Emission spéciale « A Vos Marques » à l'occasion de la diffusion du film documentaire « Juste Hors-Normes » réalisé par Connor OWENS. En introduction Maxime Brami revient sur la génèse de ce documentaire avec ses invités avant d'évoquer la place du para sport dans la société française et son traitement dans les médias à la suite de la diffusion de ce documentaire de 26 minutes retraçant le parcours de 6 jeunes en situation de handicap qui s'entraînent jour et nuit au Centre Fédéral Handisport de Bordeaux avec un but en tête : participer aux Jeux Paralympiques de Paris en 2024.
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00:00Bonjour à toutes et bonjour à tous, ravis de vous retrouver pour ce nouveau numéro
00:18d'Avomar, votre rendez-vous 100% par Asport et comme vous le savez c'est à suivre tous
00:22les mardis à 19h sur Sport en France.
00:25Partons aujourd'hui à la découverte d'un documentaire intitulé « Juste hors normes »,
00:30il nous raconte l'histoire, le quotidien mais également les aspirations de 6 jeunes
00:34para-athlètes français et pour en parler, j'ai le plaisir de recevoir son réalisateur
00:38Connor Owens.
00:39Bonjour Connor.
00:40Bonjour, merci beaucoup.
00:41Merci d'être avec nous, vous êtes accompagné de Bastien Drobniowski, bonjour Bastien.
00:47Bonjour.
00:48Vous êtes coordinateur au centre fédéral à Bordeaux.
00:51Alexandra Nouchet, l'une des protagonistes de ce documentaire est avec nous, bonjour
00:55Alexandra.
00:56Bonjour.
00:57Vous revenez dans Avomar, vous étiez venue l'année dernière, bienvenue, et Baptiste
01:01Guyas est avec nous, bonjour Baptiste.
01:03Bonjour.
01:04Baptiste, vous êtes champion de tennis de table et vous êtes également l'un des
01:08protagonistes de ce documentaire.
01:10Il s'appelle Alexandra, Baptiste y asserre Kylian, Agathe et Mélissa au centre fédéral
01:15en e-sport de Bordeaux, ils poursuivent leur quête, le gras l'une participation aux Jeux
01:20Olympiques de Paris 2024, ensemble ils ont fait de leur handicap une force et avant
01:26de parler de ce documentaire réalisé par Connor Owens, eh bien, regardons une petite
01:31bande-annonce.
01:32Mon père, moi, il me disait, Alex, si t'es inhandicapé, c'est parce que t'es trop
01:46forte, c'est comme les chevaux de la PMU, on est obligé de leur mettre un handicap
01:50parce qu'ils sont trop forts.
01:51Le handisport, c'est quelque chose d'extraordinaire, parce que ça permet aux personnes qui ont
01:58un handicap, par exemple du jour au lendemain, de pouvoir quand même continuer le sport,
02:01après c'est dommage que ce soit pas assez médiatisé.
02:04C'est un peu une revanche sur sa vie en fait, de gagner des Jeux, de faire du sport à
02:13haut niveau malgré son handicap, je pense que c'est même plus émouvant le sport en
02:19lui en fait.
02:43C'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça, c'est ça,
02:50c'est ça, c'est ça.
03:14Et voici pour la bande annonce de ce documentaire que vous avez réalisé Connor Owens, merci
03:20encore d'être avec nous.
03:21Qu'est-ce qui vous a donné l'idée de réaliser un tel documentaire ?
03:25Je dirais que je suis passionné, voire totalement amoureux du sport depuis tout psy, et puis
03:33plus tard dans ma vie, je me suis intéressé vraiment aux inégalités dans le sport, surtout
03:37le côté médiatisation, qui m'agace un petit peu.
03:41Pourquoi ça vous agace ?
03:42Parce que j'en ai un peu marre de voir que des hommes sur les unes des journaux.
03:48Ah oui, parce qu'à la base, votre combat, ce n'est pas forcément le parrain sport,
03:53c'est plutôt l'égalité hommes-femmes.
03:55C'était ça, c'était hommes-femmes, et après, plus tard, j'ai appris à connaître
04:01le monde d'handisport, où là aussi, bien sûr, il y a une inégalité de traitement
04:05médiatique.
04:07Et je suis arrivé à un moment où, pendant le Covid, en mars 2020, je me suis dit, bon,
04:12je vais fonder ma boîte de vidéos pour, à mon niveau en tout cas, essayer d'agir.
04:18Ce n'est pas juste de rester et me plaindre.
04:20Donc, j'ai fondé ma boîte pour cette raison-là, pour le vidéo, pour faire de la production
04:25vidéo, pour le traitement d'images en fonction des handisports et du sport féminin.
04:32Et j'ai découvert qu'il y avait le Centre Fédéral Handisport.
04:35Vous connaissiez un petit peu l'univers du parasport avant de vous lancer ?
04:39Oui, oui.
04:40À ce moment-là, je le connaissais un peu.
04:41Pas autant que maintenant, ça, c'est sûr.
04:44Mais vraiment, j'avais vu le documentaire « Rising Phoenix » sur Netflix et j'ai
04:49trouvé ce documentaire exceptionnel.
04:52Et en fait, quand je l'ai vu, je me suis dit, moi, j'ai les outils, j'ai les caméras,
04:55je n'ai aucune excuse pour, même à mon niveau, agir et faire quelque chose.
04:59Donc, j'ai appelé Bastien, le Centre Fédéral Handisport.
05:04Est-ce que cet appel vous a surpris, Bastien ?
05:07Je rappelle que vous êtes le coordinateur au Centre Fédéral Handisport à Bordeaux.
05:12Exactement.
05:14Mais pas tant que ça, finalement.
05:16Mais vous ne vous connaissiez pas.
05:17On ne se connaissait pas à l'époque.
05:19On ne se connaissait pas et il y en a parlé.
05:22C'est une époque où déjà la médiatisation et l'intérêt pour le handisport, les sports
05:27paralympiques étaient croissants.
05:29On en parlait de plus en plus dans les médias.
05:32Il y a eu cette production avec Rising Phoenix sur Netflix où on est passé un peu dans
05:38une autre dimension qui retrace des parcours de paralympiens inspirants.
05:43Nous, c'était un moment, septembre 2019, on a le pôle tennis de table handisport qui
05:48s'est implanté sur la structure.
05:50Donc, on avait besoin d'apporter un souffle nouveau aussi.
05:53Et en fait, il est arrivé…
05:54Au bon moment ?
05:55Exactement.
05:56Et donc, c'est un bon moyen de mettre en avant aussi le Centre Fédéral.
06:00Qu'est-ce qu'il a de particulier ce centre ?
06:02C'est un bon moyen de mettre le Centre Fédéral, oui.
06:04Parce que le Centre Fédéral, c'est ni plus ni moins qu'un outil de la Fédération
06:07française en handisport au service des projets de performance des jeunes.
06:10Mais c'est surtout, à mon sens, un excellent moyen de mettre en lumière les parcours des
06:16jeunes athlètes, des si jeunes athlètes qu'on voit dans le reportage qui sont des
06:20parcours inspirants, atypiques.
