A travers des archives inédites, des tournages en ville et le témoignage de neuf amoureux du Red Star, le documentaire « Nous sommes le Red Star » raconte ce lien si intime et toujours aussi intense qui s’est tissé au fil du siècle entre son territoire, son stade et le club.
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00:00...
00:22C'est parti pour l'Olympique de Marseille.
00:52C'est parti pour l'Olympique de Marseille.
01:22Vous voyez, il y a quelque chose d'assez dingue.
01:24En pleine périphérie, on entend le périph'.
01:26Si on regarde bien l'hiver,
01:28on voit un petit bout du Sacré-Cœur.
01:30Enfin voilà, c'est des trucs
01:32totalement atypiques.
01:34Je suis persuadé que ce stade est habité.
01:36Je suis persuadé que beaucoup de gens
01:38viennent ici
01:40tout autant pour voir du foot que pour profiter
01:42pendant deux heures de bauveur.
01:44C'est une parenthèse enchantée, ce stade.
01:46Moi, je passe en voiture,
01:48parfois, quand je n'ai rien à faire.
01:50Je passe en voiture,
01:52juste pour m'assurer que le stade est toujours là.
01:56Bauer, c'est un stade,
01:58à l'anglaise, on est très proche
02:00de la pelouse.
02:04C'est un stade
02:06très bizarre, quand vous y pensez.
02:08Vous avez cet immeuble,
02:10on ne rencontre ça nulle part non plus.
02:12Vous avez, à la place d'une des quatre tribunes,
02:14un immeuble où on voyait déjà
02:16au temps de la D2, je me souviens très bien,
02:18on regardait les matchs à la fenêtre.
02:20Après le match,
02:22ça restera le match,
02:24il y aura des trucs étranges,
02:26trois buts encaissés en 20 minutes,
02:28puis un retournement de situation,
02:30puis, techniquement, un niveau moyen.
02:32Mais ce n'est pas grave,
02:34c'est l'expérience de se dire
02:36je suis assis, je suis posé à Bauer,
02:38je suis en ville,
02:40et je suis protégé.
02:42C'est une bulle.
02:44C'est très difficile à expliquer.
02:46Il y a beaucoup de grands-pères,
02:48beaucoup de 3e âge
02:50qui ont connu le Red Star à tous les niveaux
02:52et qu'on en voit encore aujourd'hui.
02:56On n'est pas loin d'être centenaire.
02:58C'est ça qui est beau,
03:00ça a traversé les générations, ce club.
03:16Jules Rimet, catholique social engagé
03:18du quartier du Gros Caillou,
03:20près de la Tour Eiffel à Paris,
03:22créé le Red Star Club français
03:24en 1897.
03:26Longtemps privilège des gentlemen anglais,
03:28le football, l'association,
03:30gagnent des adeptes chez les travailleurs.
03:32La discipline du jeu
03:34et la solidarité sur le terrain
03:36leur donnent la chance
03:38d'être les meilleurs.
03:40Jules Rimet,
03:42catholique social engagé
03:44du quartier du Gros Caillou,
03:46créé le Red Star Club français
03:48en 1897.
03:50La discipline du jeu
03:52et la solidarité sur le terrain
03:54leur donnent par ricochet
03:56les clés du combat politique.
03:58Visionnaire,
04:00Jules Rimet saisit d'emblée
04:02la portée émancipatrice de ce sport
04:04pour les joueurs issus de la classe ouvrière,
04:06pour autant qu'ils puissent avoir accès
04:08à l'instruction et à la culture.
04:10L'installation du Red Star en 1909
04:12l'équipe enflamme dans l'entre-deux-guerres
04:14le public de cette banlieue populaire.
04:16Cinq Coupes de France,
04:18des gardiens de buts révolutionnaires,
04:20Charigues, Daruy,
04:22des joueurs mythiques,
04:24Mahès,
04:26Gamblin,
04:28Nicolas,
04:30Herrera.
04:32Je suis venu à Paris où j'ai commencé
04:34à jouer au club français puis à la Générale.
04:36Nous avons gagné la Coupe avec le Red Star
04:38en 1942.
04:40Il y avait Daruy, Vandorel,
04:42Roessler, Aston,
04:44Simoni et moi évidemment.
04:52On dit souvent que le foot est lié à l'enfance
04:54et là en l'occurrence
04:56il est lié au Red Star au début
04:58des années 80.
05:00J'avais une dizaine d'années
05:02et je venais avec mon père ici.
05:04On préférait venir ici
05:06qu'au Parc des Princes, c'était plus simple.
05:08J'ai des souvenirs formidables
05:10qui sont peut-être même
05:12les premiers souvenirs liés au foot.
05:14Quand on arrivait à Porte de Clignancourt,
05:16on voyait la fumée des merguez
05:18qui commençait à monter
05:20au niveau des puces.
05:22On cherchait une place.
05:24C'était jamais facile de trouver une place ici.
05:28Dans la tribune Peusage,
05:30il y avait une tribune debout.
05:32Ce sont des souvenirs liés
05:34à l'achat d'un sandwich,
05:36d'être à côté de gens qu'on ne connaissait pas.
05:38Ici, c'était un public très chambreur
05:40qui aimait bien interpeller les joueurs.
05:42Cette ambiance populaire
05:44me plaisait totalement.
05:54Je me souviens surtout
05:56de cette capacité qu'on avait
05:58à retrouver sur le parking
06:00par le plus grand des hasards
06:02les joueurs, les coachs, ceux du Red Star,
06:04ceux des équipes adverses.
06:06C'est formidable.
06:08Tout se mélange.
06:10Tout prenait forme à mes yeux.
06:12C'est exactement ça,
06:14le foot que j'aime.
06:26Je suis venu pour la première fois
06:28voir un match du Red Star
06:30en 1986 ou 1987.
06:32J'avais 9 ou 10 ans.
06:34C'était un match de division 2 à l'époque
06:36entre le Red Star et Saint-Etienne.
06:38J'étais venu
06:40avec mon père qui était plutôt
06:42un supporter de Saint-Etienne.
