Tout le monde me fait peur, et personne ne me fait peur.
23:21Il faut jouer à fond,
23:23il faut pas sous-estimer, pas sur-estimer.
23:26Il faut qu'on se fasse confiance.
23:28On a une équipe qui peut vraiment aller...
23:30Pour moi, je me projette...
23:32Je vois la finale contre les Anglais.
23:34On les a déjà battus.
23:35Ah oui, parce que les fameux Anglais,
23:38ils sont si forts que ça ?
23:40Ils sont très forts.
23:41Ils sont très forts, et ils sont professionnels.
23:43On joue contre des gars qui sont payés, c'est leur métier.
23:47Nous, on est amateurs.
23:49Il y a quand même toujours ce petit décalage
23:52où, quand vous êtes dans un pays où on vous paye pour faire ce sport,
23:55la France, on y va avec le coeur, avec le bide.
23:58On a d'autant plus de mérite face à des équipes comme ça,
24:01qui sont des machines de guerre,
24:02qui ont des budgets assez lourdement conséquents
24:05pour pouvoir s'entraîner, se préparer,
24:07faire des tournois partout dans le monde.
24:09Et nous, des fois, on a un peu du mal
24:11à trouver les trois francs six sous pour organiser des stages.
24:14Michel, est-ce que tu es d'accord avec l'optimisme de Riyad ?
24:18Est-ce que, vraiment, on peut aller gagner
24:21ce championnat d'Europe face aux Anglais ?
24:24De toute façon, moi, je pars toujours dans le principe
24:27qu'on y va pour gagner, on n'y va pas pour perdre.
24:30On n'a jamais un quelque part pour perdre.
24:33On reste à la maison.
24:34On peut être très réaliste.
24:36Mais oui, on est réaliste.
24:37On a une chance d'être champion d'Europe, oui, bien sûr.
24:41Si on se brûle pas les ailes,
24:43si on ne croit pas être arrivé avant de partir.
24:48Mais on peut être champion d'Europe.
24:50Et ça serait un premier aboutissement
24:54avant les autres échéances qui arrivent,
24:57c'est-à-dire championnat du monde.
24:59Et puis les Paralympiques, entre-temps,
25:01il y aura d'autres compétitions.
25:03Il y aura même une autre compétition encore en France, à Paris.
25:06Enfin, en France, on ne sait pas trop encore où.
25:08Il y aura la Coupe du monde 2023,
25:09en même temps que la Coupe du monde de rugby valide,
25:12organisée par France 2023.
25:15Je rappelle à nos téléspectateurs que la France avait fini 3e
25:17lors des derniers championnats d'Europe en 2019,
25:21et c'était derrière la Grande-Bretagne et le Danemark.
25:23Le mot de la fin, il est pour toi, Jonathan.
25:26Qu'est-ce que tu attends de ces championnats d'Europe ?
25:28Est-ce que tu penses vraiment que l'équipe de France,
25:31elle a assez progressé et qu'elle a le temps de progresser
25:34pour aller décrocher ce titre ?
25:37Moi, je suis toujours prévenant.
25:38Je suis quelqu'un aussi qui parle par des faits.
25:42Et il faudra, comme l'a dit Riyad,
25:46prendre match par match.
25:48Il faudra se dépouiller pour pouvoir aussi donner
25:51cette gagne à chaque match.
25:53Donc, on va prendre les matchs petit à petit.
25:55Mais au-delà de ça, on sait très bien qu'on a pu le faire.
25:59On a gagné déjà ces Anglais.
26:00Ce n'est pas quelque chose qu'on n'a jamais fait.
26:03Donc, aujourd'hui, on y va avec une prétention,
26:05mais on va continuer à travailler.
26:06C'était quand la victoire contre l'Angleterre ?
26:09Peut-être pour rappeler à nos téléspectateurs.
26:11Alors, c'était lors du Quad Nation,
26:14qui était au mois de mai,
26:16juste avant les Jeux paralympiques de Tokyo 2020.
26:19Et ces mêmes Anglais, avec la même équipe,
26:21sont devenus champions paralympiques.
26:23Donc, pour vous dire...
26:24On les a battus il n'y a pas longtemps.
26:26Ça se voit à un ou deux points près. Exactement.
26:28Maintenant, il faudra que ce championnat d'Europe,
26:30on se le construise et qu'on aille au bout aussi.
26:33Cette émission touche à sa fin.
26:34En tout cas, merci, messieurs, d'avoir accepté
26:35l'invitation de Sport en France.
26:37On va vous suivre, on va suivre votre préparation.
26:39On va vous suivre également pendant ces championnats d'Europe,
26:42qui, je le rappelle, auront lieu en France en février.
26:442022, merci aux équipes techniques et en régie.
26:46On se retrouve la semaine prochaine
26:48pour un nouveau numéro d'Avomark.
26:49Salut à tous.