06:23Donc, plutôt la lumière sur les athlètes que sur la structure.
06:27Quel est votre objectif, Conan, à moyen, alors court, moyen, long terme, avec ce moyen
06:34métrage ? Quel est votre objectif ?
06:38Moi, mon but, ce serait vraiment de sensibiliser les gens au handicap et au parasport parce
06:45que c'est un monde qu'encore aujourd'hui…
06:49Pas assez connu.
06:50Pas assez connu, même s'il y a d'énormes progrès.
06:53Qu'est-ce qu'il a à faire découvrir ce monde-là, selon vous, maintenant que vous
06:58le connaissez mieux et que vous pouvez en parler ?
07:00Je pense que c'est un monde absolument magique où, en fait, on a des handicaps totalement
07:04différents, une immensité de catégories qui varient et juste des histoires.
07:09Tu peux prendre n'importe quelle personne dans l'handisport et l'histoire sera extraordinaire.
07:15Moi, j'ai un passé de journaliste, donc je m'intéresse beaucoup aux histoires et
07:19les six histoires que j'ai découvertes, chacune était singulière, chacune…
07:24Pour vous, il y a plus de matière chez les athlètes parasport que chez les athlètes
07:29dits valides ?
07:30Pas forcément.
07:31Je pense que c'est différent.
07:33Jamais je ne retirerai la magie du sport valide parce que je suis juste passionné de sport
07:38en général, mais c'est quand même différent de voir les histoires en valide parce qu'il
07:43y a des histoires exceptionnelles en valide aussi, des personnes du quartier qui viennent
07:47de familles très pauvres qui réussissent dans le sport.
07:50Et après, dans l'handisport, on a l'ajout de l'handicap, de la difficulté au quotidien,
07:56etc.
07:57Moi, j'ai trouvé ça fascinant et j'ai voulu essayer en tout cas de mettre en lumière
08:01un peu ça.
08:02C'est vrai qu'on retrouve des témoignages très forts dans ce documentaire.
08:05Bastien, quelle a été l'implication de la Fédération française handisport concrètement
08:10pour la réalisation de ce documentaire ?
08:13Côté Fédération, le but du jeu pour nous, ça a été sur le choix des profils.
08:18C'est pas facile ça.
08:20C'est pas facile, non.
08:21Mais l'idée globale, c'était d'apporter une vision globale avec des filles, des garçons,
08:28des handicaps différents et comme vient de le dire Connor, surtout des histoires différentes.
08:33Là, on voit très bien dans le reportage ces multipathologies, on voit différents
08:39sports, différentes histoires, différents mots.
08:42C'est pour ça que l'exercice était compliqué dans le choix des profils.
08:48Mais finalement, tous les témoignages sont très complémentaires, je trouve.
08:51Parmi ces profils, nous avons celui d'Alexandra qui a été choisi.
08:55Vous avez accepté tout de suite, Alexandra ?
08:56Oui, tout de suite.
08:57Et pourquoi avez-vous accepté tout de suite ?
08:59Parce que ça m'a été proposé par Bastien.
09:03C'était un projet que je trouvais intéressant, d'autant plus qu'il allait avoir une certaine
09:08mixité au niveau du tournage.
09:11Il y avait des sportifs que j'appréciais aussi.
09:13Et puis, je pense que c'était une bonne opportunité pour nous de gagner en visibilité,
09:17notamment de montrer que même dans le monde de l'handi-sport, on peut faire de belles
09:20performances, on peut faire de belles choses.
09:22Et je pense que j'ai trouvé ça vachement bien que Connor puisse proposer ce genre de
09:28tournage parce que c'est vrai qu'on était dans une société où l'handi-sport n'est
09:32pas forcément démocratisé.
09:34Ça s'améliore de plus en plus et là, il faut vraiment le souligner.
09:38Mais je pense que le fait qu'il ait fait cette démarche-là, ça a pu apporter un
09:43regard autre que ce que les gens avaient auparavant.
09:46Et ça nous a tout simplement mis en valeur.
09:49La participation à un tel projet, ça implique quand même de se mettre un peu à nu, Alexandra.
09:54C'est-à-dire quand on vous entend parler, vous êtes quand même obligée de nous révéler
09:58des éléments de votre vie.
10:00C'est presque même un peu impudique parfois.
10:03Donc, il n'y a pas eu de problème pour vous à jouer ce jeu-là ?
10:06Non, du tout.
10:07La seule règle que je me suis imposée, c'était d'être tout simplement authentique.
10:11Et puis voilà, le fait de pouvoir partager notre expérience.
10:14Je pense qu'il y a pas mal de personnes qui sont en situation de handicap qui n'osent
10:17pas faire les pas.
10:18Et le fait de voir qu'il y avait différents profils tels que les nôtres qui étaient
10:23mis en avant, ça leur a permis de pouvoir tout simplement se référer et tout simplement
10:28se dire, ah oui, effectivement, il y a des personnes qui sont en situation de handicap
10:31qui vivent les mêmes quotidiens que nous, qui ont certains complexes ou non, et ils
10:35ont réussi à faire face.
10:37Je pense que c'était un beau message à faire passer.
10:40Baptiste Guillas, à vous la parole.
10:43Expliquez-moi un petit peu comment ça s'est passé devant les caméras.
10:47Ce n'est pas facile de parler devant une caméra ?
10:49C'est sûr que ce n'était pas facile, parce que moi, c'était ma première expérience
10:53comme ça, donc sur un documentaire.
10:55Mais mes connards le faisaient très bien.
10:58Ils m'ont mis super bien en confiance.
11:00Du coup, c'est devenu plutôt facile, car ce n'était plus une interview, mais plutôt
11:05une discussion pour parler avec lui.
11:08Donc, ça s'est super bien passé pour moi.
11:12Et même quand je jouais, j'arrivais à être détendu, même avec les caméras.
11:17Donc, ça s'est super bien passé.
11:19Pareil que pour Alexandra, il a fallu raconter votre histoire, il a fallu quand même se
11:24révéler un petit peu.
11:25Ça n'a posé aucun problème pour vous ?
11:28Non, pas du tout.
11:29Comme l'a dit Alexandra, il fallait être authentique et dire la vérité.
11:35Et donc, il y a plein de sportifs qui se reflètent dans nos projets.
11:41Donc, ça peut aider à plein de sportifs.
11:44Donc, il fallait dire la vérité.
11:47Bastien, quel impact pour les athlètes du fait d'être mis en valeur dans un tel documentaire ?
11:52Quel impact ? En fait, moi, je le vois presque comme un exercice, ce tournage-là.
11:57Un entraînement ?
11:58Oui, un entraînement parce que finalement, ce que propose le Centre fédéral à travers
12:04ces pôles France, c'est un tremplin vers des parcours tournés vers l'international.
12:10Tous les jeunes qu'on voit dans le reportage, comme Alexandra, soit ils sont déjà, soit
12:15commencent à rentrer sur le circuit de compétition internationale.