06:44C'est une des rares fois où j'ai vu
06:46le stade complètement plein.
06:48On avait eu une espèce de coup de foudre
06:50pour le Red Star.
07:02J'habite plutôt dans l'ouest
07:04donc le Parc des Princes est plus près.
07:06On était plus conditionnés
07:08pour suivre le PSG.
07:10Mais je n'ai jamais senti au PSG
07:12l'âme ou même la moitié de l'âme
07:14qu'il y a ici.
07:16Mon père qui aimait bien les gloires
07:18un peu déchues, c'était assez vite identifié
07:20au Red Star qui était encore plus que Saint-Etienne.
07:22Une ancienne gloire
07:24avec toutes ces Coupes de France,
07:26toutes ces années en division 1
07:28qui se débattait dans les bas fonds
07:30de la division 2, ça avait un côté
07:32assez attachant à l'époque.
07:40Mon père et moi, je pense sans exagérer
07:43qu'on a dû voir ensemble
07:45je dirais comme ça
07:47300-350 matchs.
07:49Effectivement, il y avait le match du Red Star
07:51toutes les semaines ou en tout cas une fois
07:53toutes les deux semaines ici qui permettait
07:55de se retrouver. J'avais une grand-mère
07:57qui était l'antithèse de tout ce qu'on peut voir
07:59ici à Boer, qui était venue
08:01pour comprendre pourquoi moi
08:03j'aimais tant venir ici.
08:05J'ai beaucoup de souvenirs ici.
08:12Mon fils, il connaît ce refrain par cœur
08:14« Flics arbitres ou militaires, qu'est-ce qu'on ferait pas pour un salaire ? »
08:17Ce qui n'est effectivement pas une chanson
08:19qu'on chante beaucoup dans l'ouest parisien.
08:21Quand vous êtes gamin et
08:23vous venez des quartiers populaires
08:25ou des logements insalubres ou des cités
08:27à téléfoot ou à Stade 2
08:29vous voyez Red Star, Saint-Ouen
08:31vous entendez Saint-Ouen
08:33c'est une reconnaissance.
08:35Il y avait deux ou trois grands du quartier
08:37qui pouvaient jouer en équipe pro
08:39c'était une fierté.
08:43C'était un des rares endroits
08:45où on pouvait se retrouver
08:47quelque soit dans un quartier
08:49quelque soit notre statut social
08:51quelque soit nos moyens
08:53quelque soit nos orientations culturelles
08:55c'est l'endroit où on se retrouvait
08:57là-bas
08:59avec les enfants
09:01les potes
09:03mon fils
09:05a joué à Red Star
09:07pendant plus de dix ans
09:09c'est notre vie
09:11c'est consubstantiel à notre vie, Red Star.
09:13Saint-Ouen, si vous voulez
09:15à l'époque c'était un village
09:17tout ça c'était vraiment
09:19Saint-Ouen village
09:21on peut appeler ça Saint-Ouen village
09:23j'habitais dans la rue Mille-Cordon
09:25au 16 rue Mille-Cordon
09:27à l'époque c'était les bidonvilles
09:29c'était les cabanes faites de tôle
09:31des choses comme ça
09:33le souvenir des bidonvilles
09:35c'est un très beau souvenir
09:37c'était ma jeunesse
09:39et ma vie
09:41c'était ma vie
09:43c'était ma vie
09:45c'était ma jeunesse
09:47mon père avait des animaux
09:49on avait une chèvre
09:51des boucs
09:53des animaux
09:55c'était un peu comme une ferme
09:57quand j'allais à l'école
09:59les vaches
10:01les chèvres
10:03les boucs
10:05me suivaient à l'école
10:07une année j'ai été voir
10:09le maire de Saint-Ouen
10:11pour lui demander
10:13si je pouvais laisser
10:15ma chèvre et mes petits boucs
10:17à la mairie
10:19et que je les récupère
10:21en sortant de l'école à 4h
10:23et ça m'avait été accordé
10:25et ça c'est un souvenir de gosse
10:27qui est gravé
10:29j'étais tout gamin
10:31j'avais pas le choix
10:33sinon je pouvais pas aller à l'école
10:35effectivement la famille Terbesche
10:37a du sang red star
10:39et en aura toujours
10:41on est venu en tant que spectateur
10:43et en tant que joueur
10:49à l'époque
10:51il y avait 2 clubs
10:53il existait
10:55le red star
10:57et l'Alstom
10:59la SSA
11:01nous étions issus de l'Alstom
11:03la SSA
11:05on était un peu le réservoir du red star
11:11dans les années 60
11:13il y a eu un grand rassemblement
11:15pour le désarmement atomique
11:17le mouvement de la paix
11:19et moi je me souviens
11:21mes parents étaient gardiens
11:23de la mairie de Saint-Ouen à l'époque
11:25et il y avait plein de gens
11:27devant la mairie
11:29qui allaient venir en défilé jusqu'au stade
11:31et mon père m'a pris par la main
11:33je devais avoir 7-8 ans à l'époque
11:35et quelqu'un avait oublié
11:37une petite colombe de Picasso
11:39plantée sur un bâton
11:41et donc moi je suis allé jusqu'au stade
11:43avec cette colombe et ce bâton
11:45dans les mains
11:47donc voilà oui
11:49il y avait énormément de monde
11:51je sais que tout ça
11:53toute la club
11:55était noire de bande
11:59d'abord je suis né à la Porte Boucher
12:01qui est juste à côté
12:03à la chambre de mes parents
12:05je voyais les pylônes du stade
12:07nous les membres de la Porte Boucher
12:09parisiens
12:11on voyait Saint-Ouen
12:13il y avait les terrains vagues
12:15ça a été un bonheur ça d'avoir les terrains vagues
12:17c'était nos champs à nous
12:19pour nous Saint-Ouen
12:21c'est un peu l'Amérique
12:23parce qu'il y avait l'industrie
12:25qui tournait à fond
12:27il y avait les unes Citroën
12:29que je voyais de l'autre côté des terrains vagues
12:31et donc
12:33il y avait tout à Saint-Ouen
12:35il y avait tout
12:37il y avait un maire