12:18Et ce n'est jamais évident de passer derrière les caméras, derrière les micros des journalistes,
12:25notamment sur le champ paralympique où il peut y avoir des questions déstabilisantes
12:29très personnelles, comme ça a été évoqué sur le handicap, sur l'histoire.
12:33Et donc, pour eux, ça a été un super exercice.
12:36Au-delà du reportage, ça a été vraiment très positif, je pense.
12:40Et nous, on a vu l'avant-tournage de Conor avec Justor Norme et l'après, où notamment
12:46les plus jeunes ont fait de réels progrès sur la capacité à s'exprimer.
12:50Ah d'accord.
12:51Oui, c'était un training médiatique carrément.
12:53Ce n'était pas un training médiatique, mais ça les a aidés.
12:57Si ils deviennent champions paralympiques, ils n'auront pas de mal à répondre aux questions des journalistes.
13:01Conor, vous avez organisé des projections.
13:04Quels ont été les retours ?
13:07J'étais vraiment agréablement surpris par les retours.
13:09Ils étaient tous ultra positifs.
13:11On a projeté le film dans un format de projections, puis questions-réponses avec les athlètes
13:17pour sensibiliser et faire découvrir le monde du handisport au public.
13:21On a fait une projection à la Maison Régionale des Sports de Talens.
13:24On en a fait une à Sciences Po Bordeaux.
13:27Comment ont réagi nos amis de Sciences Po Bordeaux ?
13:30Ils n'ont pas trop intellectualisé le documentaire ?
13:33Je suis un ancien de Sciences Po Bordeaux.
13:35C'est pour ça que vous aviez vos entrées ?
13:36Bien sûr.
13:37Je voulais vraiment partager ça avec mes anciens collègues de promo.
13:43Ils ont adoré parce qu'il y a une dimension sport à Sciences Po Bordeaux qui est ultra importante.
13:49Ils ont apprécié.
13:52Après, on a fait une projection aux Etats-Unis à Middlebury Collège dans une université.
13:57On a organisé un débat mouvant pour que les gens osent un peu plus parler.
14:03C'était ultra intéressant de voir les gens faire un pas en avant ou en arrière pour donner leur avis.
14:08Ils avaient tous dit qu'ils avaient vraiment découvert un monde comme ça.
14:11Alexandra, vous avez été émue par le retour des spectateurs ?
14:15Oui, j'ai surtout été émue par rapport au rendu final de la vidéo.
14:20C'est une vidéo qui parle beaucoup.
14:23Les messages sont forts.
14:24C'est plutôt pour ça que j'ai été émue.
14:28C'est vrai que les retours ont été très positifs.
14:31C'était encourageant.
14:33Ça a montré que le contenu plaît et que les gens apprécient aussi de voir l'évolution des personnes qui sont en situation de handicap.
14:43Personnellement, ça m'a motivée à avancer davantage et à être exposée encore un peu plus par rapport à ce que je pouvais faire auparavant.
14:51Baptiste, est-ce que vous avez eu des retours positifs ?
14:55Ça vous a procuré quelle émotion ?
14:58C'était motivant, notamment quand on l'a diffusé à Sciences Po Bordeaux.
15:03Il y avait beaucoup de gens.
15:05C'était super motivant qu'il y ait beaucoup de gens à venir, beaucoup de gens à poser des questions après.
15:10Ce n'étaient pas des bonnes questions.
15:12C'était intéressant.
15:14On a appris que les gens de Sciences Po posaient plutôt des bonnes questions.
15:19Oui, on apprend ça.
15:21Sur Sport en France, nous vous proposons maintenant de découvrir le documentaire juste hors norme réalisé par Connor Owens.
15:28On revient pour la deuxième partie de cette émission pour parler de la place du parasport en France.
15:41Ce qui m'énerve au plus haut point, c'est quand on nous met des limites ou quand on nous interdit de faire les choses ou encore quand on nous met des barrières.
15:51No way !
15:52Si on a envie de faire quelque chose, on le fait.
15:54C'est-à-dire que moi, quand j'étais petite, on me disait que je n'allais jamais pouvoir marcher.
15:59Aujourd'hui, je marche, je cours, je fais du vélo, j'ai nagé.
16:04Oui, c'est vrai, il m'arrive de tomber parce que pas plus tard que la semaine dernière, je suis tombée avec ma lame.
16:09Mais ça fait partie du jeu.
16:10De toute façon, l'échec n'est pas de tomber mais de rester là où on est tombé.
16:13Et à partir du moment où vous faites le choix de surmonter ça, tout va.
16:18En fait, il n'y a aucune limite, il n'y a aucune barrière à s'imposer.
16:21C'est-à-dire que oui, c'est vraiment handicapé, mais alors ?
16:40C'est quoi ce truc ?
16:41C'est quoi ce truc ?
16:42C'est quoi ce truc ?
16:43C'est quoi ce truc ?
16:44C'est quoi ce truc ?
16:45C'est quoi ce truc ?
16:46C'est quoi ce truc ?
16:47C'est quoi ce truc ?
16:48C'est quoi ce truc ?
16:49C'est quoi ce truc ?
16:50C'est quoi ce truc ?
16:51C'est quoi ce truc ?
16:52C'est quoi ce truc ?
16:53C'est quoi ce truc ?
16:54C'est quoi ce truc ?
16:55C'est quoi ce truc ?
16:56C'est quoi ce truc ?
16:57C'est quoi ce truc ?
16:58C'est quoi ce truc ?
16:59C'est quoi ce truc ?
17:00C'est quoi ce truc ?
17:01C'est quoi ce truc ?
17:02C'est quoi ce truc ?
17:03C'est quoi ce truc ?
17:04Quand j'étais au primaire, je me souviens que j'étais souvent seule parce que quand
17:15on est enfant, c'est un peu compliqué de se mêler, on va dire, au groupe.
17:20Et après, je sais que ça m'a forgé aussi un caractère parce que je ne sais pas, je
17:29me sentais un peu plus adulte alors que pas du tout, j'avais le même âge que mes camarades.
17:32C'est surtout les plus jeunes en fait, parce que les plus jeunes voient qu'il y a quelqu'un
17:40qui n'est pas normal, du coup, ça leur saute les yeux, mais après, ça, c'est normal.
17:45Après, souvent, les parents n'expliquent pas non plus, c'est peut-être la faute des
17:50parents aussi.
17:51Parce que les parents qui expliquent, après, les enfants comprennent, du coup, ils ne diront
17:56plus ça.
17:57Le jour où ma mère a su que j'étais handicapé, elle a pleuré toutes les larmes de son corps.
18:06Elle s'est dit, ouais, comment ça va se passer, l'avenir pour cet enfant ? Même
18:12mon père, il s'est dit, non, il ne peut pas grandir ici, on va l'emmener en France.
18:17Parce que je ne pouvais pas grandir dans un environnement qui n'était pas adapté pour
18:21nous.
18:22Je savais que j'étais différente.
18:23C'était surtout dans les cours de sport où on était tous mélangés et tout ça.
18:29Au début, ça me faisait mal parce que je venais d'être en fauteuil, donc je ne connaissais
18:32pas ce milieu, on va dire.