12:39qui était extraordinaire
12:41monsieur Lefort
12:43que même
12:45les gens de droite votaient pour lui
12:47première ville de France
12:49à élire un maire ouvrier
12:51Saint-Ouen est vite acquise
12:53aux idéaux socialistes
12:55puis communistes
12:57le résistant Fernand Lefort
12:59le résistant Fernand Lefort
13:01gagne la mairie en 1945
13:03la nouvelle municipalité
13:05tente de remédier au ravage de la guerre
13:07et de la pauvreté
13:11la ville compte
13:13jusqu'à 80% d'ouvriers
13:15elle favorise l'implantation
13:17d'usines fortement imposées
13:19par les taxes professionnelles
13:25cette manne financière
13:27a développé une politique sociale très active
13:29en faveur du 3ème âge
13:33de s'offrir 12 centres
13:35de vacances
13:37des voyages à Amsterdam
13:39ou à Londres
13:41pour les lauréats du certificat d'études
13:43ou du brevet des collèges
13:45et l'année est rythmée par les matchs
13:47meetings et fêtes célébrées au stade municipal
13:57la ville de Amsterdam
13:59est la plus grande ville de l'Ouest
14:01avec plus d'un milliard d'habitants
14:03et plus d'un milliard d'habitants
14:05plus d'un milliard d'habitants
14:07plus d'un milliard d'habitants
14:09plus d'un milliard d'habitants
14:11plus d'un milliard d'habitants
14:13plus d'un milliard d'habitants
14:15plus d'un milliard d'habitants
14:17plus d'un milliard d'habitants
14:19plus d'un milliard d'habitants
14:21plus d'un milliard d'habitants
14:23plus d'un milliard d'habitants
14:25plus d'un milliard d'habitants
14:27plus d'un milliard d'habitants
14:29plus d'un milliard d'habitants
14:31plus d'un milliard d'habitants
14:33plus d'un milliard d'habitants
14:35plus d'un milliard d'habitants
14:37plus d'un milliard d'habitants
14:39plus d'un milliard d'habitants
14:41plus d'un milliard d'habitants
14:43plus d'un milliard d'habitants
14:45plus d'un milliard d'habitants
14:47plus d'un milliard d'habitants
14:49plus d'un milliard d'habitants
14:51plus d'un milliard d'habitants
14:53civilisés, entre guillemets, vous voyez ce que je veux dire ?
14:56Et on était tous fiers de ça, quand même.
14:59Franchement, on était fiers de ça, on était heureux,
15:01mais on était fiers de ça.
15:06Le Red Star participe à sa façon au communisme municipal
15:10en affrontant les villes jumelées avec Saint-Ouen,
15:13en accueillant le Stalingrad Tractor ou le Dynamo de Moscou.
15:17Pour la montée en Ligue 1 en 1965, l'équipe est portée en triomphe
15:25dans toute la ville.
15:33Moi, mon premier match pro, c'était la Coupe d'Europe.
15:40Un an avant la Coupe d'Europe, je m'entraînais avec mes copains
15:43sur la place des Maronniers à Izuli, avec un ballon en caoutchouc.
15:47C'est arrivé comme ça, un peu bizarre.
15:50Je suis rentré sur le stade, au Danemark, à Russe.
15:53Je suis rentré sur le stade comme quand je rentrais sur le terrain
15:56de foot à Izuli, sans pression, sans rien du tout, sans me casser la tête.
16:00Je ne sais pas, la mentalité qu'on avait à ce moment-là.
16:03On n'était pas pressé, rien du tout.
16:05Je suis rentré comme ça.
16:07Après, en huit jours, tout le monde connaissait mon nom.
16:12Tous les journaux.
16:14Donc, j'ai fait la Coupe d'Europe à 19 ans.
16:16Je ne sais pas si je pourrais être encore un des plus jeunes,
16:18sinon le plus jeune.
16:20On nous appelait les kamikazes, au début.
16:23Ce qu'il y a, c'est que les défenses, quand un défenseur était battu,
16:27lui, il ne revenait pas.
16:28On faisait du tête-à-tête avec les attaquants.
16:31Donc, on sortait la tête en avant et les mains en avant,
16:34dans les pieds des attaquants.
16:38C'est pour ça que c'était un peu comme les kamikazes japonais
16:41qui arrivaient sur les navires américains.
16:44Donc, ça m'est arrivé de casser le tibia avec ma tête à un attaquant.
16:49Puis, j'ai eu six points de souture sur le front.
16:54Recosus à froid, en plus, comme ça, sur la table en bas.
17:02J'ai eu la chance de croiser Robert Herbin à mes débuts.
17:04On peut même dire que c'est lui qui m'a lancé.
17:06J'étais au centre de formation à l'époque.
17:08Et donc, il avait un œil aussi sur tout ce qui était équipe jeune.
17:13Donc, quand j'arrive dans ce groupe, je suis très intimidé.
17:17Safet Suzik, pour moi, c'était la star du PSG.
17:19Donc, me retrouver comme ça, propulsé dans un vestiaire
17:22où il y a Safet Suzik, où le coach, c'est Robert Herbin.
17:25Moi, j'étais tout petit dans mon coin.
17:26Je regardais, j'apprenais.
17:28C'était très, très intimidant pour moi.
17:30D'autant que j'étais tout seul, sans mes potes, sans mes repères.
17:32Je passais mon temps à regarder, à observer ce qu'ils faisaient,
17:35comment ils se comportaient.
17:37Et donc, c'était des exemples pour moi.
17:39Donc, c'est un peu grâce à ça aussi que j'ai pu, à mon avis,
17:44faire cette carrière-là, parce que je me suis inspiré de ces joueurs-là.
17:47Et puis, on avait une très belle génération.
17:52C'était les années moissons.
17:53Oui, c'est ça, parce qu'on avait longuement sommé et on était patient.
17:59On a dû sortir 30 à 35 joueurs qui ont joué en première division,
18:04soit en France, soit à l'étranger.
18:06La belle équipe du Red Star, c'était Marley, Timothée, Boutal,
18:12Samuel Michel, qui a été un attaquant à cette époque-là aussi.
18:14Il y avait 4-5 joueurs offensifs vraiment de grande qualité.
18:18C'était l'époque, je crois, de Robert Herbin, comme entraîneur du Red Star.
18:22Donc, c'est le moment où le Red Star a été le plus proche de retrouver la division 1.
18:29Ça ne s'est vraiment pas joué à grand-chose.
18:32Et puis, après, à partir du moment où ils ont laissé passer le coche,
18:37ils ont entamé une descente un petit peu en enfer à la fin des années 90.
18:42C'étaient trois jeunes révélateurs de ce qu'était cette équipe,
18:47de joueurs virevoltants, capables de marquer des buts.
18:51Ce côté très offensif, pas toujours académique, tout pour l'attaque.
18:55On pouvait voir des 5-4 ici régulièrement.
18:58C'est-à-dire que ça attaquait autant que ça défendait mal.
19:00Et ce n'était jamais très grave.
19:02Je me souviens, derrière le but, il y avait un banc sur lequel prenait place Jean-Claude Bras.
19:06Et on le voyait passer avec son cigario par tous les états.
19:09Et après le match, on s'est dit que ce n'était pas grave.
19:11On a perdu 5-4, mais on a montré une belle image au public.
19:15On avait chacun nos caractéristiques.
19:18Moi, j'étais le jeune un peu fougueux, foufou qui arrivait du centre de formation, qui courait partout.
19:24Didier et Timothée, c'était plutôt le buteur élégant.
19:28Et Samuel Boutal, c'était le besogneux.
19:30C'est le mec l'attaquant, mais qui allait quand même tacler dans sa surface.
19:34Donc, on était tous les trois complémentaires.
19:36Cette période-là était assez exceptionnelle, puisqu'on s'entendait très, très bien.
19:39Moi, Didier, il est venu il n'y a pas si longtemps et il va revenir au club.
19:43Didier, on était voisins de palier, donc on avait nos portes ouvertes.
19:48Et aussi, ce qu'on faisait en dehors, on s'entendait très bien.
19:52Et ça se ressentait, ça se voyait sur le terrain.
19:55En bref, maintenant, quelques informations concernant l'actualité de la Seine-Saint-Denis
19:59et d'abord, les excellents résultats en ce début de saison du Red Star 93.
20:03Le match disputé et gagné à domicile contre l'Olympique de Marseille
20:07le 10 septembre dernier a attiré un public nombreux et enthousiaste.
20:17Un souvenir totalement dingue, comme on en a quelques-uns dans une carrière journalistique.
20:22D'un soir où on se dit, rien n'est normal.
20:26On était dehors à patienter avec 100 ou 200 personnes qui ne pouvaient pas rentrer
20:30parce qu'il n'y avait plus aucune place dans le stade.
20:33Et donc, au bout de 15-20 minutes, un responsable de la sécurité
20:36est venu nous placer dans la butte qui est là-bas, donc au niveau de l'immeuble.
20:40Très vite, il y a 8-10 000 spectateurs à Beauvoir qui est le record de la saison.
20:45Et parmi ces spectateurs-là, bien sûr, des supporters parisiens
20:49qui sont venus provoquer les supporters marseillais
20:53qui, eux, sont venus supporter leur équipe.
20:56Ils étaient déjà là en face, les supporters visiteurs.
21:08Il y avait eu lors de ce match Red Star OM une bagarre.
21:12Il y avait eu des jets de pierre, je crois.
21:14Et on sentait une tension assez importante
21:17et surtout, on sentait que le malheureux Red Star,
21:20qui était habitué à gérer un public de bon père de famille, entre guillemets,
21:26était complètement désorganisé par rapport à cet afflux de supporters.
21:32On se retrouve avec des gens partout.
21:34Je me souviens qu'il y avait des gens, il y avait un tableau d'affichage derrière.
21:38Il devait être là, le tableau d'affichage, au pied de l'immeuble.
21:40Des gens qui ont pris place sur le tableau d'affichage,
21:42des gens qui prennent place sur les grilles.
21:44Et puis un afflux de gens dans toutes les rues adjacentes.
21:46La sécurité est totalement débordée.
21:48Et du coup, les supporters marseillais qui arrivent de partout,
21:51réussissent à forcer la sécurité, débarquent dans la tribune de presse.
21:56À l'époque, il y avait un petit escalier tout rouillé.
21:58Je ne sais même pas s'il n'était pas en colis maçon.
22:00Et ils arrivent derrière les reporters radio et les journalistes.
22:04Ils se mettent là comme ça et ils écoutent tout le commentaire du match avec une pression.
22:07Et alors commenter un match avec des supporters dans le dos, c'est ce qu'il y a de pire.
22:11Et ça a été un match assez chaud.
22:15On avait peur que ça dégénère à tout moment jusqu'à une sorte de basculement
22:19dans l'alliège général quand le Red Star, Petit, etc.
22:22tape le Grand Marseille sous les yeux de supporters du Paris Saint-Germain
22:26venus chambrer ceux de Marseille.
22:28Tous les ingrédients étaient là.
22:29Ce qui nous avait beaucoup surpris, c'était qu'une très, très grande majorité
22:35du public était en fait pour l'OM, était venue voir l'OM et était pour l'OM.
22:39Alors que pour nous, l'OM de l'époque, évidemment,
22:44l'OM de tapis incarnait des valeurs qui n'avaient pas grand chose à voir
22:47avec celles du Red Star et avec celles de Saint-Ouen.
23:13Saint-Ouen, Saint-Ouen, Saint-Ouen, Saint-Ouen, Saint-Ouen, Saint-Ouen, Saint-Ouen, Saint-Ouen, Saint-Ouen, Saint-Ouen, Saint-Ouen, Saint-Ouen, Saint-Ouen.
23:29Ça fait, ouais depuis 63 ans que je suis à Saint-Ouen.
23:32Au début, il y avait Angel Jara qui jouait là, qui habitait dans le lieu Saint-Ouen.