18:34Et au fil du temps, ça m'a forgé un mental et une force.
18:38Du coup, à force qu'on m'insulte, je me disais qu'ils n'avaient que ça, en fait,
18:42quand on m'insulte.
18:43Ça m'est déjà arrivé qu'on me dise que j'avais une jambe de bois parce que du coup,
18:46enfin voilà, on voyait que ma prothèse, vu que c'était un peu difforme par rapport
18:50à la jambe, que j'ai venu à l'école avec des prothèses tibia.
18:55J'ai eu plusieurs, c'était plutôt ça, ça me touchait et puis je ne me percevais
19:00plus comme une personne normale.
19:02J'avais l'impression d'être quelqu'un de différent alors que finalement, non.
19:21Mon handicap, c'est simple, je suis amputé fémoral, c'est une malformation de naissance.
19:26Du coup, je n'ai pas de tibia, je n'ai pas d'orgueil.
19:29Dans toute ma famille, je suis le seul à être atteint de cet handicap, dans toute ma famille.
19:33Même mes cousins, mes cousines, il n'y a qu'à moi.
19:51Mes parents, ils ont toujours été là pour moi.
19:54En même temps, avoir un fils handicapé, quand tu es un fils d'immigré et que tu viens
20:00d'arriver en France, c'est compliqué.
20:02Je trouve qu'ils se démerdent bien, franchement, à chaque fois.
20:07Je ne suis pas un garçon facile, c'est vrai, des fois, je suis quelqu'un de très dur.
20:13On est heureux et je leur remercie d'être patient et d'accorder l'amour qui m'est
20:19donné.
20:24Mes parents sont Rwandais.
20:26Le Rwanda, c'est un petit pays à côté du Congo, c'est le Tal Kigali.
20:31Et moi, je suis né dans un quartier musulman, Nyaru Gengé.
20:35C'est un petit quartier pauvre de là-bas.
20:38Le handicap, c'est très, très tabou.
20:40En Afrique, on cache même les enfants handicapés parce que c'est considéré comme de la soissonnerie,
20:45c'est considéré comme des enfants maudits, un peu.
20:47Je n'allais pas à l'école et j'étais avec ma grand-mère.
20:50Et du coup, à 6 ans, je suis venu en France avec ma tante qui m'a emmené en France à
20:576 ans.
20:58C'est la première fois que j'ai pris la vie.
21:00Je me sentais riche, c'était stylé.
21:02Je me vois dans les nuages et tout, je vole.
21:06Les nuages, c'est un truc de ouf.
21:09Il y a du classe, il fait chaud à l'intérieur, il y a du chauffage, des lumières, un truc
21:16d'ouf.
21:17Il y avait cette période de l'hiver.
21:21L'hiver.
21:22Les nuages qui commencent à tomber.
21:24Je me dis mais c'est quoi ce truc ? Les nuages qui tombent comme ça.
21:30Et là, on me dit non, c'est de la neige.
21:33C'est quoi ça ? Tous les enfants ont mangé.
21:37Mais moi, je suis un ouf.
21:41Je n'ai pas pris une petite poignée.
21:43J'étais avec mes deux mains.
21:44Je mets ma tête dedans, je remue.
21:46C'est quoi ça ? J'avais les mains congelées, gelées.
21:51En fait, l'Europe, c'est bien.
21:53C'est super.
21:54Quand tu es élevé, tu as même le sol, la poussière sur tes mains, les cloques et tout.
21:59Quand tu es bébé, quand tout le monde te regarde et te rejette.
22:03Déjà, j'accumule un peu tous les stéréotypes qui existent sur Terre.
22:07Je suis noir, je suis handicapé, je suis musulman, je viens de la banlieue.
22:11C'est un truc de ouf.
22:14Tu n'aurais jamais pu parier qu'un enfant comme moi s'en serait sorti.
22:19Je ne pense pas.
22:20Je pense que si mes parents n'ont pas fait d'efforts derrière,
22:23je pense que vraiment, j'aurais été un Indien ou un Mancurien.
22:26Franchement, je le pense vraiment.
22:28C'est tous les efforts et le cheminement d'une vie,
22:31les sacrifices de mes parents qui m'ont amené jusqu'ici.
22:34Ça me mène encore.
22:35C'est ce qu'ils font toujours.
22:43C'est ce qu'il faut faire.
22:59Je suis née d'une processe triple, donc je suis triplée.
23:02Avec mes frères et mes soeurs,
23:04je suis triplée.
23:06J'ai pris un petit peu de temps pour prendre des meilleurs décisions.
23:09C'est une procès-stripe, donc je suis triplée avec mes frères et c'est suite à un manque d'oxygène
23:18que du coup, ma jambe gauche ne fonctionne pas correctement.
23:27J'ai du mal à marcher, je fatigue moins vite que je fatigais avant,
23:32mais je suis quand même fatiguée à blesser sur cette jambe.
23:35Mon handicap, c'est dû à un accident de voiture, ça s'est passé à l'étranger, en 2015.
23:41En fait, c'était ma tante qui conduisait, elle a fait un malaise au volant.
23:50Et je n'avais pas mis la ceinture, du coup, on est rentré dans un platan
23:54et en fait, mon corps s'est recroquevillé entre mon siège et le siège de la conductrice,
23:58ce qui a provoqué un petit pincement au niveau de la moelle épinière.
24:01Je n'ai plus du tout de connexion entre le cerveau et la moelle épinière,
24:04ce qui fait que je suis paralysé des jambes, je ne peux plus du tout les bouger
24:08et je ne me les sens pas du tout non plus.
24:10Au début, c'était un peu dur pour mes parents
24:14parce que déjà, le fait d'avoir des triplés, ça faisait un peu peur.
24:18Et du coup, après, le fait de savoir qu'on était trois handicapés,
24:23je pense qu'au début, ils étaient un petit peu déboussolés.
24:26Mais après, ils se sont toujours battus pour nous,
24:30pour tout le temps donner le meilleur d'eux-mêmes
24:33et nous offrir la vie la meilleure possible.
24:41Personnellement, avant mon accident, je ne connaissais pas du tout le milieu du sport.
24:45C'est vraiment quand je suis rentré dans ce milieu-là que j'ai connu tout ça.
24:48Mais après, à la télévision et tout, c'est vrai qu'on n'en voit pas beaucoup.
24:52Même les Jeux Paralympiques, ils passent après les Jeux Olympiques.
24:55Donc, il y a moins de spectateurs qui vont regarder à la télé
24:59parce que eux, ce qui est important, c'est plus les Jeux Olympiques que le reste.
25:02Oui, et que même avec une différence, on peut faire du sport
25:07et qu'il existe tellement de variantes de sport qu'on peut faire
25:11même si on a une différence.
25:14Pour moi, ce n'est vraiment pas du tout médiatisé.
25:19Et c'est comme si, en fait, on n'existait pas.
25:22C'est vrai qu'on n'entend pas du tout parler et ça, je trouve ça vraiment dommage
25:25parce qu'il y a des jeunes, quand il y a des gens qui font des sensibilisations,
25:29que ce soit dans les lycées, les écoles et tout ça,
25:32ils sont un peu sous choc de se dire
25:34« Ah ben, il y a des sports qui existent pour les handicapés. »
25:37Tous ces jeunes-là, ils ne découvrent pas avant, en fait.
25:40Je trouve ça vraiment dommage et ce serait bien de plus médiatiser.
25:53Mon père, moi, il me disait « Alex, si t'es une handicapée,
25:56c'est parce que t'es trop forte, c'est comme les chevaux de la PMU.
26:00On est obligés de leur mettre un handicap parce qu'ils sont trop forts. »
26:16J'ai une agénésie du membre inférieur droit.
26:19Donc, en fait, j'ai une jambe qui est légèrement plus courte que l'autre.
26:22Donc, c'est un problème de naissance, c'est une anomalie congénitale.
26:26J'avais une croissance assez grande.
26:30Donc, du coup, ce qui fait que ma jambe,
26:33elle n'a pas pu grandir à la même hauteur que l'autre.
26:36Mais oui, c'est vrai que c'est perçu comme un handicap,
26:38mais aujourd'hui, je le perce en plus d'été comme un handicap.
26:45Le jour où j'ai dû tester la lame,
26:50ça a été assez particulier parce que je n'avais pas forcément confiance en la lame.
26:53C'est-à-dire que mon prothésiste me disait
26:57d'essayer de marcher avec la lame, etc.
27:01Sauf que moi, j'étais là en mode,
27:03« Oui, mais tu me demandes de faire confiance à un bout de carbone,
27:07donc ce n'est pas facile. »
27:09Mais au final, franchement, ça s'est bien passé.
27:12J'ai réussi à bien me familiariser avec la lame.
27:16Les sensations sont juste énormes, c'est exceptionnel.
27:20On a vraiment l'impression d'être propulsé vers l'avant.
27:23Et si je devais associer un mot à cette expérience,
27:28ce serait « waouh ».
27:29Genre, « waouh ».
27:49L'espoir, c'est vraiment l'échappatoire.
27:51Ça nous permet vraiment de nous exprimer, d'extérioriser.
27:54Et c'est vrai que quand je pratique le sport, notamment l'athlétisme,
27:58j'ai l'impression de m'exprimer, de m'affirmer sur la piste.
28:02Et voilà, je ne me sens plus libre.
28:05C'était pareil quand je faisais de la natation.
28:07J'avais vraiment l'impression de laisser une trace, en gros,
28:12de ma piste.
28:13C'est-à-dire que je n'avais pas l'impression de m'exprimer.
28:16De laisser une trace, en gros, de ma personnalité
28:20dans l'eau ou même sur la piste.
28:46Bien sûr qu'il y a plein de valides qui viennent me voir.
28:49« Ah ouais, tu fais du ping-pong ? »
28:51Et ils croient me battre, bien sûr.
28:53Mais après, quand il y a les tours de ping-pong en camping,
28:56c'est toujours moi qui gagne, c'est sûr.
28:58Mais c'est toujours dans la bonne ambiance, donc c'est cool.
29:16Je suis atteint d'achondroplasie, qui est un type de nanisme.
29:20Et l'achondroplasie est un type de nanisme
29:23où on se dit assez disproportionnel, en fait.
29:26Car les bras et les jambes sont plus petits
29:30que le tronc et la tête, qui sont à peu près normales.
29:34Du coup, le nanisme est une maladie génétique.
29:38Et ce qui fait qu'il y a des maladies génétiques
29:42et ce qui fait que mes parents sont aussi de petite taille.
29:45Et je pense que c'est grâce à eux que maintenant le regard...
29:49Parce qu'ils m'ont appris à ne rien faire,
29:52à ne rien dire par rapport à ces regards-là,
29:55parce qu'ils sont passés par là quand j'étais jeune aussi.
29:58J'ai commencé par faire une année de foot,
30:01que j'ai vite arrêté.
30:03Après, j'ai fait 4 ans de basket,
30:05et je me débrouillais pas mal pour quelqu'un qui est petit.
30:08C'est pas la logique, quoi.
30:11Et au final, en fait, arrivé à ma 4e année,
30:14j'allais passer sur un grand terrain.
30:16Et avec mon handicap, ça a commencé à devenir compliqué.
30:19Du coup, mon père m'a dit que j'allais commencer à voir
30:22pour changer de sport.
30:24Et du coup, j'ai regardé dans la salle à côté.
30:27C'était un sport individuel, le tennis de table.
30:30Et j'ai été faire des essais.
30:32Et au fur et à mesure, j'ai commencé à aimer.
30:35Du coup, j'ai arrêté le basket et commencé le tennis de table.
30:39La magie du handisport, c'est de se retrouver
30:42avec tous nos handicaps sur des compètes ou des stages,
30:45et de créer des liens avec des gens
30:48qui se voient en fauteuil ou debout.
30:51Et c'est ça qui est magique.
31:09...
31:32Je me rappelle d'une fois une anecdote.
31:35C'était dans un métro, et une dame est venue
31:38assise à côté de moi et tout.
31:41Elle commence à me dire, ma pauvre, alors que moi,
31:44je t'ai née avec, donc ça me dérangeait pas plus que ça.
31:47Et elle commence à me faire, oui, si tu veux,
31:50tu peux aller, je crois, à Jérusalem,
31:53mettre un petit papier dans le mur.
31:56Je sais pas que j'y crois pas, mais bon, c'est compliqué.
31:59Et j'ai dit, non, mais merci, mais ça va.
32:02Je suis heureuse comme ça.
32:05Elle voulait pas croire.
32:08Elle me dit, bah non, c'est pas possible que tu sois heureuse.
32:11Je lui dis, bah si, je fais du sport à côté,
32:14j'étais championne de France, tout ça, je le raconte.
32:17Elle me fait, ouais, mais quand même, bon courage.
32:20Ah, ça doit être dur tout le temps dans le négatif,
32:23alors qu'elle voit pas le côté positif de ce qu'on peut faire.
32:26...
32:34Si j'arrêtais du jour au lendemain, j'aurais plus vraiment d'objectifs.
32:37Enfin, scolairement, oui,
32:40mais j'aime bien me fixer des objectifs de compétition, tout ça.
32:45Et la natation, je pense que c'est un bon sport
32:48parce que j'aime la sensation de glisse, en tout cas,
32:52que j'ai dans l'eau.
32:55Et le progrès chronométrique aussi.
33:00En plus, j'ai plus ma prothèse,
33:03donc je me sens encore plus libre
33:06et je peux aller, disons que je peux nager plus
33:09que je peux marcher sur terre.
33:12...
33:41Je pense que la force des sportifs en esport,
33:44c'est qu'ils sont hors du commun.
33:46On arrive tous avec une pathologie qui est différente,
33:49c'est-à-dire qu'au moment du start, on a tous un handicap différent,
33:53on a tous un passé différent,
33:55mais au final, on arrive à surmonter les différentes épreuves
33:59et on arrive à atteindre nos objectifs.