23:38C'est à peu près tout, après, il y a eu Monin.
23:40Carlos Monin, qui était défenseur, avait cassé la jambe de Dinalo.
23:44C'était le match contre l'Olympique lyonnais.
23:47Et il se trouve que Carlos Monin, il habitait aux Rues du Moutier
23:50où j'habitais, au Vieux-Saint-Ouen.
23:52Et moi, je me souviens toujours, d'abord, le bruit, j'avais entendu le crac.
23:56Je vous assure, l'action s'était passée dans le rond central,
23:58mais on avait bien entendu que la jambe de Dinalo était mal partie.
24:03Et moi, je me souviens de Carlos Monin, dans la rue,
24:08les jours qui ont suivi, mais il était en deuil, le mec.
24:11C'était terrible à voir, j'avais pitié pour lui.
24:16Les gens travaillaient souvent dans les boîtes de la ville.
24:19Là, c'était un peu pareil pour le Restart, à l'époque,
24:21parce qu'il y avait des joueurs qui vivaient à Saint-Ouen.
24:25Pas tous, mais il y en avait, il y en avait pas mal.
24:27Aujourd'hui, je ne crois pas que ce soit le cas.
24:32Dans tous les quartiers, il y avait des gars de l'Alstom.
24:35Les gens habitaient Saint-Ouen.
24:36C'est une chose qui n'existe plus aujourd'hui.
24:39Donc, il y avait ce lien entre le monde ouvrier et la ville.
24:45Ça, c'est vrai, ça.
24:50Quand je venais au match ici, il y avait une buvette pas loin.
24:54Organisée, c'était pas le Restart, mais c'était tenu par des bénévoles,
24:57des supporters, des gens, même des bénévoles, au sens large.
25:01Et moi, il y avait des gars de Citroën, il y avait des gars d'Alstom,
25:06de la SNCF, il y en avait...
25:07Vous voyez, c'était vraiment un club, on peut dire,
25:10avec un public très populaire et ouvrier à l'époque.
25:14Ce côté populaire, on l'a gagné en venant ici, en s'installant à Saint-Ouen.
25:20Donc, le lien, c'est un peu dans l'ADN du club.
25:24Les valeurs de cette ville sont les valeurs du club.
25:28Et pas l'inverse, puisque c'est nous qui sommes arrivés ici.
25:31Le club est là depuis plus de 100 ans.
25:33Et depuis plus de 100 ans, on a toujours gardé ces valeurs,
25:38ce côté populaire, ces supporters qui viennent nous voir.
25:42Puisque quand on regarde les archives,
25:43il y a toujours eu du monde dans les tribunes, en fait.
26:02Au moment où il a créé le Red Star,
26:04Jules Rimet avait également créé une section littéraire,
26:07ce qui est aujourd'hui complètement méconnu
26:09et ce qui apparaît complètement anachronique,
26:13finalement, un peu dans le monde actuel.
26:15Donc, il y avait vraiment cette idée de former,
26:17évidemment, des footballeurs, des sportifs,
26:18mais aussi des individus qui, grâce au sport,
26:21pouvaient avoir accès, finalement, à d'autres choses, en fait.
26:25Quand on construit un club sur des valeurs comme ça,
26:29je vais te parler comme aujourd'hui, on peut se la raconter.
26:31On peut vraiment se la raconter.
26:33Jules Rimet, je le connaissais comme tout le monde,
26:35comme créateur de la Coupe du Monde.
26:39Et puis, finalement, c'est au fil des années
26:45qu'on a plus eu cet intérêt pour le Jules Rimet,
26:50président du Red Star.
26:51Et c'est notamment avec un de mes amis, Renaud Leblond,
26:55qu'on a conçu cette idée de prix Jules Rimet,
26:58qui récompense tous les ans un ouvrage
27:00de littérature sportive.
27:03Pour sa première édition, le prix Jules Rimet a été remis
27:05à Paul Fournel pour son roman Anctile tout seul.
27:08Le prix Jules Rimet se propose de réconcilier chaque année
27:10sport et littérature et de favoriser la pratique
27:13de la lecture dans les quartiers populaires.
27:1511 personnalités, dont Raymond Domenech et Yannick Noa,
27:17composaient le jury.
27:19C'était l'idée de Jules Rimet au départ.
27:21Le sport n'était qu'un moyen pour essayer
27:26de déveiller les jeunes à autre chose.
27:30Et je crois que ça, c'était le plus important.
27:32Dans ce prix, c'est ça qui compte.
27:33C'est derrière, il y a quoi ?
27:36Il y a cette opération qui permet à des gamins
27:38de s'éveiller, de vivre autre chose et de découvrir,
27:42en fait, qu'ils sont capables d'avoir des idées,
27:45capables de les mettre en place, capables...
27:47Pas plus.
27:48Le foot, vous ne serez pas tous footballeurs professionnels,
27:50mais vous serez des hommes.
27:51Et vous serez des hommes.
27:53A toujours été présent que l'idée que c'était plus
27:57qu'un club de foot et qu'une histoire de 95 minutes sur un terrain.
28:01C'était un peu plus que ça, quoi.
28:07Le monde du football est un monde un peu clos,
28:09qui se suffit à lui-même.
28:12Et la découverte de perspectives collectives à construire ensemble,
28:18parallèle au football, dans des oeuvres artistiques
28:22comme la danse, comme un tournage de cinéma,
28:25comme... C'est du collectif.
28:27Il faut savoir construire une équipe à tous les niveaux
28:29de nos expressions pour que ça réussisse à la fin.
28:33L'Ouest Salab vient être, formellement,
28:38l'incarnation de la pensée de Jules Rimet.
28:42C'est des exemples de petits ateliers qu'on met en place.
28:45On se dit que si on met une petite graine dans chaque esprit
28:49et que peut-être on pourrait faire naître quelques vocations,
28:53alors peut-être qu'on aura un Mbappé demain,
28:56mais je ne sais pas, si on arrive à avoir un nouveau David Guetta,
29:00un nouveau Christian Dior, un nouveau Paul Bocuse, pourquoi pas ?