34:02Et de voir que peu importe d'où on vient,
34:06peu importe l'handicap qu'on a,
34:09peu importe ce qu'on a subi,
34:11on arrive quand même à garder le mental,
34:14à avancer, à surmonter les obstacles
34:17et surtout à performer.
34:19Et je trouve ça juste exceptionnel.
34:22Aujourd'hui, il y a de tout sur notre terre,
34:26c'est-à-dire qu'on peut être blanc, noir,
34:29on peut être chinois, on peut être australien,
34:32on peut être petit, grand,
34:34c'est-à-dire qu'on est comme on est.
34:37Et je pense qu'une personne handicapée ne l'a pas forcément choisie,
34:42ça peut être un accident, ça peut être une anomalie congénitale,
34:45comme ça l'a été pour moi.
34:47Et vouloir catégoriser une catégorie de personne
34:50en tant qu'handicapée ou en tant que valide,
34:53je pense que ça n'apporte pas grand-chose.
34:59Bon courage.
35:00Ouais, bon, ça, c'est trop.
35:03Franchement, 18 ans d'expérience, bientôt 19 ans,
35:06j'ai trop eu de courage.
35:08Là, on m'en donne trop.
35:09Bon courage, bon courage par-ci, bon courage par-là.
35:11Ouais, bon courage, bon courage, bon courage.
35:14C'est trop, c'est trop.
35:16Tu pourras faire un montage avec les bons courages,
35:18comme j'en ai dit, j'en ai dit beaucoup.
35:20Parce qu'il y a des bons courages par-ci, par-là, par-là,
35:22bon courage pour aller chez le médecin,
35:24pour traverser l'arbre, c'est un truc de ouf.
35:26J'ai trop de courage, moi.
35:28Je suis quelqu'un de courageux de ouf.
35:30Je me sens grave courageux.
35:32T'en veux un peu, là, ça déborde.
35:34Ça, j'en ai marre.
35:36Franchement, j'en peux plus.
35:38Après, s'ils veulent être bienvenus envers moi,
35:40c'est gentil, merci.
35:42Franchement, merci, mais moi, j'ai pas besoin de pitié.
35:45La pitié, on m'en a jamais donnée.
35:47Même ma mère, même mon père.
35:49Si c'est pas mes parents qui me donnent de la pitié,
35:51alors toi, je vais pas en prendre du tout.
35:53Ta pitié, tu la gardes pour toi.
35:55Ta pitié, désolé, tu la gardes pour toi.
35:56Quand on me regarde dans le bus,
35:57je regarde aussi la personne
35:58et elle arrête de me regarder.
36:00Ouais, des fois, ça marche.
36:02Ou sinon, des fois, en fait,
36:03ils me regardent fixement, du coup, je les regarde.
36:05Et après, ils vont me dire,
36:06vous avez du courage, quand même.
36:09Des fois, ils regardent parce que ça les intrigue
36:11ou sinon, c'est qu'ils veulent nous parler,
36:12mais ils savent pas comment.
36:29Le handisport, c'est quelque chose d'extraordinaire
36:31parce que ça permet aux personnes qui ont un handicap,
36:33par exemple, du jour au lendemain,
36:35de pouvoir quand même continuer le sport,
36:37notamment pour moi,
36:38comme je l'ai dit par rapport à mon accident.
36:40Comme je connaissais pas tout ça avant,
36:42eh bien là, aujourd'hui, ça me permet de me défouler.
36:45Donc vraiment, c'est quelque chose d'extraordinaire.
36:47Après, c'est dommage que ça soit pas assez médiatisé.
36:49Il faut croire en ses rêves
36:52et que c'est pas parce qu'on a un handicap
36:55qu'on peut pas faire du sport comme tout le monde
36:57et être champion du monde
37:00et même être en haut niveau.
37:02En termes d'émotion,
37:04c'est la même pour un valide et un handi,
37:07par exemple, de gagner les Jeux.
37:08Mais je pense qu'elle est même au-dessus
37:10pour celle d'un handi,
37:12car celle d'un handi, peut-être qu'il a eu un accident
37:14pour avoir eu son handicap.
37:17Peut-être qu'il est né comme ça
37:19et qu'il a eu des discriminations quand il était plus jeune.
37:21Et c'est un peu une revanche sur sa vie, en fait,
37:23de gagner des Jeux,
37:25de faire du sport à haut niveau malgré son handicap.
37:28Je pense que c'est même plus émouvant, le sport handi.
37:32Tous ceux qui pensent que le handi-sport, c'est pas du sport,
37:36je les invite à aller regarder des compétitions
37:40ou même des athlètes s'entraîner.
37:44Voir que c'est réellement du sport,
37:46parce qu'on en chie vraiment à chaque entraînement.
37:48Au lieu de juger comme ça,
37:50sur un individu par rapport à un autre,
37:53c'est comme juger sur la couleur de peau, sur les origines.
37:57Ça n'a pas de racines concrètes, en fait.
38:01J'aimerais juste que les gens arrêtent de juger
38:04avant d'avoir regardé.
38:06Dans sa globalité, je pense que
38:08toutes les disciplines en sport ne sont pas beaucoup médiatisées.
38:11Je trouve ça dommage,
38:13parce que c'est toujours intéressant
38:16de voir comment les personnes se débrouillent
38:19en fonction de leurs différentes pathologies
38:21et voir comment ils sont débrouillards,
38:23comment ils mettent tout en application
38:26pour pouvoir y arriver.
38:29C'est juste beau à voir,
38:31et c'est très intéressant.
38:33On se donne.
38:37Faites le pas, avancez,
38:39et vous verrez que vous n'allez pas regretter.
38:43Alors, les gars, allez-y !
38:45Faisons-le !
38:48On est quand même extraordinaire.
38:51On est quand même extraordinaire.
38:54Il y en a qui sont super forts.
38:56Non, mais vraiment.
38:58Là, je ne me moque pas.
39:00Il y en a qui sont super forts.
39:02Pas moi, mais il y en a qui sont super forts.
39:05On est juste...
39:08hors normes.
39:10Voilà.
39:12Oh, mon Dieu.
39:14Ça, franchement !
39:17Attendez, mais là...
39:22Là, c'est terminé.
39:24On peut s'arrêter, là.
39:46Sous-titrage ST' 501
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43:24Sous-titrage ST' 501
43:26Sous-titrage ST' 501
43:40De retour pour la seconde partie de votre programme,
43:42A vos marques !
43:43Nous allons parler maintenant de la place du parasport en France,
43:45mais également de sa médiatisation.
43:48En 2021, 15% de la population mondiale est atteinte d'une forme de handicap.
43:5380% de ces 15% sont atteints d'un handicap invisible.
43:58Ça paraît complètement incroyable.
44:01Pourtant, malgré ces chiffres,
44:03nous n'avons pas vraiment de médiatisation à la hauteur de la situation.
44:10Connor Wentz, comment est-ce que vous expliquez cette situation ?
44:13Je pense qu'il y a deux éléments de réponse.
44:15Je pense qu'il y a une certaine méconnaissance du monde du handisport
44:18de la part de certains médias,
44:20et notamment de la PQR, la Presse Quotidienne Régionale.