29:05C'est un atelier, une plateforme pour les jeunes du club
29:10où ils peuvent, pendant leurs vacances,
29:12toucher à différentes choses.
29:13Donc là, le thème, c'est la nourriture.
29:15Tournesol ! Tournesol ! Tournesol !
29:19Le volet du cuivre !
29:21Ouh là ! Allez, il est trop parti sur le côté !
29:24J'en ai préparé le chocolat.
29:27J'en ai déjà mangé un peu.
29:28Ça reste un secret.
29:30Je vous prenne goût, on a fait deux, trois ateliers.
29:32Aujourd'hui, on fait un gros gâteau.
29:35Voilà, et les petits qui sont derrière, là, ils servent bien.
29:41Mais vous savez, ici, on a fait un atelier littérature
29:43il n'y a pas longtemps, il y a deux ans,
29:45où la première journée, pas un mot n'est sorti de la bouche des enfants.
29:50Pas un mot.
29:53Et l'atelier, ça dure 7-8 jours.
29:55Et ce qu'ils en ont sorti au bout de 7-8 jours,
29:57ce sont des poèmes,
30:00des proses de la cité, je ne sais pas comment vous dire,
30:03mais une expression à travers leurs émotions, leur enfance,
30:05leur vécu, à travers des cages d'escalier, à travers la cour,
30:08à travers le ballon volé à droite pour jouer, etc.
30:13La femme pleure, le mariage force, la tristesse m'envahit,
30:17les chênes lient, le travail blesse, parce que j'ai jamais vu la neige,
30:22le vœu l'enchaîne, le village me manque.
30:28À la fin, il est sorti, mais...
30:31une richesse d'expressions littéraires,
30:36mais parce que l'imaginaire est lié, ils en ont un énorme imaginaire.
30:40Il y a de la pudeur, de la timidité, du complexe à s'exprimer à travers tout ça.
30:46Quand on leur donne la possibilité de le faire,
30:48ils n'ont rien à envier à personne.
30:50Et je pense que, pour nos licenciés,
30:57on fera en sorte qu'ils lisent beaucoup.
31:00Parce qu'il faut qu'ils aient un imaginaire magnifique.
31:04C'est une expérience, c'est une expérience.
31:06Il faut qu'ils aient un imaginaire magnifique.
31:08C'est une excellente question de se demander si un joueur plus cultivé jouera mieux au football.
31:13Je ne sais pas si il jouera mieux au football, mais il sera mieux dans sa tête.
31:16Et donc, normalement, ça devrait l'aider pour le football dans les périodes de doute.
31:19Il sera plus équilibré, il sera plus fort.
31:21Il sera plus équipé intellectuellement.
31:24Ça lui donnera plus de force.
31:26Et globalement, ça devrait avoir une incidence sur le football.
31:29Et je pense que ce club est capable quand même d'apporter des clés, des billes, des éléments.
31:36Et c'était donc l'événement sportif de la semaine à l'Est de Paris,
31:39au Stade de France, devant plus de 50 000 personnes.
31:42Le Red Star 93 recevait l'Olympique de Marseille.
31:45Il s'agissait des 32e de finale de la Coupe de France.
31:48Le club de Seine-Saint-Denis évolue, vous le savez, en national.
31:52L'OM, lui, de son côté, s'est rendu à l'Olympique de Marseille.
31:55Il s'agissait des 32e de finale de la Coupe de France.
31:58Le club de Seine-Saint-Denis évolue, vous le savez, en national.
32:01L'OM, lui, de son côté, s'est rendu à l'Olympique de Marseille.
32:05Une victoire du Red Star, on espère.
32:08Mais je pense que ça va être compliqué.
32:11Si on arrive à mettre un petit but à la fin du match,
32:14ça serait assez chouette.
32:1793-0 pour le Red Star.
32:20Je pense qu'il y aura un petit bien pour le Red Star.
32:23Un but de Steve Marley, j'espère.
32:26Un but de Malphurie.
32:29Moi je vais marquer la finale.
32:32On va gagner 2-1.
32:35Allez Red Star !
32:41En seconde période, le Red Star se procure quelques occasions.
32:44Mais Steve Marley et Ludovic Fardin échouent face à Mandanda.
32:47Vincent Ducanti, l'entraîneur odonien, fait des changements.
32:50Steve Marley, blessé, sort sous les applaudissements des 50 000 spectateurs.
32:53L'OM, de son côté, ne change rien.
32:56Benoît Chérou inscrit un 4e but, suivi d'un 5e.
32:59Signé Jordan Ayou, à la grande joie d'un stade de France
33:02au très fort accent marseillais.
33:05Vous vous êtes surpris ou pas ?
33:08Non, je les avais suivis sur 2-3 matchs.
33:11Je savais ce qu'ils avaient fait à l'Orient en match amical aussi.
33:14Mais ils pensaient déjà à nous.
33:17Après, s'ils sont capables de refaire des matchs comme ils ont fait contre nous,
33:20je ne pense pas qu'ils auront de soucis pour se maintenir en national.
33:23Tous les jeunes disent la même chose.
33:26Les jeunes joueurs disent que c'est le club mythique de la banlieue parisienne,
33:29c'est le club de la banlieue,
33:32c'est une fierté, c'est un aboutissement.
33:35Mais je ne crois pas que ce soit des mots en l'air.
33:38Moi, je connais des copains à Aubervilliers, à Noisy,
33:41qui sont des bons clubs, qui ont été en 3e division, etc.
33:44Ils disent, nous, nos meilleurs joueurs, on leur disait, allez au Red Star,
33:47allez là-bas, parce que c'est là-bas que vous allez être vus.
33:50C'est une sorte d'antichambre professionnelle.
33:54J'ai une expression par rapport à ça.
33:57J'essaie de la schématiser, mais c'est la Silicon Valley du football.
34:00C'est effectivement une richesse absolue en ressources créatives, je dirais.
34:06J'avais une expression, d'ailleurs.
34:09Il suffit de mettre un coup de pied dans un HLM,
34:12il y a 5 magnifiques joueurs qui en tombent.
34:15Et c'est vrai.
34:18D'ailleurs, parce qu'ils ont envie de s'en sortir,
34:21et puis parce que c'est des costauds, ils sont bons.
34:24Chaque match que l'on joue, même en national,
34:27où il y a énormément, énormément, énormément de scouts
34:30qui viennent regarder, d'équipes étrangères, etc.,
34:33on sort toujours un état d'esprit particulier,
34:36quelques joueurs particuliers,
34:39mais ça sera d'autant plus fort
34:42le jour où on aura notre centre de formation
34:45et nos jeunes qui gravissent les échelons
34:48et qui représentent l'équipe première.
34:51Ce qu'il nous faut, c'est un stade, un centre de formation,
34:54un centre d'entraînement, c'est ça qui fait qu'un club dure.
35:04D'abord géré par le club, le Stade de Paris
35:07est racheté par la municipalité en 1929.
35:10Commence alors un long match de ping-pong
35:13entre les intérêts de la mairie et les ambitions du club.
35:17Au stade, on fera souvent les frais.
35:20La relation mairie-municipalité-Red Star
35:23a toujours été particulière,
35:26ça a toujours été « je t'aime, moi non plus ».
35:29La vision politique, c'était qu'il fallait tout centraliser.
35:32Et à partir du moment où on voyait qu'il y avait une émergence
35:35d'un contre-pouvoir, qu'il soit culturel ou sportif,
35:38ça pouvait porter atteinte. C'est la raison pour laquelle
35:41le Red Star a toujours été freiné dans son ascension.
35:44En 1948, le maire Fernand Lefort lance un projet de stade
35:47à 35 000 spectateurs,
35:50immédiatement bloqué par la préfecture.
35:53Premier échec.
35:56En 1973, son premier adjoint, Paul Sanchez,
35:59devenu président du Red Star, achète à coups de millions
36:02des vedettes en fin de carrière, Magnussen, Combin, Dinalo.
36:07Paul Sanchez construit une nouvelle tribune de 7 000 places
36:10et imagine un stade pharaonique.
36:13Mais l'adjoint au sport, Lucien Belloni, s'empresse
36:16de torpiller le projet en érigeant l'immeuble qui sera appelé
36:19la quatrième tribune. Deuxième échec.
36:22En 1978, le club, ruiné, est mis en liquidation.
36:25« Fini le joujou à Sanchez », dira Paulette Faust,
36:28la nouvelle maire. Le Red Star, rétrogradé
36:31et repris par Jean-Claude Bras et quelques fidèles,
36:34va remonter de quatre divisions en quatre ans.
36:37Et donc avec ça, on a rebâti l'équipe Fagnon.
36:41L'équipe était composée de copains, des potes.
36:44On se côtoyait, on se voyait tous les jours.
36:47Beaucoup d'Odoniens, puisque c'était Saint-Ouen.
37:05En 1996, Jean-Claude Bras et les supporters réclament
37:09un stade digne de la Ligue 2.
37:12Se posait depuis un moment la question de la rénovation
37:15du stade Bauer. Et donc, au final de nos réflexions,
37:18ça a donné cette grande campagne, si j'étais à la place du maire,
37:21avec deux grandes parties de discussion.
37:24Un, plus général, parce qu'on ne va pas dire aux gens
37:27qu'on va parler que du stade Bauer ou du Red Star,
37:30parce qu'il y a franchement, à Saint-Ouen,
37:33il y a des gens qui s'en foutent.
37:36Parler très clairement, et puis surtout parce que
37:39ce n'est pas les préoccupations du quotidien non plus.
37:42Tout le monde comprend ça. Donc on avait séquencé
37:45en deux parties les problèmes généraux et la rénovation du stade.
37:58C'est une ville ouvrière, mais en même temps,
38:01c'est un petit village aussi.
38:04Au départ, je ne voulais pas rester dans cette ville
38:07parce que je la trouvais très triste et très sale.
38:10Et puis, depuis, je m'y suis attaché
38:13parce qu'il y a une âme à Saint-Ouen.
38:16C'est un petit peu une ville, effectivement,
38:19qui fait très bloc de l'Est par sa présentation,
38:22par son... un peu figé.
38:29Les 5 premières années, il n'y avait jamais de bagarre,
38:32par exemple, dans la rue devant mon entreprise.
38:35Là, il y a quelques mois, les gens se battaient avec un sabre.
38:38Bon, vous voyez tout de même, alors ils s'enfuient en voiture,
38:41en roulant sur le trottoir pour pouvoir se dégager,
38:44mais sur le trottoir, alors ça devient le Far West.
38:52Saint-Ouen, dans 10 ans, il y aura des pistolets partout.
38:55Déjà, là, il y en a beaucoup qui circulent ici, là.
38:58Et dans 10 ans, ça sera pire.
39:01...
39:04...
39:07...
39:10...
39:13Le resta, moi, je le connais depuis que je suis tout petit.
39:16Les gens de génération antérieure le connaissent bien avant moi
39:19puisqu'il date des années 1900.
39:22Et ça représente quand même
39:25quelque chose d'important pour Saint-Ouen.
39:28Donc le resta, il ne faut pas le supprimer à Saint-Ouen.
39:31Je suis en admiration devant cette équipe
39:34que j'aimais bien leur façon de jouer
39:37et que peut-être si on rénovait le stade pour eux
39:40et qu'on leur offrait un nouveau terrain,
39:43ça les motiverait pour qu'ils puissent monter en première division.
39:46Et je voulais leur dire bonne chance.
39:49Toutes ces industries qui ont disparu
39:52font que la Seine-Saint-Denis,
39:55Saint-Ouen et Saint-Denis sont quand même un peu déboussolés.
39:58Et faire un pôle sportif
40:01avec le grand stade comme attrait principal
40:04et puis qu'il y ait des stades satellites autour,
40:07je pense que ça peut peut-être donner à la Seine-Saint-Denis
40:10une image un peu plus reluisante que celle qu'elle a aujourd'hui.