44:23Parce qu'il ne faut pas oublier, c'est un peu là où ça commence aussi,
44:25il y a les médias nationaux.
44:27Et l'autre élément, c'est la question qui revient tout le temps de la rentabilité.
44:30Est-ce qu'en mettant en avant du handisport,
44:33on va avoir l'audimat qu'on veut derrière ?
44:38Et c'est dommage parce que Bastien et Alexandra vont vous le confirmer,
44:42mais moi je tourne quasiment toutes les semaines des tournages de handisport,
44:47et il y a du public qui vient.
44:49Et quand on arrive à avoir ce public, il s'intéresse, il en demande plus.
44:52Donc en soi, il n'y a vraiment aucune raison fondée
44:55pour qu'il y ait des inégalités de traitement médiatique
44:58entre les valides et le handisport.
45:01Alexandra, comment est-ce que vous expliquez ça ?
45:03Je ne peux pas l'expliquer tout simplement parce que je ne comprends pas
45:06pourquoi il y a une telle égalité entre le sport valide et le sport handisport.
45:10C'est vrai qu'on a tous des différences,
45:12mais quoi qu'il en soit, il n'y a personne qui n'est identique par rapport à quelqu'un d'autre.
45:17Je pense qu'il ne devrait même pas y avoir ce genre d'inégalité dans le sport.
45:22Ça se voit de moins en moins parce qu'au final,
45:25on voit qu'il y a de nombreux progrès, notamment en France,
45:29puisque les compétitions sont de plus en plus relayées.
45:32Je sais que c'est le cas pour la natation, comme pour l'athlétisme,
45:35ce sera le cas pour nous lors des championnats du monde.
45:39Mais je pense qu'il ne devrait pas y avoir ce genre d'inégalité.
45:44Dans d'autres pays, on voit que le monde de l'handisport est de plus en plus mis en avant.
45:49Je pense que la France tend à le faire de plus en plus,
45:52donc c'est un réel progrès, mais il va falloir beaucoup s'investir.
45:56Bastien, la Fédération française des handisports,
45:59qu'est-ce qu'on pense de cette situation ?
46:00Comment on fait pour inverser la tendance ?
46:05Un peu comme ce qu'il vient d'évoquer,
46:07c'est sûr qu'handisport et les médias, c'est une histoire qui est longue et qui est difficile.
46:11On part de pas grand-chose, des diffusions il y a quelques années,
46:15quelques dizaines d'années maintenant, sur des médias locaux, régionaux.
46:21Il y a eu un tournant sur les Jeux de Londres,
46:25ça se traduit par les heures de direct par France Télévisions qui ont été proposées.
46:30Le tournant en France ?
46:31En France, oui, complètement, et où il y a eu une visibilité qui a été apportée.
46:37Et ça tend à augmenter de Paralympiade en Paralympiade.
46:42Ça, c'est quand même à noter.
46:43On voit qu'aujourd'hui, certains athlètes internationaux,
46:47certains événements internationaux sont relayés sur les chaînes publiques,
46:53sur des heures de grande écoute, de grande audience.
46:56Oui, ça va quand même dans le bon sens.
46:59Ce n'est pas pour faire l'auto-promo de sport en France,
47:01mais nous, en plus de l'émission A vos marques,
47:05nous diffusons des compétitions parasport,
47:07Mondiaux de paratriathlon 2022 avec Alexis Anquincan,
47:11notamment que nous avions reçu dans cette émission,
47:13le Andy Billard, le para-tennis de table, le rugby fauteuil.
47:18Il y a aussi de très belles évolutions sur des médias
47:20qui ont une audience plus grande que la nôtre.
47:22France Télévisions, pour commencer, qui diffuse les Mondiaux de paraski en février.
47:27Bien évidemment, ils diffusent les Jeux paralympiques
47:31avec un traitement quand même assez égal avec les Jeux olympiques.
47:36Et bien évidemment, on a fait une émission sur les Mondiaux de para-athlétisme
47:41qui vont être diffusés par nos confrères de l'équipe.
47:44Donc, ça va quand même dans le bon sens.
47:46Baptiste, est-ce que vous la sentez cette évolution dans le parasport
47:52et notamment peut-être nous parler de votre discipline, le tennis de table ?
47:57Oui, c'est sûr qu'il y a une évolution.
47:59Après, elle n'est quand même pas au même niveau que le valide,
48:04notamment aux Jeux de Tokyo où en valide, il y avait toutes les tables qui étaient diffusées,
48:11alors qu'en handisport, il n'y en avait que trois, quatre.
48:15Mais ça arrive et c'est cool que ça aille dans ce sens-là.
48:22Alexandra, est-ce qu'on vous reconnaît dans la rue ?
48:24Est-ce que cette nouvelle médiatisation, parce qu'il y en a, on vient de le dire,
48:29vous apporte quand même une certaine reconnaissance,
48:32qui peut apporter une certaine confiance et une certaine légitimité dans ce que vous faites ?
48:36Ou pas assez encore ?
48:37Oui, tout à fait.
48:38Je pense qu'il y a pas mal de médias qui s'investissent et qui s'engagent,
48:43notamment dans le milieu de l'handisport.
48:45Ça va être le cas aussi et c'est déjà le cas pour les championnats du monde de para-athlétisme
48:50puisqu'on a aussi la fédération qui est très engagée
48:52avec un pôle qui est vraiment dédié pour les championnats du monde.
48:55Et pour le coup, il y a énormément d'activations qui sont mises en place.
48:59Donc forcément, ça nous donne de la visibilité et ça fait toujours plaisir de voir qu'on est mis en avant,
49:04non pas que par les médias, mais aussi par notre fédération qui joue vraiment le jeu
49:09et qui décide de vraiment promouvoir l'équipe du Jeu de France.
49:13Il y a la médiatisation des athlètes actuels, mais il y a aussi la problématique du recrutement.
49:20Le rôle des parents est déterminant pour motiver les enfants en situation de handicap à s'orienter vers le sport.
49:28Quelle est votre expérience avec le Centre fédéral ?
49:31Complètement. Les parents, les familles au sens large, c'est les premiers accompagnateurs
49:38et c'est eux qui impulsent souvent le projet.
49:40S'ils ne vous appellent pas, ce n'est pas l'enfant qui va vous appeler tout seul ?
49:43Alors moi, ce que je dis souvent, c'est qu'on a un recrutement national sur Bordeaux.
49:48On a des jeunes qui viennent de toutes les régions de France.
49:50Et accepter de venir pour s'engager à temps plein sur un projet de performance,
49:57c'est aussi accepter de sortir d'un environnement qu'on maîtrise, de sortir un peu du cocon familial.
50:03C'est la même problématique quand on fait sport-études, qu'on a 14 ans, valide ou pas d'ailleurs ?
50:10Peut-être que je me trompe.
50:11Alors non, c'est très juste et je pense que c'est encore plus marqué chez nous,
50:15chez Andy Sport, parce que la question du handicap fait qu'on a tendance,
50:20certaines familles, à protéger ou à surprotéger, ce qui est juste naturel, les enfants.