40:13...
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42:44Après un premier exile à Paris,
42:47le club monte de nouveau en Ligue 2
42:50en 2018.
42:53...
42:56...
42:59...
43:02...
43:05Quand on est monté, on connaissait notre sort, notre sort c'était d'aller ailleurs qu'ici.
43:22On ne pouvait pas, il n'était pas au nord.
43:24Et donc on a démontré qu'on était des exilés de Saint-Ouen et d'un seul coup on a compris
43:31la nécessité à ancrer autour du club la réalité des infrastructures.
43:36Comment le Red Star peut rentrer dans le système et plutôt est-ce que le Red Star a envie
43:40de rentrer dans le système ? Est-ce que le Red Star ne doit pas rester ce club qui finalement
43:44développe un état d'esprit différent, particulier, laissant la place à l'éducation, laissant
43:49la place à la culture, essayant de s'éloigner un petit peu des chemins habituels du sport
43:54professionnel ? C'est cette équation qu'il va falloir résoudre, c'est cet équilibre
43:57à trouver.
43:58Je pérennise mes infrastructures pour être de manière durable en Ligue 2 et ne pas avoir
44:05à souffrir quand je monte en Ligue 2, mais je garde mon état d'esprit originel qui
44:09est aussi un club ancré dans un département qui souffre, dans une ville qui n'est pas
44:14la ville la plus riche de France.
44:27C'est une des villes les plus politisées de France, il y a peu de villes où il y a
44:55autant d'associations politisées.
44:58Ici, à Saint-Ouent, tout le monde est politisé, tout le monde se prend pour le maire, tout
45:01le monde se prend pour l'entraîneur du Red Star, tout le monde se prend pour le président,
45:05c'est ce qui fait le charme de la ville.
45:06Hommage a été rendu à la mémoire de Rino Dellanegra, joueur du Red Star, résistant,
45:11fusillé par les nazis au Mont-Valérien, le 21 février 1944.
45:25Si on prend la dernière décennie, ça s'est structuré autour du collectif Red Star Bouaire,
45:50qui a repris, ils ont très bien fait de l'avoir fait franchement, l'histoire de Rino Dellanegra.
45:55De l'avoir popularisé, alors il y a ce côté antifaf qui donne un peu une identité
46:03au club, mais qui correspond bien à l'histoire du club finalement, et de la ville, qui correspond
46:07bien.
46:08On parle du stade Bouaire, Jean-Claude Bouaire, il était médecin à côté, trois rues blanquies.
46:14C'était un médecin communiste, il était médecin des pauvres, il a été fusillé
46:18au Mont-Valérien très tôt, en 1942 je crois.
46:21Donc il y a toute cette histoire, et moi je trouve ça génial qu'on parle de Rino Dellanegra.
46:32Ce joueur de foot qui faisait de la résistance, qui a été fusillé à 21 ou 22 ans après
46:36avoir envoyé une lettre très émouvante, c'est quelque chose de bouleversant, comme
46:42toutes les personnes qui sont tombées à cet âge-là.
46:47Je crois que dans sa lettre, il y a un passage du style « dis bonjour pour moi à tout
46:50le Red Star » ou « salut tout le Red Star ». Effectivement, quand on lit ça et qu'on
46:54sait que quelques jours après il a été fusillé, c'est bouleversant, c'est sûr.
47:00C'est le Red Star qui aujourd'hui perpétue son souvenir, et c'est une très belle image.
47:06Je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup de clubs de foot qui perpétuent le souvenir
47:09d'un footballeur résistant.
47:11Ça propulse dans l'avenir ces gens-là finalement, ces noms.
47:16C'est un destin un peu hors du commun, et ça, ça me plaît beaucoup.
47:20Ça arrive à Saint-Ouen, j'en suis très heureux.
47:46Je pense que le Red Star, sa longévité tient peut-être à son instabilité d'une certaine
47:52manière.
47:53Pourquoi on s'y attache beaucoup ? Parce que justement, on ne sait jamais trop à quoi
47:59s'attendre.
48:00C'est un club justement à émotions, c'est-à-dire que si vous prenez l'histoire du Red Star,
48:03ce n'est pas du tout linéaire.
48:04Il y a tout parfois pour faire un grand club, et ça ne marche pas.
48:10Parfois, il y a tout pour justement disparaître du paysage, et puis ça repart.
48:15Au stade de Paris, a lieu le match ukraine-Red Star.
48:19C'est la première fois qu'une équipe soviétique rencontre une formation française qui peut
48:24être qualifiée de grande équipe européenne.
48:26Bien que violent et parfois brutal, le jeu de l'équipe russe révèle l'admirable qualité
48:33de cohésion, de discipline et de compréhension.
48:37Le jeu de l'équipe russe révèle l'admirable qualité de cohésion, de discipline, d'énergie
48:41et d'adresse.
48:53Les Ukrainiens remportent la victoire par 6 buts à 1.
48:57Ne pas oublier d'où on vient, et même le Red Star, il a été grand, il a été petit,
49:10il a presque disparu, il est revenu.
49:12Donc cette histoire de résistance et de résilience est fondamentale, et de savoir que s'il y
49:16a un jour mauvais, il y aura un jour meilleur après.
49:18Et donc effectivement, il y a ce côté un peu mystérieux derrière ce club, et puis
49:22aussi ce côté qu'on retrouve dans peu de clubs, un peu phénix.
49:27C'est très très facile de dire j'arrête, très facile, tous les jours.
49:56Dire non c'est pas possible, c'est trop dur.
49:59Et puis on revient aux valeurs profondes, on revient au club, même après une défaite,
50:07on voit les jeunes licenciés, on voit l'animation du Red Star Lab, on voit les sourires, on
50:13voit cette société, micro société qui vit et qui a plein de lumière dans les yeux,
50:21on se dit on peut pas arrêter ça, c'est trop beau.
50:23On a hérité de quelque chose de trop puissant et différent de ce que nous propose le football
50:29pour abandonner ça.
50:53On y va les gars !
51:13On y va les gars !
51:39On y va les gars !