50:25Et du coup, quand ils arrivent sur le centre, on remet un peu les compteurs à zéro.
50:30Et il y a quelques mois d'adaptation dans ce nouvel environnement qui peuvent être délicates.
50:34Donc c'est sûr que les parents, ils sont partie prenante du projet des athlètes.
50:38Alexandra, vos parents, ils vous ont encouragé.
50:40Comment est-ce que vous arrivez jusqu'au para-athlétisme de haut niveau ?
50:44Alors avant le para-athlétisme, je faisais du para-natation, du coup.
50:48Et c'est vrai qu'ils m'ont toujours accompagnée dans n'importe quel projet.
50:52Ils ont toujours été derrière moi.
50:54Donc c'est vrai que j'ai eu une chance à ce niveau-là,
50:56parce que ce n'est pas le cas de tous les sportifs.
50:58C'est-à-dire qu'il y a des parents qui sont un peu plus réticents
51:02et qui ont tendance à vouloir vraiment privilégier les études.
51:05Là, pour le coup, ça n'a pas été le cas pour moi.
51:08Tu feras des études, mon fils, ma fille, c'est mieux pour toi.
51:10Voilà, je suis partée sur un double projet, voire triple projet par la suite.
51:13Et au final, ils m'ont toujours accompagnée.
51:15Et pour ça, je leur suis très reconnaissante.
51:17Baptiste, est-ce que vous pouvez me raconter un petit peu votre histoire ?
51:20Est-ce que ce sont vos parents qui vous ont encouragé à faire du sport ?
51:24Parce que je crois qu'avant le tennis de table, vous faisiez beaucoup d'autres disciplines.
51:29Oui, moi, j'ai toujours fait du sport en général.
51:32Mes parents m'ont poussé vers le sport dès le plus jeune âge.
51:37Et donc, oui, j'ai fait du foot, j'ai fait du basket, j'ai fait de la natation aussi.
51:41Et oui, quand je me suis mis au tennis de table,
51:44donc là où j'ai vraiment commencé à me mettre dans un sport et à avoir des résultats,
51:50ils ont toujours été là.
51:51Ils ont même été super parce qu'ils ne m'ont pas fait rentrer dans le monde du sport trop tôt, on va dire.
51:57Ils ont entendu que j'avais un âge assez élevé quand même.
52:02Mais oui, ils me suivent, ils me suivront.
52:04Et donc, oui, c'est quand même important d'avoir des parents qui suivent.
52:09Bastien, peut-être un petit mot sur le programme La Relève ?
52:12Alors, le programme La Relève, c'est un programme de détection nationale
52:17qui est porté par le comité paralympique sportif français.
52:20On arrive à sortir des profils très intéressants via ce programme, à faire des futurs champions ?
52:26Alors, l'idée de ce programme-là, mais qui n'est pas un programme unique ou exclusif,
52:30il y a plein de formats et plein de parcours pour arriver au meilleur niveau.
52:35Le programme La Relève, l'idée, c'est qu'il se regroupe sur une étape nationale.
52:38On fait venir des profils qui ont été identifiés par des collègues techniciens
52:43et on les oriente vers la discipline la plus adaptée, la plus pertinente
52:48dans le cadre d'un projet de performance en lien avec leur pathologie.
52:52Et donc, il n'y a pas des profils qui émergent, évidemment.
52:54Déjà, il faut trouver le sport adapté par rapport à son handicap.
52:58Alexandra, vous vous êtes passée de la natation à l'athlétisme.
53:03Pourquoi ? Il y avait une forme d'incompatibilité
53:05ou c'est juste que vous étiez un peu lassée de la nation ?
53:09C'est simplement que, déjà, la particularité du Centre fédéral,
53:12c'est qu'il y avait plusieurs sports qui étaient proposés, dont l'athlétisme.
53:16Et le fait de voir la team athlée qui produit du plaisir, qui s'éclatait,
53:21le fait de pouvoir converser pendant les séances,
53:23c'est vraiment le facteur qui m'a poussée à me réorienter dans ce sport-là.
53:28Mais là, aujourd'hui, je me rends compte que sans le Centre fédéral,
53:30je ne sais pas si j'aurais pu, du coup, me réorienter sportivement
53:34puisque je n'aurais peut-être pas fait le choix de prendre les devants
53:38et de tout simplement choisir ce sport.
53:41Dans le documentaire, vous dites « on m'a mis des limites »,
53:44on m'a dit que je ne pourrais jamais marcher, je ne pourrais jamais courir.
53:49Et aujourd'hui, vous êtes une championne d'athlétisme.
53:55Quel regard vous portez sur votre parcours ?
53:57Et peut-être un message à passer pour certaines personnes
54:00qui auraient envie de suivre votre parcours.
54:03Je pense qu'il faut arrêter de se mettre les délimites,
54:05c'est-à-dire que bien souvent, quand on est dans une situation de handicap,
54:08on a tendance à être beaucoup plus vigilant,
54:12à nous mettre des barrières pas dans le but de pouvoir freiner la personne,
54:17mais plus par précaution.
54:19Et pour ma part, en tout cas moi, je le percevais vraiment comme un frein,
54:22c'est-à-dire que je suis quelqu'un qui aime vivre,
54:25aime prendre du risque, aime s'évader.
54:28Et le fait qu'on me dise « oui Alex, tu ne vas pas pouvoir marcher,
54:32tu ne vas pas pouvoir courir, fais attention, tu vas te blesser,
54:35il ne faut pas que tu fasses ça parce qu'il va t'arriver des choses » ou autre,
54:39ça je le percevais vraiment comme non pas des freins,
54:44mais comme des challenges à relever.
54:46Et je suis quelqu'un qui aime beaucoup se challenger au quotidien.
54:48Donc ce que je peux dire aux personnes qui ont tendance à entendre ce genre de limites,
54:55c'est qu'il faut croire en soi, il faut se donner les moyens
54:58et il faut aller vers l'avant.
54:59C'est-à-dire que quand on veut, on peut.
55:01Il faut tout simplement mettre tout en œuvre pour y arriver.
55:04Et voilà, aller de l'avant tout simplement.
55:07Connor Owens, le vrai sujet de ce documentaire,
55:09est-ce que finalement ce n'est pas juste « je prends des risques » ?
55:13Oui, entièrement.
55:14Parce que dans n'importe quel monde, on parle toujours de prendre des risques
55:19et les six jeunes avec qui on a fait le film,
55:22ils ont entièrement pris ce risque-là et ils ont réussi.
55:26C'est fascinant de voir ça et Alexandra, c'est intéressant
55:29parce que tu faisais de la natation avant
55:31et du coup, je crois que tu venais juste de basculer sur l'athlétisme en plus.
55:35Donc c'est vraiment incroyable.
55:38Dans ce monde-là, il n'y a que des histoires comme ça.
55:40Donc il faut regarder le handisport.
55:43Merci à tous les quatre d'avoir participé à cette émission.
55:46Merci Henri-Gilles et à toutes les équipes qui nous ont aidés à préparer cette émission.
55:49On se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'AvoMark.
55:52Salut à tous.
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